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Si ses élèves sont à peine plus jeunes qu'elle, ce n'est pas son grade de second maître qui leur inspire le respect. Pour eux, Isabelle Dornier est l'exemple d'une carrière (et d'une vie) réussie dans la Marine, ce dont rêvent ces matelots brevetés. C'est donc avec attention qu'ils suivent les cours qu'elle a soigneusement préparés pour leur apprendre à identifier les bâtiments qu'ils croiseront en mer, ou encore quand elle explique le maniement du canon de 30 mm. Mais savent-ils comment cette Jurassienne, née à Dole, est arrivée à être leur instructeur au Centre d'instruction naval (CIN) de Saint- Mandrier ? Appréciant les uniformes et les voyages, Isabelle s'est naturellement présentée au BICM de Besançon avec un BEP d'électrotechnicienne en poche. Elle n'a que 19 ans et la Marine lui propose un contrat de 8 ans qui débute par une année d'études post-BEP. L'orienteur du BICM surveille son assiduité en assistant aux conseils de classe. Un Témoignages an plus tard, elle arrive au CIN de Querqueville pour sa formation militaire initiale de cinq semaines. Un premier salaire à 20 ans autorise une petite folie. Pour Isabelle, ce sera la paire de Nike dont elle rêvait. Ayant opté pour la spécialité mécanicien d'armes (MEARM), elle passe au CIN de Saint-Mandrier pour y obtenir le certificat d'aptitude technique (CAT). Classée première des filles et sixième de sa promotion à l'issue de son cours, elle choisit d'être affectée sur la frégate anti-sous-marins Jean-de-Vienne, basée à Toulon.Voyages et escales se succèdent pendant trois ans à travers la Méditerranée, l'Atlantique et le golfe Persique. Pendant la mission Héraclès, elle est souvent de quart à la passerelle de veille en tenue de combat. Le danger guette et elle vit intensément les nombreuses enquêtes de pavillon menées par la frégate dans le golfe d'Oman sur des bâtiments de commerce jugés suspects. En 2003, le second maître Dornier passe sur le transport de chalands de débarquement (TCD) Foudre. Isabelle est chef de section du canon de 30 mm. Cette fois, elle découvre l'Afrique avec une longue période passée au large de la Côte d'Ivoire. En février 2006, elle est à nouveau aux postes de combat quand son bâtiment arraisonne au milieu de l'Atlantique un vraquier qui dissimule une importante cargaison de drogue. L'opération est dangereuse et spectaculaire. Des commandos de marine, transportés par air depuis Lorient, sautent en plein océan pour rejoindre la Foudre et se charger de la fouille du bateau suspect. Six mois plus tard, Isabelle est affectée comme instructeur à Saint-Mandrier, où elle transmet le savoir acquis en six années de navigation. La Marine nationale l'a également comblée dans un autre domaine essentiel. En décembre 2004, elle a épousé le second maître Sicot, électronicien d'armes. En réunissant leurs compétences respectives, ils doivent être en mesure de tirer de beaux feux d'artifice…
L'air du grand large, il le respire à pleins poumons pendant chaque quart passé sur la passerelle supérieure ouverte à tous vents. Seule une petite bâche tendue sur quelques mètres sert de refuge en cas de bourrasques. Un endroit privilégié pour ceux qui ne se lassent pas du spectacle de l'étrave de la frégate qui fend les vagues, projetant parfois des embruns jusqu'à lui. Un lieu moins agréable par grand froid ou quand les éléments se déchaînent. Guillaume et ses deux adjoints scrutent la mer, prêts à informer la passerelle de commandement (située en dessous) et le central opérations auxquels ils sont reliés par téléphone. A bâbord et à tribord, des jumelles sur pied leur permettent de voir ce que les radars ne détectent pas toujours. Au centre de son domaine, le poste Najir, le système de commande manuel du canon de 100 mm dont la tourelle trône sur la plage avant. Le maître Guillaume Legrand est aussi responsable de ce monstre de 22 tonnes, capable de lancer ses obus à la cadence de 78 coups par minute vers une cible aérienne ou en surface. Officier marinier dans la spécialité MEARM, il connaît les armes du bord et arbore le statut qu'il a atteint avec une évidente fierté. L'armée et sa discipline lui ont sans doute été inspirés par son oncle, gendarme. Mais la Marine nationale le faisait rêver. A 16 ans, ce jeune Nordiste né à La Bassée (59) en 1973 se rend déjà au BICM de Lille, qui lui conseille de poursuivre ses études. Le Bac technique en poche, il y revient deux ans plus tard, réussit les tests et choisit la spécialisation mécanicien d'armes, dénommée à l'époque missilier. Il découvre ainsi la Marine au CIN de Querqueville, où il passe six semaines et signe un contrat de trois ans. L'école de spécialisation est enfin au soleil… Saint- Mandrier, un lieu de vacances pour ce jeune homme de 20 ans du Pasde-Calais. Il y apprend le rôle de la vigie, les armes du bord, leur manipulation et leur entretien. Une semaine complémentaire est consacrée à ce canon de 100 mm qui l'impressionne beaucoup. Sa première affectation, sur le TCD (transport de chalands de débarquement) Ouragan, lui fait découvrir la vie à bord avec les multiples tâches d'un matelot breveté. La situation en Bosnie le fait naviguer en Adriatique. Deux ans après son engagement, il est quartiermaître de seconde classe et, quand il débarque, c'est pour retourner se perfectionner avec un BAT (brevet d'aptitude technique) à l'école de Saint-Mandrier. Douze mois pour mettre à profit trois années d'expérience de la mer, augmenter ses connaissances, devenir expert en identification d'un bâtiment civil ou militaire, étudier les procédures d'alerte et entrer dans les secrets du gros canon et de ses munitions. Sur la frégate lance-missiles Duquesne, il est quartier-maître et surveillant de la tourelle du 100 mm. Au cœur du monstre, il est assis à côté de l'impressionnante culasse. Une place confortable en cas de tir car le bruit y est infiniment plus supportable. En juin 1997, la frégate accompagne la dernière mission du porte-avions Clemenceau avec des escales dans plusieurs ports de la côte atlantique. En décembre 1998, il navigue en mer Noire quand il est promu second maître. Passer le détroit du Bosphore au poste de vigie ne s'oublie pas. L’an 2000 commence avec une bonne nouvelle. Cette fois, c'est Nouméa ! Adjoint au capitaine d'armes et responsable de l'armement sur le Batral (bâtiment de transport léger) Jacques-Cartier. Le Pacifique, maintenant, il en a sillonné un bon bout. Surtout après une traversée de quinze jours pour rallier Tahiti où le bâtiment doit entrer en grand entretien. En mars 2002, il rentre en France, prend six mois de vacances et devient chef de tourelle sur la frégate anti-sous-marins La Motte-Picquet, qui est en chantier à Brest jusqu'en septembre. Pas vraiment le même climat, mais une nouvelle occasion de passer le détroit de Gibraltar au retour vers Toulon. Devenu maître à 32 ans, Guillaume cesse de naviguer en septembre 2005 pour passer le brevet supérieur à Saint-Mandrier. Une année de cours et un embarquement dès le lendemain de l'obtention du sésame sur la frégate antiaérienne Jean-Bart. Aujourd'hui, c'est lui qui apprend aux plus jeunes le métier de mécanicien d'armes.
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