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16 HorizonsL'EXPRESS / SAMEDI <strong>15</strong> SEPTEMBRE <strong>2007</strong><br />
Les sœurs Labèque, les quatre<br />
mains les plus impertinentes<br />
du piano classique, seront en<br />
concert ce soir à Delémont<br />
avec l’Or<strong>ch</strong>estre de <strong>ch</strong>ambre<br />
de Bâle. Entretien avec Katia<br />
l’aînée, une artiste solaire.<br />
CATHERINE FAVRE<br />
Pour son trentième anniversaire,<br />
le Festival du<br />
Jura s’offre en cet arrièreété<br />
une sarabande d’événements<br />
musicaux, dont le concert<br />
de Marielle et Katia Labèque,<br />
ce soir à Delémont. Les<br />
sœurs aux pianos ailés joueront<br />
avec le Kammeror<strong>ch</strong>ester de<br />
Bâle sous la direction du <strong>ch</strong>ef<br />
Giovanni Antonini. «Un tel concert<br />
dans un gros village comme<br />
le nôtre, c’est pas mal, non?», jubile<br />
le big boss du festival, Georges<br />
Zaugg. Oui, pas mal!<br />
Pianistes virtuoses à l’âge où<br />
les autres enfants jouent dans<br />
leur bac à sable, sollicitées par les<br />
or<strong>ch</strong>estres les plus prestigieux,<br />
les deux concertistes ont traversé<br />
avec grâce trente ans d’une carrière<br />
internationale éblouissante.<br />
Et toujours la même passion<br />
pour la musique, toutes les musiques:<br />
contemporain, classique,<br />
baroque, jazz ou pop, aucun répertoire<br />
ne leur résiste. Elles ont<br />
joué Mendelssohn avec le Philharmonique<br />
de Berlin devant<br />
30 000 personnes; accompagné<br />
Gérard Depardieu déclamant<br />
«Le carnaval des animaux», revisité<br />
la musique flamenco...<br />
Katia l’aînée, la tritureuse<br />
d’harmonies en constante re<strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>e<br />
artistique, nous a accordé<br />
un entretien téléphonique<br />
peu avant sa venue dans le Jura.<br />
«Un jour sans apprendre est un<br />
jour de perdu!» Vous avez fait<br />
votre la philosophie de Miles<br />
Davis avec qui vous avez<br />
travaillé...<br />
Bioexpress<br />
● Premières gammes Nées en 1950 (Katia) et 1952 (Marielle) à Bayonne, les sœurs Labèque eurent pour premier<br />
professeur leur mère, la pianiste Ada Cec<strong>ch</strong>i. De nationalité franco-italienne, elles vivent aujourd’hui à Rome.<br />
● Premier triomphe Le «Rhapsody in Blue» de Gershwin, premier disque d’Or de la musique classique.<br />
● Actu <strong>2007</strong> Tout Ravel en CD (KML 1111), dont une version du «Bolero» marié à des percussions basques.<br />
● Répertoire De Mozart à Boulez, en passant par le jazz, le ragtime, voire le rock et la variété.<br />
● KML Enseigne à leurs initiales de leur propre maison de disques et d’une fondation créée dans la volonté d’aider<br />
les jeunes artistes, d’initier des projets novateurs et de développer le répertoire pour deux pianos.<br />
FESTIVAL DU JURA<br />
Katia Labèque, une pianiste<br />
aventurière des sons<br />
LABÈQUE Katia l’espiègle extravertie (à gau<strong>ch</strong>e) et Marielle plus effacée, complices depuis toujours. (SP)<br />
C’est tellement vrai! Après<br />
trente ans de carrière, je me sens<br />
toujours comme une élève devant<br />
l’immensité musicale. J’apprends<br />
sans cesse, en particulier<br />
au contact de jeunes musiciens.<br />
C’est un partage de mondes<br />
musicaux différents: classique,<br />
rock, pop... tous les genres s’enri<strong>ch</strong>issent<br />
mutuellement.<br />
Ah bon? Vos pairs n’auraientils<br />
pas plutôt tendance à<br />
proclamer que la musique<br />
s’arrête à Mozart?<br />
C’est la plus belle musique du<br />
monde, mais il ne faut pas l’enfermer<br />
