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mathématiques<br />
REGARDS<br />
LOGIQUE & CALCUL<br />
De nouvelles décimales <strong>de</strong> <br />
<strong>Le</strong> Français Fabrice <strong>Bellard</strong> a réussi un extraordinaire exploit.<br />
Il a battu les super<strong>calcul</strong>ateurs japonais avec un simple micro-ordinateur<br />
et... beaucoup d’ingéniosité.<br />
Jean-Paul DELAHAYE<br />
<strong>Le</strong> nombre est bien vivant.<br />
<strong>Le</strong>s travaux théoriques ou pratiques<br />
portant sur ce nombre<br />
sont un voyage vers l’infini<br />
plein <strong>de</strong> surprises et d’émerveillements.<br />
Voici la chronique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />
péripéties <strong>de</strong> l’aventure numérique et mathématique<br />
<strong>de</strong> l’exploration <strong>de</strong> .<br />
<strong>Le</strong> train-train<br />
du <strong>calcul</strong><br />
En 2002, Yasumasa Kanada, du Centre<br />
<strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> l’information <strong>de</strong> l’Université<br />
<strong>de</strong> Tokyo, au Japon, réussissait le<br />
<strong>calcul</strong> <strong>de</strong> 1 241 100 000 000 chiffres décimaux<br />
<strong>de</strong> . Un roman <strong>de</strong> taille moyenne<br />
comportant environ un million <strong>de</strong> caractères,<br />
l’impression <strong>de</strong>s 1 241 milliards <strong>de</strong><br />
décimales <strong>calcul</strong>ées <strong>par</strong> Y. Kanada occuperait<br />
l’équivalent d’un million d’ouvrages !<br />
Aussi, personne ne s’est amusé à lire toutes<br />
les décimales. En un sens, ces chiffres ne<br />
sont connus que <strong>de</strong> nos machines !<br />
Y. Kanada n’a, hélas, pas détaillé les<br />
métho<strong>de</strong>s qu’il a utilisées. Il a juste indiqué<br />
que les algorithmes mis en œuvre pour<br />
son <strong>calcul</strong> et sa vérification s’appuyaient<br />
sur <strong>de</strong>s formules à base <strong>de</strong> la fonction arctg<br />
(ou tan –1 ). C’est étonnant, car d’autres formules<br />
plus efficaces sont connues <strong>de</strong>puis<br />
longtemps et étaient utilisées pour les<br />
<strong>calcul</strong>s records précé<strong>de</strong>nts... y compris<br />
les siens. Peut-être Y. Kanada a-t-il donné<br />
une indication fausse pour brouiller les<br />
pistes... <strong>Le</strong> record a tenu sept ans, jusqu’en<br />
août 2009, date à laquelle un autre<br />
Japonais, Daisuke Takahashi <strong>de</strong> l’Université<br />
<strong>de</strong> Tsukuba, a <strong>calcul</strong>é 2576980370000 décimales<br />
<strong>de</strong> , soit environ le double du record<br />
précé<strong>de</strong>nt avec, cette fois, <strong>de</strong>s formules<br />
reconnues pour leur efficacité. <strong>Le</strong>s algorithmes<br />
à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> 1970 sont « presque<br />
linéaires » : pour connaître <strong>de</strong>ux fois plus<br />
<strong>de</strong> décimales, il faut <strong>calcul</strong>er environ <strong>de</strong>ux<br />
fois plus longtemps.<br />
<strong>Le</strong>s progrès entre 2002 et 2009 sont<br />
surprenants... car on pouvait s’attendre à<br />
mieux. En effet, la « loi <strong>de</strong> Gordon Moore »<br />
indique que les capacités disponibles<br />
(<strong>de</strong> <strong>calcul</strong>, <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong> données, et plus<br />
généralement <strong>de</strong> traitement informatique)<br />
pour un coût fixé doublent tous les 18 mois<br />
environ du fait <strong>de</strong>s progrès technologiques.<br />
Entre 2002 et 2009, la loi <strong>de</strong> Moore a été<br />
globalement vérifiée <strong>par</strong> les technologies<br />
informatiques. Ainsi, à condition <strong>de</strong> se donner<br />
<strong>de</strong>s moyens financiers équivalents à<br />
ceux que Y. Kanada a mobilisés en 2002,<br />
on aurait dû, en 2009, <strong>calcul</strong>er environ<br />
20 fois plus <strong>de</strong> décimales. Pourquoi un<br />
tel décalage <br />
La clef est la durée <strong>de</strong>s opérations : le<br />
<strong>calcul</strong> <strong>de</strong> Y. Kanada avait pris environ<br />
600 heures, alors que celui <strong>de</strong> D. Takahashi<br />
n’a exigé qu’un peu plus <strong>de</strong> 60 heures.<br />
<strong>Le</strong> facteur 10 qui manquait en 2009 ne résulterait<br />
que d’une durée <strong>de</strong> <strong>calcul</strong> plus courte.<br />
