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Expérience de l'association MALAVAL
pour la protection et l'étude du patrimoine
naturel du Causse des Bondons (Lozère).
Philippe GUILLEMIN
59160 Montmorency
ph.guillemin@9online.fr
Avec le concours de :
Daniel André, Michel Bouthors et Jacques Cattin.
Présentation générale de la cavité et du Causse des Bondons
Le petit Causse des Bondons est situé au pied
des premiers contreforts du Mont Lozère à
plus de 1000 mètres d’altitude. Caractérisé
par ses deux Puechs, montagnes témoin d’une
érosion particulière, on trouve sur ce site une
très forte concentration de menhirs et même
une carrière de menhirs découverte en 2001 à
la faveur d’une prospection de surface.
Le système de Malaval (rivière souterraine et captage de l’eau)
La rivière souterraine de Malaval traverse le Causse du Nord
au Sud et le cours d’eau souterrain suit une grosse faille ; les
autres cavités connues du Causse suivent cet axe Nord-Sud.
Les pertes sont situées dans une zone de tourbières et l’eau
est partiellement filtrée.
Elle est captée par un barrage artificiel avant sa résurgence
pour alimenter le village de Malaval en eau potable.
Une attention toute particulière est portée pour que l’eau ne
soit pas souillée par l’exploration de la cavité bien que les
causes éventuelles de pollution soient plus liées aux activités
économiques de la surface.
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Les entrées de Malaval
L’accès à la cavité peut actuellement se faire par l’entrée
« naturelle » située au-dessus du captage, et au milieu du réseau
par un puits de mine.
Ce dernier est maintenant fermé pour éviter les intrusions
sauvages.
Une porte à l’intérieur même du réseau a été installée pour
protéger les belles galeries de la cavité.
La pollution dans Malaval (carbure, poutres, concrétions salies, concrétions cassées)
Pour celui qui parcourt la rivière de Malaval, il
trouvera encore de nombreuses traces argileuses de
salissures et des tas de carbure témoins d’une forte
fréquentation spéléologique, il y a encore une
vingtaine d’années.
Mais la plus grande pollution laissée par les hommes
revient au Bureau des recherches géologiques et
minières (B.R.G.M.) qui, en 1958, descendit dans la
cavité des kilomètres de poutres et de planches
laissées sur place après leur exploration géologique.
La plupart des concrétions cassées ou même sciées à
un endroit de la cavité datent de cette époque.
Aujourd’hui, une prise de conscience a été effectuée
et un des grands défis de l’association Malaval est de
remettre en état cette cavité par du nettoyage et la
mise en place d’équipements.
Une association pour quoi faire (dépollution, protection, exploration, études
scientifiques, actions tournées vers le public)
L’association Malaval est une association créée dans le but de faciliter la restauration,
la protection, la préservation et l’étude scientifique de la cavité et de tout le système
souterrain du Causse des Bondons.
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Elle rassemble des spéléologues motivés par des objectifs multiples :
• Un travail de réhabilitation de la cavité qui a souffert dans ses parties actives
par les installations laissées en place par le B.R.G.M. (dépollution).
• La mise en place d’une structure destinée à protéger la cavité des incursions non
autorisées et parallèlement, l’élaboration d’un règlement favorisant l’accueil de
spéléologues prêts à s’investir d’une manière ou d’une autre dans les actions
proposées par le bureau de l’association.
• La mise en place d’un équipement facilitant l’accès à certains secteurs de manière
à ne pas salir le milieu (la difficulté dans Malaval est la présence d’argile à
proximité des secteurs extrêmement blancs).
• Le balisage de tous les secteurs sensibles, la mise en place de symboles destinés
à informer les spéléologues de la conduite à tenir dans certaines zones
extrêmement fragiles.
• De nouveaux relevés topographiques de précision (au 1/200 ème ) de la cavité et des
autres grottes du secteur.
• L’étude scientifique de la cavité dans tous ses aspects (ce qui occupera une bonne
décennie !) ; une synthèse des travaux sera présentée sous la forme d’un ouvrage
exhaustif et fort illustré.
