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archives marocaines - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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ARCHIVES<br />

MAROCAINES<br />

PUBLICATION<br />

ln: lA<br />

DIHECTION GÉN(~HALE<br />

(SECTION<br />

DES AFFAIllES INDIGI~NES<br />

SOCIOLOt;IQUF.)<br />

-----0· ---<br />

VOLUME<br />

XXVIII<br />

Lieutenant ltEL\lElIS....... Un documenl sai" la [Jolilitfll{< de Moulay<br />

Isma'il dans l'Allas.<br />

Lieutenant DI,; J.A (;11.'1.1'1';[,1.1


UN<br />

DOCUMENT SUR LA POL1TIQUE<br />

DE ~IOULA y ISMA'IL DANS L'ATLAS<br />

Nous sommes heuteux de pouvoir communiquer ici, à<br />

ceux qu'intéresse le <strong>Maroc</strong> Berbère, un manuscrit sur la<br />

politique de ;\1"oulay Isma'il dans l'Atlas. Puisse ce document<br />

apporter quelque chose de nouveau sur cette période<br />

critique de l'Histoire <strong>du</strong> Maghreb, ou tout au moins contribuer<br />

à conlirmer et à contrôler des sources déjà connues;<br />

puisse-t-il permettre aussi quelques rapprochements<br />

entre notre politique et celle de :Moulay Isma'il qui<br />

connaissait bien « son terrain ». Ne craignons pas à l'occasion<br />

de profiter de son expérience et de suivre la leçon<br />

de l'Histoire. Mais nous laisserons à d'autres plus qualifiés<br />

le soin d'exploiter, s'il y a lieu, les données de ce<br />

manuscrit. La chance de l'avoir trouvé nous suflit pour<br />

l'instant.<br />

Ce document, d'après le nommé Si Brahim de Zawwiya<br />

cch Chikh, <strong>du</strong>quel nous le tenons, aurait été composé<br />

peu de temps après la mort de Moulay Isma'il par le<br />

Chikh Si Abmed ben Na~er de Tamgrout. Il ferait partie<br />

d'un texte plus important.<br />

Lieutenant REYNIERS.<br />

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LE SULTAN MOULAY ISMA'IL<br />

ET LES<br />

BERBÈRES SANHAJA DU MAROC CENTRAL<br />

Le Lieutenant Reyniers publie d'autre part un texte qu'il<br />

a découvert dans le .Moyen Atlas et il a bien voulu nous<br />

autoriser à en faire l'objet de cette étude et à en donner<br />

ici une tra<strong>du</strong>ction 1. Ce texte est une simpIe co [lie effectuée<br />

en 1928 par Si B['ahim Na$iri, un des marabouts de<br />

la Zawwiya ech Chikh, filiale de Talllgrout, sitllée 11 une<br />

trentaine de kilomètres à l'est de Qa$ba Tadla.<br />

Son auteur y décrit le rôle politiquejoué dans le Mal'oc<br />

central, soUs le règne de Moulay Isma'il, par un marabout,<br />

Sidi bou Ya'qoub, dont le tombeau est encore l'objet<br />

d'une certaine vénération clans la haule vallée de<br />

l'oued Gheris 2. A l'en croire, ce personnage aurait été,<br />

semble-t-il, un des premiel's héritiers de la fameuse Zawwiya<br />

de Dila, avant l'apparition des Atlihaouch et avant<br />

les Derqawa ;J.<br />

Si Brahim Na$iri prétend qu'il n'a repro<strong>du</strong>it là qu'un<br />

1. Nous le remercions de nous avoir facilité ce travail el de nous<br />

avoir aidé, pal' sa connaissance de la région d'Aghbala, à la tra<strong>du</strong>ction<br />

de son texte.<br />

2. L'Oued Gheris pren.


8 AHCHIVES MAHOCAINES<br />

fragment d'une œuvre composée peu de temps après la<br />

mort de Moulay Isma'il par le Chikh Sidi Al:tmed ben<br />

Naf;ler de Tamgrout. Il semble qu'il s'agisse dans son esprit<br />

de Sidi Al).med ben Ml).Clmmed, dit le Khalifat, dont<br />

on connait un récit de voyage en Orient. On sait que ce<br />

personnage fut en relations suivies avec le gl'and sultan<br />

'alawite et qu'on lui doit l'organisation définitive de la<br />

confrérie des Naf;liriyn dont il fut le grand maitre à partir<br />

de 167[1 1. Cependant, outre que son nom est un peu une<br />

étiquette, comme celui de Moulay Isma'il ou celui <strong>du</strong><br />

« sultan noir », sous laquelle on place volontiers toutes<br />

les œuvres d'origine obscure, le Ta!'at el mOllchtari:2 le<br />

fait mourir en 1717, dix ans avant Moulay Isma'il. D'autre<br />

part, le texte de Si Brahim signale l'exil des Ait Imou!'<br />

dans le ijaouz de ~IalTakech; or, si les traditions <strong>du</strong> .Moyen<br />

Atlas attribuent cette mesure à ce même sultan, le Kitab el<br />

Istiq$a 3 la situe seulement en 1824, sous Moulay 'AbderraQman.<br />

De son côté, Ez Zayyani, qui par son origine<br />

avait des raisons de s'intéresser particulièrement au<br />

<strong>Maroc</strong> central et dont l'œuvre se termine en 1812, ne<br />

mentionne pas cet événement 4 ; la date donnée par<br />

Es Slawi parait donc pouvoir être admise et les dires de<br />

Si Brahim Naf;liri sont alors très probablement erronés.<br />

Faut-il alors attribuer son document à Sidi AQmed ben<br />

Boubeker, le prédécesseUl' <strong>du</strong> chef actuel des Naf;liriyn,<br />

mort en 1919, ou à l'historien des 'Alawites Sidi A1).med<br />

ben Khaled ? Ces hypothèses sont absolument invraisemblables;<br />

le style en est trop incorrect et l'auteur paraît<br />

avoir une connaissance trop profonde de la région de<br />

Tadla et de la haute Moulouya: aucun de ces lettrés ne<br />

1. LÉVI·PRO'E~ÇAL, Les historiens des Chorra, pp. 291-292. Bonn, La Zaouia<br />

de Tamegroul, in Archives Berbères, vol. III, fase. 4.<br />

2. d'Al)med ben Khaled Na~iri es Slawi.<br />

3. Du même auteur (tr. FUMEY, in Archives <strong>Maroc</strong>aines, t. X p. 113).<br />

4. Et Torjman et mo'arib, tr. HounAS (Le <strong>Maroc</strong> de 1631 à 1812).


LE SULTAN MOULA.Y ISMA'IL ET LES BEHR~;l\ES i;iANIIAJA 9<br />

paraît en effet avoir habité celte partie <strong>du</strong> i\Iaroc. On peut<br />