En 2009, on s’est contenté d’environ dix fois<br />
moins <strong>de</strong> temps, donc d’une dépense dix<br />
fois inférieure environ, ce qui a suffi pour<br />
atteindre un nouveau record.<br />
Ainsi, rien <strong>de</strong> très nouveau ni <strong>de</strong> très<br />
intéressant ne s’est produit entre 2002 et<br />
août 2009.<br />
Coup <strong>de</strong> tonnerre<br />
En revanche, en décembre 2009, un événement<br />
inattendu s’est produit. Un informaticien<br />
français, Fabrice <strong>Bellard</strong>, utilisant<br />
un micro-ordinateur banal, s’est em<strong>par</strong>é du<br />
record <strong>de</strong>s universités japonaises. <strong>Le</strong> 31 décembre<br />
2009, il publiait qu’il avait obtenu<br />
2 699 999 990 000 décimales <strong>de</strong> .<br />
<strong>Le</strong> progrès en nombre <strong>de</strong> décimales<br />
n’est pas spectaculaire, com<strong>par</strong>é au record<br />
précé<strong>de</strong>nt. En revanche, les métho<strong>de</strong>s mises<br />
en œuvre <strong>par</strong> F. <strong>Bellard</strong> sont remarquables<br />
et ce sont elles qui justifient qu’on qualifie<br />
d’exploit son <strong>calcul</strong>. La quantité <strong>de</strong> <strong>calcul</strong>s<br />
opérés <strong>par</strong> F. <strong>Bellard</strong> est environ 20 fois inférieure<br />
à celle utilisée <strong>par</strong> D. Takahashi. De<br />
plus, puisque l’utilisation d’un superordinateur<br />
n’a pas été nécessaire, le nouveau<br />
record a coûté environ 1 000 fois moins. <strong>Le</strong><br />
progrès est donc cette fois bien supérieur<br />
à ce que la loi <strong>de</strong> Moore laissait attendre.<br />
Comment cela a-t-il été possible <br />
La manipulation <strong>de</strong> très grands nombres,<br />
inévitables pour <strong>calcul</strong>er autant <strong>de</strong><br />
décimales <strong>de</strong> , semblait imposer le recours<br />
à <strong>de</strong>s superordinateurs disposant d’une<br />
1. LE NOMBRE représenté <strong>par</strong> Francesco De<br />
Comité. Chaque chiffre a sa couleur. Avec encore<br />
plus <strong>de</strong> décimales, comme est très probablement<br />
« normal », on ne verrait <strong>de</strong> loin que du gris !<br />
Francesco De Comité<br />
80] Logique & <strong>calcul</strong><br />
© Pour la Science - n° 393 - Juillet 2010
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R e g a r d s<br />
Francesco De Comité<br />
© Pour la Science - n° 393 - Juillet 2010 Logique & <strong>calcul</strong> [81
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R e g a r d s<br />
colossale mémoire interne rapi<strong>de</strong> et que<br />
seuls possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s centres scientifiques<br />
spécialisés (météorologiques, militaires,<br />
universitaires, etc.).<br />
L’exploit réalisé <strong>par</strong> F. <strong>Bellard</strong> ne doit rien<br />
au hasard, et si David, avec son microordinateur,<br />
a pu battre Goliath et son superordinateur,<br />
c’est bien, comme nous allons<br />
le voir, grâce à son ingéniosité. F. <strong>Bellard</strong> a<br />
38 ans et il avait déjà fait <strong>par</strong>ler <strong>de</strong> lui en<br />
<strong>calcul</strong>ant <strong>de</strong>s chiffres binaires <strong>de</strong> en position<br />
1 000 milliards, ce qui lui avait valu<br />
un article sur quatre colonnes dans le quotidien<br />
<strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> du 23 octobre 1997.<br />
<strong>Le</strong> Québécois Simon Plouffe avait<br />
découvert peu avant une formule permettant<br />
le <strong>calcul</strong> individuel (sans avoir à<br />
<strong>calcul</strong>er tous les chiffres précé<strong>de</strong>nts) <strong>de</strong>s<br />
chiffres binaires <strong>de</strong> . En 1997, F. <strong>Bellard</strong><br />
n’utilisa pas cette formule, mais une autre,<br />
sensiblement plus rapi<strong>de</strong>, qu’il avait mise<br />
au point. Cette formule a été réutilisée pour<br />
les records suivants <strong>de</strong> <strong>calcul</strong> <strong>de</strong> chiffres<br />
binaires individuels et a joué un rôle dans<br />
la phase <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> l’exploit avec un<br />
micro-ordinateur lors du <strong>calcul</strong> record <strong>de</strong><br />
décembre 2009.<br />
<strong>Le</strong>s secrets <strong>de</strong> l’exploit<br />
F. <strong>Bellard</strong> précise que les décimales <strong>de</strong> <br />
