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<strong>éCRAN</strong><br />
TOTAL 10<br />
Une autre façon<br />
de passer l’été<br />
www.arenberg.be<br />
14<br />
Cinéma<br />
arenberg<br />
Juin<br />
Septembre<br />
30<br />
belgique - belgïe<br />
PP<br />
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1000 bruxelles 1<br />
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ECRITURE IMAGE RÉALISATION COLINE SERREAU - PRODUCTEURS MATTHIEU WARTER GUILLAUME PARENT - MONTAGE IMAGE CATHERINE RENAULT CLAUDE TRINQUESSE - CONSEILLER ENVIRONNEMENT CYRIL DION - MONTAGE SON MATTHIEU DENIAUX - MIXAGE PHILIPPE GRIVEL<br />
MUSIQUE ORIGINALE GARDEN TRIO MADELEINE BESSON - PRODUCTION DÉLÉGUÉE CINEMAO - EN COPRODUCTION AVEC ENILOC STUDIO 37 MONTPARNASSE PRODUCTIONS KINO FACTORY - AVEC LA PARTICIPATION DE ORANGE CINEMA SERIES - EN COLLABORATION AVEC<br />
COLIBRIS MOUVEMENT POUR LA TERRE ET L’HUMANISME - DISTRIBUTION FRANCE MEMENTO FILMS DISTRIBUTION EDITIONS MONTPARNASSE - VENTES INTERNATIONALES STUDIO 37 MEMENTO FILMS INTERNATIONAL<br />
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“L’histoire est le témoin du temps, la lumière de la vérité, la vie de la mémoire, la<br />
maîtresse de la vie.” cicéron, De Oratore<br />
Peut-être est-ce un hasard si cette année nos choix éditoriaux illustrent que le cinéma<br />
est un témoin de son temps, de notre temps qui a furieusement besoin de mémoire.<br />
Peut-être est-ce un hasard si la folie, sa liberté et son intégration dans la société se<br />
sont imposés à nous comme une illustration presque métaphorique de ce rôle de<br />
témoin.<br />
Peut-être est-ce un hasard si cette année nos comédies distillent, au-delà de leur<br />
maîtrise formelle, une certaine folie douce … comme en roue libre.<br />
Peut-être est-ce un hasard si nombre de cinéastes présents à cette édition se sont<br />
toujours distingués par un souci de revendiquer leur droit à la liberté, qu’elle soit<br />
intellectuelle, artistique ou politique.<br />
Peut-être est-ce un hasard si Chris Marker et Nanni Moretti dialoguent avec Jonathan<br />
Nossiter et John Cassavetes.<br />
Peut-être est-ce un hasard si justement cette année… ou peut-être pas.<br />
e.g.<br />
“Geschiedenis is getuige van de tijd, het licht der waarheid, het leven der herinnering, de meesteres<br />
van het leven.” cicero, De Oratore<br />
Misschien is het toevallig dat dit jaar onze keuze uitgaat naar cinema die getuigt van zijn eigen tijd, net<br />
in een periode die dringend nood heeft aan een geheugen ?<br />
Is het toeval dat waanzin, vrijheid en integratie in de samenleving ons bijna op metaforische wijze<br />
voorgeschoteld worden ?<br />
Dat de komedies van dit jaar elk, naast hun formele vorm, een zekere waanzin toelaten ?<br />
Misschien is het toeval dat zoveel van onze gasten dit jaar net die cineasten zijn die altijd gevochten<br />
hebben voor een zekere vorm van vrijheid, zij het intellectueel, artistiek of politiek ?<br />
Is het toeval dat Chris Marker en Nanni Moretti in dialoog gaan met Jonathan Nossiter en John<br />
Cassavetes ?<br />
Misschien ligt het aan dit jaar.. of misschien is het gewoon toeval.<br />
e.g.<br />
3<br />
écran<br />
Total<br />
classiques p. 0 8<br />
inédits p. 3 0<br />
reprises p. 4 4<br />
carte blanche<br />
à jonathan nossiter p. 56<br />
cycle chris marker p. 6 6<br />
cycle john cassavetes p. 72<br />
cycle comédies italiennes p. 8 0<br />
cycle fous à délier p. 86<br />
cycle documentaires p. 9 4<br />
prolongations p. 10 0<br />
horaires p. 10 3<br />
séances exceptionnelles p. 107<br />
a-z p. 10 8
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<strong>Arenberg</strong>.be<br />
Le site du cinéma arenberg…<br />
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déCOuvRez L’espACe web dédié à LA pROgRAmmATiON<br />
eT Aux ACTiviTés du CiNémA AReNbeRg, AveC:<br />
Les fiLms à L’AffiChe eT à veNiR :<br />
TOus Les hORAiRes eT iNfOs pRATiques de L’eCRAN TOTAL eN uN CLiC.<br />
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Le bAm ! ALiAs LA bOîTe à messAges du CiNémA AReNbeRg.<br />
queLque ChOse à diRe Au sujeT du fesTivAL eCRAN TOTAL,<br />
d’uN fiLm eN pARTiCuLieR Ou du CiNémA eN géNéRAL ?<br />
N’hésiTez pAs à pAsseR pAR Le bAm !<br />
OuveRT à TOuTes eT TOus, Le bAm ! esT uN NOuveL espACe qui eNTeNd RAssembLeR<br />
TOuTes sORTes de débATs, d’éChANges eT de RéfLexiONs AuTOuR du CiNémA<br />
eT de LA CRéATiON CONTempORAiNe.<br />
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L’AReNbeRg Tv :<br />
LA NOuveLLe pLATefORme AReNbeRgTv vOus peRmeT de vOiR eT RevOiR à TOuT mOmeNT<br />
Les vidéOs des difféReNTes ReNCONTRes qui pARsèmeNT Le fesTivAL eCRAN TOTAL 2010 :<br />
01.07 Le bateau du père - en présence de la réalisatrice<br />
04.07 pLein Sud - en présence du réalisateur<br />
08.07 San CLemente (Cycle FOuS a deLier)<br />
20.07 Le tempS deS grâCeS<br />
11.08 VOuS êteS SerViS + 10 minuteS - en présence du réalisateur<br />
02.09 eLLe S’appeLLe Sabine (Cycle FOuS a deLier)<br />
03.09 terre d’uSage - en présence des réalisateurs<br />
…eT N’hésiTez pAs à vOus iNsCRiRe à NOTRe NewsLeTTeR hebdOmAdAiRe,<br />
Le meiLLeuR mOyeN de suivRe NOs ACTiviTés “eN Temps RéeL” !
© photo Claudine Doury / Agence VU’ graphic design Michel Welfringer<br />
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La SRF, Société des Réalisateurs de Films<br />
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de la quinzaine des réalisateurs<br />
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BRANCHÉ SUR SON ÉPOQUE, FOCUS VIF COMMENTE, ANTICIPE ET DÉCRYPTE<br />
L’ACTUALITÉ CULTURELLE. UN MAGAZINE HYPE ET RYTHMÉ OÙ SE MÊLENT<br />
INTERVIEWS DÉCALÉES, DOSSIERS TRANSVERSAUX ET CHRONIQUES DÉCAPANTES.<br />
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À L’OCCASION DE LA SORTIE DE FANTASTIC MR. FOX,<br />
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60,00 € abonnement écran total*<br />
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* Le pOurbOire (0,40 €) eSt COmpriS danS Le prix du tiCket<br />
<strong>éCRAN</strong> TOTAL<br />
programmation :<br />
emmanueL gaSpart,<br />
bernard nOËL<br />
et CarOLine pauweLS<br />
coordination :<br />
emmanueL gaSpart<br />
rédaction et compilation<br />
(textes fr) :<br />
grégOry eSCOuFLaire,<br />
thierry et marC hOrgueLin<br />
rédaction (textes nl ) :<br />
martine VanCutSem<br />
(CLaSSiqueS, CyCLeS),<br />
LuC JOriS<br />
(inéditS, dOCumentaireS,<br />
repriSeS, prOLOngatiOnS).<br />
AveC Le sOuTieN de :<br />
L’éCheVinat de La CuLture de La ViLLe de bruxeLLeS, L’éCheVinat du tOuriSme de La ViLLe de bruxeLLeS La COmmiSSiOn<br />
COmmunautaire FrançaiSe de La régiOn bruxeLLOiSe, La COmmunauté FrançaiSe de beLgique,<br />
eurOpa CinémaS - une initiatiVe du prOgramme média deS COmmunautéS eurOpéenneS.<br />
remerciement :<br />
La Cinémathèque rOyaLe<br />
de beLgique<br />
graphisme :<br />
nathaLie pOLLet<br />
(pam&Jenny)<br />
un grand merCi à<br />
Jean-CharLeS tatum<br />
pOur Sa préCieuSe<br />
COLLabOratiOn
01<br />
Classiques
Réalisé en 1979 par Helma Sanders-Brahms, ce film provoque, aujourd’hui encore, un<br />
choc insensé. Non qu’on y apprenne quoi que ce soit de nouveau sur la Seconde Guerre<br />
mondiale, ou sur l’Allemagne. Ce qui saisit, c’est la frontalité et l’audace avec lesquelles<br />
la cinéaste aborde, d’une manière éminemment subjective, la période la plus noire de<br />
l’histoire de son pays, qui est aussi celle qui l’a vue naître.<br />
Allemagne, mère blafarde se déroule en deux parties. Dans la première, la future mère<br />
de Helma Sanders-Brahms, à l’écran Eva Mattes, rencontre son mari, qui est très vite<br />
envoyé au front. Elle accouche seule, élève seule son bébé, puis se jette sur les routes de<br />
l’Allemagne en ruines. Malgré des conditions de vie misérables, elle va connaître, pendant<br />
que l’horreur de la Shoah dévaste le hors-champ, l’ivresse de la liberté. Sur fond de<br />
paix restaurée, la seconde partie associe l’écrasante culpabilité des survivants du Reich<br />
avec la recomposition de la famille et le retour de l’ordre patriarcal.<br />
isabelle regnier, Le Monde<br />
Avant d’être tout ce qu’il est aussi – un film de femme, un film sur l’Histoire, un film<br />
allemand –, Allemagne, mère blafarde est un beau film qui renoue avec cette vérité<br />
première, un peu oubliée : que le cinéma est avant tout, par vocation, un art de la singularité.<br />
C’est d’ailleurs le sujet même d’Helma Sanders, le défi de la singularité à toutes<br />
les illusions de la maîtrise et du savoir sur l’Histoire. […] La matière première, si j’ose dire,<br />
de la singularité au cinéma, a toujours été le corps de l’acteur. Aussi la pauvreté relative<br />
de la production finit-elle par servir le film en contraignant Helma Sanders à centrer<br />
rigoureusement le filmage sur ses acteurs, remarquablement choisis. Le véritable travail<br />
de la cinéaste a été de filmer quelques états différents de ces corps dans la traversée<br />
de l’Histoire.<br />
alain bergala, Cahiers du cinéma<br />
1939. Hans (Ernst Jacobi, die recent zijn stem leende aan de oude leraar in Das weisse Band van<br />
Michael Haneke), de kersverse echtgenoot van Lene (een uitstekende Eva Mattes) vertrekt naar het<br />
Duitse front. Lene overleeft de oorlogsjaren, maar krijgt na de capitulatie van Duitsland een verbitterde<br />
en brutale echtgenoot terug, waarmee het zeer moeilijk samenleven is. Regisseur Helma Sanders-<br />
Brahms, geboren in 1940, baseert zich voor verschillende van haar films op de ervaringen van haar<br />
eigen moeder tijdens en na de oorlog. Zo ook voor Deutschland, Bleiche Mutter (1980), waarvan ze de<br />
titel ontleent aan de eerste regel uit Bertold Brecht’s gedicht Deutschland, uit 1933. Niet meteen een<br />
thema waar je vrolijk van wordt, maar zeer zeker een beklijvend, persoonlijk eerbetoon aan de kracht<br />
van een vrouw. De stem op de voice-over is die van Sanders-Brahms.<br />
9<br />
AllemAgne,<br />
mère blAfArde<br />
Helma<br />
Sanders-Brahms<br />
deuTsChLANd bLeiChe muTTeR<br />
Avec<br />
evA mATTes<br />
eRNsT jACObi<br />
eLisAbeTh sTepANek<br />
RFA<br />
1980<br />
123’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
Bon Ecran Total !<br />
BEYOND THE STEPPES Vanja d’Alcantara // Need Productions<br />
HITLER À HOLLYWOOD Frédéric Sojcher //Saga Film<br />
ILLÉGAL Olivier Masset-Depasse //Versus production<br />
MARIEKE, MARIEKE ! Sophie Schoukens //Sophimages<br />
NOIR OCÉAN Marion Hänsel //Man’s Films<br />
QUARTIER LOINTAIN Sam Garbarski //Entre Chien et Loup<br />
RONDO Olivier Van Maelderghem //Saga Film<br />
LE VERTIGE DES POSSIBLES Vivianne Perelmuter //Iota Production<br />
VIVA RIVA! Djo Tunda Wa Munga //MG Productions<br />
LE VOYAGE Ben Stassen //nWave Distributiona<br />
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Le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, Communauté française de Belgique<br />
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en attendant la sortie des fi lms…
Antonio das Mortes évolue sur le terrain partagé de trois champs de forces proches<br />
mais non strictement réductibles : l’histoire, le mythe et la politique. La puissance du<br />
propos naît de l’entrechoquement de ces trois dynamiques. […] Sans surprise, on est ici<br />
aux antipodes d’un cinéma engagé lénifiant ; Antonio das Mortes est un film de corps en<br />
mouvement (danses, combats, empoignades, embrassades…), de couleurs et de musiques<br />
éclatantes. La scène du combat d’Antonio et Coïrana en est un excellent exemple.<br />
Hormis un court métrage documentaire de commande, Antonio das Mortes est le premier<br />
film en couleur de Rocha. Et le cinéaste ne se prive pas d’utiliser les possibilités<br />
de cette nouvelle palette technique. Les ocres de ses paysages arides sont bariolés de<br />
taches de couleurs vives : la tunique rouge du nègre Saint-Georges/Oxossi, le chapeau,<br />
le foulard et les lèvres rouges de Coïrana, la robe mauve de Laura, la femme du colonel,<br />
ou le foulard rose d’Antonio… Bout d’étoffe dont la tension se retrouve au centre de la<br />
scène du duel, cordon ombilical, viscère textile flamboyant reliant les bouches des deux<br />
hommes, dansant et se battant – entre chorégraphie et boucherie – au milieu du chant<br />
obsédant des beatos – cette “musique du diable” inécoutable par le coronel et qu’il<br />
s’évertue donc à faire taire par ses sbires. Mais la musique ne se taira pas parce que<br />
le film de Rocha est fondamentalement – et comme peu d’autres films de l’histoire du<br />
cinéma – un film musical. Un film vraiment – profondément – musical. Pas des images<br />
auxquelles on aurait rajouté de la musique ni l’inverse, mais un film qui sans les musiques<br />
(musiques du folklore de Bahia et de Minas, música popular brasileira de Sergio<br />
Ricardo, musique contemporaine de Marlos Nobre, blues historiographiques et chansons<br />
de gestes nordestines…) qui le structurent, l’innervent et le font avancer, mourrait<br />
sur place.<br />
philippe delvosalle, www.lamediatheque.be<br />
O Drogão da Maldade contra O Santo Guerreiro, kortweg Antonio Das Mortes (1969) is het vervolg op<br />
Deus e o Diablo no Terra do Sol (1964), waarin we voor het eerst kennismaken met huurmoordenaar<br />
Antonio, die door grootgrondbezitters word ingelijfd om lastige onderdanen te elimineren. Al kiest hij dit<br />
keer uiteindelijk de kant van de arme landbouwers in hun strijd tegen de meedogenloze landeigenaars.<br />
Net als z’n voorganger speelt Antonio Das Mortes (1969) zich af in het dorre noordoosten van Brazilië.<br />
Ook omstandigheden en personages zijn gelijkaardig. De verwijzing naar de repressie van het dictatoriale<br />
regime mag duidelijk zijn. Het werd Glauber Rocha’s laatste kreet van verontwaardiging, voor hij<br />
Brazilië verliet en soelaas zocht in het buitenland. Een verbanning die tien jaar zou duren. Rocha werd<br />
voor Antonio Das Mortes bekroond als beste regisseur op het filmfestival van Cannes.<br />
11<br />
Antonio<br />
dAs mortes<br />
Glauber Rocha<br />
O dRAgãO dA mALdAde<br />
CONTRA O sANTO gueRReiRO<br />
Avec<br />
mAuRiCiO dO vALLe<br />
OdeTTe LARA<br />
OThON bAsTOs<br />
Brésil<br />
1969<br />
95’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
12<br />
Cinquième<br />
Colonne<br />
Alfred Hitchcock<br />
sAbOTeuR<br />
Avec<br />
pRisCiLLA LANe<br />
RObeRT CummiNgs<br />
OTTO kRugeR<br />
États-Unis<br />
1942<br />
105’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Classiques<br />
Cinquième film américain d’Alfred Hitchcock, Saboteur (Cinquième Colonne) est une<br />
œuvre foisonnante d’idées et de péripéties. Le film reprend la structure des Trente-Neuf<br />
Marches : la fuite à travers le pays d’un faux coupable accompagné d’une blonde d’abord<br />
suspicieuse, puis compatissante. Tous les éléments de ce que le maître du suspense<br />
aimait appeler un “scénario itinéraire” sont ici réunis. Cette structure hitchcockienne<br />
connaîtra dix-sept années plus tard son aboutissement dans La Mort aux trousses, Cary<br />
Grant, Eva Marie-Saint et le mont Rushmore se substituant à Robert Cummings, Priscilla<br />
Lane et la statue de la Liberté. […] On peut ajouter que Saboteur installe le style américain<br />
d’Hitchcock dans ses choix de mise en scène et ses audaces techniques. Seule<br />
la distribution se démarque du système hitchcockien. Époque oblige, dans sa fuite en<br />
avant, le héros n’aura de cesse de sauver tout ce qui représente l’Amérique face à la<br />
menace nazie : sa défense (l’usine d’aviation), son énergie (le barrage), son art (le cirque),<br />
son divertissement (le cinéma), sa mobilité (le bateau), son économie (les buildings), son<br />
histoire (le ranch) et pour finir son symbole absolu (la statue de la Liberté). […]<br />
Saboteur est l’œuvre majeure d’une période du cinéma d’Hitchcock au cours de laquelle<br />
les ambitions techniques sont encore prédominantes par rapport à l’expression de sa<br />
vision du monde. Cette tendance s’inversera à partir de Notorious, mais on peut tout<br />
de même considérer ce film comme la deuxième étape du perfectionnement de son<br />
schéma favori, le scénario itinéraire. On peut donc parler de tournant esthétique, car<br />
c’est à partir de là qu’il utilisera pleinement les conditions techniques exceptionnelles<br />
offertes par Hollywood et fera de l’expérimentation son outil essentiel pour traduire ses<br />
idées en plans.<br />
sélim gharbi, dvdclassik.com<br />
Barry Kane (Robert Cummings) wordt valselijk beschuldigd van sabotage. Om de echte<br />
saboteurs(fascisten die het land willen destabiliseren) te ontmaskeren en zijn eigen naam te zuiveren,<br />
doorkruist Kahn Amerika van de west- naar de oostkust. De afrekening gebeurt in New-York, bij Lady<br />
Liberty. Het is de eerste keer dat Alfred Hitchcock een Amerikaans icoon – het vrijheidsstandbeeld –<br />
gebruikt in zijn plot, maar het is zeker niet de eerste maal dat hij een onterecht beschuldigde tot onderwerp<br />
neemt. Saboteur (1942) wordt wel eens ‘de Amerikaanse 39 Steps’ genoemd (Alfred Hitchcock<br />
draaide The 39 Steps in 1935 in zijn thuisland Engeland). Het is één van Hitchcock’s mindere goden,<br />
geprangd tussen Suspicion (1941) en Shadow of a Doubt (1943). Saboteur wordt ook wel eens verward<br />
met Sabotage, die Hitch in 1936 maakte. Maar het is geen remake, beide films hebben maar één ding<br />
gemeen. Het zijn onvervalste ‘Hitchcocks’.
Troisième volet de la trilogie de Michelangelo Antonioni sur la vie moderne au milieu de<br />
siècle (après L’Avventura et La Nuit), L’Éclipse est probablement son plus grand film mais<br />
aussi, ce qui n’est peut-être pas innocent, celui dont la trame est la plus ténue : à Rome,<br />
une traductrice, se remettant d’une liaison malheureuse, se lie brièvement à un courtier<br />
en Bourse. Toutefois, ils n’apparaissent à aucun moment de l’éblouissante scène finale,<br />
peut-être ce qu’Antonioni a réalisé de plus puissant. L’absence des deux acteurs principaux,<br />
qui donnent sans doute ici la performance la plus nuancée et charismatique de<br />
leur carrière, joue un rôle clef dans l’effet dévastateur de cette fin.<br />
jonathan rosenbaum, 1001 Films<br />
À deux ans d’intervalle, L’Éclipse prend le relais de La Nuit, à la fin duquel un couple se<br />
défaisait. La séparation sert ici de prologue où l’écriture d’Antonioni, plus visuelle que<br />
narrative, n’a jamais aussi bien traduit l’indicible d’une vie émotionnelle. Le “flottement”<br />
de Vittoria, ses moments solitaires et fortuits de fruste hédonisme, son amitié avec les<br />
choses : dirigée par un véritable artiste figuratif, la caméra nous rend tout cela sensible.<br />
Tout comme cette même camera prend des airs de documentaire pour filmer l’agitation<br />
de la Bourse – “Un bureau, un marché ou un ring de boxe ?”, s’interroge le metteur en<br />
scène par la voix de son héroïne. De l’idylle avec Piero, l’agent de change, nous ne verrons<br />
pas trop le prévisible épilogue. Tout laconisme consommé, le dernier mot revient à<br />
des images comme vidées de commentaire : aux volumes, aux angles, aux contrastes<br />
d’une ville inquiétante et déserte. Ainsi se clôt un film construit comme un long poème,<br />
où les séquences procèdent l’une de l’autre non par continuité dramatique, mais par<br />
correspondance.<br />
thierry trani, Guide Télérama du cinéma<br />
Vittoria (Monica Vitti) verlaat haar minnaar (Francisco Rabal) en begint een relatie met Piero (Alain<br />
Delon), maar verkiest uiteindelijk de eenzaamheid boven een huwelijk of een manke relatie. L’Eclisse<br />
(1962) gaat over het gebrek aan emoties in de relatie tussen mannen en vrouwen in onze moderne<br />
tijden. Het is tevens het laatste deel van wat nu wel eens ‘ Michelango Antonioni’s trilogie van de<br />
vervreemding’ wordt genoemd. Die begon met L’Avventura en werd vervolgd met La Notte (beiden uit<br />
1960). De film focust op de immer charmante Monica Vitti. Het is door haar ogen dat we de leegheid van<br />
gebouwen en landschappen zien. Misschien symbolisch gezien een iets te makkelijke keuze, maar je<br />
kan niet anders dan onder de indruk raken van bijvoorbeeld de beurssequentie of de angstaanjagende<br />
schoonheid van de finale shots van een stad verstoken van elk levend wezen.<br />
13<br />
l’ÉClipse<br />
Michelangelo<br />
Antonioni<br />
L’eCLisse<br />
Avec<br />
mONiCA viTTi<br />
ALAiN deLON<br />
fRANCisCO RAbAL<br />
Italie / France<br />
1962<br />
125’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
14<br />
extÉrieur,<br />
nuit<br />
Jacques Bral<br />
Avec<br />
ANdRé dussOLLieR<br />
géRARd LANviN<br />
ChRisTiNe bOissON<br />
France<br />
1980<br />
112’<br />
VO FR<br />
Copie neuve<br />
Classiques<br />
Comme un éclair dans la nuit. Près de trente ans après la révélation Extérieur, nuit,<br />
l’effet produit par le film de Jacques Bral se trouve comme décuplé. Plus aveuglant<br />
encore, en ceci qu’aujourd’hui plus qu’hier il semble sortir d’un nulle part qui nous serait<br />
étrangement familier, sentiment qui au plaisir de la découverte fait se mêler celui de la<br />
reconnaissance. En ce temps-là, il était permis de fumer dans les bars et dans les taxis,<br />
ce dont les personnages du film ne se privent pas. En ce temps-là, Gérard Lanvin (Léo)<br />
déployait une énergie, une envie, un désir d’exister qui se ressourçaient dans la nonchalance<br />
à demi feinte d’André Dussollier (Bony), écrivain auquel la présence encombrante<br />
de son pote servait de prétexte à ne pas écrire. Entre eux, il y avait Cora, avec eux il y<br />
a Christine Boisson. Cora, peut-être le plus beau personnage de femme qui se puisse<br />
rêver, chauffeur de taxi qui à l’occasion dévalise ses clients, parfois les rejoint sur la banquette<br />
arrière, qui ne veut pas qu’on l’aime, qui s’emporte quand on lui parle d’amour, et<br />
qui au petit matin d’une sale journée partira en emportant... non, vous verrez par vousmême.<br />
Incandescente Cora, sublime Christine Boisson. Le film saisit d’emblée, rythme<br />
affûté, dialogues au rasoir, il ne vous lâche plus, humour coupant, acteurs dont on ignorait<br />
alors, forcément, tout en le pressentant pourtant, que jamais ils ne seraient autant à<br />
leur avantage, car des rôles comme ceux de Léo, de Bony, de Cora ne se retrouvent pas.<br />
Il y a la nuit, le grain de la pellicule, les lumières de la ville, la caméra portée de Pierre-<br />
William Glenn, la musique de Karl-Heinz Schafer, qui à force d’exigence paraît si simple,<br />
comme naturelle, et emballante, étourdissante. Il y a dans Extérieur, nuit le meilleur du<br />
cinéma des années à venir, Kaurismaki en petit frère surdoué, il y a aussi tout ce qui a<br />
fait que bientôt le monde allait basculer du côté du fric, du propre sur soi, du quant-àmoi,<br />
sans que pour autant les Léo, les Bony, les Cora cessent d’exister, seulement les<br />
cinéastes français ont renoncé à les filmer. pascal mérigeau, Le Nouvel Observateur<br />
Het is niet zozeer het verhaal als wel de toon, tussen zachtaardig en gewelddadig, en de sfeer – het<br />
nachtelijke Parijs gehuld in een geelachtig licht (schitterend werk van cameraman Pierre-William<br />
Glenn), voorzien van huilende violen en een melancholische bandoneon – die Extérieur, nuit (1980)<br />
zo bijzonder maken. En er is de opmerkelijke vertolking van nieuwkomer Christine Boisson. Boisson,<br />
een kruising van Louise Brooks en Jeanne Moreau, is de koele minnares die kortstondig opduikt in het<br />
nachtelijke leven van twee vrienden, Léo (Gérard Lanvin) en Bony (André Dussolier, die momenteel<br />
schittert als Stalin in Une exécution ordinaire van Marc Dugain). Maar vriendschap en seks doorbreken<br />
het cynische individualisme van het trio niet en Cora vertrekt opnieuw. Extérieur, nuit is een prachtig<br />
vrouwenportret in de beste traditie van A Woman under the Influence (1974, van John Cassavetes) of<br />
Wanda (1970, van Barbara Loden).
Bien sûr, il est toujours un peu facile de considérer l’opus ultime d’un cinéaste comme<br />
son “film-testament”. Mais il faut reconnaître qu’en portant à l’écran The Dead, John<br />
Huston ne nous écarte pas vraiment de l’hypothèse mortuaire. The Dead, donc, et non<br />
pas Dubliners comme pourrait l’indiquer le titre français, le film s’attachant uniquement<br />
à la dernière des nouvelles composant le célèbre recueil signé James Joyce.<br />
Adapter Joyce : Huston, ce vieux pirate, était bien l’un des rares à pouvoir tenter le coup,<br />
lui qui s’était mesuré à Moby Dick, cassé les dents sur La Bible et sorti victorieux du<br />
maelström Au-dessous du volcan – l’exploit étant d’avoir tiré du chef-d’œuvre ébouriffé<br />
de Lowry un film rectiligne et limpide, presque une épure. C’est le même Huston<br />
tardif, inspiré et resserré qui se penche sur la nouvelle irlandaise. Son intrigue, ténue,<br />
permet au cinéaste de creuser une atmosphère avec une infinie minutie – économie<br />
des décors et précision d’une mise en scène à la fois revenue de tout et cependant<br />
jamais lasse. Creuser une atmosphère : comme on creuse une tombe. Sans jamais se<br />
placer au-dessus de personnages dont on devine qu’il partage en partie une forme de<br />
nostalgie, Huston se montre pourtant implacable. Le contexte a beau être supposément<br />
festif, les attitudes sont aussi amidonnées que les costumes, et les regards hospitaliers<br />
en surface se font promptement inquisiteurs. Les “bonnes valeurs” de la vieille Irlande<br />
louées autour de l’oie qu’on découpe semblent aussi vivantes que l’infortuné animal.<br />
C’est presque une inquiétante – et lugubre – étrangeté qui s’installe au sein d’une soirée<br />
des plus convenues, à laquelle nous avons la sensation de participer, bien plutôt que<br />
d’être invités à suivre une quelconque intrigue.<br />
rémi boiteux, culturopoing.com<br />
“His soul swooned slowly as he heard the snow falling faintly through the universe and faintly falling,<br />
like the descent of their last end, upon all the living and the dead.” John Huston’s testament werd een<br />
werk van liefde. Liefde voor zijn familie, zijn Ierse roots en zijn favoriete schrijver, James Joyce. Zoon<br />
Tony schreef het scenario voor The Dead (1987), gebaseerd op het gelijknamige verhaal van Joyce,<br />
dochter Anjelica is bijzonder ontroerend als Gretta, één van de sleutelpersonages in dit ingetogen,<br />
sublieme ensemblestuk. Kerstnacht 1905 in Dublin: familie en vrienden komen samen in het huis van<br />
twee ongehuwde zussen. Er wordt gepraat, gedanst, gegeten, gedronken en vooral…gezongen. Eén<br />
lied roept bij Gretta herinneringen op aan een lang geleden gestorven geliefde. Een openbaring voor<br />
haar echtgenoot Gabriel (Donal McCann), die met een mengeling van jaloezie en melancholie het verschil<br />
tussen ‘gewoon bestaan’ en ‘echt leven’ ontdekt.<br />
15<br />
gens<br />
de dublin<br />
John Huston<br />
The deAd<br />
Avec<br />
ANjeLiCA husTON<br />
dONAL mCCANN<br />
dAN O’heRLihy<br />
Royaume-Uni / Eire / États-Unis<br />
1987<br />
83’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
Si on n’est pas curieux,<br />
on est foutu.<br />
Georges Charpak<br />
Nobel de physique 1992<br />
ANN_CURIEUX_186x241_ENFANT.indd 1 17/05/10 07:19
Considéré comme le film le moins réussi d’Ingmar Bergman, L’Œuf du serpent, s’il manque<br />
incontestablement de cohérence, n’en est pas moins une œuvre remarquable, et<br />
c’est d’ailleurs cette hétérogénéité même qui concourt à son inquiétant attrait.<br />
Suivant, dans le Berlin des années vingt, juste avant le putsch raté d’Hitler, la déchéance<br />
d’Abel Rosenberg après le suicide de son frère, le cinéaste en effet, semble hésiter entre<br />
ses préoccupations habituelles, à savoir l’incommunicabilité foncière entre les sexes<br />
et sa tentative de sublimation dans la création artistique (les scènes d’intérieur entre<br />
Rosenberg et sa belle-sœur avec qui il cohabite ; les séquences de cabaret), et une autre<br />
matière, les passages obligés de la reconstitution historique comme la recherche convenue<br />
des causes de l’avènement du nazisme (il s’agit à notre connaissance du seul film<br />
de l’auteur situé dans un lieu et un temps précis). Ces deux thématiques s’allient avec<br />
difficulté, et c’est justement ce qui crée le malaise du spectateur, car leur seul lien véritable,<br />
à savoir le dérèglement psychique du personnage principal, hystérise les conflits du<br />
couple (et l’on est alors plus proche du mélodrame que de la tragédie) et dans le même<br />
temps, connote excessivement l’environnement architectural ou politique de celui-ci (on<br />
est moins dans une adaptation de Kafka par Lang, contrairement à ce qu’on peut lire un<br />
peu partout sur ce film, et ce malgré les labyrinthes et les allusions à Mabuse, que dans<br />
une série B qu’aurait tournée Losey). Cette outrance est à l’origine même de l’effroi que<br />
l’on ressent devant ce film, sorte de version hardcore du Cabaret de Bob Fosse. […]<br />
Radical dans son illustration du drame intérieur du cinéaste, L’Œuf du serpent est bien<br />
le grand film d’épouvante d’Ingmar Bergman.<br />
ludovic maubreuil, cinematique.com<br />
The Serpent’s Egg (1977) volgt een week in het leven van Abel Rosenberg (de vorig jaar overleden David<br />
Carradine), een werkeloze Amerikaanse circusartiest in het door armoe geteisterde Berlijn van na WOI.<br />
Na de zelfmoord van zijn broer betrekt hij een appartement van de vreemde professor Vergerus (Heinz<br />
Bennent), die hem ook een job in zijn kliniek aanbiedt. Daar ontdekt Rosenberg het ijselijke geheim<br />
dat zijn broer tot wanhoop dreef. Neem regisseur Ingmar Bergman weg uit het hoge noorden en de<br />
algemene misvatting is dat hij zijn filmmagie verloor. Bergman maakte deze film in Engeland, en het<br />
werd een groter opgezette productie dan we van hem zijn gewend, maar voor het overige blijft dit een<br />
klassieke, degelijke Bergman, die zijn vertrouwde thema’s aankaart. In dit geval: hulpeloze figuren die<br />
speelbal worden van de oncontroleerbare kracht van de geschiedenis.<br />
17<br />
l’Œuf<br />
du serpent<br />
Ingmar Bergman<br />
dAs sChLANgeNei<br />
Avec<br />
Liv uLLmANN<br />
dAvid CARRAdiNe<br />
heiNz beNNeNT<br />
RFA / États-Unis<br />
1977<br />
119’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
18<br />
on the bowery<br />
Lionel Rogosin<br />
États-Unis<br />
1957<br />
65’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques<br />
Dans le sillage de Flaherty et du néoréalisme italien, On the Bowery et Come Back,<br />
Africa, les deux premiers films de Lionel Rogosin, sont deux documentaires et beaucoup<br />
plus que cela, puisqu’ils sont l’un et l’autre bâtis sur une trame de fiction très simple : un<br />
homme arrive en un lieu, et il est confronté à des situations pour lui inconnues. Comment<br />
va-t-il se comporter ?<br />
Juif new-yorkais héritier d’un grand patron du textile, marqué par la guerre et l’Holocauste,<br />
Rogosin avait décidé de faire des films pour lutter contre de possibles retours à<br />
la barbarie. Son premier projet fut alors de tourner en Afrique du Sud contre l’apartheid<br />
dont on ne parlait pas assez selon lui et c’est pour “apprendre le cinéma” qu’il résolut<br />
de filmer d’abord en Amérique même. Ainsi naquit On The Bowery. On y suit un ouvrier<br />
itinérant, Ray, un de ces déboussolés des lendemains de la Seconde Guerre mondiale<br />
que l’alcool aide à vivre. Ayant terminé un travail sur un chantier de chemin de fer, il<br />
débarque un matin sur le Bowery, dans le Lower East Side de New York, cour des miracles<br />
hantée de clochards. Il en rencontre quelques-uns, se lie le temps d’une cuite avec<br />
eux. Il est grugé, et parfois aidé par les mêmes. Cette découverte, avec lui, d’un enfer de<br />
la décrépitude, pourrait être sordide. Elle est une leçon de vie. Pour deux raisons sans<br />
doute : ce sous-monde est comme une caricature de l’autre, celui de la libre entreprise,<br />
du chacun-pour-soi. Et la deuxième, la plus importante : Rogosin, qui passa des mois<br />
dans les bistrots du Bowery avec eux avant de tourner son film, partageant leurs beuveries,<br />
à écouter leurs histoires de naufrages, aime ses personnages. Il y a du savoir-vivre<br />
chez ces condamnés à mort. Ce film d’amour fait avec eux, pour eux, est impitoyable<br />
pour la société qui tolère de telles situations.<br />
d’après émile breton, L’Humanité<br />
John Cassavetes zei ooit dat Lionel Rogosin ‘wellicht de grootste documentairemaker aller tijden is’.<br />
Nochtans is Rogosin geen huishoudnaam. Onder ‘documentaire’ werd in de jaren ’50 immers vooral<br />
de prachtige natuurbeelden van Robert J. Flaherty (Nanook of the North, 1922) of de gesofisticeerde<br />
kunst van Walter Ruttman (Berlin: die Sinfonie der Grosstadt, 1927) verstaan. On the Bowery (1957),<br />
is een portret van het leven aan de zelfkant van toenmalig New York. Tegen een achtergrond van bars<br />
met pratende, drinkende en ruziënde mensen maken we kennis met Ray. Hij is net gearriveerd in New<br />
York en na een nachtje loosgaan, wordt hij wakker zonder geld en zonder koffer. Net als Flaherty werkt<br />
Rogosin tot op zekere hoogte met een script en gebruikt hij niet-professionele acteurs. Maar hij wijkt<br />
af van Flaherty in zijn keuze van het onderwerp waardoor ‘realiteit’ een meer hedendaagse invulling<br />
kreeg. In dat opzicht effende hij de weg voor de moderne documentaire.
Le 14 février 1900, quatre adolescentes et une institutrice disparaissent au cours d’une<br />
excursion à Hanging Rock. Trois d’entre elles ne seront jamais retrouvées.<br />
Ce film au charme envoûtant tire le meilleur parti des thèmes chers à son réalisateur :<br />
l’intrusion de l’étranger dans un système qu’il dérange, et l’opposition de la culture à la<br />
barbarie. Celle-ci est magnifiquement symbolisée par une énorme masse volcanique<br />
aux pouvoirs mystérieux, dominant de toute éternité la nature sauvage au-dessus de<br />
laquelle les jeunes filles veulent s’élever, selon les principes victoriens qu’on leur a inculqués.<br />
Mais lorsqu’elles quittent le monde de la répression en cédant aux pulsions de<br />
l’instinct et du désir, c’est pour se fondre organiquement à l’endroit où elles ont découvert<br />
la volupté. De l’horreur qu’elles ont vécue, nous ne percevons que les retombées.<br />
Virtuose de l’ellipse, Weir revient parmi ceux que la mort n’a pas transformés en anges<br />
de Botticelli, et nous frustre doublement : par l’énigme et par le refus de nous retourner<br />
sur l’attirant lieu du crime. Le spectateur devient ainsi la dernière victime de Hanging<br />
Rock, saisi par la sensualité de la photo, l’utilisation des ahurissants décors naturels,<br />
le dérapage du romantisme au fantastique, et l’attrait d’un mystère qui le lance fiévreusement<br />
dans toutes les directions rationnelles, avant de le rabattre, par la force d’une<br />
vague mystique, sur les hypothèses les plus folles. geneviève picard, Voir<br />
Hanging Rock fait partie de ces films qui, comme Mulholland Drive, suscitent les passions<br />
et les spirales interprétatives en raison du noyau impénétrable autour duquel il<br />
tourne et bute admirablement. Mais ce n’est pas seulement en tant que support à fantasmes<br />
que le film est captivant, c’est aussi et surtout en tant que forme hybride, au<br />
carrefour de deux tendances majeures du cinéma contemporain : la modernité antonionienne,<br />
pour laquelle il n’y a pas de vérité possible de l’image, et un certain maniérisme<br />
ne croyant plus qu’à la réalité de l’image, de sa surface. amélie dubois, Les Inrockuptibles<br />
Picnic at Hanging Rock (1975) oogt bedrieglijk eenvoudig. Een groep meisjes van een exclusieve school<br />
gaat op Valentijnsdag 1900 op picknick in ‘the outback’, het wilde hinterland van Australië. Het leuke<br />
uitje is afgelopen als na een klimtocht naar de top van Hanging Rock drie meisjes en een lerares<br />
spoorloos verdwijnen. Wie hoopt op een logische afwikkeling, komt bedrogen uit. Regisseur Peter Weir<br />
weigert vastberaden alle mysteries op te helderen. Hij blijft trouw aan het fait divers waarop hij zich<br />
baseerde. De natuur heeft nooit haar geheim prijsgegeven. Angst voor het onbekende is immers veel<br />
doeltreffender dan een rondsluipende gemaskerde gek met een grote bijl. De indrukwekkende soundtrack,<br />
bevreemdende elecronische muziek van Bruce Smeaton, doet de nekharen overeind staan. Deze<br />
tweede film van Weir betekende de doorbraak van de Australische cinema in Europa en de rest van de<br />
wereld.<br />
19<br />
piCniC<br />
At hAnging<br />
roCk<br />
Peter Weir<br />
Avec<br />
RACheL RObeRTs<br />
dOmiNiC guARd<br />
heLeN mORse<br />
Australie<br />
1975<br />
108’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
20<br />
plAy misty<br />
for me<br />
Clint Eastwood<br />
Avec<br />
CLiNT eAsTwOOd<br />
jessiCA wALTeR<br />
dONNA miLLs<br />
États-Unis<br />
1971<br />
104’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques<br />
Animateur de radio en Californie, Dave reçoit régulièrement la même demande d’une<br />
auditrice : diffuser Misty. Il finit par la rencontrer et passe la nuit avec elle. Les fans de<br />
jazz vous le diront : Misty est un des sommets de l’art d’Errol Garner, une mélodie sirupeuse<br />
qui recèle des trésors, des langueurs qui frisent la dissonance. À l’image de cette<br />
histoire où, sous l’apparente paix de la petite ville californienne, couvent des poussées<br />
de violence. Clint Eastwood, qui signait là sa première mise en scène – très inspirée –,<br />
s’est offert un rôle inhabituel d’homme sexuellement harcelé.<br />
aurélien ferenczi, Le Guide Télérama du cinéma<br />
Ce personnage de Dave offre à Eastwood le moyen de prendre le contre-pied du rôle<br />
qu’il vient de tenir dans Les Proies. C’est encore un homme-objet, un mâle qui éveille<br />
le désir sexuel de la femme, mais ici, il peut agir et choisir à sa guise. Rien ne l’aliène<br />
physiquement. S’il se laisse coloniser, oppresser, dominer et molester par Evelyn, c’est<br />
parce qu’il manque de volonté. Play Misty For Me est, dans la moindre de ses fibres, le<br />
récit d’un exorcisme. En marge du scénario, c’est aussi celui du comédien Eastwood qui<br />
rejette son mythe pour entrer dans un univers qui ressemble à ses aspirations artistiques.<br />
Ce qui frappe d’emblée dans sa mise en scène, c’est qu’elle ressemble à sa manière de<br />
jouer : une nonchalance, un rythme coulé, “cool”, avec des accélérations soudaines et<br />
des éclairs d’hystérie. C’est très différent de la cadence syncopée de Donald Siegel ou<br />
de la musicalité graphique de Sergio Leone. Tout s’y fait au tempo d’une respiration<br />
humaine, avec des digressions contemplatives sur la beauté des sites et l’intrusion du<br />
documentaire : Cannonbal Adderley au festival de jazz de Monterey. Il est encore trop tôt<br />
pour cerner un style précis, mais on sent une volonté permanente d’éviter les redondances<br />
et les explications par le dialogue.<br />
d’après noël simsolo, Clint Eastwood<br />
Tachtig wordt Clint Eastwood dit jaar, maar hij blijft aan een verbluffend tempo films van hoge kwaliteit<br />
maken, zij het recent vooral als regisseur. Zijn regiedebuut, Play Misty for Me (1971) dateert van bijna<br />
veertig jaar geleden. In deze voorloper van Fatal Attraction (1987, van Adrian Lyne) toont Eastwood<br />
meteen zijn regisseurskwaliteiten. En dat hij zijn eigen beste regisseur is. Er is nog ruimte voor verbetering<br />
- de long shots met toegevoegde dialoog ogen ondertussen nogal passé – maar dat hij een prima<br />
verteller is die behoorlijk vaart in zijn films brengt, werd meteen duidelijk. Eastwood is Dave Garver,<br />
een radiopresentator die een losse flodder heeft met Evelyn (Jessica Walter), om te laat te merken dat<br />
zij een even krankzinnige number one fan is als Annie Wilkes in Misery (1990, Rob Reiner). 1971 is<br />
trouwens ook het jaar waarin Eastwood de wereld verblijdt met de one liner spuwende inspecteur ‘Dirty<br />
Harry’ Callahan.