• Son classement en Réserve Naturelle, sa mise en valeur par l’intégration du site à
une Maison des Bondons co-gérée par la Commune des Bondons, la DIREN
Languedoc-Roussillon et le Parc National des Cévennes.
topographie
balisage
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nettoyage
nettoyage - dépollution
La protection des secteurs concrétionnés (connus, découverts récemment,
à découvrir)
La spéléologie d’exploration, c’est à dire une investigation basée sur la topographie,
nous a permis de découvrir, en juillet 2000, puis en octobre 2001 de nouveaux secteurs.
En adoptant cette approche de la spéléologie, il est possible de mieux connaître la
cavité, de mieux la comprendre.
C’est bien ce type d’exploration-là qui devrait motiver les plus jeunes qui pourront y
trouver un autre but qu’une simple « promenade souterraine » ; par ailleurs, pratiquer la
spéléologie d’exploration favorise un réel travail d’équipe où chacun a sa place. Des
motivations communes sont partagées, et les découvertes ne sont pas vécues comme des
« exploits personnels » mais comme « le maillon qu’une équipe apporte » à l’association.
Ainsi, nous avons découvert la Galerie Chabaud en juillet 2000, au cours d’une
topographie et sa lecture indiquait la présence d’un grand chaos, des départs possibles …
Encouragés par les observations déjà faites par d’autres spéléologues de l’association,
les topographes ont cherché ; la topographie de tous les départs fut faite ; et l’un
d’entre nous, en escaladant vers les plafonds, a repéré une formidable trouée et un
plafond plat. Par manque de lumière, il dut rebrousser chemin (c’était au temps des
dudules !) ; le spéléologue qui engagea l’exploration fit une grosse erreur qui fut pour
nous l’origine d’une véritable remise en question : il s’engagea complètement subjugué au
début de la galerie archi-concrétionnée sans réaliser dans l’euphorie de la trouvaille que
c’était le résultat d’un travail d’équipe.
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Une fois le tir rectifié, nous avons alors « avancé » très délicatement tout en
topographiant au 1/200 ème
et en balisant (choix de passages, équipement
éventuel).
Evidemment, nous avons cheminé vêtus de
sous-combinaisons et sans les bottes (en
chaussons).
Pour franchir une superbe coulée blanche, nous
avions installé une bâche en plastique
(aujourd’hui retirée et remplacée par un
panneau qui indique qu’il faut franchir ce
passage « pieds nus » ; une brosse permet de
nettoyer la coulée en cas de salissure – eau à
proximité).
Plus nous avancions, plus les excentriques nous
frôlaient … en découvrant les fameuses
anémolithes,
il fallut se rendre à l’évidence : cette galerie,
une fois topographiée, inventoriée et étudiée,
devra être mise en réserve, et dès lors visitée
que fort rarement et toujours pour des raisons
valables, scientifiques entre autres.
galerie Chabaud
En fin 2000, un petit réseau est découvert ; il est aujourd’hui totalement topographié ;
mais les explorations n’en sont pour autant pas terminées.
Progressivement, nous remplaçons le balisage de départ par un balisage plus
« propre » ;
fil blanc discret, piquets en fibre de verre plantés dans le sol, fil fixé par des joints
toriques ; le tout, posé à 30 cm du sol en moyenne, est plutôt solide.
L’opération de mise en place a été assez longue ; la poursuite de ce travail est l’affaire
de tous.
Ailleurs, quelques marches métalliques, une vire, une échelle ont été posées de manière
à faciliter la progression. En effet, plus la progression sera facile, plus les visiteurs
feront attention, moins ils laisseront des traces de leur passage.
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En 2001, la Galerie Monique a été découverte :
de nombreux édifices cristallins y sont bleus !
C’est avec des combinaisons spéciales, en
chaussons et avec d’infinies précautions, que
nous nous engageons depuis lors dans cette
galerie immaculée …
Pensez donc ! Le sol est recouvert de coulées
bleues, des excentriques empêchent toute
progression à même le plancher ; ailleurs ce sont
des coupelles bleues qui jonchent le sol !
galerie Monique
Le site est plus que fragile, et sa seule issue
est là encore une mise en réserve dans le cadre
du classement qui est à l’étude (après inventaire
et étude scientifique).
