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Expérience de Lechuguilla Cave - Arspan

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Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>Daniel CHAILLOUX91830 Le-Coudray-Montceauxdchaillo@club-internet.frLECHUGUILLA CAVEGuadalupe MountainsCarlsbad <strong>Cave</strong>rns National Park – New Mexico, USALes remarquables photographies <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> Urs Widmer, LECHUGUILLA, LA PLUS BELLECAVERNE DU MONDE, paru aux éditions Speleo Projects ont révélé <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> calcite,d’aragonite et <strong>de</strong> gypse exceptionnelles uniques au mon<strong>de</strong>. Chan<strong>de</strong>lier Ballroom est certainementl’image symbole <strong>de</strong> la grotte.Cette grotte a fait rêver beaucoup d’entre nous.Vous êtes nombreux à vous poser <strong>de</strong>s questions : peut-on visiter la grotte ? A qui s’adresser ?Peut-on faire <strong>de</strong> la photographie ? Faut-il être recommandé par quelqu’un ? Existe-t-il uneassociation <strong>de</strong> gestion ? Quelle est l’adresse du site Internet <strong>de</strong> la grotte ?Daniel Chailloux, <strong>de</strong>venu familier <strong>de</strong> cette grotte, va tenter <strong>de</strong> répondre à vos interrogations. Ildéveloppera plus particulièrement les sujets propres à l’environnement souterrain et à laprotection <strong>de</strong> la caverne. Il abor<strong>de</strong>ra l’esprit dans lequel les explorations sont organisées etmenées. Il montrera que cette grotte a permis le développement <strong>de</strong> nouveaux matériels etl’utilisation <strong>de</strong> nouvelles techniques.IntroductionLes montagnes <strong>de</strong> Guadalupe sont situées au Sud-Est du Nouveau Mexique et à l’ouestdu Texas aux Etats-Unis. Pas moins <strong>de</strong> 300 cavités se sont développées dans le massifcalcaire appelé Capitan Reef Complex à la forme d’un fer à cheval <strong>de</strong> 8 km <strong>de</strong> large et <strong>de</strong>650 km <strong>de</strong> périmètre qui ceinture le bassin <strong>de</strong> Delaware. <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong> est l’une <strong>de</strong>celles-ci.Elle doit son nom aux agaves épineux quirecouvrent les flancs <strong>de</strong>s canyons du désert<strong>de</strong> Chihuahuan. En espagnol, <strong>Lechuguilla</strong>signifie « petite laitue ».D. ChaillouxElle s’ouvre à 1420 mètres d’altitu<strong>de</strong>. C’estla première cavité naturelle <strong>de</strong>s Etats-Unisavec une dénivellation <strong>de</strong> 475 mètres et latroisième pour sa longueur avec 178 km <strong>de</strong>galeries.Page 1 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>Explorée à partir <strong>de</strong> 1987, <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong> se révèle être une cavité exceptionnelle.La formation <strong>de</strong> la grotte est originale. En effet, elle s’est formée du bas vers le hautgrâce à l’action combinée <strong>de</strong> l’hydrogène sulfureux gazeux et <strong>de</strong> l’eau qui a dissous lecalcaire et donné naissance à un réseau important <strong>de</strong> galeries, à d’énormes salles et à <strong>de</strong>nombreux labyrinthes sur plusieurs niveaux. La morphologie <strong>de</strong>s galeries et leurdirection témoignent <strong>de</strong> la manière dont l’eau se déplaçait et a creusé la cavité. Lagrotte est certainement le plus bel exemple au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce qu’on appelle une grottearborescente. La topographie <strong>de</strong>s galeries <strong>de</strong> la cavité permet <strong>de</strong> mesurer l’importance<strong>de</strong> ces vi<strong>de</strong>s. En effet, 178 km <strong>de</strong> galeries se trouvent concentrées dans unparallélépipè<strong>de</strong> calcaire <strong>de</strong> 3 km <strong>de</strong> longueur, <strong>de</strong> 1,6 km <strong>de</strong> largeur et <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 500 md’épaisseur.Elle renferme un concrétionnement hors du commun. La calcite et l’aragonite sontomniprésents. Le gypse occupe aussi une place importante. C’est