Querelle de Rainer Werner Fassbinder est une œuvre qui ne ressemble qu’à elle-même<br />
avec derrière la caméra un cinéaste majeur allant au bout de ses obsessions en achevant<br />
chaque plan comme s’il s’agissait du dernier et, devant, un acteur (Brad Davis). Le<br />
cinéaste allemand s’inspire d’un roman de Jean Genet et plaque ses fantasmes sur celui<br />
de l’écrivain pour créer une fusion maladive. Fassbinder se met à nu et utilise à son tour<br />
l’art du “chant d’amour” pour exorciser ses derniers démons. Mais, attention aux contresens<br />
: s’il voue la même fascination pour le héros Querelle en le dépeignant comme une<br />
bête cruelle au beau cul mais au regard destructeur, il se moque aussi de la légèreté<br />
romantique – parce qu’il ne peut pas s’empêcher d’être méchant – et de la prose pompeuse<br />
de l’écrivain poète français. Ici, pas de sentimentalisme gnangnan, juste la crudité<br />
des mots et des postures. Une manière d’être lucide avec l’“amour”, un mot qu’il faut<br />
bannir du vocabulaire maison. C’est son dernier film, entre pastiche et ironie, cérébralité<br />
et instinct. Il est aussi important que Salo ou les 120 journées de Sodome dans la filmographie<br />
de Pier Paolo Pasolini. Comme toutes les pièces uniques, il ne s’oublie pas. […]<br />
Querelle doit avant tout être vu comme une parabole sur les apparences au sens premier.<br />
Apparence physique bien sûr, entre beauté extérieure et mal intérieur, mais aussi<br />
apparence du décor totalement factice, entièrement reconstitué en studio. Apparence<br />
du leurre et donc du songe. Car Querelle n’est qu’un lent et somptueux songe. […] Il est<br />
de ces voyages dont on ne revient pas. Et l’on ne revient pas de Querelle, empire des<br />
sens qui suinte le désir et la frustration de partout. Ce grand film fantasque, où chacun<br />
se donne corps et âme, a quelque chose de bouleversant.<br />
romain le vern, excessif.com<br />
Velen voelden zich geroepen om de schandaalroman van Jean Genet, Querelle de Brest, te verfilmen,<br />
maar enkel Rainer Werner Fassbinder bleek uitverkoren. Zijn Querelle (1982) werd een zeer persoonlijke<br />
adaptatie van het werk van Genet. Brad Davis speelt met een mengeling van bravoure en onschuld de<br />
matroos die iedereen verbaast met zijn schoonheid en bijwijlen hardhandig in aanraking komt met de<br />
realiteit van de herenliefde. De enige plaats voor een vrouw in de mannenwereld van Genet is Lysiane,<br />
vertolkt door een zingende ‘Each Man Kills the Thing He Loves’ Jeanne Moreau. Fassbinder draaide<br />
Querelle volledig in de Berlijnse CCC-studio’s. Een terrein dat zich uitermate leende voor Fassbinders<br />
antinaturalistische aanpak van Brest. De bordkartonnen havenbuurt wordt uitgelicht in vlammende<br />
kleuren die de kunstmatigheid benadrukken van het niemandsland waar zeelieden, schandknapen,<br />
havenarbeiders en politiemannen elkaar vinden.<br />
21<br />
querelle<br />
Rainer Werner<br />
Fassbinder<br />
Avec<br />
bRAd dAvis<br />
fRANCO NeRO<br />
jeANNe mOReAu<br />
RFA-France<br />
1982<br />
108’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
22<br />
lA rAge<br />
du tigre<br />
Chang Cheh<br />
xiN du bi dAO<br />
Avec<br />
dAvid ChiANg<br />
Ti LuNg<br />
ku feNg<br />
Hong Kong<br />
1971<br />
102’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques<br />
En 1969, Sam Peckinpah, pape amerloque de l’ultraviolence, décroche le pompon<br />
maniériste en coiffant sa Horde sauvage d’un apogée final en montage éclaté et ralentis<br />
esthètes. L’afterchoc asiatique d’une telle bravade ne se fait pas attendre : conscient du<br />
potentiel qu’un tel découpage du temps, aussi bien dans l’espace que dans le lard, pourrait<br />
fournir au cinéma de sabre, les Shaw commandent à Chang Cheh une adaptation<br />
d’un conte ancestral racontant les exploits de Lei Li, un guerrier solitaire qui, à la suite<br />
d’un pari perdu, a promis de se couper le bras. Pas manchot pour autant, mais devenu<br />
entre-temps l’homme à tout faire d’un aubergiste miteux, il reprend la lame pour dépecer<br />
une bande armée jusqu’aux dents emmenée par un vieux maître sanguinaire. Obi-Wan<br />
Kenobi, où es-tu ? Eh oui, c’est déjà en herbe la tragédie grecque revisitée par Star Wars.<br />
Stylistiquement en revanche, ce qui s’invente là, c’est tout simplement le “grand cinéma<br />
du corps”, jouissif et félin, celui qu’explorent depuis, avec un acharnement chorégraphique<br />
qui force le respect, les Johnny To, John Woo, Tsui Hark. Trente-cinq ans séparent<br />
La Rage du tigre des Kill Bill ou de l’aveugle Zaitochi : on ne les sent pas vraiment. Mais<br />
ce qui sidère, à revoir aujourd’hui cet opus séminal, c’est la légèreté, l’insolence, avec<br />
laquelle il s’empare du genre. En inventant un cinéma de danseur acrobate, en filmant<br />
les combats à la toupie, il crée un kung-fu pop, presque funky. La BO mélange toutes<br />
sortes d’influences, sans se soucier des lourdeurs historiques : rythmiques blaxploitation,<br />
groove seventies cuisiné à la thaï pop. Le poids du costume n’embarrasse pas<br />
Chang Cheh. Comme une cerise sur la boule coco, le dossier de presse nous renseigne<br />
sur cette cotation technique : le film est tourné en “Shawscope”. Accidentelle poésie, on<br />
vous dit.<br />
philippe azoury, Libération<br />
U dacht dat Bruce Lee het hoogtepunt in gevechtskunsten vertegenwoordigde? Arme Bruce maakte<br />
helaas maar een handvol films. De ware godfather van de kungfufilm, zeker in de jaren ’70, is regisseur<br />
Chang Cheh, met een honderdtal films op zijn palmares. Chang Cheh was een inspiratiebron voor Bruce<br />
Lee en voor John Woo, die in het begin van zijn carrière assistent van de meester was. Xin du bi dao<br />
(1971) was een sequel, met als hoofdpersonage een eenarmige krijger, die de dood van zijn broer door<br />
een kungfumeester met een slecht karakter (dezelfde die hem zijn arm kostte) wil wreken en daarvoor<br />
eigenhandig een klein leger verslaat. Chang’s lieveling Jimmy Wang Yu werd ingeruild voor nieuwe<br />
vondst David Chiang. Dit spectaculaire historische drama werd gefilmd in de studio’s van Shaw Bros.,<br />
de grootste producent van Hong Kong films. Chang Cheh was één van hun topregisseurs.
Le Salon de musique est le récit d’une “vanité” ; ou plutôt faudrait-il qu’il en trace le<br />
tableau, tant les éléments plastiques et symboliques ont d’importance dans ce film.<br />
L’argument est d’une extrême simplicité : il s’agit de la passion ruineuse d’un riche propriétaire<br />
terrien, de noblesse ancienne, pour les fêtes musicales. Cette passion, sans<br />
cesse ravivée par le voisinage d’un parvenu aux façons vulgaires, mais amateur, lui aussi,<br />
de musique, conduira le protagoniste à la perte de sa fortune, à la mort de son épouse<br />
et de son fils, enfin à la sienne propre. La raison dynamique de cette évolution vers la<br />
catastrophe est en fait la rivalité symbolique entre l’aristocrate, Roy, dilettante de droit<br />
divin, et son voisin parvenu, fils d’usurier. On peut ainsi considérer le film comme l’exposition<br />
du conflit entre l’ancienne classe des propriétaires fonciers, enfermés orgueilleusement<br />
dans les rites immuables de leur caste, et la classe montante des nouveaux<br />
capitalistes, entrepreneurs et industriels. Cette lecture ne rend cependant pas compte<br />
de l’intense poésie du film, construit selon une temporalité cyclique.<br />
Le climat torpide et envoûtant du film doit beaucoup à la demeure de Roy, construction<br />
étrange évoquant aussi bien un temple grec qu’un palais oriental. On pense irrésistiblement<br />
à l’atmosphère funèbre de La Chute de la maison Usher de Poe. Il se peut que le<br />
réalisateur ait pensé à ce conte. Mais l’espace du film ne ressemble à aucun autre. On<br />
se souviendra longtemps, par exemple, de ce plan stupéfiant où le maître, sortant dans<br />
la lumière du matin de son palais croupissant, contemple avec satisfaction, au loin, vers<br />
l’horizon absolument plat et blanc, l’unique silhouette de son vieil éléphant. La magie, la<br />
poésie la plus singulière sont là, irrécusables, souveraines.<br />
d’après pascal bonitzer, Supplément à l’Encyclopédie Universalis<br />
“De films van Satyajit Ray niet zien, is als leven zonder ooit de zon of de maan te zien”. Een uitspraak<br />
van Akira Kurosawa, slechts één beroemde fan van het werk van één van de belangrijkste regisseurs<br />
van India. Ray kwam uit een familie van intellectuelen, zijn vader was een bekend auteur/poëet . Hij was<br />
zelf een componist, en het is dus niet vreemd dat muziek altijd een belangrijke rol speelt in zijn films.<br />
Maar zelden meer als in Jalsaghar (1958), de muziekkamer. Een aristocratische, provinciale landeigenaar<br />
(Chhabi Biswas) ziet zich door zijn excessieve levensstijl verplicht zijn verwaarloosde landgoed te<br />
verkopen. Met zijn laatste centen organiseert hij een concert van klassieke Indische muziek. Het is mee<br />
de verdienste van Biswas dat Jalsaghar een klein meesterwerk werd. Als legende van het theater in<br />
Calcutta, belichaamt hij de charme, trots, maar ook dwaze hoogmoed van één van de prominenten uit<br />
een teloorgegaan tijdperk.<br />
23<br />
le sAlon<br />
de musique<br />
Satyajit Ray<br />
jALsAghAR<br />
Avec<br />
ChhAbi biswAs<br />
pAdmA devi<br />
gANgApAdA bAsu<br />
Inde<br />
1958<br />
100’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
Votre rendez-vous culturel du mercredi.
Film révéré aux États-Unis, The Shop Around the Corner fut longtemps invisible en<br />
France avant sa triomphale réédition en 1985. Chef-d’œuvre absolu mais atypique, aux<br />
antipodes de la sophistication luxueuse qui caractérisait alors Lubitsch, il s’agit moins<br />
d’une rupture de ton que d’un retour aux sources. Le cinéaste revient à la miniature<br />
boutiquière de ses débuts. Délicat, modeste, limité tant en ambition qu’en décor, ce film<br />
forme avec Le ciel peut attendre et Cluny Brown une trilogie nuancée où la Lubitsch touch<br />
dernière manière se pare d’accents élégiaques, de tendres demi-teintes. Magistrale, la<br />
mise en scène tend vers l’invisible. Lubitsch passe moins de temps à ironiser derrière les<br />
portes ; la précision du cadrage et de la matière temporelle enchantent sans se montrer,<br />
et l’emportent sur le goût d’afficher la virtuosité : comme si la mise en scène elle-même<br />
était devenue une ellipse lubitschienne. La justesse et la parcimonie des mouvements<br />
de caméra mériteraient d’être étudiées dans le détail, tant le réglage en est minutieux, de<br />
la première séquence, où la caméra va saisir chacun des employés pour l’accompagner<br />
à l’entrée de la boutique, jusqu’à la dernière qui, pour signifier l’intimité naissante du<br />
couple, passe très progressivement du plan d’ensemble au champ-contrechamp serré.<br />
Le scénario est à la hauteur de cette perfection formelle, ne sacrifiant aucun personnage<br />
à la description du groupe, assumant toutes les fluctuations du récit, que celui-ci se<br />
nimbe d’émotion ou s’enrichisse de pirouettes comiques. Fable sur le comportement<br />
humain, le film s’efforce de comprendre chacun sans épargner personne : flagornerie,<br />
servilité, abus de petit patron, opportunisme sont épinglés, mais masquent la peur de la<br />
solitude et engendrent paradoxalement la générosité, la tolérance et la reconnaissance.<br />
Pessimisme individuel et optimisme social : le film prend le contre-pied de Ninotchka, ou<br />
en fournit le complément.<br />
n.t. binh et christian viviani, Lubitsch<br />
Een jaar nadat hij Ninotchka maakte, met Greta Garbo, regisseerde Ernst Lubitsch The Shop Around the<br />
Corner (1940). Deze komedie, die zich afspeelt in Boedapest, is meer ingelopen dan andere films, maar<br />
even schalks gesofisticeerd. Maar daarom niet minder charmant. James Stewart en Margaret Sullavan<br />
zijn pennenvrienden die, zonder het van elkaar te weten, co-workers worden in het warenhuis van de<br />
bazige, maar goedmenende meneer Matuchek (een heerlijke Frank Morgan). Zo goed als Klara en Frank<br />
op papier met elkaar opschieten, zo vliegen ze elkaar in de zaak op regelmatige basis in de haren. Dat<br />
levert vaak hilarische oneliners op als ‘Ik denk dat mensen die naar snoep luisteren en muziek roken<br />
deze muziekdoos geweldig zullen vinden’! Alles verandert als Frank de identiteit van zijn pennenvriendin<br />
ontdekt. Vaak geïmiteerd, denk maar aan You’ve Got Mail (1998 van Nora Ephron, met Tom Hanks en<br />
Meg Ryan) maar nooit geëvenaard!<br />
25<br />
the shop<br />
Around<br />
the Corner<br />
Ernst Lubitsch<br />
Avec<br />
jAmes sTewART<br />
mARgAReT suLLAvAN<br />
fRANk mORgAN<br />
États-Unis<br />
1940<br />
99’<br />
VO ST.BIL<br />
Classiques
26<br />
lA solitude<br />
du Coureur<br />
de fond<br />
Tony Richardson<br />
The LONeLiNess<br />
Of The LONg disTANCe RuNNeR<br />
Avec<br />
miChAeL RedgRAve<br />
TOm COuRTeNAy<br />
Avis buNNAge<br />
Royaume-Uni<br />
1962<br />
104’<br />
VO ST.BIL<br />
Classiques<br />
La Solitude du coureur de fond illustre à merveille les qualités particulières à Richardson,<br />
chaleur humaine, discrétion, sens cutané de la drôlerie la plus insaisissable, mais surtout<br />
la spontanéité totale dans le registre du lyrisme.<br />
Colin Smith, pour le cambriolage d’une boulangerie, est envoyé menottes aux mains<br />
dans un Borstal, sorte de maison de correction dont les brutalités anachroniques sont<br />
acceptées en Angleterre comme une part saine de l’administration pénitentiaire. Or Colin<br />
a de la chance : le directeur de la prison, un pompeux m’as-tu-vu, a la manie des sports.<br />
Il médite d’arracher, à une école publique de l’aristocratie, la coupe de la course sur longue<br />
distance. Et Colin, semble-t-il, a si souvent couru, devant la police surtout, qu’il est<br />
infatigable. […] La Solitude du coureur de fond accomplit cette gageure de décrire l’un<br />
des portraits les plus achevés de cette personnalité psychopathique propre à l’adolescent,<br />
tout en incarnant en lui, par une sorte de paraphe, les forces les plus libres d’une<br />
société écrasée par le banal. Colin est à l’âge du refus, à l’âge suicidiel où l’on préfère se<br />
blesser, s’anéantir plutôt que de céder un pouce de terrain à l’injustice. C’est un héros<br />
libertaire, dans son irréalisme : il détruirait le monde, il le détruit dans sa pensée pour<br />
pouvoir l’arpenter seul dans sa course. Cette force de refus, cette graine de subversion<br />
est plus exemplaire que les tourments passagers d’Arthur Seaton dans Samedi soir, ou<br />
ceux de Jimmy Porter dans Les Corps sauvages. Colin Smith est le jeune homme en<br />
colère dans son acceptation la plus pure, la plus intransigeante.<br />
Le mérite de Richardson est d’avoir conservé à ce film profondément moral une forme<br />
capricieuse, enjouée. Rien ici ne semble convenu, ou accompli, aucun morceau de bravoure.<br />
Même les scènes du Borstal, qui ont été tournées avec de vrais détenus, n’ont<br />
rien d’apparemment contrôlé.<br />
robert benayoun, Positif<br />
De verfilming van The Loneliness of the Long Distance Runner (1962) leek een logische keuze voor<br />
‘angry young man’ Tony Richardson. Al in de intro vertelt langeafstandsloper Colin (Tom Courtenay),<br />
dat (ervan weg) lopen de enige manier is waarop zijn familie met problemen omgaat, maar dat lopen in<br />
wezen een eenzame bezigheid is waarbij je zelf je eigen weg moet zoeken. De voorlopige laatste halte<br />
van Colin’s uitzichtloze bestaan is de strafinrichting (waar hij na een inbraak belandt). Hij werkt zich als<br />
atleet in de gratie van de directeur: in ruil voor de ultieme beloning – de vrijheid om op zijn eentje in de<br />
omgeving van de instelling te trainen – moet hij een chique school de wisselbeker langeafstandslopen<br />
afhandig maken. Tijdens zijn oefenlopen in de vrije natuur overloopt Colin zijn leven tot nu toe. En welke<br />
keuze nu te maken: rebels blijven of buigen voor het establishment.
Témoins malchanceux du massacre de la Saint-Valentin, les jazzmen Joe et Jerry fuient<br />
Chicago avec un orchestre exclusivement féminin en route pour Miami, déguisés respectivement<br />
en “Joséphine” et “Daphné”. Tous deux sont attirés par Sugar Kane Kowalczyk,<br />
chanteuse vulnérable portée sur la bouteille.<br />
angela errigo, 1001 Films<br />
Le plus grand succès commercial de Billy Wilder, précédant ses échecs des années<br />
1960 et 1970. L’intrigue de Certains l’aiment chaud unit le burlesque le plus échevelé<br />
à une cascade de situations assez audacieuses pour l’époque, le tout placé dans le<br />
contexte violent d’un film de gangsters de la Prohibition. Ce cocktail original et explosif<br />
ravit le public. Pour en valoriser les composantes, Wilder et I.A.L Diamond évitent la<br />
complication dans la conduite du récit et dans le détail des scènes. Chacune d’entre<br />
elles est traitée sans détour et sans ruse, dans une très grande franchise d’approche<br />
et avec cette relative lenteur qu’affectionne Wilder car elle lui permet d’explorer à fond<br />
les possibilités comiques de ses personnages. De nombreuses scènes sont ainsi traitées<br />
comme un tout et ce qui serait ailleurs un défaut n’en est pas un chez Wilder. Ses<br />
comédies peuvent se diviser en deux catégories selon qu’elles comportent ou non un<br />
élément mélodramatique. Certains l’aiment chaud appartient évidemment à la deuxième<br />
catégorie, mais sous la caricature perce souvent ce qu’on pourrait appeler les “bons<br />
sentiments” des personnages. Amitié de Joe pour Jerry dont les témoignages concrets<br />
ne manqueront pas. Naïveté et même une sorte d’innocence chez Sugar que pourtant<br />
Wilder n’épargne pas (alcoolisme, cupidité, etc.). Marilyn Monroe, dirigée pour la<br />
seconde fois par Wilder, trouve ici un de ses rôles les plus attachants.<br />
jacques lourcelles, Dictionnaire du cinéma<br />
“Nobody’s perfect”. Ware woorden en meteen de sprankelende eindrepliek uit Some Like It Hot (1959),<br />
een komedie die vijftig jaar later nog steeds de perfectie in grappigheid benadert. Twee muzikanten<br />
(Jack Lemmon en Tony Curtis) in het Chicago van tijdens de drooglegging, vermommen zich als vrouwen<br />
om uit de handen van de maffia te blijven. Uiteraard vallen ze allebei voor de zangeres (Marilyn Monroe<br />
in haar enige filmoptreden dat jaar) van de ‘all women’ band waarvan ze deel uitmaken. De inbreng van<br />
zowel regisseur Billy Wilder als Marilyn Monroe en Jack Lemmon werd wereldwijd bekroond (misschien<br />
had Jack Lemmon mooiere benen als Tony Curtis?). Een quote uit deze ‘crispy battle of the sexes’ lichten<br />
is onmogelijk. Vinniger dialogen zijn zelden geschreven. De cast, en dan vooral Lemmon en Curtis<br />
amuseren zich geweldig. Tenminste als ze niet gefocust zijn op overeind blijven op hoge hielen.<br />
27<br />
some<br />
like it hot<br />
Billy Wilder<br />
CeRTAiNs L’AimeNT ChAud<br />
Avec<br />
jACk LemmON<br />
TONy CuRTis<br />
mARiLyN mONROe<br />
États-Unis<br />
1959<br />
120’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Classiques
28<br />
stAlker<br />
Andrei Tarkovski<br />
Avec<br />
ALexANdRe kAïdANOvsky<br />
ALisA fRejNdLikh<br />
ANATOLi sOLONiTsiNe<br />
RFA / URSS<br />
1979<br />
163’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques<br />
Lieu de tous les fantasmes et de toutes les légendes, tabou absolu dont les autorités<br />
interdisent l’accès et dans lequel ils n’osent pas même se risquer, la Zone fascine. Qui<br />
a créé cette Zone ? Pour quelle raison ? Inconnue effrayante, beaucoup n’en sont pas<br />
revenus. Aucune rationalité ne semble avoir de prise sur elle. Les règles de la physique<br />
la plus élémentaire ne s’appliquent pas là où la ligne droite n’est pas le plus court chemin<br />
et où l’on ne peut revenir sur ses pas. Mais que viennent y chercher ceux qui bravent le<br />
danger ? “Le bonheur”, suppose le Stalker. Car elle laisse passer “ceux qui n’ont plus<br />
aucun espoir ; ni les bons ni les mauvais, mais les malheureux”. Lui-même est de ceuxlà,<br />
laissé pour compte de la société ne vivant que pour la Zone. “Je me sens partout en<br />
prison”, et la Zone est son refuge, son Éden, le seul endroit où il se sente vivre, ce que les<br />
hommes n’ont pas souillé, l’endroit le plus calme du monde, l’espace du dernier espoir.<br />
[…] Tarkovski oppose formellement la vision d’un monde en déliquescence, pollué et<br />
stérile, filmé dans un sépia maladif, à une Zone verdoyante et sauvage – où la nature a eu<br />
raison des entreprises humaines, où les voitures, les édifices ne sont plus que des ruines<br />
envahies par l’herbe virginale –, magnifiée par l’usage d’une couleur pure et apaisante.<br />
[…] Apprentissage de la foi, plaidoyer pour la renaissance de l’espoir, métaphore de la<br />
création artistique, éloge de la nature et de ceux qui souffrent, Stalker est tout cela et<br />
bien plus encore. Sa charge humaniste et métaphysique en font une réflexion intemporelle<br />
et inépuisable, sa puissance esthétique et sa densité poétique une œuvre rare et<br />
déroutante, qui nous fait perdre pied de la réalité pour lui substituer une vérité sublime,<br />
fragile et rédemptrice.<br />
sergius karamzin, dvdclassik.com<br />
Een ‘stalker’ (Aleksandr Kaidanovsky) is de enige die de mentale kwaliteiten heeft om zijn weg te vinden<br />
naar het hart van een gevaarlijke, desolate, verboden zone waar zich een geheime ruimte bevindt die<br />
‘al je wensen vervult’. Hij riskeert de toorn van zijn vrouw en een celstraf om een uitgebluste schrijver<br />
(Anatoly Solonitsin) en een wetenschapper (Nikolai Grinko) door het zwaar gecontroleerde gebied te<br />
gidsen. Om, eenmaal aangekomen bij de kamer, te realiseren dat niemand een idee heeft van wat<br />
hij wil. Andrei Tarkovsky’s Stalker (1979) drijft niet zozeer op de dialogen – veelal discussies tussen<br />
schrijver en wetenschapper – maar op de indringendheid en schoonheid van Tarkovsky’s beelden. Voor<br />
hem betekent de kamer verschillende dingen voor verschillende mensen en de zware weg ernaar toe<br />
verbeeldt de angsten die de mens nauwelijks durft confronteren.
Un des classiques incontestés de la comédie musicale hollywoodienne. À la demande<br />
du producteur Arthur Freed, les scénaristes Comden et Green ont bâti leur histoire à<br />
partir de revues écrites par Howard Dietz et Arthur Schwartz durant les trente années<br />
précédentes. Fred Astaire s’intéressant au projet, les scénaristes créent un rôle pour lui<br />
en rapport avec son âge et certaines de ses manies (ex. son allergie vis-à-vis des partenaires<br />
de grande taille). Minnelli, ici, ne cherche nullement à révolutionner la structure<br />
ou le contenu de la comédie musicale. Au contraire, Tous en scène représente l’apogée<br />
de la forme la plus traditionnelle du genre, celle qui est basée sur la préparation d’un<br />
spectacle. Mais il l’enrichit en y introduisant les thèmes du vieillissement, de l’échec et<br />
du nécessaire renouvellement, qu’il traite avec une émotion discrète, un humour dynamique<br />
et presque cinglant. Se renouveler, ce n’est pas afficher des ambitions extravagantes,<br />
saper systématiquement les vieilles traditions (au passage, Minnelli égratigne<br />
l’avant-gardisme de Broadway). C’est, par un retour aux sources qui exige humilité et<br />
courage, revitaliser de l’intérieur son domaine et son propre talent. C’est aussi, comme<br />
l’a dit Mamoulian à propos d’Astaire, “améliorer la perfection”. Tous les numéros dansés<br />
du film sont passés dans la légende du genre : le solo d’Astaire au parc d’attractions, ou<br />
bien le duo Dancing in the Dark avec Cyd Charisse. Le ballet final de treize minutes, “Girl<br />
Hunt”, évocation de l’univers de la série noire, est avec celui de Chantons sous la pluie<br />
et d’Un Américain à Paris, le plus célèbre morceau de bravoure de la comédie musicale<br />
hollywoodienne. Quant à la chanson That’s Entertainement, écrite spécialement pour le<br />
film, elle contient toute la philosophie du genre et mérite d’être mise en exergue à l’ensemble<br />
des musicals Metro.<br />
d’après jacques lourcelles, Dictionnaire du cinéma<br />
Producer Arthur Freed en MGM creëerden met pareltjes als Annie Get your Gun (1950), An American in<br />
Paris (1951), Singing in the Rain (1952), The Band Wagon (1953) en vele, vele anderen het gouden tijdperk<br />
van de musical in Hollywood. In The Band Wagon is Fred ‘danst een beetje’ Astaire een musicalster<br />
op zijn retour die in New York op zoek gaat naar een nieuwe carrière. Die krijgt hij – en veel meer – als<br />
hij zich door een stelletje vrienden laat overhalen de ster van hun nieuwe show te worden. Regisseur<br />
Vincente Minnelli – trouwens ook ‘verantwoordelijk’ voor An American in Paris – zorgt voor verrukkelijk,<br />
kleurrijk en hoogstaand amusement waarin de hoogtepunten moeiteloos aan elkaar worden geregen.<br />
Kijk alvast uit naar het elf minuten durende ‘Girl Hunt: A Murder Mystery in Jazz’ en het vuurwerk tussen<br />
Astaire en Cyd Charisse in het algemeen. That’s entertainment!<br />
29<br />
tous<br />
en sCène<br />
Vincente Minnelli<br />
The bANd wAgON<br />
Avec<br />
fRed AsTAiRe<br />
Cyd ChARisse<br />
OsCAR LevANT<br />
États-Unis<br />
1953<br />
112’<br />
VO ST.FR<br />
Classiques
Inédits 02
La caméra de Frederick Wiseman semble posée depuis des lustres dans l’enceinte du<br />
Palais Garnier. Elle ne dérange personne, d’ailleurs il serait vain de perturber l’institution,<br />
la grande maison de la danse. Le cinéaste américain n’est pas venu pour en savoir<br />
plus ou pour imposer un point de vue. Ce n’est pas sa manière de procéder. Inutile<br />
donc d’espérer des révélations d’étoiles, des apartés croustillants et rebelles. Pas de<br />
“pipolisation”, ni même de relation journalistique. Wiseman n’a rien à dire de plus que<br />
ce qui est, que ce qui fabrique la danse. Le seul extérieur qu’il s’autorise, c’est une vue<br />
de Paris, des légendaires toits de la maison, d’où l’on aperçoit une autre hiérarchie,<br />
cette fois architecturale, qui trace la ville. Sinon, que du dedans, jusqu’à la cantine avec<br />
gros plans sur l’assiette, aussi banale que celle d’un autre estaminet de collectivité. Des<br />
arrêts aussi dans les escaliers, dans les couloirs de bois. […] Pour le reste, il se concentre<br />
sur les danseurs et la direction ou l’administration. Les répétitions ne sont pas ici ce<br />
qui précède le moment sublime, elles portent la danse même, pleine d’humeur et de<br />
sueur. Une courte séquence et tout est là, posé sans commentaire. Delphine Moussin<br />
répète seule sa partie solo du Songe de Médée d’Angelin Preljocaj. On verra des images<br />
du spectacle ensuite, comme pour la plupart des répétitions, mais tout est déjà présent,<br />
notamment une colère qui la met hors d’elle. Le souci du détail n’est nullement voué à<br />
l’ornementation : qu’il s’agisse de Mme la directrice, Brigitte Lefèvre, qui reçoit les confidences<br />
de ses ouailles, d’une séance d’organisation du gala pour les American Friends<br />
ou des élans de Laurent Hilaire, maître de ballet. Une immersion captivante et rare.<br />
marie-christine vernay, Libération<br />
Frederick Wiseman is een monument binnen de Amerikaanse documentaire en de documentaire tout<br />
court. Die reputatie heeft hij vooral te danken aan zijn scrupuleuze kijk – noem het een geduldige maar<br />
gedisciplineerde vlieg-aan-de-muur-aanpak – op de manier waarop instituten eigenlijk werken. In zijn<br />
jongste opus La Danse gunt hij ons een blik achter de schermen van het prestigieuze balletgezelschap<br />
van de Opera van Parijs, het oudste ter wereld. Het gros van de beelden concentreert zich op de dansers<br />
en topchoreografen als Wayne McGregor en Pina Bausch terwijl ze klassieke repertoriumstukken of<br />
nieuw werk inoefenen. Maar Wiseman heeft ook oog voor de repetitieve cyclus van administratief werk<br />
en stafvergaderingen in het imposante Palais Garnier. Op die manier krijgen we een fascinerend, haast<br />
antropologisch document en een glorieuze studie van de balletkunst en sierlijke lichamen in beweging.<br />
31<br />
lA dAnse –<br />
le bAllet<br />
de l’opÉrA<br />
de pAris<br />
Frederick Wiseman<br />
France<br />
2009<br />
158’<br />
VO FR<br />
Inédits
Inédits<br />
32<br />
frAnCe<br />
tour dÉtour<br />
deux enfAnts<br />
Jean-Luc Godard<br />
& Anne-Marie<br />
Miéville<br />
France<br />
1979<br />
12 x 26’<br />
VO FR<br />
Vers 1973-1974, après avoir sillonné l’Europe à la recherche de télévisions prêtes à produire<br />
les films militants de l’après-68, Godard éprouve le besoin de se poser quelque<br />
part et choisit de faire escale à Grenoble avant de s’installer dans la petite ville de Rolle,<br />
à côté de ses lieux d’enfance, où il vit encore. Dans ces deux lieux de vie et de travail,<br />
il achètera les machines et installera l’atelier qui lui permet de fabriquer à domicile, en<br />
toute autonomie et indépendance, ces émissions et de les envoyer en cassettes, “par la<br />
poste”, à la chaîne qui les a produites. C’est là, entre 1976 et 1978, qu’il tourne avec l’INA<br />
les six émissions en deux parties de FTD2E (pour Antenne 2). Comme si Godard avait<br />
entrepris une sorte de cure de rééducation pour sortir des années Mao en reprenant<br />
contact avec la réalité la plus humble et la plus anonyme. Il s’empare de la vidéo (très<br />
lourde !) pour se mettre à l’écoute de ceux qu’il filme après toutes ces années passées<br />
à tenir des discours sur et pour les autres. […] Après avoir cru dur comme fer que le<br />
cinéma politique pouvait et devait “déplacer les montagnes”, Godard se contente de<br />
mobiliser toute son attention et de se donner tout le temps pour observer et écouter<br />
deux enfants, un cinéaste amateur, un paysan, un mathématicien… Ce sera sa façon<br />
à lui de redescendre de la montagne ou de revenir du désert, comme on voudra, avant<br />
de reprendre contact avec le cinéma en 1979 avec Sauve qui peut (la vie). Un cinéma<br />
qui ne se fera jamais plus comme avant, mais le plus possible à la maison, en reprenant<br />
en mains (au sens propre) tout ce qui peut l’être de la chaîne-cinéma, et toujours avec<br />
la vidéo en deuxième équipe. [...] Godard pose tout au long de cette série la question<br />
(protestante ?) de la responsabilité individuelle dans le malheur social et politique des<br />
hommes.<br />
Il y a une vraie cruauté dans ce miroir renvoyé à chacun des spectateurs : qu’as-tu fait,<br />
toi, pour changer ta vie ? N’es-tu pas complaisant à l’égard de ta propre aliénation ?<br />
Es-tu vraiment disposé à aider à ta propre libération ? N’y a-t-il pas en toi, une part<br />
d’État, de patron, d’agent de la répression ? Mais ce qu’il y a de donneur de leçons dans<br />
cette série de Godard relève de la mise en crise des sujets idéologiques, du décapage<br />
des défenses et des discours tout prêts, et n’est jamais hautain : Godard manifeste au<br />
contraire une attention et une générosité émouvantes, une infinie patience pour détecter<br />
chez quelqu’un la parcelle de liberté, d’intelligence, qu’il va s’attacher, au prix du malaise<br />
et de la provocation, à faire surgir au terme d’une pédagogie qui n’appartient qu’à lui.<br />
Mais la plus grande redécouverte de cette série est celle de la puissance du geste cinématographique<br />
à l’œuvre, et la capacité de Godard à créer des émotions de pur cinéma<br />
avec des moyens minimalistes. […] Le filmage des deux enfants est la plus belle et la<br />
plus émouvante des leçons de cinéma en ce qui concerne la primauté de la décision<br />
juste, ferme, inspirée, sur la quantité de moyens mis en œuvre. Le minimalisme technique<br />
– deux projecteurs, une toute petite équipe avec de grands bonshommes (comme<br />
William Lubtchansky et Dominique Chapuis, à l’image) – et le souci de ne pas déranger<br />
rendent plus visibles que jamais chez Godard la puissance de décision artistique, la<br />
sûreté du trait qui vaut celle d’un coup de crayon de Matisse dessinant en une fraction<br />
de seconde un visage aimé ou une fleur.<br />
alain bergala, Cahiers du cinéma
Een nieuwe film (Socialisme) en een pas verschenen biografie: JL. Godard – de man die de conventies<br />
van de cinema op zijn kop heeft gezet – lijkt terug van nooit weggeweest. France / tour / détour / deux /<br />
enfants – een tv-serie van 12 afleveringen van telkens 26 minuten – dateert van het einde van de jaren<br />
zeventig, maar is nog heel actueel. Voor deze radicaal onconventionele tv-serie lieten Godard en Anne-<br />
Marie Miéville zich inspireren door Le Tour de la France par deux enfants: een oud schoolboek, opgevat<br />
als een reis doorheen de industrie, agricultuur, geografie en geschiedenis van Frankrijk. In hun handen<br />
en in hun poging om eens ‘andere televisie’ te maken, leidt dat tot een intellectueel scherp en speels<br />
complex geformuleerde sociale annalyse van de samenleving en kritiek op de macht van het beeld in<br />
de hedendaagse cultuur en het dagelijkse leven. Eigenlijk volgen Godard & Miéville in deze telkens symmetrisch<br />
gestructureerde afleveringen – met titels als Obscur/Chemie, Impression/Dictée en Pouvoir/<br />
Musique – twee kinderen, Camille en Arnaud, in hun dagelijkse routine thuis en op school. Die met<br />
typografie doorsneden beelden en vranke interviews met zowel practische als meer filosofische vragen,<br />
worden gevolgd door de ironische commentaar van twee volwassen tv-journalisten (een man en een<br />
vrouw). Zo deconstrueren Godard en Miéville in dit buitengewoon onderzoek niet alleen het medium<br />
televisie. Met veel zin voor metaforen leggen ze provocerend bloot dat de massamedia en instituten<br />
als de familie en het onderwijs kinderen ‘programmeren’ om later te functioneren in de keten van onze<br />
technologische consumptie- en prestatiemaatschappij.<br />
33<br />
pARTie 1 (156’)<br />
1. Obscur/Chimie<br />
2. Lumière/physique<br />
3. Connu/géométrie/géographie<br />
4. inconnu/technique<br />
5. impression/dictée<br />
6. expression/Français<br />
pARTie 2 (156’)<br />
7. Violence/grammaire<br />
8. désordre/Calcul<br />
9. pouvoir/musique<br />
10. roman/economie<br />
11. réalité/Logique<br />
12. rêve/morale<br />
deux inContournables sur J.l. godard :<br />
—<br />
antoine de baeCque,<br />
“godard”,<br />
ed. grasset, 944 P.<br />
—<br />
alain FleisCher,<br />
“morCeaux de Conversation<br />
aveC Jean-luC godard”,<br />
4 dvd, editions montParnasse.<br />
> en vente au Cinéma arenberg<br />
Inédits
34<br />
lA nAnA<br />
Sebastián Silva<br />
Avec<br />
CATALiNA sAAvedRA<br />
CLAudiA CeLedON<br />
ALejANdRO gOiC<br />
Chili<br />
2008<br />
95’<br />
VO ST.FR<br />
Inédits<br />
La nana, en espagnol, c’est la berceuse, la nounou. Un euphémisme pour dire ce qu’est<br />
en pratique Raquel dans la grande maison où elle travaille et dort depuis plus de vingt<br />
ans : la bonne à tout faire. On est à Santiago du Chili, mais pour la plus-value exotique,<br />
on repassera. Le film (multiprimé au festival de Sundance) montre une bourgeoisie<br />
mondialisée, à peu près identique à celle de nos quartiers chic. L’altérité, la différence,<br />
ça se passe d’abord et avant tout entre les riches et les pauvres, entre les dominants<br />
et les dominés. Malgré toute la tendresse compassionnelle que la famille aisée témoigne<br />
à sa domestique, Raquel est profondément asservie. Sa condition sociale a fini par<br />
s’inscrire dans sa chair (fatigue, malaises, médocs), dans sa façon de penser : elle est<br />
devenue son identité même. Sebastián Silva, jeune réalisateur chilien qui, dit-il, a grandi<br />
entouré de bonnes, réussit donc, d’abord, ce constat clinique glaçant, perçant : sous<br />
l’apparence de la normalité, voire de l’harmonie, une relation maître-esclave. […] Cela se<br />
corse encore quand on lui adjoint une aide, avec qui elle doit partager son territoire – la<br />
maison, la famille, c’est sa chose. Mais la fracture sociale est si bien intégrée par tout le<br />
monde comme une donnée indépassable que les envies de meurtre ne sont plus dirigées<br />
contre les bourgeois : la nana n’en veut qu’à ses semblables, ses doubles... Au lieu<br />
d’un rebondissement à résonance révolutionnaire, le film s’achemine ainsi vers la simple<br />
possibilité d’un moindre mal. Une manière de s’accommoder de l’ordre du monde ? Pas<br />
si simple. Car d’un bout à l’autre de cette chronique d’une belle acuité, le cinéaste se<br />
tient du côté de son héroïne opprimée. Et l’élan qu’il sait lui communiquer in extremis,<br />
c’est déjà une petite déclaration d’indépendance.<br />
louis guichard, Télérama<br />
Cineasten als Chabrol en Buñuel hebben al scherpe cynische films gedraaid over de figuur van de<br />
meid, denk maar aan La Cérémonie en Le Journal d’une femme de chambre. La nana van de Chileense<br />
regisseur Sebastián Silva hoort in dezelfde rij thuis, al lijkt het ook op een soort insiders kijk want<br />
Silva groeide zelf in Santiago op met een meid die bij hem thuis inwoonde. In de film wordt gefocust<br />
op Racquel (de in Sundance bekroonde actrice Catalina Saavedra), een vrouw die al 23 jaar voor de<br />
Valdessen werkt en in de illusie leeft dat ze een familielid is. Tot strubbelingen met de oudste dochter er<br />
voor zorgen dat er een extra hulp aangenomen wordt. Klassenstrijd in schortuniform? Zoiets, al is een<br />
omschrijving als Sabottage in Bitchland ook niet misplaatst want Racquel ontpopt zich in dit komische<br />
drama vol psychologische oorlogsvoering ook bitsig tot een kreng die haar territorium met veel nijd<br />
verdedigt.
