You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
UN MATIN, IL S’EST LEVÉ AVEC<br />
L’ENVIE DE HURLER SES COLÈRES<br />
ET DE DÉNONCER LES SALOPERIES<br />
DU MONDE. RÉSULTAT : UN ALBUM<br />
HIP HOP DÉROUTANT, À LA FOIS<br />
PARENTHÈSE DANS SON PARCOURS<br />
ET RETOUR AUX SOURCES, LOIN<br />
DE L’ONIRISME MÉTISSÉ DE SES<br />
PRÉCÉDENTS DISQUES. UN<br />
HOMMAGE COURROUCÉ À LA<br />
LIBERTÉ D’EXPRESSION.<br />
AUTOPORTRAIT DE SYRANO<br />
Syrano<br />
ATTENTION, HOMME LIBRE !<br />
Durs, bruts, argotiques : ces quinze titres frappent comme un coup de poing<br />
au sternum. Il ne nous avait pas habitués à cela, Syrano. Alchimiste des métaphores,<br />
il semait des vers à la Tim Burton, sublimait <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs passées<br />
et présentes en claquant ses rimes oniriques. Les dou<strong>le</strong>urs sont toujours là. Mais<br />
el<strong>le</strong>s ont quitté la sphère de l’intime pour rejoindre la place publique. Lassé du politiquement<br />
correct, <strong>le</strong> musicien a décidé, <strong>le</strong> temps d’un album, de mettre sa sensibilité<br />
d’écorché au service de la liberté d’expression. Il dénonce tour à tour <strong>le</strong>s<br />
démagos, <strong>le</strong> sexisme, l’arrogance des politiques et surtout, la censure. Le résultat,<br />
oscillant entre nihilisme, sincérité et colère, ne laissera personne indifférent. Ceux<br />
qui aimaient Syrano pour ses mélopées tristes et imagées seront désarçonnés. Ceux<br />
qui, comme lui, sont écœurés par <strong>le</strong> baratin bien-pensant dont on nous gave prendront<br />
<strong>le</strong>ur pied. Rencontre.<br />
POURQUOI CET ALBUM COUP DE GUEULE ?<br />
A l’origine, il est né pour dénoncer une censure. L’année dernière, un festival a annulé<br />
mon spectac<strong>le</strong> pour enfants car il évoquait <strong>le</strong>s sans-papiers et caricaturait gentiment<br />
Sarkozy. Les programmateurs ont eu peur de perdre <strong>le</strong>s subventions de la mairie<br />
UMP. La colère passée, je me suis dit que si un artiste aussi insignifiant que moi était<br />
interdit d’affiche, quelque chose allait vraiment très mal dans notre pays. Alors j’ai<br />
pris ma plume. Mais pour éviter <strong>le</strong> cliché de l’artiste maudit, je ne me suis pas limité<br />
à cette censure. J’ai élargi ma démarche et exploré<br />
tous <strong>le</strong>s sujets qui me révoltent. Cet album<br />
est un réceptac<strong>le</strong> à colère.<br />
16<br />
DANS QUELLE MESURE LE TRAVAIL D’ÉCRITURE A-T-IL ÉTÉ<br />
DIFFÉRENT DE CELUI POUR TES PRÉCÉDENTS DISQUES ?<br />
D’habitude, j’intel<strong>le</strong>ctualise à l’extrême. J’habil<strong>le</strong><br />
mon propos de métaphores souvent liées<br />
à l’enfance, pour dessiner des fab<strong>le</strong>s. Mais pas<br />
cette fois. J’ai écrit <strong>le</strong>s morceaux d’une traite,<br />
comme un coup de sang. Je me<br />
suis interdit de trop y revenir<br />
pour qu’ils conservent ce côté<br />
brut et sanguin. On a enregistré<br />
<strong>le</strong> tout en deux semaines, j’ai<br />
conçu <strong>le</strong>s illustrations dans la<br />
foulée, et voilà.<br />
TU AS DÉLAISSÉ LA CHANSON POUR LE<br />
RAP. CE GENRE EST-IL MIEUX ADAPTÉ<br />
À LA COLÈRE DE TON PROPOS ?<br />
Oui. D’abord, parce que <strong>le</strong> registre<br />
de vocabulaire est plus cohérent<br />
avec ma démarche. J’ai<br />
posé l’ellipse pour garder <strong>le</strong><br />
“par<strong>le</strong>r” de tous <strong>le</strong>s jours, celui<br />
des mots du rap, plus viscéraux<br />
et écorchés. Mais cela s’est fait<br />
de façon très spontanée. On<br />
l’oublie souvent, mais je viens<br />
du hip hop, ce sont mes racines.<br />
Cet album est aussi un retour<br />
aux sources.