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Performance opérationnelle_dauphine2007 - CEREG

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Quel Présage à Long Terme pour la <strong>Performance</strong> Opérationnelle des<br />

Entreprises Émettrices d’Obligations Convertibles en France <br />

Elbadraoui Khalid<br />

ATER<br />

Institut de Gestion de Rennes<br />

CREM UMR CNRS n° 6181<br />

khalid.elbadraoui@univ-rennes1.fr<br />

Lilti Jean Jacques<br />

Professeur des Universités<br />

Institut de Gestion de Rennes<br />

CREM UMR CNRS n° 6181<br />

jean-jacques.lilti@univ-rennes1.fr<br />

(Version août 2007)<br />

M’zali Bouchra<br />

Professeur Titulaire<br />

Ecole des Sciences de la Gestion<br />

Université du Québec à Montréal<br />

mzali.bouchra@uqam.ca<br />

Résumé :<br />

Abstract:<br />

Dans le présent article nous analysons la<br />

performance opérationnelle à long terme d’un<br />

échantillon de 97 placements d’Obligations<br />

Convertibles (OC) opérés par voie d’appel<br />

public à l’épargne en France entre 1990 et 2002.<br />

Nos résultats, robustes aux étalons, aux<br />

modèles et aux indicateurs de mesure de<br />

performance utilisés, mettent en exergue une<br />

sous-performance, économiquement et<br />

statistiquement significative, des émetteurs<br />

d’OC relativement à leurs firmes comparables<br />

sur un horizon de long terme après l’émission.<br />

Cette conclusion, en harmonie avec les<br />

résultats obtenus sur le marché américain, est<br />

l’une des explications plausibles de la sousperformance<br />

boursière mise en relief<br />

récemment chez les émetteurs d’OC en France.<br />

En revanche, notre recherche ne fournit<br />

aucune évidence quant à la surperformance<br />

opérationnelle des entreprises émettrices avant<br />

l’émission d’OC.<br />

Par ailleurs, l’étude des déterminants de la<br />

performance opérationnelle à long terme des<br />

entreprises émettrices à l’aide de la régression<br />

PLS (Partial Least Squares), montre que la<br />

sous-performance de ces dernières doit être<br />

relativisée par un certain nombre de facteurs<br />

caractérisant la firme émettrice et l’offre d’OC.<br />

Mots clés : Emission d’obligations convertibles,<br />

<strong>Performance</strong> opérationnelle à long terme,<br />

Sous-performance, Surperformance.<br />

Classification JEL : G14; G32 ; L25<br />

Our paper analyzes the long-run operating<br />

performance of a sample of 97 public<br />

convertible bonds (CB) issues made on the<br />

French market from 1990 to 2002.<br />

Based on the operating performance, firms<br />

issuing convertible bonds under-perform<br />

substantially non-issuing firms from pre to<br />

post-issue periods. Our findings are robust<br />

with respect to the various benchmarks and<br />

operating performance measures employed.<br />

This post-offering earning downturn confirms<br />

findings of previous studies undertaken in the<br />

USA market and is consistent with the poor<br />

long term post-issue stock price performance<br />

recently highlighted on the French CB market.<br />

However, offering companies do not exhibit<br />

any significant increase in operating<br />

profitability prior to the issue.<br />

We also examine the relation between several<br />

factors and operating performance using PLS<br />

(Partial Least Squares) regression approach.<br />

Our results show a strong relationship<br />

between the post-issue change in operating<br />

performance and some issuer and issue<br />

features.<br />

Keywords: Convertible bonds offering, Longrun<br />

operating performance, Underperformance,<br />

Over-performance.<br />

JEL classification: G14; G32; L25<br />

Copyright © 2007. Tous droits réservés. All rights reserved. 1


1. Introduction<br />

Très peu d’entreprises génèrent suffisamment de fonds à l’interne pour combler tous leurs<br />

besoins de liquidité ou d’investissement. Même les entreprises rentables sont amenées à se<br />

procurer des capitaux externes pour prendre de l’expansion et maintenir leur compétitivité<br />

sur des marchés caractérisés par une concurrence de plus en plus exacerbée.<br />

Le financement externe des entreprises présente des formes diverses et variées. Pour<br />

l’essentiel, l’entreprise a recours à des émissions de titres primaires tels que les actions et les<br />

obligations. Mais elle peut également recourir à un financement par des titres hybrides tels<br />

que les obligations convertibles (ci-après OC), et c’est ce à ce mode de financement que nous<br />

nous intéresserons plus particulièrement dans le cadre de cette étude.<br />

Depuis le milieu des années 1990, les émissions d’OC ont connu en France un essor<br />

considérable à cause, notamment, des changements, aussi bien structurels que conjoncturels,<br />

qui ne cessent de marquer le marché boursier. Cependant, les théories d’agence et du signal<br />

nous enseignent que dans un marché imparfait, le financement par OC n’est pas sans<br />

incidence sur la valeur de la firme. Ce constat rejoint l'expérience des études 1 empiriques,<br />

réalisées sur différentes périodes et dans plusieurs pays. La principale conclusion qui se<br />

dégage de ces études, dites « études événementielles à court terme », est que l’annonce de<br />

l’émission d’OC est associée en moyenne à un signal négatif mais avec une ampleur moins<br />

prononcée que celle observée chez les émetteurs d’actions. Sachant que les émissions<br />

d’obligations sèches n’entrainent en moyenne aucune réaction, ce résultat est cohérent avec<br />

la théorie du financement hiérarchique (Pecking Order Theory) de Myers et Majluf (1984) et le<br />

modèle de Stein (1992).<br />

Toutefois, des études plus récentes ayant observé le comportement du cours boursier de<br />

l’émetteur sur une longue période après l’émission, s’accordent pour dire que la baisse<br />

enregistrée au moment de l’annonce de l’émission n'était pas proportionnelle à la portée<br />

réelle de la nouvelle à cet instant et que le cours de l’émetteur continue à décliner plusieurs<br />

mois d'affilée après l’émission. Autrement dit, les investisseurs commettent<br />

systématiquement des erreurs dans la façon dont ils traitent le signal envoyé par l’entreprise<br />

émettrice lors de l’annonce de l’offre d’OC et tardent à reconnaître ses effets réels sur la<br />

valeur de l’entreprise. Cette réaction biaisée, connue sous le nom du phénomène de « sousréaction<br />

», va à l’encontre du principe de l’efficience informationnelle des marchés qui<br />

suppose que l’information est intégrée rapidement et adéquatement dans les prix des titres.<br />

De nombreux auteurs se sont donc tournés vers les études d’événement à long terme afin<br />

de vérifier jusqu’à quel point la réaction négative du cours de l’émetteur enregistrée au<br />

moment de l’annonce de l’émission d’OC persiste pendant la période post-émission. Spiess<br />

et Affleck-Graves (1999), par exemple, ont reporté une sous-performance moyenne de l’ordre<br />

de -36.95%, significative au seuil de 1%, pour les émetteurs américains d’OC relativement à<br />

des entreprises comparables sur une période post-émission de cinq années. Ce recul de la<br />

performance boursière sur le long terme a été également confirmé sur les marchés japonais<br />

(Kang et al., 1999), anglais (Abhyankar et Ho, 2002) et français (Elbadraoui, 2007).<br />

Etant donné que l’information comptable constitue une source d’information<br />

déterminante pour les investisseurs, certains auteurs se sont interrogés : dans quelle mesure<br />

le déclin de la performance boursière à long terme des firmes suite à une émission d’OC<br />

refléterait la dégradation de leur performance opérationnelle 2 <br />

Cette question a catalysé de nombreuses recherches qui se sont basées sur la méthodologie<br />

des études événementielles à long terme et sur des indicateurs comptables de performance.<br />

1 Voir Cheng et al. 2005 ou Abhyankar et Dunning (1999) pour une revue de littérature récente et exhaustive.<br />

2 Dite aussi performance économique ou d’exploitation. Il s’agit de la rentabilité procurée par les outils de<br />

production en place, abstraction faite du mode de financement.<br />

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Toutes réalisées dans le contexte américain 3 , ces études concluent que les entreprises<br />

émettrices d’OC sous-performent des entreprises comparables sur un horizon de long terme<br />

(trois à cinq ans) après l’émission. Certaines de ces études ont également montré que cette<br />

sous-performance des firmes émettrices est précédée d’une amélioration significative de leur<br />

rentabilité opérationnelle anormale, laissant supposer que le comportement de financement<br />

de ces firmes est édicté par des considérations de timing.<br />

Les conclusions de ces études sur les émissions d’OC sont comparables à celles de<br />

McLaughlin et al. (1996) et Loughran et Ritter (1997), qui ont mis en évidence une baisse<br />

(hausse) significative de l’ensemble des indicateurs des firmes américaines après (avant)<br />

l’émission d’actions. Ces résultats renforcent l’argument de Stein (1992) selon lequel l’OC est<br />

un substitut de l’action (Backdoor equity) et contribue en même temps à l’enrichissement de la<br />

littérature sur la structure du capital.<br />

L’objectif de cette étude est d’examiner la performance opérationnelle à long terme des<br />

émetteurs d’OC en France et ce, avant et après l’émission. Sur la base des émissions d’OC<br />

réalisées entre 1990-2002, nous visons d’une part, à détecter les gains ou pertes de valeur<br />

enregistrés par les entreprises émettrices postérieurement et antérieurement à l’offre d’OC.<br />

D’autre part, nous visons à identifier les facteurs susceptibles d’expliquer le niveau de la<br />

performance opérationnelle des émetteurs observée après l’émission et ce, en effectuant une<br />

analyse multivariée fondée sur l’approche PLS.<br />

Le reste de cet article est organisé de la manière suivante. Dans la deuxième section nous<br />

présenterons le cadre théorique des émissions d’OC. Dans la troisième section nous<br />

passerons en revue les principaux résultats des études empiriques précédentes. Les données<br />

utilisées et la méthodologie adoptée seront décrites dans les sections quatre et cinq<br />

respectivement. Dans la section six nous présenterons et commenterons les résultats de<br />

l’étude d’événement. Enfin, et avant de conclure, ces derniers feront l’objet d’une analyse<br />

multivariée dans la section sept.<br />

2. La revue de la littérature théorique<br />

Grâce à leur nature hybride, les OC sont très souvent mises en avant par les nouveaux<br />

courants de la théorie financière moderne comme une solution aux imperfections liées aux<br />

modes de financement de la firme et à son organisation managériale. Ces imperfections, qui<br />

s’illustrent essentiellement par les conflits d’agence et les problèmes d’hasard moral, sont<br />

génératrices de coûts qui ne sont pas sans incidence sur la performance opérationnelle de la<br />

firme et, de là, sur sa valeur.<br />

Les motifs sous-jacents aux émissions d’OC émanent de plusieurs théories. Nous<br />

présenterons dans cette section les théories les plus importantes. Quant aux implications de<br />

ces théories sur la performance opérationnelle post-émission des émetteurs, elles seront<br />

analysées en détail lors de la description des variables exogènes utilisées dans les modèles de<br />

régression (paragraphe 7.3).<br />

2.1. Réduction des conflits d’agence liés à la dette<br />

Jensen et Meckling (1976) sont parmi les premiers à avoir identifié le danger de<br />

substitution d’actifs ou d’investissement sous-optimal. Les actionnaires-dirigeants peuvent<br />

en effet avoir une forte incitation à accroître la richesse des actionnaires au détriment de celle<br />

des obligataires et ce, en émettant de nouvelles dettes ou en sélectionnant des projets<br />

d’investissement très risqués (projets à VAN négative) qui, en cas de succès, leur<br />

procureraient des gains potentiels très élevés. Dans le cadre plus particulier d’un<br />

financement par OC, Green (1984) a modélisé les conflits d’intérêts entre les actionnaires et<br />

les créanciers et a affirmé que les coûts d’agence de la dette sont la motivation la plus<br />

3 À notre connaissance, il n’existe aucune étude publiée sur la performance opérationnelle à long terme des<br />

entreprises émettrices d’OC dans un pays autre que les États-Unis.<br />

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importante d’une émission d’OC. En effet, la valeur de l’OC est faite de deux composantes :<br />

l’une correspond à la valeur du plancher obligataire et l’autre à la valeur de l’option d’achat<br />

sur les actions de l’entreprise émettrice. Or, cette dernière composante est fonction du cours<br />

du sous-jacent, ce qui permet aux créanciers, en tant qu’actionnaires potentiels, de profiter<br />

d’une éventuelle hausse de la valeur des capitaux propres et de faire barrage aux transferts<br />

de richesse dus aux comportements des dirigeants. La clause de convertibilité de l’OC peut<br />

être donc analysée comme un engagement de la part des dirigeants à ne pas procéder à des<br />

substitutions d’actifs.<br />

2.2. Insensibilité au risque de l’émetteur<br />

Brennan et Schwartz (1988) montrent que les OC sont traditionnellement émises par des<br />

entreprises qui peuvent être rangées dans une ou plusieurs des catégories suivantes : (1)<br />

« entreprises perçues par les investisseurs comme étant risquées » ; (2) « entreprises dont le<br />

risque est difficilement estimable » ; (3) « entreprises dont la politique d’investissement est<br />

délicate à prévoir par les investisseurs ». Ainsi, les firmes dont le risque d’exploitation et/ou<br />

financier est élevé verront leurs cours subir une importante décote en cas de financement par<br />

actions nouvelles (coût de sélection adverse). De même, au cas où ces firmes optent pour<br />

l’émission d’obligations sèches, les bailleurs de fonds exigeront un taux d’intérêt sans risque<br />

majoré d’une importante prime de risque de défaut, en rémunération du risque qu’ils<br />

accepteront d’encourir.<br />

La valeur de l’OC est par contre relativement insensible au risque de l’entreprise<br />

émettrice. Cela s’explique par le fait que la baisse de la valeur de la composante obligataire<br />

engendrée par un accroissement du risque de l’émetteur serait compensée, au moins<br />

partiellement, par l’amélioration de la valeur de la composante optionnelle qui serait<br />

produite par le même accroissement du risque. Ce mécanisme de compensation, confirmé<br />

également par le modèle de Brennan et Kraus (1987), permet d’arriver à un compromis entre<br />

l’émetteur et le souscripteur sur la valeur de l’instrument financier même en cas de<br />

désaccord sur le risque de la firme.<br />

2.3. Réduction des conflits d’agence liés aux capitaux propres<br />

Green (1984) considère l’OC comme un substitut de la dette et n’identifie donc pas<br />

explicitement les coûts d’agence inhérents aux conflits d’intérêts entre les dirigeants et les<br />

actionnaires. Jensen (1986) et Stulz (1990) ont fourni plus de détails à cet égard. Selon ces<br />

deux auteurs, dans les entreprises arrivées à maturité, les cash-flows sont abondants et les<br />

occasions d’investissement réellement rentables sont rares. Jensen a désigné par le terme Free<br />

Cash-flows cette abondance de disponibilités qui aboutit souvent à des affectations peu<br />

judicieuses. Dans un tel contexte, le recours à une augmentation du capital pourrait inciter<br />

les dirigeants à poursuivre leurs propres objectifs afin de maximiser leur richesse<br />

personnelle. Cette situation, souvent rencontré dans les firmes managériales, est<br />

communément désignée sous le terme de « surinvestissement ».<br />

Les actionnaires qui perçoivent que les dirigeants s’écartent un peu trop de la rigueur<br />

dont feraient preuve les dirigeants propriétaires pourraient songer à surveiller efficacement<br />

leurs mandataires. Or, cette tâche est quasiment impossible à réaliser par un actionnariat<br />

dispersé même si la loi lui en donne théoriquement le droit.<br />

Une possibilité pour réduire alors le coût d’agence des fonds propres tout en assurant une<br />

grande flexibilité par rapport à une dette classique est le recours à un emprunt obligataire<br />

convertible. La présence de ce dernier contraint les dirigeants à une discipline beaucoup plus<br />

stricte. Ils doivent en fait veiller à ce que la rentabilité de l’entreprise soit améliorée afin<br />

d’encourager les créanciers à exercer l’option de conversion dont ils disposent et mettre<br />

l’entreprise à l’abri des échéances régulières imposées par le service de la dette (Mayers<br />

1998).<br />

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2.4. Réduction des coûts de sélection adverse et des coûts de détresse financière<br />

Stein (1992) propose un modèle 4 dans lequel il montre que les entreprises caractérisées par<br />

une forte asymétrie informationnelle et/ou un niveau d’endettement élevé seront favorables<br />

à une émission d’OC plutôt qu’à une émission d’actions ou d’obligations sèches, et ceux pour<br />

deux principales raisons : (1) Le recours à la dette sèche aggrave les coûts de faillite (cost of<br />

financial distress) de cette catégorie d’entreprise ; (2) Le financement par émission d’actions<br />

nouvelles, même s’il va améliorer la capacité d’endettement de l’entreprise, risque d’être très<br />

coûteux à cause du sous-investissement que pourrait engendrer l’asymétrie d’information<br />

entre les dirigeants et les investisseurs externes (Myers et Majluf, 1984).<br />

Ces deux coûts de financement externe, généralement observés chez les entreprises qui<br />

ont un fort potentiel de croissance et/ou une petite taille, peuvent être atténués grâce aux<br />

propriétés de l’OC. En effet, les entreprises n’auront en principe recours à un financement<br />

par OC que dans la mesure où elles anticiperont une hausse du cours de leurs actions. Dès<br />

lors, une émission d’OC est un signal fort difficilement imitable par les entreprises en<br />

pénurie d’opportunités d’investissement profitables, car si le cours de l’action n’augmente<br />

pas suffisamment après l’émission, les porteurs d’OC n’auront aucun intérêt à exercer<br />

l’option de conversion. L’émetteur serait par conséquent contraint à rembourser sa dette.<br />