ne l’intéressent pas <strong>par</strong>ticulièrement ; ce<br />
sont les algorithmes nécessaires pour<br />
mener <strong>de</strong>s <strong>calcul</strong>s en gran<strong>de</strong> précision<br />
(c’est-à-dire avec <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> milliards<br />
<strong>de</strong> chiffres... en attendant mieux) et tout<br />
ce qu’il faut faire pour bien les utiliser qui<br />
le conduisent à relever ce défi. F. <strong>Bellard</strong><br />
est aussi connu, entre autres choses, pour<br />
son émulateur QEMU, un programme qui<br />
simule certaines architectures matérielles<br />
sur d’autres, autorisant <strong>par</strong> exemple l’exécution<br />
<strong>de</strong> programmes prévus pour Windows<br />
sur Mac ou sous UNIX.<br />
Indiquons maintenant les éléments principaux<br />
qui ont permis l’exploit (voir http://bellard.org/pi/pi2700e9/pipcrecord.pdf<br />
pour<br />
<strong>de</strong>s précisions).<br />
Tout d’abord, la formule (choisie après<br />
une série <strong>de</strong> tests com<strong>par</strong>atifs) est une formule<br />
rapi<strong>de</strong>. C’est une extraordinaire série<br />
découverte en 1988 <strong>par</strong> David et Gregory<br />
Chudnowski, <strong>de</strong>ux frères mathématiciens<br />
ukrainiens aujourd’hui installés aux États-<br />
Unis. Chaque nouveau terme pris en compte<br />
permet d’obtenir 14 décimales exactes supplémentaires.<br />
La voici :<br />
Cette formule utilisée naïvement en <strong>calcul</strong>ant<br />
les termes successivement ne conduit<br />
pas à un algorithme rapi<strong>de</strong>. Depuis 1976, on<br />
sait <strong>calcul</strong>er efficacement ce type <strong>de</strong> séries<br />
<strong>par</strong> la métho<strong>de</strong> aujourd’hui dénomméebinary<br />
splitting, ou scindage binaire. La métho<strong>de</strong><br />
2. <strong>Le</strong>s formules <strong>de</strong> <strong>calcul</strong> <strong>de</strong> 3. <strong>Le</strong>s crop circles <strong>de</strong> <br />
Formules utilisées <strong>par</strong> Y. Kanada pour le record <strong>de</strong> 2002<br />
π = 48 tan -1 (1/49) + 128 tan -1 (1/57) – 20 tan -1 (1/239) + 48 tan -1 (1/11043)<br />
π =176 tan -1 (1/57) + 28 tan -1 (1/239) – 48 tan -1 (1/682) + 96 tan -1 (1/12943)<br />
Formules utilisées <strong>par</strong> D. Takahashi pour le record d’août 2009<br />
<strong>Le</strong> premier <strong>calcul</strong> utilise la formule <strong>de</strong> Gauss-<strong>Le</strong>gendre-Salamin-Brent qui<br />
définit plusieurs suites <strong>par</strong> récurrence:<br />
a 0<br />
= 1 b 0<br />
= 1/2 s 0<br />
= 1/2 a k<br />
= a k–1 + b k–1<br />
2<br />
2 2<br />
c k<br />
= a k<br />
– b k<br />
s k<br />
= s k–1<br />
– 2 k c k<br />
p k<br />
=<br />
2<br />
2a k<br />
s k<br />
b k<br />
= a k–1<br />
b k–1<br />
la suite p k<br />
convergeant vers . <strong>Le</strong> second <strong>calcul</strong> utilise la formule<br />
quartique <strong>de</strong>s frères Borwein, avec 1/a k<br />
convergeant vers :<br />
,<br />
4 1/4<br />
1 – (1 –y<br />
a 0<br />
= 6 – 42 y 0<br />
= 2 – 1 y k+1<br />
=<br />
k<br />
)<br />
1 + (1 –y k<br />
)<br />
4<br />
2<br />
a k+1<br />
= a k<br />
(1 – y k+1<br />
) – 2 2k+3 y k+1<br />
(1 + y k + 1<br />
+ y k + 1<br />
)<br />
Formules utilisées <strong>par</strong> F. <strong>Bellard</strong> pour le record <strong>de</strong> décembre 2009<br />
Pour le <strong>calcul</strong> général, il utilise une série <strong>de</strong>s frères Chudnowski :<br />
1 = 12<br />
8<br />
π Σk = 0<br />
Pour la vérification <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers chiffres, il utilise sa formule <strong>de</strong> 1997 :<br />
4 1/4<br />
(–1) k (6k)! (13591409+545140134k)<br />
(3k)! (k!) 3 3k + 3/2<br />
640320<br />
(–1) 1<br />
π = 4 Σ k<br />
(–1)<br />
–<br />
64<br />
k = 0 4 k (2k + 1)<br />
Σ<br />
k 32 8 1<br />
( + +<br />
k = 0<br />
1024 k 4k + 1<br />
)<br />
4k + 2 4k + 3<br />
8<br />
8<br />
<strong>Le</strong>s crop circles, ou cercles <strong>de</strong> culture, sont <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong>ssinés dans<br />
<strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> céréales dont certains épis sont couchés. C’est<br />
ainsi qu’en juin 2008 a été découvert, dans le Sud <strong>de</strong> l’Angleterre, un<br />
crop circle d’une cinquantaine <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong> diamètre qui co<strong>de</strong> une<br />