dans les jardins d’une<br />
prison, d’un musée. Nous, les<br />
interprètes, sommes un peu<br />
comme des dictionnaires, nous<br />
devons adapter la langue d’il y a<br />
300 ans à celle d’aujourd’hui.<br />
De là à qualifier la musique<br />
des Beatles de «toujours<br />
révolutionnaire» comme vous<br />
le faites, c’est un peu exagéré,<br />
non?<br />
Ils ont inventé tellement de<br />
<strong>ch</strong>oses! Cet été, avec mon<br />
groupe de rock, j’ai joué les<br />
Beatles en concert. Mais ce qui<br />
m’intéresse, c’est de retravailler<br />
leur musique avec les moyens<br />
d’aujourd’hui. Le résultat ne<br />
plaît pas à tout le monde. Certains<br />
critiques ont adoré et ont<br />
comparé mon travail à Frank<br />
Zappa, c’est un immense compliment.<br />
D’autres n’ont pas<br />
aimé et ont écrit que je détruisais<br />
la musique des Beatles<br />
comme Jimmi Hendrix a détruit<br />
l’hymne américain. Ce qui<br />
est peut-être un plus grand<br />
compliment encore.<br />
C’est quoi le secret de la<br />
réussite... d’une vie réussie?<br />
La passion et pouvoir travailler<br />
avec les gens qu’on aime.<br />
Je n’ai jamais rien prémédité.<br />
La musique c’est mon amour,<br />
pas un business...<br />
... oui, oui, mais un business<br />
aussi?<br />
Bien sûr et ça m’émerveille<br />
toujours. C’est pourquoi je réinvestis<br />
cet argent dans notre<br />
fondation pour aider de jeunes<br />
artistes et produire des<br />
projets qui ne sont pas encore<br />
acceptés dans le monde du<br />
classique, par exemple la<br />
création mêlant musique et<br />
vidéo. Nous aimerions aussi<br />
créer une bibliothèque de CD<br />
pour les jeunes générations,<br />
un patrimoine du piano à<br />
quatre mains, encore mal<br />
connu...<br />
Et vous connaissez le Jura?<br />
J’avoue que non. Je ne suis<br />
pas très «montagne» étant née<br />
au Pays basque. Mais je me réjouis<br />
beaucoup. J’adore l’Or<strong>ch</strong>estre<br />
de Bâle avec qui nous<br />
avons déjà travaillé, il y a une<br />
immense écoute mutuelle, un<br />
enthousiasme formidable. Et<br />
Giovanni Antonini est un <strong>ch</strong>ef<br />
merveilleux, révolutionnaire de<br />
par son appro<strong>ch</strong>e de la musique<br />
classique. /CFA<br />
Delémont, samedi à 20h30, Halle des<br />
expositions; avec le Kammeror<strong>ch</strong>ester<br />
Basel sous la dir. de G. Antonini. Rés.:<br />
Fournier Musique Delémont,<br />
tél. 032 422 51 47. Programme complet<br />
du festival: www.festivaldujura.<strong>ch</strong><br />
ESPACE<br />
Le Japon part lui aussi à la conquête de la Lune<br />
Le Japon a lancé avec succès,<br />
hier, une fusée transportant<br />
une sonde d’observation<br />
de la Lune. Ce tir constitue<br />
une première étape du plus<br />
ambitieux programme lunaire<br />
depuis la mission américaine<br />
Apollo en 1969.<br />
L’Agence japonaise d’exploration<br />
spatiale Jaxa est associée<br />
à Mitsubishi Heavy Industries<br />
(MHI), un groupe<br />
privé qui, pour la première<br />
fois, a conduit les opérations.<br />
Cette mission a pour objectif<br />
de mieux comprendre<br />
l’origine et l’évolution de la<br />
Lune à l’aide d’une quinzaine<br />
d’instruments de mesure.<br />
Kaguya (nom d’une princesse<br />
d’un conte traditionnel<br />
japonais) doit permettre de<br />
dresser une cartographie très<br />
précise de l’astre lunaire et<br />
de mieux connaître sa surface<br />
et ses cou<strong>ch</strong>es inférieures.<br />
Elle devra aussi étudier<br />
la répartition des minéraux<br />
ou autres éléments, évaluer<br />
les phénomènes magnétiques<br />
et s’intéresser au comportement<br />
des particules<br />