La proposition d’une démarche pédagogique orientée vers une autre manière
de voir la spéléologie (charte)
En septembre 2002, nous avons accepté la venue d’une équipe d’Ushuaïa Nature dans la
cavité : cela nous a obligé à avancer à grands pas tant dans l’équipement de parties de la
cavité fréquemment parcourues, que dans des actions de protection : renforcement du
balisage, nettoyage de concrétions.
tournage pour Ushuaïa Nature
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En fait l’équipe de tournage a très bien joué le jeu et fut un exemple dans le respect
des règles qui leur furent dictées.
Nous espérons que le scénariste ne se contentera pas de « faire s’extasier » le père
Hulot devant des concrétions remarquables, mais qu’il donnera une explication
pédagogique sur le travail de protection entrepris ; plusieurs scènes de nettoyage de
concrétions et de balisage ont d’ailleurs été tournées en ce sens.
La venue d’Ushuaïa a été vécue par les membres de l’association comme un événement
important car la diffusion d’images de cette caverne servira à sensibiliser le Parc
national des Cévennes et d’autres organismes pourvoyeurs de subventions qui
permettront de financer les travaux de restauration, d’équipement et de protection de
la cavité.
De plus, nous estimons qu’il ne faut plus cacher au plus grand nombre ce qui existe de
fantastique dans les plus belles cavernes françaises, dont Malaval fait partie ; notre
politique est donc de permettre la divulgation d’images (films, diaporamas, etc.) tant
pour l’édification des spéléologues et des karstologues, que pour satisfaire à la simple
curiosité du plus grand nombre.
Ce faisant, il sera possible d’espérer en retour une plus grande considération de la part
des pouvoirs publics, et donc des aides financières, matérielles et juridiques.
L’association Malaval s’inspire de plus en plus des bonnes idées de l‘expérience de
Lechuguilla (deux de ses membres sont devenus assidus des expéditions annuelles dans
cette fabuleuse caverne américaine), mais aussi des trouvailles heureuses en matière de
protection dans des cavités françaises qui se développent dans la Montagne Noire, sous
le plateau d’Orgnac, etc.
L’association Malaval, qui existe virtuellement depuis trois années maintenant, n’ayant
vu le jour officiellement qu’au début de l’année 2002, bien des choses sont encore à
organiser.
Un règlement général de l’association, bien qu'expérimental est en vigueur depuis un an.
L’accès dans Malaval ne sera pas réservé à une bande de copains : les scientifiques
auront là un terrain idéal pour mener à bien leurs longs et délicats travaux.
Tout spéléologue motivé par une volonté de participer aux actions de l’association,
quelles que soient ses compétences, sera le bienvenu. Tout nouveau membre est
accompagné par un « ancien » de l’association. Un responsable de l’équipe est désigné
(après proposition de sa part).
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Une descente dans la cavité part d’un objectif précis qui rentre dans l’orientation
générale d’une expédition. Certaines zones de la cavité sont peu restreintes, d’autres
ont un accès réservé, sinon complètement interdit. La progression des spéléologues doit
se faire dans le respect du milieu souterrain environnant (secteurs fragiles =
comportement adapté comme pas d’acétylène, pas de bottes, en sous-combinaison, suivre
le balisage, se surveiller l’un et l’autre). L’urine et les matières fécales sont remontées.
Les rapports journaliers et des compte rendus de camps sont systématiquement
rédigés et archivés. Un corpus photographique existe qui reçoit les apports de tous.
Chaque membre apporte ses compétences ; documentation, topographie, photographie,
paléontologie, biospéléologie, cristallographie, etc.
En 2002, l’opération
dépollution a rassemblé 80
spéléologues et jeunes
opération de dépollution de 2002
L’association cherche à se rapprocher de structures similaires, ce qu’elle fait avec
bonheur avec le Spéléo-Club de Béziers dont l’expérience en la matière est fort riche.
Faire connaître Malaval au grand public par le biais de diaporamas, d’expositions
d’ouvrages est aussi un but à long terme, car l’accès à la grotte restera toujours limité à
des spéléologues et des scientifiques.
L’idéal de l’association Malaval est de restituer à cette caverne presque unique sa
splendeur immaculée des temps de la découverte, et de la faire entrer, comme elle le
mérite, dans la cour bien restreinte des plus belles cavernes mondiales dignes d’être
reconnues et valorisée par un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Contact :
ASSOCIATION MALAVAL
La Lèche
48320 ISPAGNAC
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