dizaine <strong>de</strong> décimales <strong>de</strong> .<br />
En <strong>par</strong>tant du centre, le motif <strong>de</strong>ssine une spirale composée d’arcs<br />
<strong>de</strong> cercles. En comptant en dixièmes d’un cercle complet, les longueurs<br />
<strong>de</strong>s arcs <strong>de</strong> cercles qui composent la spirale donnent 3,14159...<br />
82] Logique & <strong>calcul</strong> © Pour la Science - n° 393 - Juillet 2010
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R e g a r d s<br />
consiste à trouver <strong>de</strong>s relations entre une<br />
somme a 1<br />
+ a 2<br />
+ ... + a n<br />
+ a n +1<br />
+ ... + a 2n<br />
et les <strong>de</strong>ux sous-sommes a 1<br />
+ a 2<br />
+ ... + a n<br />
et a n +1<br />
+ ... + a 2n<br />
. Ces relations, exploitées<br />
systématiquement en redécoupant en <strong>de</strong>ux<br />
les morceaux, limitent la complexité totale<br />
du <strong>calcul</strong> et ren<strong>de</strong>nt alors compétitives <strong>de</strong>s<br />
séries comme celle <strong>de</strong>s Chudnowski. Ce<br />
découpage en <strong>de</strong>ux récursif, classique en<br />
algorithmique, est au cœur <strong>de</strong>s meilleurs<br />
algorithmes <strong>de</strong> tri ou d’évaluation <strong>de</strong> x n<br />
quand n est grand. Il se peut que Y. Kanada<br />
ait lui aussi exploité la métho<strong>de</strong> du scindage<br />
binaire pour son record <strong>de</strong> 2002.<br />
Une secon<strong>de</strong> idée, peu utilisée jusquelà<br />
pour , a été associée au procédé <strong>de</strong><br />
découpage. Puisqu’on manipule <strong>de</strong>s fractions<br />
dont les tailles <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en<br />
plus gran<strong>de</strong>s, les simplifier en cherchant le<br />
PGCD (plus grand commun diviseur) du numérateur<br />
et du dénominateur évite une augmentation<br />
trop forte <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong>s entiers<br />
manipulés. Pendant le <strong>calcul</strong>, comme pour<br />
celui du PGCD, il se révèle intéressant <strong>de</strong> représenter<br />
certains entiers comme <strong>de</strong>s produits<br />
<strong>de</strong> facteurs premiers. Il faut alors décomposer<br />
les entiers à chaque étape. Il n’était pas<br />
évi<strong>de</strong>nt que cette décomposition au « coût »<br />
important soit efficace ; c’est cependant ce<br />
que <strong>de</strong>s tests ont montré.<br />
<strong>Le</strong>s divisions nécessaires, en <strong>par</strong>ticulier<br />
quand on simplifie les fractions,<br />
ont été effectuées avec un algorithme fondé<br />
sur la métho<strong>de</strong> inventée <strong>par</strong> Isaac Newton<br />
en 1669 et présentée dans son ouvrage<br />
De analysi per aequationes numero terminorum<br />
infinitas. Cette métho<strong>de</strong> ramène<br />
le <strong>calcul</strong> d’une division à un petit nombre<br />
<strong>de</strong> multiplications qu’on sait traiter <strong>de</strong><br />
manière efficace (bien plus que la métho<strong>de</strong><br />
indienne qu’on apprend à l’école primaire).<br />
Pour les multiplications, là encore F. <strong>Bellard</strong>,<br />
très bien informé <strong>de</strong> tous les progrès<br />
récents dans le domaine, a soigneusement<br />
choisi et organisé leurs <strong>calcul</strong>s. Selon la<br />
taille <strong>de</strong>s entiers concernés, une technique<br />
ou une autre est appliquée, dont celle à<br />
base <strong>de</strong> transformées <strong>de</strong> Fourier rapi<strong>de</strong>s<br />
que F. <strong>Bellard</strong> a reprogrammée et optimisée<br />
spécifiquement.<br />
Si, pour mener tous les <strong>calcul</strong>s exploitant<br />
la série <strong>de</strong>s frères Chudnowski, F. <strong>Bellard</strong> travaille<br />
en base 2, il veut le résultat en base 10.<br />
La conversion finale, contrairement à ce que<br />
l’on penserait, n’est guère plus facile que le<br />
<strong>calcul</strong> <strong>de</strong> lui-même. F. <strong>Bellard</strong> l’a menée<br />
avec un algorithme ajusté et perfectionné.<br />
Dans un <strong>calcul</strong> à l’extrême limite <strong>de</strong> ce<br />
qui est possible, chaque point est important.<br />
En <strong>par</strong>ticulier, il faut être attentif pour<br />
utiliser au mieux la mémoire disponible,<br />
ne jamais perdre d’espace, ne pas avoir à<br />
manipuler <strong>de</strong>s données trop gran<strong>de</strong>s et<br />