Selon Stein (1992), les OC sont un moyen approprié pour augmenter le capital d’une façon<br />

différée dans un contexte d’asymétrie d’information, et sont de ce fait considérées comme un<br />

substitut des fonds propres (Backdoor equity) 5 .<br />

2.5. Eviter les coûts du financement séquentiel<br />

Mayers (1998) montre, à l’aide d’un modèle (sans formulation mathématique) appuyé par<br />

deux études empiriques, qu’en présence de problème de surinvestissement, les entreprises se<br />

servent des OC pour échapper aux coûts associés au financement séquentiel. Si l’entreprise<br />

dispose d’opportunités d’investissements profitables, les obligataires préfèreront convertir,<br />

laissant la disposition des fonds à l'entreprise. Dans le cas contraire, ils n'exerceront pas<br />

l’option de conversion, et les managers devront rembourser, ce qui supprime le problème de<br />

l'incitation à surinvestir.<br />

3. La revue de la littérature empirique<br />

La première étude ayant analysé la performance opérationnelle des entreprises émettrices<br />

d’OC remonte aux travaux pionniers de Hansen et Crutchley (1990). Les résultats de cette<br />

étude montrent que les entreprises émettrices ont une rentabilité économique<br />

significativement inférieure à celle des entreprises non émettrices sur une période postémission<br />

de trois ans. Hansen et Crutchley (1990) vont même jusqu’à arguer que ce déclin de<br />

la rentabilité économique a été anticipé par les dirigeants au moment de l’émission et que les<br />

fonds levés serviront à le compenser.<br />

Mc Laughlin et al. (1998) ont eux aussi examiné la performance économique des émetteurs<br />

sur les six années fiscales entourant celle de l’émission 6 . Les résultats de leur étude révèlent,<br />

d’un côté, une augmentation plus que proportionnelle de la rentabilité économique des<br />

4 Ce modèle, qui est une adaptation du modèle de Myers et Majluf (1984), identifie à travers une formalisation<br />

mathématique parcimonieuse le moyen de financement le plus approprié en fonction de la situation de la firme<br />

en termes d’asymétrie d’information et de détresse financière.<br />

5 Les enquêtes menées auprès des responsables financiers de certaines entreprises américaines (Pilcher, 1955 ;<br />

Brigham, 1966 ; Hoffmeister, 1977) ont montré que la principale motivation d’une émission d’OC est la volonté<br />

de les convertir en capitaux propres suite à une éventuelle évolution favorable des cours. En France, selon les<br />

prospectus de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) 58% des émissions de notre échantillon sont effectuées<br />

dans le but de renforcer la structure financière de l’entreprise. Pour le reste, les émetteurs projettent de consacrer<br />

les fonds levés à des projets d’investissement.<br />

6 Ces années seront notées dans le reste du présent article : année -3, année -2, année -1, année +1, année +2 et<br />

année +3 ; avec année 0 : année fiscale de l’émission.<br />

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entreprises émettrices par rapport à celle des firmes comparables pendant la période préémission,<br />

et de l’autre côté une sous-performance économique statistiquement significative<br />

des émetteurs pendant la période post-émission. Ce déclin de la performance opérationnelle<br />

des émetteurs postérieurement à l’émission a été également confirmé par Lee et Loughran<br />

(1998). Cependant, ces derniers montrent, contrairement aux conclusions de McLaughlin et<br />

al. (1998), que les entreprises émettrices n’affichent aucune surperformance opérationnelle<br />

avant l’émission. Les rentabilités économiques étant restées quasi-stables pendant la période<br />

pré-émission.<br />

Tableau 1 : Synthèse des études empiriques précédentes<br />

Auteurs<br />

Hansen et<br />

Crutchley<br />

(1990)<br />

Mc<br />

Laughlin et<br />

al. (1998)<br />

Lee et<br />

Loughran<br />

(1998)<br />

Lewis et al.<br />

(2001)<br />

Pays<br />

USA<br />

USA<br />

USA<br />

USA<br />

Mesure de<br />

performance<br />

• Rentabilité<br />

économique<br />

• Rentabilité<br />

économique<br />

• Rentabilité<br />

économique<br />

• Rentabilité<br />

commerciale<br />

• Rentabilité<br />

économique<br />

• Rentabilité<br />

commerciale<br />

• Rentabilité<br />

économique<br />

Etalon<br />

Portefeuille<br />

de référence<br />

Entreprise de<br />

contrôle<br />

Entreprise de<br />

contrôle<br />

Entreprise de<br />

contrôle<br />

Période<br />

1975<br />

1982<br />

1980<br />

1993<br />

1975<br />

1990<br />

1979<br />

1990<br />

Taille de<br />

l’échantill<br />

on<br />

<strong>Performance</strong><br />

Préémission<br />

Postémission<br />

67 (-) (1)<br />

828 (+) (2) (-) (3)<br />

986 (-) (4) (-) (4)<br />

566 (+) (5) (-) (5)<br />

Bae et al.<br />

Entreprise de 1985<br />

USA<br />

77 (+)<br />

(2002)<br />

contrôle 1990<br />

(6) (-) (7)<br />

Notes : (1) La sous-performance moyenne des émetteurs sur la fenêtre (+1;+3) varie de 1.99% (significatif au seuil de 1%) à 2.08%<br />

(significatif au seuil de 1%) Selon la méthodologie appliquée. (2) La surperformance médiane est estimée à 0.4% sur la fenêtre (-2 ;-1). Ce<br />

résultat est significatif au seuil de 10%. (3) La sous-performance médiane est de l’ordre de 0.3% (significatif au seuil de 1%), 0.5%<br />

(significatif au seuil de 1%) et 0.2% (significatif au seuil de 10%) sur les fenêtres (-1;+1), (-1;+2) et (-1;+3) respectivement. (4) Les écarts de<br />

performances médians sont statistiquement significatifs au seuil de 1% sur toute la période d’analyse (de l’année -2 à l’année +4). (5) La<br />

significativité statistique dépend de l’indicateur de mesure de performance mis en œuvre. (6) Non significatif aux seuils de confiance<br />

habituels. (7) La sous-performance moyenne est estimée à 2% (significatif au seuil de 10%), 4% (significatif au seuil de 5%) et 3%<br />

(significatif au seuil de 10%) sur les fenêtres (0;+1), (0;+3) et (0;+5) respectivement.<br />

La thématique de la performance des émetteurs d’OC a également suscité l’intérêt de<br />

Lewis et al. (2001) qui sont parvenus à des résultats qui corroborent les conclusions des<br />

études précédentes. En utilisant un large ensemble de mesures de performance, ils ont mis<br />

en relief une tendance baissière de la rentabilité économique des firmes américaines<br />

émettrices d’OC sur les quatre années fiscales suivant celle de la réalisation de l’émission.<br />

Cependant, ces auteurs ont relativisé la portée de la contre-performance des émetteurs en<br />

appareillant ces derniers avec des entreprises comparables du même secteur d’activité. En<br />

effet, Lewis et al. (2001) constatent que, bien que les firmes émettrices sous-performent leurs<br />

homologues du même secteur d’activité sur la période post-émission, ces dernières<br />

présentent des rentabilités économiques qui sont positivement corrélées avec celles des<br />

émetteurs. Ce qui permet aux auteurs de conclure que “… the poor post-issue operating<br />

performance of convertible debt offering firms is attributable at least partially to an industry effect”.<br />

Par ailleurs, à l’instar de McLaughlin et al. (1998), Lewis et al. (2001) découvrent que la<br />

performance opérationnelle des entreprises émettrices affiche une amélioration substantielle<br />

antérieurement à l’émission. Selon ces auteurs, ce constat empirique est cohérent avec une<br />

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extension de l’hypothèse du timing 7 des émissions d’actions (Loughran et Ritter 1997) aux<br />

émissions des produits equity-linked.<br />

Enfin, dans une étude plus récente Bae et al. (2002) ont de leur part confirmé les résultats<br />

précédents. Ils ont trouvé que la rentabilité économique de l’entreprise émettrice baisse<br />

significativement comparativement à celle de l’entreprise non émettrice après l’émission. Ces<br />

auteurs ont également mis en évidence une légère surperformance des émetteurs avant<br />

l’émission, sans toutefois qu’elle soit statistiquement significative.<br />

Pour conclure, et comme l’illustre le tableau 1, on peut dire que si les études<br />

événementielles précédentes ont abouti à des résultats mitigés quant à la performance<br />

opérationnelle pré-émission des émetteurs, elles ont toutes démontré clairement que la<br />

rentabilité économique post-émission de ces derniers est nettement inférieure à celle des<br />

firmes comparables.<br />

4. L’échantillon et les sources de données<br />

Notre échantillon initial est composé de 181 émissions, soit toutes les émissions d’OC<br />

recensées dans des bulletins mensuels d’information de l’Autorité des Marchés Financiers<br />

(AMF) 8 et réalisées par des entreprises françaises entre 1990 et 2002. Le choix de cette période<br />

est dicté par un souci d’avoir un maximum de données disponibles sur une période avant et<br />

après l’émission. Les informations relatives aux émissions ont été recueillies des prospectus<br />

d’émission de l’AMF, des avis et décisions de l’Euronext ou encore des avis publiés dans les<br />

Bulletins des Annonces Légales Obligatoires (BALO). Néanmoins, seules les émissions<br />

respectant les critères de sélection suivants ont été retenues dans l’échantillon final. (1) Le<br />

placement des OC doit être réalisé par voie d’appel public à l’épargne par des entreprises<br />

non financières 9 . (2) À l’instar de Spiess et Affleck-Graves (1999), nous avons exclu de<br />

l’échantillon final les OC auxquelles sont attachés des bons de souscription, telles que les<br />

obligations convertibles à bons de souscription d’actions. (3) Les données comptables<br />

consolidées des entreprises émettrices doivent être disponibles sur la base de données<br />

Worlscope de Thomson Financial au moins pendant l’année fiscale précédant celle de<br />

l’émission (année -1). Aucune autre restriction n’a été imposée quant à la disponibilité des<br />

données comptables pendant la période pré ou post-émission 10 . Autrement dit, l’échantillon<br />

n’est pas cylindré, ce qui a pour effet de réduire le biais du survivant et maximiser la taille de<br />

l’échantillon. (4) Enfin, comme nous étudions la performance économique des émetteurs sur<br />

une longue période, nous avons adopté la procédure de Lewis et al. (2001) qui consiste à ne<br />

retenir une émission d’OC que dans la mesure où l’émetteur n’avait pas procédé à d’autres<br />

émissions d’OC sur une période de trois années après l’émission. Ce traitement a pour but<br />

d’isoler l’événement étudié et d’éliminer le problème d’interdépendance des rentabilités<br />

opérationnelles anormales engendré par le chevauchement des fenêtres d’événement pour<br />

les émissions effectuées par une même entreprise. En appliquant ces critères de sélection à<br />

l’échantillon initial, nous avons obtenu une liste finale de 97 émissions réalisées par 92<br />

entreprises.<br />

Le tableau ci-dessous reporte la répartition temporelle et sectorielle du nombre, du<br />

produit brut 11 et de la taille moyenne des émissions ayant eu lieu durant la période 1990-2002<br />

7 Cette hypothèse stipule que les entreprises optent pour les émissions d’action quand leur rentabilité<br />

économique est anormalement élevée.<br />

8 Ex Commission des Opérations de Bourse (COB).<br />

9 L’élimination des entreprises ayant une activité financière s’explique par la nature de leur structure financière<br />

qui est régie par des réglementations spécifiques qu’on ne trouve pas chez les entreprises opérant dans les autres<br />

secteurs (Berger, Ofek et Yermack, 1997; Garvey et Hanka, 1999).<br />

10 Pour certaines entreprises, les données comptables manquantes ont été extraites de la base de données Diane<br />

ou du BALO.<br />

11 Le produit brut total est déterminé après, le cas échéant, l’exercice de l’option de sur-allocation.<br />

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en France. On peut observer dans le panel A que le marché français des OC a connu une<br />

forte altération à partir de 1999 suite à l’explosion des émissions d’OC en Europe et à<br />

l’introduction de l’euro. L’encours total des émissions est passé de près de 4 milliards d’€ en<br />

1990 à un peu plus de 9 milliards d’euros en 1999, pour franchir le seuil historique de 10<br />

milliards d’€ en 2002. Le succès des OC au début des années 2000 peut être expliqué<br />

essentiellement par des raisons conjoncturelles liées au dégonflement de la bulle spéculative<br />

qui a quasiment verrouillé les portes du segment des augmentations de capital. Les<br />

entreprises ayant visé l’émission de capitaux propres procèderont donc à des émissions d’OC<br />

en espérant leur conversion. Aussi, pendant cette période, la volatilité du marché des actions<br />

a atteint des niveaux considérables. Sachant cela, les émetteurs ont su tirer profit de cette<br />

situation pour surfacturer la composante optionnelle de l’OC. La taille moyenne des<br />

émissions a elle aussi significativement augmenté à partir de 1999. Cela s’explique par<br />

l’introduction de l’euro qui a entraîné la suppression des barrières monétaires, permettant<br />

ainsi aux émetteurs d’accéder à un marché de dimension internationale sans aucune<br />

contrainte de risque de change.<br />

D’un point de vue sectoriel, le panel B montre qu’à l’instar du marché européen, la<br />

majorité du produit total des émissions, soit environ 12 milliards d’euros est accaparé par les<br />

entreprises opérant dans le secteur des TMT (Technologies, Médias et télécommunications).<br />

Viennent en deuxième place les entreprises industrielles suivies des entreprises fournissant<br />

des services à la consommation avec, respectivement, 18% et 17% du produit brut total des<br />

émissions.<br />

Tableau 2 : Statistiques descriptives des émissions d’OC réalisées en France sur la période<br />

1990-2002<br />

Emissions<br />

Echantillon initial<br />

Produit brut<br />

Taille<br />

moyenne de<br />

l’émission<br />

Emissions<br />

Echantillon final<br />

Produit brut<br />

Taille<br />

moyenne de<br />

l’émission<br />

Millions d'€<br />

constants 2002<br />

N %<br />

Millions d'€<br />

Millions d'€<br />

Millions d'€<br />

%<br />

constants 2002<br />

constants<br />

N %<br />

constants<br />

%<br />

Panel A : Répartition temporelle des émissions d’OC<br />

2002<br />

2002<br />

1990 17 9.39 4 269.70 8.28 251.16 5 5.15 1 083.36 4.38 176.36<br />

1991 10 5.52 1 994.10 3.87 199.41 5 5.15 1 476.58 5.97 248.18<br />

1992 6 3.31 372.59 0.72 62.10 4 4.12 225.19 0.91 48.43<br />

1993 20 11.05 3 219.48 6.24 123.83 12 12.3 1 216.44 4.92 89.02<br />

1994 17 9.39 4 265.23 8.27 250.90 10 10.3 7 3 003.02 12.14 267.97<br />

1995 7 3.87 1 092.59 2.12 156.08 5 5.15 1 742.25 3.00 134.85<br />

1996 10 5.52 1 863.72 3.61 186.37 6 6.19 985.87 3.99 152.21<br />

1997 19 10.50 2 691.34 5.22 141.65 8 8.25 535.26 2.16 62.74<br />

1998 13 7.18 2 963.23 5.74 227.94 7 7.22 91.59 0.37 12.35<br />

1999 24 13.26 9 717.09 18.84 404.88 13 13.4 2 797.32 11.31 204.21<br />

2000 11 6.08 3 073.48 5.96 279.41 7 7.22 0 971.74 3.93 133.97<br />

2001 13 7.18 5 678.84 11.01 436.83 10 10.3 4 229.35 17.10 414.95<br />

2002 14 7.73 10 389.07 20.14 742.08 5 5.15 1 7 368.62 29.80 1 473.72<br />

Panel B : Répartition sectorielle des émissions d’OC<br />

Biens de conso. 15 8.29 6 466.32 12.53 431.09 20 20.6 9 588.83 38.78 479.44<br />

Finance 29 16.02 7 626.08 14.78 262.97 --- --- 2 --- --- ---<br />

Industrie 45 24.86 9 227.29 17.89 205.05 32 32.9 7 215.49 29.18 225.48<br />

Matériaux de base 12 6.63 2 335.35 4.53 194.61 4 4.12 9 665.70 2.69 166.43<br />

Pétrole et gaz 2 1.10 825.27 1.60 412.64 1 1.03 793.50 3.21 793.50<br />

Santé 8 4.42 818.43 1.59 102.30 6 6.19 780.62 3.16 130.10<br />

S ces à la conso. 25 13.81 8 610.46 16.69 344.42 11 11.3 1 227.08 4.96 111.55<br />

S ces aux collectivités 3 1.66 3 939.41 7.64 1 313.14 1 1.03 4 493.71 2.00 493.71<br />

TMT 42 23.20 11 741.83 22.76 279.57 22 22.6 3 961.66 16.02 180.08<br />

Total 181 100 24 726.59 100.00 ---- 97 8 24 726.59 100.00 ----<br />

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Signalons enfin que l’échantillon final correspond à 54% de l’échantillon initial en termes<br />

de nombre d’émissions, et à un peu moins de la moitié de ce dernier en termes d’encours<br />

total. Cependant, malgré cet écart, dû aux critères de sélection exigés, nous n’avons décelé<br />

aucune différence significative entre l’échantillon final et l’échantillon initial, que ce soit dans<br />

leur répartition temporelle ou sectorielle (les P-value du test exact de Fisher étant largement<br />

supérieur au seuil critique maximal de 10%).<br />

5. La méthodologie appliquée<br />

5.1. Les mesures de la performance opérationnelle<br />

La mesure de la performance opérationnelle est un exercice délicat. Son analyse est<br />

cependant indispensable pour l’élaboration d’un diagnostic sur les ressorts de la firme et<br />

pour apporter quelques éléments d’éclairage sur ses perspectives de croissance.<br />

Les premières études d’événement à long terme portant sur l’analyse de la performance<br />

opérationnelle des firmes ayant enregistré un événement corporatif reposent sur des<br />

indicateurs de mesure de performance financière. C’était le à titre d’exemple de Healy et<br />

