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CASPAR Joseph : Un rescapé de la baraque 22 ... - Malgré-Nous

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Puis, fin octobre, nous avons pris p<strong>la</strong>ce à bord <strong>de</strong> wagons cellu<strong>la</strong>ires. Au milieu se trouvait un<br />

grand trou pour faire nos besoins. Il y avait un long couloir où se tenait une sentinelle et <strong>de</strong>s<br />

cellules où l’on ne pouvait se tenir <strong>de</strong>bout. J’étais couché près du trou et c’est pour ça que j’ai<br />

attrapé une pleurésie et que j’ai eu les pieds à moitié gelés.<br />

Nos vêtements se limitaient à <strong>de</strong>s manteaux russes, un pantalon (sans caleçons), <strong>de</strong>s chiffons<br />

en guise <strong>de</strong> chaussettes (Schuhlumpe) et <strong>de</strong> vieilles chaussures trouées. Les Russes nous<br />

avaient pris nos uniformes et n’hésitaient pas à porter <strong>de</strong>s vestes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Wehrmacht.<br />

De <strong>la</strong> <strong>baraque</strong> <strong>22</strong> <strong>de</strong> Tambov à l’hôpital <strong>de</strong> Kirsanov<br />

J’étais comme mort lorsque je suis arrivé à Tambov, le 13 décembre 1943. J’étais tellement<br />

ma<strong>la</strong><strong>de</strong> que je n’ai pas vu <strong>la</strong> gare <strong>de</strong> Rada. Au camp, je grelottais comme tout. Je n’ai pas<br />

résisté au passage à l’épouil<strong>la</strong>ge, à <strong>la</strong> Sauna et à <strong>la</strong> douche à peine chau<strong>de</strong>. Je ne sais pas<br />

quand ils m’ont mis dans <strong>la</strong> <strong>baraque</strong> <strong>22</strong>, <strong>la</strong> <strong>baraque</strong> où l’on entassait les prisonniers morts en<br />

attendant <strong>de</strong> les enterrer. Je ne l’ai appris que par <strong>la</strong> suite et c’est un miracle qu’on m’en ait<br />

sorti. C’est grâce à un nommé Constant Litzelmann, <strong>de</strong> Lupstein. Il faisait partie du groupe<br />

qui ramenait les morts dans cette <strong>baraque</strong>. Il m’a reconnu à mes cheveux : j’étais roux à<br />

l’époque et j’étais donc connu dans notre région. Ce n’était pas un copain, mais il me<br />

connaissait. C’est lui qui a remarqué que je respirais toujours ! Il m’a alors sorti <strong>de</strong> là avec ses<br />

camara<strong>de</strong>s et m’a installé dans une <strong>baraque</strong> normale. Et je me suis finalement remis, j’ai<br />

retrouvé <strong>la</strong> vie.<br />

J’ai sans doute été soigné. En fait, j’étais tellement ma<strong>la</strong><strong>de</strong> que je ne sais plus comment je<br />

suis arrivé à Kirsanov, cet hôpital où je <strong>de</strong>vais passer un total <strong>de</strong> 16 mois <strong>de</strong> ma captivité<br />

(mais pas en continu, car j’y suis allé à chaque fois que je rechutais). J’ai côtoyé <strong>de</strong><br />

nombreuses nationalités dans cet endroit.<br />

La première fois qu’on m’a cru guéri, on m’a renvoyé au camp <strong>de</strong> Tambov, mais j’avais<br />

toujours ma pleurésie. Et <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième fois que j’étais à Kirsanov, j’y avais <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>ria, <strong>la</strong> galle<br />

et <strong>la</strong> dysenterie.<br />

Je suis retourné à Tambov pour le départ <strong>de</strong>s 1500 en juillet 1944. Comme j’étais alors en<br />

bonne forme, je m’étais porté volontaire pour partir et ce<strong>la</strong> avait été accepté ar les Russes.<br />

Malheureusement, je suis tombé dans les pommes en cours <strong>de</strong> route et je n’ai pas pu partir<br />

avec eux ! Les Russes auraient pu m’achever sur p<strong>la</strong>ce et m’enterrer au bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, mais<br />

non : ils m’ont conduit pour <strong>la</strong> troisième fois à Kirsanov et j’ai ressuscité une nouvelle fois.<br />

Lorsque j’étais bien ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, un souvenir m’est resté. Après m’avoir ausculté, un mé<strong>de</strong>cin<br />

hongrois m’a dit : « Vous avez un bon cœur, vous allez vivre encore très longtemps ». Il ne<br />

s’est pas trompé !<br />

Comme médicament, je ne recevais que <strong>de</strong> <strong>la</strong> bel<strong>la</strong>done à Kirsanov.<br />

C’est à partir <strong>de</strong> là que j’ai vraiment commencé à guérir. J’avais fait <strong>la</strong> connaissance d’un<br />

cuisinier italien. On avait sympathisé et il m’avait dit : « Avec moi, tu ne mourras pas ». Tous<br />

les soirs, à ses risques et périls, il me donnait <strong>de</strong> <strong>la</strong> Kacha, une sorte <strong>de</strong> purée qui avait été<br />

préparée pour le len<strong>de</strong>main dans une boîte <strong>de</strong> conserve <strong>de</strong> 2 à 3 litres. Grâce à cette nourriture<br />

supplémentaire, j’ai progressivement repris <strong>de</strong>s forces. Quel bonheur le jour où j’ai pu me<br />

soulever sur mes bras pour m’installer sur le réservoir du système <strong>de</strong> chauffage d’eau. J’ai<br />

remercié Dieu <strong>de</strong> m’avoir rendu ces forces.

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