croire plutôt que ce soit l'œuvl'e d'un descendant de Sidi<br />

bou Ya'qoub ou de qùelque talev de la montagne, sans<br />

qu'il soit p8ssible de précisel' davantage.<br />

*<br />

Bien qu'il semble ainsi postérieur d'un siècle au moins<br />

aux événements qu'il rapporte, puisqu'ils sont pl'esque<br />

tous contemporains <strong>du</strong> règne de Moulay Isma'il (1672­<br />

1727), il serait témél'ail'e sans doute de ne pas accorder<br />

une certaine créance à ce nouveau texte, chaque fois qu'il<br />

n'est pas manifestement dans le domaine de la légende.<br />

Peut-être son auteur a-t-il utilisé des œuvres plus anciennes<br />

ou rapporte-t-il selîlement des faits consel'vés par<br />

la tl'adition des montagnal'ds; en tout cas ses dires sont<br />

fl'équemment confinnés raI' la situation actuelle des tribus<br />

dont il raconte les migrations, pal' la croyance po pulail'e<br />

et par les chroniques qui constituent pour nous les<br />

sources do l'histoire de cette époque; ils complètent<br />

même parfois ce que nous savions déjà et y ajoutent un<br />

certain nombre de faits nouveaux. Il est seulement regrettable<br />

qu'aucune date ne nous permette de [es situer avec<br />

pl·é~ision. En somme, à condition de l'utiliser avec prudence<br />

et padois d'interpréter sa version des événements,<br />

il ne semble pas que la contribution de ce document à notre<br />

connaissance <strong>du</strong> passé soit négligeable, si localisée qu'elle<br />

soit dans l'espace et dans le temps.<br />

La vie de Sidi bau Ya'qoub, au moins dans le passage<br />

qui nous est parvenu, n'est en effet qu'un prétexte à un<br />

développoment qui dépasse considérablement ce personnage.<br />

En réalité, c'est une phase de la politique des<br />

'Alawites dans le Moyen Atlas qu'il décrit; c'est aussi une<br />

partie de l'histoire <strong>du</strong> peuplement <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> central qu'il


10 ARCHIVES MAROCAINES<br />

éclaire pour nous et comme tel, son témoignage est particulièrement<br />

intéressant. Notre documentation sur le<br />

passé <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> demeul'e encore trôp incomplète, en effet,<br />

pour pennettre actuellement d'écril'e autre chose qu'une<br />

histoire de ses dynasties. Cependant on a signalé souvent<br />

déjà l'inconvénient de celte solution d'attente qui pourrait<br />

entl'ainer un rapprochement quelque peu f[lctice entre la<br />

constitution de l'Empil'c Chéi'ifien et celle des États européens.<br />

Dès 1911, M. Le Chatelier opposait au ..\broc politique<br />

makhzen et politique de tribus j. Depuis, des étudesrelativement<br />

nombl'euscs ont été consacrées à des monographies<br />

de tribus et nous ont donné déjà bien des aperçus<br />

nouveaux, mais elles restent fragmentaires et n'autorisent<br />

pas encore une œUVl'e complète de synthèse. Elles<br />

font souhaiter <strong>du</strong> moins que les recherches historiques<br />

évoluent dans le sens qu'elles ont indiqué et rétablissent<br />

ainsi un équilibre actuellement détruit en faveur des souve!'aIns.<br />

Dès leur apparition eH effet, toutes les dynasties maglll'cbines<br />

se sont détachées des confédérations qui avaient<br />

favorisé leur accession au pouvoir ou les ont décimées à<br />

leur service. Heconnus souvent en tant que chefs religieux,<br />

les sultans sont alol's devenus dans l'ordre politique<br />

un élément pl'esque uniquement parasitaire, constamment<br />

en marge de la gl'ande majorité des peuples<br />

qu'ils gouvel'naient et qu'ils ont gênés dans leul' évolution<br />

beaucoup plus fJu'ils ne les ont guidés. Ce divorce<br />

qui semble irrémédiable entre eux et leu!'s sujets et qui<br />

apparalt si différent <strong>du</strong> rôle joué en France pal' exemple<br />

par les premiers Capétiens, n'est pas surtout imputable<br />

aux souverains <strong>du</strong> Maghreb dont beaucoup furent incontestablement<br />

de grands rois et auraient pu sans doute<br />

réaliser ailleurs une œuvre stable. Il procède de causes<br />

1. Revue <strong>du</strong> Monde Musulman, vol. XIII. pp. 463-481\.


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES i?ANHAJA 11<br />

singulièl'ement plus profondes. Ce que M. Gautier 1 appelle<br />

la conception « biologique » de la patrie chez l'indigène<br />

Nord-Africain, conception qui ne reconnaît que<br />

les liens <strong>du</strong> sang (réels ou considél'és comme tels) et qui<br />

s'oppose si totalement à notre conception territoriale<br />

de l'Etat, est évidemment ici le facLeur prin:.ordial : quelle<br />

que soit l'origine d'une dynastie, son autorité politique<br />

ne peut être reconnue d'emblée que par une minorité.<br />

Cette conception s'est plus particulièrement synthétisée<br />

dans l'opposition des deux races arabe et berbère et<br />

dans celle, non moins vive, des différentes familles.berbères<br />

entre elles, Mai?mouda, ~anhaja, Zénètes. Il faut<br />

en outre faire intervel1lr les institutions politiques traditionnelles<br />

de ces dernières: généralement basées sur un<br />

principe oligarchique, elles sont, de plus, uniquement<br />

adaptées à des sociétés de forme « moléculaire», dépassant<br />

rarement quelques centaines de familles et évoluant<br />

seulement dans le cadre restreint où ces insti tutions sont<br />

viables. Sans doute rencontre-t-on parfois des fédérations<br />

plus hautes, des groupements de tribus, mais elles n'ont<br />

essentiellement pour but, dans l'esprit de chacun des associés,<br />

Ci ue la liberté de ces trois ou quatre cents familles<br />

qui constituent la patrie. Aussi n'existent-elles réellement<br />

que dans la mauvaise fortune, dans un esprit de<br />

résurrection et de libération; elles ne résistent guère à<br />

la victoire et l'édifice péniblement construit s'effrité et<br />

disparait bientôt sous l'action des haines de tribus. Enfin,<br />

l'importance de l'élément nomade si considérable il y a<br />

quelques siècles encore au <strong>Maroc</strong>, avec une prédominance<br />

nette <strong>du</strong> peuplement saharien, plus indépendant encore<br />

et plus anarchique que les autres, a été un obstacle constant<br />

à la politique des sultans. Tl'OP pauvres ou trop peu<br />

travailleurs pour se contenter de leurs troupeaux, ces<br />

1. Les siècles obscurs <strong>du</strong> Moghreb, p. sr;.


12 AHCHlVES MAROCAI?'\ES<br />

errants ont toujours vécu en grande pal,tie de l'insécurité<br />

<strong>du</strong> pays, <strong>du</strong> pillage, de la domination des sédentaires;<br />