Palepu (1988) pour les initiations/suppressions de dividendes ou encore Asquith et al. (1989)<br />

pour les fractionnements d’actions, qui ont appréhendé la performance opérationnelle dans<br />

leurs études en rapportant la variation du bénéfice net par action à son cours. Or, le bénéfice<br />

net d’une entreprise est souvent impacté par sa politique financière, ce qui ne permet pas<br />

d’informer sur la rentabilité des capitaux engagés dans l’activité productive<br />

indépendamment de la structure de financement choisie. Ce biais est d’autant plus fréquent<br />

que la plupart des événements corporatifs étudiés impliquent un changement de la structure<br />

financière de l’entreprise. C’est le cas notamment du financement par OC.<br />

Ajoutant à cela le fait que le résultat net de l’entreprise peut être altéré par la politique<br />

fiscale de l’entreprise (impôt sur les sociétés) ou par sa politique d’investissement<br />

(amortissements) 12 . La construction d’un indicateur de performance fiable et pertinent passe<br />

donc immanquablement par la correction du résultat net des effets des charges financières,<br />

des amortissements et provisions pratiqués par l’entreprise et de l’imposition de ses<br />

bénéfices. Raison pour laquelle nous avons opté pour une mesure de performance<br />

opérationnelle, usuelle dans la littérature financière, qui est fondée sur les flux de trésorerie<br />

potentielle dégagés par l’exploitation, à savoir : le bénéfice avant impôts, charges financières,<br />

dépréciations et amortissements (EBITDA : Earning Before Interest Taxes depreciation and<br />

Amortization) 13 . Par ailleurs, en complément de l’EBITDA nous avons également utilisé le<br />

bénéfice avant impôt et charges financières (EBIT : Earning Before Interest and Taxes) qui,<br />

contrairement à l’EBITDA, inclut les dotations aux amortissements et aux provisions. .<br />

Par ailleurs, afin de rendre les rentabilités économiques comparables dans le temps et<br />

dans l’espace, le résultat opérationnel de chaque entreprise pendant la période t est rapporté<br />

à son total des actifs (Total Assets : TA) l’ayant généré pendant la même période t. Ce qui<br />

nous donne les ratios suivants : Ebitda/TA et Ebit/TA communément désigné sous<br />

l’acronyme ROA (Return On Assets) dans la littérature anglo-saxonne.<br />

5.2. Les autres mesures alternatives de la performance opérationnelle<br />

L’estimation de la rentabilité opérationnelle par le ROA calculé tel qu’indiqué ci-dessus<br />

souffre de deux principales limites. La première limite, dite historic cost drawback, tient au fait<br />

que l’actif total est reporté dans les états comptables en coût historique alors que le résultat<br />

opérationnel (Ebitda ou Ebit) est exprimé en euros courant. La deuxième limite, dite nonoperating<br />

assets drawback, résulte du fait que le résultat opérationnel est normé par un actif<br />

12 Wong et Rao (1994) et Teoh et al. (1995) indiquent que les dirigeants des entreprises candidates à une<br />

introduction en bourse (IPO) ou à une augmentation du capital, ont généralement tendance à surestimer leurs<br />

résultats comptables par le biais des amortissements et des provisions (accruals).<br />

13 Cette mesure s’apparente à la notion anglo-saxonne d’operating income.<br />

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total qui intègre des actifs non opérationnels, entrainant ainsi une sous-estimation de la<br />

rentabilité opérationnelle.<br />

Des ajustements s’avèrent par conséquent nécessaires afin de pallier ces biais<br />

méthodologiques qui risquent d’altérer nos conclusions. S’agissant du biais du coût<br />

historique, Barber et Lyon (1996) proposent en vue d’y remédier de standardiser le résultat<br />

opérationnel soit par la valeur de marché des actifs 14 , soit par le chiffre d’affaires, ce qui<br />

revient à calculer la rentabilité commerciale. Dans notre étude nous avons opté pour la<br />

seconde solution, pour la simple raison que le recours à la valeur de marché des actifs<br />

entraînerait une sur(sous)-estimation de la performance opérationnelle post(pré)-émission<br />

des émetteurs, à cause de la sous(sur)-performance boursière des entreprises françaises après<br />

(avant) une émission d’OC (Elbadraoui, 2007).<br />

S’agissant du problème des actifs non opérationnels, Barber et Lyon (1996) estiment que<br />

“the most important adjustment to total assets can be the deduction of cash and markertable securities<br />

from the book value of total assets” (p 389). Cet ajustement s’avère très judicieux dans les<br />

événements corporatifs associés à une variation substantielle de la trésorerie de l’entreprise,<br />

ce qui est le cas pour les émissions d’OC.<br />

Cependant, il se peut que les fonds levés sur le marché soient alloués, peu de temps après<br />

l’émission, à des projets d’investissement, conduisant ainsi à une augmentation des actifs<br />

opérationnels en place mais sans pour autant générer immédiatement des flux de résultat. Il<br />

s’ensuivra une sous-évaluation de la rentabilité économique de la firme émettrice<br />

subséquemment à l’émission d’OC. Ce biais peut être corrigé soit en observant l’évolution de<br />

la performance de l’entreprise émettrice sur un horizon temporel relativement long<br />

(plusieurs mois, voir plusieurs années), soit en utilisant une mesure de performance qui n’est<br />

pas affectée par l’accroissement des actifs, telle que la rentabilité commerciale.<br />

Afin d’établir une relation entre la rentabilité économique et la rentabilité commerciale,<br />

nous avons jugé pertinent d’introduire la notion de rotation des actifs. Cette dernière, égale<br />

au rapport entre le chiffre d’affaires et le total des actifs, mesure les ventes réalisées par<br />

chaque euro investi dans l’entreprise.<br />

ROA = ROS A<br />

(1)<br />

* turnover<br />

L’équation (1) montre qu’une même rentabilité économique peut être obtenue soit par une<br />

rentabilité commerciale faible combinée à une rotation des actifs rapide (les grandes<br />

distributions par exemple), soit par une rentabilité commerciale plus élevée et une rotation<br />

des actifs lente (les commerces de luxe par exemple). L’analyse de l’évolution du taux de<br />

rotation des actifs avant et après l’émission d’OC est donc nécessaire pour interpréter<br />

adéquatement les résultats.<br />

En plus de l’étude de l’évolution de leurs rentabilités économique et commerciale, nous<br />

avons analysé la performance opérationnelle des entreprises émettrices à travers l’évolution<br />

de leur politique d’investissement et de la profitabilité de leurs opportunités de croissance au<br />

tour de l’année de l’émission.<br />

Aussi, la décision de financement par OC est un événement majeure dans la vie de<br />

l’entreprise. En témoignent les chiffres sur la taille des émissions d’OC relativement à la taille<br />

des émetteurs reportés par les études antérieures 15 . Cet événement risque donc de provoquer<br />

14 La valeur de marché des actifs (market value of assets) est égale à l’actif total – la valeur comptable des<br />

capitaux propres + la capitalisation boursière.<br />

15 Dans le contexte américain, Lee et Loughran (1998), Spiess et Affleck-Graves (1999) et Bae et al. (2002) ont<br />

reporté des tailles des émissions d’OC standardisées par la capitalisation boursière chiffrées en moyenne à, 30%,<br />

41% et 38% respectivement. Dans le contexte anglais, Abhyankar et Dunning (1999) estiment cette taille relative<br />

à 24%, alors que dans le contexte français Elbadraoui (2007) l’évalue à 26%. En outre, certaines études<br />

empiriques ont démontré que la taille relative des fonds levés dans le cadre des émissions d’OC est plus<br />

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des changements structurels à long terme sur les assises financières des entreprises<br />

émettrices, ce qui justifie notre étude de l’impact de cette décision sur leur structure<br />

financière.<br />

Tableau 3 : Récapitulatif des indicateurs utilisés<br />

Item<br />

Numérateur<br />

woldscope<br />

Rentabilité opérationnelle<br />

Ebit<br />

WC18184<br />

ou<br />

ou<br />

Dénominateur<br />

Item<br />

worlscope<br />

Indicateur de<br />

performance<br />

Total des actifs WC02999 Rentabilité économique ROA<br />

Total des actifs ajustés<br />

pour les cashs<br />

WC02999<br />

(-) WC02001<br />

Rentabilité économique<br />

ajustée pour les cashs<br />

Notation<br />

ROA cash adj<br />

Ebitda<br />

WC18198 Chiffre d’affaires WC02649 Rentabilité commerciale ROS<br />

Rotation des actifs<br />

Chiffre<br />

d’affaires<br />

WC02649 Total des actifs WC02999 Rotation des actifs A turnover<br />

Opportunités de croissance future<br />

Capitalisation<br />

Valeur comptable des<br />

Opportunités de<br />

WC08001<br />

WC05491<br />

boursière<br />

capitaux propres<br />

croissance<br />

MtoB<br />

Politique d’investissement<br />

Dépenses<br />

Politique<br />

WC04601 Total des actifs WC02999<br />

d’investissement<br />

d’investissement<br />

CE/TA<br />

Structure financière<br />

Total des dettes WC03255 Total des actifs WC02999 Structure financière TD/TA<br />

5.3. Le choix d’une norme<br />

La rentabilité d'une entreprise est un bon indicateur de l'efficacité de l'entreprise dans le<br />

cadre de sa fonction de production. Toutefois, son calcul doit s'accompagner d'une<br />

comparaison de son niveau avec celui d’une norme. En effet, une entreprise peut très bien<br />

être rentable sur le plan opérationnel, mais révéler un niveau de rentabilité inférieur à celui<br />

de son secteur d'activité ou à des entreprises de tailles comparables, ce qui tendrait à<br />

démontrer son manque de compétitivité.<br />

La norme est déterminée comme la rentabilité d’un étalon qui peut revêtir deux formes :<br />

soit une entreprise de contrôle soit un portefeuille de référence. Cet étalon est sélectionné<br />

selon des critères définis à l’avance de sorte que sa rentabilité mime la rentabilité de<br />

l’entreprise en l’absence de l’événement étudié (en l’occurrence l’émission d’OC). La<br />

rentabilité anormale (c’est-à-dire, la rentabilité liée à l’événement) s’exprime donc comme<br />

suit :<br />

( )<br />

AP = P − E P X<br />

(2)<br />

it it it t<br />

Avec P it la rentabilité opérationnelle enregistrée pendant l’année t par la firme i objet de<br />

l’événement. ( it t )<br />

E P X correspond, théoriquement, à l’espérance de la rentabilité<br />

opérationnelle de la firme i en l’absence d’événement, connaissant l’information<br />

complémentaire X t disponible l’année t. Puisqu’elle n’est pas observable, cette rentabilité est<br />

approximée par celle d’un étalon P It.<br />

Afin de vérifier la robustesse de nos résultats, nous avons évalué la performance<br />

opérationnelle des émetteurs d’OC français en utilisant trois normes. La première, fournit<br />

une mesure de performance non ajustée. Elle ne requiert le recours à aucune entreprise<br />

comparable et suppose que la meilleure estimation de la rentabilité opérationnelle espérée<br />

importante que celle observée chez les entreprises émettrices d’actions ou d’obligations non convertibles (voir<br />

Bae et al. (2002) pour le contexte américain et Henot (2002) pour le contexte français)<br />

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( it t )<br />

E P X d’une entreprise pendant une année t est tout simplement sa rentabilité<br />

opérationnelle de l’année t-1. Plus formellement :<br />

( it t ) Pi ,( t − 1)<br />

E P X<br />

= (3)<br />

Les deux autres normes utilisées dans cette étude reposent chacune sur l’utilisation des<br />

firmes de contrôle. Pour la première norme, la firme de contrôle a été sélectionnée selon le<br />

critère croisé « appartenance sectorielle 16 , rentabilité économique passée 17 ». Ainsi, chaque<br />

entreprise émettrice est appareillée avec une entreprise de contrôle relevant du même secteur<br />

d’activité et minimisant l’écart absolu de rentabilité économique avec l’entreprise émettrice<br />

pendant l’année -1.<br />

En effet, selon (Barber et Lyon 1996), la logique qui sous-tend l’utilisation des deux<br />

critères d’appairage « appartenance sectorielle, performance passée » c’est de contrôler les<br />

variations sectorielles de la rentabilité opérationnelle et de neutraliser l’effet de retour à la<br />

moyenne 18 (mean reverting) susceptible d’affecter cette dernière.<br />

Pour ce qui concerne la deuxième norme, l’entreprise de contrôle a été sélectionnée selon<br />

le critère croisé « taille, rentabilité économique passée ». Dans ce cas, on procède en deux<br />

temps. Dans un premier temps, on construit un portefeuille composé de toutes les<br />

entreprises de contrôle dont la taille (mesurée par le total des actifs) oscille entre 70% et 130%<br />

de celle de l’émetteur. À partir de ce portefeuille, nous avons choisi dans un deuxième temps<br />

l’entreprise dont la rentabilité économique est la plus proche de celle de l’émetteur. 19<br />

Deux modèles de mesure de performance sont mis en œuvre pour estimer la norme en cas<br />

de recours à l’entreprise de contrôle.<br />

Le premier modèle est de nature statique. Il mesure la performance opérationnelle en<br />

soustrayant la rentabilité opérationnelle de l’entreprise de contrôle P It de celle l’entreprise<br />

émettrice P it. Plus formellement :<br />

( )<br />

E P X<br />

it t It<br />

= P<br />

(4)<br />

Par contre, le deuxième modèle est un modèle dynamique où la performance<br />

opérationnelle correspond à l’écart entre la variation de la rentabilité opérationnelle de<br />

l’émetteur entre l’année t et l’année t-1, et celle de l’entreprise de contrôle sur la même<br />

période.<br />

( −<br />

,( −1) ) ( −<br />

,( −1)<br />

)<br />

AP = P P − P P<br />

(5)<br />

it it i t It I t<br />

En se référant aux relations (2) et (5), on peut écrire :<br />

( ) ,( −1)<br />

E P X = P +∆ P<br />

(6)<br />

it t i t It<br />

16 La classification sectorielle retenue est la nomenclature ICB "Industry Classification Benchmark" de Dow<br />

Jones Indexes & FTSE, lancée en janvier 2005 en remplacement du Système de Classification FTSE.<br />

17 Par rentabilité économique passée, on entend la rentabilité économique mesurée par le ratio Ebitda/TA à la fin<br />

de l’année fiscale -1.<br />

18 Cet effet a été largement documenté dans la littérature comptable. Ainsi, Penman (1991) et Fama et French<br />

(1995) montrent que certaines mesures de rentabilité des capitaux propres suivent un processus de retour à la<br />

moyenne qui est relativement lent.<br />

19 Dans leurs simulations, Barber et Lyon (1996) ont testé plusieurs combinaisons de variables de contrôle<br />

(secteur d’activité ; taille ; secteur d’activité et performance passée ; taille et performance passée ; secteur<br />

d’activité et taille) et montrent que la méthode d’appairage qui contrôle à la fois pour l’effet taille et l’effet de<br />

retour à la moyenne, fournit des tests bien spécifiés et puissants même si elle ne prend pas en considération<br />

l’appartenance sectorielle de l’entreprise.<br />

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Notons enfin que les deux méthodes d’appairage utilisées dans cette étude ont comme<br />

point commun d’ajuster les rentabilités opérationnelles pour l’effet de retour à la moyenne,<br />

dont la prise en compte est fortement recommandé par Barber et Lyon (1996) « without<br />

exception, the models that yield well specified, powerful test statistics incorporate a firm’s past<br />

performance» (P 396).<br />

5.4. Les tests statistiques<br />

Dans les études d’événement à long terme, l’hypothèse de normalité de la distribution des<br />

rentabilités anormales est sérieusement mise en défaut de par l’importance relative des<br />

valeurs extrêmes (outliers). Afin de s’affranchir de l’hypothèse de normalité dans la<br />

vérification de l’hypothèse Ho (aucun impact significatif de l’émission d’OC sur la<br />

performance opérationnelle des émetteurs), nous avons employé les deux tests suivants :<br />

Le test signé de Wicoxon (Wilcoxon signed rank test)<br />

Test non paramétrique (ne requiert aucun présupposé sur la distribution des observations), il<br />

utilise l'information concernant à la fois la direction et la grandeur relative des observations.<br />

Sa statistique est calculée comme suit :<br />

Z =<br />

N<br />

∑<br />

i=<br />

1<br />

( + 1)( 2N<br />

+ 1)<br />

1<br />

Ki<br />

− N N +<br />

4<br />

S<br />

( 1)<br />

N N<br />

Où S = et K<br />

24<br />

( 0,1)<br />

∼ N (7)<br />

i<br />

⎧0 si APi<br />

≤ 0<br />

= ⎨<br />

⎩ rang( APi<br />

)<br />

Le test de Student corrigé des valeurs extrêmes et « bootstrappé »<br />

Ce test est basé sur la moyenne des rentabilités opérationnelles anormales tronquée à 25%.<br />

Cette dernière, notée AP<br />

25%<br />

, est un estimateur robuste de la moyenne. Elle est déterminée en<br />

éliminant les 25 % des valeurs les plus élevées et les 25 % des valeurs les plus faibles. La<br />

moyenne étant calculée sur les observations situées entre le premier et le troisième quartile.<br />

Comme la médiane, elle exclut les valeurs extrêmes et minimise en conséquence leur effet,<br />

mais, comme la moyenne simple, elle utilise toute l'information restante.<br />

L’inférence statistique est basée sur la statistique suivante qui suit une loi de Student à n-1<br />

degré de liberté:<br />

Où<br />

SE<br />

boot,<br />

AP25%<br />

T<br />

AP<br />

25%<br />

bootstrapped SE<br />

= ∼ Tn<br />

−1<br />

(8)<br />

SEboot , AP<br />

désigne l’erreur-type de la moyenne tronquée estimée par l’approche du<br />

bootstrapping (Efron, 1979) en ré-échantillonnant avec remise 1000 fois 20 l’échantillon des<br />

rentabilités opérationnelles anormales et en calculant lors de chaque tirage aléatoire la<br />

moyenne tronquée.<br />

1 ⎛ 1<br />

SE AP AP<br />

⎝<br />

1000<br />

* *<br />

boot , AP<br />

=<br />

25% ⎜ 25%<br />

−<br />

k 25% k<br />

999 k=<br />

1 1000<br />

25%<br />

∑ ∑ (9)<br />

*<br />

Où AP<br />

25%<br />

est la moyenne tronquée de la rentabilité opérationnelle anormale du k<br />

k<br />

ème<br />

échantillon aléatoire (bootstrap sample).<br />

2<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

20 Dans un souci de vérification de la validité de nos résultats, nous avons répété le processus de rééchantillonnage<br />

