La Craie
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<strong>La</strong> craie dans son gisement<br />
HÉTÉROGÉNÉITÉS DES MASSIFS DE CRAIE<br />
L'étude pétrophysique est nécessaire à l'identification<br />
précise du matériau concerné sur le plan géotechnique,<br />
et à la prévision de son comportement. Elle prend<br />
toute sa valeur dans le cas d'un milieu homogène,<br />
auquel peuvent s'extrapoler ses résultats. Les massifs<br />
de craie remplissent généralement cette condition.<br />
Cependant, même ces massifs homogènes sur le plan<br />
strictement pétrographique présentent des caractères<br />
secondaires générateurs d'hétérogénéité ; ce sont :<br />
. la présence de lits de silex ou de cherts,<br />
. la fissuration,<br />
. l'altération.<br />
Présence de silex<br />
Rares sont les faciès crayeux dépourvus de silex 7 .<br />
Mis à part le Turonien, tous les étages de la série<br />
crayeuse en renferment, en nodules isolés, ou plus<br />
souvent, en lits de 10 à 20 cm d'épaisseur, espacés<br />
de 0,50 à 2 m selon les niveaux.<br />
Sur le plan géotechnique, ces silex se traduisent<br />
essentiellement par :<br />
— des perturbations apportées aux mesures sismiques,<br />
— les usures apportées aux matériels de sondage<br />
(couronnes) ou de terrassement (pneus de la décapeuse),<br />
— leur rôle positif dans le comportement du matériau<br />
en terrassement, du fait de leur caractère non évolutif.<br />
Ces aspects ont été jusqu'à présent assez peu étudiés,<br />
bien qu'ils puissent dans certains cas avoir une incidence<br />
non négligeable sur le déroulement d'un chantier.<br />
Fissuration<br />
<strong>La</strong> série crayeuse du Crétacé a subi des efforts tectoniques,<br />
contrecoups de la phase alpine, qui se sont<br />
traduits par des plissements à grand rayon de courbure<br />
7<br />
et par une fissuration importante.<br />
Aux deux extrémités de l'échelle de fissuration, les<br />
conséquences géotechniques sont assez peu marquées :<br />
— les failles relativement abondantes en pays de<br />
craie, où elles ont déterminé le plus souvent l'orientation<br />
des vallées, peuvent être décelées au niveau d'un<br />
projet par une étude de corrélation pétrographique<br />
entre sondages, et par la sismique réfraction. Un cas<br />
particulier est constitué dans les vallées par les effondrements<br />
de falaises en grands panneaux d'origine<br />
ancienne (fin de la dernière période glaciaire), relativement<br />
fréquents en Normandie ;<br />
7. Cf. article de M. Bignot et de Mlle Aubry.<br />
— la microfissuration apparaît généralement faible,<br />
voire inexistante, dans la craie, ce qui est en accord<br />
avec l'aspect « sol » de ce matériau. Une vérification<br />
indirecte de ce caractère est apportée par la mesure<br />
de la vitesse de propagation des ultrasons, du fait de<br />
la faible influence de la teneur en eau sur les résultats<br />
de cet essai.<br />
<strong>La</strong> macrofissuration, par contre, est très abondante<br />
dans toute la série crayeuse. Elle est très variable<br />
suivant l'âge et le type de craie. Ainsi en Normandie :<br />
— craie blanche du Sénonien : fissures verticales,<br />
très nettes, fermées, de maille très resserrée : 0,10 à<br />
0,30 m dans les cas observés ;<br />
— craie grise du Turonien : fissures courbes plus ou<br />
moins inclinées sur l'horizontale, de maille très variable,<br />
délimitant très souvent des dièdres ;<br />
— craie calcaire : fissures verticales, à maille lâche<br />
(1 à 5 m), souvent ouvertes.<br />
Sur le plan géotechnique, et tout au moins pour les<br />
ouvrages courants, la fissuration rencontrée dans le<br />
sein même des massifs de craie ne se traduit généralement<br />
pas par des conséquences très importantes,<br />
positives ou négatives. Au-dessous de la zone d'altération,<br />
en effet, les fissuressont ordinairement fermées<br />
et ne renferment pas de matières compressibles. <strong>La</strong><br />
perméabilité qui leur est associée est dans ce cas très<br />
faible ainsi qu'ont pu le montrer les percements de<br />
galeries d'essai du tunnel sous la Manche et de<br />
l'usine souterraine d'EDF à Epernay [8]. En déblai,<br />
elles ne posent pas de problème grave de stabilité,<br />
sauf dans le cas où le pied de talus concernerait la<br />
base du Cénomanien, dans son contact avec la glaucome<br />
et l'argile albienne. Elles peuvent par contre<br />
faciliter la gélifraction de la craie.<br />
En terrassement, il a été observé, sur les chantiers<br />
de l'autoroute Al3 que l'exécution du ripage dans<br />
le sens de la fissurationpermettait de reculer la limite<br />
d'emploi de ce procédé.<br />
Au niveau de l'étude géotechnique, la fissuration<br />
amène à des difficultés d'interprétation des résultats<br />
de la sismique. Dans ce cas, en effet, les fissuresnon<br />
ouvertes et très resserrées de la craie tendre peuvent<br />
n'avoir aucun effet sur les vitesses mesurées in situ<br />
qui deviennent très proches des vitesses mesurées sur<br />
échantillons. Par contre, les craies calcaires, très dures<br />
peuvent passer inaperçues du fait de l'espacement<br />
très important de leur maille de fissuration. On conçoit<br />
ainsi qu'il ne soit guère possible dans ce cas d'interpréter<br />
directement les mesures sismiques, mais qu'un<br />
étalonnage banc par banc, sur la base d'une étude<br />
pétrophysique (et plus particulièrement d'une comparaison<br />
entre les vitesses in situ et les vitesses longitudinales)<br />
s'impose.<br />
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