toujours avides de nouvelles terres de parcours ou de<br />

nouveaux théâtres d'exploits, ils n'ont jamais eu que faire<br />

d'un pouvoir central. Leur souverain à eux ne peut être<br />

qu'un cOIHluérant, pourvoyeur infatigable de nuuvelles<br />

richesses: un Yousef ben Tachfin, un Gengis Khan, Dès<br />

qu'un sultan se stabilise dans ses gains, dès qu'il abandonne<br />

la vie des tentes pour celle des palais, dès qu'il<br />

établit des frontières, des impôts, des postes de garde le<br />

long des pistes, les nomades sur qui il a pu s'appuyer<br />

d'abord deviennent les plus encombrants de ses sujets,<br />

comme il devient un obstacle lui -même à la seule vie<br />

qu'ils veuillent mener.<br />

On comprend dès lors que la plupart des dynasties<br />

aient cherché un piédestal en marge de la vie politique<br />

des tribus, sur le seul plan où une unanimité était susceptible<br />

de se faire, sur le plan de l'Islam: presque toutes<br />

ont été marabouliclues ou chérifiennes. Mais là encore il<br />

faudrait décrire l'âpl'eté des luttes religieuses au Maghr'eh<br />

et le rôle dissolvant des confrér'ies pour montrer' Clue cette<br />

base n'était guère plus solide que les antres.<br />

Chacun de ces points mél'itel'ait à lui seul d'être développé;<br />

on comprendrait ainsi pourquoi les plus grands<br />

sultans n'ont jamais été (lue des « conquérants inlérieùrs<br />

)), selon le mot que M. Funck-Brentano applique en<br />

France aux Carolingiens, el que les plus médiocres ont<br />

dù se résigner à concevoir leur empire simplement<br />

'comme une source de revenus 1. « C'est un Estat, dit<br />

1.


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LE~ BERBKRES i?ANHAJA 13<br />

d'AvitY au xvu e siècle, qui ne peut demeul'er pn un<br />

estre 1. Il<br />

Sans doute aurait-on tort de minimiser l'infl uence des<br />

dynasties: elle n'a pas été négligeable malgl'é tout, mais,<br />

nous l'avons dit déjà, elle s'est presque uniquement exercée<br />

en l'éaction Je l'évolution de leurs peuples ct c'est<br />

pOUl' celle raison que leur histoire seule, sans contrepartie,<br />

fausse réellement notre conception <strong>du</strong> passé. C'est<br />

en effet seulement au moment de l'apparition de chacune<br />

d'elles qu'elle acquiert un sens profond, pal'ce que leur<br />

accession au pouvoir marclue som'ent la cristallisation des<br />

aspirations de tout un gl'Oupe de tribus, mais ce moment<br />

est fugitif. Dès que leul' autorité s'efforce de déborder ce<br />

groupe de fidèles, les sultans entrent en lutte contl'e des<br />

forces obscures et en quelque sorte inconscientes, mais<br />

aussi d'une puissance irrésistible et qui ne désarmeront<br />

plus. Certains d'entre eux, les plus grands, auront comme<br />

une intuition de ce qu'elles sont et chercheront, en vain<br />

d'ailleurs, à les utiliser, mais la plupart en recevront les<br />

coups en aveugles. Ce qu'on peut deviner il tra\'ers les<br />

pages trop rares que les chroniqueurs ou les géographes<br />

consacrent aux tribus, à travers les <strong>archives</strong> trop pen<br />

l)l'ospectées enCOI'e des Zawwiyas et des vieilles familles,<br />

à tra\'cr's les traditions et les légendes <strong>du</strong> pays, à traYCI'S<br />

l'histoire même de notre occupation, montre que ces<br />

forces non seulement ont exi~,té, mais vivent enCOI'e,<br />

qu'elles sont ordonnées, logiques, singulièrement semblables<br />

à elles-mêmes fi travers les siècles: Berbères<br />

~Ia:;;mouda, ~anha.ia et Zénètes, Arabes Ma'cJil ont eu<br />

leur' passé bien à eux, leur évolution propre, li ue l'action<br />

des sultans a pu retarder, gène!', mais qu'elle a été illlpuissante<br />

en définitive à discipliner. C'est donc bien velS<br />

une histoire des tribus <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> ou tout au moins vers<br />

L Cilé par le Cte Il. D~ CASlhlES, loc. cil.• l' série. France, II, p. 2:37.


ARCHIVES MAROCAINES<br />

une histoire de ces grands groupements que nous devons<br />

tendre, semble-toit. Sans doute la tâche est-elle ar<strong>du</strong>e:<br />

les documents indigènes et européens dont nous disposons<br />

pOUl' reconstituer ce passé ne sont presque tous<br />

eux aussi que des chroniques dynastiques. Toutefois les<br />

révoltes qu'ils signalent et qui parfois débordent l'Empire<br />

et lui suscitent de dangereux rivaux, sont des indications<br />

précieuses que les <strong>archives</strong> de la montagne et des<br />

oasis nous permettront sans doute de compléter 1, avec ce<br />

guide sûr que demeure encore l'Histoil'e des Berbères<br />

d'Ibn Khaldonn. Et c'est dans ce sens SUI'tont que le texte<br />

do Si Brahim Na~iri nous a paru mériter de n'être pas<br />

laissé dans l'ombre.<br />

Nous avons dit que ce manuscrit décrivait un épisode<br />

de la lutte de Moulay Isma'il contre les tribus ~anha.ia <strong>du</strong><br />

<strong>Maroc</strong> central. Pour suivre le développement de celle-ci<br />

et le replacer ainsi dans son cadre, il est nécessaire de<br />

remonter un peu plus haut dans l'histoire <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> et de<br />

dire un mot de ce groupement berbère et des débuts de<br />

la dynastie 'Alawite.<br />

Les ~anhaja sont depuis des siècles clans le ~Ioyen<br />

Atlas, le lIaut Atlas central Z ct le Sahara occiden-<br />

1. Pal'tout où un pouvoir cel!t1'al n'a pas concentré sur lui les œuvres<br />

indIgènes les plus importantes et par conséquent les recherches de


LE SULTAN MOULAY ISMA 'IL ET LES BEHBÈRES f?ANHAJA H;<br />

taIt. Longtemps leurs mouvements de transhumanceles ont<br />

fait osciller entre ces régions complémentaires et les ont<br />

entraînés sans doute au delà, jusqu'aux plaines atlantiques,<br />

par ce mouvement instinctif qui a constamment<br />

porté <strong>du</strong> désert à la Méditi~rrannéeles tribus nomades de<br />

l'Afrique <strong>du</strong> nord. Puis peu à peu une sorte de sélection<br />

a dû s'opérer et certains se sont plutôt axés vers la haute<br />

chaîne, tandis que d'autres s'orientaient vers les steppes<br />

<strong>du</strong> Soudan. L'établissement au <strong>Maroc</strong> de la dynastie des<br />