500, 2000 et 5000 fois. Cependant nos résultats restent, dans une grande mesure, qualitativement<br />

et quantitativement insensibles au nombre des tirages aléatoires.<br />

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Toutefois, il convient de préciser que ce test est dans la plupart des cas plus conservateur<br />

que le test non paramétrique de Wilcoxon. Chose qui peut être vérifiée facilement en<br />

comparant les valeurs prises par les statistiques des deux tests dans les tableaux de la section<br />

6.<br />

Par ailleurs, nous avons tenté de tester la validité de nos résultats en choisissant une<br />

troncature inférieure à 25%, mais nous nous sommes heurtés dans la quasi-totalité des<br />

situations à deux problèmes qui ont rendu très délicate toute inférence basée sur la<br />

statistique de la relation (8). Le premier problème correspond à la non normalité prononcée<br />

de la distribution simulée des moyennes tronquées des rentabilités anormales. Le deuxième<br />

quant à lui porte sur l’accentuation du biais de l’estimateur de la moyenne tronquée 21 .<br />

6. Les résultats de l’étude d’événement<br />

Le tableau 4 retrace l’évolution de la rentabilité économique pré et post-événement des<br />

entreprises émettrices et celle de leurs entreprises comparables. Mesuré par le ratio Ebit/TA,<br />

le ROA médian affiche une tendance décroissance sur toute la période d’analyse. Elle passe<br />

de 8.88% l’année -3 à 5.89% l’année de l’émission puis à 5.53% l’année +3. Cette tendance se<br />

confirme en mesurant la rentabilité économique par le ratio Ebitda/TA. Ce dernier recule de<br />

13.16% à 10.30% sur la fenêtre (-3 ;+3), soit une baisse d’environ 22%.<br />

Le panel B montre qu’après avoir contrôlé pour le secteur d’activité et l’effet de retour à la<br />

moyenne, les entreprises émettrices affichent des écarts de rentabilité économique négatifs<br />

dont l’ampleur et le degré de signification statistique deviennent de plus en plus important<br />

au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’année de l’émission. Ainsi, la sous-performance<br />

médiane mesurée par les ratios Ebit/TA et Ebitda/TA est estimée à 1.96% (significatif au<br />

seuil de 1%) et 1.89% (significatif au seuil de 5%) respectivement. L’étude de la moyenne<br />

tronquée fait apparaître une évolution similaire de la performance opérationnelle à long<br />

terme des entreprises émettrices. Elle montre, en outre, une concordance du test de Student<br />

ajusté avec le test de wilcoxon pour exprimer la significativité statistique dans les différences<br />

de rentabilité économique entre l’émetteur et sa firme de contrôle.<br />

Tableau 4 : La rentabilité opérationnelle à long terme des entreprises émettrices d’OC<br />

mesurée par le ROA<br />

EBIT/TA<br />

EBITDA/TA<br />

Année fiscale -3 -2 -1 0 +1 +2 +3 -3 -2 -1 0 +1 +2 +3<br />

Panel A : La rentabilité économique de l’émetteur<br />

Médiane 8.88 8.27 6.82 5.89 5.93 5.88 5.53 13.16 13.12 11.78 10.47 10.67 10.40 10.30<br />

Moyenne Trim25 8.40 7.72 6.93 5.95 5.59 5.60 5.18 12.95 12.53 11.73 10.57 10.51 10.26 9.89<br />

Panel B : La rentabilité économique de l’émetteur ajustée pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.30 -0.08 0.07 -0.31 -0.99 -1.95 ** -1.96 *** 0.54 0.03 -0.03 -0.62 -1.13 -1.40 -1.89 **<br />

Z-wilcoxon (0.57) (0.08) (0.59) (0.45) (1.36) (2.19) (2.79) (0.53) (0.28) (-1.26) (-0.88) (-0.89) (-1.39) (-2.41)<br />

Moyenne Trim25 0.35 -0.11 0.22 -0.53 -1.03 -1.53 * -1.97 ** 0.23 -0.15 -0.04) -0.73 -0.74 -1.17 -2.07 **<br />

T- bootstrapped SE (0.48) (-0.12) (0.52) (-0.91) (-1.62) (-1.81) (-2.26) (0.28) (1.00) (-1.52) (-1.28) (-0.90) (-1.35 (-2.02)<br />

Panel C : La rentabilité économique de l’émetteur ajusté pour l’effet taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.09 0.73 -0.05 -1.12 ** -0.99 ** -0.82 * -1.74 ** 0.65 -0.24 0.05 -1.02 *** -0.74 * -1.12 * -1.76 **<br />

Z-wilcoxon (0.58) (0.92) (0.36) (-2.16) (-2.14) (-1.67) (-2.45) (0.94) (0.35) (0.69) (-2.64) (-1.82) (-1.64) (-2.26)<br />

Moyenne Trim25 0.53 0.64 0.25 -1.03 * -1.35 -1.03 -1.56 ** 0.76 -0.08 0.07 -1.36 ** -1.20 -1.14 -1.86 **<br />

T- bootstrapped SE (0.69) (0.88) (0.61) (-1.92) (-1.54) (-1.13) (-2.10) (1.02) (-0.11) (0.95) (-2.30) (-1.45) (-1.44) (-1.96)<br />

N 77 87 97 97 93 87 82 77 87 97 97 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

*<br />

21 *<br />

*<br />

Ce biais est estimé par bootstrapping comme suit : biais = AP25%<br />

- AP25%<br />

avec AP<br />

25%<br />

= 1000 AP25%<br />

k<br />

∑ et AP<br />

25%<br />

k=<br />

1 1000<br />

l’estimation de la moyenne tronquée de notre échantillon, dite estimation par insertion (plug-in estimator).<br />

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Le panel C présente les performances opérationnelles à long terme lorsque les rentabilités<br />

des émetteurs sont ajustées pour l’effet taille et l’effet de retour à la moyenne. Les résultats<br />

obtenus montrent que les émetteurs d’OC affichent des écarts de performance médians qui<br />

sont statistiquement significatifs à partir de l’année de l’émission. Ces derniers sont estimés<br />

au bout de l’année +3 à -1.74% (Z-wilcoxon = -2.45) et -1.76% (Z-wilcoxon = -2.26) en utilisant<br />

respectivement les ratios Ebit/TA et Ebitda/TA. Ces résultats sont confirmés par l’analyse<br />

de la moyenne tronquée.<br />

Cependant, bien que la plupart des rentabilités économiques anormales pré-émission<br />

dans les deux panels B et C sont positives, on note qu’aucune d’elles n’est statistiquement<br />

significative aux seuils conventionnels.<br />

Ces résultats sont illustrés dans les graphiques 1 et 2 qui représentent l’évolution du ROA<br />

médian mesuré par les ratios Ebit/TA et Ebitda/TA respectivement. On peut y observer le<br />

creusement de l’écart entre la rentabilité de l’émetteur et celle des entreprises de contrôle à<br />

partir de l’année fiscale de l’émission. Alors que pendant les années antérieures à l’émission,<br />

les deux graphiques mettent en relief des rentabilités des émetteurs assez proches de celles<br />

des étalons considérés.<br />

Graphique 1 : Le ROA des émetteurs et des firmes de contrôle (ROA = Ebit/TA)<br />

Ebit/TA<br />

9%<br />

8%<br />

7%<br />

6%<br />

5%<br />

4%<br />

3%<br />

2%<br />

1%<br />

0%<br />

-3 -2 -1 0 +1 +2 +3<br />

Année fiscale par rapport à celle de l'émission<br />

Emétteur<br />

Firme de contrôle (activité;performance)<br />

Firme de contrôle (taille;performance)<br />

Graphique 2 : Le ROA des émetteurs et des firmes de contrôle (ROA = Ebitda/TA)<br />

Ebitda/TA<br />

14%<br />

12%<br />

10%<br />

8%<br />

6%<br />

4%<br />

2%<br />

0%<br />

-3 -2 -1 0 +1 +2 +3<br />

Année fiscale par rapport à celle de l'émission<br />

Emétteur<br />

Firme de contrôle (activité;performance)<br />

Firme de contrôle (taille;performance)<br />

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Le tableau 5 reporte la variation ajustée et non ajustée de la rentabilité économique des<br />

entreprises émettrices par rapport à l’année d’appairage (année -1). Le premier panel de ce<br />

tableau indique que la rentabilité économique non ajustée des émetteurs accuse une chute<br />

significativement forte sur toutes les fenêtres d’événement considérées, excepté la fenêtre (-<br />

2;-1). La variation médiane du ratio Ebitda/TA (respectivement Ebit/TA) est chiffrée à -<br />

1.78% (-1.42%), -2.29% (-1.71%) et -2.63% (-2.08%) respectivement sur les fenêtres (-1;+1), (-<br />

1;+2) et (-1;+3). Lorsqu’on utilise la moyenne tronquée, la baisse de la rentabilité économique<br />

post-émission devient légèrement moins accentuée et moins significative, mais sans toutefois<br />

changer nos conclusions.<br />

L’ajustement des rentabilités économiques pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la<br />

moyenne (panel B) confirment le recul continuel de la performance opérationnelle postémission<br />

des émetteurs mise en évidence dans le panel B du tableau 4. En effet, l’écart entre<br />

la variation de la rentabilité économique de ces derniers et celle de leurs entreprises<br />

comparables du même secteur est négatif et va en s’élargissant. En revanche, aucune<br />

performance opérationnelle significative n’a pu être décelée sur les fenêtres (-3 ;-1) et (-2 ;-1),<br />

destinées à capter les variations anormales des rentabilités économiques antérieures à<br />

l’émission.<br />

Le panel C montre que le changement des critères d’ajustement de la rentabilité<br />

économique des émetteurs ne semble pas changer la teneur de nos conclusions issues du<br />

panel précédent. Ainsi, par rapport à leurs comparables, les entreprises émettrices présentent<br />

une sous-performance médiane qui avoisine les 2% et qui est statistiquement significative au<br />

seuil de 5% sur la fenêtre (-1 ;+3).<br />

Il convient cependant de signaler que la magnitude et le degré de signification de la<br />

variation ajustée de la rentabilité économique des émetteurs est moins prononcée en cas<br />

d’utilisation du ratio Ebita/TA comme indicateur de performance.<br />

Tableau 5 : Variation (en %) de la performance opérationnelle à long terme des entreprises<br />

émettrices mesurée par la rentabilité économique (ROA)<br />

EBIT/TA<br />

EBITDA/TA<br />

Période -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3 -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3<br />

Panel A : Variation non ajustée du ROA de l’émetteur<br />

Médiane -0.94 ** -0.61 -1.42 *** -1.71 *** -2.08 *** -1.09 ** -0.33 -1.78 *** -2.29 *** -2.63 ***<br />

Z-wilcoxon (-2.51) (-0.84) (-3.54) (-3.45) (-3.86) (-2.04) (-0.78) (-3.03) (-2.67) (-2.83)<br />

Moyenne Trim25% -1.02 ** -0.63 -1.42 ** -1.01 ** -1.62 *** -1.13 * -0.62 -1.25 * -1.51 ** -1.83 **<br />

T- bootstrapped SE (-2.34) (-1.40) (-2.48) (-2.43) (-2.94) (-1.80) (-1.50) (-1.82) (-1.95) (-2.24)<br />

Panel B : Variation du ROA de l’émetteur ajustée pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.00 -0.03 -1.30 ** -2.23 *** -2.32 *** -0.10 -0.14 -0.92 -1.51 -1.99 **<br />

Z-wilcoxon (0.15) (-0.11) (-1.98) (-2.67) (-3.38) (-0.41) (-0.42) (-0.83) (-1.39) (-2.36)<br />

Moyenne Trim25% -0.04 0.31 -1.41 * -2.36 *** -2.95 *** -0.11 -0.07 -0.72 -1.30 -1.91 **<br />

T- bootstrapped SE (-0.06) (0.39) (-1.82) (-2.69) (-3.31) (-0.13) (-0.09) (-0.93) (-1.35) (-2.00)<br />

Panel C : Variation du ROA de l’émetteur ajustée pour la taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane -0.46 0.36 -0.92 * -1.63 ** -2.23 *** -1.12 0.36 -0.66 -1.39 -1.89 **<br />

Z-wilcoxon (-0.58) (-0.08) (-1.94) (-2.15) (-2.70) (-1.05) (-0.49) (-1.64) (-1.49) (-2.25)<br />

Moyenne Trim25% -0.35 0.30 -1.14 -1.69 * -2.36 ** -0.66 0.12 -0.96 -1.05 -1.92 *<br />

T- bootstrapped SE (-0.51) (0.50) (-1.38) (-1.81) (-2.42) (-0.85) (0.16) (-1.17) (-1.31) (-1.76)<br />

N 77 87 93 87 82 77 87 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

Comme nous l’avons évoqué précédemment, la rentabilité économique d’une entreprise<br />

peut être décomposée en deux facteurs, à savoir : la rentabilité commerciale et la rotation des<br />

actifs. Nous avons donc essayé de vérifier dans quelle mesure la sous-performance des<br />

émetteurs d’OC pourrait être imputée à une variation significative d’un de ces facteurs ou<br />

des deux à la fois.<br />

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Tableau 6 : Variation (en%) de la performance opérationnelle à long terme des entreprises<br />

émettrices mesurée par la rentabilité commerciale (ROS)<br />

EBIT/CA<br />

EBITDA/CA<br />

Période -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3 -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3<br />

Panel A : La variation non ajustée du ROS de l’émetteur<br />

Médiane -0.19 -0.18 -1.68 *** -1.63 *** -1.96 *** 0.25 -0.20 -0.89 -1.57 ** -1.83 ***<br />

Z-wilcoxon (-0.85) (-0.12) (-3.23) (-3.47) (-3.78) (0.00) (-0.17) (-1.64) (-2.41) (-3.02)<br />

Moyenne Trim25% -0.44 -0.01 -1.57 *** -2.07 ** -2.71 *** 0.07 -0.15 -0.75 -1.26 * -1.83 **<br />

T- bootstrapped SE (-0.75) (-0.02) (-2.79) (-2.49) (-3.04) (0.15) (-0.45) (-1.41) (-1.88) (-2.57)<br />

Panel B : Variation du ROS de l’émetteur ajustée pour le secteur d’activité et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.18 -0.27 -1.45 ** -1.19 * -2.67 *** 0.90 -0.15 -1.00 -0.26 -1.58 **<br />

Z-wilcoxon (0.55) (-0.40) (-1.97) (-1.81) (-3.11) (1.03) (-0.08) (-1.02) (-0.76) (-2.19)<br />

Moyenne Trim25% 0.37 0.27 -1.57 * -1.74 ** -2.86 *** 0.83 0.05 -0.91 -0.44 -1.85 *<br />

T- bootstrapped SE (0.43) (0.41) (-1.89) (-2.00) (-2.87) (0.96) (0.07) (-1.12) (-0.48) (-1.79)<br />

Panel C : Variation du ROS de l’émetteur ajustée pour la taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 1.08 0.80 -1.16 -1.28 ** -0.92 ** 0.63 1.10 * -0.72 -0.34 -1.10 **<br />

Z-wilcoxon (1.28) (1.43) (-1.52) (-1.98) (-2.37) (1.32) (1.87) (-1.18) (-1.21) (-2.13)<br />

Moyenne Trim25% 0.99 0.96 * -1.02 -1.76 * -2.41 ** 1.08 1.21 ** -0.70 -0.78 -1.80 *<br />

T- bootstrapped SE (1.12) (1.80) (-1.21) (-1.74) (-2.00) (1.43) (2.15) (-0.81) (-0.85) (-1.65)<br />

N 77 87 93 87 82 77 87 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

Pour ce faire, nous avons dans un premier temps analysé l’évolution de la rentabilité<br />

commerciale des émetteurs avant et après l’émission. Les résultats qui ressortent de notre<br />

analyse sont présentés dans le tableau 6. Le panel A de ce dernier montre qu’à l’instar de la<br />

rentabilité économique, la rentabilité commerciale des émetteurs baisse considérablement et<br />

de façon significative entre l’année -1 et chacune des années suivant l’émission. Ajustée pour<br />

l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne, cette variation de la rentabilité commerciale<br />

affiche un schéma d’évolution qui est comparable à celui de la rentabilité économique (panel<br />

B du tableau 5). La même remarque peut être faite au sujet la rentabilité commerciale ajustée<br />

pour la taille et l’effet de retour à la moyenne (panel C), avec une exception cependant, les<br />

entreprises émettrices surperforment significativement les entreprises de référence sur la<br />

période (-2 ;-1).<br />

Tableau 7 : Variation (en %) du taux de rotation des actifs des entreprises émettrices (A turnover )<br />

Période -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3<br />

Panel A : Variation non ajustée de l’A turnover de l’émetteur<br />

Médiane -6.39 *** -3.14 *** -2.42 ** -0.21 1.85<br />

Z-wilcoxon (-3.03) (-2.70) (-1.52) (-0.76) (-0.50)<br />

Moyenne Trim25% -6.29 *** -2.85 ** -2.25 ** -1.29 -0.60<br />

T- bootstrapped SE (-3.05) (-2.01) (-1.06) (-0.52) (-0.24)<br />

Panel B : Variation de l’A turnover de l’émetteur ajustée pour l’activité et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane -1.84 -3.18* -3.42 -3.72 -1.04<br />