Recette du road-movie à la norvégienne : du blanc, et encore du blanc, à perte de vue.<br />
Là, tout en haut du pays, Jomar, doux géant dépressif, glisse sur sa fidèle motoneige vers<br />
une hypothétique nouvelle vie... Pour sa première fiction, Rune Denstad Langlo s’écarte<br />
de son expérience de documentariste : son odyssée contemplative semble flotter, bien<br />
au nord de la réalité, avec des personnages, tous un peu à côté de leurs Moon boots...<br />
À commencer par le héros, Jomar, ancien champion de ski : on le découvre coincé dans<br />
un trou perdu, en bas d’une remontée mécanique qu’il est vaguement censé surveiller.<br />
Ce boulot, il s’en fout comme de sa première luge. Plus mou et imbibé qu’une omelette<br />
norvégienne, et plus groggy que le Jeff de Jacques Brel, il végète depuis que sa femme<br />
est partie. Il lui faudra une révélation (il a un enfant, qui vit là-bas, dans le Nord) et un<br />
accident (il met le feu à son chalet de fonction) pour l’arracher à cet avachissement<br />
mortifère. Tout ce qui s’annonçait dans ce drôle de préambule se confirme et s’épanouit<br />
ensuite : une drôlerie déconcertante, un goût pour l’absurde et l’insolite qui frôle<br />
l’onirisme sans jamais s’attarder. Jomar non plus ne traîne pas. Il suit sa piste, malgré<br />
les pannes et les blizzards, prétexte à un marabout d’ficelle de saynètes poétiques et<br />
cocasses, presque sans paroles, une série de rencontres plus farfelues les unes que<br />
les autres. […] Juste avant de retrouver son gamin, notre Ulysse des grands froids fait<br />
sa plus belle découverte : tout seul dans son tipi sur un lac gelé, un vieillard attend, une<br />
grosse chaîne accrochée à la cheville. Cet épisode, quasi métaphysique, résume à lui<br />
seul l’esprit de cette comédie givrée, qui parle avec légèreté d’angoisse et de solitude.<br />
Un bel exemple d’humour... blanc !<br />
cécile mury, Télérama<br />
Een melancholische off-roadmovie uit het besneeuwde Hoge Noorden: dat krijg je in North, het door<br />
David Lynchs The Straight Story geïnspireerde fictiedebuut van de Noorse documentaire filmmaker<br />
Rune Denstad Langlo. De basisidee van deze louterende en droogkomische odyssee is even simpel als<br />
pretentieloos: een depressieve, aan drank en pillen verslaafde ex-skikampioen vertrekt per sneeuwmobiel<br />
vanuit Trondheim voor een 1100 km lange tocht per sneeuwmobiel richting Poolcirkel, op zoek naar<br />
zijn zoontje en een nieuw leven. Die barre reis door fraai gefotografeerde winterse landschappen waarbij<br />
de sfeer van isolement en depressie bijzonder goed is getroffen, wordt koel-laconiek opgevrolijkt<br />
door vluchtige ontmoetingen met excentrieke zonderlingen en minimalistische deadpanhumor. Maar<br />
hoe absurd en tragisch het wereldbeeld van Langlo ook is, finaal is North een troostend humanistisch<br />
sprookje over de schrik voor de leegte<br />
35<br />
nord<br />
Rune Denstad<br />
Langlo<br />
NORTh<br />
Avec<br />
ANdeRs bAAsmO ChRisTiANseN<br />
mARTe AuNemO<br />
LARs OLseN<br />
mAds sjOgARd peTTeRseN<br />
Norvège<br />
2008<br />
78’<br />
VO ST.FR<br />
Inédits
36<br />
plein sud<br />
Sébastien Lifshitz<br />
Avec<br />
yANNiCk ReNieR<br />
LéA seydOux<br />
NiCOLe gARCiA<br />
ThéO fRiLeT<br />
France<br />
2009<br />
90’<br />
VO FR ST.EN<br />
04.07.10 - 18h50<br />
en PrésenCe du réalisateur<br />
retrouvez la vidéo<br />
de la renContre<br />
sur www.arenberg.be<br />
Inédits<br />
Jamais le Sud n’aura tant saisi sa possibilité d’être l’Ouest. Un personnage (Sam), un<br />
véhicule (une vieille Ford pourrie), un mobile (la vengeance), un paysage (une France<br />
cousine du Texas) et un point de mire (l’Espagne – le Mexique du Vieux Continent) (…).<br />
Dans son livre sur le road-movie, Timothy Corrigan résume ainsi les enjeux identitaires<br />
du genre : “La voiture devient une maison authentique, une origine perdue où ce que l’on<br />
voit est ce que l’on est.” Et c’est peu dire que le cinéma de Sébastien Lifshitz est marqué<br />
de cette thématique de la quête d’une origine perdue et de l’obsession de se recréer<br />
un monde à soi. Le récit : Sam (Yannick Renier) est hanté par un souvenir d’enfance, le<br />
suicide de son père et ce qui en découla : la folie de sa mère, son placement en famille<br />
d’accueil et la perte de tous ses repères. Alors qu’il vient d’avoir 27 ans, sa mère (Nicole<br />
Garcia, d’une grande justesse), fraîchement sortie de l’hôpital psychiatrique, l’invite dans<br />
une lettre à la retrouver en Espagne après tout ce temps perdu. Mais, toujours hanté par<br />
le trauma, c’est armé d’un flingue que Sam va prendre la route, sur laquelle il rencontre<br />
Mathieu et sa sœur Léa (Théo Frilet et la démente Léa Seydoux). De là, Plein Sud s’offre<br />
une mosaïque de genres : de road-movie, il devient teen puis encore beach-movie, avant<br />
de revenir à la vengeance. De ces glissements et partis pris se dégage une candeur très<br />
attachante, celle-là même qu’on trouve dans ces personnages parmi lesquels aucun<br />
n’est adulte ni ne sait ce qu’il fait ou doit faire. Et cette fascination pour les corps […]<br />
donne aussi une manière de relire le film dans toute sa force : le territoire est traversé à<br />
contre-courant, du nord vers le sud, et si l’on part du plus froid (la tête) c’est pour aller<br />
vers le chaud (le vagin originel). Là où les corps se découvrent et se répondent pour ne<br />
plus s’interrompre.<br />
thomas pietrois-chabassier, Les Inrockuptibles<br />
Met de sensuele road movie Plein sud maakt de Franse regisseur Sébastien Lifshitz (Wild Side, La<br />
Traversée) zijn versie van de Amerikaanse western. De codes en de iconografie van het genre, van<br />
weidse mythologische landschappen tot de zwijgzame protagonist die uit is op wraak, transponeert<br />
hij naar een reisverhaal dat zich afspeelt tijdens de zomer op de zonnige wegen tussen Frankrijk en<br />
Spanje. Het hoofdpersonage Sam, een mysterieuze en verbitterde drifter die in zijn oude Ford op weg<br />
is naar het Zuiden, wordt prachtig vertolkt door de Belgische acteur Yannick Renier. Terwijl hij over de<br />
verlaten wegen stuift pikt hij een drietal jonge lifters op. Tussen het kwartet ontspint zich een spel van<br />
liefde en afstoten waarbij Lifshitz met veel gevoel voor erotiek en aantrekkelijke mannen- en vrouwenlichamen<br />
zijn gekneusde personages observeert. Op de sfeervolle soundtrack vinden we John Parish en<br />
Kubrickcomponiste Jocelyn Pook terug.
Une femme et un homme, anonymes, sont liés par un atroce fait divers : la fille adolescente<br />
de l’une a poignardé à mort celle de l’autre. Sans que l’on sache s’il s’agit d’une<br />
torture qu’il lui inflige ou s’il cherche à établir un contact, le père (interprété par Masahiro<br />
Kobayashi lui-même) va occuper une chambre dans le foyer où la femme est cuisinière.<br />
Passées les premières minutes où les deux personnages témoignent de leur douleur, le<br />
film, sans dialogues, est pris dans une logique de répétition extrême. Combien de fois<br />
voyons-nous le père entrer dans l’usine, prendre son repas à la cantine du foyer et se<br />
reclure dans sa chambre ? Le décompte est impossible et vertigineux. […] La vision de<br />
The Rebirth, harassante, pesante, s’avère néanmoins fascinante, rappelant certaines<br />
expériences minimalistes comme la Jeanne Dielman de Chantal Akerman. Les actions<br />
sont ici indifférenciées et quasiment dénuées de progression, proprement infernales<br />
donc. Si l’adolescente emprisonnée reste invisible, le couple maudit est piégé dans une<br />
logique carcérale. L’expérience devient presque scientifique : à quel stade de la répétition<br />
les deux mécaniques humaines finiront-elles par entrer en contact ? Leurs espaces<br />
respectifs (la cuisine et le réfectoire), à première vue sans raccord, s’unifient peu à peu,<br />
puis les corps s’atteignent avec une violence gauche. La ville enneigée et peuplée d’ombres<br />
où s’épuisent les personnages n’est pas si éloignée du monde spectral d’Hideo<br />
Nakata ou de Kiyoshi Kurosawa. […] Si l’homme représente le souvenir torturant du<br />
meurtre de sa fille, c’est la mère qui est figurée en fantôme, voûtée, ses cheveux recouvrant<br />
ses yeux. Comme une inversion d’Orphée, ce que doivent atteindre l’homme et la<br />
femme, pour sortir des limbes, est le regard de l’autre, le face-à-face redouté.<br />
stéphane du mesnildot, Cahiers du cinéma<br />
In het in Locarno met de Gouden Luipaard bekroonde The Rebirth / Ai No Yokan duiken opnieuw enkele<br />
vaste thema’s op van de Japanse regisseur Masahiro Kobayashi (Bashing en The Man Who Walked<br />
on Snow): vervreemding, de dood, het verdriet en de alles verpletterende eenzaamheid. Dit strakke<br />
minimalistische drama vertelt in een strenge en sobere stijl de toevallige en ongemakkelijke ontmoeting<br />
tussen een man en vrouw in crisis die alle twee gekozen hebben voor een vlucht in de afstompende<br />
arbeidsroutine. Kobayashi speelt zelf de rol van de man, een vader wiens tienerdochter vermoord<br />
werd. De door schuldgevoelens geplaagde vrouw is de moeder van de jonge moordenaar. Toch kiest<br />
Kobayashi niet voor een voorspelbaar drama over schuld, boete en vergiffenis. Zonder één noot muziek<br />
en met nauwelijks dialogen dwingt hij de kijker juist ongemakkelijk in de positie en de gevoelens van<br />
pijn van deze gekwelde mensen.<br />
37<br />
the rebirth<br />
Masahiro<br />
Kobayashi<br />
Ai NO yOkAN<br />
Avec<br />
mAsAhiRO kObAyAshi<br />
mAkikO wATANAbe<br />
Japon<br />
2007<br />
102’<br />
VO ST.FR<br />
Inédits
38<br />
le temps<br />
des grâCes<br />
Dominique<br />
Marchais<br />
France<br />
2009<br />
123’<br />
VO FR<br />
20.07.10 - 18h50<br />
renContre aveC marC duFumier<br />
ProFesseur de déveloPPement<br />
agriCole à agroParisteCh<br />
retrouvez la vidéo<br />
de la renContre<br />
sur www.arenberg.be<br />
Inédits<br />
Voici un film qui rend intelligent. Vous y entrez par un petit bout : la crise des petites exploitations<br />
agricoles en France. De là, une vaste et passionnante opération de dépliage se<br />
produit, qui embrasse dans un même mouvement l’histoire, la géopolitique, la science,<br />
l’urbanisme, l’économie, la littérature, la théologie, questionnant de manière neuve, à<br />
la fois globale et extrêmement précise, le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.<br />
Ancien critique de cinéma aux Inrockuptibles, le réalisateur, Dominique Marchais, a<br />
sillonné la France pour filmer ses paysages et donner la parole à une large palette d’interlocuteurs<br />
: agriculteurs, ingénieurs agronomes, chercheurs, intellectuels... Avec eux,<br />
il relie un écheveau de problématiques ayant trait à l’agriculture française contemporaine<br />
qui sont habituellement appréhendées comme autant de questions autonomes :<br />
uniformité plane des paysages agricoles, uniformisation et perte du goût des aliments,<br />
disparition des petites exploitations, développement frénétique des zones pavillonnaires,<br />
pollution chimique, élevage hors-sol, exploitation du Sud par le Nord... Le film ne<br />
fait pas le procès de la modernité. Il pointe en revanche, avec beaucoup de pédagogie,<br />
l’impasse à laquelle elle a conduit. La destruction du sous-sol qui en a résulté se traduit<br />
par le fait que l’espérance de vie d’une vigne, qui était jadis de cent ans, s’est réduite<br />
à quarante dans le meilleur des cas, souvent vingt-cinq. Rendre la terre fertile à nouveau,<br />
retrouver un équilibre écologique doit passer par une volonté politique assez forte<br />
pour s’opposer aux lobbies agrochimiques. Comme le résume une microbiologiste : “Le<br />
microbe travaille gratuit. Le vivant n’est pas brevetable. Le durable n’est pas rentable. La<br />
nature a une gratuité qui est gênante aujourd’hui.”<br />
isabelle régnier, Le Monde<br />
Welke invloed heeft de moderne landbouw op het ecosysteem ? Was het vroeger voor de industrialisatie<br />
van de landbouw beter? Moeten we terug naar een meer artisanale agricultuur ? Het zijn pertinente<br />
vragen die allemaal aan bod komen in Le temps des grâces, een documentaire van Dominique Marchais<br />
waarvoor hij la douce France doorkruiste van noord tot zuid. Via interviews met landbouwers, agronomen,<br />
biologen en intellectuelen schetst hij in dit zowel wetenschappelijk als pedagogisch stevig<br />
onderbouwde document de historische band van de Fransman met het platteland en de landbouw. Om<br />
vervolgens tot de dramatische conclusie te komen dan het dringend anders moet willen de aarde en het<br />
milieu niet verder verknoeien. Samengevat: een waardig ecologisch pleidooi en een soms onthutsende<br />
wake up call. Of de perfecte neef van La vie moderne, Raymond Depardons liefdevolle kijk op het ouderwetse<br />
boerenleven dat aan het verdwijnen is.
La sortie de ce film est endeuillée par la mort de son auteur. Le photoreporter et documentariste<br />
Christian Poveda, 53 ans, a été assassiné le 2 septembre dernier, abattu de<br />
quatre balles dans la tête sur une route au nord de San Salvador, à cause de ces images<br />
qu’il avait filmées dans l’enfer des gangs de la capitale d’Amérique centrale, et qui dérangeaient.<br />
Durant deux ans, dans la misère des bidonvilles, Christian Poveda a filmé cette<br />
guerre des gangs qui sème la terreur dans le pays et aux alentours. Poussée par une violence<br />
aveugle, cette guerre civile oppose et décime la jeunesse de deux clans ennemis :<br />
la Mara Salvatrucha et la Mara 18. Les maras sont des bandes nées dans les années<br />
1930 aux États-Unis, à Los Angeles, où s’étaient réfugiés des ancêtres qui fuyaient les<br />
remous politiques, afin de se défendre des mafias mexicaines. Le corps et le visage<br />
tatoués à l’effigie du clan qui leur sert de famille, ces mareros se criblent de balles à tout<br />
bout de champ, pour le contrôle d’un territoire, d’un trafic de drogue, d’un réseau d’enlèvements<br />
contre rançons. Fières de leurs exploits, ces armées invisibles sèment une<br />
terreur quotidienne. Images hallucinantes, que ces gamins qui relatent leur exploits, et<br />
sortent brutalement leurs fusils en voyant débarquer leurs adversaires dans une voiture.<br />
Fusillade. […] Puis des funérailles, les morts portés dans un cercueil vitré, les camarades<br />
hurlant vengeance dans une atmosphère de prière : “Réglons ça dans le sang !” [...] Voici<br />
des gamins qui frappent aux portes pour mendier quelques sous qui aideront la famille<br />
de leur pote trucidé. Voici une femme qui a perdu un œil lors d’un échange de coups<br />
de feu, condamnée à plusieurs interventions chirurgicales qui ne lui épargneront pas la<br />
prothèse. Christian Poveda, pour ce film clairvoyant et terrifiant, a, lui, perdu la vie.<br />
jean-luc douin, Le Monde<br />
De fameuze Mara 18 – en mara komt van marabuntas, een carnivore mier uit Centraal-Amerika die<br />
elk leven op haar pad vernietigt – geldt als één van de meest gewelddadige gangs ter wereld. In La<br />
vida loca volgt de Frans-Spaanse journalist en documentaire filmmaker Christian Poveda het dagelijkse<br />
leven van enkele leden van deze gang uit San Salvador, een spiraal van drugsconsumptie en brutaal<br />
geweld. De kapstok voor Poveda was een sociaal reïntegratieproject waarin enkele ex-leden in het hart<br />
van het M18-territorium – de gangsymbolen die elk lid ritueel op zich moet laten tatoeëren – een bakkerij<br />
proberen op te zetten. Zijn ontdekkingstocht is nooit sensationeel maar wel uitzonderlijk boeiend<br />
en verschrikkelijk fascinerend. Ondanks het feit dat Poveda het vertrouwen van de gang had weten te<br />
winnen, werd hij vorig jaar in september doodgeschoten in het hart van één van de wijken waarin M18<br />
actief is.<br />
39<br />
lA VidA loCA<br />
Christian Poveda<br />
Mexique-France-Espagne<br />
2008<br />
90’<br />
VO ST.FR<br />
retrouvez<br />
une interview<br />
de Christian Poveda<br />
sur www.arenberg.be<br />
Inédits
40<br />
Violent dAys<br />
Lucile Chaufour<br />
Avec<br />
LuCiLe ChAufOuR<br />
fRédéRiC beLTRAN<br />
fRANçOis mAyeT<br />
fRANCk musARd<br />
France<br />
2004<br />
104’<br />
VO FR<br />
Inédits<br />
Violent Days est un film qui joue à contretemps. Ses héros, des garçons et des filles<br />
désœuvrés appartenant à différentes tribus de la sphère rockabilly, vivent en circuit<br />
fermé dans une époque et un pays quasi imaginaire (l’Amérique fantasmée des fifties :<br />
bubblegum et creepers), qui n’est pas le leur. Violent Days pourtant se sert d’eux pour<br />
ausculter une France qui n’a plus droit à l’image depuis longtemps : le prolétariat, le<br />
monde ouvrier, les mecs qui sont caristes en usine ou qui bossent au garage ou à la<br />
boulange. Si leur imaginaire est le décalque de celui de leurs aînés, c’est aussi parce<br />
que rien, de leur situation sociale, n’a évolué depuis les années 1950. Il n’y a pas d’horizon.<br />
Seule échappatoire : la musique, le rock. Sa douceur (la jolie bonde aux allures<br />
de pin-up : “Je rêvais d’un homme comme Gene Vincent, d’un homme doux”). Sa violence.<br />
[...] La cinéaste filme un rêve de fille dans un monde de mecs, un rêve en noir et<br />
blanc qui trouve son rythme dans des entre-chocs au montage qui la rapprochent du<br />
premier Cassavetes. Celui de Shadows, qui brouillait les pistes fiction, documentaire,<br />
noir, blanc, jazz, blues en prenant comme modèle formel la puissance de la musique.<br />
Lucile Chaufour aime passionnément le rock’n’roll. Ça s’entend et surtout ça se voit :<br />
avec un budget certainement riquiqui, elle a refusé l’option naturaliste pour inventer un<br />
entre-deux, faisant venir des sons de partout. En somme, elle a monté Violent Days<br />
comme Phil Spector produisait des disques : partir d’une base simple, comme nue, et<br />
lui offrir une ampleur de chapelle Sixtine. Violent Days, une fois vu, ne s’efface pas. Un<br />
peu comme ces tatouages indélébiles sur des avant-bras qui redoutent en silence le jour<br />
fatal où il va falloir baisser la garde.<br />
philippe azoury, Libération<br />
De Teddy’s, vetkuiven en de geest van de Elvis Presley van de fifties zijn weer van de partij in Violent<br />
days, een gestileerde docufictie in zwart-wit over de Franse rockabilly-scène. Al zeggen we er meteen<br />
met een shake in de heupen bij dat dit geen gewone muziekfilm is. Want Lucile Chaufours inventieve<br />
duik in deze subcultuur is ook een politieke film met een sterk uitgesproken sociaal accent. De door de<br />
Amerikaanse Droom gefascineerde rock’n’roll-fans die Chaufour volgt – via interviews op de werkvloer<br />
en een fictieverhaal over drie kerels en een blonde pin-up die met de wagen op weg zijn naar een<br />
concert in Le Havre – komen allemaal uit het arbeidersmilieu. Voor hen is rock dus nog een echte vorm<br />
van rebellie en een bepaald idee van vrijheid maar ook een soort vlucht en uitlaatklep voor geweld. Net<br />
die rock is cool-attitude wordt doorprikt want dit rockdrama is evengoed een subtiele analyse van een<br />
geconditioneerde klasse.
Comment ? Vous n’avez pas vu Old Joy, merveille de film américain indépendant, au<br />
budget minuscule ? Un, il est disponible en DVD. Deux, sa réalisatrice, Kelly Reichardt,<br />
confirme aujourd’hui la particularité de son talent : savoir captiver avec un minimum.<br />
Cette prof de cinéma new-yorkaise, soutenue notamment par Todd Haynes, a tourné<br />
Wendy & Lucy en dix-huit jours. Une économie qui sied au dénuement de l’héroïne,<br />
fille pauvre en route pour l’Alaska (où elle espère trouver du travail) et dont la voiture<br />
tombe en panne dans un bled de l’Oregon. Un parking de supérette est l’épicentre du<br />
film. La disparition d’un chien bien-aimé, son quasi unique rebondissement. Un vieux<br />
vigile, l’interlocuteur principal de la jeune Wendy... Depuis un périmètre aussi réduit, la<br />
cinéaste fait pourtant apercevoir avec une netteté sidérante la pétrification de l’Amérique<br />
profonde, sa résignation face à une misère de moins en moins marginale. Immobilisée<br />
contre son gré, sans aucune ressource, Wendy suscite à peine quelques gestes de solidarité<br />
– d’autant plus émouvants. Dans ce monde-là, rien n’est prévu pour le cas où l’on<br />
n’a pas d’argent du tout. Au-delà de l’acuité documentaire, il y a le petit miracle de l’incarnation,<br />
le pouvoir du cinéma face à la fatalité sociale. Découverte en épouse trompée<br />
dans Le Secret de Brokeback Mountain, Michelle Williams, aux traits enfantins et au jeu<br />
très intériorisé, préserve la tenue du film – une fille privée de son chien, ça pourrait virer<br />
pathétique –, mais lui donne aussi son humanité, et son horizon. Ni ravagé ni conquérant,<br />
le visage de Wendy exprime la volonté éperdue de résister à la dureté de la vie et au<br />
piège des sentiments. Mais il reflète aussi on ne sait quelles promesses d’avenir, envers<br />
et contre tout.<br />
louis guichard, Télérama<br />
Precies zoals het grote voorbeeld, de neorealistische Italiaanse klassieker Umberto D., is de minimalistische<br />
roadmovie Wendy and Lucy een soort rustige reflectie over én commentaar op de groeiende<br />
kloof tussen rijk en arm in het huidige Amerika. Wendy, een twentysomething met veel naturel gespeeld<br />
door Michelle Williams, heeft het moeilijk om de eindjes aan elkaar te knopen. En net als ze in haar<br />
oude wagen op weg is naar Alaska om een nieuw leven te beginnen, komt ze vast te zitten in een gat<br />
in Oregon en verdwijnt haar trouwe labrador waardoor ze in al haar sombere hopeloosheid ook geconfronteerd<br />
wordt met haar eigen broos bestaan. Gus Van Sant is een fan van het werk van de New Yorkse<br />
indiecineaste Kelly Richardt (Old Joy). En we begrijpen waarom. Haar spaarzaam verteld verhaal over<br />
het strompelen aan de zelfkant van de VS-samenleving is een delicaat dramatisch miniatuur en een<br />
verstild portret dat onderhuids aan je blijft kleven.<br />
41<br />
wendy & luCy<br />
Kelly Reichardt<br />
Avec<br />
miCheLLe wiLLiAms<br />
wiLL OLdhAm<br />
wiLL pATTON<br />
jOhN RObiNsON<br />
États-Unis<br />
2008<br />
80’<br />
VO ST.BIL<br />
Inédits
42<br />
winnipeg<br />
mon Amour<br />
Guy Maddin<br />
my wiNNipeg<br />
Avec<br />
ANN sAvAge<br />
LOuis NegiN<br />
dARCy fehR<br />
Canada<br />
2007<br />
79’<br />
VO ST.FR<br />
Inédits<br />
Winnipeg mon amour pourrait bien être la grande œuvre charnière du cinéaste. Une voix<br />
off affirme d’emblée que le film, véritable mais paradoxale city symphony, n’existe que<br />
pour libérer Maddin du pouvoir de sa ville natale, milieu de nulle part déjà amplement<br />
fantasmé d’un bout à l’autre de son œuvre. Jamais le foisonnement maddinien n’a semblé<br />
aussi cohérent qu’à travers cette fiction documentaire qui exhibe comme une nécessité<br />
l’étendard de l’hybridation. Si le spectateur trouve à se repaître du talent de faussaire<br />
de l’éternel adorateur du muet, d’autres types d’images – comme les plans en couleurs<br />
évoquant les désastres urbains de la fin du siècle dernier – cohabitent désormais avec<br />
ceux qui convoquent Buñuel ou Murnau. Et plusieurs séquences d’animation de silhouettes,<br />
juxtaposées aux prises de vues réelles, confirment que le portrait d’une ville<br />
est d’abord celui de ses fantômes. Tout aussi spectaculaire est le recours à l’archive qui,<br />
loin de forclore le sens du film, semble inviter à la fabrication d’autres documents. Ainsi<br />
est sans cesse valorisée l’exploration de nouveaux possibles. En ce sens, le recours<br />
fréquent aux transparences caractérise à merveille le travail de Maddin, pour lequel le<br />
montage désormais se fait également dans le plan. Le procédé renvoie aussi au nouvel<br />
horizon référentiel, étroitement lié à l’expérience familiale du cinéaste, que constituent le<br />
film noir et les premières séries télévisées. L’événement afférent est ici le retour à l’écran<br />
de l’actrice Ann Savage, autrefois fatale dans Detour d’Edgar G. Ulmer, qui devient sous<br />
nos yeux la comédienne choisie pour incarner la mère du cinéaste. Peu importe dès<br />
lors que Maddin ne puisse jamais vraiment échapper au charme hypnotique de sa ville :<br />
Winnipeg abrite le cinéma et sans doute le monde.<br />
thierry méranger, Cahiers du cinéma<br />
Van Archangel tot The Saddest Music in the World: de cinema van de Canadese regisseur en cultauteur<br />
Guy Maddin is er één die zowel formeel als inhoudelijk magisch flirt met het (film)verleden. In My<br />
Winnipeg, Maddins eigenzinnige portret van zijn jeugd en vooral zijn geboortestad (‘een stad waarin<br />
tien keer meer geslaapwandeld wordt dan in eender welke andere stad’), is dat niet anders. Opnieuw<br />
toont hij zich een meester in het recreëren van verschillende filmstijlen, van de Sovjetmontage tot de<br />
film noir. Het geeft deze docufantasie in hypnotiserend zwart-wit de allure van een visueel duizelingwekkende<br />
liefdesbrief. Maar Maddin mengt ook geïnspireerd mythen, nostalgie, fictie en feiten. Zo laat<br />
hij B-filmster Ann Savage, bekend van de noirklassieker Detour, de rol van zijn eigen moeder spelen.<br />
Het resultaat is een verpletterend mooie en mysterieuze droomfilm die vaak verteld wordt vanuit het<br />
standpunt van een rijdende treinwagon.
L’une des tendances les plus identifiables du cinéma israélien contemporain est la “chronique<br />
sociale de gauche”, et le premier long métrage d’Eran Merav, 34 ans, frais émoulu<br />
de l’école de cinéma de Jérusalem, y souscrit à son tour : une veine plutôt minimaliste,<br />
un héritage discrètement revendiqué du néoréalisme italien, une manière directe, sans<br />
fioritures, d’aller au cœur des choses forcent ici le respect. L’histoire est celle d’une<br />
famille modeste de Haïfa, luttant pour survivre en ordre dispersé. La mère, coiffeuse<br />
fantasque séparée d’un mari qu’on suppose sous les verrous, tente de reconstruire quelque<br />
chose avec un homme plus âgé, qui a du mal à se faire accepter des enfants. Ce<br />
sont deux frères, qui occupent le centre du récit. L’aîné, Meir, 17 ans, est une forte tête<br />
qui semble prêt à suivre le chemin du père. Le cadet, Zion, 14 ans, plus malléable, plus<br />
délicat, et sans soute plus intelligent, subit la loi de son frère en même temps qu’il voue<br />
à sa mère l’amour de l’enfant qu’il est encore. Un drame va brutalement nouer le destin<br />
des deux frères. Zion se fait voler sur la plage son unique paire de chaussures et croit la<br />
reconnaître aux pieds d’un jeune immigré éthiopien qui fréquente le même collège que<br />
lui. Rossé par ce dernier alors qu’il tente de les récupérer, il revient avec son frère, qui<br />
se déchaîne sur l’enfant, jusqu’à la survenue du drame. La connivence qui va désormais<br />
les unir alors même que leur relation se défait et qu’ils conjuguent leurs efforts pour ruiner<br />
les espoirs de leur mère, donne au film sa tonalité. Eran Merav y travaille, dans une<br />
palette sombre et désaturée, à une métaphore collective : celle d’une société rongée par<br />
une faute originelle, exaltée par une fraternité empoisonnée, souffrant d’une affliction<br />
d’autant plus amère qu’elle la sait vouée à ne pas connaître d’échappatoire.<br />
d’après jacques mandelbaum, Le Monde<br />
Veel sociale kronieken met een discreet neorealistisch accent zal je niet terugvinden binnen de nieuwe<br />
Israëlische film. Net van die bescheiden stroming maakt Zion and His Brother deel uit, het verrassende<br />
en gevoelig geriedebuut van Eran Merav. De spil van deze tragedie over een bescheiden familie met<br />
problemen die in een grimmige arbeiderswijk van kuststad Haïfa vecht om te overleven, zijn de 14-jarige<br />
Zion en zijn drie jaar oudere broer Meir. Die twee door de hormonendans geplaagde gasten gedragen<br />
zich altijd als kat en hond. Hun complexe, door de accidentele dood van een boefje op de proef gestelde<br />
band vormt het dramatische hart van deze soms licht sentimentele maar met veel inzicht en pijnlijk juist<br />
vertelde vergiftigde broederrelatie. Een kleine maar bijzondere én aanstekelijk vertolkte film over de<br />
familiale dorens en de groeipijnen van de adolescentie.<br />
43<br />
Zion<br />
et son frère<br />
Eran Merav<br />
Avec<br />
RONiT eLkAbeTz<br />
ReuveN bAdALOv<br />
OfeR hAyOuN<br />
France / Israël<br />
2008<br />
84’<br />
VO ST.BIL<br />
Inédits
Reprises<br />
05
Un escroc de petite envergure, Philippe Miller (François Cluzet), bourlingue dans le Nord<br />
de la France en se faisant passer pour le représentant de sociétés connues. Le hasard le<br />
fait tomber sur un chantier d’autoroute abandonné deux ans auparavant, l’arrêt soudain<br />
du projet ayant planté là nombre de petites entreprises locales. En se faisant passer<br />
pour un cadre de la CGI (filiale de la Société générale), l’impassible Philippe Miller fait<br />
reprendre espoir à toute une communauté qui, de l’ouvrier de base aux secrétaires et<br />
aux ingénieurs, bénéficie de plus du soutien d’une municipalité prompte à mettre en<br />
scène sa contribution, au demeurant réelle, à la création d’emplois. Point très fort du<br />
film. Alors qu’eût été assurée la réussite de scènes comiques autour du ridicule des<br />
emberlificotés face à l’arnaqueur, c’est tout un peuple incarné qui s’anime sur l’écran<br />
cinémascope de Xavier Giannoli : les acteurs sont dirigés dans la vérité de leurs personnages,<br />
jamais dans le clin d’œil amusé. À l’origine fonctionne alors sur deux plans.<br />
Premier étage, la valeur d’échange, l’économie, le financement, la finance. La mécanique<br />
mise en marche par l’escroc va réellement enclencher une mobilisation de tous et<br />
la réouverture du chantier. Deuxième étage, la valeur d’usage. L’élan créé crée de l’élan<br />
et de la vie, pas nécessairement de la richesse, ou alors “seulement” de la richesse<br />
humaine. Achevée, la passerelle d’autoroute ne mène à aucun tronçon, se termine dans<br />
le vide. Mais qu’est-ce qui compte vraiment ? Pas l’échange – le plus souvent inégal, il<br />
dérive vers un modèle de prédation –, ni même l’usage – héritage utilitariste dont les<br />
contenus sont largement à revoir. Héros inexorablement collectif d’un travail qui gagne<br />
à se voir déconnecté du capital, il n’y aurait donc plus que l’homme ? Généreux, inutile,<br />
grandiose, pathétique.<br />
Éric Derobert, Positif<br />
Nee, de titel À l’origine is geen verwijzing naar het beroemde doek van Courbet al ligt de basis van<br />
het door regisseur en scenarist Xavier Giannoli (Une aventure) vertelde verhaal ook in Frankrijk: een<br />
vreemd faits divers over een oplichter die zich autoritair uitgeeft voor een werfleider om in the middle<br />
of nowhere van een door werkloosheid geteisterde regio met de hulp van subsidies, leningen en<br />
smeergeld een stuk autostrade te bouwen. De rol van de bedrieger wordt heel overtuigend gespeeld<br />
door een charismatische François Cluzet, een eenzaat die niemand heeft om op terug te vallen en die<br />
roept om aandacht en liefde. À l’origine is bijgevolg niet zomaar een portret van een zwendelaar of<br />
non-conformistische opportunist maar een sterke sociaaleconomische en symbolische politieke film<br />
over een man die op zoek is naar een identiteit en de menselijk nood om collectief te geloven in en te<br />
werken aan een project.<br />
45<br />
À l’origine<br />
Xavier Giannoli<br />
Avec<br />
fRANçOis CLuzeT<br />
emmANueLLe devOs<br />
géRARd depARdieu<br />
sTéphANie sOkOLiNski<br />
France<br />
2008<br />
131’<br />
VO FR<br />
Reprises
Reprises<br />
46<br />
A serious mAn<br />
Joel & Ethan Coen<br />
Avec<br />
miChAeL sTuhLbARg<br />
sARi LeNNiCk<br />
RiChARd kiNd<br />
États-Unis<br />
2009<br />
105’<br />
VO ST.BIL<br />
Les Coen ont autant lu Kafka que regardé Saturday Night Live ou écouté les Stones.<br />
Cette rencontre entre le territoire physique et métaphysique des bouseux rednecks et<br />
leur regard de fins lettrés fait toute la saveur de leur cinéma décalé et de A Serious Man.<br />
Le personnage central, Larry Gopnik, est un professeur de physique soudain assailli<br />
par une multitude de problèmes banals. Sa femme veut divorcer. Ses enfants ados ne<br />
l’écoutent plus et se disputent sans arrêt. Un de ses étudiants qu’il a mal noté le menace.<br />
Une société de vente par téléphone le harcèle. Cet engrenage est autant dramatique<br />
qu’hilarant. Comme Barton Fink, Jerry Lundegaard de Fargo ou le Dude Lebowski, Larry<br />
Gopnik est un brave type moyen soudain enseveli sous une coulée d’événements qu’il<br />
ne parvient plus à maîtriser. A Serious Man ravira le fan des Coen : il y retrouvera tout ce<br />
qu’il aime dans leur cinéma. Mais ce film apporte une nouvelle dimension : l’autobiographie.<br />
Les Coen ont probablement mis beaucoup d’eux-mêmes dans le fils Gopnik, ce<br />
jeune garçon rouquin qui prépare sa bar-mitsva tout en écoutant Jefferson Airplane et<br />
en fumant de la beuh en cachette… “67, année problématique”, pourrait chanter Gopnik.<br />
Dans une époque de toutes les trouilles, rongée par la montée des communautarismes<br />
et le retour de la religion, où des gouvernements en échec tentent de nous embrouiller<br />
avec d’oiseux débats hors sujet, A Serious Man fait du bien : il diffuse en mode mineur<br />
sa version de l’identité nationale. Et elle est une aventure à la fois individuelle et collective,<br />
qui se construit et se transforme au long d’une vie, mute d’une génération à l’autre.<br />
Tel est le propos fort et sage émis par les Coen dans leur nouvelle comédie tragique.<br />
Géniaux, qu’on vous dit.<br />
d’après serge kaganski, Les Inrockuptibles<br />
Overloop de films van de Coens, nog altijd de meest getalenteerde filmbroers van Hollywood, en je kan<br />
na A Serious Man maar tot één conclusie komen: dit is hun meest persoonlijke film, in de strikte zin van<br />
het woord. Hoe absurd of ingehouden grotesk deze parabel over het mysterie van het leven ook is, hij is<br />
wel degelijk een soort verslag – met Jefferson Airplane op de soundtrack – van hun herinneringen aan<br />
de Joodse cultuur uit het suburbane Minnesota van de sixties waarin ze opgroeiden. De protagonist van<br />
hun existentiële satire is Larry Gopnik, een universiteitsprofessor wiskunde die plots de aarde onder<br />
zijn voeten voelt verdwijnen wanneer zijn vrouw wil scheiden en zijn kinderen beginnen te rebelleren.<br />
Meteen de opstap voor een bevreemdende farce waarin vreemde toevalligheden, buren en rabbijnen<br />
een opmerkelijke rol spelen en de Coens zich weer laten kennen als de verfijnde karikaturisten die ze<br />
zijn.