la réaction <strong>de</strong>l’hydrogène sulfureux avec l’oxygène <strong>de</strong> l’air <strong>de</strong> la grotte et <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation surles parois humi<strong>de</strong>s qui a transformé le calcaire en gypse. Par endroit, l’épaisseur <strong>de</strong>gypse atteint 10 mètres, à Glacier Bay par exemple. Sa protection a été immédiatementprise en compte. Le balisage <strong>de</strong> cheminement permet <strong>de</strong> minimiser l’impact <strong>de</strong>sspéléologues au cours <strong>de</strong> leurs explorations. De nombreuses étu<strong>de</strong>s pluridisciplinairessont menées dans la grotte.<strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong> est considérée comme la plus belle grotte <strong>de</strong> la planète. Elle attire <strong>de</strong>nombreux spéléologues du mon<strong>de</strong> entier. Chaque année, plusieurs expéditions sontorganisées et engagent quelques dizaines <strong>de</strong> spéléologues passionnés par la topographieet l’exploration.Invité en décembre 1997 par Peter Bosted, topographe et cartographe reconnu, DanielChailloux participe à un camp souterrain d’une semaine et contribue à la découverte <strong>de</strong>nouvelles galeries. Il s’implique dans l’exploration <strong>de</strong> la cavité. C’est ainsi qu’en mai etaoût 1998, il participe à <strong>de</strong>ux autres expéditions <strong>de</strong> longue durée durant lesquelles unnouveau secteur <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s galeries richement concrétionnées est découvert. En aoûtet septembre 2002, il participe à <strong>de</strong>ux nouvelles expéditions fructueuses puisque <strong>de</strong>uxnouveaux kilomètres <strong>de</strong> galeries sont topographiés. Passionné <strong>de</strong>puis toujours par latopographie souterraine, il est entré aujourd’hui dans la famille <strong>de</strong>s cartographes ettopographes reconnus par le Parc National <strong>de</strong> Carlsbad <strong>Cave</strong>rns.Historique <strong>de</strong> la découverteConnue <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années et exploitée au siècle <strong>de</strong>rnier pour le guano <strong>de</strong>chauve-souris qu’elle renfermait, <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong> reçoit la visite <strong>de</strong>s premiersspéléologues en 1953 qui notent la présence d’un important courant d’air sortant <strong>de</strong>l’éboulis terminal. En 1977, une autre équipe tente une importante désobstruction à lacote –25 mètres mais se décourage rapi<strong>de</strong>ment.Page 2 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>A partir <strong>de</strong> 1984 et durant les <strong>de</strong>ux années qui suivirent, Dave Allured et <strong>de</strong>sspéléologues <strong>de</strong> la <strong>Cave</strong> Research Fondation, reprennent les travaux <strong>de</strong> désobstructionet aménagent un passage dans l’éboulis avec pour seul indice et gui<strong>de</strong> le puissant courantd’air qui laisse présager une importante cavité.En 1986, ils débouchent dans une galerie <strong>de</strong>scendante richement décorée mais trèsvite ils sont arrêtés par un puits profond <strong>de</strong> 45 mètres, Boul<strong>de</strong>r Falls. Une gran<strong>de</strong>aventure commence. Sans difficulté majeure, ils atteignent une succession <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ssalles, Colorado Room, Glacier Bay, Windy City, Sugarlands. Le courant d’air les conduit àcirculer dans une importante fissure, le Rift, orientée nord-sud. En quelques semaines,ils topographient plus <strong>de</strong> 1000 mètres <strong>de</strong> galeries et dépassent la cote <strong>de</strong>s –200 mètres.En 1987, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du Parc National <strong>de</strong> Carlsbad <strong>Cave</strong>rns, une organisation <strong>de</strong>gestion pour l’exploration <strong>de</strong> la grotte – <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong> Project - se met en place. Latopographie révèle la complexité <strong>de</strong> la grotte. Des expéditions <strong>de</strong> longue durée