ne pas avoir à écrire trop sur les disques<br />
utilisés pour stocker le gros <strong>de</strong>s informations<br />
durant les opérations. Notons que<br />
l’espace <strong>de</strong> travail sur disque nécessaire<br />
n’a été que <strong>de</strong> 6,42 fois la taille du résultat<br />
final (1,12 téraoctet) et que la mémoire<br />
rapi<strong>de</strong> interne <strong>de</strong> l’ordinateur était <strong>de</strong><br />
6 gigaoctets, soit 70 fois moins que la taille<br />
du résultat.<br />
Contrôler chaque<br />
erreur possible<br />
Quand on manipule <strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong> plusieurs<br />
milliards <strong>de</strong> chiffres, le risque d’erreurs<br />
<strong>de</strong> copie ou <strong>de</strong> <strong>calcul</strong> faux à un moment<br />
du déroulement <strong>de</strong> l’algorithme <strong>de</strong>vient<br />
important, car les matériels informatiques<br />
ne sont jamais <strong>par</strong>faits (et il subsiste <strong>de</strong>s<br />
erreurs possibles dues aux arrondis que certaines<br />
<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s choisies <strong>par</strong> F. <strong>Bellard</strong><br />
engendrent). Divers systèmes <strong>de</strong> contrôle<br />
et <strong>de</strong> re<strong>calcul</strong> ont donc été mis en place pour<br />
vali<strong>de</strong>r chaque étape du processus.<br />
Pour contrôler le résultat final <strong>de</strong><br />
manière globale, un second <strong>calcul</strong>, utilisant<br />
une autre formule <strong>de</strong> série (cette fois due<br />
au mathématicien indien Srinivasa Ramanujan,<br />
1887-1920) qui donne huit chiffres<br />
<strong>de</strong> plus pour chaque terme, avait été entrepris<br />
<strong>par</strong> F. <strong>Bellard</strong>. Malheureusement, une<br />
défaillance technique grave d’un disque l’a<br />
rendu inutilisable. C’est pourquoi F. <strong>Bellard</strong><br />
a utilisé à la place le <strong>calcul</strong> d’un paquet<br />
<strong>de</strong> chiffres binaires placés à l’extrémité <strong>de</strong>s<br />
chiffres <strong>calcul</strong>és en base 2. La concordance<br />
<strong>de</strong> ces chiffres avec ceux du <strong>calcul</strong> massif<br />
<strong>par</strong> la formule <strong>de</strong>s Chudnowski ne garantit<br />
pas <strong>de</strong> manière absolue le résultat <strong>de</strong><br />
F. <strong>Bellard</strong>, mais rend très improbable la présence<br />
d’une erreur : si les <strong>de</strong>rniers chiffres<br />
4. Statistiques sur <br />
A. Sur les 2 699 999 990 000 chiffres<br />
<strong>calcul</strong>és, l’équilibre entre 0, 1, 2, ... et 9<br />
est presque <strong>par</strong>fait.<br />
i Nombre <strong>de</strong> i Pourcentage<br />
0 269999112082 9,9999671<br />
1 269999947599 9,9999981<br />
2 270000971073 10,0000360<br />
3 269999844559 9,9999942<br />
4 270000455307 10,0000169<br />
5 269999596957 9,9999851<br />
6 269999464860 9,9999802<br />
7 269999767215 9,9999914<br />
8 270001112056 10,0000412<br />
9 269999718292 9,9999896<br />
B. La plus longue répétition <strong>de</strong> 0 en<br />
comporte 12 et se termine en position<br />
1 755 524 129 973. Dans les décimales<br />
connues, seul le 8 présente une<br />
répétition <strong>de</strong> longueur 13 qui se termine<br />
en position 2 164 164 669 332.<br />
i Longueur Emplacement<br />
0 12 1755524129973<br />
1 12 1041032609981<br />
2 12 1479132847647<br />
3 12 1379574176590<br />
4 12 1379889220413<br />
5 12 1618922020656<br />
6 12 1221587715177<br />
7 12 368299898266<br />
8 13 2164164669332<br />
9 12 897831316556<br />
C. Dans les décimales <strong>de</strong> , le 0, le<br />
plus long à se montrer, n’ap<strong>par</strong>aît qu’en<br />
position 32 après la virgule. Pour les<br />
séquences <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chiffres, la<br />
séquence 68, la plus longue à ap<strong>par</strong>aître,<br />
vient en position 606. Ce type <strong>de</strong> <strong>calcul</strong>s<br />
vérifie que est un nombre normal<br />
(toutes les séquences <strong>de</strong> chiffres<br />
ap<strong>par</strong>aissent à la même fréquence), ce<br />
qui n’a pas encore été démontré.<br />
Séquence Emplacement<br />
1 0 32<br />
2 68 606<br />
3 483 8555<br />
4 6716 99849<br />
5 33394 1369564<br />
6 569540 14118312<br />
7 1075656 166100506<br />
8 36432643 1816743912<br />
9 172484538 22445207406<br />
10 5918289042 241641121048<br />
