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D.R.<br />
FAMILHA ARTÚS<br />
8<br />
on Y TienT<br />
Ils auraient pu tranquil<strong>le</strong>ment rester dans <strong>le</strong><br />
monde du néo-trad qui, mine de rien, nourrit<br />
bien son homme sans lui faire faire n’importe<br />
quoi. A l’époque du premier album qui naviguait dans<br />
cette tendance, “il y a dix ans, on était amateur, mais on<br />
avait pas mal de dates. Alors que maintenant, on est hyper<br />
pros, mais on a jamais eu aussi peu d’argent.” C’est que<br />
l’évolution de Familha Artús a laissé peu de place au<br />
consensus : “Comme on est d’une culture menacée, il y a<br />
un rapport d’urgence. C’est dans <strong>le</strong> conflit que naissent<br />
<strong>le</strong>s formes <strong>le</strong>s plus épidermiques.” Dès Orb en 2007, ça<br />
gratouillait sec <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s : il demeurait une base trad,<br />
notamment dans l’utilisation d’instruments dits anciens<br />
(viel<strong>le</strong> à roue, cornemuse landaise), mais musica<strong>le</strong>ment,<br />
on glissait vers une é<strong>le</strong>ctro très ciselée qui menait à un<br />
carrefour, une frontière. El<strong>le</strong> est franchie avec Drac qui<br />
glisse vers des formes plus brutes et envahit <strong>le</strong> territoire<br />
rock, radicalise un son qui devient saturé, tortueux. La<br />
recherche musica<strong>le</strong> est là, patente et assumée, portée par<br />
<strong>le</strong>ur travail parallè<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s musiques improvisées : “Au<br />
moins, comme ça, on est à l’abri du succès” s’amuse<br />
Thomas Baudouin, porte-paro<strong>le</strong> de ces cinq Béarnais qui<br />
chantent dans <strong>le</strong>ur langue. Tout en reconnaissant que la<br />
voie qu’ils ont choisie est étroite : défendre une culture<br />
qui n’est pas aussi hype que <strong>le</strong> Basque ou <strong>le</strong> Breton, en la<br />
portant sur une musique déconcertante, qui met du temps<br />
à se révé<strong>le</strong>r. Mais “soit on fait une musique standardisée,<br />
soit on s’organise pour résister.” Et la résistance prend<br />
forme. A titre personnel, en créant Pagans, <strong>le</strong>ur label car<br />
“on doit être <strong>le</strong> plus autonome possib<strong>le</strong>”, même si pour<br />
Drac, ils sont éga<strong>le</strong>ment associés à Folklore de la Zone<br />
Mondia<strong>le</strong>, la maison des Bérus. Et à titre culturel en<br />
fondant <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif Ça-i qui devait juste être un organisme<br />
de mutualisation et a fini par se transformer en outil<br />
culturel de diffusion artistique des expressions<br />
gasconnes : “Pendant très longtemps, on n’était qu’un<br />
projet artistique. On ne revendique rien, nos paro<strong>le</strong>s sont<br />
issues de la tradition. Mais ça devenait schizophrène de<br />
chanter en gascon sans rien dire d’autre. Aujourd’hui, on<br />
assume : nous jouons ce que nous sommes.”<br />
Jean Luc Eluard<br />
“Drac” - Pagans / FZM / Coop Breizh<br />
familha.artus.free.fr