“C’est un effort de déchiffrer un poème”, dit Fanny Brawne, la jeune héroïne de Bright<br />
Star. En l’occurrence, elle a raison. Son amoureux est le poète John Keats, dont les vers,<br />
puissamment ressentis, n’en sont pas moins entortillés. Le plus mauvais service qu’on<br />
puisse rendre à Bright Star est d’en résumer l’intrigue comme suit : l’histoire vraie de<br />
la liaison tragique et non consommée entre l’un des plus grands poètes romantiques<br />
britanniques du XIXe siècle et la pure jeune fille qui devint sa muse, au point qu’il lui<br />
dédia un poème, Bright Star. De quoi redouter l’académisme du film historique... Ce<br />
serait omettre le talent de Jane Campion, experte dans les passions d’époque depuis<br />
La Leçon de piano (1993) ou Portrait de femme (1996), à retrouver la vérité frémissante<br />
de cet amour-là. À en exprimer la force émotionnelle.<br />
Le soin porté au détail, l’intelligence de la mise en scène comme la qualité des acteurs,<br />
pourtant débutants, donnent aux premières scènes une intensité peu commune. Rien,<br />
pourtant, n’est favorable à cette union. John n’a pas les moyens d’épouser Fanny, et sa<br />
pauvreté même rend sa santé chancelante. Il s’éloigne. Jane Campion excelle alors à<br />
montrer l’angoisse de celle qui attend désespérément un signe. La force du film est de<br />
provoquer chez le spectateur une puissante empathie. S’agit-il pour lui, à la vision de<br />
Bright Star, d’éprouver les sentiments contrastés, joie puis désespoir intense, des deux<br />
protagonistes ? Ou, plus sûrement encore, de se souvenir à travers eux de son propre<br />
vécu, des enthousiasmes affectifs et des chagrins passés, de ces moments précieux<br />
d’hypersensibilité qui ont semblé décupler son rapport au monde ? Quel spectateur<br />
quittera la salle sans rêver de les revivre à nouveau ? Bright Star est un film qui rend<br />
irrésistiblement amoureux de l’amour.<br />
aurélien ferenczi, Télérama<br />
Zeven films heeft de Nieuw-Zeelandse cineaste Jane Campion inmiddels achter haar naam staan en<br />
stuk voor stuk zijn het sterke portretten over vrouwelijke sensualiteit en liefdesverlangens. Ook het<br />
discreet lyrische Bright Star hoort in dat rijtje thuis al wordt er vertrokken van de drie laatste levensjaren<br />
van de jonge, tuberculooszieke dichter John Keats en de moeizame liefdesaffaire die hij vanaf<br />
1818 in het Londense Hampstead had met de mooie, vrijgevochten Fanny Brawne, zijn muze die hem<br />
voor enkele van zijn mooiste gedichten inspireerde. Het zijn juist de zintuiglijke gevoelens die uit Keats<br />
gedichten spreken die Campion in deze gecultiveerde liefdesballade even fraai als onberispelijk naar<br />
het doek heeft weten te vertalen. De sfeer van dit superieur subtiele kostuumdrama in de scènes tussen<br />
Ben Whishaw en Abbie Cornish, alle twee voortreffelijk als de kwetsbare kuise geliefden, heeft<br />
daardoor iets uitgesproken delicaat tactiel.<br />
47<br />
bright stAr<br />
Jane Campion<br />
Avec<br />
Abbie CORNish<br />
beN whishAw<br />
pAuL sChNeideR<br />
Royaume-Uni<br />
2009<br />
119’<br />
VO ST.BIL<br />
Reprises
Reprises<br />
48<br />
CArgo 200<br />
Alexeï Balabanov<br />
Avec<br />
AgNiyA kOuzNeTsOvA<br />
LeONid biCheviN<br />
ALexeï pOLuyAN<br />
LeONid gROmOv<br />
Russie<br />
2007<br />
89’<br />
VO ST.BIL<br />
Avec Cargo 200, Alexeï Balabanov revient sur la période qui sépare la fin de l’ère communiste<br />
proprement dite (mort de Tchernenko) de l’avènement de la Russie capitaliste<br />
d’aujourd’hui. En 1984, juste avant l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev, le cinéaste dépeint<br />
la fin d’un régime. C’est tout le ciment social qui part en morceaux avec ses valeurs, et<br />
ses repères. Plus de morale, plus d’autorité, plus de contraintes sociales, les instincts<br />
les plus primaires refont surface. Sans prendre position dans le débat sur l’éventuelle<br />
complaisance du réalisateur envers la violence et la dégénérescence morale, il nous faut<br />
bien constater que Balabanov ne détourne en rien son regard et, à l’instar d’un Gaspar<br />
Noé dans Seul contre tous, contraint son spectateur horrifié à l’accompagner jusqu’au<br />
fond de sa vision d’apocalypse baignée de quelques touches d’ironie funèbre et d’humour<br />
noircissime et glacé. Avec la différence que le réalisateur français brossait le portrait<br />
d’un individu qui atteignait peu à peu le fond de la misère morale. Chez Balabanov,<br />
le naufrage est collectif. Tous les participants, sans exception, sont confrontés à ce<br />
néant. À la limite du regardable, le film fascine cependant par son absence totale de<br />
concession. Une volonté de ne rien épargner dans l’horreur, une rage destructrice qui<br />
balaye sur son passage tout habillage social, laissant à nu une nature humaine qui, chez<br />
Balabanov, est tout sauf rousseauiste. Pour qu’au final, il ne reste rien, et que sur ce rien,<br />
quelque chose de totalement nouveau puisse renaître. Voyage collectif au bout de la nuit<br />
qui n’épargne rien à son spectateur, Cargo 200 est un film coup de poing.<br />
d’après marceau verhaeghe, Cinergie<br />
L’Âge d’Or-winnaar Cargo 200 is een onthutsende en surrealistische afrekening met de pre-Perestroikaperiode.<br />
Deze sombere thriller waarmee regisseur Alexei Balabanov (Of Freaks and Men) het morele<br />
verval en het huidige fenomeen van Sovjetnostalgie wil aanklagen, behoort zonder twijfel tot één van<br />
de meest opmerkelijke en provocerende films die de afgelopen jaren in Rusland is gedraaid. Zijn donkerzwarte<br />
film plaatst een agnostische wetenschapper, een boer die illegale wodka produceert, een<br />
monsterlijke politieagent en feestende jongeren tegenover elkaar in Leninisk, een industriële schrootstad.<br />
Wat volgt is een cynische en grotesk-sinistere rit in vale kleuren door een zowel politiek, moreel,<br />
ecologisch als religieus ontregelde maatschappij waarin Balabanov aanstuurt op een memorabele horrorfinale<br />
waarin de betekenis van het woord schokeffect in de cinema opnieuw wordt uitgevonden.
L’histoire de Crazy Heart a déjà été racontée cent fois. Peu importe : sa force, comme<br />
celle des country songs qu’il célèbre, est de réussir à nous faire croire qu’il s’agit d’une<br />
première fois, encore et toujours. L’Amérique, ses vieilles gloires et ses jeunes loups, ses<br />
histoires d’amour impossibles et pourtant effectives… Scott Cooper, le jeune auteur du<br />
film, ne cherche jamais à éviter les clichés. Au contraire, il leur fonce droit dessus, les<br />
embrasse, s’y plaît – mais jamais ne s’y complaît, animé par le seul désir de sculpter un<br />
écrin pour ses acteurs. À commencer par Jeff Bridges, qui joue un chanteur de country<br />
has-been et alcoolique, écumant sans illusions les petites salles du sud des États-Unis,<br />
jusqu’au jour où il tombe amoureux d’une jeune journaliste (Maggie Gyllenhaal) venue<br />
l’interviewer… Au cours des années 2000, les épaves ont eu tendance à remplacer<br />
les vieux beaux, les Redford, Costner ou Gere, qui se sont fait voler la vedette par les<br />
Stallone, Rourke ou Depardieu – Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli étant à la<br />
variété ce que Crazy Heart est à la country, c’est-à-dire ce que Michel Delpech est à<br />
Johnny Cash. Jeff Bridges parvient, lui, à réconcilier les deux modèles : rocailleux et<br />
aérien à la fois. Il faut voir comment, assis sur le capot de son vieux truck, il répond à<br />
son rival et ancien élève (Colin Farrell), venu lui proposer de le remettre en selle. Les deux<br />
loups se jaugent, se reniflent, et, alors que le conflit d’ego attendu semble sur le point<br />
d’advenir, c’est soudain comme si la mise en scène prenait le plus vieux des deux par la<br />
main et lui chuchotait, au creux de l’oreille : “It’s gonna be all right.” Et le faisait ensuite<br />
glisser doucement sur les arêtes d’un film lumineux qui, à la dramatisation factice et aux<br />
effets de manche, préfère l’insolente tranquillité de ceux qui n’ont rien à prouver.<br />
d’après jacky goldberg, Les Inrockuptibles<br />
Fans van The Big Lebowski – en dat zijn er nog al wat – zullen het er wellicht niet mee eens zijn maar<br />
Crazy Heart wordt door heel wat mensen voorgedragen als de film met de beste vertolking ooit uit<br />
de carrière van Jeff ‘Dude’ Bridges. Het Amerikaanse tijdschrift Vanity Fair noemde zijn interpretatie<br />
van de door whiskeyproblemen aan lager wal geraakte countrymuzieklegende Bad Blake zelfs zo<br />
ongekunsteld – hij kreeg er een Oscar voor - dat je de film er van zou kunnen verdenken dat het een<br />
documentaire-achtige registratie is van Bridges geheim leven. Scott Coopers debuut, naar de roman<br />
van Thomas Cobb, is misschien een bedrieglijk simpel verlossingsverhaal. Maar de fraaie, warme fotografie<br />
van de landschappen van New Mexico en de angstvallig precieze regie van Cooper zetten de band<br />
die er langzaam groeit tussen de destructieve en verwarde Blake en zijn redster Maggie Gyllenhaal nog<br />
meer teder en zielvol in de verf.<br />
49<br />
CrAZy heArt<br />
Scott Cooper<br />
Avec<br />
jeff bRidges<br />
mAggie gyLLeNhAAL<br />
COLiN fARReLL<br />
RObeRT duvALL<br />
États-Unis<br />
2009<br />
112’<br />
VO ST.BIL<br />
Reprises
Reprises<br />
50<br />
fAntAstiC<br />
mr. fox<br />
Wes Anderson<br />
Avec<br />
geORge CLOONey<br />
meRyL sTReep<br />
biLL muRRAy<br />
OweN wiLsON<br />
États-Unis<br />
2007<br />
86’<br />
VO ST.BIL<br />
La nouveauté du dernier film de Wes Anderson tient à la plasticité de son univers qui tâte<br />
maintenant de l’animation en stop-motion. Anti-Mickey Mouse par excellence, Mister<br />
Fox a tous les traits de caractère devant le tenir écarté de l’univers enfantin. Fier-à-bras<br />
chapardeur et chasseur appâté par les poulaillers, il met fin à sa carrière après un coup<br />
qui aurait pu lui coûter la vie ainsi que celle de son épouse enceinte. Mais, la nuit tombée,<br />
l’instinct tourbillonne dans l’âme corsetée de Mister Fox qui n’est, de son propre<br />
aveu, qu’un animal sauvage. Nature et culture, moi intérieur et moi social : Anderson<br />
joue avec maestria d’oppositions clichés, feignant la naïveté, pour glisser vers la profondeur<br />
existentielle. C’était là le point fort de l’écrivain Roald Dahl, dont Fantastic Mr.<br />
Fox est l’adaptation du livre éponyme. […] Et voyant qu’à l’échelle d’une vie animale l’âge<br />
adulte et l’enfance se tiennent au coude à coude, il n’est pas étonnant que Mister Fox se<br />
laisse aller à sa vraie nature. Mais le jeu est plus complexe qu’il n’y paraît. Comme souvent<br />
lorsqu’il s’agit de personnification, l’animal renvoie à l’homme son portrait travesti<br />
et monstrueux en bovidé bête et laid imposant la tyrannie de son espèce au reste du<br />
monde. Les hommes renvoient donc aux animaux leur propre animalité, et vice versa,<br />
tandis que le casting cinq étoiles du film (George Clooney, Meryl Streep, Bill Murray<br />
notamment) dissimule son image derrière des peluches animées. Que faut-il conclure<br />
de ce jeu de chausse-trapes ? Que Clooney est un loup pour l’homme ? ou l’homme, un<br />
Clooney pour l’animal ? Sans verser outre mesure dans le délire à la Ésope ou la mièvrerie,<br />
ce conte moral, brillant et enthousiasmant, rappelle à qui l’aurait oublié que l’humour<br />
est une philosophie de vie. Aussi absurde soit-il.<br />
d’après nicolas bauche, Positif<br />
Dat de stopmotiontechniek – denk aan Aardman en Paniek in het dorp – opnieuw in trek is bij filmmakers,<br />
daar getuigt ook Wes Anderson van in het volwassen sprookje Fantastic Mr. Fox. Het is zelfs<br />
de eerste animatiefilm van Anderson, de dandy achter cartooneske en absurde tragikomedies over<br />
disfunctionele families zoals The Life Aquatic with Steve Zissou en The Darjeeling Limited. Het verhaal<br />
over een sluwe vos (stem van George Clooney) die drie boeren besteelt en door hen achtervolgd wordt<br />
waardoor hij het leven van zijn familie en vrienden in gevaar brengt, is gebaseerd op een klassiek kindersprookje<br />
van Roald Dahl. Met dat verschil dat Anderson het verwerkt heeft tot een droogkomische<br />
en excentrieke ironische fabel in herfstige kleuren over voor hem dierbare thema’s als familieperikelen<br />
en het leven als vrijbuiter in de natuur. De fantasiewereld die hij daarbij met de hulp van stoffen poppen<br />
met vacht creëert is gewoon wonderlijk.
Depuis quelques années, Tommy Lee Jones n’en finit plus d’étonner. Derrière son visage<br />
buriné et son regard d’une noirceur inquiétante, s’agite un comédien de la trempe des<br />
plus grands, longtemps sous-estimé pour cause de rôles pas vraiment à la hauteur de<br />
son talent. Aujourd’hui, tout change. Et l’acteur donne de bonnes raisons de penser qu’il<br />
est une des personnalités les plus passionnantes du cinéma américain. Nouveau coup<br />
d’éclat dans la carrière du comédien : Dans la brume électrique. Un film 100 % américain<br />
réalisé par un cinéaste 100 % français : Bertrand Tavernier. Rien d’étonnant à cette<br />
alliance mondialiste qui, pour une fois, ne rime avec aucun compromis artistique.<br />
Adaptation d’un roman de James Lee Burke, le nouveau Tavernier met en scène l’enquête<br />
et la quête de Dave Robicheaux (personnage récurrent de Burke), un flic atypique,<br />
alcoolo, dépressif, ravagé par de terribles souvenirs et un passé qui ne passe pas. Rayon<br />
enquête, il cavale après un serial killer qui s’attaque avec sauvagerie à de très jeunes<br />
femmes. Rayon quête, il essaie de recoller les morceaux de son identité fracassée et,<br />
par la même occasion, effectue un vertigineux voyage dans l’histoire de son pays.<br />
Fantomatique et envoûtant, Dans la brume électrique ne ressemble évidemment en rien<br />
aux multiples films de genre formatés qui encombrent les écrans. Voici une fiction qui sait<br />
prendre son temps sans jamais barber. Entraîne dans son intrigue sans jamais sacrifier<br />
les atmosphères et les états d’âme. Au cœur de ce film poisseux et envoûtant, Tommy<br />
Lee Jones, encore plus laconique et économe d’effets que d’ordinaire, batifole dans son<br />
élément. Le flic Robicheaux et son interprète ne font vraiment qu’un. C’est ce que l’on<br />
appelle, pour de vrai, une incarnation. On n’en voit pas souvent de si convaincantes.<br />
olivier de bruyn, rue89<br />
Voor In the Electric Mist trok Bertrand Tavernier, de Franse regisseur met de meest encyclopedische<br />
filmbagage, voor het eerst de Atlantische Oceaan over voor een studiofilm. Het uitgangspunt van zijn<br />
broeierige thriller is een roman van James Lee Burke, de Amerikaanse mysterieauteur wiens werk<br />
sterk verankerd is in de sfeer van Louisiana. Datzelfde door de orkaan Katrina getroffen Louisiana met<br />
zijn vochtige en duisters bayous speelt dan ook een pertinente rol in deze intrigerende film noir waarin<br />
Tavernier de grenzen van het genre aftast. Hoofdpersoon is Robicheaux (Tommy Lee Jones), een eigenwijze<br />
speurder die tijdens zijn onderzoek naar de moord op een hoertje op een netwerk van corruptie<br />
en oude geheimen stuit. Of hoe een onderwerp als racisme en het verdringen van de geschiedenis in<br />
de handen van een meester als Tavernier tot een originele Cajunthriller met een donkere sociopolitieke<br />
en magisch-realistische toets leidt.<br />
51<br />
in the<br />
eleCtriC<br />
mist<br />
Bertrand Tavernier<br />
Avec<br />
TOmmy Lee jONes<br />
jOhN gOOdmAN<br />
peTeR sARsgAARd<br />
États-Unis<br />
2009<br />
117’<br />
VO ST.BIL<br />
Reprises
La carte<br />
<strong>Arenberg</strong><br />
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Sur la Lune, tout nous est familier. Les sas mornes et platement éclairés, le robot (Gerty)<br />
doté d’une voix de star plus qu’humaine (Kevin Spacey), l’homme (Sam Rockwell) seul<br />
sur la planète qui s’accroche à quelques photos d’une femme et d’un bébé… On pense<br />
connaître le topo : c’est un film paranoïaque sur les dangers de la technologie, etc. Et<br />
puis non. Au cours d’une mission, Sam a un accident. Il se réveille sous les soins de<br />
Gerty. Il retourne sur le lieu de son accident et trouve un homme. Cet homme, c’est lui.<br />
Un deuxième Sam se réveille sous les yeux d’un premier Sam pour le moins crispé et<br />
l’on passe de Kubrick à Polanski. Dans les tunnels blancs de la base, deux hommes qui<br />
sont le même homme se tournent autour. Le spectateur ne sait plus qui il regarde ni par<br />
qui il regarde. Qui est le protagoniste qu’il suivait, auquel il s’identifiait docilement ? Il y a<br />
donc pire que se retrouver naufragé sur la Lune : se retrouver seul avec soi-même. Je et<br />
un autre je. Ne plus savoir à qui s’identifier. Cette histoire de sosie nous invite à prendre<br />
le film par le bout philosophique (apprendre à se connaître), thérapeutique (apprendre<br />
à s’aimer), mais fonctionne surtout au niveau de la sensation pure, d’une désorientation<br />
totale mais calmement amenée qui ferait pâlir d’envie les tortionnaires de Guantanamo.<br />
[...] Dans sa manière d’utiliser un concept choc tout en restant ancré dans l’ordinaire,<br />
Moon rappelle Birth de Jonathan Glazer. Un cinéma où l’étrange est abordé de manière<br />
contemplative, laissant la force de l’idée décupler ses effets sans abuser de la caméra,<br />
et où ce qui semble dépasser les limites du possible scrute l’humain. Duncan Jones a<br />
même été invité à présenter son film à la Nasa. Belle consécration pour un cinéaste féru<br />
de science-fiction réaliste, minimaliste et paradoxalement humaniste.<br />
d’après nicholas elliott, Cahiers du cinéma<br />
Het lijkt wel op een sacrale rite, maar een sf-film is blijkbaar geen serieuze sf-film meer zonder<br />
een hommage aan ruimteklassiekers als Kubricks 2001: A Space Odyssey of Tarkovski’s Solaris.<br />
Dergelijke eerbetonen zitten ook aardig in Moon verpakt, het vooral in Engeland luid bejubelde debuut<br />
van Duncan Jones – de zoon van Ziggy Stardust-ster David Bowie. Een uitstekende Sam Rockwell is<br />
een astronaut die al drie jaar helemaal alleen op de kraterige maan zit waar hij van een industrieel<br />
mijncomplex het graven naar helium 3-gas leidt. Na een werkongeval wordt hij geconfronteerd met<br />
een mysterieuze dubbelganger van zichzelf. Het leidt tot een vrij onvoorspelbare en hypnotiserende<br />
mysteriethriller in sneeuwwitte decors over clonen – of is het waanzin in de ruimte? – met een boeiende<br />
metafysische context in de vorm van een reflectie over identiteit en de relatie tussen mens en<br />
zelfdenkende machines.<br />
53<br />
moon<br />
Duncan Jones<br />
Avec<br />
sAm ROCkweLL<br />
keviN spACey<br />
mATT beRRy<br />
Royaume-Uni<br />
2009<br />
97’<br />
VO ST.BIL<br />
Reprises
Reprises<br />
54<br />
le père de<br />
mes enfAnts<br />
Mia Hansen-Løve<br />
Avec<br />
LOuis-dO de LeNCquesAiNg<br />
ChiARA ChAseLLi<br />
ALiCe de LeNCquesAiNg<br />
eRiC eLmOsNiNO<br />
France<br />
2009<br />
110’<br />
VO FR<br />
À chaque vie son mystère. Et pourtant celle de Grégoire semblait limpide. Fils de famille<br />
d’industriels, ce bel homme, rayonnant, élégant, avait décidé de n’en faire qu’à sa tête.<br />
Passionné de cinéma, il était devenu producteur, l’un de ces producteurs indépendants<br />
et cinéphiles qui se décarcassent pour permettre aux auteurs de tourner des films, sans<br />
autre ambition que de rebondir d’un budget à l’autre, pour continuer à financer des<br />
œuvres qu’il est heureux, parfois, de présenter. Sans le citer, Mia Hansen-Løve fait ici<br />
le portrait d’Humbert Balsan, dépeint les derniers jours de sa vie, avant son suicide en<br />
2005. Le film ne s’adresse pas pour autant aux seuls professionnels du cinéma. C’est<br />
d’abord un film sur la famille. Grégoire en laisse deux, éplorées : le clan radieux formé<br />
par sa femme et ses filles, qui se plaignaient de le voir trop souvent le téléphone portable<br />
à l’oreille ; la ruche de ses collaboratrices, bourdonnante et inquiète. Conscients l’un et<br />
l’autre du caractère héroïque de leur “chef”, ces deux clans vivent dans le bonheur. Ils<br />
seront tous deux anéantis par la disparition brutale de Grégoire. […] Mais la réalisatrice<br />
sait rester simple, loin du pathos, dans le respect poignant de ce qu’elle évoque : le<br />
vide soudain créé par le deuil, la dignité d’un destin privé, la cohabitation chez le même<br />
homme du désir et du désespoir, de la force et de la vulnérabilité, de la lumière et de la<br />
noirceur. Tout cela est orchestré avec un tact extrême, dans une mise en scène douce et<br />
mélodique, pétrie d’une émotion qui surgit de la vérité des êtres. Magnifique directrice<br />
d’acteurs, Mia Hansen-Løve évite le piège du film crépusculaire (mort d’un homme, fin<br />
d’un mode de production cinématographique). Elle filme Paris comme au temps de la<br />
Nouvelle Vague, et n’a pas son pareil pour capter l’énergie des enfants. La grâce, tout<br />
simplement.<br />
jean-luc douin, Le Monde<br />
Vijf jaar geleden stapte de zwaar depressieve Humbert Balsan uit het leven. Balsan was een Frans filmproducent,<br />
afkomstig uit een aristocratische familie en bekend om het financieren van auteursfilm van<br />
Claire Denis, Elia Suleiman en Youssef Chahine. De Franse cineaste en ex-criticus Mia Hansen-Løve liet<br />
zich voor Le Père de mes enfants inspireren door zijn leven en dood. Toch is dit ontroerende en gevoelige<br />
portret geen louter cinefiele hagiografie geworden. Hansen-Løve neemt je met zachte hand mee<br />
in de draaikolk van het leven van een filmproducent (een charismatische Louis-Do de Lencquesaing,<br />
gemodelleerd naar Balsan). Maar eens als de door schulden getroffen Canval zelfmoord pleegt, wordt<br />
de camera met eenzelfde liefdevolle blik gericht op zijn vrouw, kinderen en het filmbedrijf dat hij achtergelaten<br />
heeft. Om die manier groeit dit drama uit tot een mooie schets van het filmmilieu en de emoties<br />
bij onbegrijpelijk verlies.
C’est un peu en revenant que réapparaît le cinéma de Kiyoshi Kurosawa – un revenant en<br />
pleine forme, après une petite baisse de régime. La surprise, c’est que son dernier film<br />
n’est pas cette fois un film de fantômes (Kaïro) mais s’inscrit dans la banalité contemporaine<br />
en racontant le délitement d’une famille ordinaire. Tout part du licenciement<br />
du père, séquence d’une brutale épure : un entretien où il comprend vite qu’on veut le<br />
placardiser et hop ! plan suivant, il range ses affaires et quitte définitivement la boîte.<br />
Mais au lieu de se prolonger comme un “film engagé” à la Ken Loach ou Laurent Cantet,<br />
Tokyo Sonata adopte une tonalité beaucoup plus mystérieuse où la volonté de faire passer<br />
un “message” est très diffuse, voire incertaine. Ainsi, le licencié cache son sort à ses<br />
proches [...] et de quitter tôt le domicile comme s’il continuait normalement de travailler,<br />
alors qu’il erre dans la ville, déjeune à la soupe populaire et croise parfois d’autres quidams<br />
au chômage. L’énorme non-dit du père amplifie les conflits familiaux latents. La<br />
mère au foyer devient neurasthénique, le fils aîné s’engage dans l’armée américaine (là,<br />
on est dans la pure fiction) alors que le cadet, en conflit avec son prof, veut se réfugier<br />
dans l’étude du piano. Cette absence de parole au sein du foyer est problématique pour<br />
les personnages mais tout au bénéfice du film, qui saisit le glissement progressif d’une<br />
famille dans la folie par tout un limpide édifice mêlant architecture précise des plans,<br />
silences expressifs et travail remarquable des acteurs. En s’appropriant un matériau plus<br />
réaliste qu’à l’accoutumée, Kiyoshi Kurosawa préserve toute sa puissance anxiogène,<br />
toute son élégance formelle, ajoutant une autre couleur à sa palette : une force émotionnelle<br />
aussi nue que contagieuse. La marque des grands.<br />
d’après serge kaganski, Les Inrockuptibles<br />
Herinnert u zich nog de ophefmakende zaak rond Jean-Claude Romand, de Fransman die zich voor doktor<br />
uitgaf terwijl hij eigenlijk werkloos was en waarop Laurent Cantet zich liet inspireren voor L’Emploi<br />
du temps? Tokyo Sonata is een even indringende Japanse variant op datzelfde landschap van de leugen<br />
tegen de achtergrond van de mythologie van het werk. Alleen trekt de tot nu toe in J-horror gespecialiseerde<br />
cineast Kiyoshi Kurosawa – geen familie van – in zijn kroniek de impact van het verzwijgen<br />
van het plotse verlies van een job en het dubbelleven dat volgt beheerst open naar het hele, een door<br />
een economische crisis en kleine drama’s getroffen gezin. Het beklemmende familiedrama dat hij er uit<br />
distilleert is dan ook opgevat als een aangrijpende, licht bijtende kritiek op de Japanse maatschappij,<br />
een moeras waarin iedereen langzaam wegzinkt omwille van hypocrisie, isolement en prestatiezucht.<br />
55<br />
tokyo sonAtA<br />
Kiyoshi Kurosawa<br />
Tôkyô sONATA<br />
Avec<br />
TeRuyuki kAgAwA<br />
hARukA igAwA<br />
kAi iNOwAki<br />
kOji yAkushO<br />
Japon<br />
2008<br />
119’<br />
VO ST.BIL<br />
Reprises
Carte blanche<br />
Jonathan<br />
Nossiter<br />
04<br />
Réalisateur, sommelier et écrivain américain, Jonathan Nossiter<br />
a notamment réalisé Sunday, Signs and wonders et Mondovino<br />
(Sélection officielle de Cannes 2004)<br />
Jonathan Nossiter, filmregisseur, sommelier en Amerikaans schrijver, realiseerde<br />
onder meer Sunday, Signs and wonders en Mondovino (Officiële<br />
selectie op het festival van Cannes, 2004)
sepT fiLms de RésisTANCe dANs uN mOmeNT<br />
de gRANde COLLAbORATiON<br />
des ChOix d’AmOuR de jONAThAN NOssiTeR<br />
Sommes-nous déjà en train de vivre un totalitarisme mou, une<br />
version light des années 1930-1940 ? Peut-être trouvez-vous<br />
cette question absurde ou simplement provocatrice. Mais si<br />
vous pensez vivre un moment historique complètement libre et<br />
tolérant toute expression non conformiste, vous n’aurez alors<br />
pas besoin de voir ces sept films provenant de France, Russie,<br />
Italie, Cameroun, Sénégal et Japon.<br />
Si par contre vous avez de sérieux doutes quant à la liberté<br />
actuelle, venez voir ces aventures jubilatoires issues de ces six<br />
dernières décennies et pour la plupart censurées, chacune à la<br />
sauce de son époque et de son pays d’origine. Ces films osent<br />
nous proposer aujourd’hui encore la liberté spirituelle, sexuelle,<br />
sociale et, par conséquent, cinématographique.<br />
Il est évident qu’il n’y a aucun lien ni esthétique ni idéologique<br />
entre le grand maître du plaisir narratif Max Ophuls et son fils<br />
Marcel, documentariste acide du grand mensonge français de<br />
la seconde guerre mondiale. Et entre Kira Muratova, formellement<br />
la plus radicale des cinéastes de l’après-guerre (faisant<br />
passer à mon avis, Tarkovski pour un réalisateur hollywoodien)<br />
construisant une fable de la chute du monde soviétique digne<br />
d’ “Alice au pays des merveilles”, et Pier Paolo Pasolini, dont<br />
la méditation sur les limites de la barbarie (et de notre désir<br />
parfois de cette dernière) reste toujours aussi cruelle et choquante,<br />
il n’y a pas plus de proximité. Sans rapport également,<br />
le Easy Rider africain de Djibril Diop Mambety (décidément plus<br />
radical, joyeux et libre que le film américain de Dennis Hopper)<br />
et le documentaire drôlissime et impitoyable du Camerounais<br />
contemporain Jean-Marie Teno sur le délire colonialiste. Enfin,<br />
aucun de ces films ne peut être comparé à un des grands<br />
classiques de l’histoire du cinéma comique : Tampopo, réalisé<br />
par Juzo Itami, un des cinéastes japonais les moins connus à<br />
l’étranger (et pourtant si “grand public” dans son radicalisme).<br />
Et heureusement tout cela. Car, si l’usage de la liberté d’expression<br />
est l’acte de résistance le plus noble à tout moment<br />
historique, c’est parce qu’elle est intrinsèquement sans étiquettes<br />
ni restrictions.<br />
jonathan nossiter<br />
retrouvez en PodCast l’interview de Jonathan<br />
nossiter sur www.arenberg.be<br />
57<br />
Beleven we reeds een zachte vorm van totalitarisme, een “light” versie<br />
van de jaren 30-40 ? Misschien vindt u deze vraag absurd of simpelweg<br />
provocatief ? Indien u gelooft te leven in een uniek historisch moment vol<br />
vrijheid en verdraagzaamheid voor elke vorm van non-conformisme, zal<br />
u deze zeven films uit Frankrijk, Rusland, Italië, Kameroen, Senegal en<br />
Japan liever niet zien.<br />
Indien u echter de actuele vrijheid wel in vraag stelt, moet u zeker komen<br />
kijken naar dit overzicht van mijlpalen van de afgelopen zes decennia. Elke<br />
gebeurtenis werd zorgvuldig gecensureerd in de periode en plaats waar<br />
ze plaatsvond. Enkel deze films durven het ons nog te tonen, vrijheid op<br />
spiritueel, seksueel, sociaal en cinematografisch vlak.<br />
Het is evident dat er geen groter verschil is op esthetisch of ideologisch<br />
vlak tussen meester-verteller Max Ophuls en zijn zoon Marcel, documentairemaker<br />
voor de leugen van de tweede wereldoorlog. Zo is er ook geen<br />
groter verschil tussen Kira Muratova, vormelijk één van de meest radicale<br />
naoorlogse cineasten (zelfs meer nog dan Tarkovski) die een fabel<br />
bouwt rond de val van de Sovjet Unie, vergelijkbaar met “Alice in wonderland”,<br />
en Pier Paolo Pasolini die met een gruwelijke meditatie de grenzen<br />
van barbaarsheid onderzoekt (en onze lust daarvoor) blijft obsceen en<br />
choquerend. Datzelfde geldt voor de Afrikaanse “Easy Rider” uit Djibril<br />
Diop Mambety (beslist veel radicaler, vrolijk en liberaal dan de film van<br />
Dennis Hopper) en de documentaire van de medogenloze hedendaagse<br />
Kameroense Jean-Marie Teno over de koloniale droom. Ook kan één<br />
van deze films behoren tot het rijtje komische filmklassiekers en dat is<br />
Tampopo, gerealiseerd door Juzo Itami, één van de in het buitenland minst<br />
gekende Japanse cineasten (nochtans zo’n ster). Het vrijheidsdenken is<br />
in al deze films gelijk en één van de meest nobele zaken, waarbij de filmmakers<br />
zichzelf labels noch beperkingen opleggen.<br />
a lire et à voir Pour en savoir Plus :<br />
Jonathan nossiter, “le goût et le Pouvoir”, ed. grasset.<br />
Jonathan nossiter, mondovino – CoFFret 4 dvd, ed. arte vidéo.<br />
Jonathan nossiter, 3 Films :<br />
“resident alien, sunday, signs and wonders”, ed. mK2<br />
> en vente au Cinéma arenberg.<br />
Nossiter
Nossiter<br />
58<br />
Afrique,<br />
je te<br />
plumerAi...<br />
Jean-Marie Teno<br />
Avec<br />
jeAN-mARie TeNO<br />
NARCisse kOuOkAm<br />
mARie CLAiRe dATi<br />
Cameroun-France-Allemagne<br />
1993<br />
88’<br />
VO ST.FR<br />
Réalisé il y a dix ans, cet amer réquisitoire n’a pas pris une ride. Bien sûr, l’Histoire reste<br />
ce qu’elle a été : centré sur le Cameroun, le film évoque la colonisation, le travail forcé, les<br />
tirailleurs et les désillusions de l’indépendance, cette “démocratie truquée” qu’évoquait<br />
Célestin Monga dans une lettre au président Paul Biya. Mais ce qui n’a pas vieilli, c’est<br />
le génocide culturel orchestré en Afrique et la dépendance vis-à-vis de l’étranger. Teno<br />
enquête dans les bibliothèques des centres culturels français à la recherche des auteurs<br />
africains, dénonce la dépendance du marché du livre, balade sa caméra sur les “librairies<br />
par terre” pour y trouver comme dans sa jeunesse des bandes dessinées comme<br />
Akim, encore dévorées par des jeunes qui se forgent ainsi une bien triste image de soi.<br />
Le devoir de civiliser prôné par les colons s’adressait à des gens qui ne manquaient ni de<br />
créativité ni de culture ! L’alphabet bamoun en témoigne. Où était donc l’obscurantisme<br />
qui motive encore aujourd’hui un esprit missionnaire bien intentionné ? Car c’est contre<br />
la persistance des représentations et des rapports coloniaux que s’érige ce film, et c’est<br />
malheureusement en cela qu’il a encore toute son actualité. Sa nécessité reste inchangée<br />
: opposer une réflexion critique aux préjugés qui fondent le racisme et la condescendance,<br />
contribuer à l’enseignement de l’Histoire par des images trop rares, participer au<br />
débat sur la multiculturalité dans la société française. […] Porté comme dans tous ses<br />
documentaires par un commentaire qui se fait davantage méditation personnelle qu’illustration<br />
des images, Afrique, je te plumerai... reste un document essentiel mais aussi<br />
une vivifiante réflexion sur l’Histoire contemporaine.<br />
olivier barlet, africultures.com<br />
Laten we het even niet hebben over 50 jaar onafhankelijkheid van Congo, maar focussen op een ander<br />
Afrikaans land, Kameroen. Jean-Marie Teno is een toonaangevende documentairemaker die al twintig<br />
jaar aandacht besteedt aan de koloniale en postkoloniale geschiedenis van Afrika en zijn land. Afrique,<br />
je te plumerai (1993) gaat over de politieke realiteit, lees repressie, in zijn thuisland. De documentaire<br />
opent met een oproep tot een nationale conferentie aan president Biya, die enkel resulteert in de aanhouding<br />
van de briefschrijver en de uitgever. Daarna volgt de bewogen geschiedenis van Kameroen: de<br />
komst van de Duitse missionarissen, de Franse bezetting, het gebrek aan eigen literatuur, de onderdrukking<br />
van de linkse oppositie… En steeds is de bevolking de klos. Vroeger gepluimd door de kolonialen,<br />
nu door de eigen sterke man: ‘Alouette, je te plumerai’.
Conçu pour le petit écran, ce film dut sa carrière cinématographique à la pusillanimité<br />
de la télévision française qui le censura douze ans, jusqu’à l’automne 1981. Parce qu’il<br />
pulvérise le mythe gaullo-communiste d’une France résistant comme un seul homme,<br />
on a voulu en faire l’archétype d’un discours de souillure nationale. Il s’agit, en fait, d’une<br />
chronique de l’Occupation, vue à travers Clermont-Ferrand et sa région. Les entretiens,<br />
menés en compagnie d’André Harris, montés selon une précision d’orfèvre, révèlent<br />
l’époque avec un charme romanesque et une précision entomologique. Figures attachantes<br />
: Pierre Mendès France relatant une évasion, les frères Grave, paysans auvergnats,<br />
le doux résistant Emmanuel d’Astier de La Vigerie, prêchant la tolérance à l’orée<br />
de sa mort. Mais aussi le portrait de certains salauds, repentis flamboyants comme le<br />
Waffen SS Christian de la Mazière. On enfile la défroque de chaque personnage, on trébuche<br />
avec eux sur les obstacles, dans la grisaille et la cacophonie de l’Histoire. Même<br />
si Marcel Ophuls éclaircit, avec un talent grinçant, ce qui demeurait enténébré.<br />
antoine perraud, Guide Télérama du cinéma<br />
Ophuls avait choisi une ville de la zone libre afin de mieux comprendre le fonctionnement<br />
du gouvernement collaborationniste de Vichy. Ses témoins vont de l’aristocrate au paysan<br />
en passant par l’ancien soldat allemand photographié bardé de médailles. Limitant<br />
au maximum la narration et les généralisations trompeuses, Le Chagrin et la pitié saisit<br />
les contradictions et les ambiguïtés de la période. Les deux sentiments évoqués par le<br />
titre émergent au fil des questions insistantes de l’interviewer et des mensonges ou distorsions<br />
qui deviennent évidents au travers des différents témoignages et des réactions<br />
spontanées face à des demandes délicates et embarrassantes.<br />
r. barton palmer, 1001 Films<br />
Vier en een half uur materiaal dat voornamelijk bestaat uit interviews met inwoners van Clermont-<br />
Ferrand die vertellen over WOII. Het vraagt niet enkel een begaafd interviewer, maar tevens een excellent<br />
documentairemaker om het gehalte aan collaboratie in deze Franse stad aan de oppervlakte te<br />
krijgen. Dat is wat Marcel Ophuls (zoon van Max) met Le Chagrin et la pitié (1971) doet. Hij praat<br />
ook met voormalige verzetstrijders en enkele Nazibezetters. De gesprekken worden afgewisseld met<br />
beeldmateriaal van Hitler in Parijs en bekende Fransen voor wie de bezetting ‘business as usual’ lijkt.<br />
Danielle Darrieux die een tour naar Duitsland onderneemt, bijvoorbeeld. Gemaakt voor de Franse televisie.<br />
Toen die de documentaire weigerde uit te zenden, verhuisde het explosieve materiaal naar de<br />
filmzaal. Geprezen en verguisd, maar goed om de controverse rond collaboratie opnieuw op de agenda<br />
te plaatsen.<br />
59<br />
le ChAgrin<br />
et lA pitiÉ<br />
Marcel Ophuls<br />
France-Suisse-RFA<br />
1969<br />
256’<br />
VO FR<br />
Nossiter
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<strong>Arenberg</strong><br />
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<strong>éCRAN</strong> TOTAL<br />
2010<br />
LA séLeCTiON du<br />
Le Zinéglüb des 15/25 ans du Cinéma<br />
<strong>Arenberg</strong> vous a concocté une petite<br />
zélection de films pour passer l’été en<br />
beauté et vous retrouve en force<br />
à la rentrée pour la pourzuite de ses<br />
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et surtout bon Écran Total !<br />
Plus d’infos sur le Zinéglüb et ses activités ?<br />
Foncez sur le site de l’<strong>Arenberg</strong><br />
ou retrouvez-nous sur facebook.<br />
LA vidA LOCA<br />
ChriStian pOVeda<br />
un documentaire fort sur les gangs de San Salvador qui a coûté la vie à son réalisateur.<br />
fANTAsTiC misTeR fOx<br />
weS anderSOn<br />
dans la lignée de la déjantée Vie aquatique, ce film d’animation bizarrement passé inaperçu<br />
reste à voir absolument.<br />
A wOmeN uNdeR The iNfLueNCe<br />
JOhn CaSSaVeteS<br />
Le film à voir pour découvrir le grand Cassavetes. avec l’incroyable gena rowlands<br />
et mister Columbo alias peter Falk.<br />
vOL Au-dessus d’uN Nid de COuCOu<br />
miLOS FOrman<br />
Classique qui continue à marquer les générations depuis 1975 et qui a révélé Jack nicholson,<br />
époustouflant… bienvenue au pays des fous !