sesuccè<strong>de</strong>nt. Des conflits entre les spéléos topographes et les spéléos explorateursconduisent le Parc National à suspendre les explorations dans la cavité pour <strong>de</strong>ux ans.En 1997, une nouvelle organisation voit le jour, <strong>Lechuguilla</strong> Exploration and ResearchNetwork – LEARN. Le Parc National rédige un règlement et gère les expéditions. Lesexplorations reprennent à raison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois par an.L’organisation d’une expéditionPlus <strong>de</strong> 300 phénomènes karstiques sont inventoriés dans le Parc National <strong>de</strong> Carlsbad<strong>Cave</strong>rns.Le plus important d’entres eux est la grotte touristique <strong>de</strong> Carlsbad qui accueille toutel’année <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> visiteurs. Toujours en cours d’exploration, une organisation <strong>de</strong>gestion s’est mise en place il y a plusieursannées déjà. Dale Pate, assisté <strong>de</strong> StanAllison, Paul Burger et Tom Bemis, tousquatre spéléos et employés par le Parc,gèrent aujourd’hui les explorationsspéléologiques dans les cavités du Parc.D. ChaillouxChaque année, <strong>de</strong>ux à trois expéditionssont confiées à l’association LEARN pourpoursuivre les travaux <strong>de</strong> recherches dans<strong>Lechuguilla</strong>.LEARN est une organisation spécialisée dans l’exploration <strong>de</strong> la grotte. Elle eststructurée comme nos associations avec un prési<strong>de</strong>nt, un secrétaire, un trésorier, <strong>de</strong>sreprésentants régionaux et bien sur <strong>de</strong>s membres comme vous et moi.Page 3 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>La cotisation annuelle n’est que <strong>de</strong> US $10. En début d’année, un appel à candidaturesest lancé. Une équipe est constituée <strong>de</strong> 12 personnes maximum. Un rapi<strong>de</strong> calcul montreque seulement 24 à 36 spéléos par an pourront prétendre explorer la grotte.Un tirage au sort intelligent permet <strong>de</strong> mettre en place les équipes. Une équipe estconstituée d’un responsable d’expédition (expedition coordinator), <strong>de</strong> responsablesd’équipe (team lea<strong>de</strong>rs) et <strong>de</strong> membres d’expédition. Tous sont topographes ou ont <strong>de</strong>bonnes notions <strong>de</strong> topographie. Ils savent que la topographie est la priorité numéro un.Une expédition se met en place assez longtemps à l’avance. Le responsable d’expédition,après en avoir discuté avec les participants, propose au Parc un projet qui peutcomporter plusieurs objectifs d’exploration.Les membres <strong>de</strong> l’équipe se retrouventgénéralement la veille <strong>de</strong> l’expédition dansun <strong>de</strong>s gîtes du Parc mis à dispositiongracieusement pour la durée <strong>de</strong>l’expédition. Ces quelques heures sontmises à profit pour finaliser les objectifset fixer les équipes souterrainesgénéralement constituées <strong>de</strong> troispersonnes. Une expédition duregénéralement une semaine entière.D. ChaillouxLe Parc réunit les membres <strong>de</strong>l’expédition autour d’une présentation durant laquelle il rappelle les règles <strong>de</strong> conduited’une expédition concernant plus particulièrement la topographie, la protection <strong>de</strong>l’environnement souterrain et la sécurité <strong>de</strong>s personnes.L’exploration <strong>de</strong> la cavitéIci exploration et topographie sont <strong>de</strong>ux mots indissociables. En terrain vierge et c’estsouvent le cas, il est tentant parfois d’aller voir comment se présente une galerielatérale avant d’en entreprendre sa topographie. Là où vous mettez les pieds, vous <strong>de</strong>veztopographier. Le responsable <strong>de</strong> l’équipe saura vous rappeler à l’ordre.Les règles <strong>de</strong> topographie sont clairement définies. D’ailleurs un document écrit par leParc précise leur application.Compte tenu du nombre important <strong>de</strong> bouclages dans les différents labyrinthes <strong>de</strong> lacavité, il est absolument nécessaire <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s contre-mesures. C’est