Almoravides ('1055), qui sortait d'une de leurs ft'actions<br />

de Mauritanie, <strong>du</strong>t favol'iser quelque temps leur extension,<br />

mais sa chute rapide entraina leur asservissement<br />

ou leur exil. La grande invasion arabe <strong>du</strong> XIIIe siècle vint<br />

en outre leur interdire l'accès de la région des plaines et<br />

consacra la scission des montagnards et de leurs frères<br />

<strong>du</strong> désert, par sa mainmise sur les oasis; les uns ct les<br />

autres eurent désormais leur évolution propre. Sous les<br />

Almohades (1147-12G9) et les pt'emie,'s Mérinides (~ partir<br />

de 1269), les ~anhaja de l'Atlas, désormais cantonnés dans<br />

leur âpre pays, furent soumis il ces sultans qui appartenaient<br />

à des tribus traditionnellement ennemies des leurs,<br />

etils servil'entmême parfois dans leurs armées. Ayantper<strong>du</strong><br />

leurs terres les plus riches :2, ils furent en outre victimes<br />

des exactions dos Al'abes, qui étaient devenus les agents<br />

de commandement et les collecteurs d'impôts dos souverains.<br />

Peu à peu les motil's de rébellion s'étant accumulés·<br />

en eux et la décadence <strong>du</strong> pouvoir s'affirmant chaque jour,<br />

Ait Oumnlou et Ait Ynrelman, en font pariie ainsi que certaines tribus<br />

vivant au nord, au sud et à l'est de Sefrou, ju~que dans les montagnes<br />

des Ait Warain. au sud de TélZa. Tout cel ensemble est prolongé vers<br />

le sud par la grande confédération des Ait·Atta qui a son centre dans<br />

Il'; .1 bel Saghro et qui particioe à la fois à la vie des grands nomades <strong>du</strong><br />

désert et à ceiIe des transhumants de la montagne.<br />

1. Au Sahara les $anlwja forment le fond d'un certain nombre de<br />

tribus Maures et Touaregs.<br />

2. « Les Arabes, écrivait MOUETTE à la fin <strong>du</strong> XVII' siècle (loc. cil.,<br />

p. 165) demeurent sous de méchantes tentes dans les plaines où sont<br />

les meilleures terres à culli"er, en ayant chassé les Barbares ».


16 ARCHIVES MAROCAINES<br />

ils finirent par se libérer et, vers le milieu <strong>du</strong> XIVe siècle,<br />

ils avaient recouvré leur indépendance 1 ; au début <strong>du</strong> X\'\<br />

ils portaient leurs razzias jusqu'à la plaine <strong>du</strong> Tadla '2 et<br />

vers 1515, Léon l'Africain les décrit tout à fait maUres<br />

chez eux et infligeant un véritable désastre ù une expédition<br />

{lui s'est risquée à les attaquer 3. Or, à cette époque,<br />

toute une propagande religieuse avait été entreprise peir<br />

des mari1bouts, installés dans l'Atlas ou en bor<strong>du</strong>re cl u<br />

Sahara, pour libérer le Maghreb des derniers l\lérinide:-;,<br />

accusés de faiblesse dans la défense des intérêts de<br />

l'Islam: de fait, Espagnols et Portugais venaient de conquérir<br />

toutes les villes de la côte, tandis que les Juifs<br />

prenaient une importance croissante dans le gouvernement<br />

et que les Arabes, soutiens <strong>du</strong> pouvoir, étendaient<br />

sans sanctions leurs déprédations sur toutes les piste::"<br />

Les $anhaja se rallièrent naturellement à ce mouvement 'l,<br />

beaucoup moins sans doute par e:-;prit d'opposition aux<br />

:Mérinides, dont l'autorité avait cessé de les gêner, que<br />

parce qu'ils espéraient ainsi prendre leur revanche sur<br />

les Arabes et retrouver la jouissance de leurs anciens<br />

pâturages.<br />

Les marabouts réussirent en définitive à amener au<br />

pouvoir la dynastie chérifienne des Sa'adiens (vers 1539),<br />

mais celle-ci ne tarda pas à décevoir ses partisans, en<br />

reprenant à son compte la politique de ses prédécesseurs<br />

et en gouvernant par les At'abes, plus dociles que leurs<br />

adversaires. Alors les $anhaja poursuivirent leurs buts<br />

en dehors d'elle. Marmol écrit 5 Vet'S 1570 {lU' « ils ne sont<br />

sujets qu'autant qu'il leur plaist, parce qu'ils ne cr


Ceuta<br />

MER<br />

MÉDITERRANÉE<br />

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-------------~ BeniSemg;n<br />

CROQUIS<br />

AIT 'ATTA<br />

FERKLA<br />

DU<br />

MAROC<br />

Nom de confedération<br />

ou de tribu<br />

Nom de province<br />

ou de district


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEHBÈHES I?ANHAJA 17<br />

rien dans leur montagne et f{U'estans maistres des ave·<br />

nües, peesonne ne les peut attaquer ». Bientôt cette indépendance<br />

devint ageessive et au XVII" siècle, ils purent<br />

constituer. à l'intérieur <strong>du</strong> l\Iaghreb, un véritable royaume<br />

ù eux, qui eut sa capitale à la Zawwiya de Dila 1 en bor<strong>du</strong>re<br />

<strong>du</strong> Moyen Atlas, et à la tête <strong>du</strong>quel un des leurs,<br />

Mol).ammed el lIajj ed Dilai, commanda tout le <strong>Maroc</strong><br />

centl'al avec Meknes et Fos. De là. la réaction contre les<br />

Arabes s'étendit jusqu'au Sahaea et rétablit quelque peu<br />

la liaison rompue depuis des siècles entre les deux<br />

tronçons des !;'anhaja. AI01's ces derniers reprirent leul'<br />

ancienne migration: <strong>du</strong> Tafilelt et <strong>du</strong> haut Dra', où ils<br />

s'étaient gmupés en geandes confédérations, jusqu'aux<br />

portes des capitales <strong>du</strong> nord, tous entrèrent en mouvement<br />

à cette époque. A mesure que les tribus les plus<br />

septentrionales progeessaient vers les plaines atlantiq ues,<br />

toutes les autres accourues <strong>du</strong> sud se pressèl'ent à leul'<br />

suite et leul' lente avance menaçait de submerger le<br />

Maghreb, quand apparut la dynastie des 'Alawites.<br />

A càté <strong>du</strong> royaume de Dila, en effet, d'autres principautés<br />