11 56377726040 2512258603207<br />
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R e g a r d s<br />
<strong>Le</strong> jeu <strong>de</strong> la vie est un automate<br />
cellulaire très simple<br />
inventé <strong>par</strong> John Conway. Une<br />
configuration étant <strong>de</strong>ssinée<br />
(<strong>de</strong>s cases noires sur un quadrillage<br />
du plan), elle se transforme<br />
en une nouvelle configuration<br />
en suivant la règle:<br />
– une case blanche <strong>de</strong>vient<br />
noire si, <strong>par</strong>mi les huit cases<br />
qui l’entourent, trois exactement<br />
sont noires ;<br />
– une case noire le reste si<br />
elle est entourée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou<br />
trois cases noires ;<br />
– dans tous les autres cas, la<br />
case est blanche dans la nouvelle<br />
configuration.<br />
On a démontré que le jeu<br />
<strong>de</strong> la vie pouvait <strong>calcul</strong>er tout<br />
ce qui est <strong>calcul</strong>able ; c’est ce<br />
que l’on nomme un mécanisme<br />
<strong>de</strong> <strong>calcul</strong> universel. Il s’agit d’un<br />
5.<strong>Le</strong> jeu <strong>de</strong> la vie <strong>calcul</strong>e <br />
résultat théorique. En pratique,<br />
bien que cela soit <strong>par</strong>ticulièrement<br />
difficile, on sait lui faire<br />
<strong>calcul</strong>er les nombres premiers<br />
(voir la rubrique Logique et <strong>calcul</strong><br />
d’avril 2009).<br />
En 2006, le mathématicien<br />
Dean Hickerson a réussi à programmer<br />
le <strong>calcul</strong> <strong>de</strong> avec le<br />
jeu <strong>de</strong> la vie en exploitant la série:<br />
= 4 (1 – 1/3 + 1/5 – 1/7 + ...).<br />
<strong>Le</strong> principe du <strong>calcul</strong> est<br />
le suivant. Quatre «navires» (1)<br />
s’éloignent du centre <strong>de</strong> la configuration<br />
en créant peu à<br />
peu (2, 3) un motif géométrique<br />
(4) dont l’allure générale<br />
reste la même, en augmentant<br />
<strong>de</strong> taille proportionnellement au<br />
temps passé <strong>de</strong>puis l’instant<br />
zéro. Ce motif (4) est composé<br />
<strong>de</strong> quatre <strong>par</strong>ties i<strong>de</strong>ntiques, et<br />
chaque quart du motif est obtenu<br />
1 2<br />
3 4<br />
<br />
à <strong>par</strong>tir d’une série <strong>de</strong> triangles<br />
dont on montre que la <strong>par</strong>tie<br />
sombre est d’aire proportionnelle<br />
à 1 – 2/3 + 2/5 – 2/7 +...<br />
Comme les <strong>par</strong>ties sombres<br />
du motif correspon<strong>de</strong>nt<br />
à une <strong>de</strong>nsité constante <strong>de</strong><br />
cases noires et que le reste <strong>de</strong><br />
la configuration <strong>de</strong>vient négligeable<br />
<strong>de</strong>vant les <strong>par</strong>ties<br />
sombres, la configuration globale<br />
contient un nombre <strong>de</strong> cellules<br />
noires asymptotiquement<br />
proportionnel à – 2. En<br />
quelques minutes, on obtient<br />
ainsi quatre décimales <strong>de</strong> .<br />
La convergence <strong>de</strong> la série<br />
utilisée étant assez lente, il est<br />
difficile d’en avoir plus ; mais<br />
en théorie, la configuration<br />
donne <strong>de</strong>s fractions qui approchent<br />
aussi précisément<br />
qu’on le souhaite.<br />
sont bons, il n’y a pas d’erreur grossière ou<br />
générale dans la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>calcul</strong> et sa<br />
programmation. Cette vérification est moins<br />
satisfaisante que celle qu’aurait fournie<br />
l’aboutissement du <strong>calcul</strong> mené avec la<br />
série <strong>de</strong> Ramanujan. Mais <strong>de</strong> toutes les<br />
façons, même si le <strong>calcul</strong> massif avait été<br />
réalisé <strong>de</strong>ux fois, l’absence d’erreur n’aurait<br />
pas été une assurance absolue <strong>de</strong><br />
justesse, car on peut toujours imaginer<br />
un concours <strong>de</strong> circonstances conduisant<br />
<strong>de</strong>ux fois à la même erreur dans<br />
<strong>de</strong>ux <strong>calcul</strong>s menés sé<strong>par</strong>ément <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s différentes. On peut diminuer la<br />
probabilité d’une erreur, jamais l’éliminer<br />
entièrement.<br />
La com<strong>par</strong>aison du résultat massif avec<br />
les chiffres connus <strong>par</strong> les <strong>calcul</strong>s <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts<br />