ainsi que lesdirections et les pentes sont mesurées en visée directe et en visée inverse. L’erreuradmise est seulement <strong>de</strong> 2 <strong>de</strong>grés. Il vaut mieux s’apercevoir d’une erreur directementsur place plutôt que <strong>de</strong> revenir spécialement pour la corriger.Page 4 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>Le laser-mètre est <strong>de</strong> plus en plus utilisé. Ilpermet <strong>de</strong> mesurer plus précisément lahauteur <strong>de</strong>s plafonds et la largeur <strong>de</strong>sgaleries. Les <strong>de</strong>ssins du profil et du plan <strong>de</strong>sgaleries parcourues collent au mieux avec laréalité du terrain. Dans cette cavité où leconcrétionnement est important, le faisceaudu laser-mètre permet <strong>de</strong> passer au-<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong>s buissons d’aragonite ou <strong>de</strong> pointer uneparoi là où l’impact humain aurait étéirrémédiable.Les feuilles <strong>de</strong> notes ont été spécialement élaborées afin que toutes les équipestravaillent selon le même standard.Les données topographiques sont entrées dans un ordinateur spécialement dédié. Ellessont consultables uniquement en lecture. Trois spéléos cartographes ont pris en chargele <strong>de</strong>ssin et l’habillage <strong>de</strong>s galeries <strong>de</strong> la cavité.Au cours <strong>de</strong> la topographie, les observations minéralogiques, faunistiques, géologiques,biologiques sont scrupuleusement notées à chaque station. Un formulaire, pour l’instantsous forme papier ordinaire, est en cours d’élaboration.Les départs <strong>de</strong>s galeries non explorées sont scrupuleusement notés. Cesrenseignements permettent aux autres équipes <strong>de</strong> poursuivre le travail.Les notes journalières permettent, dès le retour en surface, <strong>de</strong> réaliser un compterendu presque définitif <strong>de</strong> l’exploration. Le responsable <strong>de</strong> l’expédition mettra en lignesur le site web <strong>de</strong> l’association le compte rendu définitif dans les quinze jours quisuivent.G. WhitbyLe sas d’entréeLa cavité débute par un puits <strong>de</strong> 25mètres au fond duquel se développe unegalerie d’une centaine <strong>de</strong> mètre <strong>de</strong>longueur. Le long <strong>de</strong> la paroi, on peutremarquer les anciens lieux <strong>de</strong>désobstruction. Un petit puits <strong>de</strong> 4 mètreslivre l’accès à une petite salle dans laquelleest implanté le sas qui isole la cavité <strong>de</strong>l’extérieur.D. ChaillouxAfin <strong>de</strong> conserver le climat souterrain, une porte et un tube d’accès ont été installésdès la découverte. Vieilles <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 15 ans, ces protections ont été remplacées par <strong>de</strong>nouvelles installations en 2000-2001.Page 5 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>Les explorations ont donc été suspendues et ont été remplacées par <strong>de</strong> nombreusesséances <strong>de</strong> travaux d’aménagement. Depuis décembre 2001, un sas et <strong>de</strong>ux portesétanches comman<strong>de</strong>nt l’accès à un conduit elliptique <strong>de</strong> 9 mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>urconduisant à l’ai<strong>de</strong> d ‘échelons judicieusement soudés aux premières galeriesconcrétionnées <strong>de</strong> la grotte. Le courant d’air souffle parfois à plus <strong>de</strong> 80 km/h !Le camp souterrainLes expéditions se déroulent généralement sur une semaine complète. On ne bivouaquepas n’importe où. Quatre lieux <strong>de</strong> camps souterrains sont actuellement autorisés dans lacavité. Deep Seas est un <strong>de</strong> ceux-ci à partir duquel les explorations <strong>de</strong> la branche Ouest<strong>de</strong> la cavité s’organisent. Il comman<strong>de</strong> une très gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la cavité, le WesternBorehole, galerie imposante par sa section et son développement. Deep Seas sembleirréel. Il faut s’imaginer cet endroit entièrement envahi par l’eau pour comprendre sagenèse. Le plafond façonné par l’eau