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le temps de Purcell, Jean-Sébastien Bach, Domenico Scarlatti

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façon généra<strong>le</strong>, pour toutes <strong>le</strong>s personnes « indignes » 23 . Autrement dit, <strong>le</strong>s Communes ne<br />

représentaient qu’une petite minorité du peup<strong>le</strong> anglais, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s possédants. De plus, la<br />

répartition <strong>de</strong>s sièges, fixée <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> Moyen Âge, était un scanda<strong>le</strong> permanent car on ne tenait<br />

aucun compte <strong>de</strong>s réalités historiques et démographiques. Les rotten boroughs (bourgs pourris),<br />

par exemp<strong>le</strong>, finissaient par faire la joie <strong>de</strong>s caricaturistes ; <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux plus célèbres étaient <strong>le</strong> bourg<br />

d’Old Sarum, composé <strong>de</strong> cinq maisons, mais qui élisait <strong>de</strong>ux députés (<strong>le</strong> premier Pitt fut l’un<br />

d’eux !), et celui <strong>de</strong> Dunwich, englouti par la mer, mais qui élisait pourtant un député ! On votait<br />

souvent à main <strong>le</strong>vée ou par écrit, en indiquant son nom, ce qui favorisait la corruption. En fait,<br />

l’é<strong>le</strong>ction était due à l’argent, et bien <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s s’approprièrent ainsi <strong>de</strong>s sièges, d’où la<br />

réé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong>s sortants et la constitution <strong>de</strong> véritab<strong>le</strong>s dynasties <strong>de</strong> députés. Voilà <strong>le</strong> libéralisme<br />

anglais du XVIII e sièc<strong>le</strong> !<br />

En 1716, par <strong>le</strong> Septennial Act (<strong>le</strong> mot act désigne la loi proprement dite, mais aussi un<br />

édit), la durée d’un Par<strong>le</strong>ment fut portée <strong>de</strong> trois à sept ans maximum 24 . Si <strong>le</strong> roi ne peut, en<br />

théorie, s’opposer à une loi votée par <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment, il a en réalité <strong>de</strong> nombreux moyens dilatoires<br />

et peut parfaitement dissoudre <strong>le</strong>s Communes et faire procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions. Pourtant,<br />

malgré ses imperfections, ce système permettait un contrô<strong>le</strong> unique au mon<strong>de</strong> : vote du budget,<br />

autorisation <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s impôts, vote <strong>de</strong>s lois et autorisation <strong>de</strong> <strong>le</strong>ver une armée.<br />

Quant au pouvoir judiciaire, reposant sur une organisation comp<strong>le</strong>xe et fondée sur <strong>de</strong><br />

longues traditions, il offrait certes <strong>de</strong> nombreux inconvénients, comme partout ail<strong>le</strong>urs à l’époque<br />

(justice <strong>de</strong> classe, abus, pratique <strong>de</strong>s épices...), mais il assurait <strong>de</strong> réel<strong>le</strong>s garanties d’autant plus<br />

que l’indépendance <strong>de</strong>s juges était assurée par <strong>le</strong>ur inamovibilité, et Georges III, pourtant très<br />

autoritaire, renonça, à son avènement en 1760, au droit <strong>de</strong> la couronne <strong>de</strong> changer <strong>le</strong>s sièges<br />

judiciaires au début d’un règne.<br />

L’avance politique <strong>de</strong> l’Ang<strong>le</strong>terre se marquait enfin par l’existence d’une véritab<strong>le</strong> classe<br />

é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> qui a donné naissance aux premiers partis politiques : <strong>le</strong>s Whigs et <strong>le</strong>s Tories. Les<br />

Whigs, <strong>le</strong>s futurs libéraux, partisans <strong>de</strong> la prérogative du Par<strong>le</strong>ment, représentaient la nouvel<strong>le</strong><br />

puissance économique ; en faisaient partie d’anciens militaires, <strong>le</strong>s députés <strong>de</strong>s bourgs, <strong>le</strong>s<br />

protestants dissi<strong>de</strong>nts et <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong>s professions libéra<strong>le</strong>s. Les Tories, <strong>le</strong>s futurs<br />

conservateurs, défendaient la prérogative roya<strong>le</strong> ; c’étaient <strong>le</strong>s partisans <strong>de</strong> l’ordre, d’une façon<br />

généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s farouches anglicans et la plupart <strong>de</strong>s propriétaires terriens. Toute la classe politique<br />

n’entrait évi<strong>de</strong>mment pas dans ces <strong>de</strong>ux mou<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong>s clans, chapel<strong>le</strong>s ou coteries étaient fort<br />

nombreux. Mais déjà se <strong>de</strong>ssinaient <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux futurs grands partis. La vie politique se poursuivait<br />

dans <strong>le</strong>s clubs dont <strong>le</strong> premier, <strong>le</strong> White’s, club tory, fut fondé à Londres en 1736. L’opinion se<br />

formait aussi dans <strong>le</strong>s nombreux journaux qui se multipliaient alors malgré un fort droit <strong>de</strong> timbre<br />

(Stamp Act <strong>de</strong> 1712) qui <strong>le</strong>s rendait chers à l’achat ; on <strong>le</strong>s lisait dans <strong>le</strong>s clubs.<br />

23 Char<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Secondat, baron <strong>de</strong> la Brè<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Montesquieu, n’échappa pas à la règ<strong>le</strong> ; il écrivit en 1748, dans<br />

l’Esprit <strong>de</strong>s lois : « Il faudrait que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> en corps eût la puissance législative mais comme cela est impossib<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong>s grands États, il faut que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> fasse par ses représentants tout ce qu’il ne peut faire par lui-même ; eux<br />

seuls sont capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> discuter <strong>le</strong>s affaires ; <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> n’y est point du tout propre ». Seul Rousseau osa affirmer <strong>le</strong><br />

contraire, fondant ainsi la souveraineté populaire : « Le peup<strong>le</strong> soumis aux lois en doit être l’auteur » (Le Contrat<br />

social, 1762) ; mais <strong>le</strong> « peup<strong>le</strong> » <strong>de</strong> Rousseau est en fait limité à <strong>de</strong>s individus vertueux et capab<strong>le</strong>s... Notre première<br />

constitution, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> 1791, réservait <strong>le</strong> droit <strong>de</strong> vote aux seuls citoyens « actifs »...<br />

24 Cette loi ne fut modifiée qu’en 1911, la durée d’un Par<strong>le</strong>ment étant alors réduite à cinq ans, ce qui est toujours en<br />

vigueur.<br />

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