religieuses s'étaient constituées: c'est ainsi qu'El<br />

'Ayyachi tenait le Gharb, Salé et la Chawiya actuelle, et<br />

qu'Abou 1:Iassoun Es Semlali dominait tout le sud de<br />

l'Atlas, de l'océan à Sijilmasa '2.. De même, depuis plusieurs<br />

génél'ations déjà, les habitants de cette derpièee<br />

ville subissaient l'inf!uence religieuse de Chorfa 'Alawites:J,<br />

qui s'étaient installés au milieu d'eux et qui sans doute<br />

étaient devenus peu à peu, par le prestige de leur origine,<br />

les aebitres de leues conflits et les peotecteues de la<br />

cité contrè les pillages des Arabes. Devant la menace de<br />

Mol.lammed el Uajj ed Dilai, qui songeait à s'étend!'.) vel's<br />

1. On pense que Dila se trouvait à quelques kilomètrcs <strong>du</strong> poste<br />

actuel deI'; Ait Is1Wq, au sud de Khenifl'a.<br />

2. On sait que Sijilmasa était, depuis le ,Hll' sièclc, la capitalc dLI<br />

Tafilelt.<br />

3. A. COUR, L'établissement des dynasties des chérifs au <strong>Maroc</strong>, p. H.<br />

ARCH. MAROC. XXVIII. 2


fS ARCHIVES MAHOCAINES<br />

le sud, ct la carence <strong>du</strong> sultan sa'adien, l'un d'eux, Moulay<br />

ech Cheeif, et plus tard son fils 1\loulay MI.lammed, furent<br />

chargés de gérer les intér~ts de la ville et d'en exercer<br />

le commandement, en marge des fonctionnaires d'Abou<br />

ijassoun, qui s'étaient fait détester.<br />

El 'Ayyachi fut assassiné en 1641, Abou l:Iassoun pratiquement<br />

éliminé vers la même époque. Le Oilai<br />

demeura seul alors en présence <strong>du</strong> pouvoir naissant de<br />

:Moulay ~1D.ammed. Celui-ci, par son titre de descendant<br />

<strong>du</strong> PL'ophète, par la tL'adition sa'adienne dont il allait<br />

hériter, par ses premiers compagnons aussi sans doute,<br />

personnifia presque aussitôt l'ancien envahisseur al'abe,<br />

soucieux de maintenir sa prééminence sur les Berbères<br />

et de conserver la jouissance de ses conquêtes; son<br />

adversaire au contraire appartenait par son sang aux<br />

~anhaja, mais représentait surtout plus ou moins consciemment<br />

pour eux l'aboutissement victorieux de plusieurs<br />

siècles d'effol'ts pour reconquérir la libre disposition<br />

de'leurs terres de parcours. Il était fatal qu'ils en<br />

vinssent à se heurter.<br />

On sait mal la composition de l'armée <strong>du</strong> Chérif au<br />

début de sa fortllne : le Kitab et Istiq$a 1 parle seulement<br />

des « gens de Sij ilmasa et des environs», Zayyani'2 dit<br />

« les sahariens »). El Oufl'ani prétend 3 qu'en 1637 il était<br />

suivi, par des bel'bèr(~s Sanhaja et Dekhisa, à l'époque où<br />

sans' doute il représentait pOlir eux un moyen de se libérer<br />

des fonctionnaires d'Abou Bassoun. Mais depuis des<br />

sièdes déjà, tout :ce qui n'était pas Arabe était considéré<br />

un peu comme de race inférieure et en tout cas comme<br />

de fidélité douteuse; et un descendant <strong>du</strong> Prophète devait<br />

sans nul doute répugner à chercher ses alliés en dehors<br />

de la race conquérante: il semble hien en somme qu'il<br />

1. ES-SLA.WI, Ki/ab el Isliq~a, Ir. Fü"EY, in Archives Mw'ocaines, IX, p. 1\1.<br />

2. Loc cit., p. 2<br />

.a. Nozhel el Hadi, tr. HOUDA.S, p. 420.


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEHBÈRES ~ANHAJA 19<br />

SUIVit l'exemple des Sa'adiens et ne tarda pas à utiliser<br />

pl'esque exclusivement comme eux les Arabes Ma'qil l ,<br />

c'est-à-dire ceux <strong>du</strong> désert, qui à cette époque étaient<br />

encore assez puissants. Les Dwi }Ieni', qui forment un<br />

gl'Oupe de leurs descendants et qui nomadisent entre le<br />

Tafilelt et la Zousfana, associent aujourd'hui encore dans<br />

leurs légendes leur ancêtre éponyme El Mena' à un aïeul<br />

des souverains 'Alawites, ~Ioulay el Uasan bel Qasem,<br />

Leurs tombeaux sont voisins, dit-on, près des ruines de<br />

Sijilmasa et y sont de leur part l'objet d'une semblable<br />

vénération 2. Les Dwi Meni' d'ailleurs paraissent bien<br />

avoir été depuis le XVIIe eiècle les plus fermes appuis des<br />

représentants <strong>du</strong> sultan dans le sud, en paJ·ticulier contre<br />

les $anhaja Ait 'Atta 3. C'est en tout cas chez les Arabes<br />

Ma'qil que les premiers successeurs de Moulay :l\n~ammed<br />

ech Cherif allèrent chercher leurs contingents, chez ceux<br />

de la région d'Oujda 4 et chez ceux <strong>du</strong> Sous et <strong>du</strong> Sahara<br />

occidental ~, auxquels le sultan Moulay Isma'il était apparenté<br />

pal' ulle de ses femmes el qui semblentGl'avoir<br />

1. 1\hClL~ux-BELL~II\E, L'organisme marocain, in Reu. <strong>du</strong> Monde Musulman,<br />

IX, p. 2:>.<br />

Les Arabes Ma'qil, qui formaient J'élément le moins nombreux et le<br />

plus pauvre de l'invasion <strong>du</strong> XIII' siècle, avaient longé la bor<strong>du</strong>re septentrionale<br />

<strong>du</strong> désert en marchant vers l'ouest. Ils occupèrent ainsi toutes<br />

le" oasis jusqu'à l'océan. A partir <strong>du</strong> xv', une partie d'enlre eux se<br />

tourna vers le sud et envahit la Maudtanie et le ::;oudan.<br />

2. B11.E"iDT, La Zous(ana, inédit.<br />

3. Les Ait' ,\ na sont formés de :;ianhaja de la montagne et de $anhaia<br />

<strong>du</strong> désert, auxquels sont venus se joindre quelques Arabes. Ils nomadi-ent<br />

entre l'Atlas, le Talilelt, le haut Dra' et le Sahara et ont en outre<br />

un certain n!lmbre de colonies fixées au sol sur le versant nord de la<br />

grande chaîne. Leur confédération fut fondée vers Je milieu <strong>du</strong><br />

~VI' siècle sous l'égide des chorfa Beni Amghar de Tamesloht (est de<br />

l\Iilrl'akeehl.<br />

4. Es SL.


ARCHIVES MAROCAINES<br />

bien accueilli lors de son expédition de 1678 aux oasis <strong>du</strong><br />