aci<strong>de</strong> a pris <strong>de</strong>s formes arrondies comme <strong>de</strong>smamelons. Le sol est recouvert <strong>de</strong> fines plaques <strong>de</strong> calcite.C’est le camp <strong>de</strong> base <strong>de</strong> l’expédition. Il peut accueillir confortablement les douzemembres d’une l’expédition.Le spéléo dispose d’environ 3 à 4 m²pour s’installer. Il s’isolera du sol par unefeuille <strong>de</strong> plastique sur laquelle ilrépartira le contenu <strong>de</strong> son kit.Généralement le centre est occupé parson matelas. Tout autour <strong>de</strong> lui sontrépartis ses vivres et ses autres effetspersonnels. Un autre petit carré <strong>de</strong>plastic isolera le réchaud à gaz ou à alcool.Quelques bougies apporteront un peu plusD. Chailloux<strong>de</strong> lumière.Il est impératif <strong>de</strong> préparer ses repas et <strong>de</strong> manger avec le plus d’attention possible.Aucune miette ne doit tomber au sol.Les cheveux et les peaux mortes sont également <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> contamination. Il fautveiller à se brosser les cheveux ou faire sa toilette sur sa feuille <strong>de</strong> plastique !Dans toute la cavité règne une température très clémente, 20°C, mais l’hygrométrie <strong>de</strong>l’air atteint presque les 100%. Le choix <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong>s vêtements utilisés ici estassez important car rien ne sèche, vous l’avez compris. Les tee-shirts et collants enpolypropylène sont plus que souhaitables, ils sont indispensables. Ils évacuent très bienla transpiration, ils ne retiennent pas les o<strong>de</strong>urs et sèchent assez rapi<strong>de</strong>ment sousl’effet <strong>de</strong> la chaleur dégagée par le corps.Page 6 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>L’eau potableL’eau est rare dans la cavité. Le Lac Louise situé à moins <strong>de</strong> 5 minutes du camp est lasource d’eau potable. Le niveau <strong>de</strong> l’eau est relevé et noté au début et à la fin du camp.C’est la con<strong>de</strong>nsation <strong>de</strong> l’air sur les parois <strong>de</strong> la grotte qui alimente le lac.Le prélèvement <strong>de</strong> l’eau du lac est quasijournalier. Nous en avons besoin le matinpour le petit déjeuner et durant lajournée pour compenser la perte d’eau <strong>de</strong>transpiration du corps. Les alimentslyophilisés sont également grosconsommateurs du précieux liqui<strong>de</strong>. Engénéral, un spéléo consomme entre 4 et 5litres d’eau par jour !D. ChaillouxLe lac est légèrement à l’écart dubalisage. Un sentier spécialement aménagéconduit à la berge du lac. D’infiniesprécautions doivent être prises pourremplir les gour<strong>de</strong>s et autres récipients.Généralement <strong>de</strong>ux personnes se portentvolontaires pour effectuer cette tâche. Ilschaussent <strong>de</strong>s sur-bottes en PVC quiisolent leurs chaussures du sol du sentier.Un pichet en plastique sert à transférerl’eau dans les gour<strong>de</strong>s. A aucun moment lebec verseur du pichet ne doit toucher legoulot <strong>de</strong>s récipients. Le transvasement <strong>de</strong>l’eau s’effectue loin du lac afin d’éviter queles pertes inévitables ne retournentdirectement dans celui ci en transportant<strong>de</strong>s contaminations.G. WhitbyPage 7 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>Les urines et les matières fécalesAvez-vous déjà estimé la quantité d’urine éliminée journellement ? Dans la viecourante, 1,5 litre. Ici, un litre est un maximum.A proximité immédiate du camp, un endroit est réservé au stockage temporaire <strong>de</strong>surines et <strong>de</strong>s matières fécales. Le matin, c’est un endroit très fréquenté ! Une paire <strong>de</strong>sur-bottes vous y attend. En effet vous <strong>de</strong>vez isoler du sol la semelle <strong>de</strong> vos chaussuresafin <strong>de</strong> ne pas transporter dans d’autres lieux, d’éventuelles contaminations.Les urines <strong>de</strong> la journée sont récupérées dans un flacon qui vous suit dans tous vosdéplacements. Le soir, après votre journée d’exploration, vous vi<strong>de</strong>rez le contenu