Z-wilcoxon (-0.34) (-1.78) (-1.34) (-1.29) (-0.50)<br />

Moyenne Trim25% -1.27 -3.88 -4.49* -4.75 -1.90<br />

T- bootstrapped SE (-0.56) (-1.58) (-1.73) (-1.48) (-0.46)<br />

Panel C : Variation de l’A turnover de l’émetteur ajustée pour la taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane -10.43 *** -0.79 0.14 -5.77 0.00<br />

Z-wilcoxon (-3.26) (-1.39) (-0.37) (-1.34) (0.19)<br />

Moyenne Trim25% -10.30 *** -2.67 -0.38 -4.14 0.46<br />

T- bootstrapped SE (-3.36) (-1.01) (-0.13) (-1.15) (0.13)<br />

N 77 87 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

En revanche, d’après les résultats du tableau 7 l’évolution de la rotation des actifs des<br />

émetteurs ne semble pas expliquer la baisse de la rentabilité économique post-émission des<br />

entreprises émettrices. En effet, même si la plupart des variations du ratio de rotation des<br />

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actifs sont négatives sur les périodes (-1 ;+1), (-1 ;+2) et (-1 ;+3), elles restent néanmoins<br />

légèrement ou pas du tout significatives aux seuils conventionnels, plus particulièrement<br />

pour les variations ajustées (panels B et C).<br />

On en déduit par conséquent que l’écroulement de la rentabilité économique à long terme<br />

des émetteurs après l’émission s’explique dans une grande mesure par l’incapacité des<br />

émetteurs à dégager un résultat commercial significativement supérieur, non seulement à<br />

celui enregistré avant l’émission, mais aussi à celui réalisé par les entreprises de contrôle.<br />

Ce constat est appuyé par les résultats issus de la régression des variations des rentabilités<br />

économiques sur celles des rentabilités commerciales et des taux de rotation des capitaux<br />

investis, tel qu’indiqué dans les deux modèles suivants.<br />

Modèle 1 : ∆ ROAi ,( −1, t) = α0 + a * ∆ROS ,( 1, )<br />

* turnover<br />

i<br />

i − t + bi ∆ A<br />

i,( −1, t)<br />

+ εi<br />

avec : 1, 2, 3<br />

t = (10)<br />

Modèle 2 : ∆ adjROAi ,( −1, t) = α0 + a * ∆adjROS ,( 1, )<br />

* turnover<br />

i<br />

i − t + bi ∆ adjA<br />

i,( −1, t)<br />

+ εi<br />

avec : 1, 2, 3<br />

t = (11)<br />

Les panels du tableau 8 indiquent que bien que les coefficients de régression associés à la<br />

variation de la rentabilité commerciale et à la variation de la rotation des actifs sont toujours<br />

significativement positifs, ils ne contribuent pas de la même façon à l’explication de la baisse<br />

de la rentabilité économique des émetteurs. La variation de la rentabilité commerciale étant<br />

dotée dans toutes les régressions d’un coefficient plus élevé que celui de la variation de la<br />

rotation des actifs, ce qui témoigne de l’importance de son pouvoir explicatif marginal du<br />

déclin de la performance économique des émetteurs.<br />

Tableau 8 : Régression en coupe transversale de la variation de la rentabilité économique sur<br />

la variation de la rentabilité commerciale et la rotation des actifs des émetteurs<br />

α a b R 2 Aj. α a b R 2 Aj. α a b R 2 Aj.<br />

Période : (-1;+1) Période : (-1;+2) Période : (-1;+3)<br />

Panel A : Rentabilités et ratios de rotation des actifs non ajustés des émetteurs (Modèle 1)<br />

ROA=Ebit/TA; ROS=Ebit/S<br />

Coefficient 0.00 * 0.80 *** 0.11 *** 84.45 -0.01 0.43 *** 0.14 *** 73.48 0.00 0.82 *** 0.11 *** 89.05<br />

T-Student (-1.88) (10.34) (6.51) (-1.57) (7.05) (4.90) (-1.09) (14.35) (5.10)<br />

ROA=Ebitda/TA; ROS=Ebitda/S<br />

Coefficient -0.01 0.69 *** 0.15 *** 82.11 0.00 0.43 *** 0.16 *** 68.15 0.00 0.82 *** 0.15 *** 90.87<br />

T-Student (-1.64) (6.46) (12.20) (-0.67) (2.79) (5.59) (-0.60) (16.70) (7.21)<br />

Panel B : Rentabilités et ratios de rotation des actifs ajustés pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne (Modèle 2)<br />

ROA=Ebit/TA; ROS=Ebit/S<br />

Coefficient -0.00 0.25 ** 0.07 ** 31.95 -0.00 0.54 *** 0.04 ** 46.96 -0.01 0.86 *** 0.09 *** 82.50<br />

T-Student (-0.72) (2.43) (2.46) (-0.36) (2.98) (2.45) (-1.36) (12.84) (3.90)<br />

ROA=Ebitda/TA; ROS=Ebitda/S<br />

Coefficient -0.01 * 0.26 ** 0.05 ** 30.25 -0.02 *** 0.30 *** 0.04 *** 46.31 -0.01 * 0.83 *** 0.04 *** 83.19<br />

T-Student (-1.79) (2.31) (2.36) (-3.08) (3.84) (3.58) (-1.96) (13.32) (2.77)<br />

Panel C : Rentabilités et ratios de rotation des actifs ajustés pour la taille et l’effet de retour à la moyenne (Modèle 2)<br />

ROA=Ebit/TA; ROS=Ebit/S<br />

Coefficient -0.01 0.46 *** 0.11 *** 84.82 0.00 0.66 *** 0.08 *** 78.79 -0.00 0.84 *** 0.09 *** 85.94<br />

T-Student (-1.21) (10.68) (5.21) (0.28) (5.60) (3.74) (-0.02) (16.31) (6.35)<br />

ROA=Ebitda/TA; ROS=Ebitda/S<br />

Coefficient -0.01 ** 0.91 *** 0.05 ** 84.54 -0.01 0.68 *** 0.05 * 73.39 -0.00 0.81 *** 0.05 *** 90.48<br />

T-Student (-2.07) (11.52) (2.55) (-0.93) (5.44) (1.82) (-0.49) (21.62) (2.67)<br />

Notes : Les variables dépendantes sont la variation non ajustée (Cf. modèle 1) et la variation ajustée (Cf. modèle 2) de la rentabilité<br />

économique. Les variables indépendantes sont les variations non ajustées (Cf. modèle 1) et les variations ajustées (Cf. modèle 2) de la<br />

rentabilité commerciale et de la rotation des actifs. Les statistiques T-Student rapportées sont corrigées à la fois pour l'Hétéroscédasticité et<br />

l'Auto-corrélation des erreurs en utilisant la procédure de Newey-West. (1987). *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5<br />

% ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

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Cette importante sensibilité de la rentabilité économique aux variations de la rentabilité<br />

commerciale peut être illustrée par l’exemple suivant. Sur la période (-1 ;+3), une baisse de<br />

1% de la rentabilité commerciale de l’émetteur se traduit, toutes choses égales par ailleurs,<br />

par une baisse moyenne de 0,83% de sa rentabilité économique. Par contre, cette dernière<br />

n’est affectée par une baisse de 1% de la rotation des actifs, toutes choses égales par ailleurs,<br />

que dans une proportion qui ne dépasse pas 0.09% en moyenne.<br />

Comme le recommandent Barber et Lyon (1996), nous avons examiné la performance<br />

opérationnelle des émetteurs après l’élimination des cashs du total des actifs. Les résultats<br />

auxquels nous avons abouti ne modifient en rien nos conclusions précédentes. Ainsi, comme<br />

en témoigne le panel A du tableau 9, l’ajustement opéré sur le total des actifs n’écarte pas la<br />

baisse de la performance non ajustée des émetteurs qui demeure statistiquement significative<br />

sur toutes les périodes retenues à l’exception là encore de la seule fenêtre (-2 ;-1). Aussi, les<br />

résultats des deux panels B et C sur la variation ajustée des rentabilités économiques des<br />

actifs d’exploitation corroborent globalement la contre-performance économique des<br />

émetteurs postérieurement à l’offre d’OC<br />

Tableau 9 : Variation de la performance opérationnelle à long terme des entreprises émettrices<br />

mesurée par le ROA cash adj<br />

EBIT/TA cash adj<br />

EBITDA/TA cash adj<br />

Période -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3 -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3<br />

Panel A : Variation non ajustée du ROA cash adj . de l’émetteur<br />

Médiane -1.15 *** -0.73 -1.62 *** -1.77 *** -2.04 *** -1.25 *** -0.99 -1.16 ** -1.27 ** -1.74 ***<br />

Z-wilcoxon (-2.69) (-1.09) (-3.36) (-3.38) (-3.74) (-2.84) (-1.58) (-2.16) (-2.56) (-2.77)<br />

Moyenne Trim25 -1.46 ** -0.60 -1.81 *** -2.38 ** -2.90 *** -1.62 ** -0.89 * -1.31 * -1.73 ** -1.91 *<br />

T- bootstrapped SE (-2.39) (-1.24) (-2.81) (-2.53) (-2.83) (-2.30) (-1.81) (-1.65) (-2.02) (-1.96)<br />

Panel B : Variation du ROA cash adj . de l’émetteur ajustée pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane -0.43 0.44 -1.27 -2.21 ** -2.94 *** -0.39 -0.49 -0.94 -2.04 -1.89 **<br />

Z-wilcoxon (0.46) (0.01) (-1.53) (-2.50) (-3.20) (-0.91) (-0.59) (-0.51) (-1.23) (-2.11)<br />

Moyenne Trim25 -0.28 0.30 -1.15 -2.44 ** -3.20 *** -0.66 -0.36 -0.40 -1.27 -2.10 *<br />

T- bootstrapped SE (-0.32) (0.31) (-1.37) (-2.48) (-2.82) (-0.64) (-0.33) (-0.43) (-1.22) (-1.86)<br />

Panel C : Variation du ROA cash adj . de l’émetteur ajustée pour la taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane -1.11 0.44 -1.37 -1.88 * -2.57 ** -1.30 -0.42 0.30 -1.15 -2.07 **<br />

Z-wilcoxon (-1.04) (-0.02) (-1.53) (-1.86) (-2.41) (-1,58) (-0,53) (-1,03) (-1,33) (-1,92)<br />

Moyenne Trim25 -0,82 0,33 -0,89 -1,71 -2,54 ** -1,28 -0,04 -0,58 -0,97 -1,97 *<br />

T- bootstrapped SE (-1,04) (0,44) (-0,92) (-1,58) (-2,18) (-1,45) (-0,04) (-0,61) (-1,09) (-1,79)<br />

N 77 87 93 87 82 77 87 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

L’observation de l’évolution de la part des dépenses d’investissement dans l’actif total des<br />

émetteurs (panel A) permet de mettre en lumière une hausse notable de ces dernières durant<br />

les deux années précédant l’émission, suivie d’une baisse graduelle jusqu’au terme de la<br />

période d’analyse. Ce constat empirique, relevé également par Lewis et al. (2001) sur le<br />

marché américain, montre que les émissions d’OC françaises ont typiquement lieu après une<br />

période de forte activité d’investissement.<br />

Le panel B permet de mieux éclaircir cette tendance à travers une analyse de la variation<br />

non ajustée des dépenses d’investissement des émetteurs. Il indique que les entreprises<br />

émettrices investissent moins durant les années +1, +2 et +3 relativement à l’année -1.<br />

Par ailleurs, nos calculs dans le panel C suggèrent que la politique d’investissement<br />

restrictive menée par les émetteurs après l’émission ne peut être imputée dans sa totalité à<br />

un effet sectoriel. En effet, sur la fenêtre (-1;+3), l’écart médian entre la variation des<br />

dépenses d’investissement des entreprises émettrices et celles des entreprises comparables<br />

du même secteur d’activité est estimé à -1.25% (significatif au seuil de 5%). Mesuré par la<br />

moyenne tronquée, cet écart se creuse davantage pour atteindre -1.55% (significatif au seuil<br />

de 5%). En outre, le panel D indique que l’effet taille ne permet pas, non plus, d’expliquer la<br />

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aisse des dépenses d’investissement des émetteurs, même si l’amplitude des écarts relevés<br />

est relativement moins importante que celle constatée dans le panel C.<br />

Tableau 10 : Evolution (en %) des dépenses d’investissement des entreprises émettrices (CE/TA)<br />

Année fiscale -3 -2 -1 0 1 2 3<br />

Panel A : Evolution du niveau des dépenses d’investissement<br />

Médiane 5.01 5.94 5.87 4.73 4.52 4.35 3.97<br />

Moyenne Trim25% 5.27 6.08 5.95 4.81 4.54 4.60 4.13<br />

N 77 87 97 97 93 87 82<br />

Période -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3<br />

Panel B : Variation non ajustée des dépenses d’investissements des émetteurs<br />

Médiane 0.00 -0.05 -0.42 ** -0.48 ** -0.88 ***<br />

Z-wilcoxon (0.46) (-0.71) (-2.53) (-2.50) (-3.56)<br />

Moyenne Trim25% 0.15 -0.18 -0.58 * -0.65 * -1.19 ***<br />

T- bootstrapped SE (0.53) (-0.69) (-1.90) (-1.75) (-2.82)<br />

Panel C : Variation des dépenses d’investissement des émetteurs ajustées pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.60 -0.36 -0.44 ** -0.36 -1.25 ***<br />

Z-wilcoxon (1.43) (-1.00) (-1.96) (-1.51) (-2.86)<br />

Moyenne Trim25% 0.89 0.41 -0.80 * -0.80 -1.55 **<br />

T- bootstrapped SE (1.60) (0.73) (-1.87) (-1.39) (-2.27)<br />

Panel D : Variation des dépenses d’investissement des émetteurs ajustées pour la taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.11 0.40 -0.37 -0.18 * -0.97 **<br />

Z-wilcoxon (0.54) (0.45) (-1.46) (-1.68) (-2.23)<br />

Moyenne Trim25% 0.22 0.18 -0.61 -0.69 -1.15 *<br />

T- bootstrapped SE (0.39) (0.35) (-1.24) (-1.42) (-1.87)<br />

N 77 87 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

Pour ce qui est de la variation du niveau de l’endettement des émetteurs, nos résultats<br />

présentent une grande similitude avec ceux obtenus par Lewis et al. (2002) dans le contexte<br />

américain. Ainsi, le tableau 11 révèle une évolution statistiquement significative du niveau<br />

de l’endettement des firmes émettrices après l’offre d’OC. Il affiche une allure croissante de<br />

l’année -3 jusqu’à l’année de l’émission où il atteint son niveau le plus élevé avant de<br />

commencer à décroître, sans toutefois regagner son niveau d’avant l’émission.<br />

Tableau 11 : Evolution (en %) de l’endettement des entreprises émettrices (TD/TA)<br />

Année fiscale -3 -2 -1 0 1 2 3<br />

Panel A : Evolution du taux d’endettement des émetteurs<br />

Médiane 0.23 0.25 0.27 0.36 0.35 0.33 0.32<br />

Moyenne Trim25% 0.24 0.25 0.28 0.36 0.34 0.33 0.33<br />

N 77 87 97 97 93 87 82<br />

Période -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3<br />

Panel B : Variation du taux d’endettement non ajusté des émetteurs<br />

Médiane 2.07 ** 1.34 * 4.43 *** 2.76 *** 4.23 ***<br />

Z-wilcoxon (2.05) (1.68) (4.87) (3.69) (3.28)<br />

Moyenne Trim25% 2.47 ** 1.49 ** 4.90 *** 3.65 *** 4.84 ***<br />

T- bootstrapped SE (1.98) (2.09) (4.66) (2.78) (2.98)<br />

Panel C : Variation du taux d’endettement des émetteurs ajusté pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 1.42 1.23 7.19 *** 7.51 *** 8.81 ***<br />

Z-wilcoxon (1.63) (1.12) (4.64) (3.79) (4.23)<br />

Moyenne Trim25% 2.30 1.69 7.40 *** 7.13 *** 8.68 ***<br />

T- bootstrapped SE (1.32) (1.35) (5.54) (4.34) (5.39)<br />

Panel D : Variation du taux d’endettement des émetteurs ajusté pour l’effet la taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 1.98 1.88 * 6.10 *** 6.70 *** 7.09 ***<br />

Z-wilcoxon (1.57) (1.78) (5.21) (4.87) (4.11)<br />

Moyenne Trim25% 1.96 1.95 ** 7.31 *** 7.15 *** 7.68 ***<br />

T- bootstrapped SE (1.22) (2.15) (5.10) (4.83) (4.41)<br />

N 77 87 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

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Le panel B indique que même si les variations non ajustées du taux d’endettement sont<br />

toutes statistiquement significatives aussi bien avant qu’après l’émission, il n’en demeure pas<br />

moins vrai que les hausses les plus importantes et les plus significatives sont enregistrées sur<br />

les fenêtres post-émission.<br />

Par ailleurs, l’ajustement de la variation du taux d’endettement (panels C et D), entre<br />

l’année -1 et les années +1, +2 et + 3 respectivement, accentue les écarts entre les émetteurs et<br />

les firmes comparables et les rend beaucoup plus significatifs.<br />

Le panel A du tableau 12 montre que la profitabilité des opportunités d’investissement<br />

future approximée par le ratio MtoB (Market to Book) augmente d’une façon continue et<br />

significative sur la période (-3;0). Elle atteint son niveau le plus élevé l’année de l’émission<br />

avant d’entamer une baisse progressive dès l’année suivante. La comparaison des<br />

opportunités de croissance future des entreprises émettrices françaises avec celles de leurs<br />

homologues américaines (Lewis et al. 2001) montre, d’une part, une forte similarité dans leur<br />