Jbel Bani et en Mauritanie 1; ils héritèrent en outre des<br />

tribus guich 2 sa'adiennes, qui étaient en majorité arabes<br />

ou berbères zénètes 3.<br />

On conçoit dès lors que les ~anhaja aient été, dès l'apparition<br />

des 'Alawites, leurs adversaires les plus farouches,<br />

puisque ceux-ci représentaient l'adversaire dont ils<br />

cherchaient depuis plusieurs siècles à se débarrasser.<br />

Les premiers combats des 'Alawites contre les partisans<br />

de Dila furent des échecs. Mo1;lammed el Uajj ayant pris<br />

l'ofl'ensive contre le Chérif, le battit le 12 rabi 1 1056<br />

(28 avril 1646) à Elqa'a et entra à Sijilmasa où « les Berbères<br />

se portèrent à tous les excès 4 ». Dans le tl'aité qui<br />

suivit cette campagne, Moulay M1;lammed obtint bien le<br />

sud de l'Atlas, mais les Dilaites s'y réservèrent des enclaves<br />

sur les pistes princip~les : Q~ar es Souq, dans le Ziz,<br />

sur celle <strong>du</strong> Tafilelt à Fes, Q~ar Halima (vraisemblablement<br />

Gelmina), au Gheris, sur celle <strong>du</strong> Tafilelt à la ~Ioulouya,<br />

Asrir <strong>du</strong> Ferkla sur celle de ~rarrakech ". Plus<br />

tard, Moulay M1;lammed réussit à prendre Fes le 28 juin<br />

1650, mais il en fut chassé dès le 7 août par son adversaire<br />

et <strong>du</strong>t retourner dans le sud.<br />

Cette première tentative malheureuse contre la Zawwiya<br />

l'engagea à s'orienter plutôt vers le <strong>Maroc</strong> oriental et septentrional<br />

avant de se mesurer à nOuveau avec elle. C'est<br />

seulement seize ans plus tard qu'ayant pris Fes définitivement,<br />

son successeUI' ~Ioulay el' Rechid la renouvela et<br />

1. Es SLAWI, loc. cil.<br />

ZATYANI, loc. cil., pp. 31-32.<br />

2. Les tribus dites guiclz, on le sait, sont des tribus dont tous les<br />

membres sont leur vie entière il la disposition <strong>du</strong> souverain. Dispensées<br />

d'impôts, elles sont établies sur des terres appartenant à la communauté<br />

musulmane et en acquittent le loyer en servant d'armée permanente.<br />

3. Es SLAWI, loc. cit., p. 55.<br />

4. ID., p. 21-22.<br />

5. ID.<br />

ZAYYANI, loc. cil., p. 4.


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 21<br />

pilla le territoire d'un groupe de partisans <strong>du</strong> marabout<br />

Dilai, les AitWallal des environs de Meknes 1. Mol;wmmed<br />

el ijajj lanç,a aussitôtune expédition de représailles surFes,<br />

mais elle fut repoussée z. Alors, Moulay el' Rechid entreprit<br />

en montagne une action politique sur les f?anhaja et<br />

ré ussit à s'assurer la complicité d'un certain nombre de<br />

leurs chefs qui cherchaient depuis longtemps, semble-t-il,<br />

à trahir le marabout 3 . Puis il s'attaqua directement à la<br />

Zavvwiya qui fut enlevée le 18 juin 1668 après 'le combat<br />

de Botn Er Rouman, et détruite de fond en comble 4.<br />

La disparition <strong>du</strong> centl'e de la puissance dilaite sous<br />

les cou ps des Arabes, en partie causée pue les divisions<br />

intérieures des f?anhaja, <strong>du</strong>t leur ètre particulièrement<br />

sensible. En tout cas, c'est à partir de ce moment que<br />

leur hostilité à l'égard de la nouvelle dynastie se déclara<br />

définitivement. Elle ne désarma plus et l'on peut croire<br />

qu'elle ne fut pas étrangère au choix que Moulay Isma'il,<br />

le successeur de Moulay el' Rechid, fit de Meknes comme<br />

capitale. Les historiens le montrent uniquement sé<strong>du</strong>it<br />

par son site, mais la position de cette place forte en<br />

face <strong>du</strong> Moyen ,Atlas évoque naturellement celle de Marrakech<br />

au pied <strong>du</strong> Haut Atlas, à l'époque de sa fondation<br />

".<br />

En 1674, la révolte des f?anhaja se déclaraouvertement :<br />

ils refusèrent de payer l'impôt, massacrèrent les envoyés<br />

<strong>du</strong> sultan, puis se réfugièrent dans la montagne qui fut<br />

1. Les Ait WaHal, qui l'ont aujourd'hui partie des Ait N~ir, sont originaires<br />

des Ait'Ana <strong>du</strong> Sahara.<br />

2. Es S'LAWI, lac. cil., p. 47.<br />

ZAYYANI, lac. cil., p. 18.<br />

3. EL OUFHA"II, lac. cil., p. ü2.<br />

4. Es SLAWI, lac. cil., pp. 48-49.<br />

ZAHANI, loc. cil., pp. 19-20.<br />

MOUETTE. lac. cil., pp. 29-30.<br />

5. On sait que Marrakech fut fondée en 1062 par les Sanhaja almoravides<br />

pour surveiller les débouchés de l'Atlas occidental; cette partie<br />

de la chaîne en effet était habitée par leurs ennemis, les Berbères Ma~mouda.<br />

qui devaient fonder ensuite la dynastie almohade.


22 AHCHlVES MAHOCAINES<br />

mise en état de défense. :\Ioulay Isma'il fut d'abord mis en<br />

échec par leurs 5.000 cavaliers et leurs 8,000 fantassins,<br />

puis réussit à les tourner et à leur infliger une défaite qlLi<br />

lui valut un illlportant butin l,<br />

Malgré cela,en 1077 ils se soulevèrentà nouveau ùl'appel<br />

d'Al~med ben '}d)(Jallah, petit-fils de Mol~ammed el !:lajj<br />

qui, soutenu pal' les Turcs, était revenu d'exil en haute<br />

Moulouya au milieu de l'enthousiasme général et avait<br />

entrepris la reconstruction de la Zawwiya de Dila ; les<br />

Arabes des plaines, de Tadla au Sais, furent pillés pal'<br />

les ~allhaja et chassés de leurs terres et <strong>du</strong>rent se retirer<br />

sous les mut'S de Fes, de ~leknes et de Salé. Deux corps<br />

d'armée de chacun ,'1.000 hommes, envoyés contre eux,<br />

furent repoussés avec de lourdes peetes, le premier pt'ès<br />

de Meknes, le second près de la Qa~ba de Tadla, qui fut<br />

enlevée et démolie. « Dans la crainte que la plaie faile à la<br />

dynastie ne s'étendit z», Moulay Isma'il intervint alors<br />

lui·même et réussit à rétablir la situation au Tadla<br />

d'abord, puis dans le Moyen Atlas, geâce à son al'tïl1erie<br />

et à une manœuvre enveloppante <strong>du</strong> guich des Oudaya:J.<br />

[1 passa l'été de 1678 en haute Moulouya pour y consolider<br />

les résultats obtenus, mais <strong>du</strong>t se remettre en campagne<br />

dès la fin de l'année pour faire face au Tafilelt il la<br />

rébellion de ses frères Moulay el I:Iarran, :Moulay f:fachelll<br />

et :\Ioulay Ahmed, ct de trois de ses cousins, soutenus pal'<br />

toute la confédération ~anhaja des Ait 'AHu et par des gens<br />

<strong>du</strong> Todgha et do la vallée <strong>du</strong> Dades ". Le sultan enleva<br />