énergétiques et plasmas.<br />
La mission, qui a coûté<br />
BON VOYAGE! La fusée s’est élevée à partir d’un lanceur désormais<br />
privatisé. (KEYSTONE)<br />
«Mozart, c’est<br />
la plus belle<br />
musique<br />
du monde, mais<br />
il ne faut pas<br />
l’enfermer<br />
dans les jardins<br />
d’une prison,<br />
d’un musée»<br />
Katia Labèque<br />
570 millions de francs, doit<br />
durer un an. Ses préparatifs<br />
ont toutefois été plus longs<br />
que prévu, ce qui a permis<br />
entre-temps à la Chine et à<br />
l’Inde de mettre au point<br />
leurs propres missions d’exploration<br />
lunaire, lesquelles<br />
devraient aboutir respectivement<br />
dans les pro<strong>ch</strong>aines semaines<br />
et en 2008. Le Japon<br />
s’enorgueillit néanmoins<br />
d’avoir pris une longueur<br />
d’avance. Son rêve: construire<br />
une base humaine internationale<br />
sur la Lune.<br />
/ats-afp<br />
AGASSIZHORN<br />
Berne<br />
botte<br />
en tou<strong>ch</strong>e<br />
LOUIS AGASSIZ Le Conseil fédéral<br />
refuse de condamner toute l’œuvre<br />
du Neu<strong>ch</strong>âtelois controversé. (SP)<br />
Les Alpes suisses continueront<br />
à comporter un pic portant<br />
le nom du géologue et<br />
zoologue Louis Agassiz (1807-<br />
1873). S’il condamne les opinions<br />
du Neu<strong>ch</strong>âtelois, le Conseil<br />
fédéral ne voit pas de raison<br />
de rebaptiser le site.<br />
Dans une interpellation, le<br />
conseiller national Carlo Sommaruga<br />
(PS /GE) demande au<br />
gouvernement s’il est prêt à renommer<br />
l’Agassizhorn, à la<br />
frontière entre le Haut-Valais<br />
et l’Oberland bernois, en<br />
Rentyhorn, du nom de l’esclave<br />
noir de Caroline du Sud<br />
que Louis Agassiz avait fait<br />
prendre en photo comme<br />
preuve «scientifique» de l’infériorité<br />
de la «race noire».<br />
S’il condamne les opinions<br />
racistes de Louis Agassiz, le<br />
Conseil fédéral, dans sa réponse<br />
publiée hier, estime que<br />
cet examen critique ne saurait<br />
aboutir à la condamnation<br />
posthume de toute l’œuvre du<br />
scientifique. L’Agassizhorn a<br />
été baptisé pour rendre hommage<br />
à un pionnier de la re<strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>e<br />
sur les Alpes et «il n’y<br />
a pas lieu de modifier» cette<br />
dénomination.<br />
La Confédération n’a pas<br />
compétence pour baptiser ou<br />
rebaptiser des sommets ou<br />
d’autres sites géographiques,<br />
ajoute le gouvernement. Le<br />
fait qu’il ait baptisé lui-même<br />
la pointe Dufour en 1863<br />
n’était qu’une exception. Et de<br />
passer la patate <strong>ch</strong>aude aux<br />
cantons et communes concernées:<br />
Fies<strong>ch</strong>tal (VS), Grindelwald<br />
(BE) et Guttannen (BE)...<br />
/ats<br />
En bref<br />
■ ÉCOLES<br />
Une plate-forme<br />
de promotion<br />
L’éducation suisse a désormais<br />
une nouvelle vitrine à l’étranger.<br />
La Swiss Learning International<br />
Platform fait la promotion des<br />
écoles suisses dans le monde.<br />
Elle regroupe treize écoles<br />
privées, dont neuf romandes, des<br />
Universités (dont Genève,<br />
Lausanne, Fribourg, Neu<strong>ch</strong>âtel et<br />
Berne), ainsi que l’EPFL, l’EPFZ et<br />
des HES. /ats<br />
■ CÂBLO-OPÉRATEURS<br />
Feu vert à<br />
un seul décodeur<br />
Obliger Cablecom à autoriser<br />
d’autres décodeurs que les siens<br />
pour son offre numérique aurait<br />
des désavantages te<strong>ch</strong>niques et<br />
ren<strong>ch</strong>érirait les prix. Fort de ce<br />
constat, le Conseil fédéral refuse<br />
pour l’instant de légiférer sur la<br />
question. /ats
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