évolution sur la période (-3 ;+3), avec une corrélation qui avoisine les 80% (significative au<br />

seuil de 5%), et d’autre part, une profitabilité potentielle meilleure pour les émetteurs<br />

français, surtout pendant les années antérieures à l’émission.<br />

Le revirement de tendance à long terme du MtoB, est exprimé d’une façon saillante dans<br />

le panel B où sont rapportées les variations non ajustées de ce ratio. On y observe que ces<br />

dernières subissent un net déclin sur les fenêtres (-1 ;+1), (-1 ;+2) et (-1 ;+3) après avoir<br />

enregistré des hausses significatives sur les fenêtres (-3 ;-1) et (-2 ;-1).<br />

Tableau 12 : Evolution des opportunités de croissance future des entreprises émettrices d’OC<br />

Année fiscale -3 -2 -1 0 1 2 3<br />

Panel A : Evolution du MtoB des émetteurs<br />

Médiane 1.89 2.07 2.23 2.26 1.91 1.72 1.63<br />

Moyenne Trim25% 2.09 2.18 2.55 2.43 2.02 1.89 1.71<br />

N 77 87 97 97 93 87 82<br />

Période -3;-1 -2;-1 -1;+1 -1;+2 -1;+3<br />

Panel B : Variation non ajustée du MtoB des émetteurs<br />

Médiane 0.33 ** 0.12 ** -0.32 *** -0.42 *** -0.41 ***<br />

Z-wilcoxon (2.14) (2.27) (-3.04) (-3.85) (-4.08)<br />

Moyenne Trim25% 0.28 * 0.19 * -0.40 *** -0.55 *** -0.59 **<br />

T- bootstrapped SE (1.79) (1.68) (-2.69) (-2.99) (-2.51)<br />

Panel C : Variation du MtoB des émetteurs ajustée pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.33 * 0.17 0.05 -0.35 ** -0.56 **<br />

Z-wilcoxon (1.74) (1.32) (1.13) (2.25) (2.59)<br />

Moyenne Trim25% 0.45 ** 0.17 -0.22 -0.49 ** -0.69 **<br />

T- bootstrapped SE (1.99) (1.09) (-1.08) (-2.07) (-2.38)<br />

Panel D : Variation du MtoB ajustée pour l’effet taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

Médiane 0.39 ** 0.17 * -0.32 -0.54 ** -0.47 *<br />

Z-wilcoxon (2.09) (1.87) (-1.43) (-2.45) (-1.91)<br />

Moyenne Trim25% 0.51 ** 0.33 ** -0.30 -0.71 ** -0.46<br />

T- bootstrapped SE (2.26) (2.10) (-1.36) (-2.29) (-1.36)<br />

N 77 87 93 87 82<br />

Notes : *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %.<br />

D’après le panel C, les entreprises émettrices sous-performent les entreprises de contrôle<br />

du même secteur entre l’année -1 et les années +2 et +3 respectivement. Par contre la<br />

surperformance pré-émission n’est statistiquement significative que sur la période (-3 ;-1). En<br />

utilisant le critère croisé « taille, performance passée » pour ajuster les variations du MtoB<br />

des émetteurs (panel D), on constate que nos résultats tendent à confirmer les conclusions du<br />

panel C, excepté pour la fenêtre (-2 ;-1) où la variation ajustée devient significativement<br />

positive.<br />

Dans la mesure où il traduit les anticipations des investisseurs et des analystes financiers<br />

au vu des flux de résultats futurs des projets d’investissements passés et à venir, le ratio<br />

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MtoB constitue une mesure prospective pertinente pour la valorisation de la performance<br />

boursière d’une entreprise. Ceci nous permet de vérifier l’adéquation entre la performance<br />

opérationnelle et la performance boursière à long terme des émetteurs dans le cadre de notre<br />

étude.<br />

Ainsi, les résultats reportés dans le tableau ci-dessus tendent à confirmer l’idée de<br />

l’intégration progressive de la baisse de la performance opérationnelle des émetteurs dans<br />

leurs cours boursiers postérieurement à l’offre d’OC. Cependant, ces résultats, contrairement<br />

à ceux de Mc Laughlin et al. (1998) et Lewis et al. (2001), ne paraissent pas du tout<br />

satisfaisants pour expliquer l’absence d’une surperformance économique pré-émission<br />

positive et statistiquement significative des entreprises émettrices.<br />

7. L’analyse multivariée de la performance opérationnelle à long terme<br />

Nos résultats suggèrent que les émetteurs d’OC français connaissent une contreperformance<br />

à long terme. Néanmoins, cette conclusion doit être considérée avec prudence,<br />

car elle est basée sur des mesures de tendance centrales : la médiane et la moyenne tronquée.<br />

Elle ne nous explique donc pas pourquoi certaines entreprises émettrices génèrent une<br />

performance décevante à long terme alors que d’autres non. D’où l’intérêt d’une analyse<br />

multi-variée qui contribuerait à mieux éclairer notre compréhension sur la sous-performance<br />

des émetteurs à travers une identification des facteurs qui en sont responsables.<br />

7.1. Présentation de la méthodologie appliquée dans l’analyse multivariée<br />

La méthodologie appliquée dans ce cadre repose sur la méthode des moindres carrés<br />

partiels (Wold, Martens & Wold, 1983) connue sous l’acronyme PLS 22 (partial least squares).<br />

Cette méthode, issue d'une utilisation itérative des moindres carrés ordinaires, « consiste à<br />

rechercher dans un premiers temps des composantes orthogonales t h, combinaisons linéaires des<br />

variables X, expliquant au mieux à la fois les X et les Y. Les équations de régression PLS sont ensuite<br />

obtenues en régressant chaque variable Y sur les composantes t h puis en exprimant ces régression en<br />

fonction des variables X d’origine » (Tenenhaus, 1999, p. 8) .<br />

Nous avons privilégié cette approche par rapport à d’autres techniques de régression<br />

traditionnelles pour plusieurs raisons. En effet, la régression PLS est d’une grande simplicité.<br />

Elle requiert peu d’hypothèses probabilistes (aucune hypothèse de normalité). Elle permet<br />

également de contourner le problème de multi-colinéarité qui rend le modèle<br />

numériquement instable et l’interprétation de ses paramètres contraire à l’intuition. 23 Aussi,<br />

le recours à la méthode PLS est très recommandé dans les situations où le nombre des<br />

variables exogènes utilisées est très élevé pouvant même dépasser celui des observations.<br />

Enfin, la régression PLS a le mérite de bien s’accommoder de la présence de données<br />

manquantes, ce qui n’est pas le cas par exemple dans une régression MCO (Moindres<br />

Carrées Ordinaires) dont l’usage nous aurait contraint d’écarter un nombre non négligeable<br />

d'observations incomplètes et ayant pourtant un contenu informatif utile. 24<br />

Par ailleurs, la relation entre les variables endogènes et les variables exogènes a été<br />

investiguée en appliquant deux variantes de la méthode PLS. La première est l’approche PLS<br />

univariée (PLS1) qui consiste à régresser, séparément, chaque variable endogène sur<br />

22 Le lecteur intéressé par cette technique de régression trouvera de plus amples explications dans Tenehaus<br />

(1998) : « La régression PLS : Théorie et Pratique », Technip, Paris, et dans Tenenhaus (1999) : « L’approche<br />

PLS », Revue de Statistique Appliquée, tome 47, N° 2, P : 5-40.<br />

23 A titre d’exemple, les coefficients de corrélation de Fisher entre les variables Slacks_Financiers & Intangibles,<br />

Taille_Emetteur & Taille_Emission et MtoB & Taille_Emission sont estimés respectivement à 85%, 54%et 52%.<br />

Ces valeurs sont toutes statistiquement significatives au seuil de 1% en utilisant la technique du Bootstrap.<br />

24 La régression PLS fonctionne avec des données manquantes grâce à l’utilisation des principes de l’algorithme<br />

NIPALS (Nonlinear Estimation by Iterative Partial Least Squares) développé par Wold en 1966. Cet algorithme<br />

s’appuie sur la formule de reconstitution de données sur les composantes principales.<br />

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l’ensemble des variables exogènes. Ceci revient à construire autant de modèles que de<br />

variables endogènes, soient trois modèles dans notre cas, nommés modèle 1, modèle 2 et<br />

modèle 3 correspondant, respectivement, aux variables Y 1, Y 2 et Y 3 définies dans le<br />

paragraphe ci-après. La deuxième est l’approche PLS multivariée (PLS2). Elle consiste à<br />

modéliser la relation linéaire qui existe entre le vecteur des variables exogènes X et le vecteur<br />

des variables endogènes Y considérées dans le cadre de cette analyse (Y=Y 1, Y 2, Y 3).<br />

7.2. Définition et mesure des variables dépendantes<br />

La performance opérationnelle que l’on cherche à expliquer par les variables exogènes a<br />

été approximée par trois variables endogènes, à savoir : la variation non ajustée de la<br />

rentabilité économique (Y 1), la variation de la rentabilité économique ajustée pour l’effet<br />

sectoriel et l’effet de retour à la moyenne (Y 2) et la variation de la rentabilité économique<br />

ajustée pour l’effet taille et l’effet de retour à la moyenne (Y 3).<br />

7.3. Définition et mesure des variables indépendantes<br />

L’influence de trois groupes de variables a été testée sur la performance opérationnelle à<br />

long terme. Le premier groupe est constitué de variables proposées par la théorie financière<br />

pour caractériser les firmes, comme le risque, la taille, le levier et le MtoB. Le second groupe<br />

de variables concerne les caractéristiques de l’émission, telles que la taille relative de<br />

l’émission et la maturité. Enfin, le troisième groupe est composé d’une variable caractérisant<br />

l’environnement de l’émission, afin de déceler l’éventuel impact de ce dernier sur la<br />

performance des émetteurs.<br />

Des prédictions, à la lumière des arguments avancées par la littérature théorique et<br />

empirique antérieure, seront faites quant à l’incidence de chacune des variables explicatives<br />

sur la performance de l’émetteur.<br />

Notons enfin que ces variables explicatives ne sont pas les seules dont on pourrait se<br />

servir pour expliquer la performance post-émission des émetteurs, mais elles ont l’avantage<br />

d’être largement documentées dans la littérature et d’être disponibles, soit dans les bases de<br />

données dont nous nous sommes servies, soit dans les prospectus des émissions.<br />

Les variables caractérisant l’entreprise émettrice :<br />

• La taille de l’entreprise émettrice : Brennan et Kraus (1987) et Brennan et Schwartz (1988)<br />

indiquent que les émetteurs d’OC de petites tailles sont généralement connus pour<br />

l’évolution incertaine de leur risque post-émission, ce qui constitue une source<br />

d’inquiétude pour les créanciers. Aussi, les petites entreprises éprouvent beaucoup de<br />

difficultés pour accéder au marché des actions et au marché de la dette standard à cause,<br />

respectivement, de la forte asymétrie informationnelle et des coûts de faillite qui les<br />

caractérisent relativement à des entreprises de grandes tailles (Stein 1992). Dans ce<br />

contexte, les OC apparaissent comme un mode de financement à la fois approprié et<br />

attrayant pour les petites entreprises dynamiques qui souhaitent en fait procéder à une<br />

augmentation différée de leur capital. On s’attend donc à ce que la taille de la firme<br />

émettrice, mesurée par le logarithme népérien du total des actifs, soit négativement<br />

corrélée avec sa performance opérationnelle à long terme.<br />

• Le Market to Book (MtoB) et la part des actifs intangibles dans l’actif total: Selon Essig<br />

(1991), les émetteurs typiques d’OC se distinguent des autres entreprises par des<br />

opportunités de croissance future et des proportions d’actifs intangibles dans l’actif total<br />

qui sont supérieures à la norme. La théorie de “Backdoor equity” de Stein (1992) considère<br />

ces deux facteurs comme des proxys empiriques du niveau des coûts de sélection adverse<br />

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et des coûts de détresse financière 25 . Ce faisant, les entreprises qui anticipent une évolution<br />

favorable de leur rentabilité, mais qui se heurtent à ce genre de coûts de financement<br />

externe, seraient tentées d’émettre des OC à la place des autres titres financiers. Nous<br />

prévoyons par conséquent une relation positive entre la performance opérationnelle à long<br />

terme de l’entreprise émettrice et, respectivement, son ratio des actifs incorporels sur le<br />

total des actifs et ses opportunités de croissance future approximées par le ratio MtoB. Ces<br />

deux variables sont mesurées toutes les deux à la fin de l’année fiscale précédant<br />

l’émission.<br />

• La croissance du chiffre d’affaires sur la fenêtre (-2 ;-1): la croissance du CA est aussi<br />

employée dans le cadre de notre analyse comme un indice sur l’existence d’options de<br />

croissance, mais aussi sur la présence potentielle d’un risque de détresse financière. En<br />

effet, un taux positif de variation du chiffre d’affaires indique que la firme perçoit une<br />

évolution favorable de ses débouchés. Cependant, une progression trop importante de ce<br />

taux peut renforcer la contrainte de financement à cause de la croissance de la part des<br />

besoins en fonds de roulement, augmentant de facto le risque d’illiquidité encouru. Comme<br />

le MtoB, cette variable devrait être positivement corrélée avec la performance<br />

opérationnelle de l’émetteur constatée après l’émission.<br />

• Le price run-up précédant l’émission : selon Lucas et McDonald (1990), les émissions<br />

d’actions effectuées après un important price run-up sont une source d’asymétrie<br />

informationnelle, car elles sont souvent perçues par le marché comme un signe de<br />

surévaluation du cours de l’entreprise émettrice. Lewis et al. (2003) ont mis en exergue<br />

dans le contexte américain une relation positive et significative entre la propension à<br />

émettre des OC et le price run up. À l’instar de ces auteurs, nous avons mesuré ce dernier<br />

par le rendement boursier de l’émetteur cumulé sur la fenêtre (-75 ;-1), 0 étant la date<br />

d’annonce de l’émission. L’impact attendu de cette variable sur la performance à long<br />

terme des émetteurs d’OC est similaire à celui du MtoB.<br />

• L’âge de l’émetteur : Diamond (1991) établit que les jeunes entreprises ne jouissent pas<br />

d’un « capital-réputation » solide et d’un historique d’informations financières<br />

suffisamment long qui leur permettront de lever l’asymétrie d’information qui existe entre<br />

elles et le marché. Cependant, comme nous l’avons expliqué précédemment, cet obstacle de<br />

coûts de sélection adverse peut être évité si les firmes les moins âgées décident de recourir<br />

à un financement par OC. Une telle décision ne sera judicieuse pour leur avenir que dans la<br />

mesure où elles disposent d’anticipations favorables sur les résultats futurs. La variable âge<br />

devrait donc être, toutes choses égales par ailleurs, associée négativement à la performance<br />

opérationnelle de l’émetteur. Elle est mesurée par le nombre d’années qui séparent la date<br />

d’immatriculation de l’émetteur au registre de commerce de la date d’émission.<br />

• Les Slacks financiers : Comme nous l’avons déjà indiqué, les OC ne contribuent pas<br />

seulement, comme c’est le cas de tout emprunt, à diminuer les free cash flows, mais aussi à<br />

inciter les dirigeants à s’impliquer dans le processus de création de la valeur afin de forcer<br />

la conversion et éviter un remboursement en numéraire de l’emprunt qui pourrait leur être<br />

dommageable. En conséquence, nous anticipons une relation positive entre la performance<br />

de l’émetteur et le niveau de ses free cash flows observés antérieurement à l’offre d’OC. Par<br />

ailleurs, nous avons choisi d’apprécier ces derniers par les slacks financiers (encaisses et<br />

équivalents) rapportés à l’actif total, contrairement à la plupart des études qui les mesurent<br />

25 Gilson et al. (1995) et McConnell et Servaes (1995) ont, eux aussi, mis en évidence une relation positive<br />

significative entre le MtoB et le niveau des coûts de faillite de la firme.<br />

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par les cash-flows opérationnels nets des dividendes standardisés par l’actif total (Lehn et<br />

Poulsen, 1989 ; Lang et al. 1991 ; Smith et Kim, 1994). Nous justifions ce choix par deux<br />

principales raisons. D’abord, nous avons jugé que les mesures basées sur les flux de<br />

trésorerie nous renseignent sur la profitabilité de la firme plutôt que le niveau de ses free<br />

cash flows. La deuxième raison tient au fait que « Although slack and free cash flow have precise<br />

and distinct definitions, the concepts are difficult to distinguish empirically. Both involve<br />

comparison of firm cash’s generating ability with investment opportunity schedule » (Smith et<br />

Kim, 1994, P. 285).<br />

• Le levier financier : dans l’une des premières études sur les caractéristiques des émetteurs<br />

d’OC, Broman (1963) montre que ces derniers ont un ratio d’endettement qui est<br />

particulièrement élevé avant l’émission. Ce constat empirique a été validé dans une étude<br />

plus récente par Essig (1991). De son côté, Stein (1992) prévoit dans son modèle que les<br />

entreprises de « bonne qualité» en terme de rentabilité future, qui ont un levier financier<br />

élevé et/ou une notation de type speculative grade (risque élevé) auront tendance à émettre<br />

des OC. En effet, la faible rémunération des OC (“interest sweetener”), par rapport aux<br />

obligations standards de même classe de risque et de même maturité, permet aux<br />

entreprises anticipant une hausse de leur valeur de réduire le coût de l’endettement et<br />

d’augmenter les fonds propres grâce à un éventuel exercice du privilège de conversion.<br />

Etant donné que la plupart des émissions de notre échantillon ne sont pas notées 26 , nous<br />

avons uniquement utilisé le ratio d’endettement pour analyser l’impact du risque de<br />

défaillance financière pré-émission sur la performance opérationnelle post-émission des<br />

émetteurs. Ce ratio est déterminé en rapportant la dette nette totale de chaque émetteur à<br />

son actif total à la fin de l’année -1.<br />

• La variation de la performance sur la fenêtre (-2 ;-1) : McLaughlin et al. (1998) indiquent<br />

que les émetteurs d’OC américains, à l’instar des émetteurs d’actions (Loughran et Ritter,<br />