1. MOUETTE, IDe. cil., pp. 78-79.<br />

2. Es SLAWf, lue. cil., p. 70.<br />

;1. Es SLAWf. loc. cif.<br />

ZAYYANI, loc. cil., p. 27.<br />

MOUETTE, IDe. cil., pp. lOi-lOS, !lO.<br />

EL QADfRf, Nachr el Malhani, tr. I\hCHAUlL· BELLAIRE, in Archives <strong>Maroc</strong>aines,<br />

XXIV, p. :!tJO.<br />

4. Les Skoura, le!" l\Igouna, les Imeghran, les Ait Dades proprement<br />

dits et les Ait Seddrat, toutes tribus qui s'échelonnent d'aval en amont,<br />

le long de la vallée <strong>du</strong> Dades,


U: SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 23<br />

d'abord le Ferkla et le Ghel'is, puisle Todgha et le Dades,<br />

mais la plupart des habitants abandonnèrent leurs oasis<br />

et se l'éfugièr'ent au Jbel Saghro; il les y suivit et leur'<br />

livra là, le J février 1679, un combat assez <strong>du</strong>r où périrent<br />

le commandant des troupes, Mousa ben Alplledben Yousef<br />

et 400 hommes <strong>du</strong> contingent de Fes; il se borna alors<br />

à leur demander le libre passage sur leur territoire df's<br />

gens <strong>du</strong> Tafilelt qui se rencil'aicnt à Marrakech et l'aide<br />

éventuelle de leurs contingents contl'e les chrétiens. On<br />

sait d'ailleurs que cette campagne faillit se terminer par un<br />

désastre, l'année impériale ayant été surprise par une tentpète<br />

de neige au col de Telwet etayantdù abandonner ses<br />

bagages et le pro<strong>du</strong>i t des ~mpositions levées dans les oasis 1.<br />

Après ce demi-échec, Moulay Isma'il ne paraît pas être<br />

retourné chez les Ait 'AHa. Cependant leur puissance ne<br />

cessait pas de s'accroître; alors, non seulement ils cherchèrent<br />

à prendre la place des Arabes dans la suzel'aÎneté<br />

<strong>du</strong> Dra' et des oasis, mais encore leurs fractions sahariennes<br />

s'efforcèrent de progI'esser vers le nord, soit pal'<br />

la vallée <strong>du</strong> Dades, soit par celles <strong>du</strong> Cheris et <strong>du</strong> Ziz.<br />

Elles entrèrent ainsi en conflit avec d'autres ~anhaja qui<br />

s'y tI'ouvaient déjà et qui se montraient peu soucieux de<br />

leur céder leurs conquêtes. Ceux-ci quittèrent la confédération;<br />

ils se groupèrent avec quelques fractions Arabes,<br />

qui espéraient ainsi sauver leurs propriétés, autour de la<br />

tribu des,Gerwan, alors dans la vallée <strong>du</strong> Ziz, et formèrent<br />

la confédération des Ait Yafelman, dont les 'Alawites se<br />

servirent, semble-t-il, pour contre-balancer la turbulence<br />

des Ait 'AHa 2 et maintenil' ainsi dans le sud un équilibl'e<br />

à peu près stable.<br />

1. MOUETTE, loc. cil., pp. llc-123; Es SLAWI, loc. cil., pp. 79-80.<br />

2. Cne CANAVY, les Régions <strong>du</strong> haul Guir el de l'oued Ilaiber, in Bull. <strong>du</strong><br />

Corn. de l'Afro Jrançaise, Renseign. Colon, 1908, p. 132.<br />

Lt PARLANGE, Noies inédites sur le haul Ziz.<br />

La fondation de cetle confédération esl peut-être anlél'ieure à ceBe de


24 ARCHIVES MAROCAINES<br />

Mais il restait à soumettre les tribus proprement montagnardes<br />

<strong>du</strong> Moyen Atlas et cl u Haut Atlas, l'ancien<br />

groupe des fidèles de Dila. Cette œuvre, constamment<br />

retardée par des révoltes il l'intérieur de l'empire ou par<br />

la guerre contre les chrétiens, exigea près de dix années<br />

d'eflorts, entre 1683 et 1693. Avant de faire le récit des<br />

quatre grandes campagnes qui en marquèrent les étapes,<br />

il nons semble utile d'abord d'étudier rapidement les<br />

moyens et les méthodes utilisés par Moulay Isma'il.<br />

L'organisation de l'armée dynastique fut sa première<br />

préoccupation. Déjà son prédécesseur avait remis sur pied<br />

le guich arabo·zénète des Cll!'aga, et l'avait installé au<br />

nord de Fes ; Moulay Isma'il forma de même celui des<br />

Oudaya avec des gens <strong>du</strong> Sous qui avaient autrefois servi<br />

les Sa'adiens et avec des fractions Ma'qil <strong>du</strong> Sahaea occidental.<br />

Les Khlot 1 furent en Olltee désignés comme tribu<br />

makhzcn.<br />

Ces contingents forrnèt'ent seulement les troupes de<br />

seconde ligne: mieux que tout autre sultan, en effet,<br />

Moulay Isma'il paraît avait' compris son rôle « en mar'ge<br />

des tribus)); aussi s'efforça-t-il de créer une armée de<br />

la dynastie 'alawite. Ce qui paraît certain, c'est qu'elle se fit par scission<br />

de celle des Ait'AHa, sous l'égide des ancètres <strong>du</strong> sultan actuel, mais<br />

ceux-ci pouvaient n'èlre encore que les « charra de Sijilmasa» et les<br />

protecteurs spirituels de la cité.<br />

Les Ait Yalelman comprennent actuellement:<br />

les Ait MOl'ghad;<br />

les Ait l;Iadiddou ;<br />

les Ait lzdeg' ;<br />

les Ait'Aisa ;<br />

les Ait Yal).ya ;<br />

les Ait 'Ayyach ;<br />

les Ait Wafella ;<br />

les Arabes Sebbah ;<br />

les Arabes Ouled Khawa de la Moulouya;<br />

les sédentaires de deux districts <strong>du</strong> Tafilelt.<br />

On leur rattache parfois aussi les Ait Seghrouchen, les Gerwan et les<br />

Ait Imour.<br />

1. Les Khlot, Arabes Jochem amenés au <strong>Maroc</strong> par un sultan, furent<br />

installés dans le Gharb vers 1308.