En décembre 1955, Max Ophuls présentait au public parisien Lola Montès qui n’eut pas<br />
l’heur de plaire. Retiré de l’affiche, Lola Montès a été montré ensuite, monté et doublé<br />
de différentes façons. Les efforts de la Cinémathèque française ont permis de redonner<br />
vie à un film très proche de la version que voulut Ophuls. Ce qui ne suffira pas à dissiper<br />
un parfum de malédiction. Bien sûr, les spectateurs d’aujourd’hui seront moins déroutés<br />
par la chronologie désarticulée du récit, par la violence chromatique des images. Mais<br />
ce qui fit fuir les spectateurs du Marignan, il y a plus d’un demi-siècle, effraie encore<br />
aujourd’hui. La déchéance livrée en pâture de la célèbre courtisane du XIXe siècle, le trafic<br />
marchand des sentiments et du plaisir restent des objets de scandale qu’Ophuls met<br />
en scène avec violence, dans une fièvre qui confine parfois au délire, sans prétendre à la<br />
compassion. C’est le plus malheureux et le moins aimable des chefs-d’œuvre. […]<br />
Quand il filme le cirque, Max Ophuls fait cavaler des nains peints en rouge, galoper des<br />
écuyères légèrement vêtues dans un charivari permanent qui tourne autour d’une figure<br />
immobile, celle de Lola, qui tient à peine debout et s’exprime d’une voix inaudible. […]<br />
Cet enfer n’est pas celui qui guette les filles perdues. C’est celui où l’amour et l’argent<br />
s’échangent indifféremment, où la célébrité est une marchandise. Ophuls avait appris<br />
à connaître Hollywood (le cirque de Lola est américain), où il s’était exilé pendant la<br />
Seconde Guerre mondiale, et l’on peut discerner dans Lola Montès une parabole du viol<br />
de la culture et de l’histoire européenne par le show-business américain. Ce n’est qu’un<br />
contre-chant. Lola Montès est avant tout le récit d’une agonie. C’est le dernier film de<br />
Max Ophuls, mort deux ans plus tard.<br />
thomas sotinel, Le Monde<br />
Lola Montès (1955) bleek bij de première zoveel heisa te veroorzaken dat de film opnieuw werd gemonteerd.<br />
Eerder stukgeknipt, volgens verbolgen regisseur Max Ophuls. Het zou tot 1968, elf jaar na zijn<br />
dood, duren voor zijn werk in ere werd hersteld. In 2008 gebeurde dat zelfs in volle glorie met een<br />
volledig gerestaureerde versie. Lola Montès, blijkbaar echt bestaan, draaide hopen mannen rond haar<br />
mooie vingertje en deed zelfs ongewild aan politiek op hoog niveau toen ze de koning van Beieren<br />
versierde. Later op haar leven wordt Lola echter gedegradeerd tot circusattractie die door ringmeester<br />
Peter Ustinov als mannenverslindster aan het publiek wordt gesleten. Regisseur Ophuls was geen<br />
fan van Martine Carol, die hij ‘niet talentvol’ en ‘leeghoofdig’ noemde, maar moest haar wel als Lola<br />
accepteren, omdat hij zonder haar deze peperdure superproductie niet gefinancierd kreeg. Het werd<br />
zijn laatste film.<br />
61<br />
lolA montès<br />
Max Ophuls<br />
Avec<br />
mARTiNe CAROL<br />
peTeR usTiNOv<br />
ANTON wALbROOk<br />
France-RFA-Luxembourg<br />
1955<br />
116’<br />
VO FR ST.NL<br />
Nossiter
Nossiter<br />
62<br />
sAlÒ<br />
ou les<br />
120 journÉes<br />
de sodome<br />
Pier Paolo Pasolini<br />
sALÒ O Le 120 giORNATe di sOdOmA<br />
Avec<br />
pAOLO bONACeLLi<br />
héLèNe suRgèRe<br />
sONiA sAviANge<br />
giORgiO CATALdi<br />
umbeRTO pAOLO quiNTAvALLe<br />
Italie-France<br />
1975<br />
116’<br />
VO ST.BIL<br />
Dernier film réalisé par Pier Paolo Pasolini, Salò ou les 120 journées de Sodome est sans<br />
aucun doute l’un des films les plus polémiques de l’histoire du cinéma, aux côtés de La<br />
Grande Bouffe de Marco Ferreri. Adapté des écrits du marquis de Sade, que Pasolini<br />
transpose au cœur de la république fasciste de Salò proclamée par Mussolini, cette<br />
œuvre politique choque et déconcerte.<br />
Pour Pasolini, il est entendu que le sadomasochisme est une catégorie qui fait partie<br />
de l’homme. Mais c’est moins cette pulsion qui est l’objet du film que le sexe comme<br />
métaphore du rapport entre pouvoir et soumission. Le sadomasochisme de Sade est ici<br />
utilisé pour représenter ce que le pouvoir peut faire du corps humain : trafic des corps,<br />
réduction du corps à l’état de chose et annulation de la personnalité de l’autre.<br />
C’est un film sur le pouvoir mais aussi sur l’anarchie du pouvoir lorsqu’il est totalement<br />
arbitraire ou dicté par des nécessités économiques échappant aux choix sociaux. C’est<br />
là tout le contraire des valeurs démocratiques défendues par Pasolini cinq ans plus tôt<br />
dans Carnets de notes pour une Orestie africaine et des plaisirs sensuels développés<br />
dans la trilogie de la vie.<br />
Salo est le versant noir ce ces quatre films. Il pourrait être comme les supplices de l’enfer,<br />
le panneau de droite du Jardin des délices de Jérôme Bosch. On y note le même<br />
pessimisme foncier après l’espoir d’une création harmonieuse et envers les plaisirs<br />
abondants et sensuels de la terre.<br />
C’est aussi un film sur l’inexistence de l’Histoire, du moins l’histoire telle qu’elle est perçue<br />
dans la culture européenne : rationalisme et empirisme d’un côté et marxisme de<br />
l’autre. Pasolini constate que l’homme est conformiste. Il se conforme au type de pouvoir<br />
qu’il trouve en naissant. C’est la société qui lui fait courber l’échine.<br />
jean-luc lacuve, cineclubdecaen.com<br />
Salò o le centoventi giornate di Sodoma (1975), kortweg Salò, is losweg gebaseerd op een boek van<br />
Markies de Sade, grootmeester van het perverse. Net als de markies is regisseur Pier Paolo Pasolini<br />
geen vriend van de katholieke kerk, maar zijn doelwit is toch vooral de Italiaanse geschiedenis. Salò<br />
was korte tijd een republiek en Mussolini’s laatste bolwerk op het einde van WOII. Pasolini’s broer<br />
werd er vermoord. In de film hebben vier fascistische libertijnen totale macht over een groep jonge<br />
gevangen (men kan niet anders dan aan het recente misbruik in Abu Ghraib denken): ze onderwerpen<br />
de mannen en vrouwen aan seksuele martelingen en vernederingen. Voor Pasolini is het ongebreideld<br />
machtsmisbruik een metafoor voor het fascisme. Kort nadat de film werd voltooid, werd Pasolini, die<br />
nogal met zijn eigen seksualiteit in de knoei lag, vermoord. De film werd aanvankelijk in vele landen<br />
verboden wegens te expliciet.
D’abord un film dans le film : on y voit une femme d’âge mûr, Natacha, osciller entre la<br />
dépression et l’agressivité à la suite de la mort de son mari. La deuxième partie se recentre<br />
sur un des spectateurs de la première partie, qui s’est endormi durant la projection.<br />
Professeur d’anglais, Nikolaï est en effet atteint d’un “syndrome asthénique”, qui pourrait<br />
bien être la conséquence de la grisaille engendrée par une vie passive et dénuée de<br />
sens. Suivent une multitude de scènes dont le seul lien semble être précisément la difficulté<br />
de vivre. Le film de Kira Mouratova fut bloqué pendant quelques semaines pour<br />
obscénité au moment de sa sortie projetée. On lui reprochait d’une part le langage grossier<br />
utilisé par certains personnages et d’autre part d’avoir montré des hommes nus.<br />
d’après kinoglaz.fr<br />
Comme beaucoup de cinéastes russes (soviétiques) de son époque, Kira Mouratova a<br />
joué un rôle non négligeable dans la critique du système soviétique et son effondrement<br />
futur. Mais son cinéma, entre carnaval et mélancolie, se distingue par son langage neuf,<br />
moderne, poétique. Cinéma dans le cinéma, Le Syndrome asthénique, sur lequel s’est<br />
particulièrement acharnée la censure, décrit le désarroi de la société soviétique et l’incommunicabilité<br />
quotidienne entre citoyens, dans une sorte de fureur hémorragique :<br />
hémorragie d’histoires (on en compte au moins trois), d’images (en noir et blanc et en<br />
couleur) et de paroles (dont l’emploi d’un argot russe très vulgaire et violent qui a fait<br />
frémir le pouvoir). Sa structure, hachée, chaotique, déchaînée, renvoie l’image d’un pays<br />
au bord à la fois de l’asphyxie et du fascisme le plus insidieux. Un film sans pitié (dans<br />
le portrait d’une société) et sans concession (sur le plan cinématographique). Dans ce<br />
“sans” se tient toute la morale de Kira Mouratova.<br />
andré roy, 24 images<br />
Sommige filmmakers wijken geen millimeter af van hun artistieke visie, ongeacht of het publiek de<br />
boodschap eenvoudig kan begrijpen. De Russische Kira Muratova stoort zich zelfs niet aan de opinie<br />
van de censuur. Met Astenicheskiy sindrom (1989) maakte zij een gitzwarte satire met een hoog ‘je<br />
m’en fou’ gehalte. Naked (1993, van Mike Leigh) wordt wel eens genoemd als vergelijkingspunt. Haar<br />
film, bekroond in Berlijn met de Zilveren Beer, bestaat uit twee segmenten, waarvan eentje in zwartwit.<br />
In het eerste deel zien we hoe een vrouwelijke dokter de pedalen verliest na het overlijden van haar<br />
man. In het tweede deel wordt een klas, waarvan de leerlingen niet minder geïnteresseerd kunnen zijn,<br />
ondervraagt over de film die zij, en wij, net hebben gezien. Daartussen pareltjes van wrange schoonheid:<br />
een vrouw, compleet genegeerd door haar zoon, speelt Strangers in the Night op haar trompet.<br />
63<br />
le syndrome<br />
AsthÉnique<br />
Kira Mouratova<br />
AsTeNiCheskiy siNdROm<br />
Avec<br />
OLgA ANTONOvA<br />
NATALiA bOuzkO<br />
seRgueï pOpOv<br />
URSS<br />
1989<br />
153’<br />
VO ST.FR<br />
Nossiter
Nossiter<br />
64<br />
tAmpopo<br />
Juzo Itami<br />
Avec<br />
NObukO miyAmOTO<br />
TsuTOmu yAmAzAki<br />
keN wATANAbe<br />
Japon<br />
1985<br />
114’<br />
VO ST.FR<br />
Un gangster en complet blanc se prépare à voir un film tandis que ses comparses lui<br />
offrent un savoureux repas qu’il mangera avec sa maîtresse pendant la projection. Le<br />
film commence en montrant deux camionneurs en tenue de cow-boy, Gen et Goro, lisant<br />
un livre de cuisine sur les diverses manières de préparer les ramen (nouilles japonaises).<br />
Ils s’arrêtent bientôt dans un petit restaurant de ramen et y rencontrent la patronne,<br />
une jeune veuve surnommée Tampopo (Pissenlit). Celle-ci demande à Goro de l’aider<br />
à sauver son restaurant en lui enseignant à préparer convenablement les ramen. Cette<br />
collaboration entraînera de nombreuses péripéties, et l’intervention d’une multitude de<br />
personnages, toujours en relation avec la nourriture, allant des dégustations érotiques<br />
du gangster en blanc avec sa maîtresse à la commande embarrassée d’hommes d’affaires<br />
dans un restaurant français de luxe, en passant par des clochards gourmets campant<br />
derrière les cuisines d’un grand hôtel.<br />
films-sans-frontieres.fr<br />
Le regretté Juzo Itami qualifiait sa deuxième comédie de western ramen (nouilles japonaises).<br />
Sans perdre son sens de la satire sociale, Itami y élargit notablement le champ<br />
de son premier film, Funérailles, en adoptant une narration libre rappelant les derniers<br />
films de Buñuel. Il entraîne le spectateur dans une fête délirante, en se frayant un chemin<br />
à travers un entrelacs de digressions qui témoignent d’un humour à la fois désopilant et<br />
perturbant. La bouffe, le sexe et la mort sont les sujets de ce film dont tous les personnages<br />
ne vivent que pour la nourriture. Comme dans Funérailles, Itami semble vouloir<br />
explorer et tourner en ridicule certains paradoxes de la société japonaise, concernant<br />
notamment les classes sociales et l’étiquette, et il le fait avec énergie et inventivité.<br />
d’après jonathan rosenbaum, 1001 Films<br />
Tampopo (1985) is een hardwerkende weduwe die probeert van haar bescheiden noedelrestaurant<br />
een succes te maken. Eén klein probleem: haar noedels lijken nergens op. Intro Gun (charmante Ken<br />
Watanabe) die samen met een aantal andere noedelexperten Tampopo (ook de naam van haar restaurant)<br />
naar een hoger niveau tilt. Doorsneden met een aantal andere verwijzingen naar het genot van<br />
voedsel, maakte regisseur Juzo Itami een, in zijn eigen woorden, ‘noodle western’. Itami is een grondige<br />
observator van dagelijkse dingen. Hij is er zich tevens van bewust dat humor taal- en cultuurverschillen<br />
niet alleen overstijgt, maar ook een kritische boodschap hapklaar verpakt. Tampopo werd wereldwijd<br />
een succes. Zijn echtgenote Nobuko Miyamoto, aanwezig in al zijn films, vertolkt eens te meer op zeer<br />
overtuigende wijze de best wel sterke ‘everywoman’ die vaak centraal staat bij Itami.
Touki Bouki, premier long métrage de Djibril Diop Mambety, est un hymne à la jeunesse.<br />
Débordant d’énergie, c’est un film qui mord dans la vie à belles dents comme ses personnages,<br />
rebelles et insatisfaits, à la recherche d’un ailleurs forcément synonyme de<br />
vérité et de bonheur. Le film lui-même, sorti en 1973, marque un tournant, voire une rupture,<br />
dans le cinéma africain de l’époque. Avec Touki Bouki, Mambety apporte la preuve<br />
que les films africains ne doivent pas nécessairement être des “films de calebasses”.<br />
C’est ainsi qu’on appelait à l’époque ces films nostalgiques d’un mythique âge d’or de<br />
l’Afrique d’avant la colonisation... qui n’avait bien sûr probablement jamais existé. Avec<br />
Touki Bouki, Mambety propulse le cinéma africain dans la modernité. Modernité de la<br />
mise en scène et du montage. Mambety rompt avec la linéarité traditionnelle du récit<br />
pour imprimer à son film un rythme que certains qualifieront de chaotique ou d’irrationnel.<br />
Mais nous sommes dans la danse de la vie avec ses contradictions, ses soubresauts<br />
et surtout ses rêves. Car nous sommes ici avant tout dans le rêve de l’ailleurs. Et<br />
l’ailleurs commence à notre porte.<br />
Mory, le jeune berger, commence par n’être plus berger. Du village à la ville, premier<br />
ailleurs, première frontière. Synonyme bien sûr de perte de repères. Son troupeau de<br />
buffles disparu, comment va-t-il se définir ? De la lenteur à la vitesse, du calme au bruit,<br />
de la flûte à la radio, de la routine à la découverte. C’est l’ivresse de cette liberté du nouveau<br />
départ. Mais peut-on vraiment choisir ce que l’on va devenir ? Tout le film tient dans<br />
cette tension entre l’ici et l’ailleurs, le connu et l’inconnu, les racines et l’arrachement, le<br />
rêve et la réalité.<br />
josiane scoleri, cinemasansfrontieres.free.fr<br />
Mory (Magaye Niang), een koeienhoeder die op een motor met de schedel van een koe rijdt, en Anta<br />
(Mareme Niang), een universiteitsstudente ontmoeten elkaar in Dakar. Ze zijn het leven in Senegal<br />
beu en willen naar Frankrijk. Alle middelen – legaal en minder legaal – zijn goed om het geld voor de<br />
boottocht naar Frankrijk te bekostigen. Touki Bouki (1973) van de Senegalese filmmaker Djibril Diop<br />
Mambety wordt wel eens de eerste Afrikaanse avant-garde film genoemd. Feit is dat Mambety een<br />
geschiedenis in het avant-gardetheater heeft. Touki Bouki was zijn langspeeldebuut en werd, alles in<br />
aanmerking genomen, een hit. Het zou twintig jaar duren voor Mambety opnieuw een film maakte,<br />
Hyènes (1992), het vervolg op Touki Bouki. Hoewel zijn werk als politiek geïnspireerd wordt gezien,<br />
verwierp hij het realisme van de meeste Afrikaanse filmers. Hij verkoos een aanpak die meer aan de<br />
verbeelding van de toeschouwer overlaat.<br />
65<br />
touki bouki<br />
Djibril<br />
Diop Mambety<br />
Le vOyAge de LA hyèNe<br />
Avec<br />
mAgAye NiANg<br />
mAReme NiANg<br />
AmiNATA fALL<br />
Sénégal<br />
1973<br />
89’<br />
VO ST.FR<br />
Nossiter
Cycle<br />
Chris Marker<br />
Romancier, essayiste et globe-trotter infatigable, cinéaste et<br />
photographe, pionnier du multimédia, vieux complice d’Alain<br />
Resnais, grand amoureux des chats ; auteur d’un film mythique,<br />
La Jetée, qu’on revoit toujours avec une égale fascination, et<br />
d’une formule passée en proverbe (“L’humour est la politesse<br />
du désespoir”) ; inventeur de formes inclassables, entre documentaire<br />
et film-essai à la première personne, pour mieux interroger<br />
le vertige du Temps, l’Histoire et la mémoire ; monteur hors<br />
pair passé maître dans l’art des rapprochements inattendus et<br />
révélateurs entre les images, dont il n’a cessé de questionner le<br />
rôle : tel est Christian François Bouche-Villeneuve, dit Jacopo<br />
Berenizi, dit Chris Marker, homme aussi secret qu’insaisissable<br />
et grand témoin de notre temps, dont les films, à force d’ausculter<br />
le monde, ses violences, ses luttes et ses contradictions,<br />
ont fini par dessiner le plus captivant des autoportraits.<br />
05<br />
Romanschrijver, essayist, onvermoeibare globetrotter, cineast en fotograaf,<br />
multimedia pionier, oude kompaan van Alain Resnais, kattenliefhebber…<br />
Chris Marker is de filmmaker van het meesterlijke La Jetée,<br />
een film die we telkens met een even grote fascinatie herbekijken. Hier<br />
doen we graag beroep op het spreekwoord “humor is het fatsoen van het<br />
leed”. Chris Marker is de uitvinder van niet te klasseren films, iets tussen<br />
documentaire en een filmessay vanuit de eerste persoon. Hij is meesterlijk<br />
in het leggen van onverwachte beeldverbanden en hij houdt niet op zichzelf<br />
in vraag te stellen, of het nu onder zijn aangeboren naam Christian<br />
François Bouche-Villeneuve is, onder zijn pseudoniem Jacopo Berenizi, of<br />
als Chris Marker. Hoewel de man even mysterieus als onbereikbaar blijft,<br />
is hij één van de belangrijkste getuigen van zijn tijd, met zijn films, voortdurend<br />
verzet en contradicties slaagt hij erin één van de meest boeiende<br />
autoportretten te scheppen.<br />
Pour en savoir Plus :<br />
www.ChrismarKer.org<br />
—<br />
arnaud lambert,<br />
“also Known as Chris marKer”,<br />
ed. le Point du Jour.<br />
—<br />
andré habib et viva PaCi,<br />
“Chris marKer et l’imPrimerie du regard”,<br />
ed. l’harmattan.<br />
> en vente au Cinéma arenberg
La Jetée est un film cultissime, un roman-photo de science-fiction en noir et blanc qui<br />
dure à peine une demi-heure : il a inspiré à Terry Gilliam son Armée des douze singes et<br />
à David Bowie le clip de Jump They Say. Ajoutons que La Jetée est également, dans le<br />
quartier de Shinjuku, un bar minuscule, créé en l’honneur du film, où Tokyoïtes et touristes<br />
viennent s’en jeter un depuis quarante ans. La Jetée raconte l’histoire d’un homme<br />
qui est obsédé par une scène de son enfance, un meurtre se déroulant sous ses yeux<br />
sur la “jetée” de l’aéroport d’Orly. Par ailleurs, après une guerre nucléaire, cet homme est<br />
envoyé depuis le futur dans le passé (soit dans le présent du film) pour tenter de changer<br />
le cours du futur. Dans le passé, c’est-à-dire dans le présent, il vit un début d’idylle...<br />
Non, pas besoin d’aspirine, le récit du film est beaucoup plus limpide que ma maladroite<br />
tentative de résumé : une façon poétique de prendre acte de la mélancolie fondamentale<br />
du cinéma, cet art du présent qui est toujours déjà un peu du passé.<br />
Le plus important n’est peut-être pas le scénario (encore qu’il y en ait peu d’aussi<br />
brillants et inventifs dans le cinéma contemporain) mais la façon dont Marker filme ce<br />
récit : une série de photos, parfois légèrement trafiquées, de la musique, une voix off,<br />
des silences... C’est pas du cinéma, direz-vous ? Le cinéma, il est justement entre ces<br />
images fixes, dans votre cerveau... Marker nous donne quelques éléments, très forts,<br />
très captivants, très puissants, et le reste, c’est à nous de le rêver. Essayez, vous verrez,<br />
c’est prodigieux. Vous qui n’avez jamais vu La Jetée, uno, je vous envie, deuzio, je vous<br />
garantis que vous n’avez jamais rien vu de tel au cinéma.<br />
serge kaganski, Les Inrockuptibles<br />
Chris Marker werd in 1921 in Frankrijk geboren als Christian François Bouche-Villeneuve. De naam<br />
Marker zou hij hebben ontleend aan de ‘Magic Marker’ pen. Marker is erg op z’n privacy gesteld: hij<br />
geeft geen interviews. Zijn portret is de foto van een kat. Marker gaat dit jaar zijn 6e decennium als filmmaker<br />
in. Tijd dus voor een overzicht. Het begon in 1960 met La Jetée, een kortfilm die meteen ook zijn<br />
enige echte fictiefilm is (en Terry Gilliam inspireerde voor 12 Monkeys, uit 1995). De film bestaat volledig<br />
uit een fotomontage, uitgezonderd één bewegend beeld. Niet echt een artistieke keuze, beweert<br />
Marker zelf. Hij kon tijdens de opnamen slechts één namiddag een filmcamera lenen. “Dit is het verhaal<br />
van een man getekend door een beeld uit zijn jeugd”. Zo begint de fotoroman. In een post WOIII wereld,<br />
vernield en uitzichtloos, gaat hij op zoek naar dat utopisch verleden.<br />
67<br />
lA jetÉe<br />
Chris Marker<br />
Avec<br />
dAvOs hANiCh<br />
héLèNe ChATeLAiN<br />
jACques LedOux<br />
France<br />
1962<br />
28’<br />
VO FR<br />
Marker
Marker<br />
68<br />
le fond de<br />
l’Air est rouge<br />
Chris Marker<br />
France<br />
1977<br />
177’<br />
VO FR<br />
Des images de Potemkine, teintées rouge sang, font lien avec des signes de victoire ou<br />
de protestation des manifestations contre la guerre du Vietnam, puis sur les marches où<br />
plonge le landau d’Eisenstein, il semble qu’on retrouve assise une jeune manifestante<br />
de 68. Le fond de l’air est rouge commence par une leçon de montage, qui est à la fois<br />
une illustration du titre choisi par Chris Marker en 1977, et un commentaire visuel de<br />
son projet : raconter en trois heures dix années d’histoire de la gauche mondiale, de la<br />
mort du Che en 1967 à la rupture du Programme commun en 1977, comme le journal<br />
intime d’un magnifique échec. C’est la mort et la mélancolie qui dominent ce paysage<br />
révolutionnaire de crépuscule, telle une chronique lyrique de la défaite d’une idée et des<br />
disparitions successives des grands héros de la révolte. […]<br />
Marker définit lui-même son travail comme un “montage des attractions”, étincelles politiques<br />
produites par la confrontation des images du passé et du présent, de la fiction et<br />
du document, des silences, des sons, des huit voix off et du commentaire, des témoignages<br />
et du direct, de la couleur et du noir et blanc, de l’amitié et des adversités.<br />
Ce travail considérable empile et soude les images les unes aux autres comme une<br />
forme de “montage feuilleté” : avers et revers d’une même réalité, montrés ensemble, qui<br />
restituent de la profondeur aux événements, loin du sens univoque que prend toute réalité<br />
lorsqu’elle est présentée par exemple par l’information-spectacle télévisuelle. Marker<br />
explicite ce projet en disant : “J’ai voulu construire ce dialogue enfin possible entre toutes<br />
ces voix que seule l’illusion lyrique de 68 avait fait se rencontrer un court moment. Le<br />
montage restitue à l’histoire sa polyphonie. Chaque pas de ce dialogue imaginaire vise à<br />
créer une troisième voix produite par la rencontre des deux premières. Après tout, c’est<br />
peut-être bien ça la dialectique ?”<br />
antoine de baecque, rue89<br />
Het werk van Chris Marker omvat ruim dertig titels, waarvan hij het merendeel zelf schreef en verfilmde<br />
(zij het onder een andere naam). Het zijn voornamelijk essayistische documentaires waaruit een sterk<br />
engagement spreekt. Dat is ook het geval met Le fond de l’air est rouge (1977), Markers treurzang voor<br />
Nieuw Links, wiens ondergang wordt gedocumenteerd met beeldmateriaal van belangrijke gebeurtenissen<br />
uit de jaren ’60 en ’70: de oorlog in Vietnam, de dood van Che Guevara, mei ’68, opstand in<br />
Praag, repressie in Chili... De film opent met beelden van politiek protest die worden afgewisseld met<br />
de ‘trappensequentie’ uit Pantserkruiser Potemkin (1925, van Sergei M. Eisenstein). De originele versie<br />
duurde ongeveer vier uur, maar werd later door Marker zelf teruggebracht tot drie uur. Voorzien van de<br />
stemmen van ‘ hardcore lefties’ als Simonne Signoret, Yves Montand en Jorge Semprun.
Une femme lit les lettres envoyées par un cameraman, Sandor Krasna, au cours de ses<br />
voyages au Japon, en Guinée-Bissau, au Cap-Vert et en Islande. On comprend vite que<br />
la femme, Sandor Krasna et Chris Marker ne font qu’un. Ce voyageur-cinéaste nous<br />
fait part de ses multiples impressions : les rites ancestraux du Japon et sa modernité<br />
foudroyante, la beauté énigmatique et bouleversante du sourire des femmes de Guinée-<br />
Bissau, les idéaux révolutionnaires et anticoloniaux qui tournent vinaigre...<br />
Avec une vitesse et une densité de pensée proprement sidérantes, Chris Marker galope<br />
des petites histoires à la grande, du trivial au sacré, de la métaphysique au prosaïsme,<br />
du passé au futur en passant par le présent, du quotidien à l’éternité ; il zappe entre<br />
les concepts, les niveaux d’approche, les idées, les digressions, il fait du copier-coller<br />
entre carnet de voyage, essai philosophique, théorie et romanesque, poétique psychédélique...<br />
Les images de Sans soleil ne sont pas extraordinaires en soi ; ce qui l’est,<br />
c’est la dialectique entre ces images et un texte aussi sublime que celui d’un Proust<br />
qui aurait vécu à l’âge cybernétique et multimédiatique qui est le nôtre. Chris Marker<br />
semble réussir à filmer là les multiples synapses et complexes réseaux d’un cerveau<br />
au moment où celui-ci est impressionné par les informations que l’œil lui envoie. C’est<br />
assez vertigineux.<br />
Au fait, La Jetée et Sans soleil citent tous les deux le même film, un film “vu dix-neuf fois”<br />
par Chris Marker, un film qui s’enroule autour des frontières poreuses entre la vie et la<br />
mort, le passé et le présent, le désir et la mémoire, un film qui est leur parrain proche/<br />
lointain idéal : son nom est Vertigo.<br />
serge kaganski, Les Inrockuptibles<br />
“Omdat ik weet dat tijd voortdurend tijd is/En plaats altijd en alleen maar plaats”. Zo opent één van de<br />
bekendste films van Chris Marker, Sans soleil (1982). Chris Marker had met dichter T.S Eliot niet alleen<br />
een liefde voor katten gemeen. Het citaat van Eliot past ook uitstekend bij het belangrijkste thema<br />
van Marker: de rol van de filmmaker als geschiedschrijver en de (on)mogelijkheid om met beelden de<br />
wereld te verbeteren of te veranderen. Marker is een veelzijdig artiest. Met Sans soleil verlaat hij de<br />
grenzen van de documentaire. Het werd een montage van fictie, documentaire en filosofisch commentaar,<br />
een mix die een gevoel van vervreemding en zelfs sciencefiction oproept. Belangrijke thema’s zijn<br />
Japan, Afrika, (het wissen van) geheugen en tijdreizen. In het midden zit een sequentie die zich afspeelt<br />
in San Francisco en herinnert aan Hitchocks Vertigo (1958).<br />
69<br />
sAns soleil<br />
Chris Marker<br />
France<br />
1982<br />
100’<br />
VO FR<br />
Marker
Marker<br />
70<br />
leVel fiVe<br />
Chris Marker<br />
Avec<br />
CATheRiNe beLkhOdjA<br />
France<br />
1997<br />
106’<br />
VO FR<br />
Comme souvent avec Chris Marker, on se retrouve plongés dans une zone incertaine où<br />
nos repères habituels de spectateurs se troublent. Qu’est-ce donc que Level Five ? Un<br />
documentaire historique, un essai sur les nouvelles technologies, un journal intime, une<br />
peinture cybernétique, un film de guerre ? Sans doute tout cela à la fois.<br />
Dans un bureau sombre et exigu, une femme pianote sur un ordinateur. Elle s’appelle<br />
Laura, comme l’héroïne fantomatique d’un célèbre double classique américain (un film<br />
et une chanson) ; elle essaie de reconstituer informatiquement la bataille d’Okinawa,<br />
boucherie vaguement occultée qui aurait servi de prélude à Hiroshima ; régulièrement,<br />
elle lève les yeux de son écran pour regarder la caméra bien en face et s’adresser à un<br />
ex-amant nettement hors champ (du cadre mais aussi du présent du film), faisant le bilan<br />
mélancolique d’une histoire d’amour morte. Venant d’un au-delà filmique et temporel, le<br />
compagnon fantôme (Chris Marker ou son double virtuel) lui répond en voix off, l’aidant<br />
notamment à décrypter les événements d’Okinawa et à en faire resurgir la vérité.<br />
Un peu à la façon du Hiroshima, mon amour de Resnais, Level Five déroule les trois fils<br />
entremêlés d’une pelote : transmission de l’Histoire, réflexion sur l’image et la matière<br />
filmique, dialogue intime. Pour Marker, ces trois pistes sont indissociables et agissent<br />
les unes sur les autres de façon permanente. Il est réconfortant de voir un homme qui a<br />
connu tous les combats (et toutes les défaites) de l’après-guerre ne pas sombrer dans<br />
le blues des images. Au contraire, on ressent ici toute l’énergie et le plaisir de Marker<br />
à découvrir les nouvelles technologies pour tenter d’en faire un usage intelligent. Les<br />
ordinateurs sont autant prétexte à un patchwork d’images abstraites que nouvel outil<br />
de recherche historique ou dernier moyen de communication au sein d’un couple – leur<br />
interface ultime.<br />
serge kaganski, Les Inrockuptibles<br />
Vanaf de jaren ’80 – de periode van Sans Soleil (1982) ontwikkelt Chris Marker een milde obsessie voor<br />
digitale technologie. Dat merken we ook in Level Five (1997). Laura, een computerprogrammator, moet<br />
een computerspel opbouwen rond de slag van Okinawa tijdens WOII. Ze surft op het internet en ondervraagt<br />
Japanse experts en getuigen. Zo diep ingaan op deze uitzonderlijke materie doet Laura intens<br />
nadenken over haar eigen leven, de mensheid en de invloed daarop van geschiedenis en herinnering.<br />
Japan, en reizen in het algemeen, was een ander stokpaardje van Marker. Eerst met zijn Rolleiflex,<br />
later met een lichte 16mm camera en tegenwoordig met een videocamera, reist hij de wereld af. Het<br />
zijn caleidoscopische documenten, waardoor je, soms door schoonheid en dan weer door gruwel, bij<br />
de keel wordt gegrepen. En telkens weer dwingt hij de toeschouwer verantwoording af te leggen over<br />
zijn kijkgedrag.
“C’est ainsi qu’avance l’histoire, disait Marker dans Sans soleil, en se bouchant la<br />
mémoire comme on se bouche les oreilles.”<br />
C’est bien encore et toujours ce qui intéresse Marker lorsqu’il filme, dans Chats perchés,<br />
les grandes manifestations populaire dans ce Paris du XXIe siècle : mobilisation contre<br />
la guerre en Irak, révolte des lycéens, mouvements des altermondialistes ou des intermittents<br />
du spectacle, happening d’Act Up en souvenir des victimes du sida, jusqu’aux<br />
obsèques de Marie Trintignant. La foule crie, hurle, scande des slogans, marche, s’indigne,<br />
défile et l’homme, lui, pris dans ce grand flux ininterrompu, devenu plus confus<br />
encore par la déferlante médiatique, perd la mémoire.<br />
Mais pendant ce temps, les chats veillent… Ces chats, dessinés sur les murs, flottant<br />
au dessus de Paris, qui apparaissent jour après jour et sur les traces desquels part le<br />
cinéaste vagabond. On reconnaît dans ce jeu de pistes, sous forme d’enquête, la touche<br />
ludique propre à Marker. […] Pour Marker, le réel, sans cette distance face au “chaos” du<br />
monde, se trouve englouti par l’impermanence des choses. Le réel s’écrit par la poésie,<br />
et la poésie n’existe, ne surgit que par le montage, art suprême chez ce cinéaste. Partir,<br />
comme ici, de cette foison de signes que lui renvoie sa ville : images, impressions, sons,<br />
discours de politicien, slogans, graffitis, affiches, etc., mais aussi, bien sûr, toutes ces<br />
figures de chats qui apparaissent puis disparaissent inopinément, et construire ce qui<br />
peut garder trace de l’histoire (petite et grande) en train de se faire. Car pour lui, seul l’art<br />
peut “retenir” le temps, et tant que subsisteront ces éclats de mémoire, l’utopie aura<br />
encore une place dans ce monde.<br />
marie-claude loiselle, 24 images<br />
Last but not least: Markers werk in de 21ste eeuw. Chats perchés (2005) is zijn voorlopig laatste film,<br />
een reflectie op kunst, cultuur en politiek aan de start van het nieuwe millennium. Een gele kat met een<br />
brede grijns verschijnt op de muren van Parijs. De graffiti trekt Markers aandacht (misschien ook omdat<br />
hij gek is op katten). Marker gebruikt M. Chat om het veranderende sociale klimaat in Parijs te meten –<br />
van de sympathie voor de VS kort na 9/11 tot de anti-Bush sentimenten naar aanleiding van de oorlog<br />
in Irak. Uiteindelijk blijken de artiesten achter M. Chat een kunstcollectief te zijn. We zien hen aan het<br />
werk terwijl ze een monsteruitvoering van M. Chat op de plaza voor het Centre Pompidou schilderen.<br />
Niet voor niets: voor Marker zijn zulke expressies van kunst en verbeelding in de stad van vitaal belang.<br />
Wat van toepassing was in 1968 geldt nog steeds: “La poésie est dans la rue”.<br />
71<br />
ChAts perChÉs<br />
Chris Marker<br />
France<br />
2004<br />
59’<br />
VO FR<br />
Marker
Cycle<br />
John<br />
Cassavetes<br />
Traquer derrière le masque social la vérité des visages, des<br />
corps, des gestes et des sentiments, la soif éperdue d’un bonheur<br />
instable et fragile : tel aura été le pari de ce franc-tireur<br />
obstiné, qui aura lutté contre vents et marées pour construire<br />
une œuvre farouchement personnelle, en rupture de ban aussi<br />
bien avec Hollywood qu'avec un cinéma indépendant souvent<br />
aussi conventionnel que l’autre. Cinéma charnel, passionné<br />
jusqu’au vertige – mais où l’on rit beaucoup aussi, les beuveries<br />
dantesques aidant –, constamment sur le fil du rasoir, mais<br />
qui ne doit presque rien, malgré les apparences, à l’improvisation,<br />
et tout à une spontanéité recréée dans et par le tournage<br />
(dix-sept heures de rushes pour aboutir aux deux heures<br />
de Faces !), avec la complicité d’un clan de fidèles, techniciens<br />
et interprètes – Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel et,<br />
bien sûr, Gena Rowlands. Des films qui vous lavent le regard.<br />
06<br />
Het speuren naar de waarheid achter het sociale masker van gezichten,<br />
gebaren, gevoelens, hongerig naar ongekunsteld en fragiel geluk: dat zal<br />
vermoedelijk het doel geweest zijn voor deze koppige filmmaker die een<br />
waarlijk eigen filmisch œuvre wilde opbouwen. Hij brak met Hollywood en<br />
startte een onafhankelijke cinema, die daarom niet altijd minder conventioneel<br />
moet zijn. Deze duizelingwekkend passionele cinema, waar veel<br />
gelachen wordt en de zuippartijen talrijk zijn, is haarscherp, zonder dat er<br />
echt veel moeite om gedaan lijkt te zijn gedaan. De improvisaties en het<br />
draaien zelf (17 uur aan één stuk voor het twee uur durende Faces !) kwamen<br />
tot stand door de medeplichtigheid van een schare vertrouwelingen:<br />
acteurs en techniekers – Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel en<br />
natuurlijk Gena Rowlands. Deze films verfrissen uw geest.<br />
deux inContournables:<br />
“John Cassavetes, autoPortraits”, ed. Cahiers du Cinéma<br />
thierry Jousse, “John Cassavetes”, ed. Cahiers du Cinéma<br />
> en vente au Cinéma arenberg<br />
retrouvez John Cassavetes<br />
dans le diCK Cavett show du 21.09.1970<br />
sur www.arenberg.be
Sensible et poignant, le premier film de John Cassavetes, tourné en 16 mm et gonflé<br />
par la suite, met en scène deux frères et une sœur vivant ensemble à Manhattan. L’aîné,<br />
chanteur dans un night-club de troisième zone, a la peau noire, les deux autres peuvent<br />
passer pour des Blancs. C’est le seul Cassavetes tourné sans scénario proprement dit,<br />
bien que Ray Carney, spécialiste de son cinéma, ait démontré que le qualificatif d’“improvisation”<br />
tient davantage de l’argument de vente que de la réalité. En fait, le cinéaste<br />
a écrit Shadows avec Robert Alan Aurthur en partant d’un atelier d’improvisation qu’il<br />
avait supervisé. Une version antérieure et plus courte (quarante minutes), et que l’on a<br />
longtemps cru perdue, a été présentée en première mondiale au festival de Rotterdam<br />
en 2004.<br />
Shadows est le seul film de son auteur consacré à de jeunes gens, les acteurs utilisant<br />
leurs propres prénoms pour faciliter le sentiment de proximité. On a rarement vu autant<br />
de chaleur humaine, de délicatesse, de subtilité et de sentiments à fleur de peau, véhiculés<br />
avec un tel naturel par des acteurs américains. Ce film, contemporain des chefsd’œuvre<br />
de la Nouvelle Vague, mérite d’être rangé à côté d’eux pour sa fraîcheur et sa<br />
liberté de ton. Décrivant un Manhattan à présent disparu, celui de la période beatnik, il<br />
fait aussi office de poignante capsule témoin. Tony Ray (fils de Nicholas), Rupert Crosse,<br />
Dennis Sallas, Tom Allen, Davis Jones complètent la distribution, avec des apparitions<br />
de Seymour Cassel (acteur régulier des films à venir) et de Cassavetes en personne.<br />
La magnifique partition jazz de Charles Mingus, avec Shafi Hadi au saxophone alto, joue<br />
un rôle essentiel dans le haut degré d’émotion qu’atteint Shadows.<br />
jonathan rosenbaum, 1001 Films<br />
John Cassavetes (1929-1989) was één van de meest gedreven en visionaire artiesten in de filmwereld,<br />
voor velen de godfather van de Amerikaanse onafhankelijke cinema. Hoewel Shadows (1959), zijn<br />
doorbraakfilm en ‘cinema vérité’ debuut, niet de eerste film was die buiten het systeem werd gemaakt,<br />
blijft het een ijkpunt voor generaties filmmakers. Shadows is een inkijk in het leven van drie jonge<br />
(zwarte) mensen en onderzoekt, voorzien van een intrigerende jazzscore, interraciale vriendschappen<br />
en de Beat Era in het New York van de jaren ’50. Het is de enige film van Cassavetes die, maar het is<br />
een omstreden opinie, niet op een script zou gebaseerd zijn. Geïnspireerd door de experimentele film,<br />
maakte Cassavetes uitbundig gebruik van de toen revolutionaire handcamera. Fris, vitaal en volledig<br />
tegen de tijdgeest in, zette deze film de toon voor de verdere carrière van de cineast.<br />
73<br />
shAdows<br />
John Cassavetes<br />
Avec<br />
beN CARRuTheRs<br />
LeLiA gOLdONi<br />
hugh huRd<br />
États-Unis<br />
1959<br />
87’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Cassavetes
74<br />
fACes<br />
John Cassavetes<br />
Avec<br />
geNA ROwLANds<br />
jOhN mARLey<br />
LyNN CARLiN<br />
États-Unis<br />
1968<br />
130’<br />
VO ST.BIL<br />
Cassavetes<br />
Quel était le secret de John Cassavetes ? Son rapport aux comédiens était si total, son<br />
travail avec eux si intense et si précis qu’il était capable de capturer la réalité vécue<br />
mieux que n’importe quel cinéaste américain. Après la tentative Shadows (1959) et les<br />
expériences déplaisantes de Cassavetes avec le système hollywoodien, Faces marqua<br />
avec beaucoup de confiance en soi la vraie naissance de sa signature. Dans ce film qu’il<br />
a tourné chez lui, il restitue des scènes pleines de vie de l’existence de gens qui sont<br />
à la fois désespérément pleins de désir et de tendresse, et furieusement aliénés. Des<br />
personnages échoués, comme toujours chez Cassavetes, entre les difficiles responsabilités<br />
de la routine quotidienne et les griseries insouciantes de la vie nocturne.<br />
Cassavetes filme toujours ses comédiens sensationnels (John Marley et Lynn Carlin<br />
sont particulièrement mémorables) au milieu d’une séquence, le corps décentré dans<br />
le cadre, les mots et les gestes tronqués par le montage. Chaque scène repose sur<br />
un “tour” imprévisible et souvent effrayant, un changement soudain dans l’humeur ou<br />
l’attitude d’un personnage à l’égard d’un autre. Faces invente une autre manière de faire<br />
ressentir le temps au cinéma, où des pauses soudaines font penser (c’est Cassavetes<br />
qui parle) “que l’on saute d’un train en marche”.<br />
Parfois considéré comme la condamnation d’une classe moyenne, matérialiste et sans<br />
âme, Faces est plutôt le récit douloureusement intime et compatissant de la souffrance<br />
quotidienne. Cassavetes délimite le terrain qu’il revisitera souvent – crise conjugale, sexe<br />
occasionnel, désinvolture hédoniste, liens familiaux…<br />
adrian martin, 1001 Films<br />
John Cassavetes heeft altijd zijn authenticiteit bewaard en nooit veel toegevingen ten opzichte van<br />
Hollywood gedaan. Dat resulteerde in energieke, menselijke, memorabele films die onbekende gebieden<br />
ontgonnen en acteurs tot hun beste prestaties leidden. Maar waarvoor de cineast vaak zelf de<br />
centen moest verzamelen. Ook het relatiedrama Faces (1968) werd door Cassavetes gefinancierd. Het<br />
werd op luid applaus ontvangen, speelde een jaar lang in de bioscopen van New York en kreeg zelfs<br />
een paar Oscarnominaties. Cassavetes maakte in totaal tien films met zijn echtgenote en muze, Gena<br />
Rowlands. Godzijdank, want Rowlands, onder de begeesterende regie van Cassavetes, is één van de<br />
beste actrices ooit. Hun samenwerking scheen hun relatie alvast niet te schaden. Die hield 35 jaar<br />
stand, tot zijn dood in 1989. Al zei ze ooit over hem: “Hij is een perfectionist. Als artiest hou ik van hem,<br />
als echtgenoot haat ik hem”.
