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tique du marché numérique… Rien n’a changé depuis <strong>le</strong> MP3 !<br />
Quelques acteurs internationaux se partagent la production ou la<br />
diffusion, augmentant <strong>le</strong>s coûts d’entrée. Pas étonnant que <strong>le</strong> marché<br />
s’étio<strong>le</strong>. D’ici 2015, <strong>le</strong> Syndicat National de l’Edition Phonographique<br />
prévoit une nouvel<strong>le</strong> baisse des ventes de disques.”<br />
Car par “arrogance”, Virginie Berger n’entend pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s<br />
choix effectués, mais bien l’attitude : “Assumez ce que vous êtes.<br />
Vous vendez de la musique, vous gagnez de l’argent sur la musique,<br />
vous êtes donc des marchands de tapis. Ce n’est pas péjoratif : juste<br />
la réalité.” Il est vrai qu’au-delà des “concepts marketing” faits<br />
d’anglicismes, <strong>le</strong> milieu doit déjà faire face à une réputation détestab<strong>le</strong><br />
et malmenée, par exemp<strong>le</strong>, par <strong>le</strong> salaire à six chiffres de<br />
Pascal Nègre (Universal Music) ou des déclarations comme cel<strong>le</strong><br />
de Christophe Lameignère (ex-Sony) comparant <strong>le</strong>s pirates avec des<br />
collabos… Pas très diffici<strong>le</strong> de comprendre pourquoi <strong>le</strong> piratage de<br />
titres devient pour certains une revanche légitime sur une industrie<br />
adepte de la manipulation de fou<strong>le</strong> depuis cinquante ans.<br />
Faut-il pour autant tuer ces géants industriels ? Pour Jean-Noël<br />
Bigotti, responsab<strong>le</strong> des éditions à l’Irma (centre de ressources des<br />
musiques actuel<strong>le</strong>s), il faut modérer cette pulsion populiste qui<br />
voudrait nous faire croire que <strong>le</strong> problème est aussi manichéen :<br />
“Ce que j’en vois par rapport aux groupes émergents, c’est qu’ils<br />
utilisent <strong>le</strong>s outils numériques. Tous, mais pas forcément bien, en<br />
dépit de la qualité de <strong>le</strong>ur musique. Ce qui renvoie sur la nécessité<br />
“Vous gagnez de l’argent<br />
sur la musique,<br />
vous êtes donc des<br />
marchands de tapis.”<br />
d’avoir des personnes en capacité de faire correctement de la<br />
promotion (contrats, deals de distribution et d’édition…). Le risque<br />
dans la promo à tout crin, c’est de ne pas pouvoir gérer un début<br />
de réussite, parce que l’on a super bien promu son œuvre sans prendre<br />
en compte <strong>le</strong>s étapes à suivre pour développer sa carrière<br />
d’artiste et la disponibilité du catalogue. Et ça c’est un boulot de<br />
manager et de maison de disques…”<br />
Et si, depuis <strong>le</strong> début, <strong>le</strong> pouvoir était fina<strong>le</strong>ment entre nos mains ?<br />
Revenir à un mode de consommation allant directement du producteur<br />
au consommateur ? La solution existe déjà avec des distributeurs<br />
“indés” comme par exemp<strong>le</strong> Qobuzz et Starzik ou bien encore<br />
des plateformes régiona<strong>le</strong>s comme la Fraca-ma et CD1D (qui regroupent<br />
188 labels). Soit, un travail de fond, faisant <strong>le</strong> tour des<br />
marchés, des enseignes de proximité, tandis que d’autres avares<br />
montent des fast-foods de la musique, s’y gavent et se plaignent<br />
d’en être devenus obèses et mal-aimés. En conclusion, <strong>le</strong>s maisons<br />
de disques ont, certes, une responsabilité dans la situation<br />
actuel<strong>le</strong>, salopant un Art en va<strong>le</strong>ur marchande, mais tout autant que<br />
l’auditeur lui-même.<br />
“La vraie grande crise du disque est surtout cel<strong>le</strong> de la passion et<br />
des convictions perdues”, résume Patricia Bonnetaud. Vous savez<br />
ce qu’il vous reste à faire…<br />
Texte : Samuel Degasne - Illustration : Shake Studio<br />
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