1997), choisissent de recourir au marché financier pendant des périodes caractérisés par<br />

une performance opérationnelle particulièrement élevée. En effet, les dirigeants essaient de<br />

tirer profit de ces périodes, désignées sous le nom de « fenêtres d’opportunité », car elles<br />

correspondent à des moments où les OC ont de fortes chances d’être surévaluées.<br />

McLaughlin et al. (1998) révèlent une relation négative entre la performance pré-émission<br />

et la performance post-émission, ce qui les conduit à expliquer la dégradation de cette<br />

dernière par l’hypothèse du timing. En d’autres termes, toujours selon ces deux auteurs, la<br />

contre-performance constatée après l’émission n’est probablement pas une manifestation<br />

d’un déclin perpétuel de la performance de l’émetteur, mais elle correspondrait plutôt à un<br />

phénomène de retour à la moyenne. Afin de contrôler cet effet sur notre échantillon, nous<br />

avons introduit la variation de la performance de l’émetteur sur la fenêtre (-2 ;-1) comme<br />

variable exogène dans les modèles de régression.<br />

• L’émission d’actions avant l’offre d’OC : Environ 28% des firmes de notre échantillon ont<br />

déjà procédé à une ou plusieurs émissions d’actions dans les trois années précédant l’offre<br />

d’OC. Ainsi, McLaughlin et al. (1996) et Loughran et Ritter (1997) ont observé chez les<br />

26 L’AMF n’exigence aucune notation lorsqu'une entreprise envisage d’émettre des titres donnant ou<br />

pouvant donner accès à son capital. C’est le cas notamment des OC qui échappent jusqu’à présent aux<br />

impératifs du processus de rating. Cette exception s’explique par l’existence de la garantie<br />

supplémentaire qu’offre la composante optionnelle de l’OC. Cela a pour effet de permettre à<br />

l’émetteur d’épargner le coût de l’opération de rating (généralement réservée aux grands groupes) et<br />

de le mettre à l’abri de l’impact qu’elle pourrait avoir sur son coût de financement (impact sur les<br />

«spreads» de crédit) et sur la taille de son émission.<br />

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entreprises américaines émettrices d’actions une baisse substantielle de leur performance<br />

opérationnelle à long terme après l’émission. Le même constat a été confirmé sur le marché<br />

français par Mansali (2005). 27 Il serait donc judicieux d’examiner l’impact de l’émission<br />

d’actions antérieurement à l’offre d’OC sur la performance opérationnelle à long terme des<br />

émetteurs. Pour ce faire, nous avons introduit dans nos modèles de régression une variable<br />

dichotomique qui prend la valeur 1 lorsque l’entreprise émettrice a réalisé une émission<br />

d’actions durant les trois années précédant l’émission d’OC et la valeur 0 autrement.<br />

• Le risque de l’émetteur : Green (1984), a démontré théoriquement que les OC peuvent être<br />

utilisées par les entreprises ayant un fort potentiel de croissance comme un remède efficace<br />

pour limiter les coûts d’agence induits par le risque de substitution d’actifs. Brennan et<br />

Kraus (1987) et Brennan et Schwartz (1988) ont quant à eux mis en avant dans leurs<br />

modèles le rôle des OC dans la réduction de l’écart d’asymétrie d’information engendré<br />

par la divergence entre les souscripteurs potentiels et les dirigeants sur le niveau du risque<br />

de l’émetteur. Les conclusions de ces modèles normatifs ont eu plusieurs confirmations sur<br />

le plan empirique. C’est le cas notamment d’Essig (1991) qui a révélé une relation positive<br />

entre l’usage des OC et la volatilité des cash-flows opérationnels des entreprises aux Etats-<br />

Unis, ou encore, plus récemment, Henot (2002) qui a mis en relief un risque<br />

significativement supérieur pour les émetteurs d’OC relativement aux émetteurs d’actions<br />

et aux émetteurs d’obligations standards dans le contexte français.<br />

A la lumière de ces constats théoriques et empiriques, nous prévoyons que la performance<br />

économique post-émission des émetteurs d’OC sera positivement liée à leur niveau de<br />

risque avant l’émission. Deux types de risques ont été considérés à ce stade d’analyse. Le<br />

risque total, approximé par la volatilité historique annualisée des rendements journaliers<br />

de l’émetteur, et le risque systématique, approximé par le bêta du modèle de marché.<br />

Notons enfin que ces deux risques ont été estimés sur la fenêtre [-250 ;-1], 0 étant la date de<br />

l’annonce de l’offre d’OC.<br />

• La variation du niveau des immobilisations sur la période (-1 ;+3) : cette mesure ex-post<br />

permet de contrôler l’effet de la croissance des immobilisations corporelles sur la<br />

performance opérationnelle subséquente à l’émission d’OC. Logiquement, les entreprises<br />

qui investissent les fonds levés dans des projets d’investissement créateurs de valeur<br />

verront leur rentabilité économique s’améliorer à la suite de l’émission.<br />

Nous avons mesuré l’évolution du niveau des investissements de l’émetteur par la<br />

variation de la part des actifs corporels dans l’actif total sur la fenêtre (-1 ;+3). On s’attend à<br />

une relation positive entre cette variable et la performance post-émission de l’émetteur.<br />

Les variables caractérisant l’émission :<br />

• La taille de l’émission : Fama et Miller (1972) montrent que, dans un contexte d’asymétrie<br />

informationnelle, l’annonce par les dirigeants d’un financement externe non attendu par le<br />

marché est porteuse d’un signal négatif sur les perspectives de bénéfices futurs de<br />

l'entreprise ayant fait cette annonce. Leur théorie, connue sous le nom d’Earnings Downturn<br />

Theory, stipule aussi que l’ampleur du déclin de ces bénéfices sera positivement corrélée<br />

avec la taille des sommes levées sur le marché. Les prédictions de cette théorie sont<br />

corroborées par le modèle de Miller et Rock (1985). Cependant, la Earnings Downturn<br />

Theory et le modèle de Miller et Rock restent, tous les deux, silencieux quant au mode de<br />

financement dont l’entreprise émettrice fait usage. Ce vide a été comblé par Hansen et<br />

27 Abhyankar et Willis (1999) et Cai et Loughran (1998) ont de leur part mis en évidence une sous-performance<br />

opérationnelle à long terme significative des émetteurs d’actions anglais et japonais respectivement.<br />

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Crutchley (1990) et Bae et al. (2002) qui ont établit empiriquement, dans le contexte<br />

américain, une relation significativement négative entre la rentabilité économique<br />

anormale post-émission des émetteurs d’OC et la taille de l’émission. 28<br />

En vue de déceler l’éventuel impact de la taille de l’offre d’OC sur la performance<br />

opérationnelle de l’émetteur français, nous avons utilisé, à l’instar de Spiess et Affleck-<br />

Graves (1999) et McLaughlin et al. (1998), une mesure relative qui consiste à normaliser le<br />

montant de l’émission d’OC par la total des actifs de l’émetteur à la fin de l’année -1.<br />

• Le but de l’émission : Le dépouillement des prospectus d’émission nous indique que les<br />

fonds levés sont le plus souvent affectés, soit à la réalisation des programmes<br />

d’investissement interne ou externe, soit à la consolidation de la structure financière de<br />

l’émetteur à travers le renforcement de ses fonds propres (en cas de conversion) et/ou le<br />

refinancement de sa dette. Selon les modèles de Green (1984) et Brennan et Kraus (1987),<br />

les émissions d’OC ayant comme principal objectif l’amélioration de la structure financière<br />

par une diminution de l’endettement à court terme entraineraient une réaction favorable de<br />

la part des investisseurs. Cette hypothèse a été confirmée plus tard par Mehta et and Khan<br />

(1995), qui indiquent que les OC sont typiquement efficaces pour le refinancement de la<br />

dette financière. Ce dernier, qui vise surtout à réduire le coût de la dette senior et allonger<br />

sa maturité, peut paraître sans incidence sur la rentabilité économique de l’émetteur, par<br />

définition indépendante du mode de financement. Cependant, ce raisonnement n’est<br />

valable que dans le cadre du référentiel de Modigliani et Miller (1958, 1963), qui ne prend<br />

pas compte des coûts de défaillance dont on connaît très bien les effets néfastes sur la<br />

valeur de la firme.<br />

Nous avons donc pris en considération l’objet de l’émission dans nos modèles en<br />

introduisant une variable indicatrice valant 1 quand le but de l’émission est le financement<br />

d’un projet d’investissement et 0 sinon. Le signe attendu pour le coefficient de régression<br />

associé à cette variable est négatif.<br />

• La prime de conversion : elle correspond à l’écart entre le prix de l’OC et la valeur de<br />

conversion 29 rapporté à cette dernière. Elle représente l’avantage à posséder l’OC par<br />

rapport à l’action sous-jacente. Selon Brennan et Kraus (1987), le marché devrait accueillir<br />

favorablement les émissions d’OC à forte prime de conversion. En effet, plus élevée est la<br />

prime de conversion, plus importante devra être l’augmentation du cours du sous-jacent<br />

nécessaire pour que les souscripteurs aient intérêt à convertir leurs OC ou pour que la<br />

conversion forcée soit déclenchée. Une prime de conversion élevée est donc synonyme<br />

d’un signal de qualité qui révèle la confiance des dirigeants à l’égard des perspectives<br />

futures de l’entreprise émettrice. En principe, cette variable devrait influer positivement<br />

sur la performance à long terme de l’entreprise émettrice.<br />

• La maturité : Selon Flannery (1986), la dette à court terme serait perçue comme un signal<br />

positif. Cependant, les modèles de Brennan et Kraus (1987) et de Brennan et Schwartz<br />

(1988) suggèrent que les émetteurs typiques d’OC (petites entreprises très endettés et ayant<br />

d’importantes opportunités d’investissement) devraient normalement émettre des OC à<br />

longue maturité. En effet, selon ces modèles la décision d’émettre une dette non convertible<br />

à maturité élevée est généralement associée à un manque de visibilité à moyen et long<br />

termes quant à la politique d’investissement de l’entreprise émettrice, ce qui fait courir aux<br />

créanciers un risque énorme et augmente les coûts d’agence liés à l’endettement. En<br />

28 Ces deux études ont également examiné l’incidence de la taille de l’émission sur la performance<br />

opérationnelle à long terme des émetteurs d’actions et des émetteurs obligations standards.<br />

29 La valeur de conversion = cours de l’action à l’émission x le ratio de conversion. Ce dernier est très<br />

souvent égal à 1 en France.<br />

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evanche, ce risque potentiel est substantiellement atténué par l’inclusion de l’option de<br />

conversion dans le contrat d’émission de la dette. En effet, cette option offre une garantie<br />

contre les politiques qui augmenteraient le risque de l’entreprise tout au long de la durée<br />

de vie de l’OC.<br />

Nous anticipons donc une relation positive entre la maturité de l’OC et l’ampleur de la<br />

performance opérationnelle des émetteurs après la réalisation de l’émission.<br />

Variable caractérisant l’environnement de l’émission :<br />

• Les périodes chaudes et les périodes froides : L’activité d’émission d’OC est fortement<br />

cyclique et des périodes « chaudes » succèdent aux périodes « froides» (Lewis et al. 1998 ;<br />

Lewis et al. 2002). Durant les périodes chaudes, les émissions sont nombreuses traduisant<br />

une forte demande de la part des investisseurs. La sous-performance à moyen et long<br />

terme serait plus importante au cours de ces périodes. L’explication la plus plausible à cette<br />

situation met en doute la rationalité des investisseurs qui, dans des périodes d’euphorie<br />

boursière, portent un intérêt tout particulier aux émissions de produits equity-linked. 30<br />

Spiess et Affleck-Graves (1999), ont montré que les entreprises ayant émis des OC aux<br />

États-Unis pendant les périodes chaudes, enregistrent une baisse très prononcée de la<br />

performance boursière sur un horizon temporel de cinq années après l’émission. Par<br />

contre, la sous-performance des entreprises ayant procédé à l’émission durant les périodes<br />

froides est moins importante et statistiquement non significative.<br />

Etant donné que les OC de notre échantillon ont été émises durant des périodes différentes<br />

(Cf. Tableau 1), nous avons utilisé une variable indicatrice pour prendre en considération<br />

l’état de l’environnement financier de l’émission. Cette variable prend la valeur 1 si l’offre<br />

d’OC a été réalisée pendant une période chaude et 0 autrement.<br />

Pour identifier les périodes chaudes, nous avons adopté une méthodologie proche de celle<br />

appliquée par Bayless et Chaplinsky (1996) dans le contexte des émissions d’actions. Ainsi,<br />

dans un premier temps, nous avons ramené le montant de toutes les émissions 31 réalisées<br />

sur la période 1990-2002 de l’euro courant à l’euro constant en valeur 2002. 32 Dans un<br />

deuxième temps, nous avons identifié les périodes chaudes comme étant celles qui ont<br />

connu des volumes annuels d’émission qui dépassent le volume annuel médian sur la<br />

période 1990-2002. 33<br />

7.4. Résultats de l’analyse multivariée<br />

Les résultats des régressions PLS1 et PLS2 classent le modèle 1 en première position en<br />

termes de pouvoir explicatif, suivi du modèle 2 puis du modèle 3. L’écart dans les<br />

coefficients de détermination entre le premier et les autres modèles ne doit pas être étonnant.<br />

Il se justifie par le fait que la variation de la performance opérationnelle que l’on cherche à<br />

expliquer dans le cadre du modèle 1 est une variation non ajustée, est donc beaucoup plus<br />

corrélée aux variables exogènes, surtout celles caractérisant la firme émettrice (panel A).<br />

30 Loughran et Ritter (2000) montrent que certains événements corporatifs, tels que les émissions d’actions, sont<br />

motivées par des comportements de timing. Pour cette raison, ces auteurs recommandent de tenir compte du<br />

caractère chaud ou froid des sous-périodes considérées dans les études événementielles à long terme.<br />

31 Ceci comprend celles qui ont été exclues de l’échantillon final, car ne répondant pas aux critères de sélection<br />

imposés.<br />

32 Cette conversion a pour but de prendre en compte l’effet de l'augmentation du coût de la vie d’une année à une<br />

autre. Elle est effectuée à l’aide de l’indice des prix à la consommation base 2002 publié par l’INSEE, en<br />

appliquant la formule : Euro Constant = (Euro Courrant / Indice des prix base 2002) * 100<br />

33 En appliquant cette définition, nous avons pu identifier quatre périodes chaudes entre 1990 et 2002:<br />

1990,1993-1994 et 1999-2002.<br />

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Alors que dans les modèles 2 et 3, la variable dépendante est une variation résiduelle de la<br />

performance de l’émetteur, obtenue après avoir contrôlé pour l’effet sectoriel et l’effet de<br />

retour à la moyenne (modèle 2) ou encore l’effet taille et l’effet de retour à la moyenne<br />

(modèle 3).<br />

Afin de rendre l’interprétation de nos résultats plus claire, nous allons nous pencher dans<br />

un premier temps sur l’analyse des résultats issus de la régression PLS univariée, puis nous<br />

essayerons, dans un deuxième temps de les comparer à ceux obtenus en procédant par la<br />

régression PLS multivariée.<br />

Résultats de la régression PLS univariée<br />

Le panel A montre que la taille de l’entreprise émettrice influence favorablement sa<br />

performance économique à long terme. Le coefficient de régression associé à cette variable<br />

est positif dans tous les modèles et il est statistiquement significatif au seuil de 1% dans les<br />

modèles 1 et 2. En revanche, ce coefficient n’est pas significativement différent de 0 dans le<br />

modèle 3, ce qui peut être expliqué par l’ajustement pour la taille de la variation de la<br />

performance de l’émetteur (variable endogène dans ce modèle). Les résultats concernant la<br />

variable taille vont à l’encontre des modèles normatifs de Brennan et Kraus (1987), Brennan<br />

et Schwartz (1988) et Stein (1992). Ils contredisent aussi les résultats empiriques de Spiess et<br />

Affleck-Graves (1999) qui ont mis en évidence sur le marché américain une sousperformance<br />

boursière mois accentuée pour les émetteurs les plus petits (1 er et 2 ème quintiles)<br />

durant les cinq années suivant l’émission.<br />

Le même constat peut être fait à propos de l’ensemble des variables désignées pour capter<br />

l’asymétrie informationnelle entre les investisseurs et les dirigeants, dont les coefficients<br />

affichent des signes contraires à ceux prévus par la théorie. Ainsi, s’agissant du MtoB, il est<br />

en relation négative (significative au seuil de 1%) avec la performance opérationnelle postémission<br />

de l’émetteur, et ce quelque soit le modèle et la mesure du ROA utilisés. De même,<br />

la proportion des actifs intangibles et la croissance du chiffre d’affaires, considérées comme<br />

des indicateurs sur la présence d’opportunités de croissance et des coûts de défaillance<br />

financière, présentent des coefficients de régression négatifs.<br />

Conformément à nos prédictions, le coefficient associé à la variable price run-up est<br />

significativement positif aux seuils conventionnels dans tous les modèles. Ce résultat<br />

supporte l’hypothèse dérivée du modèle de Stein (1992). En revanche, l’âge de l’émetteur ne<br />

semble pas agir sur la performance opérationnelle de l’émetteur dans le sens prévu par la<br />

théorie. Spiess et Affleck-Graves (1999) reportent des résultats similaires aux nôtres. Ils<br />

indiquent que les émetteurs américains les plus jeunes affichent une contre-performance<br />

boursière à long terme qui est particulièrement élevée relativement aux entreprises les moins<br />

jeunes. Signalons aussi que Loughran et Ritter (1995) et Spiess et Affleck-Graves (1995)<br />

parviennent à la même conclusion en analysant la performance boursière à long terme des<br />

émetteurs d’actions aux États-Unis.<br />

De même, la variable slacks, désignée pour approximer les coûts d’agence induits par les<br />

free cash flows, est dotée d’un coefficient de régression qui n’est pas significatif (excepté dans<br />

le premier modèle) et dont le signe n’est pas conforme à nos anticipations.<br />