Production indépendante élaborée loin des studios entre complices de longue date,<br />
home movie où le clan Cassavetes poursuit un jeu de la vérité qui tourne par moments<br />
au psychodrame, document quasi anthropologique sur une cellule familiale de la lower<br />
middle class, description minutieuse, parfois insoutenable, de la fêlure qui mène à l’aliénation<br />
une femme soumise à trop d’“influences” (celles de son environnement, mais<br />
aussi de son mari et de ses enfants)… Il n’est certes point aisé d’inventorier toutes les<br />
richesses d’une œuvre magistrale, la plus fermement contrôlée de son auteur, qui nous<br />
fait vivre pendant 155 minutes, davantage qu’un spectacle, une aventure existentielle<br />
unique, exténuante, terrifiante et en fin de compte superbement tonique.<br />
Unique car il ne s’agit pas de reproduire une réalité préexistante mais de confondre durée<br />
filmée et durée vécue en créant devant les caméras une situation où les comédiens (mais<br />
ce mot n’a ici guère plus de sens que chez Altman) puissent s’exprimer en toute impunité<br />
et donc en toute impudeur. Exténuante car à épouser leurs comportements (imprévisibles)<br />
et le rythme de leur parole (intarissable), la fiction dévale de la screwball comedy<br />
la plus débridée au mélo le plus sombre, toute la gamme des sentiments dramatiques,<br />
au mépris bien sûr des usages arbitraires de la psychologie au cinéma mais en accord<br />
avec l’insécurité de personnages qui doivent être constamment en représentation pour<br />
se voir reconnus par leur entourage. Terrifiante car une telle mise en scène s’attache aux<br />
seuls épiphénomènes, grimaces, larmes, bouffées d’angoisse, crises d’hystérie, comme<br />
si la caméra ne pouvait se détacher de ces visages et de ces corps dont elle capte les<br />
vibrations avec une sorte de rage désespérée.<br />
Tonique malgré tout car du chaos et de l’excès, de la cacophonie et de la dérision, surgit<br />
une vérité émotionnelle qui dépasse infiniment le “cas” présenté.<br />
d’après michael henry, Positif<br />
A Woman under the Influence (1974) was oorspronkelijk opgevat als toneelstuk. Maar Gena Rowlands<br />
vond het thema te zwaar en vreesde niet avond na avond de veeleisende rol te kunnen spelen. Een<br />
bezwaar waar je meteen kan inkomen als je de film ziet. Gena is Mabel Longhetti, een Amerikaanse<br />
huisvrouw die ogenschijnlijk veel heeft om dankbaar om te zijn, maar toch in de waanzin wegzinkt. Veel<br />
heeft ook te maken met de desastreuze onhandigheid van haar goedbedoelende echtgenoot (Peter<br />
Falk). Je kan niet anders dan machteloos, maar ontroerd toekijken hoe deze twee mensen veel van<br />
elkaar houden, maar elkaar evengoed beschadigen. Er is al veel geschreven over Cassavetes als improvisator,<br />
maar niets is minder waar. Al zijn films zijn tot op de letter uitgeschreven. Maar het zegt veel<br />
over de naturel waarmee hij zijn onderwerpen benadert en zijn overtuigingskracht als acteursregisseur.<br />
75<br />
A womAn<br />
under<br />
the influenCe<br />
John Cassavetes<br />
Avec<br />
peTeR fALk<br />
geNA ROwLANds<br />
fRed dRApeR<br />
États-Unis<br />
1974<br />
155’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Cassavetes
La terrasse<br />
<strong>Arenberg</strong><br />
L' écran ToTaL ...<br />
aussi en Terrasse !<br />
pOuR LA 21 e édiTiON de NOTRe iNCONTOuRNAbLe ReNdez-vOus,<br />
Le CiNémA AReNbeRg qui se veuT TOujOuRs pLus CONviviAL,<br />
OuvRe sA TeRRAsse.<br />
de quOi se RAfRAîChiR eT pATieNTeR<br />
AgRéAbLemeNT eNTRe deux pROjeCTiONs<br />
dANs LA ChALeuR LumiNeuse de LA gALeRie de LA ReiNe…
Ce film-là, on y entre par effraction. Dès le premier plan, dans le sillage d’une caméra qui<br />
rôde autour de sa proie, on fait irruption dans la vie de Cosmo Vitelli. Sa vie ? Le Crazy<br />
Horse West, la boîte à strip-tease la plus minable de la côte Ouest. Film noir ? Si l’on s’en<br />
tient à l’intrigue – un homme cerné par un gang –, assurément. Mais d’un dépouillement<br />
absolu : à côté des mafieux de Cassavetes, ceux de Scorsese, même démystifiés, semblent<br />
folkloriques. Cosmo lui-même n’est qu’un petit besogneux de la nuit, un petit indépendant<br />
qui n’aurait pas la pointure, mais qui chercherait malgré tout, dans cet univers<br />
triste et sans glamour, à maintenir une parcelle de rêve. Comme Cosmo, Cassavetes<br />
aimait les coups de poker : chacun de ses films en était un. Au bout de la nuit, tout deux<br />
savent qu’il n’y a qu’ici que l’amour, et qu’ils n’ont rien d’autre à donner. Même s’ils laissent<br />
un meneur de revue, un pauvre clown, Mr Sophistication, le dire à leur place : “I can’t<br />
give you anything but love.”<br />
pierre murat, Télérama<br />
À de nombreux égards, ce film pourrait faire office de testament. Ce qui rend le personnage<br />
tragi-comique de Cosmo si émouvant, c’est son statut d’alter ego du réalisateur :<br />
impresario et figure paternelle d’une troupe minable (voir les acteurs et l’équipe de tournage<br />
de Cassavetes) qui doit composer avec sa morale pour garder sa petite famille<br />
à flot (voir la carrière d’acteur hollywoodien de Cassavetes). Peter Bogdanovich utilisa<br />
Gazzara dans un rôle semblable pour Jack le magnifique mais, aussi bon que soit ce<br />
film, il n’a pas la chaleur et la délicatesse de la sombre comédie de Cassavetes.<br />
jonathan rosenbaum, 1001 Films<br />
Met The Killing of a Chinese Bookie (1976) waagde John Cassavetes zich aan het misdaadgenre. Niet<br />
meteen een instant succes. Noch de eerste versie, noch de tweede – twee jaar later opnieuw gemonteerd<br />
en ingekort – werd een commercieel succes. Nochtans is dit toch meer een persoonlijke, doorleefde<br />
karakterstudie dan een film noir. Cosmo Vitelli (Ben Gazarra, wel vaker op post in Cassavetes’<br />
films) is de charismatische eigenaar van een striptent in Los Angeles. Door zijn gokdrift raakt hij diep<br />
in de schulden. De enige manier om zijn rekening te vereffenen, is een Chinese bookmaker om zeep<br />
helpen. Wat het personage van Gazzarra ontroerend maakt, is de relatie met zijn alter ego, de filmmaker<br />
(er zijn wel meer verwijzingen naar Cassavetes, zijn manier van werken en zijn entourage), die zijn<br />
moraal geweld moet aandoen om zijn ‘familie’ (een allegaartje van showbizzlui) vlottende te houden.<br />
77<br />
the killing<br />
of A Chinese<br />
bookie<br />
John Cassavetes<br />
meuRTRe d’uN bOOkmAkeR ChiNOis<br />
Avec<br />
beN gAzzARA<br />
TimOThy CARey<br />
seymOuR CAsseL<br />
États-Unis<br />
1976<br />
110’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Cassavetes
78<br />
opening night<br />
John Cassavetes<br />
Avec<br />
geNA ROwLANds<br />
jOhN CAssAveTes<br />
beN gAzzARA<br />
jOAN bLONdeLL<br />
États-Unis<br />
1977<br />
144’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Cassavetes<br />
Opening Night est le film le plus ambitieux de John Cassavetes. Sa mise en scène sert<br />
une vertigineuse mise en abyme qui viole sans cesse la frontière entre l’acteur, le personnage<br />
et le rôle qu’il interprète dans une pièce dont les thèmes sont ceux du film.<br />
Cette singulière descente aux enfers est l’éblouissant portrait d’une femme en crise, à<br />
l’heure où l’on prend conscience que les camarades ne sont pas des amis, et qu’on est<br />
déserté par ce que l’on croyait tenir, qu’il s’agisse de beauté, d’amour ou de génie…<br />
Cassavetes s’acharne à multiplier les points de vue pour nous rendre celui de l’actrice<br />
dans toute la schizophrénie inhérente à son métier. Le film est construit comme un dérapage<br />
audacieux et contrôlé dont chaque image est adaptée au propos, comme l’illustration<br />
d’un manifeste revendiquant un esthétisme cubique et déroutant. Son incursion<br />
magistrale dans le fantastique, qu’il prend à bras-le-corps et filme à bout portant, offre<br />
des séquences choc où un spectre nous apparaît aussi réel que terrifiant.<br />
Opening Night est un film marquant, un film à voir. Pour l’émouvante tendresse de la<br />
séquence qui précède le générique, pour la férocité de l’affrontement entre une femme<br />
et ses démons, pour la drôlerie d’un duel de comédiens réglant leurs comptes sur<br />
scène, pour la justesse de ce portrait de famille reconstituée et dysfonctionnelle qu’est<br />
une troupe de théâtre liguée contre l’adversité, pour la métamorphose électrisante de<br />
Rowlands qui passe de l’enfant chéri à la paria redoutée, et pour cette vie qui bat dans<br />
chaque plan dont Cassavetes n’a jamais eu peur de sonder les angoisses ou d’épouser<br />
la folie.<br />
geneviève picard, Voir<br />
Myrtle Gordon (Gena Rowlands) is een talentvolle actrice die leeft voor haar kunst. Of zo lijkt het alvast.<br />
Nadat een toegewijde fan verongelukt vlak nadat zij haar liefde voor de actrice heeft beleden (een scène<br />
die Pedro Almodovar lijkt te inspireren voor Todo sobre mi madre uit 1999. Die film droeg hij op aan<br />
prachtige vrouwen als Gena Rowlands, Bette Davis en Romy Schneider), gaat Myrtle’s leven aan het<br />
wankelen. Het helpt ook niet dat ze op dat moment repeteert voor een toneelstuk, The Second Woman,<br />
dat ze haat. De vrouw die worstelt met het ouder worden, niet meer in staat tot verliefd worden of kinderen<br />
baren, is een thema dat haar al dan niet onbewust te dicht op het lijf zit. De frustraties bereiken<br />
hun hoogtepunt op Opening Night (1977). Regisseur John Cassavetes, die ook letterlijk samen met zijn<br />
eega op de bühne staat, begeleidt Rowlands handvast door deze emotionele rollercoaster.
Love Streams, qu’on peut considérer comme le dernier vrai film de Cassavetes, est le<br />
troisième volet d’une sorte de trilogie du mal-être féminin commencée avec A Woman<br />
Under the Influence et continuée dans Opening Night. Mais la sollicitude du cinéaste pour<br />
les personnages féminins en perdition est compensée ici par celle qu’il éprouve aussi<br />
pour les hommes plus ou moins paumés. C’est, en ce sens, son film le plus équilibré, si<br />
l’on peut user d’un tel terme à propos de ce cinéaste du déséquilibre. Les rapports entre<br />
frères et sœurs, esquissés dans Shadows (peut-être parce que Cassavetes, comme il l’a<br />
souligné lui-même, n’a pas de sœur), fournissent ici un point focal au film. Néanmoins,<br />
l’approche de Cassavetes est plus que jamais oblique et tortueuse. Pendant le premier<br />
tiers du film, il passe d’un personnage à l’autre sans établir le moindre rapport entre eux<br />
ou leurs situations respectives. […]<br />
L’un des miracles de Love Streams est l’osmose qui s’établit entre deux univers à la fois<br />
fictionnels et autobiographiques, celui de Cassavetes et celui de Ted Allan, le coscénariste<br />
du film. À l’origine lointaine de Love Streams se trouve en effet My Sister’s Keeper<br />
(1970), pièce de Ted Allan à deux personnages qui décrivait ses rapports “amoureux<br />
mais non incestueux” avec sa sœur, dont le personnage présente des affinités frappantes<br />
avec celui joué par Gena Rowlands dans plusieurs films de Cassavetes. Celui-ci<br />
découvre la pièce en 1980 et demande à Ted Allan de l’élargir en introduisant tous les<br />
personnages qui n’y étaient pas mentionnés. Le résultat fut deux pièces, Love Streams<br />
et Third Day Comes, que Cassavetes monta en double programme à Los Angeles, avec<br />
Gena Rowlands et Jon Voight. Puis vinrent trois ans de travail sur un scénario d’adaptation,<br />
Love Streams, qui connut huit versions successives, et qui développe le personnage<br />
du frère.<br />
jean-pierre coursodon et bertrand tavernier, 50 ans de cinéma américain<br />
Love Streams (1984) is één van de mooiste voorbeelden van Cassavetes’ fascinatie met menselijke<br />
interactie. De film wordt ook wel eens zijn definitieve meesterwerk genoemd. Net als in Shadows (uit<br />
1959) staat de (liefdevolle) verhouding tussen familieleden centraal. Het echtpaar Cassavetes speelt<br />
voor de gelegenheid broer en zus. Zij versmoort haar geliefden met haar genegenheid, hij is een schrijver<br />
die weigert zich aan iemand te binden. De liefde die voor haar altijd stroomt, is voor hem gestopt.<br />
Het is ook in die tegenstelling dat broer en zus elkaar vinden. De film bestaat uit twee delen: er is een<br />
lange introductie waarin broer en zus afzonderlijk hun leven leiden, tot hun pad in Los Angeles samenkomt.<br />
Dan verandert ook de stijl van de film. Het ‘op de huid’ cameragebruik gaat over in surrealistische<br />
taferelen. Al raakt Cassavetes nooit uitgekeken op het mooie, door het leven getekende gezicht van<br />
Gena Rowlands.<br />
79<br />
loVe streAms<br />
John Cassavetes<br />
Avec<br />
geNA ROwLANds<br />
jOhN CAssAveTes<br />
diAhNNe AbbOTT<br />
États-Unis<br />
1984<br />
141’<br />
VO ST.BIL<br />
Copie neuve<br />
Cassavetes
Comédies<br />
italiennes<br />
d’hier et d’aujourd’hui<br />
07
L’une des meilleures surprises de l’année dernière : une petite comédie italienne, dans la<br />
tradition des Comencini-Risi-Scola, avec personnages pittoresques, péripéties tendres,<br />
répliques souriantes... Le réalisateur, Gianni Di Gregorio, bon à rien professionnel (il a été<br />
scénariste de quelques comédies, assistant, régisseur, accessoiriste, figurant, décorateur),<br />
est parti d’un événement réel – son propriétaire lui a proposé d’effacer l’ardoise<br />
des charges impayées contre un week-end passé à surveiller sa vieille maman – pour<br />
imaginer un sexagénaire (bon à rien) qui se retrouve avec quatre vieilles dames en pension<br />
pendant le week-end du 15 août. Les bonnes femmes ne s’entendent guère, elles<br />
ont des régimes alimentaires différents, des habitudes opposées, des prétentions à la<br />
séduction et... le malheureux hôte se transforme en cuisinier, en diplomate, en gentil<br />
organisateur, sans avoir le temps de souffler. Le film est d’une tendresse absolument<br />
formidable, et les quatre grands-mères, actrices improvisées, sont merveilleuses.<br />
Gianni Di Gregorio a retrouvé le secret de la recette : il panache l’ironie et la dolce vita, la<br />
lassitude et l’humour, et glisse un certain fatalisme. Comment résister à ces savoureuses<br />
grands-mères qui se disputent, jouent aux cartes, bravent les ordres du médecin,<br />
et n’oublient pas le rouge à lèvres ? Le réalisateur est également devenu acteur par une<br />
sorte d’évidence : “J’ai joué le rôle principal, dit-il, parce que durant la préparation du<br />
film, alors que j’expliquais à l’équipe qu’il fallait trouver un homme d’âge mûr, plus ou<br />
moins alcoolique, ayant vécu des années avec sa mère, tous les visages se sont tournés<br />
vers moi.”<br />
françois forestier, Le Nouvel Observateur<br />
Gianni Di Gregorio schreef het scenario, regisseerde en schittert in Pranzo di ferragosto (2008), een<br />
heerlijke komedie waarin de gemiddelde leeftijd van de personages rond de tachtig jaar ligt. Maar<br />
laat dat vooral de pret niet drukken! Vrijgezel Gianni woont met zijn moeder in Rome. Om de kosten<br />
van het appartement te drukken, neemt hij voor een paar dagen drie oude dames in huis. Geen van de<br />
oude dames is beroepsacteur. Eentje is de tante van Gianni, een andere een familielid. De twee andere<br />
dames, geen van allen is jonger dan negentig, vond hij in een bejaardenhuis. “Het was een moeilijke<br />
keuze” gaf hij later toe “er waren een honderdtal gegadigden en ze waren allemaal verrukkelijk”. En dat<br />
zie je: de dames hebben het overduidelijk naar hun zin in een film die di Gregorio heel nauw aan het hart<br />
ligt. Hij woonde zelf met zijn moeder in het appartement uit de film.<br />
81<br />
le dÉjeuner<br />
du 15 Août<br />
Gianni Di Gregorio<br />
pRANzO di feRRAgOsTO<br />
Avec<br />
vALeRiA de fRANCisCis<br />
mARiNA CACCiOTTi<br />
mARiA CALì<br />
Italie<br />
2008<br />
75’<br />
VO ST.BIL<br />
Italie
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suR Le COmpTe 001-5961753-15 de L’AssOCiATiON.<br />
fAiT Le / /2010 à
Coiffure gommée, démarche hautaine, regard distant, lèvres pincées sur un fumecigarette,<br />
le baron Ferdinando Cefalù, Fefé pour les intimes, promène sa morgue dans<br />
les rues de Catane et affiche en sa demeure décatie un ennui qu’il voudrait distingué.<br />
L’observer déambulant, le regarder s’ennuyer, l’œil allumé seulement par le spectacle de<br />
sa jeune cousine (Stefania Sandrelli), est déjà un bonheur. Rien de ce qu’un acteur peut<br />
exprimer n’échappe à Marcello Mastroianni, qui lâche ses mots comme à regret et lance<br />
ses regards comme par mégarde, fourguant sans paraître y penser les informations<br />
nécessaires à la compréhension de son personnage, et davantage encore. Ferdinando<br />
est Mastroianni et Marcello est Fefé, l’un n’existerait pas sans l’autre. L’acteur se trouve<br />
placé au centre du dispositif, moteur qu’il n’est jamais nécessaire de relancer d’un<br />
cinéma qui carbure à la liberté. C’est bien simple, dans cette petite merveille de quarante-neuf<br />
ans d’âge qu’est Divorce à l’italienne, histoire d’un homme mal marié qui tente<br />
de se débarrasser de sa moitié en la guidant vers l’adultère, tout le monde s’amuse, des<br />
vedettes aux accessoiristes, des machinos aux scénaristes, des producteurs au réalisateur,<br />
l’incomparable Pietro Germi. Tout le monde s’amuse parce qu’en ce temps-là un<br />
film n’était jamais qu’un film, et pas une machine calibrée pour exploser le box-office, ce<br />
qu’un film perdrait, un autre le gagnerait, c’était dans la nature du cinéma. Jusque dans<br />
la description qu’il donne de l’effet produit sur une petite ville de Sicile par la présentation<br />
de La Dolce Vita, après que le curé de la paroisse eut favorisé la promotion du film<br />
de Fellini en enjoignant à ses ouailles de s’en tenir éloignées, Divorce à l’italienne respire<br />
la liberté.<br />
pascal mérigeau, Le Nouvel Observateur<br />
Divorzio All’Italiana (1961), één van de beste komedies uit de jaren ’60, zette eigenhandig een trend: de<br />
‘comedia all’Italiana’. Deze pittige zedenschets steekt de draak met de zelfingenomen Italiaanse man<br />
en de bekrompen (katholieke) wetten van het land. De Siciliaanse Baron Fefé (Marcello Mastroianni)<br />
is zijn vrouw (Daniela Roca) beu. Hij wil haar graag inruilen voor zijn aantrekkelijke nichtje (Stefania<br />
Sandrelli). Maar echtscheiding is verboden in Italië. Dus gaat hij voor een mindere misdaad: moord.<br />
Als hij zijn vrouw doodt omwille van de eer, ontsnapt hij wellicht aan zijn straf. Dus gaat Fefé naar een<br />
minnaar voor zijn vrouw op zoek. Marcello Mastroianni is onweerstaanbaar als de even pathetische als<br />
cynische baron. Hij blijft met zijn uitzinnig personage aan de juiste zijde van karikatuur. Deze sprankelende<br />
komedie is trouwens ook een feest van hilarische visuele humor.<br />
83<br />
diVorCe<br />
À l’itAlienne<br />
Pietro Germi<br />
divORziO ALL’iTALiANA<br />
Avec<br />
mARCeLLO mAsTROiANNi<br />
dANieLA ROCCA<br />
sTefANiA sANdReLLi<br />
Italie<br />
1961<br />
105’<br />
VO ST.FR<br />
Italie
Italie<br />
84<br />
eCCe bombo<br />
Nanni Moretti<br />
Avec<br />
NANNi mOReTTi<br />
LOReNzA RALLi<br />
fAbiO TRAveRsA<br />
Italie<br />
1978<br />
103’<br />
VO ST.FR<br />
Michele vit à Rome avec ses parents et sa sœur. Dépressif et constamment frustré, il se<br />
comporte en tyran, aussi bien avec sa famille qu’avec sa petite amie Silvia qui travaille<br />
dans un cinéma. Le reste du temps, Michele traîne avec son groupe d’amis. Ensemble,<br />
ils écoutent les premières radios libres et se laissent surtout aller à leur désœuvrement<br />
et leur mal-être, qu’ils expriment lors de “séances d’auto-conscience”.<br />
Les trois premiers longs métrages de Nanni Moretti – Je suis un autarcique (1976), Ecce<br />
Bombo (1978) et Sogni d’Oro (1981) – permettent de remonter aux sources du dilemme<br />
morettien. Ces trois films sont de magnifiques méditations, très drôles en plus, sur la<br />
difficulté pour la jeunesse de prendre part au monde, de trouver la porte d’entrée vers un<br />
monde adulte qui puisse paraître un tant soit peu satisfaisant. On y voit naître l’alter ego<br />
de Nanni Moretti jusqu’à Palombella Rossa (1989), Michele Apicella, dont l’arrivée sur les<br />
écrans coïncide avec un moment charnière de l’histoire et de la culture politiques italiennes,<br />
celui d’une sorte de gueule de bois pour une jeunesse désillusionnée, dans un pays<br />
sclérosé et une société privée de repères aussi bien éthiques qu’idéologiques. Ce jeune<br />
homme irascible et touchant a une question chevillée au corps : comment appartenir<br />
au monde sans s’y compromettre ? On pourrait parler de documents sur ces années,<br />
bien que la situation politique ne soit évoquée qu’en creux, ou par quelques mots pour<br />
formuler son mépris envers la DC ou Enrico Berlinguer qui initia le fameux “compromis<br />
historique”. Nanni Moretti se place, comme il le fera dans Le Caïman pour pourfendre le<br />
berlusconisme, à un poste bien particulier : la sphère intime comme cadre et observatoire<br />
de la révolte et des désillusions.<br />
d’après arnaud hée, critikat.com<br />
Ecce Bombo (1978) stamt uit het vroege werk van (veelal) autobiografisch filmer Nanni Moretti. Hij was<br />
pas vijfentwintig toen hij dit portret van een jonge generatie Italianen in crisis maakte. Niemand gelooft<br />
nog in de idealen van ’68 en vermits er niets in om ze door te vervangen, leidt iedereen z’n eigen ongeinspireerd<br />
leventje. Ruzie met de ouders, misverstanden met de meisjes, verveling met de vrienden.<br />
Niet meteen een thema om vrolijk te worden, behalve als het door Moretti wordt uitgewerkt. Met zijn<br />
typische galgenhumor wordt de ondraaglijke lichtheid van het bestaan van Romeinse jongeren licht te<br />
verteren en interessante kost. Moretti maakte deze film op 16 mm en voor een minibudget, maar het<br />
werd een megasucces. Moretti’s carrière was vertrokken.
Le premier grand chef-d’œuvre de la “comédie italienne” des années 1960. C’est une<br />
satire de mœurs autant qu’une étude de caractères. Au cinéma, les caractères, quand<br />
ils sont dessinés avec cette acuité, ce relief, cette profondeur, deviennent immanquablement<br />
des destins. C’est donc la rencontre de deux destins que présente ce film brillant<br />
et acide, parfaitement classique, où l’ironie dissimule bien l’ambition et le sérieux, où<br />
l’improvisation et la rigueur font bon ménage. Les deux personnages, l’outrecuidant et<br />
le timoré, l’extraverti et l’introverti, celui qui est à l’aise partout et celui qui ne l’est nulle<br />
part, sont si opposés qu’ils deviennent complémentaires et bientôt inséparables. Mais<br />
Roberto commet la faute suprême en se laissant influencer. Toute influence étant maléfique,<br />
en pénétrant dans l’univers de Bruno, Roberto perd son identité et – dans un<br />
dénouement choquant mais logique – la vie. Les deux personnages sont caractéristiques<br />
de leur environnement : une société amorale, superficielle, qui en est au début de<br />
sa surconsommation, qui ne tardera pas à être déçue et qui est déjà déséquilibrée.<br />
“Dans le film, dit Risi, Gassman est quelqu’un qui détruit parce qu’il n’a pas su construire,<br />
c’est un Italien typique, superficiel, fasciste. C’est un impuissant, un velléitaire, son pouvoir<br />
tient tout entier dans sa présence physique, une force de choc mais sans qualité<br />
profonde ni morale. Il Sorpasso est né d’une histoire vraie ; dans le personnage de<br />
Gassman j’ai cousu ensemble deux ou trois personnes que j’ai connues, avec lesquelles<br />
j’ai vécu ce genre d’aventures, dans le rôle, pour moi, de Trintignant. Le personnage de<br />
Gassman est celui de quelqu’un qui remplit toujours le vide, mais on sent qu’il a peur de<br />
vivre ; son allure, toujours vivace, cache la peur de se connaître.”<br />
jacques lourcelles, Dictionnaire du cinéma<br />
Bruno (Vittorio Gassman), bijna veertig en een tweederangs oplichter, is een ‘vitellone’: luid, hyperactief,<br />
egoïstisch, onverantwoordelijk en onweerstaanbaar. In de mooie zomer van 1962 ontmoet hij student<br />
Roberto (Jean-Louis Trintignant), in alles zijn tegendeel. Bruno sleept Roberto mee in zijn Lancia Aurelia<br />
naar het platteland van Toscane. Roberto zal het leven ‘à la Bruno’ leren kennen. En passant, leert<br />
Roberto ook de échte Bruno kennen. Il sorpasso (1962) is een heerlijke combinatie van een Italiaanse<br />
komedie en een roadmovie. Regisseur Dino Risi, met een diploma psychologie op zak, en het bekwame<br />
schrijversduo Ettore Scola en Ruggero Macari, creëerden twee van de meest charmante, menselijke<br />
personages uit de filmgeschiedenis. Die door Gassman, die Bruno tot één van zijn lievelingspersonages<br />
rekende, en Trintignant met bijzonder veel gusto worden vertolkt.<br />
85<br />
le fAnfAron<br />
Dino Risi<br />
iL sORpAssO<br />
Avec<br />
viTTORiO gAssmAN<br />
jeAN-LOuis TRiNTigNANT<br />
CATheRiNe spAAk<br />
Italie<br />
1962<br />
105’<br />
VO ST.FR<br />
Italie
CiNémA eT psyChiATRie<br />
Cycle<br />
Fous à délier<br />
08<br />
L’obscure énigme de la folie, de la déraison, de l’aliénation mentale,<br />
le cinéma n’a cessé de s’y frotter, de toutes les manières<br />
possibles, depuis le portrait clinique jusqu’au thriller freudien.<br />
L’abondance de fictions centrées sur l’institution psychiatrique<br />
et ses patients est là pour le démontrer. Un programme entier<br />
de l’Écran total ne suffirait pas à en faire le tour. Plus modestement,<br />
voici quelques fictions qui ont marqué leur temps et<br />
des documentaires où se révèle la force exemplaire du cinéma :<br />
celle de donner à voir, avant tout jugement ou toute explication<br />
préconçue, des gestes, des regards, des comportements, des<br />
êtres irréductiblement singuliers.<br />
pOuR eN sAvOiR pLus :<br />
—<br />
henri grivoix, “Parler aveC les Fous”,<br />
ed. emPêCheurs de Penser en rond.<br />
—<br />
PatriCK CouPeChoux, “un monde de Fous. Comment notre soCiété<br />
maltraite ses malades mentaux”, ed. seuil.<br />
—<br />
mario ColuCCi et Pierangelo di vittorio,<br />
“FranCo basaglia, Portrait d’un PsyChiatre intemPestiF”, ed. erès.<br />
> en vente au Cinéma arenberg.<br />
—<br />
un pOdCAsT interPellant sur arteradio.Com :<br />
Claire hauter, “PsyChoses. l’ordinaire de la Folie”<br />
(doCumentaire audio en 5 éPisodes)<br />
Claire hauter, “l’ambulanCe” (doCumentaire audio en 3 éPisodes)<br />
waanzin, verstandsverbijstering en razernij hebben zich al altijd binnen het<br />
domein van de cinema genesteld: van het portretteren van de psychiatrisch<br />
patiënt tot de Freudiaanse thriller. er is een overvloed aan films om dat<br />
te bewijzen. een heel luik over het thema in écran total volstaat dan ook<br />
zeker niet om de hele ronde te doen. Zeer bescheiden hebben we enkele<br />
voorbeeldfilms van het genre op het programma gezet, van fictie tot documentaire.<br />
deze films geven zonder veroordelend te zijn een inkijk op gedragingen,<br />
blikken van toch wel opvallende en zeer eigenaardige mensen.<br />
2 ReNCONTRes :<br />
8/07 - 19h00 - AuTOuR de "sAN CLemeNTe" :<br />
LA RepRéseNTATiON de LA fOLie<br />
eT sON iNTégRATiON dANs LA sOCiéTé ACTueLLe<br />
yVeS-LuC COnreur - association recherche-action sur la psychiatrie<br />
et les alternatives / L'autre "lieu"<br />
etienne JOiret - psychologue au Centre hospitalier Jean titeca<br />
benOît maJeruS - historien à l'université libre de bruxelles<br />
edith StiLLemanS (sous réserve) - médecin-chef du Centre hospitalier Jean titeca<br />
2/09 - 18h50 - AuTOuR de "eLLe s’AppeLLe sAbiNe" :<br />
LA pRise eN ChARge hOspiTALièRe,<br />
ses pOssibLes déRives eT ses ALTeRNATives<br />
marie-FrançOiSe meuriSSe - médecin, philosophe et médiatrice à la plate-forme<br />
de Concertation en Santé mentale de bruxelles-Capitale.<br />
pierre Smet - psychanalyste et membre de l'équipe thérapeuthique au Service<br />
de Santé mentale Le Sas<br />
Frédérique Van LeuVen - psychiatre, Centre psychiatrique St bernard à manage<br />
et parcours d'accueil à ixelles.<br />
modérateur des rencontres :<br />
OLiVier SebaSOni- Coordinateur de la Commission psychiatrie de La Ligue des droits<br />
de l’homme.
La Devinière s’ouvre sur les images d’un film tourné il y a longtemps, en Super-8, une<br />
sorte de home movie tourné sans le moindre souci du cadre : des enfants qui courent<br />
dans tous les sens, des visages grimaçants, à moitié flous, pris en gros plans qui disparaissent<br />
brutalement pour réapparaître en plans moyens, de travers, bousculés par<br />
d’autres plans, bref, une caméra en folie qui rappelle les essais du cinéma expérimental<br />
des années soixante. Sur ce pré-générique se greffe la voix off de Michel Hocq, animateur<br />
et directeur de La Devinière : “Jean-Claude et les autres, c’étaient dix-neuf enfants<br />
réputés incurables, refusés par tous. Certains à quinze ans avaient déjà l’expérience<br />
d’une vingtaine d’établissements. C’est pour ces gosses – en somme exilés – que nous<br />
avons ouvert le 18 février 1976, dans la région de Charleroi, un refuge, un lieu où l’on<br />
peut vivre sans grilles, sans chimie, un lieu où l’on peut vivre sa folie, un asile sûr en<br />
quelque sorte. Nous l’avons appelé La Devinière. Ces gosses, nous avons fait le pari de<br />
ne les rejeter sous aucun prétexte. Plus de vingt ans après ils sont toujours là ensemble<br />
et solidaires alors que rien ne les reliaient.” Nous allons assister pendant 90 minutes<br />
aux gestes de la vie quotidienne, aux rituels complexes de ces adultes enfermés dans<br />
leur univers propre. Ils peignent, dessinent, bricolent, manifestent leur angoisse dans le<br />
mutisme ou par des cris. Pas d’interview bateau ni la moindre explication à ce qui peut<br />
paraître un non-sens au bon sens. Benoît Dervaux s’est immergé dans le groupe et filme<br />
l’intimité des êtres au plus près, leur vie dans ce qu’elle a de plus singulier, sans jamais<br />
interrompre le fil du vécu par un discours médical, psychiatrique voire antipsychiatrique.<br />
À l’instar de Michel Hocq, le réalisateur se garde bien d’expliquer ou de juger. À l’instar<br />
de San Clemente de Raymond Depardon, nulle trace de voyeurisme dans La Devinière.<br />
Le film allie le souci de la vérité à la démarche de captation. L’acte de filmer est fondé sur<br />
un respect mutuel entre le cinéaste et ses personnages. jean-michel vlaeminckx, www.cinergie.be<br />
Het verhaal van La Devinière (1999) begint twintig jaar eerder. Met Super 8 beelden van jongeren die<br />
zich uitleven. Niks bijzonder, ware het niet dat deze kinderen, ‘hopeloze gevallen’ waren die door de<br />
psychiatrie waren opgegeven en nergens terecht konden. Maar in La Devinière, in 1976 uit de grond<br />
gestampt door Michel Hock, mogen de kinderen volkomen zichzelf zijn, er is geen gedrag erg genoeg<br />
om uitgesloten te worden. Ze zijn er veilig en mogen er met hun gekte leven. Benoît Dervaux had, als<br />
assistent van Manu Bonmariage, kennisgemaakt met een ‘klassieke’ psychiatrische inrichting. “Toen<br />
ik in La Devinière kwam, namen de patiënten me bij de hand : ‘Kom eens naar mijn schilderijen kijken’!<br />
Het voelde zo bijzonder aan dat ik zeker wist dat ik hierover een film wilde maken”. En zo maken we<br />
uitgebreid kennis met de nu volwassen bewoners van deze opmerkelijke instelling.<br />
87<br />
lA deVinière<br />
Benoît Dervaux<br />
Belgique<br />
1999<br />
90’<br />
VO FR ST.NL<br />
Fous
Fous<br />
88<br />
elle s’Appelle<br />
sAbine<br />
Sandrine Bonnaire<br />
France<br />
2007<br />
85’<br />
VO FR ST.NL<br />
02.09.10 - 18h50<br />
débat (détail P.86)<br />
retrouvez<br />
la video de la renContre<br />
sur www.arenberg.be<br />
Cannes, 2007. Les lumières de la salle où vient d’être projeté le premier film de Sandrine<br />
Bonnaire se rallument, dans un tonnerre d’applaudissements. Beaucoup d’yeux sont<br />
rouges. Le documentaire que vient de découvrir le public de la Quinzaine n’est pas<br />
commun : un portrait par l’actrice de sa sœur autiste, Sabine. À travers un montage de<br />
scènes quotidiennes dans un centre et d’images d’archives accumulées depuis plus de<br />
vingt ans, Elle s’appelle Sabine évoque le destin tragique d’une personnalité aux dons<br />
multiples broyée par un système de prise en charge défaillant. Tragique ? L’actrice pose<br />
la question : “Les conséquence de son internement sont-elles réparables ? La dégradation<br />
de ses capacités est-elle inhérente à sa maladie ?”<br />
Avec une économie de moyens, Sandrine Bonnaire campe un portrait auquel on ne peut<br />
que faire face. Question de distance. Celle qu’elle adopte est parfaite : entre insistance<br />
et détachement. Ne rien dissimuler, même le plus dérangeant. Ne rien trop souligner<br />
non plus, au risque d’imposer sa propre vision des choses. Pour autant, cette justesse,<br />
si louable soit-elle, n’est pas ce qui fait du film une œuvre complexe, inassimilable à un<br />
reportage d’Envoyé spécial sur l’autisme en France. Ce que l’équilibre subtil du choix<br />
des plans et de leur durée révèle, c’est une présence décisionnelle hors champ : un<br />
corps qu’on a vu se mouvoir chez Pialat, l’une des actrices les plus incarnées (fossettes<br />
et poitrine) du cinéma français, et dans le spectre de laquelle chaque image puise sa<br />
charge émotionnelle. À chaque plan de Sabine, il y a à la fois Sabine et Sandrine, deux<br />
forces contraires, mais inextricablement liées : sensualité et maladie, vie et mort. Bien<br />
qu’invisible, Sandrine Bonnaire est au centre du dispositif filmique, formant avec Sabine<br />
un couple de sœurs siamoises fascinant.<br />
émily barnett, Les Inrockuptibles<br />
Sabine is de zus van de Franse actrice Sandrine Bonnaire. Ze is geestesziek, maar dat weerhield haar<br />
er als kind en jonge volwassene – vooral door de liefde en inzet van haar familie – niet van volop van<br />
het leven te genieten. Ze studeert, breit, speelt piano en is gek op reizen. Tot haar gedrag zo ontspoort,<br />
dat ze in een inrichting moet worden opgenomen. Elle s'appelle Sabine (2007) is een dieppersoonlijk<br />
portret van Sabine, gemaakt door haar zus Sandrine, die een groot deel van haar leven op film heeft<br />
vastgelegd. En zo zien we hoe de jonge, soms wel moeilijk handelbare, maar mooie en levenslustige<br />
vrouw uiteindelijk in een triest, in zichzelf gekeerd, kwijlende hoopje ellende verandert. Omdat we in<br />
deze maatschappij, waarin alles moet benoemd, behandeld en aangepast worden, te weinig tijd hebben<br />
voor en te weinig geduld hebben met ‘anders’ zijn ?