records donne une preuve <strong>de</strong> validité<br />
supplémentaire. <strong>Le</strong> record suivant, s’il<br />
coïnci<strong>de</strong> pour la <strong>par</strong>tie commune avec celui<br />
<strong>de</strong> F. <strong>Bellard</strong>, fournira une validation ultime !<br />
Signalons encore que pour gagner du<br />
temps et utiliser au mieux les capacités<br />
<strong>de</strong> <strong>calcul</strong> <strong>de</strong> sa machine, F. <strong>Bellard</strong> a utilisé<br />
<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vectorisation et <strong>de</strong> multithreading,<br />
c’est-à-dire <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s permettant<br />
<strong>de</strong> mener plusieurs <strong>calcul</strong>s à la fois<br />
avec un seul processeur à plusieurs cœurs.<br />
Gérer les mémoires<br />
La gestion <strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong> masse sur<br />
les cinq disques durs branchés au microordinateur<br />
a elle aussi été conçue pour tirer<br />
le maximum <strong>de</strong> puissance <strong>de</strong> tout l’ensemble.<br />
Lorsqu’on mène un <strong>calcul</strong> banal,<br />
le système d’exploitation <strong>de</strong> votre ordinateur<br />
gère lui-même la façon dont il écrit sur<br />
les disques (internes ou externes), et s’il<br />
ne le fait pas <strong>de</strong> manière optimale, cela ne<br />
porte pas à conséquence. Pour le <strong>calcul</strong><br />
record, il n’était pas possible <strong>de</strong> laisser<br />
les choses se dérouler sans en prendre le<br />
contrôle complet, ce qu’a fait F. <strong>Bellard</strong>. On<br />
le voit, les compétences techniques nécessaires<br />
pour la programmation <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> sont <strong>par</strong>ticulièrement fines,<br />
variées et étendues.<br />
Au total, le succès est venu <strong>de</strong> la prise<br />
en main <strong>de</strong> toute la chaîne du <strong>calcul</strong> et est<br />
dû à la maîtrise :<br />
84] Logique & <strong>calcul</strong> © Pour la Science - n° 393 - Juillet 2010
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R e g a r d s<br />
– <strong>de</strong> bonnes mathématiques (celles <strong>de</strong>s<br />
Chudnowski en <strong>par</strong>ticulier et celles <strong>de</strong> la formule<br />
que F. <strong>Bellard</strong> a élaborée en 1997) ;<br />
– d’une bonne algorithmique (celle<br />
du scindage binaire, <strong>de</strong>s bons choix pour<br />
stocker les données numériques et les<br />
manipuler) ;<br />
– d’une bonne programmation, fondée<br />
sur <strong>de</strong>s optimisations très pointues et<br />
<strong>de</strong>s idées variées (multiplication rapi<strong>de</strong>,<br />
multithreading, contrôle fin <strong>de</strong>s écritures<br />
sur disques, etc.).<br />
<strong>Le</strong> nombre <strong>de</strong> décimales <strong>de</strong> qu’on pourra<br />
<strong>calcul</strong>er dans un proche avenir semble<br />
dépendre principalement <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> rapidité<br />
d’écriture sur disque et <strong>de</strong>s communications<br />
internes entre éléments d’une<br />
machine. Cependant, avec quelques dizaines<br />
<strong>de</strong> milliers d’euros, en employant plusieurs<br />
micro-ordinateurs et un plus grand nombre<br />
<strong>de</strong> disques durs externes, F <strong>Bellard</strong> pourrait<br />
dès maintenant doubler ou même décupler<br />
le nombre <strong>de</strong> décimales <strong>de</strong> <strong>calcul</strong>ées.<br />
La délicate<br />
loi <strong>de</strong> Moore<br />
Cela nous conduit à revenir sur la loi <strong>de</strong><br />
Moore (pour une somme donnée, il se<br />
produit un doublement <strong>de</strong> capacité tous les<br />
18 mois). Si cette loi est vali<strong>de</strong> en moyenne<br />
sur l’ensemble <strong>de</strong>s technologies informatiques<br />
durant une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques<br />
années, elle n’est en revanche pas vali<strong>de</strong><br />
pour un problème technologique spécifique<br />
sur une courte pério<strong>de</strong>. On obtient <strong>par</strong>fois<br />
bien mieux <strong>par</strong>ce qu’une nouvelle idée ou<br />
une nouvelle technique se met en place, on<br />
fait <strong>par</strong>fois moins bien <strong>par</strong>ce qu’on rencontre<br />
un obstacle ou qu’une technologie<br />
