campagne le grand pari.pdf

M me . Gérard PELTRE
Président de l’association internationale
Ruralité, Environnement et
Développement, RED,
et du Mouvement européen
de la ruralité
«Il appartient aux
ruraux de prendre
conscience que la
ruralité est un enjeu et
offre des perspectives»
«Nous sommes là pour resituer la ruralité et les
territoires ruraux dans la perspective du développement
et, à l’échelle de l’Union européenne, d’une cohésion
territoriale qui en a bien besoin. Il convient d’emblée
de souligner un point : il appartient aux ruraux de
prendre conscience que la ruralité est un enjeu et offre
des perspectives pour toutes les femmes et tous les
hommes qui veulent bien s’investir dans la ruralité pour
construire le futur.
Les élites dont il a été question dans le débat sont
celles qui écrivent des certitudes et qui ne sont pas
ouvertes aux mutations et à ce qui se construit. Le
regret qui est le mien réside dans le fait que les
femmes et les hommes de conviction ne défendent pas
suffisamment leurs convictions pour montrer que les
territoires ruraux sont des outils et des enjeux pour
construire le futur.
Je vous convie à un peu de mémoire, car « un peuple
sans mémoire est un peuple sans avenir». En 1982, se
sont tenus les Etats Généraux des pays à Mâcon qui
ont ouvert le champ au développement local. C’était
déjà les ruraux qui ont ouvert ce chantier du
développement local, estimant qu’il était vain d’être
désespérés et qu’il leur fallait prendre les choses en
main avec méthode pour montrer qu’il était possible de
construire quelque chose. Alors premier Président de
l’association nationale pour le développement local
avant de l’être de RED, j’ai ouvert le chantier du
développement local urbain. Je ne suis pas sûr d’avoir
eu raison parce que, en 1984, il nous a été dit :
« Ras-le-bol le rural ! »
En 2014, les départements reprennent l’initiative de la
ruralité et c’est tant mieux parce que c’est dans
l’actualité européenne. Dans le cadre de l’Union
européenne, les notions de ruralité et d’urbain ont trouvé
une expression concrète dans une expérimentation en
cours à l’initiative de l’OCDE et du Parlement européen
sous l’impulsion de la Commission : l’expérimentation
« R-Urban » visant à favoriser des interrelations
équilibrées entre territoires ruraux et territoires urbains
reconnus, l’un et l’autre, comme étant des pôles de
développement.
«Les territoires ruraux n’ont
pas besoin de soins palliatifs
mais de reconnaissance»
Il faut que la France dotée d’un ministère de l’Egalité des
territoires se saisisse de cette opportunité pour l’enrichir.
Il faut éclairer toutes les initiatives et tout le potentiel des
territoires ruraux. Là, nous avons vraiment du « job »
parce que je ne suis pas certain que les ruraux croient
tous dans le devenir de la ruralité et de leur territoire.
Mais surtout, les territoires ruraux, qui n’ont pas besoin
de soins palliatifs mais de reconnaissance, n’ont pas cette
reconnaissance affirmée, et la recherche est infime. Nous
avons investi un outil européen, baptisé ESPON, qui
fabrique la recherche, laquelle est presque
essentiellement centrée sur les pôles urbains. Nous avons
demandé qu’elle s’ouvre aussi sur les territoires ruraux
parce qu’il est certain que l’on ne peut pas identifier le
foisonnement, le potentiel des territoires dès lors que l’on
n’a pas observé tout ce qu’ils étaient capables de faire.
Je vais aller dans le sens de ce que disait le Président
Joly, sachant qu’à l’échelle de l’Union européenne, nous
avons les mêmes chiffres : 91 % du territoire européen
est rural ; 56 % de la population réside dans les espaces
à dominante rurale, lesquels représentent 83 % de la
valeur ajoutée et 55 % de l’emploi. Nous nous sommes
battus pour que ces chiffres-là apparaissent parce que
nous savons bien que les pouvoirs s’organisent aussi
autour de rapports de force.
29