© Raymond Depardon - Palmeraie et désert<br />
Après avoir réalisé une série de photos effectuées en 1977 dans un hôpital psychiatrique<br />
qui occupe depuis 1880 San Clemente, une petite île vénitienne, Raymond Depardon<br />
décide d’y retourner deux ans plus tard avec une caméra et un magnétophone. Il est au<br />
cadre, caméra à l’épaule, et Sophie Ristelhueber, qui signe le film avec lui, tient le Nagra<br />
et le micro. Image en noir et blanc, son fruste... On pense tout de suite à La Moindre<br />
des choses de Nicolas Philibert. Et pourtant, les deux films ne se ressemblent pas ;<br />
autant le film de Philibert, posé et construit, est estival, presque joyeux, autant le film<br />
de Depardon, brut de décoffrage, est hivernal, spectral. L’image, constituée en grande<br />
partie de plans-séquences, donne l’impression d’émaner d’une caméra de surveillance<br />
erratique qui filme tout ce qui se présente, suivant les allées et venues des pensionnaires,<br />
faisant des détours brusques en fonction des micro-événements qui surviennent<br />
çà et là sur son passage. Un filmage qui souligne la liberté physique dont jouissent les<br />
pensionnaires. Une liberté très déstructurée, dirait-on, qui laisse les fous face à leur<br />
moi envahissant. Le film nous présente en même temps cette microsociété parallèle,<br />
presque autarcique, comme une crèche pour vieux enfants, une grande famille dont le<br />
cameraman fait presque partie : on lui offre une cigarette, on fait la bise à la preneuse de<br />
son, une mégère les chasse avec un balai…<br />
L’œil de Depardon compose un récit sans commentaire, sans dramaturgie, sans volonté<br />
didactique. La simplicité des moyens, l’absence de ligne directrice évidente, la rigueur<br />
des plans dans leur durée produisent l’effet inverse d’un simple reportage : le film devient<br />
avec le risque d’esthétisme que cela comporte un objet éminemment artistique.<br />
vincent ostria, Les Inrockuptibles<br />
San Clemente (1982) wordt wel eens een Frans-Italiaanse versie van Titicut Follies (1967, van Frederick<br />
Wiseman) genoemd, maar die vergelijking gaat maar op in zoverre dat San Clemente ook een documentaire<br />
over een psychiatrische inrichting is – geïsoleerd op een klein eiland voor de kust van Venetië.<br />
De camera van de talentvolle Franse fotograaf/journalist/filmer Raymond Depardon (medeoprichter van<br />
fotoagentschap Gamma) – die deze documentaire in samenwerking met Sophie Ristelhueber maakte<br />
– is meer prominent aanwezig als die van Wiseman. Hoewel hij, net als Wiseman, geen standpunt wil<br />
innemen en zijn materiaal voor zich laat spreken. Zijn subjecten, in dit geval dokters, verplegers en<br />
patiënten, lijken zich in alle geval meer bewust te zijn van de camera. Mensen praten tegen de camera<br />
of geven een kleine voorstelling. Op het einde is er een vrouw die er zelfs met een honkbalknuppel naar<br />
slaat!<br />
89<br />
sAn Clemente<br />
Raymond Depardon<br />
& Sophie<br />
Ristelhueber<br />
France<br />
1982<br />
90’<br />
VO ST.FR<br />
08.07.10 - 19h00<br />
débat (détail P.86)<br />
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Le roman [était un livre] mélodramatique et réellement fou racontant l’histoire d’un fou<br />
qui s’empare d’une maison de fous ! Dans le roman, même les infirmiers étaient fous et<br />
faisaient toutes sortes de choses ! Mon intention était plus raisonnable, je voulais seulement<br />
tourner le premier film de psychanalyse. […] Quand nous sommes arrivés aux<br />
séquences de rêve, j’ai voulu absolument rompre avec la tradition des rêves de cinéma<br />
qui sont habituellement brumeux et confus, avec l’image qui tremble, etc. J’ai demandé<br />
à Selznick de s’assurer la collaboration de Salvador Dali. Selznick a accepté mais je suis<br />
convaincu qu’il a pensé que je voulais Dali à cause de la publicité que cela nous ferait.<br />
La seule raison était ma volonté d’obtenir des rêves très visuels avec des traits aigus et<br />
clairs, dans une image plus claire que celle du film justement. Je voulais Dali à cause<br />
de l’aspect aigu de son architecture – Chirico est très semblable –, les longues ombres,<br />
l’infini des distances, les lignes qui convergent dans la perspective, les visages sans<br />
forme.<br />
alfred hitchcock, Hitchcock Truffaut<br />
La peinture des obsessions du malade n’a pas été seulement pour Hitchcock le prétexte<br />
de composer quelques images terrifiantes. C’est au principe même de la psychanalyse<br />
qu’il s’intéresse. Il y voit l’équivalent médical de cette “confession” qui fournira le<br />
thème de Under Capricorn et de I Confess. D’autre part, c’est la femme qui joue le rôle<br />
de confesseur, de salvatrice. Nous voilà loin de la légendaire misogynie reprochée à<br />
notre auteur. Au contact de la femme, le malade retrouvera l’intégrité de son esprit, ou<br />
plus exactement l’unité de sa personne. Au contact de l’homme qu’elle aime, la froide<br />
Constance, doctoresse à lunettes, deviendra toute féminité. Spellbound est un grand<br />
film d’amour.<br />
éric rohmer et claude chabrol, Hitchcock<br />
‘De jacht op een man verpakt in pseudopsychoanalyse’ noemde Alfred Hitchcock zijn Spellbound<br />
(1945). Ingrid Berman is de psychiater die diep in het problematische verleden van Gregory Peck moet<br />
graven om hem ervan te overtuigen dat hij geen moordenaar is. De klassieke spanning bij Hitchcock<br />
maakt dit keer plaats voor een studie van het onderbewuste. Hitchcock vroeg surrealist Salvador Dali<br />
om de droomscène te ontwerpen die Peck en Bergman op weg naar de oplossing van het mysterie<br />
zet. De muziek van Miklos Rozsa werd bekroond met een Oscar. Hij gebruikte als eerst de elektronische<br />
klanken van de theremin, waarmee hij meteen een trend in thrillerscores zette. Producer David<br />
O’Selznick wou eerst Dorothy McGuire en Joseph Cotton voor de hoofdrollen. Michael Chekhov, als de<br />
wijze, vaderlijke prof van Bergman, was de neef van theaterauteur Anton Chekhov.<br />
91<br />
spellbound<br />
Alfred Hitchcock<br />
LA mAisON du dR. edwARdes<br />
Avec<br />
iNgRid beRgmAN<br />
gRegORy peCk<br />
miChAeL ChekhOv<br />
États-Unis<br />
1945<br />
111’<br />
VO ST.FR<br />
Fous
Fous<br />
92<br />
titiCut<br />
follies<br />
Frederick Wiseman<br />
États-Unis<br />
1967<br />
84’<br />
VO ST.FR<br />
Un spectacle musical intitulé Titicut Follies est donné par des détenus et une partie du<br />
personnel hospitalier, dans la prison de Bridgewater (Massachusetts) réservée aux criminels<br />
malades mentaux. La séquence d’ouverture se termine en gros plan sur le visage<br />
de l’animateur du spectacle qui se révèle être... le gardien chef. Les images de ce spectacle<br />
auquel l’éclairage donne une touche expressionniste vont ponctuer la progression<br />
du film qui nous fait découvrir la vie quotidienne de la prison : dans des bâtiments<br />
vétustes, la routine de l’inspection des cellules et des fouilles, des visites “médicales”,<br />
des “entretiens” avec le psychiatre de service. Misère physique et mentale, désespoir<br />
morne, solitude absolue. Quelques détenus noirs. On ne saura rien des délits ou crimes<br />
reprochés aux pensionnaires.<br />
En choisissant d’être un témoin vigilant mais toujours en retrait, en refusant les interviews,<br />
le commentaire en voix off et la musique additionnelle, puis en travaillant des<br />
mois au montage “pour comprendre ce qui a été filmé”, Wiseman a mis au point, dès son<br />
premier film documentaire, les bases de la méthode qui restera la sienne au fil des ans.<br />
Titicut Follies dérange, au point que les autorités du Massachusetts qui avaient donné<br />
leur feu vert et reconnu la pertinence du film après un premier visionnement, vont se<br />
retourner contre le cinéaste.<br />
“Le film a suscité la colère dans le Massachusetts, non pas contre la prison de<br />
Bridgewater, mais contre Wiseman ! En ce moment, Titicut Follies est interdit à Boston<br />
et dans le reste de l’État.” De procès en procès, le film restera interdit au grand public<br />
pendant plus de vingt ans. Aujourd’hui, Titicut Follies est un classique qui n’a pas pris<br />
une ride.<br />
philippe pilard, cinematheque.fr<br />
Frederick Wiseman heeft een lange carrière als gewaardeerd documentairemaker achter de rug. Hij<br />
is een zeer sociaal geïnspireerd filmer die mensen die niet worden gehoord in de maatschappij, een<br />
stem geeft. Zijn onderwerpen zijn vaak instellingen: scholen, gevangenissen, ziekenhuizen… Titicut<br />
Follies (1967) is zijn regiedebuut. Wiseman kreeg toestemming om in de Bridgewater State Prison for<br />
the Criminally Insane te filmen. De publieke opinie was zo geschokt dat de documentaire tot 1992 niet<br />
mocht worden vertoond. Het lijkt soms een geval van ‘the inmates taking over the asylum’, je weet niet<br />
wie het meest gestoord is, de patiënten of de dokters en het personeel die hen behandelen. Je kan<br />
alleen maar hopen dat zulke mensonterende toestanden inmiddels lang verleden tijd zijn. Als dat zo is,<br />
is dat zeker ook de verdienste van Frederick Wiseman.
Je reçus, un jour, un paquet posté en Californie. Il contenait un livre dont je n’avais<br />
jamais entendu parler, accompagné d’une lettre d’un producteur dont j’ignorais l’existence.<br />
J’ouvris le livre, et fus tout de suite captivé. Je ne savais pas qu’il s’agissait non<br />
seulement d’un best-seller mais d’un véritable phénomène d’édition, mais je compris<br />
immédiatement que j’avais entre les mains le meilleur sujet de film sur lequel je sois<br />
tombé depuis mon arrivée en Amérique. Vol au-dessus d’un nid de coucou se passe<br />
dans un asile d’aliénés. Ken Kessey s’est inspiré de sa propre expérience, et le résultat<br />
est magnifique. L’histoire est racontée par l’un des patients de l’établissement, un vieil<br />
Indien appelé le Chef, qui se fait passer pour sourd et muet. Il observe McMurphy, un<br />
nouvel arrivant à la personnalité charismatique, quand celui-ci défie la chef infirmière<br />
puritaine, Ratched, qui fait régner l’ordre à coup de drogues et d’électrochocs. […]<br />
Le livre met en scène, avec force, l’éternel conflit entre l’individu et l’institution. Nous<br />
inventons des institutions destinées à rendre le monde plus juste, plus rationnel. La<br />
vie en société ne serait pas possible sans les orphelinats, les écoles, les tribunaux,<br />
les administrations et les hôpitaux psychiatriques ; mais à peine existent-elles que ces<br />
institutions se mettent à nous contrôler, à nous enrégimenter, à diriger nos existences.<br />
Elles poussent à la dépendance pour se perpétuer elles-mêmes, et les fortes personnalités<br />
sont pour elles une menace. […] J’avais, pour la première fois de ma carrière, des<br />
acteurs professionnels dans les rôles principaux et dans les seconds rôles. Mes acteurs<br />
ne pouvaient plus se contenter d’être eux-mêmes. Je décidai, en manière de compensation,<br />
de mettre dans le film, tout autour de l’action, le plus possible de gens “vrais”, si<br />
bien que la plupart des patients, des infirmières et des autres membres du personnel<br />
hospitalier que l’on voit à l’écran furent recrutés sur place pour tenir leur propre rôle.<br />
milos forman (avec jan novak), … Et on dit la vérité (mémoires)<br />
Als je een Oscar wil winnen, zo gaat het gerucht, moet je een film over zieke of mindervalide mensen<br />
maken. One Flew Over het Cuckoo’s Nest (1975), van Milos Forman, lijkt die thesis alvast te bevestigen<br />
met vijf ‘belangrijke’ beeldjes, waaronder beste film. Het verhaal is genoegzaam bekend: McMurphy<br />
(Jack Nicolson) hoopt zijn celstraf comfortabel uit te zitten door zich gek te laten verklaren. Grote vergissing,<br />
want het gaat er in de inrichting waar McMurphy belandt, al bijna even erg aan toe als in Titicut<br />
Follies. Patiënten die vaak niet meer mankeren dan dat ze een eigen wil hebben, worden lamgeslagen<br />
met geneesmiddelen en elektroshocks. Louise Fletcher, die voor haar vertolking van de gevreesde<br />
Nurse Ratched ook een Oscar kreeg, is zo overtuigend weerzinwekkend dat ze wellicht ook naast de<br />
set van haar leven niet meer zeker was. Geen wonder dat actrices als Anne Bancroft of Ellen Burstyn<br />
bedankten voor de eer.<br />
93<br />
Vol Au-dessus<br />
d’un nid<br />
de CouCou<br />
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ONe fLew OveR The CuCkOO’s NesT<br />
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jACk NiChOLsON<br />
LOuise fLeTCheR<br />
dANNy deviTO<br />
États-Unis<br />
1975<br />
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Esquissant en creux le portrait de son père disparu, portant à bout de caméra un lent<br />
travail de deuil, se retournant enfin sur une histoire familiale lourde de secrets, la réalisatrice<br />
du Bateau du père n’a, c’est le moins qu’on puisse dire, pas eu froid aux yeux. Sa<br />
manière de filmer les membres de sa famille, de les écouter parler et se taire, de respecter<br />
toujours leur propre rythme, en dit long à la fois sur son évidente bienveillance et sur<br />
sa ténacité à aller jusqu’au bout des choses, des sentiments, des non-dits. Les secrets<br />
de famille, aussi durs soient-ils, ne sont révélés que progressivement au spectateur,<br />
sans jamais chercher l’effet dramatique. Passant finalement au second plan, ils laissent<br />
l’avant de la scène à un subtil travail de reconstruction du tissu familial. À cet égard,<br />
Le Bateau du père fait figure de modèle car il est une leçon de parole. Et si cette prise<br />
de parole peut paraître exemplaire, c’est parce qu’elle est saisie dans une forme – une<br />
mise en image très personnelle, un montage inventif, une bande sonore travaillée – qui<br />
la grandit, la rend porteuse d’une humanité qui dépasse, et de beaucoup, les anecdotes.<br />
On est loin du déballage obscène que les télévisions nous infligent sous prétexte<br />
de témoignage, en réalité à seule fin d’exploiter à des fins mercantiles la naïveté des<br />
témoins et le voyeurisme des téléspectateurs. D’ailleurs, il m’étonnerait – je forme le vœu<br />
de me tromper – que Le Bateau du père trouve facilement place dans les programmes<br />
des chaînes généralistes. Ce film-là est d’une autre trempe. Son propos comme sa mise<br />
en scène du réel forcent plus le silence et le retour sur soi que le divertissement ou l’embarras<br />
qu’engendre généralement le spectacle de la difficulté à vivre des autres.<br />
olivier smolders<br />
Hoe pijnlijk de autopsie op film van het eigen familieverleden of de familiale erfenis kan zijn, wordt perfect<br />
geïllustreerd in Le Bateau du père. Cineaste Clémence Hébert keert terug naar haar geboortestad<br />
Cherbourg voor zowel een soort rouwproces als een portret van haar verdwenen vader, een fotograaf<br />
met alcoholproblemen die omkwam bij een brand. Als een archeologe gaat ze er aan het werk, vertrekkend<br />
van enkele foto’s, een paar aan haar gerichte brieven vol wanhoop van haar vader en videobanden<br />
met familiale taferelen. Het is het sleutelmateriaal waarmee ze naar haar moeder trekt, haar broer,<br />
tweelingzus en oma. Om te peilen naar hun herinneringen, gevoelens en de donkere familiegeheimen.<br />
En om de stiltes te laten spreken. Dat Hébert er tegelijk in slaagt om elke vorm van exhibitionisme of<br />
voyeurisme te mijden, maakt deel uit van het mirakel van deze documentaire verlossingsfilm.<br />
95<br />
le bAteAu<br />
du père<br />
Clémence Hébert<br />
Belgique<br />
2009<br />
75’<br />
VO FR<br />
01.07.10 - 19h00<br />
en PrésenCe de la réalisatriCe<br />
retrouvez la vidéo<br />
de la renContre<br />
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Docu
Docu<br />
96<br />
lA rÉpublique<br />
mArseille<br />
Denis Gheerbrant<br />
France<br />
2009<br />
VO FR<br />
LA TOTALiTé du mONde (14’)<br />
Les quAis (53’)<br />
L’hARmONie (53’)<br />
Les femmes de LA CiTé sAiNT-LOuis (53’)<br />
Le CeNTRe des ROsieRs (64’)<br />
mARseiLLe dANs ses RepLis (45’)<br />
LA RépubLique (90’)<br />
1ère pARTie (1h53)<br />
15.07 - 21h30<br />
La totalité du monde<br />
Les quais<br />
L’harmonie<br />
2e pARTie (1h57)<br />
17.07 - 21h30<br />
Le Centre des rosiers<br />
Les Femmes de la Cité Saint-Louis<br />
3e pARTie (2h08)<br />
19.07 - 21h30<br />
marseille dans ses replis<br />
La république<br />
tariF réduit 3 SéanCeS :<br />
3 x 5,40 e au lieu de 3 x 8,00 e<br />
Marseille sera bientôt la ville la plus documentée de France. Après l’imposante somme de<br />
Jean-Louis Comolli, Denis Gheerbrant ajoute un regard plus social dans La République<br />
Marseille, ensemble de sept courts, moyens et longs métrages tournés dans et autour<br />
de la ville entre 2006 et 2007. Cette série magistrale a un goût persistant de nostalgie et<br />
de bilan. Bilan politique à l’Estaque, où des “résistants” du parti communiste tentent de<br />
préserver une ancienne salle des fêtes (L’Harmonie) ; bilan social, toujours à l’Estaque,<br />
où les dockers ont le blues (Les Quais) ; bilan urbanistique dans un paradis communautaire<br />
de petits pavillons (Les Femmes de la Cité Saint-Louis)... À côté de ces épisodes<br />
nostalgiques et militants, où les photos souvenir en noir et blanc circulent devant l’objectif,<br />
il y a les films centrés sur le présent. Mais un présent plein de bruit et de fureur,<br />
vu du côté des cités-ghettos (le formidable Le Centre des Rosiers) ou bien des parias<br />
(Marseille dans ses replis, traversée du Nord au Sud). Au total, un tableau synoptique<br />
et polymorphe qui évite allègrement les clichés de carte postale (la Canebière, le Vieux-<br />
Port, la Bonne Mère). Une épopée à la fois passéiste et vivante, statique et mobile, parfois<br />
très bavarde, parfois pas, ponctuée par des échappées paysagères dont la beauté<br />
réside dans la banalité. Certains préféreront le regard ému sur la mémoire ouvrière et<br />
populaire ; d’autres seront plus sensibles à l’exploration et aux déambulations au cours<br />
desquelles Gheerbrant, fidèle à son ancienne manière, furète, hèle, rencontre des gens<br />
de passage, porteurs de drame ou d’espoir. En tout cas, une œuvre de référence qui<br />
redessine la cosmogonie d’une ville célèbre mais occultée par sa mythologie et sa sempiternelle<br />
bonhomie.<br />
vincent ostria, Les Inrockuptibles<br />
Brussel en de sloop? Ook Marseille wordt er door getroffen. In het zowel poëtische als geëngageerde<br />
La République Marseille, een serie van zeven films, neemt cameraman en documentair filmmaker Denis<br />
Gheerbrant ons mee naar de inwoners van de populaire wijken in het centrum van de grootstad, getroffen<br />
als ze zijn door de wilde plannen – in naam van de vooruitgang – van bouwpromotoren en stedenbouwkundigen.<br />
Gheerbrant laat zowel dokwerkers, militante arbeiders als huisvrouwen, immigranten<br />
en oude junkies aan het woord: eenvoudige en oprechte getuigenissen die een nooit clichématig maar<br />
vaak pakkend, amusant en kleurrijk tableau scheppen van kleine lui die hun eigen wereld willen tonen<br />
en die opkomen om hun eigen identiteit te verdedigen. Met andere woorden: een documentaire in puzzelvorm<br />
waarin passioneel de idee wordt geëxploreerd van wat een gemeenschap nu eigenlijk is.
Le film est difficile à résumer ou à réduire. Le titre, peut-être, serait une porte d’entrée,<br />
une clé pour comprendre de quoi il s’agit ?<br />
Sophie Bruneau – C’est un titre à plusieurs sens, ouvert, ce qui convient à la figure et à<br />
l’esprit mosaïque de notre film. Terre d’usage, cela fait appel à l’expérience des choses.<br />
C’est l’usage que chacun fait de l’espace dans lequel il vit, travaille, jouit. Ce qu’il y fait et<br />
ce qu’il en fait. Il y a l’idée de territoire, et comment on pense le monde de là où on est.<br />
Quelle est l’origine de ce projet sur l’Auvergne ?<br />
SB – C’est une région avec laquelle on est en lien de façon familiale et personnelle,<br />
surtout Marc-Antoine puisque sa famille est auvergnate depuis plusieurs générations,<br />
et on y va assez souvent, ce qui fait que c’est un territoire qui nous travaille de plusieurs<br />
manières. Et puis il y a eu la rencontre avec Pierre Juquin. Quand il parle, le politique,<br />
l’engagement et la poésie souvent se mêlent, tout comme l’Auvergne et l’état du monde.<br />
Il est né en Auvergne, a travaillé chez Michelin, il connaît le pays comme sa poche, et<br />
quand on se balade avec lui, c’est aussi bien une leçon de géologie que d’histoire. Il<br />
formule et articule à sa façon les thématiques qui traversent le film, et il est autant personnage<br />
principal que passeur, conteur, intermédiaire... C’est une sorte de portrait à<br />
plusieurs couches.<br />
Vous faites confiance au spectateur pour dégager le sens entre les séquences.<br />
SB – C’est un film assez exigeant par rapport au spectateur. Il y a comme une succession<br />
de détails qui seront recomposés ensuite par l’imaginaire des gens. Et puis l’enjeu<br />
c’est qu’ils continuent à travailler le film par la suite, qu’ils y reviennent. Nous croyons<br />
beaucoup à la conception d’un spectateur actif.<br />
propos recueillis par julien meunier, journal du festival Cinéma du Réel<br />
Waar staat de Auvergne eigenlijk voor, die regio in het centrum van Frankrijk met Clermont-Ferrand als<br />
administratief, economisch (want thuishaven van Michelin) en cultureel centrum? Dat is de vraag die<br />
Sophie Bruneau en Marc-Antoine Roudil stellen in hun als een mozaïek opgevatte documentaire Terre<br />
d’usage. De centrale figuur is Pierre Juquin, een militante communist en deputé die momenteel meer<br />
aanleunt bij de ecologische partij van Daniel Cohn-Bendit. Zijn herinneringen en overtuigingen zijn de<br />
rode draad van dit document. Maar Juquin fungeert ook als een soort leidsman. Want hij gidst ons<br />
mee naar diverse Auvergnats, van een gepensioneerde Michelinarbeider tot een dokter. Interesante<br />
met sfeerbeelden doorspekte getuigenissen – ononderbroken diepte-interviews van een tiental minuten<br />
– onderstrepen de ambitie van de makers: een film als sonde waarmee ook gepeild wordt naar de<br />
toestand van de Franse maatschappij van vandaag.<br />
97<br />
terre d’usAge<br />
Sophie Bruneau<br />
& Marc-Antoine<br />
Roudil<br />
Belgique/France<br />
2009<br />
112’<br />
VO FR<br />
03.09.10 - 18h50<br />
en PrésenCe des réalisateurs<br />
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LE FESTIVAL / HET FESTIVAL /<br />
VINGT-QUATRIÈME ÉDITION / VIERENTWINTIGSTE EDITIE /<br />
ÉTÉ / ZOMER /<br />
2010<br />
DU 01 JUILLET /<br />
AU 27 AOÛT /<br />
ÉGLISE DES MINIMES &<br />
CONSERVATOIRE /<br />
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CONCERT<br />
QUOTIDIEN /<br />
VAN 01 JULI /<br />
TOT 27 AUGUSTUS /<br />
MINIEMENKERK &<br />
CONSERVATORIUM /<br />
OM /<br />
DAGELIJKS<br />
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INFORMATIONS : INFORMATIE :<br />
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Un lieu, un lieu unique, une école, quelque part en Indonésie, sur l’île de Java. Une école<br />
parmi d’autres où des femmes enseignent à d’autres femmes plus jeunes comment servir<br />
et obéir à des maîtres. Autrement dit, comment, au plus près de la servitude, devenir<br />
des bonnes à tout faire, futures marchandises humaines vouées à l’exportation vers les<br />
nantis des émirats du Golfe, de Taiwan ou d’ailleurs. Pour son nouveau documentaire,<br />
Vous êtes servis, Jorge León a partagé la vie de ces jeunes femmes pendant les quelque<br />
six mois de leur apprentissage en domesticité. Il les a filmées au plus près de leur quotidien,<br />
trouvant une justesse de ton et d’approche faite d’empathie et de pudeur. Son travail<br />
à la caméra, loin de décrire ce lent mouvement de bascule vers la perte de soi, nous<br />
le fait vivre comme de l’intérieur, nous conduisant à ressentir de plus en plus intimement<br />
l’univers de ces femmes et l’inacceptable de leur vie. Dans le regard de Jorge León, pas<br />
d’apitoiement, pas de jugement, mais une rare lucidité faite de chaleur et de présence<br />
et qui se traduit dans sa façon si particulière de saisir la fragilité des gestes, la fatigue<br />
des corps pour mieux nous rendre les tremblements d’une âme, les hésitations d’une<br />
conscience. Là, devant un four à micro-ondes ou une machine à laver, il laisse un temps<br />
s’installer, celui où une femme lit quelques lettres de celles qui travaillent à l’étranger et<br />
qui disent, avec des mots simples, l’horreur et l’épuisement, le travail et la honte. Avec<br />
une apparente simplicité dans la mise en scène, Jorge León réussit, en faisant corps<br />
avec ce qui se passe dans cette école, à nous parler du monde, de notre monde avec<br />
une force qui détonne. Grand moment de cinéma, Vous êtes servis est un film abouti,<br />
dépouillé de tout artifice, parfaitement maîtrisé et en cela vrai et terriblement essentiel.<br />
philippe simon, Cinergie<br />
Dit dubbelprogramma maakt voor een stuk deel uit van een driedelig project van de Belgische fotograaf<br />
en filmmaker Jorge León over mensenhandel en het wereldwijde ‘fenomeen’ van het huishoudpersoneel.<br />
In Vous êtes servis laat León zien hoe jonge meisjes uit arme gezinnen op Java gerekruteerd en<br />
opgeleid worden om als dienstmeid in Azië en het Midden-Oosten te gaan werken. Maar geleidelijk<br />
worden die opleidingsbeelden afgewisseld met ‘onzichtbare’ beelden – via de voice off – van de getuigenissen<br />
van Indonesische vrouwen die na hun opleiding als huismeid in Damascus of Taïwan zijn<br />
gaan werken. Die draaien allemaal om uitbuiting en mishandeling. León legt zo met veel pudeur een<br />
complexe trafiek bloot van moderne slavernij of lijfeigenschap. 10 min. tenslotte is een door Josse De<br />
Pauw ingesproken kortfilm, een volledig uit stille shots opgebouwde reconstructie van de gedwongen<br />
prostitutie van een Bulgaarse vrouw in Brussel.<br />
99<br />
Vous êtes<br />
serVis<br />
Jorge León<br />
Belgique<br />
2009<br />
57’<br />
VO ST.BIL<br />
+ Court métrage :<br />
"10 minutes" de Jorge León,<br />
2008, 19', VO NL ST.FR<br />
11.08.10 - 19h00<br />
en PrésenCe du réalisateur<br />
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Docu
Prolongations<br />
10
Todd Solondz est une valeur sûre. Life During Wartime (littéralement “la vie en temps de<br />
guerre”) prouve que le cinéma indépendant américain ne se limite pas à des comédies<br />
proprettes dont l’impertinence formatée n’est qu’une façon clandestine de célébrer des<br />
valeurs conservatrices. Le réalisateur a mis onze ans à monter cette suite de Happiness<br />
(1998), où l’on retrouve les mêmes personnages interprétés par des acteurs différents.<br />
Le retour dans cette famille qui semble avoir inventé le mot “dysfonctionnel” est de<br />
nature à réjouir les familiers du premier volet comme à séduire les nouveaux venus. Todd<br />
Solondz a peint en noir ce portrait de groupe autour d’un pré-ado traumatisé depuis que<br />
son père a été incarcéré pour pédophilie. Sa mère rêve de refaire sa vie. Et ses deux<br />
tantes – l’une perdante chronique collectionneuse de tuiles, l’autre tout aussi mal dans<br />
sa peau malgré sa réussite apparente – préparent le gamin à un avenir de complexes et<br />
de névroses. La “guerre” dont parle Todd Solondz est celle que chacun mène, aux États-<br />
Unis et ailleurs, pour survivre en milieu hostile. Sa vision sans concession du monde<br />
moderne dans lequel se débattent des êtres fragiles témoigne d’une lucidité féroce. Le<br />
réalisateur prend ses sujets à la hussarde pour aborder des thèmes comme la religion,<br />
la mort ou la pédophilie. Charlotte Rampling ou Paul Reubens se sont mis au diapason<br />
de sa musique grinçante. Ce bonheur de causticité et d’insolence dérange parce qu’il<br />
renvoie impitoyablement le spectateur à ses propres faiblesses. Solondz rappelle que<br />
faire de son mieux n’est pas toujours suffisant pour s’en sortir. C’est en ne fai-sant aucun<br />
effort pour se rendre aimable que son cinéma se fait aimer.<br />
caroline vié, 20 Minutes<br />
Twaalf jaar geleden liet indie-auteur Todd Solondz de diepzwarte komedie Happiness op de wereld<br />
los. Daarin keek hij liefdevol naar eenzame suburbane zielen waaronder een pedofiele vader met tienerzoon.<br />
Life During Wartime is het vervolg, met dezelfde personages maar met een totaal andere<br />
cast. De draad met het vorige verhaal wordt opgepikt wanneer kinderverkrachter Bill uit de gevangenis<br />
ontslagen wordt. Voor zijn gezin en vooral zijn 11-jarig zoontje die op het punt staat om zijn bar mitzvah<br />
te doen, het moment om zich te bezinnen over zoiets als vergeving. Of beter: de dilemma’s er omtrent.<br />
Solondz is nog altijd geïnteresseerd in sociale taboe’s en zijn kijk op de wanhoop, eenzaamheid en het<br />
verwerken van trauma’s is even pijnlijk emotioneel als droog hilarisch. Maar de algemene toon van deze<br />
originele sequel, waarin ook de zeitgeist van Amerika in oorlog doorsluimert, is minder sardonisch en<br />
zelfs warmer omwille van de melancholie.<br />
101 101<br />
life during<br />
wArtime<br />
Todd Solondz<br />
Avec<br />
shiRLey heNdeRsON<br />
miChAeL k. wiLLiAms<br />
ROsLyN Ruff<br />
ALLisON jANNey<br />
États-Unis<br />
2009<br />
96’<br />
VO ST.BIL<br />
Prolongation
102<br />
Cold souls<br />
Sophie Barthes<br />
Avec<br />
pAuL giAmATTi<br />
dAvid sTRAThAiRN<br />
diNA kORzuN<br />
emiLy wATsON<br />
États-Unis<br />
2009<br />
101’<br />
VO ST.BIL<br />
Prolongation<br />
Dans Cold souls, Paul Giamatti joue… Paul Giamatti, acteur névrosé, bloqué à l’approche<br />
de sa prochaine pièce : Oncle Vania, de Tchekhov. Pour se libérer, il requiert les<br />
services d’une société pratiquant l’extraction de l’âme et son stockage. Temporaire ou<br />
définitif, c’est au client de voir. Inspirée par Carl Jung, Woody Allen et – si ça n’est pas<br />
européen –, le surréalisme des Michel Gondry, Charlie Kaufman ou Spike Jonze, Sophie<br />
Barthes illustre avec sa comédie philosophico-SF le bizness ultime. “Ça fait dix ans que<br />
je vis aux Etats-Unis. Par moments, on se dit effectivement que tout y est à vendre. En<br />
même temps, c’est un pays très religieux, d’où des paradoxes extraordinaires. J’ai écrit<br />
le film sous l’ère Bush. Je sentais que mon âme était dans un étau. Une sorte de mélancolie,<br />
d’atmosphère un peu sombre régnait sur New York. Le pays était en guerre… Et au<br />
lendemain du 11 septembre, Bush poussait les Américains à consommer ! C’était tellement<br />
choquant d’entendre ça. Cold souls reflète un peu mes sentiments de l’époque.”<br />
didier stiers, Le Soir<br />
On n’arrête pas le progrès. À New York, il existe aujourd’hui des “garde-âmes”, comme<br />
il existe des garde-meubles. Pour le prix d’une psychanalyse, un labo high-tech l’extrait,<br />
l’entrepose, et vous en propose une autre à la place. Mais voilà que l’entreprise a égaré<br />
l’âme d’un acteur qui triomphe dans Oncle Vania avec l’âme d’un poète russe. On imagine<br />
sans peine le scénario américain aux effets spéciaux et aux poursuites haletantes<br />
du héros à la recherche de son âme mais Sophie Barthes a choisi une comédie existentielle,<br />
à la fois drôle et vertigineuse. Et Paul Giamatti y met tout son cœur et toute une<br />
âme.<br />
fernand denis, La Libre Belgique<br />
Stel dat we in de plaats van een psycholoog te consulteren, Prozac of uppers te slikken, gewoon af en<br />
toe even van ziel zouden kunnen veranderen, zou dat het leven niet dragelijker maken? Het is de aardige<br />
en intrigerende premisse van Cold Souls, een opmerkelijke metafysische mysteriefabel waarin cineaste<br />
Sophie Barthes heel onderhoudend haar liefde voor de Russische literatuur, de psychoanalyse en<br />
design uit Kubricks 2001 heeft verwerkt. Die zielen kan je in deze aantrekkelijk gefilmde tragikomedie<br />
huren bij een Russisch-Amerikaans high-techbedrijf in New York. Daar gaat ook een overigens prima<br />
Paul Giamatti aankloppen wanneer hij tijdens de repetities van Oom Vanya overvallen wordt door angsten<br />
en twijfels. Maar tot zijn grote ergernis is zijn ziel niet groter dan een kikkererwt en raakt ze zelfs<br />
zoek. Slotsom? Intelligente, licht satirische existentiële fun met zowel een stimulerend donkerkomisch<br />
als fantastisch en poëtisch randje.