duflacon dans un sac étanche <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> contenance. Ce sac pourra être par exempleun sac ziploc, sac assez résistant et étanche. Les urines seront conservées en lieu sûr etles o<strong>de</strong>urs d’ammoniac seront atténuées.Toute cette urine et cela en fait (12 spéléos x 7 jours x 1 litre = 84 litres) sera vidée àla fin du camp en un seul endroit, toujours le même, dans une fissure du sol.G. WhitbyEn ce qui concerne les matières fécales,il est impensable <strong>de</strong> déféquerdirectement sur le sol et <strong>de</strong> poser unepierre <strong>de</strong>ssus comme il est courant <strong>de</strong>faire dans la nature. La solution estsimple. Vous visez une feuille <strong>de</strong> papierd’aluminium <strong>de</strong> 40 x 40 cm posée au sol.Cette feuille consciencieusement repliéeressemblera à un petit paquet que vousenfermerez dans un sac ziploc <strong>de</strong> tailleappropriée.Ainsi normalement, si vous n’avez pas <strong>de</strong> trouble digestif, vous obtiendrez 7 petitspaquets que vous remonterez en surface à la fin du camp.La signalétique dans la grotteDans les parties les plus fréquentées <strong>de</strong> la grotte, le cheminement est matérialisé par<strong>de</strong>ux rubalises rouges continues délimitant ainsi l’espace <strong>de</strong> circulation du spéléo. Laprise en charge se fait dès l’entrée ! Vous pouvez vous imaginer les kilomètres <strong>de</strong> rubansdéroulés dans la cavité.Seuls les axes principaux sont balisés. Les zones sensibles, parois concrétionnées,massifs stalagmitiques, perles, gours, sont marquées d’un ruban rouge et blanc attirantl’attention.Page 8 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>Il arrive parfois <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s petits panneaux nous invitant à retirer les gantspour franchir <strong>de</strong>s zones d’une gran<strong>de</strong> beauté. Le cheminement dans les galeriessecondaires est repéré par les stations topographiques notées sur un ruban bleu. Leruban bleu et blanc est réservé à marquer le départ d’éventuelles galeries que vousn’avez pas encore topographiées.Toute cette signalétique parfaitement rodée est respectée par l’ensemble <strong>de</strong>sexplorateurs <strong>de</strong> la grotte. Elle permet <strong>de</strong> minimiser l’impact humain dans la cavité.L’éclairageComme dans la plupart <strong>de</strong>s cavités américaines, ici, à <strong>Lechuguilla</strong> l’éclairage à acétylènen’est plus d’usage. En 1994 il a même été interdit. Alors l’éclairage électrique qui étaitjusqu’à lors <strong>de</strong>stiné à l’éclairage <strong>de</strong> secours est <strong>de</strong>venu l’éclairage principal. Les pilesn’avaient pas les capacités d’aujourd’hui. Il fallait en <strong>de</strong>scendre beaucoup. Certainsspéléos avaient trouvé la para<strong>de</strong> pour économiser l’énergie, ils adaptaient l’ampoule <strong>de</strong>leur lampe frontale en fonction du volume à éclairer et par-là même ils contrôlaient lecourant et la puissance consommée.D’autres spéléos, électroniciens <strong>de</strong> surcroît, ont vite développé <strong>de</strong>s dispositifsd’éclairage à régulation électronique. Jim Sturrock est l’un <strong>de</strong> ceux là. Il s’agit d’unrégulateur <strong>de</strong> la taille d’un morceau <strong>de</strong> sucre qui s’installe très simplement dans laplupart <strong>de</strong>s boîtiers <strong>de</strong>s lampes frontales du commerce. Un potentiomètre règlel’intensité lumineuse d’une ampoule halogène <strong>de</strong> 500 mA et ainsi avec 4 piles D <strong>de</strong> 1,5 V,la durée d’utilisation était prolongée <strong>de</strong> plusieurs jours. Art Fortini, spéléo américainfamilier <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong>, a utilisé ce dispositif avec succès dans la cavité puisque avec unjeu <strong>de</strong> 4 piles 1,5 V, format D, il a pu s’éclairer durant 7 jours.Doug Straight a mis au point un éclairage à tube fluorescent. Il n’en amalheureusement fabriqué qu’une petite série. L’autonomie du dispositif est <strong>de</strong> troisjours avec comme alimentation une grosse pile alcaline <strong>de</strong> 6 volts. Plusieurs spéléosutilisent encore ce dispositif qui leur rappelle la chaleur <strong>de</strong> l’éclairage à acétylène.En 1997, les dio<strong>de</strong>s électroluminescentes blanchesapparaissent sur le marché. Henri Schneiker, un autrespéléo américain, met au point un éclairage révolutionnaire.Il assemble sur une même platine 24 LED blanches.Pilotées par un régulateur électronique, les dio<strong>de</strong>sfournissent assez <strong>de</strong> lumière pour remplacer une ampoule àincan<strong>de</strong>scence.D. ChaillouxPage 9 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>Les éclairages à dio<strong>de</strong>s entrent dans l’univers du spéléo. Les dio<strong>de</strong>s sont données pouravoir une très gran<strong>de</strong> durée <strong>de</strong> vie, 100 000 heures, ce qui est vrai, elles n’ont plusl’inconvénient <strong>de</strong> la fragilité du filament <strong>de</strong> l’ampoule à incan<strong>de</strong>scence, elles fournissentune lumière blanche, trop blanche peut être pour certains et en plus elles peuvent êtrealimentées par <strong>de</strong>s piles au lithium réduisant le poids <strong>de</strong> l’ensemble.Très vite donc, les spéléos qui explorent <strong>Lechuguilla</strong> sont équipés <strong>de</strong> tels dispositifs.Des dispositifs à 25 dio<strong>de</strong>s munis d’un régulateur <strong>de</strong> courant à trois niveaux etalimentés par une seule pile au lithium <strong>de</strong> 3 volts pesant seulement 90 grammesprocurent une autonomie <strong>de</strong> 7 jours !ConclusionsLes métho<strong>de</strong>s d’exploration et les moyens <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong> ont permis<strong>de</strong> préserver l’intégrité <strong>de</strong> la cavité. Rappelons les en quelques lignes :La grotte est gérée par une association supervisée par le Parc.L’autorité du Parc est suprême.Les règles <strong>de</strong> fonctionnement sont clairement définies.Le nombre <strong>de</strong>s expéditions est limité.Le nombre <strong>de</strong>s explorateurs est également limité.Les expéditions ont un caractère scientifique.Le balisage est scrupuleusement respecté.L’information est largement diffusée.<strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong> n’est pas une grotte d’exception, les autres cavités majeures du Parc,Cottonwood <strong>Cave</strong>, Ogle <strong>Cave</strong>, Black <strong>Cave</strong>, Hid<strong>de</strong>n <strong>Cave</strong>, Hell Below <strong>Cave</strong> sont soumisesaux mêmes règles. Ayant eu l’occasion <strong>de</strong> participer également à <strong>de</strong>s expéditions dansd’autres cavités américaines et notamment en Californie, à Lilburn <strong>Cave</strong>, ces mêmesprincipes <strong>de</strong> protection et d’exploration sont acceptés par la communauté spéléologique.Site Internet :http://www.learnresource.org/Page 10 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>DocumentationCarlsbad <strong>Cave</strong>rns, Silent Chambers, Timeless Beauty,1981 – Guadalupe Mountains Association – John BarnettGeology of Carlsbad <strong>Cave</strong>rn and other caves in the Guadalupe Mountains,New Mexico and Texas,1987 – New Mexico Bureau of Mines and Mineral Resources – Carol A. Hill<strong>Lechuguilla</strong>, La plus belle caverne du mon<strong>de</strong>,1991 – Speleo Project – Urs WidmerGui<strong>de</strong> to the Permian Reef Geology Trail, McKittrick Canyon,Guadalupe Mountains National Park, West Texas1993 – Bureau of Economic Geology – Don G. Bebout and Charles KeransPage 11 sur 12


Expérience <strong>de</strong> <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong><strong>Lechuguilla</strong>, Jewel of the Un<strong>de</strong>rground, Revised second edition1998 – Speleo Projects – Urs WidmerDeep Secrets, The discovery and exploration of <strong>Lechuguilla</strong> <strong>Cave</strong>,1999 – <strong>Cave</strong> Books –Stephen Reames, Lawrence Fish, Paul Burger, Patricia KambesisThe <strong>Cave</strong>s of the Guadalupe Mountains,2000 – National Speleological Society – Harvey R. Duchene, Carol A.HillPage 12 sur 12

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