En revanche, le coefficient de régression du levier est positif, indiquant, conformément<br />

aux prédictions du modèle de Stein (1992) et aux constats empiriques de McLaughlin et al.<br />

(1998), que l’endettement contribue favorablement à l’amélioration de la performance<br />

opérationnelle post-émission des émetteurs. Il convient toutefois de signaler que ce<br />

coefficient n’est statistiquement différent de 0 que dans le modèle 1.<br />

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Par ailleurs, nos résultats ne permettent de tenir le timing des émissions d’OC pour<br />

responsable de la sous-performance opérationnelle des émetteurs sur la période (-1 ;+3). En<br />

effet, le coefficient de la variable dichotomique contrôlant pour ce phénomène dans nos<br />

régressions est tantôt positif et tantôt négatif sans jamais être significatif aux seuils habituels<br />

de confiance.<br />

Quant à l’émission d’actions antérieurement à l’offre d’OC, elle ne semble pas avoir une<br />

incidence notable sur la performance opérationnelle de la firme émettrice. Ainsi, bien que le<br />

coefficient de la variable dichotomique contrôlant cet événement soit doté d’un signe<br />

conforme à nos anticipations dans tous les modèles, il reste cependant non différent de 0 aux<br />

seuils conventionnels. Lee et Loughran (1998) trouvent un résultat comparable dans leur<br />

étude de la performance boursière à long terme des émetteurs d’OC américains. En<br />

revanche, ni McLaughlin et al. (1998), ni Spiess et Affleck-Graves (1999), ne sont parvenus, en<br />

étudiant respectivement la rentabilité économique et la rentabilité boursière à long terme des<br />

émetteurs, à établir une conclusion similaire dans le même contexte.<br />

Concernant le risque de l’émetteur, nos conclusions diffèrent selon que l’on considère le<br />

risque total (variable δ) ou le risque systématique (variable β). Ainsi, s’agissant de ce dernier,<br />

on remarque que son coefficient affiche le signe positif prévu par les études théoriques et<br />

empiriques expliquant les motivations d’une émission d’OC, mais sans que sa significativité<br />

statistique ne soit établie dans aucun des trois modèles. S’agissant du risque total, les<br />

résultats nous indiquent qu’il est en relation négative (significative au seuil de 5% dans le<br />

modèle 1 et de 1% dans le modèle 3) avec la performance de l’émetteur. Ce qui remet en<br />

cause les modèles qui expliquent l’émission d’OC par les entreprises anticipant une<br />

évolution favorable des résultats, par la présence d’un risque potentiel de substitution<br />

d’actifs (Green, 1984) ou d’une asymétrie d’estimation du risque (Brennan et Kraus, 1987 ;<br />

Brennan et Schwartz, 1988).<br />

S’agissant de la variation du niveau des immobilisations, elle ne semble pas avoir un<br />

pouvoir explicatif significatif sur la performance de l’émetteur. En plus, le signe de son<br />

coefficient de régression n’est pas toujours conforme à l’intuition économique.<br />

Quant aux coefficients des variables inhérentes à l’émission (panel B), il est intéressant de<br />

noter qu’excepté celui de la prime de conversion, ils sont tous statistiquement significatifs<br />

aux seuils conventionnels et leurs signes sont cohérents avec nos anticipations, et ce, quelque<br />

soit le modèle considéré. Ainsi, la taille relative de l’émission exerce un impact<br />

significativement négatif sur la rentabilité économique anormale de la firme émettrice<br />

postérieurement à l’émission. Cette conclusion est fidèle d’une part, aux anticipations des<br />

modèles de Fama et Miller (1972) et Miller et Rock (1985), et d’autre part aux résultats<br />

empiriques de Hansen et Crutchley (1990) et Bae et al. (2002). Aussi, l’utilisation potentielle<br />

des fonds levés n’est pas sans conséquences sur la performance de l’émetteurs. Ainsi, les<br />

entreprises ayant prévu d’injecter le produit de l’émission dans des projets d’investissement<br />

(interne ou externe) sont caractérisées par une contre-performance beaucoup plus prononcée<br />

que celles qui ont prévu de l’affecter à la consolidation de leur structure financière. Nous<br />

avons également trouvé que la maturité est positivement corrélée avec la performance<br />

économique de l’émetteur. Ce résultat corrobore les implications des modèles théoriques de<br />

Brennan et Kraus (1987) et de Brennan et Schwartz (1988).<br />

Enfin, le coefficient associé à la variable caractérisant l’environnement de l’émission<br />

affiche un signe négatif conformément à ce que nous anticipons, mais sans toutefois être<br />

significatif aux seuils habituels.<br />

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Résultats de la régression PLS Multivariée<br />

Les conclusions de la régression PLS multivariée sont assez semblables à celles de la<br />

régression PLS univariée. Cependant, si les signes des relations dans les deux types de<br />

régression sont quasiment analogues, il n’en n’est pas de même pour leur significativité<br />

statistique qui s’est globalement améliorée pour les modèles 2 et 3 dans la régression PLS<br />

multivariée. Ce qui permet de confirmer l’impact de certaines variables dont la significativité<br />

n’a pas pu être établie pour l’ensemble des modèles de la régression PLS1. Il s’agit des<br />

variables slacks financiers, levier financier et risque total. Ces variables sont toutes<br />

statistiquement significatives avec un risque d’erreur maximum de 5% dans tous les modèles<br />

de la régression PLS2.<br />

8. Conclusions<br />

Cette étude empirique s’est fixée deux principaux objectifs. Il s’agit tout d’abord d’évaluer<br />

la performance opérationnelle à long terme des entreprises émettrices d’OC en France, puis<br />

ensuite identifier les facteurs susceptibles de l’expliquer.<br />

Dans un premier stade, nous avons pu constater, en nous appuyant sur la méthodologie<br />

des études événementielles à long terme, que les entreprises françaises émettrices d’OC sousperforment<br />

d’une manière significative sur le plan opérationnel leurs entreprises de contrôle<br />

durant la période post-émission. Le bien fondé de cette conclusion a été vérifié par<br />

l’utilisation de deux étalons différents et la mise en œuvre d’une panoplie d’indicateurs de<br />

performance conseillés par la littérature théorique et empirique. Ce résultat est concordant<br />

avec les conclusions des études réalisées dans le contexte américain, qui ont toutes mis en<br />

relief les retombées néfastes des émissions d’OC sur les rentabilités économiques et<br />

commerciales à long terme des émetteurs. En revanche, notre recherche n’a pas pu conclure à<br />

une surperformance opérationnelle significative des entreprises émettrices antérieurement à<br />

la levée des fonds sur le marché.<br />

Par ailleurs, le rapprochement de nos résultats avec ceux issus de l’évaluation par<br />

Elbadraoui (2007) de la performance boursière à long terme des émetteurs français, permet<br />

d’expliquer globalement la sous-performance boursière de ces derniers postérieurement à<br />

l’émission par la dégradation de leur performance opérationnelle. Par contre, nos résultats<br />

sur les fenêtres antérieures à l’offre d’OC peinent à donner une explication satisfaisante à la<br />

significative surperformance boursière pré-émission des émetteurs reportée, soit par cet<br />

auteur, soit à travers l’analyse de l’évolution du ratio MtoB avant l’émission dans la présente<br />

étude.<br />

Cette recherche a également mis en exergue une baisse significative des dépenses<br />

d’investissement et des opportunités de croissance future (approximées par le MtoB) chez les<br />

entreprises émettrices après l’offre d’OC. En revanche, le taux d’endettement a enregistré<br />

une hausse notable suite à l’émission, affichant de ce fait des variations (ajustées et non<br />

ajustées) qui sont statistiquement positives sur toutes les fenêtres post-émission. Ces<br />

résultats montrent une grande similitude avec ceux reportés par les études réalisées dans le<br />

contexte américain.<br />

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Tableau 13 : Analyse multivariée des déterminants de la performance opérationnelle à long terme des émetteurs d’OC à l’aide de l’approche PLS1<br />

Régression PLS univariée (PLS1)<br />

Régression PLS multivariée (PLS2)<br />

Cœf. en (%) du modèle 1 Cœf. en (%) du modèle 2 Cœf. en (%) du modèle 3 Cœf. en (%) du modèle 1 Cœf. en (%) du modèle 2 Cœf. en (%) du modèle 3<br />

Variables<br />

Signe Non<br />

Non<br />

Non<br />

Non<br />

Non<br />

Non<br />

explicatives attendu standardisés Standardisés standardisés Standardisés standardisés Standardisés standardisés Standardisés standardisés Standardisés standardisés Standardisés<br />

Constante -11.43 -10.31 -4.13 -10.72 -7.98 -7.95<br />

Panel A : Variables caractérisant la firme émettrice<br />

(1) Taille_Emetteur (-) 0.62 13.26 *** 0.41 8.89 *** 0.27 4.71 0.56 11.82 *** 0.36 7.93 *** 0.43 7.42 **<br />

(2) MtoB (+) -0.39 -16.47 *** -0.36 -15.67 *** -0.29 -9.89 *** -0.42 -17.52 *** -0.27 -11.76 *** -0.32 -11.00 ***<br />

(3) Intangibles (+) -5.65 -7.84 *** -1.85 -2.65 -5.02 -5.72 ** -5.10 -7.08 *** -3.31 -4.75 ** -3.90 -4.44 ***<br />

(4) Croissance CA (+) -3.12 -12.00 ** -2.94 -11.66 ** -3.48 -10.96 *** -3.61 -13.87 ** -2.35 -9.31 -2.76 -8.70 **<br />

(5) Run_up (+) 2.32 4.49 ** 2.80 5.60 * 2.24 3.56 ** 2.84 5.51 *** 1.85 3.70 ** 2.18 3.46 **<br />

(6) Age (-) 0.05 14.00 *** 0.04 11.73 *** 0.04 8.45 *** 0.05 14.34 *** 0.03 9.62 *** 0.04 9.00 ***<br />

(7) Slacks_Financiers (+) -3.79 -4.80 *** -2.46 -3.21 -3.14 -3.27 -3.72 -4.70 ** -2.41 -3.16 ** -2.84 -2.95 ***<br />

(8) Levier (+) 5.57 6.95 *** 5.91 7.61 1.59 1.63 5.36 6.68 ** 3.48 4.49 *** 4.10 4.19 ***<br />

(9) <strong>Performance</strong> (-1;+1) (-) -8.88 -5.06 1.89 1.57 -6.15 -3.43 -10.19 -5.81 -6.62 -3.90 -7.79 -3.64<br />

(10) Emission_Actions (-) -2.07 -8.32 -1.06 -4.39 -1.38 -4.56 -1.90 -7.64 -1.23 -5.13 -1.45 -4.79<br />

(11) δ (+) -57.85 -5.88 ** -8.29 -0.87 -59.57 -4.97 *** -52.38 -5.32 ** -34.04 -3.57 *** -40.07 -3.34 **<br />

(12) β (+) 1.13 5.12 1.46 6.88 0.41 1.55 1.21 5.51 0.79 3.70 0.93 3.46<br />

(13) ∆Immob. (-1;+3) (+) -1.09 -0.69 2.47 1.61 1.94 1.01 0.79 0.50 0.51 0.34 0.61 0.31<br />

Panel B : Variables caractérisant l’émission<br />

(14) Taille_émission (-) -1.91 -11.17 ** -1.04 -6.28 *** -1.01 -4.86 * -1.68 -9.80 ** -1.09 -6.58 ** -1.28 -6.15 *<br />

(15) But (-) -2.44 -10.85 *** -1.23 -5.64 * -1.56 -5.69 ** -2.21 -9.85 *** -1.44 -6.61 *** -1.69 -6.18 ***<br />

(16) PC (+) -0.33 -0.31 -2.78 -2.77 -2.99 -2.37 -1.91 -1.84 -1.24 -1.24 -1.46 -1.16<br />

(17) Maturité (+) 0.27 4.36 * 0.24 3.97 ** 0.31 4.07 * 0.31 5.07 * 0.20 3.40 * 0.24 3.18 *<br />

Panel C : Variable caractérisant l’environnement de l’émission<br />

(18) Hot/cold (-) -0.43 -1.85 -0.59 -2.63 -0.85 -3.01 -0.67 -2.87 -0.43 -1.93 -0.51 -1.80<br />

Observations 97 97 97 97 97 97<br />

Composantes 1 1 1 1 1 1<br />

DDL 95 95 95 95 95 95<br />

R² 44.48 26.20 18.02 45.03 21.25 17.74<br />

Notes : Les variables dépendantes sont la variation non ajustée du ROA de l’émetteur (modèle 1), la variation du ROA de l’émetteur ajustée pour l’effet sectoriel et l’effet de retour à la moyenne (modèle 2), la variation du ROA de<br />

l’émetteur ajustée pour la taille et l’effet de retour à la moyenne (modèle 3). La fenêtre d’événement retenue dans tous les modèles pour mesurer la performance est (-1;+3). Sauf indication contraire, les valeurs prises par les variables<br />

indépendantes ont été calculées sur la base des données des entreprises émettrices à la fin de l’année fiscale précédant celle de l’émission (année -1). Les coefficients standardisés sont obtenus lorsque toutes les variables d’entrée du<br />

modèle sont centrées et réduites, donc sans unité de mesure. Le nombre de composantes orthogonales t h retenues dans la régression PLS est déterminé par validation croisée (Jack-knife). La significativité statistique est appréciée à<br />

l’aide des intervalles de confiance (99%, 95%, 90%) des coefficients de la régression PLS calculés par validation croisée (Jack-knife). (1) Logarithme népérien du total des actifs (WS02999) (2) Capitalisation boursière (WS08001)<br />

rapportée au total des capitaux propres (WS05491) (3) Total des immobilisations incorporelles (WS02649) divisé par le total des actifs (WS02999) (4) Croissance du chiffre d’affaires (WS01001) entre l’année -2 et l’année -1. (5)<br />

Rentabilité boursière cumulée pendant les 75 jours de bourse précédant l’annonce de l’émission. (6) Nombre d’années qui séparent la date d’immatriculation au registre de commerce de la date d’émission. (7) Encaisses et équivalents<br />

(WS02001) rapportés au total des actifs (WS02999) (8) Total des dettes (WS03255) moins les encaisses et équivalents (WS02001) le tout divisé par le Total des actifs (WS02999) (9) Variation de la performance ajustée de l’émetteur<br />

entre l’année -1 et l’année -2. (10) Variable indicatrice valant 1 si l’émetteur avait procédé à une émission d’actions durant les trois années précédant l’offre d’OC et 0 autrement. (11) Volatilité historique annualisée estimée par le<br />

biais des rentabilités journalières durant les 250 jours de bourse précédant l’annonce de l’émission. (12) Risque systématique estimé par le bêta du modèle de marché sur les 250 jours de bourse précédant l’annonce de l’émission. (13)<br />

Variation de la proportion des immobilisations corporelles (WS02501) dans le total des actifs (WS02999) sur la fenêtre (-1 ;+3). (14) Produit brut de l’émission standardisé par le total des actifs. (15) Variable indicatrice valant 1<br />

quand le but de l’émission est le financement d’un projet d’investissement et 0 sinon. (16) Ecart entre le prix de l’OC et la valeur de conversion rapporté à cette dernière. (17) Nombre d’années qui séparent la date de l’émission de la<br />

date d'échéance finale de l’OC. (18) Variable indicatrice qui prend la valeur 1 si l’offre d’OC a été réalisée pendant une période chaude et 0 sinon. *** Significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil<br />

de 10 %.<br />

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Dans un deuxième stade, une analyse multivariée, fondée sur l’approche PLS, est menée<br />

afin d’essayer de dégager le lien entre la performance opérationnelle des émetteurs et trois<br />

groupes de variables caractérisant, respectivement, la firme émettrice, l’émission et les<br />

conditions du marché où cette dernière a eu lieu. Les résultats suggèrent que le niveau de la<br />

performance opérationnelle est significativement corrélé, d’une part, aux facteurs liés à la<br />

firme émettrice, tels que sa taille, son levier financier et ses opportunités de croissance future,<br />

et d’autre part aux facteurs inhérents à l’offre d’OC, à savoir sa taille relative, son but et sa<br />

maturité. En revanche, l’environnement de l’émission ne semble pas exercer un impact<br />

notable sur la performance opérationnelle de l’émetteur.<br />

Il convient cependant de noter que les signes des coefficients de régression ne sont pas<br />

toujours conformes à ceux prévus par les théories justifiant l’emploi des OC pour assouvir<br />

les besoins financiers de l’entreprise. C’est le cas notamment pour la plupart des variables<br />

potentialisant l’asymétrie informationnelle de l’émetteur. Cela veut dire que l’émission des<br />

OC n’est pas forcément le fruit d’une décision rationnelle prise en vue de signaler les bonnes<br />

perspectives de la rentabilité de l’émetteur dans un contexte d’asymétrie d’information ou<br />

pour éliminer les coûts d’agence ex-post. Par conséquent, nos résultats abondent dans le sens<br />

de l’hypothèse du rationnement du capital par le marché des actions. Selon cette hypothèse,<br />

en présence des coûts de sélection adverse et d’hasard moral, le marché financier, craignant<br />

une allocation inefficace des ressources, n'entend pas satisfaire l'ensemble des demandes de<br />

fonds qui lui sont adressées. Cette situation oblige les entreprises en quête de fonds propres<br />

(«would be» equity issuers) à se rabattre sur les obligations convertibles en espérant qu'elles<br />

seront converties (Lewis et al. 2001).<br />

Enfin, Burlacu (2000) dans le contexte français et Lewis et al. (2003) dans le contexte<br />

américain, montrent que la réaction du marché boursier aux annonces de financement par<br />

OC est conditionnée par le profil (action, mixte ou obligation) de ce produit financier.<br />

L’extension et l’aboutissement logique du présent travail serait donc de vérifier dans quelle<br />

mesure la catégorisation des émetteurs en fonction du profil de l’OC modifierait nos<br />

conclusions sur la performance opérationnelle à long terme des émetteurs et ses<br />

déterminants.<br />

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