103<br />
Horaires<br />
30/06 meRCRedi<br />
14:00 Cold Souls 16:30 Crazy heart 18:50 divorce à l’italienne 21:10 San Clemente<br />
14:10 Cinquième Colonne 16:40 Life during wartime 19:10 the killing of a Chinese bookie 21:30 On the bowery<br />
1/07 jeudi<br />
14:00 Crazy heart 16:30 Cold Souls 18:50 divorce à l’italienne 21:10 plein sud Séance Genres d'à côté<br />
14:10 extérieur, nuit 16:40 Cinquième Colonne 19:00 Le bateau du père 21:30 Life during wartime<br />
2/07 veNdRedi<br />
14:00 plein sud 16:30 divorce à l’italienne 18:50 touki bouki 21:30 Cold Souls<br />
14:10 Life during wartime 16:40 extérieur, nuit 19:10 On the bowery 21:00 the killing of a Chinese bookie<br />
3/07 sAmedi<br />
14:00 Cold Souls 16:30 plein sud 18:50 touki bouki 21:10 Crazy heart<br />
14:10 Le Salon de musique 16:40 Life during wartime 19:10 Cinquième Colonne 21:30 extérieur, nuit<br />
Pour éviter les fiLes,<br />
arrivez un quart d'heure avant la séanCe<br />
ou réservez vos PlaCes à l'avanCe<br />
Pour tout le Festival si vous le désirez.<br />
—<br />
om de wAChTfiLes te vermiJden Komt u best<br />
een KwartiertJe voor de voorstelling aan<br />
oF reserveren u uw Plaatsenvooral<br />
voor het hele Festival als u dat wenst.<br />
4/07 dimANChe<br />
14:00 San Clemente 16:30 Cold Souls 18:50 plein sud 21:40 divorce à l’italienne<br />
14:10 the killing of a Chinese bookie 17:00 On the bowery 19:10 Life during wartime 21:30 Cinquième Colonne<br />
5/07 LuNdi<br />
14:00 touki bouki 16:30 plein sud 18:50 Cold Souls 21:10 Crazy heart<br />
14:10 Le bateau du père 16:40 Life during wartime 19:10 extérieur, nuit 21:30 Cinquième Colonne<br />
6/07 mARdi<br />
14:00 plein sud 16:30 Cold Souls 18:50 divorce à l’italienne 21:10 Le Salon de musique<br />
14:10 On the bowery 16:40 the killing of a Chinese bookie 19:10 Cinquième Colonne 21:30 Life during wartime<br />
7/07 meRCRedi<br />
14:00 Cold Souls 16:30 divorce à l’italienne 18:50 La nana 21:10 Crazy heart<br />
14:10 the killing of a Chinese bookie 16:50 Life during wartime 19:00 allemagne, mère blafarde 21:30 Le Salon de musique<br />
8/07 jeudi<br />
14:00 Opening night 16:50 Cold Souls 19:00 San Clemente 21:40 plein sud<br />
14:10 Cinquième Colonne 16:40 extérieur, nuit 19:10 Le Salon de musique 21:30 Life during wartime<br />
9/07 veNdRedi<br />
14:00 divorce à l’italienne 16:30 Crazy heart 18:50 touki bouki 21:10 La nana<br />
14:10 Le Salon de musique 16:40 the killing of a Chinese bookie 19:20 Life during wartime 21:30 Cinquième Colonne<br />
10/07 sAmedi<br />
14:00 Opening night 16:50 Cold Souls 19:00 touki bouki 21:10 La nana<br />
14:10 allemagne, mère blafarde 16:40 Life during wartime 19:10 extérieur, nuit 21:30 Le Salon de musique<br />
11/07 dimANChe<br />
14:00 La nana 16:30 San Clemente 18:50 plein sud 21:10 Opening night<br />
14:10 Cinquième Colonne 16:40 Life during wartime 19:00 the killing of a Chinese bookie 21:30 Le bateau du père
104<br />
12/07 LuNdi<br />
14:00 divorce à l’italienne 16:30 plein sud 18:50 Opening night 21:40 Cold Souls<br />
14:10 Le Salon de musique 16:40 allemagne, mère blafarde 19:10 Life during wartime 21:20 the killing of a Chinese bookie<br />
13/07 mARdi<br />
14:00 touki bouki 16:30 La nana 18:50 Crazy heart 21:10 plein sud<br />
14:10 Life during wartime 16:40 Cinquième Colonne 19:10 Le Salon de musique 21:30 extérieur, nuit<br />
14/07 meRCRedi<br />
14:00 Love Streams 16:50 nord 18:50 moon 21:10 Opening night<br />
14:10 La devinière 16:40 bright Star 19:10 Life during wartime 21:30 Saló, ou les 120 journées de Sodome<br />
15/07 jeudi<br />
14:00 Le temps des grâces 16:30 Love Streams 19:20 La nana 21:20 moon<br />
14:10 the killing of a Chinese bookie 16:40 Saló, ou les 120 journées… 19:10 La devinière 21:30 La république marseille (1)<br />
16/07 veNdRedi<br />
14:00 Opening night 16:50 Le temps des grâces 19:20 nord 21:10 Love Streams<br />
14:10 Life during wartime 16:40 allemagne, mère blafarde 19:10 bright Star 21:40 Saló, ou les 120 journées…<br />
17/07 sAmedi<br />
14:00 moon 16:30 divorce à l’italienne 18:50 Love Streams 21:40 La nana<br />
14:10 bright Star 16:40 Cinquième Colonne 19:00 Saló, ou les 120 journées… 21:30 La république marseille (2)<br />
18/07 dimANChe<br />
14:00 moon 16:30 Opening night 19:20 divorce à l’italienne 21:30 Le temps des grâces<br />
14:10 allemagne, mère blafarde 16:40 La devinière 19:00 the killing of a Chinese bookie 21:20 Life during wartime<br />
19/07 LuNdi<br />
14:00 Love Streams 16:50 nord 18:50 Opening night 21:40 moon<br />
14:10 Life during wartime 16:40 Saló, ou les 120 journées… 19:10 Cinquième Colonne 21:30 La république marseille (3)<br />
20/07 mARdi<br />
14:00 Love Streams 16:50 La nana 18:50 Le temps des grâces 21:50 nord<br />
14:10 bright Star 16:40 Life during wartime 19:00 allemagne, mère blafarde 21:30 Saló, ou les 120 journées de Sodome<br />
21/07 meRCRedi<br />
14:00 Le temps des grâces 16:30 ecce bombo 18:40 Stalker 21:50 nord<br />
14:10 Le déjeuner du 15 août 16:40 Violent days 19:00 Vol au-dessus d’un nid… 21:40 La devinière<br />
22/07 jeudi<br />
14:00 Opening night 16:50 titicut Follies 18:50 ecce bombo 21:10 moon<br />
14:10 bright Star 16:40 Le père de mes enfants 19:00 Sans soleil + La Jetée 21:40 querelle Séance Genres d'à côté<br />
23/07 veNdRedi<br />
14:00 Love Streams 16:50 nord 18:40 tous en scène 21:00 Stalker<br />
14:10 Le père de mes enfants 16:40 Le déjeuner du 15 août 19:00 Saló, ou les 120 journées… 21:30 Violent days<br />
24/07 sAmedi<br />
14:00 Stalker 17:10 nord 19:00 ecce bombo 21:10 Opening night<br />
14:10 Le déjeuner du 15 août 16:40 bright Star 19:10 querelle 21:30 Vol au-dessus d’un nid…<br />
25/07 dimANChe<br />
14:00 tous en scène 16:30 Le temps des grâces 19:00 moon 21:10 Love Streams<br />
14:10 Sans soleil + La Jetée 16:50 Le père de mes enfants 19:10 bright Star 21:40 querelle<br />
26/07 LuNdi<br />
13:50 tous en scène 16:10 Stalker 19:20 nord 21:10 Le temps des grâces<br />
14:10 Le déjeuner du 15 août 16:40 querelle 19:10 Violent days 21:30 Saló, ou les 120 journées…<br />
27/07 mARdi<br />
14:00 ecce bombo 16:30 tous en scène 18:50 Opening night 21:40 titicut Follies<br />
14:10 Vol au-dessus d’un nid… 16:50 Violent days 19:00 Le père de mes enfants 21:20 Sans soleil + La Jetée<br />
28/07 meRCRedi<br />
14:00 Stalker 17:10 winnipeg, mon amour 19:00 the Shop around the Corner 21:10 ecce bombo<br />
14:10 Sans soleil + La Jetée 17:00 Le déjeuner du 15 août 19:10 Violent days 21:30 La rage du tigre
29/07 jeudi<br />
14:00 Love Streams 16:50 titicut Follies 18:50 tous en scène 21:10 Cargo 200<br />
14:10 antonio das mortes 16:40 afrique, je te plumerai... 19:00 Vol au-dessus d’un nid … 21:40 querelle<br />
30/07 veNdRedi<br />
14:00 ecce bombo 16:30 Stalker 19:40 winnipeg, mon amour 21:30 titicut Follies<br />
14:10 querelle 16:40 Violent days 19:10 antonio das mortes 21:20 Le père de mes enfants<br />
31/07 sAmedi<br />
14:00 the Shop around the Corner 16:30 tous en scène 18:50 Love Streams 21:40 winnipeg, mon amour<br />
14:10 Violent days 16:40 Sans soleil + La Jetée 19:20 Le déjeuner du 15 août 21:30 La rage du tigre<br />
1/08 dimANChe<br />
14:00 tous en scène 16:30 the Shop around the Corner 18:50 ecce bombo 21:00 Stalker<br />
14:10 Vol au-dessus d’un nid… 16:50 Le père de mes enfants 19:10 querelle 21:30 afrique, je te plumerai...<br />
2/08 LuNdi<br />
14:00 ecce bombo 16:30 Cargo 200 18:50 tous en scène 21:10 the Shop around the Corner<br />
14:10 Le père de mes enfants 16:40 antonio das mortes 19:00 Sans soleil + La Jetée 21:40 Le déjeuner du 15 août<br />
3/08 mARdi<br />
14:00 Cargo 200 16:30 the Shop around the Corner 18:40 Stalker 21:50 winnipeg, mon amour<br />
14:10 antonio das mortes 16:40 querelle 19:10 Le déjeuner du 15 août 21:20 Vol au-dessus d’un nid…<br />
4/08 meRCRedi<br />
14:00 L’éclipse 16:30 tampopo 18:50 Faces 21:30 La Solitude du coureur de fond<br />
14:10 Vol au-dessus d’un nid… 16:50 afrique, je te plumerai... 19:10 Spellbound 21:40 antonio das mortes<br />
5/08 jeudi<br />
14:00 La Solitude du coureur de fond 16:30 L’éclipse 19:00 the Shop around the Corner 21:10 winnipeg, mon amour<br />
14:10 a Serious man 16:40 Le Fanfaron 19:10 Le fond de l’air est rouge<br />
6/08 veNdRedi<br />
14:00 tampopo 16:30 La Solitude du coureur de fond 18:50 Cargo 200 21:10 Faces<br />
14:10 a Serious man 16:40 antonio das mortes 19:00 Vol au-dessus d’un nid… 21:40 La rage du tigre<br />
7/08 sAmedi<br />
14:00 winnipeg, mon amour 16:30 the Shop around the Corner 18:50 L’éclipse 21:20 Cargo 200<br />
14:10 Spellbound 16:40 Vol au-dessus d’un nid… 19:20 a Serious man 21:30 afrique, je te plumerai...<br />
8/08 dimANChe<br />
14:00 Faces 16:40 winnipeg, mon amour 18:50 tampopo 21:10 L’éclipse<br />
14:10 Le fond de l’air est rouge 19:10 Le Fanfaron 21:30 a Serious man<br />
9/08 LuNdi<br />
14:00 L’éclipse 16:30 Cargo 200 18:50 La Solitude du coureur de fond 21:10 the Shop around the Corner<br />
14:10 Le Fanfaron 16:40 a Serious man 19:10 antonio das mortes 21:20 Vol au-dessus d’un nid …<br />
10/08 mARdi<br />
14:00 the Shop around the Corner 16:30 Faces 19:10 winnipeg, mon amour 21:10 tampopo<br />
14:10 antonio das mortes 16:40 Le Fanfaron 19:00 Vous êtes servis + 10 minutes 21:30 La rage du tigre<br />
11/08 meRCRedi<br />
14:00 Faces 16:40 La Solitude du coureur de fond 18:50 tampopo 21:10 Some Like it hot Séance Genres d'à côté<br />
13:50 Le Syndrome asthénique 16:50 Le Fanfaron 19:00 Vous êtes servis + 10 minutes 21:30 Lola montès<br />
12/08 jeudi<br />
14:00 L’éclipse 16:30 a Serious man 18:50 a woman under the influence 21:50 La Solitude du coureur de fond<br />
14:10 Le Fanfaron 16:40 Spellbound 19:10 Lola montès 21:30 play misty For me<br />
13/08 veNdRedi<br />
14:00 Some Like it hot 16:30 Faces 19:10 a Serious man 21:20 tampopo<br />
14:10 Spellbound 16:40 in the electric mist 19:20 play misty For me 21:30 Le Fanfaron<br />
14/08 sAmedi<br />
14:00 tampopo 16:30 Some Like it hot 19:00 La Solitude du coureur de fond 21:10 a woman under the influence<br />
14:10 Le fond de l’air est rouge 19:10 Spellbound 21:30 play misty For me<br />
105
106<br />
15/08 dimANChe<br />
14:00 Some Like it hot 16:30 tampopo 18:50 Faces 21:30 L’éclipse<br />
14:10 Vous êtes servis + 10 minutes 16:20 Lola montès 18:40 Le Syndrome asthénique 21:40 Spellbound<br />
16/08 LuNdi<br />
13:40 La Solitude du coureur de fond 15:50 a woman under the influence 18:50 L’éclipse 21:20 a Serious man<br />
14:10 Lola montès 16:40 play misty For me 19:10 Le fond de l’air est rouge<br />
17/08 mARdi<br />
13:40 a woman under the influence 16:40 in the electric mist 19:00 Some Like it hot 21:30 Faces<br />
14:10 play misty For me 16:50 Vous êtes servis + 10 minutes 18:40 Le Fanfaron 21:00 Le Syndrome asthénique<br />
18/08 meRCRedi<br />
14:00 tokyo Sonata 16:30 in the electric mist 19:00 Le Chagrin et la pitié<br />
13:50 Le Syndrome asthénique 16:50 picnic at hanging rock 19:10 Spellbound 21:30 L’Œuf du serpent<br />
19/08 jeudi<br />
14:00 Some Like it hot 16:30 La Solitude du coureur de fond 18:40 a woman under the influence 21:40 Shadows<br />
14:10 Spellbound 16:40 wendy and Lucy 18:50 Le Syndrome asthénique 21:50 picnic at hanging rock<br />
20/08 veNdRedi<br />
14:00 in the electric mist 16:30 Some Like it hot 19:00 Shadows 21:10 a woman under the influence<br />
14:10 picnic at hanging rock 16:40 Spellbound 19:10 play misty For me 21:30 wendy and Lucy<br />
21/08 sAmedi<br />
13:50 a woman under the influence 16:50 Shadows 18:50 in the electric mist 21:20 tokyo Sonata<br />
14:10 Lola montès 16:40 play misty For me 19:10 wendy and Lucy 21:30 picnic at hanging rock<br />
22/08 dimANChe<br />
14:00 Le Chagrin et la pitié 18:50 Some Like it hot 21:20 tokyo Sonata<br />
14:10 wendy and Lucy 16:10 Le Syndrome asthénique 19:10 picnic at hanging rock 21:30 L’Œuf du serpent<br />
23/08 LuNdi<br />
14:00 Shadows 16:20 a woman under the influence 19:20 Level Five 21:30 in the electric mist<br />
14:10 play misty For me 16:40 L’Œuf du serpent 19:10 wendy and Lucy 21:00 Le Syndrome asthénique<br />
24/08 mARdi<br />
14:00 in the electric mist 16:30 tokyo Sonata 19:00 La Solitude du coureur de fond 21:10 Level Five<br />
14:10 L’Œuf du serpent 16:40 wendy and Lucy 19:10 Lola montès 21:30 Spellbound<br />
25/08 meRCRedi<br />
13:50 a woman under the influence 16:50 La Vida loca 18:50 Le Chagrin et la pitié<br />
14:10 Lola montès 16:40 à l’origine 19:20 picnic at hanging rock 21:40 Fantastic mr. Fox<br />
26/08 jeudi<br />
14:00 tokyo Sonata 16:30 Shadows 18:50 La Vida loca 21:10 Level Five<br />
14:10 Zion et son frère 16:40 L’Œuf du serpent 19:10 Fantastic mr. Fox 21:30 à l’origine<br />
27/08 veNdRedi<br />
14:00 La Vida loca 16:20 a woman under the influence 19:20 Shadows 21:10 Some Like it hot<br />
14:10 picnic at hanging rock 16:40 Fantastic mr. Fox 19:00 L’Œuf du serpent 21:30 wendy and Lucy<br />
28/08 sAmedi<br />
14:00 Some Like it hot 16:30 the rebirth 18:50 La Vida loca 21:10 a woman under the influence<br />
14:10 à l’origine 16:50 Lola montès 19:10 Fantastic mr. Fox 21:30 L’Œuf du serpent<br />
29/08 dimANChe<br />
14:00 Le Chagrin et la pitié 18:40 a woman under the influence 21:40 La Vida loca<br />
14:10 Fantastic mr. Fox 16:30 à l’origine 19:10 Lola montès 21:30 the rebirth<br />
30/08 LuNdi<br />
14:00 Level Five 16:30 La Vida loca 18:50 tokyo Sonata 21:20 Shadows<br />
14:10 L’Œuf du serpent 16:40 Fantastic mr. Fox 19:10 Zion et son frère 21:30 picnic at hanging rock<br />
31/08 mARdi<br />
14:00 Shadows 16:30 tokyo Sonata 19:00 Le Chagrin et la pitié<br />
14:10 Lola montès 16:40 wendy and Lucy 18:50 à l’origine 21:30 Zion et son frère
1/09 meRCRedi<br />
14:00 terre d’usage 16:30 the rebirth 18:40 France tour détour… (1) 21:40 Zion et son frère<br />
2/09 jeudi<br />
14:00 La Vida loca 16:10 à l’origine 18:50 elle s’appelle Sabine 21:40 gens de dublin<br />
3/09 veNdRedi<br />
14:00 gens de dublin 16:30 Chats perchés 18:50 terre d’usage 21:40 Zion et son frère<br />
4/09 sAmedi<br />
14:10 Chats perchés 16:50 terre d’usage 19:10 La Vida loca 21:40 the rebirth<br />
5/09 dimANChe<br />
13:50 La danse… 16:50 Zion et son frère 18:40 France tour détour… (2) 21:40 terre d’usage<br />
6/09 LuNdi<br />
14:00 elle s’appelle Sabine 16:30 gens de dublin 18:40 La danse… 21:40 Fantastic mr. Fox<br />
7/09 mARdi<br />
14:10 Fantastic mr. Fox 16:50 Zion et son frère 18:50 à l’origine 21:20 gens de dublin<br />
8/09 meRCRedi<br />
14:00 gens de dublin 16:20 terre d’usage 18:40 France tour détour… (1) 21:40 Chats perchés<br />
9/09 jeudi<br />
14:00 Chats perchés 15:40 La danse… 18:50 elle s’appelle Sabine 21:40 terre d’usage<br />
10/09 veNdRedi<br />
13:40 La danse… 16:50 Zion et son frère 18:40 France tour détour… (2) 21:40 gens de dublin<br />
11/09 sAmedi<br />
13:50 France tour détour… (1) 16:50 Zion et son frère 18:50 gens de dublin 20:40 La danse…<br />
12/09 dimANChe<br />
13:50 France tour détour … (2) 16:50 gens de dublin 18:50 Zion et son frère 20:40 La danse…<br />
13/09 LuNdi<br />
13:40 La danse… 16:50 terre d’usage 19:10 gens de dublin 21:10 Zion et son frère<br />
14/09 mARdi<br />
14:00 elle s’appelle Sabine 16:10 terre d’usage 18:30 La danse… 21:40 gens de dublin<br />
Séances exceptionnelles<br />
dOCumeNTAiRes (Le pTiT CiNé)<br />
01.07 19h00 Le bateau du père - en présence de la réalisatrice<br />
11.08 19h00 VOuS êteS SerViS + 10 minuteS - en présence du réalisateur<br />
03.09 18h50 terre d’uSage - en présence des réalisateurs<br />
iNédiTs<br />
04.07 18h50 pLein Sud - en présence du réalisateur<br />
20.07 18h50 Le tempS deS grâCeS - débat<br />
CyCLe fOus à déLieR<br />
08.07 19h00 San CLemente - débat<br />
02.09 18h50 eLLe S’appeLLe Sabine - débat<br />
Toutes nos rencontres se dérouleront en français. Merci de votre compréhension.<br />
Al onze ontmoetingen verlopen in het Frans. Wij danken u voor uw begrip.<br />
107
A…Z<br />
à L’ORigiNe P.45<br />
XAVIER GIANNOLI<br />
2H11 VO FR<br />
mercredi 25/08 16:40<br />
Jeudi 26/08 21:30<br />
Samedi 28/08 14:10<br />
dimanche 29/08 16:30<br />
mardi 31/08 18:50<br />
Jeudi 2/09 16:10<br />
mardi 7/09 18:50<br />
A seRiOus mAN P.46<br />
JOEL & ETHAN COEN<br />
1H45 VO ST. BIL<br />
Jeudi 5/08 14:10<br />
Vendredi 6/08 14:10<br />
Samedi 7/08 19:20<br />
dimanche 8/08 21:30<br />
Lundi 9/08 16:40<br />
Jeudi 12/08 16:30<br />
Vendredi 13/08 19:10<br />
Lundi 16/08 21:20<br />
A wOmAN uNdeR<br />
The iNfLueNCe P.75<br />
JOHN CASSAVETES<br />
2H35 VO ST. BIL/COPIE NEUVE<br />
Jeudi 12/08 18:50<br />
Samedi 14/08 21:10<br />
Lundi 16/08 15:50<br />
mardi 17/08 13:40<br />
Jeudi 19/08 18:40<br />
Vendredi 20/08 21:10<br />
Samedi 21/08 13:50<br />
Lundi 23/08 16:20<br />
mercredi 25/08 13:50<br />
Vendredi 27/08 16:20<br />
Samedi 28/08 21:10<br />
dimanche 29/08 18:40<br />
AfRique, je Te pLumeRAi... P.58<br />
JEAN-MARIE TENO<br />
1H28 VO ST.FR<br />
Jeudi 29/07 16:40<br />
dimanche 1/08 21:30<br />
mercredi 4/08 16:50<br />
Samedi 7/08 21:30<br />
108<br />
ALLemAgNe, mèRe bLAfARde P.9<br />
HELMA SANDERS-BRAHMS<br />
2H03 VO ST.FR<br />
mercredi 7/07 19:00<br />
Samedi 10/07 14:10<br />
Lundi 12/07 16:40<br />
Vendredi 16/07 16:40<br />
dimanche 18/07 14:10<br />
mardi 20/07 19:00<br />
ANTONiO dAs mORTes P.11<br />
GLAUBER ROCHA<br />
1H35 VO ST.FR<br />
Jeudi 29/07 14:10<br />
Vendredi 30/07 19:10<br />
Lundi 2/08 16:40<br />
mardi 3/08 14:10<br />
mercredi 4/08 21:40<br />
Vendredi 6/08 16:40<br />
Lundi 9/08 19:10<br />
mardi 10/08 14:10<br />
bATeAu du pèRe, Le P.95<br />
CLÉMENCE HÉBERT<br />
1H15 VO FR<br />
Jeudi 1/07 19:00<br />
Lundi 5/07 14:10<br />
dimanche 11/07 21:30<br />
bRighT sTAR P.47<br />
JANE CAMPION<br />
1H59 VO ST. BIL<br />
mercredi 14/07 16:40<br />
Vendredi 16/07 19:10<br />
Samedi 17/07 14:10<br />
mardi 20/07 14:10<br />
Jeudi 22/07 14:10<br />
Samedi 24/07 16:40<br />
dimanche 25/07 19:10<br />
CARgO 200 P.48<br />
ALEXEï BALABANOV<br />
1H29 VO ST. BIL<br />
Jeudi 29/07 21:10<br />
Lundi 2/08 16:30<br />
mardi 3/08 14:00<br />
Vendredi 6/08 18:50<br />
Samedi 7/08 21:20<br />
Lundi 9/08 16:30<br />
ChAgRiN eT LA piTié, Le P.59<br />
MARCEL OPHULS<br />
4H16 VO FR<br />
mercredi 18/08 19:00<br />
dimanche 22/08 14:00<br />
mercredi 25/08 18:50<br />
dimanche 29/08 14:00<br />
mardi 31/08 19:00<br />
ChATs peRChés P.71<br />
CHRIS MARKER<br />
0H58 VO FR<br />
Vendredi 3/09 16:30<br />
Samedi 4/09 14:10<br />
mercredi 8/09 21:40<br />
Jeudi 9/09 14:00<br />
CiNquième COLONNe P.12<br />
ALFRED HITCHCOCK<br />
1H45 VO ST. BIL/COPIE NEUVE<br />
mercredi 30/06 14:10<br />
Jeudi 1/07 16:40<br />
Samedi 3/07 19:10<br />
dimanche 4/07 21:30<br />
Lundi 5/07 21:30<br />
mardi 6/07 19:10<br />
Jeudi 8/07 14:10<br />
Vendredi 9/07 21:30<br />
dimanche 11/07 14:10<br />
mardi 13/07 16:40<br />
Samedi 17/07 16:40<br />
Lundi 19/07 19:10<br />
COLd sOuLs P.102<br />
SOPHIE BARTHES<br />
1H41 VO ST. BIL<br />
mercredi 30/06 14:00<br />
Jeudi 1/07 16:30<br />
Vendredi 2/07 21:30<br />
Samedi 3/07 14:00<br />
dimanche 4/07 16:30<br />
Lundi 5/07 18:50<br />
mardi 6/07 16:30<br />
mercredi 7/07 14:00<br />
Jeudi 8/07 16:50<br />
Samedi 10/07 16:50<br />
Lundi 12/07 21:40<br />
CRAzy heART P.49<br />
SCOTT COOPER<br />
1H52 VO ST. BIL<br />
mercredi 30/06 16:30<br />
Jeudi 1/07 14:00<br />
Samedi 3/07 21:10<br />
Lundi 5/07 21:10<br />
mercredi 7/07 21:10<br />
Vendredi 9/07 16:30<br />
mardi 13/07 18:50<br />
dANse, LA – Le bALLeT<br />
de L’OpéRA de pARis P.31<br />
FREDERICK WISEMAN<br />
2H38 VO FR<br />
dimanche 5/09 13:50<br />
Lundi 6/09 18:40<br />
Jeudi 9/09 15:40<br />
Vendredi 10/09 13:40<br />
Samedi 11/09 20:40<br />
dimanche 12/09 20:40<br />
Lundi 13/09 13:40<br />
mardi 14/09 18:30<br />
déjeuNeR du 15 AOûT, Le P.81<br />
GIANNI DI GREGORIO<br />
1H15 VO ST. BIL<br />
mercredi 21/07 14:10<br />
Vendredi 23/07 16:40<br />
Samedi 24/07 14:10<br />
Lundi 26/07 14:10<br />
mercredi 28/07 17:00<br />
Samedi 31/07 19:20<br />
Lundi 2/08 21:40<br />
mardi 3/08 19:10<br />
deviNièRe, LA P.87<br />
BENOîT DERVAUX<br />
1H30 VO FR ST. NL<br />
mercredi 14/07 14:10<br />
Jeudi 15/07 19:10<br />
dimanche 18/07 16:40<br />
mercredi 21/07 21:40<br />
divORCe à L’iTALieNNe P.83<br />
PIETRO GERMI<br />
1H45 VO ST.FR<br />
mercredi 30/06 18:50<br />
Jeudi 1/07 18:50<br />
Vendredi 2/07 16:30<br />
dimanche 4/07 21:40<br />
mardi 6/07 18:50<br />
mercredi 7/07 16:30<br />
Vendredi 9/07 14:00<br />
Lundi 12/07 14:00<br />
Samedi 17/07 16:30<br />
dimanche 18/07 19:20<br />
eCCe bOmbO P.84<br />
NANNI MORETTI<br />
1H43 VO ST.FR<br />
mercredi 21/07 16:30<br />
Jeudi 22/07 18:50<br />
Samedi 24/07 19:00<br />
mardi 27/07 14:00<br />
mercredi 28/07 21:10<br />
Vendredi 30/07 14:00<br />
dimanche 1/08 18:50<br />
Lundi 2/08 14:00<br />
éCLipse, L’ P.13<br />
MICHELANGELO ANTONIONI<br />
2H05 VO ST.FR<br />
mercredi 4/08 14:00<br />
Jeudi 5/08 16:30<br />
Samedi 7/08 18:50<br />
dimanche 8/08 21:10<br />
Lundi 9/08 14:00<br />
Jeudi 12/08 14:00<br />
dimanche 15/08 21:30<br />
Lundi 16/08 18:50
eLLe s’AppeLLe sAbiNe P.88<br />
SANDRINE BONNAIRE<br />
1H25 VO FR ST. NL<br />
Jeudi 2/09 18:50<br />
Lundi 6/09 14:00<br />
Jeudi 9/09 18:50<br />
mardi 14/09 14:00<br />
exTéRieuR, NuiT P.14<br />
JACqUES BRAL<br />
1H52 VO FR/COPIE NEUVE<br />
Jeudi 1/07 14:10<br />
Vendredi 2/07 16:40<br />
Samedi 3/07 21:30<br />
Lundi 5/07 19:10<br />
Jeudi 8/07 16:40<br />
Samedi 10/07 19:10<br />
mardi 13/07 21:30<br />
fACes P.74<br />
JOHN CASSAVETES<br />
2H10 VO ST. BIL<br />
mercredi 4/08 18:50<br />
Vendredi 6/08 21:10<br />
dimanche 8/08 14:00<br />
mardi 10/08 16:30<br />
mercredi 11/08 14:00<br />
Vendredi 13/08 16:30<br />
dimanche 15/08 18:50<br />
mardi 17/08 21:30<br />
fANfARON, Le P.85<br />
DINO RISI<br />
1H45 VO ST.FR<br />
Jeudi 5/08 16:40<br />
dimanche 8/08 19:10<br />
Lundi 9/08 14:10<br />
mardi 10/08 16:40<br />
mercredi 11/08 16:50<br />
Jeudi 12/08 14:10<br />
Vendredi 13/08 21:30<br />
mardi 17/08 18:40<br />
fANTAsTiC mR. fOx P.50<br />
WES ANDERSON<br />
1H26 VO ST. BIL<br />
mercredi 25/08 21:40<br />
Jeudi 26/08 19:10<br />
Vendredi 27/08 16:40<br />
Samedi 28/08 19:10<br />
dimanche 29/08 14:10<br />
Lundi 30/08 16:40<br />
Lundi 6/09 21:40<br />
mardi 7/09 14:10<br />
fRANCe TOuR déTOuR deux<br />
eNfANTs P.32<br />
JEAN-LUC GODARD<br />
ET ANNE-MARIE MIÉVILLE<br />
2 X 2H36 VO FR<br />
mercredi 1/09 18:40<br />
(1 ère partie)<br />
dimanche 5/09 18:40<br />
(2 ème partie)<br />
mercredi 8/09 18:40<br />
(1 ère partie)<br />
Vendredi 10/09 18:40<br />
(2 ème partie)<br />
Samedi 11/09 13:50<br />
(1 ère partie)<br />
dimanche 12/09 13:50<br />
(2 ème partie)<br />
geNs de dubLiN P.15<br />
JOHN HUSTON<br />
1H23 VO ST.FR<br />
Jeudi 2/09 21:40<br />
Vendredi 3/09 14:00<br />
Lundi 6/09 16:30<br />
mardi 7/09 21:20<br />
mercredi 8/09 14:00<br />
Vendredi 10/09 21:40<br />
Samedi 11/09 18:50<br />
dimanche 12/09 16:50<br />
Lundi 13/09 19:10<br />
mardi 14/09 21:40<br />
iN The eLeCTRiC misT P.51<br />
BERTRAND TAVERNIER<br />
1H57 VO ST. BIL<br />
Vendredi 13/08 16:40<br />
mardi 17/08 16:40<br />
mercredi 18/08 16:30<br />
Vendredi 20/08 14:00<br />
Samedi 21/08 18:50<br />
Lundi 23/08 21:30<br />
mardi 24/08 14:00<br />
jeTée, LA P.67<br />
CHRIS MARKER<br />
0H29 VO FR<br />
+<br />
sANs sOLeiL P.69<br />
CHRIS MARKER<br />
1H40 VO FR<br />
Jeudi 22/07 19:00<br />
dimanche 25/07 14:10<br />
mardi 27/07 21:20<br />
mercredi 28/07 14:10<br />
Samedi 31/07 16:40<br />
Lundi 2/08 19:00<br />
kiLLiNg Of A ChiNese bOOkie,<br />
The P.77<br />
JOHN CASSAVETES<br />
1H50 VO ST. BIL/COPIE NEUVE<br />
mercredi 30/06 19:10<br />
Vendredi 2/07 21:00<br />
dimanche 4/07 14:10<br />
mardi 6/07 16:40<br />
mercredi 7/07 14:10<br />
Vendredi 9/07 16:40<br />
dimanche 11/07 19:00<br />
Lundi 12/07 21:20<br />
Jeudi 15/07 14:10<br />
dimanche 18/07 19:00<br />
109<br />
Le fONd de L’AiR esT ROuge P.68<br />
CHRIS MARKER<br />
2H57 VOFR<br />
Jeudi 5/08 19:10<br />
dimanche 8/08 14:10<br />
Samedi 14/08 14:10<br />
Lundi 16/08 19:10<br />
LeveL five P.70<br />
CHRIS MARKER<br />
1H46 VOFR<br />
Lundi 23/08 19:20<br />
mardi 24/08 21:10<br />
Jeudi 26/08 21:10<br />
Lundi 30/08 14:00<br />
Life duRiNg wARTime P.101<br />
TODD SOLONDZ<br />
1H36 VO ST. BIL<br />
mercredi 30/06 16:40<br />
Jeudi 1/07 21:30<br />
Vendredi 2/07 14:10<br />
Samedi 3/07 16:40<br />
dimanche 4/07 19:10<br />
Lundi 5/07 16:40<br />
mardi 6/07 21:30<br />
mercredi 7/07 16:50<br />
Jeudi 8/07 21:30<br />
Vendredi 9/07 19:20<br />
Samedi 10/07 16:40<br />
dimanche 11/07 16:40<br />
Lundi 12/07 19:10<br />
mardi 13/07 14:10<br />
mercredi 14/07 19:10<br />
Vendredi 16/07 14:10<br />
dimanche 18/07 21:20<br />
Lundi 19/07 14:10<br />
mardi 20/07 16:40<br />
LOLA mONTès P.61<br />
MAX OPHULS<br />
1H56 VO FR ST. NL<br />
mercredi 11/08 21:30<br />
Jeudi 12/08 19:10<br />
dimanche 15/08 16:20<br />
Lundi 16/08 14:10<br />
Samedi 21/08 14:10<br />
mardi 24/08 19:10<br />
mercredi 25/08 14:10<br />
Samedi 28/08 16:50<br />
dimanche 29/08 19:10<br />
mardi 31/08 14:10<br />
LOve sTReAms P.79<br />
JOHN CASSAVETES<br />
2H21 VO ST. BIL/COPIE NEUVE<br />
mercredi 14/07 14:00<br />
Jeudi 15/07 16:30<br />
Vendredi 16/07 21:10<br />
Samedi 17/07 18:50<br />
Lundi 19/07 14:00<br />
mardi 20/07 14:00<br />
Vendredi 23/07 14:00<br />
dimanche 25/07 21:10<br />
Jeudi 29/07 14:00<br />
Samedi 31/07 18:50<br />
mOON P.53<br />
DUNCAN JONES<br />
1H37 VO ST. BIL<br />
mercredi 14/07 18:50<br />
Jeudi 15/07 21:20<br />
Samedi 17/07 14:00<br />
dimanche 18/07 14:00<br />
Lundi 19/07 21:40<br />
Jeudi 22/07 21:10<br />
dimanche 25/07 19:00<br />
NANA, LA P.34<br />
SEBASTIAN SILVA<br />
1H35 VO ST.FR<br />
mercredi 7/07 18:50<br />
Vendredi 9/07 21:10<br />
Samedi 10/07 21:10<br />
dimanche 11/07 14:00<br />
mardi 13/07 16:30<br />
Jeudi 15/07 19:20<br />
Samedi 17/07 21:40<br />
mardi 20/07 16:50
NORd P.35<br />
RUNE DENSTAD LANGLO<br />
1H18 VO ST.FR<br />
mercredi 14/07 16:50<br />
Vendredi 16/07 19:20<br />
Lundi 19/07 16:50<br />
mardi 20/07 21:50<br />
mercredi 21/07 21:50<br />
Vendredi 23/07 16:50<br />
Samedi 24/07 17:10<br />
Lundi 26/07 19:20<br />
Œuf du seRpeNT, L’ P.17<br />
INGMAR BERGMAN<br />
2H00 VO ST.FR<br />
mercredi 18/08 21:30<br />
dimanche 22/08 21:30<br />
Lundi 23/08 16:40<br />
mardi 24/08 14:10<br />
Jeudi 26/08 16:40<br />
Vendredi 27/08 19:00<br />
Samedi 28/08 21:30<br />
Lundi 30/08 14:10<br />
ON The bOweRy P.18<br />
LIONEL ROGOSIN<br />
1H05 VO ST.FR<br />
mercredi 30/06 21:30<br />
Vendredi 2/07 19:10<br />
dimanche 4/07 17:00<br />
mardi 6/07 14:10<br />
OpeNiNg NighT P.78<br />
JOHN CASSAVETES<br />
2H24 VO ST. BIL/COPIE NEUVE<br />
Jeudi 8/07 14:00<br />
Samedi 10/07 14:00<br />
dimanche 11/07 21:10<br />
Lundi 12/07 18:50<br />
mercredi 14/07 21:10<br />
Vendredi 16/07 14:00<br />
dimanche 18/07 16:30<br />
Lundi 19/07 18:50<br />
Jeudi 22/07 14:00<br />
Samedi 24/07 21:10<br />
mardi 27/07 18:50<br />
pèRe de mes eNfANTs, Le P.54<br />
MIA HANSEN-LøVE<br />
1H50 VO FR<br />
Jeudi 22/07 16:40<br />
Vendredi 23/07 14:10<br />
dimanche 25/07 16:50<br />
mardi 27/07 19:00<br />
Vendredi 30/07 21:20<br />
dimanche 1/08 16:50<br />
Lundi 2/08 14:10<br />
110<br />
piCNiC AT hANgiNg ROCk P.19<br />
PETER WEIR<br />
1H48 VO ST.FR<br />
mercredi 18/08 16:50<br />
Jeudi 19/08 21:50<br />
Vendredi 20/08 14:10<br />
Samedi 21/08 21:30<br />
dimanche 22/08 19:10<br />
mercredi 25/08 19:20<br />
Vendredi 27/08 14:10<br />
Lundi 30/08 21:30<br />
pLAy misTy fOR me P.20<br />
CLINT EASTWOOD<br />
1H44 VO ST.FR<br />
Jeudi 12/08 21:30<br />
Vendredi 13/08 19:20<br />
Samedi 14/08 21:30<br />
Lundi 16/08 16:40<br />
mardi 17/08 14:10<br />
Vendredi 20/08 19:10<br />
Samedi 21/08 16:40<br />
Lundi 23/08 14:10<br />
pLeiN sud P.36<br />
SÉBASTIEN LIFSHITZ<br />
1H30 VO FR ST. ANGL<br />
Jeudi 1/07 21:10<br />
Vendredi 2/07 14:00<br />
Samedi 3/07 16:30<br />
dimanche 4/07 18:50<br />
Lundi 5/07 16:30<br />
mardi 6/07 14:00<br />
Jeudi 8/07 21:40<br />
dimanche 11/07 18:50<br />
Lundi 12/07 16:30<br />
mardi 13/07 21:10<br />
queReLLe P.21<br />
RAINER WERNER FASSBINDER<br />
1H48 VO ST.FR<br />
Jeudi 22/07 21:40<br />
Samedi 24/07 19:10<br />
dimanche 25/07 21:40<br />
Lundi 26/07 16:40<br />
Jeudi 29/07 21:40<br />
Vendredi 30/07 14:10<br />
dimanche 1/08 19:10<br />
mardi 3/08 16:40<br />
RAge du TigRe, LA P.22<br />
CHANG CHEH<br />
1H42 VO ST.FR<br />
mercredi 28/07 21:30<br />
Samedi 31/07 21:30<br />
Vendredi 6/08 21:40<br />
mardi 10/08 21:30<br />
RebiRTh, The P.37<br />
MASAHIRO KOBAYASHI<br />
1H42 VO ST.FR<br />
Samedi 28/08 16:30<br />
dimanche 29/08 21:30<br />
mercredi 1/09 16:30<br />
Samedi 4/09 21:40<br />
RépubLique mARseiLLe, LA P.96<br />
DENIS GHEERBRANT<br />
6H00 VO FR<br />
Jeudi 15/07 21:30<br />
(1 ère partie)<br />
Samedi 17/07 21:30<br />
(2 ème partie)<br />
Lundi 19/07 21:30<br />
(3 ème partie)<br />
sALó, Ou Les 120 jOuRNées<br />
de sOdOme P.62<br />
PIER PAOLO PASOLINI<br />
1H57 VO ST. BIL<br />
mercredi 14/07 21:30<br />
Jeudi 15/07 16:40<br />
Vendredi 16/07 21:40<br />
Samedi 17/07 19:00<br />
Lundi 19/07 16:40<br />
mardi 20/07 21:30<br />
Vendredi 23/07 19:00<br />
Lundi 26/07 21:30<br />
sALON de musique, Le P.23<br />
SATYAJIT RAY<br />
1H40 VO ST.FR<br />
Samedi 3/07 14:10<br />
mardi 6/07 21:10<br />
mercredi 7/07 21:30<br />
Jeudi 8/07 19:10<br />
Vendredi 9/07 14:10<br />
Samedi 10/07 21:30<br />
Lundi 12/07 14:10<br />
mardi 13/07 19:10<br />
sAN CLemeNTe P.89<br />
RAYMOND DEPARDON<br />
ET SOPHIE RISTELHUEBER<br />
1H30 VO ST. FR<br />
mercredi 30/06 21:10<br />
dimanche 4/07 14:00<br />
Jeudi 8/07 19:00<br />
dimanche 11/07 16:30<br />
sANs sOLeiL P.69<br />
CHRIS MARKER<br />
1H40 VO FR<br />
+<br />
jeTée, LA P.67<br />
CHRIS MARKER<br />
0H29 VO FR<br />
Jeudi 22/07 19:00<br />
dimanche 25/07 14:10<br />
mardi 27/07 21:20<br />
mercredi 28/07 14:10<br />
Samedi 31/07 16:40<br />
Lundi 2/08 19:00<br />
shAdOws P.73<br />
JOHN CASSAVETES<br />
1H27 VO ST. BIL/COPIE NEUVE<br />
Jeudi 19/08 21:40<br />
Vendredi 20/08 19:00<br />
Samedi 21/08 16:50<br />
Lundi 23/08 14:00<br />
Jeudi 26/08 16:30<br />
Vendredi 27/08 19:20<br />
Lundi 30/08 21:20<br />
mardi 31/08 14:00<br />
shOp AROuNd The CORNeR,<br />
The P.25<br />
ERNST LUBITSCH<br />
1H39 VO ST. BIL<br />
mercredi 28/07 19:00<br />
Samedi 31/07 14:00<br />
dimanche 1/08 16:30<br />
Lundi 2/08 21:10<br />
mardi 3/08 16:30<br />
Jeudi 5/08 19:00<br />
Samedi 7/08 16:30<br />
Lundi 9/08 21:10<br />
mardi 10/08 14:00<br />
sOLiTude du COuReuR<br />
de fONd, LA P.26<br />
TONY RICHARDSON<br />
1H44 VO ST. BIL<br />
mercredi 4/08 21:30<br />
Jeudi 5/08 14:00<br />
Vendredi 6/08 16:30<br />
Lundi 9/08 18:50<br />
mercredi 11/08 16:40<br />
Jeudi 12/08 21:50<br />
Samedi 14/08 19:00<br />
Lundi 16/08 13:40<br />
Jeudi 19/08 16:30<br />
mardi 24/08 19:00
sOme Like iT hOT P.27<br />
BILLY WILDER<br />
2H01 VO ST. BIL/COPIE NEUVE<br />
mercredi 11/08 21:10<br />
Vendredi 13/08 14:00<br />
Samedi 14/08 16:30<br />
dimanche 15/08 14:00<br />
mardi 17/08 19:00<br />
Jeudi 19/08 14:00<br />
Vendredi 20/08 16:30<br />
dimanche 22/08 18:50<br />
Vendredi 27/08 21:10<br />
Samedi 28/08 14:00<br />
speLLbOuNd P.91<br />
ALFRED HITCHCOCK<br />
1H51 VO ST.FR<br />
mercredi 4/08 19:10<br />
Samedi 7/08 14:10<br />
Jeudi 12/08 16:40<br />
Vendredi 13/08 14:10<br />
Samedi 14/08 19:10<br />
dimanche 15/08 21:40<br />
mercredi 18/08 19:10<br />
Jeudi 19/08 14:10<br />
Vendredi 20/08 16:40<br />
mardi 24/08 21:30<br />
sTALkeR P.28<br />
ANDREI TARKOVSKI<br />
2H43 VO ST.FR<br />
mercredi 21/07 18:40<br />
Vendredi 23/07 21:00<br />
Samedi 24/07 14:00<br />
Lundi 26/07 16:10<br />
mercredi 28/07 14:00<br />
Vendredi 30/07 16:30<br />
dimanche 1/08 21:00<br />
mardi 3/08 18:40<br />
syNdROme AsThéNique, Le P.63<br />
KIRA MOURATOVA<br />
2H33 VO ST.FR<br />
mercredi 11/08 13:50<br />
dimanche 15/08 18:40<br />
mardi 17/08 21:00<br />
mercredi 18/08 13:50<br />
Jeudi 19/08 18:50<br />
dimanche 22/08 16:10<br />
Lundi 23/08 21:00<br />
TAmpOpO P.64<br />
JUZO ITAMI<br />
1H54 VO ST.FR<br />
mercredi 4/08 16:30<br />
Vendredi 6/08 14:00<br />
dimanche 8/08 18:50<br />
mardi 10/08 21:10<br />
mercredi 11/08 18:50<br />
Vendredi 13/08 21:20<br />
Samedi 14/08 14:00<br />
dimanche 15/08 16:30<br />
Temps des gRâCes, Le P.38<br />
DOMINIqUE MARCHAIS<br />
2H03 VO FR<br />
Jeudi 15/07 14:00<br />
Vendredi 16/07 16:50<br />
dimanche 18/07 21:30<br />
mardi 20/07 18:50<br />
mercredi 21/07 14:00<br />
dimanche 25/07 16:30<br />
Lundi 26/07 21:10<br />
TeRRe d’usAge P.97<br />
SOPHIE BRUNEAU<br />
& MARC-ANTOINE ROUDIL<br />
1H51 VO FR<br />
mercredi 1/09 14:00<br />
Vendredi 3/09 18:50<br />
Samedi 4/09 16:50<br />
dimanche 5/09 21:40<br />
mercredi 8/09 16:20<br />
Jeudi 9/09 21:40<br />
Lundi 13/09 16:50<br />
mardi 14/09 16:10<br />
TiTiCuT fOLLies P.92<br />
FREDERICK WISEMAN<br />
1H24 VO ST.FR<br />
Jeudi 22/07 16:50<br />
mardi 27/07 21:40<br />
Jeudi 29/07 16:50<br />
Vendredi 30/07 21:30<br />
TOkyO sONATA P.55<br />
KIYOSHI KUROSAWA<br />
2H00 VO ST. BIL<br />
mercredi 18/08 14:00<br />
Samedi 21/08 21:20<br />
dimanche 22/08 21:20<br />
mardi 24/08 16:30<br />
Jeudi 26/08 14:00<br />
Lundi 30/08 18:50<br />
mardi 31/08 16:30<br />
TOuki bOuki<br />
(Le vOyAge de LA hyèNe) P.65<br />
DJIBRIL DIOP MAMBETY<br />
1H29 VO ST.FR<br />
Vendredi 2/07 18:50<br />
Samedi 3/07 18:50<br />
Lundi 5/07 14:00<br />
Vendredi 9/07 18:50<br />
Samedi 10/07 19:00<br />
mardi 13/07 14:00<br />
TOus eN sCèNe P.29<br />
VINCENTE MINNELLI<br />
1H52 VO ST.FR<br />
Vendredi 23/07 18:40<br />
dimanche 25/07 14:00<br />
Lundi 26/07 13:50<br />
mardi 27/07 16:30<br />
Jeudi 29/07 18:50<br />
Samedi 31/07 16:30<br />
dimanche 1/08 14:00<br />
Lundi 2/08 18:50<br />
vidA LOCA, LA P.39<br />
CHRISTIAN POVEDA<br />
1H30 VO ST.FR<br />
mercredi 25/08 16:50<br />
Jeudi 26/08 18:50<br />
Vendredi 27/08 14:00<br />
Samedi 28/08 18:50<br />
dimanche 29/08 21:40<br />
Lundi 30/08 16:30<br />
Jeudi 2/09 14:00<br />
Samedi 4/09 19:10<br />
viOLeNT dAys P.40<br />
LUCILE CHAUFOUR<br />
1H44 VO FR<br />
mercredi 21/07 16:40<br />
Vendredi 23/07 21:30<br />
Lundi 26/07 19:10<br />
mardi 27/07 16:50<br />
mercredi 28/07 19:10<br />
Vendredi 30/07 16:40<br />
Samedi 31/07 14:10<br />
vOL Au-dessus<br />
d’uN Nid de COuCOu P.93<br />
MILOS FORMAN<br />
2H14 VO ST.FR<br />
mercredi 21/07 19:00<br />
Samedi 24/07 21:30<br />
mardi 27/07 14:10<br />
Jeudi 29/07 19:00<br />
dimanche 1/08 14:10<br />
mardi 3/08 21:20<br />
mercredi 4/08 14:10<br />
Vendredi 6/08 19:00<br />
Samedi 7/08 16:40<br />
Lundi 9/08 21:20<br />
vOus êTes seRvis<br />
+ 10 miNuTes P.99<br />
JORGE LEON<br />
0H59 VO ST.BIL<br />
0H19 VO NL ST.FR<br />
mardi 10/08 19:00<br />
mercredi 11/08 19:00<br />
dimanche 15/08 14:10<br />
mardi 17/08 16:50<br />
weNdy ANd LuCy P.41<br />
KELLY REICHARDT<br />
1H20 VO ST. BIL<br />
Jeudi 19/08 16:40<br />
Vendredi 20/08 21:30<br />
Samedi 21/08 19:10<br />
dimanche 22/08 14:10<br />
Lundi 23/08 19:10<br />
mardi 24/08 16:40<br />
Vendredi 27/08 21:30<br />
mardi 31/08 16:40<br />
wiNNipeg, mON AmOuR P.42<br />
GUY MADDIN<br />
1H19 VO ST.FR<br />
mercredi 28/07 17:10<br />
Vendredi 30/07 19:40<br />
Samedi 31/07 21:40<br />
mardi 3/08 21:50<br />
Jeudi 5/08 21:10<br />
Samedi 7/08 14:00<br />
dimanche 8/08 16:40<br />
mardi 10/08 19:10<br />
ziON eT sON fRèRe P.43<br />
ERAN MERAV<br />
1H24 VO ST. BIL<br />
Jeudi 26/08 14:10<br />
Lundi 30/08 19:10<br />
mardi 31/08 21:30<br />
mercredi 1/09 21:40<br />
Vendredi 3/09 21:40<br />
dimanche 5/09 16:50<br />
mardi 7/09 16:50<br />
Vendredi 10/09 16:50<br />
Samedi 11/09 16:50<br />
dimanche 12/09 18:50<br />
Lundi 13/09 21:10