arrive à bout <strong>de</strong> souffle.<br />
La vitesse à laquelle évolue la définition<br />
<strong>de</strong>s écrans à cristaux liqui<strong>de</strong>s est moins<br />
importante que ne l’indique la loi <strong>de</strong> Moore<br />
générale, <strong>de</strong> même que les capacités <strong>de</strong><br />
stockage <strong>de</strong>s disques optiques (CD et DVD),<br />
ou (pour c’est important) la vitesse <strong>de</strong>s<br />
échanges entre processeurs dans un superordinateur.<br />
En ce moment, les supports<br />
optiques <strong>de</strong> stockage progressent lentement<br />
et se font doubler <strong>par</strong> les disques durs<br />
magnétiques qui ont connu <strong>de</strong>s progrès<br />
spectaculairement rapi<strong>de</strong>s, en <strong>par</strong>ticulier<br />
grâce aux travaux <strong>de</strong> Michel Jullière et Albert<br />
Fert (prix Nobel <strong>de</strong> physique 2007).<br />
Calculer, c’est copier<br />
Il semble assez étonnant que, grâce à la<br />
découverte <strong>de</strong>s « bonnes métho<strong>de</strong>s », l’essentiel<br />
du problème se ramène à une question<br />
d’entrée/sortie, autrement dit <strong>de</strong> copie<br />
d’informations binaires.<br />
Dans le mon<strong>de</strong> vivant, l’« ingénierie<br />
informatique du mon<strong>de</strong> génétique » semble<br />
surtout préoccupée <strong>de</strong> copie d’informations.<br />
Sans cesse les cellules se dupliquent<br />
(avec dédoublement <strong>de</strong> l’information présente<br />
sur les chromosomes), sans cesse<br />
les gènes sont transcrits, c’est-à-dire copiés<br />
avec quelques modifications et altérations.<br />
Dans le mon<strong>de</strong> vivant, le <strong>calcul</strong> semble être<br />
surtout <strong>de</strong> la copie, et dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
records <strong>de</strong> <strong>calcul</strong> <strong>de</strong>s décimales <strong>de</strong> , c’est<br />
presque <strong>par</strong>eil ! Est-ce un hasard <br />
Toujours est-il que ce type <strong>de</strong> <strong>calcul</strong>s<br />
confirme que est un nombre dit normal<br />
(chaque séquence est présente dans <br />
et la fréquence limite d’une séquence <strong>de</strong><br />
longueur n est toujours 1/10 n ), ce qui, pour<br />
l’instant, n’a pas été démontré.<br />
Il se peut que l’Université <strong>de</strong> Tsukuba<br />
reprenne le record, mais si c’est en utilisant<br />
à nouveau un superordinateur et en<br />
dépensant l’équivalent <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> milliers<br />
d’euros, ce nouveau record sera <strong>de</strong> peu<br />
d’intérêt. Qu’une Ferrari double une Citroën<br />
<strong>de</strong>ux-chevaux ne surprend personne ; seul<br />
l’inverse présente un intérêt. ■<br />
Complément sur l’article <strong>de</strong> mai 2010<br />
Christian Boyer me signale que dans l’article<br />
sur le découpage <strong>de</strong>s pizzas (Pour la<br />
Science, mai 2010), j’ai oublié <strong>de</strong> mentionner<br />
une importante formule : le volume d’une<br />
pizza <strong>de</strong> rayon z et d’épaisseur a est pi.z.z.a.<br />
Il me signale aussi que son site sur les<br />
carrés magiques (www.multimagie.com/<br />
Francais/MagicSquaresEnigmasF.pdf) propose<br />
<strong>de</strong> nombreux problèmes et offre <strong>de</strong>s<br />
prix à gagner (jusqu’à 7 000 euros et <strong>de</strong>s<br />
bouteilles <strong>de</strong> champagne).<br />
L’AUTEUR<br />
Jean-Paul DELAHAYE<br />
est professeur à l’Université<br />
<strong>de</strong> Lille et chercheur<br />
au Laboratoire d’informatique<br />
fondamentale <strong>de</strong> Lille (<strong>LIFL</strong>).<br />
✔ BIBLIOGRAPHIE<br />
Richard Brent et Paul<br />
Zimmermann, Mo<strong>de</strong>rn Computer<br />
Arithmetic, novembre 2009 :<br />
http://www.loria.fr/~zimmerma/<br />
mca/pub226.html.<br />
Fabrice <strong>Bellard</strong>, <strong>Pi</strong> computation<br />
record,<br />
http://bellard.org/pi/pi2700e9/<br />
Jean-Paul Delahaye, <strong>Le</strong> fascinant<br />
nombre , Belin/Pour la Science,<br />
1997.<br />
Boris Gourévitch, L’univers <strong>de</strong> ,<br />
http://www.pi314.net/<br />
Hervé Morin, Un jeune Français<br />
plonge dans les profon<strong>de</strong>urs<br />
<strong>de</strong> , <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong>, 27 octobre 1997,<br />
pages 1 et 25.<br />
© Pour la Science - n° 393 - Juillet 2010 Logique & <strong>calcul</strong> [85