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 2;;<br />

métier solide et indépendante de ses alliances, liée à la<br />

dynastie par un lien plus fort que celui <strong>du</strong> sang, par le<br />

lien de l'esclavage. Ce fut là la base de l'institution de<br />

l'armée nègl'e des 'AbiLi el Baie/tari. Leur recrutement et<br />

celui de leurs femmes, menés de pail', furent d'abord<br />

effectués dans tout l'empire soit parmi les anciens esclaves<br />

des Sa'adiens, soit en tribu pal' voie d'achat ou de réquisition;<br />

plus tard, à partir de 1688, ils furent entretenus<br />

uniquement par les enfants des premiers 'Abid qui reçurent<br />

à cet effet une é<strong>du</strong>cation et une instruction spéciales:<br />

à partir de l'âge de 10 ans, les gal'çons devenaient la propriété<br />

<strong>du</strong> sultan etétaient fOl'més d'abol'd comme ouvl'iers,<br />

pu-is il partir de 14 ans comme enfants de troupe. A 16 ans,<br />

ayant appris à uliliser leUl'sarmes, à con<strong>du</strong>ire des mulets,<br />

à monter à cheval et à manœUVl'er, ils étaient mariés à des<br />

nég['esses qui avaient été instruites dans les palais <strong>du</strong><br />

souverain; on les inscrivait alors sur les registl'es de<br />

l'armée et ils faisaient partie des combattants 1.<br />

A la fin <strong>du</strong> règne, le corps des 'Abid comptait 150.000<br />

hommes, dont la moitié environ formait une sorte de<br />

réserve générale casernée il El _Ml.lalla, au sud-est de<br />

Salé '2; c'était là que les jeunes recrues allaient rejoindre<br />

leur unité. Le reste était réparti par détachements d'au<br />

moins 100 hommes - soit seuls, soit doublant des fractions<br />

gUic/l - dans les différentes capitales et aux chefslieux<br />

de province 3 et dans les soixante-seize qa!;lbas (ou<br />

postes militaires), établies dans tout l'empit·e. Celles-ci<br />

1. Es SLAWI, IDe. cil., pp. 54-56, 66-09, ii-7S, \Ji-9G, 120-121, 261 el sq.<br />

ZAYYANI, foc. cil., pp. 29-31.<br />

2. Celle qa~/)a étail située en bor<strong>du</strong>re de la forèt, sur les bords de<br />

l'oued Tifell, à 11 km. au sud de Mechra el' Remla, gué <strong>du</strong> Bou Regreg.<br />

Abandonnée en 1746 par les 'Abid, elle fut alors pillée par la lribu des<br />

Beni Absen <strong>du</strong> Gharb. Cf. SECTION SOCIOLOGIQUE rE LA DJIŒCTION DES<br />

AFFAIIlES I~DIGÈNES, Villes el Trib'lS <strong>du</strong> 1IIaroc: Rabal el sa région, Ill,<br />

pp. 210-261, ZA.YYA.~I, foc. cil., p. no; Es SLAWI, IDe. cil., IX, p. 263.<br />

3. Par exemple à Tétouan, à Mehcdya ('Abid<strong>du</strong> Sous), à Rabat, à<br />

Meknes (guich des Oudaya) el aux environs, à Oujeh 'Arous (2.500 'Abid


26 ARCHlVES MAROCAINES<br />

défendaient les frontières 1et gardaient les grandes voies de<br />

communicatioll, servant alors parfois de caravansérails 2;<br />

ou bien elles encerclaient le pays insoumis de plus en<br />

qui constituaient, semble-t-il, la réserve <strong>du</strong> « front ~anhaja » et qui fournirent<br />

les garnisons de ce front au fur et à mesure de la construction<br />

des postes qui le jalonnaient) et à Jdida (100 cavaliers 'Abid), à Fes, à la<br />

qa~ba actuelle des Cherarda ou qa~ba <strong>du</strong> Khrmis (500 cavaliers des<br />

gllich Chraga) et aux environs, à Taza (2.500 'Abid), à Oujda (1.000 cavaliers<br />

arabes ZiranIl, à la qa~ba de Tadla (1.0CO cavaliers;, à Marrakech,<br />

à Taroudant (3.000 homm,·s), au Tnnata sur le haut Dra' (probablement<br />

au q~ar des Beni Zouli, où se trouvait le gouverneur de celte province<br />

avec 1.000 'Abid), au Tizimi, au nord <strong>du</strong> Tafilelt, résidence également<br />

d'un représentant <strong>du</strong> sultan, et à Figuig.<br />

Les effectifs des garnisons, donnés ici et dans les notes suivantes, surtout<br />

d'après ZAYYANI et Je Ki/ab cl ls/iq~a, correspondent vraisemblablement<br />

à des effectifs maximum, affectés à cbaque qa~ba au moment de sa<br />

création ou aux époques de crise.<br />

1. C'était le groupe des qa~bas <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> orienlaJ, parmi lesquelles on<br />

peut citer: Reggada (500 cavaliers des.Arabls Zirara) à 10 hm, à l'est de<br />

Berkan (nord-ouest d'Oujd


LE SUVfAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEHBÈHES ~ANHAJA 21<br />

plus étl'Oitement, en suivant les proglès de la pacification<br />

1. Los tribus qui avoisinaient ces postes étaient génél'alement<br />

tenues d'y apporter en nature le pro<strong>du</strong>it de<br />

leurs impôts pour l'entretien de la garnison et la nourriture<br />

des chevaux. Elles étaient ren<strong>du</strong>es responsables de la<br />

cavaliers' Abid de Cllawiya; les Ait (sbaq 'lui habitent aujourd'hui les<br />

environ,;; de la qa~ba de Dila passent tantôt pour les descendants de ce,;;<br />

'Abid, tantôt pour ceux d'une t"ibu guich dIlaite), qa~ba de Tadla<br />

(1.000 cavaliers), peut-être Zidany8, au sud-est de Tadla.<br />

d) Pisle de Melmes à Fes : Mehdouma, à 2,) km. environ de Meknes<br />

(100 cavaliers 'Abid).<br />

e) Piste de Marraliech à Taroudant, où Moulay Isma'il parait al'oir utilisé<br />

presque uniquement les anciennes qa~bas sa'adiennes : Frouga, près<br />

<strong>du</strong> Souq el Had de Gemassa. à l'uuest de l'oued Nlïs, Qahera, construile<br />

en 13,,3 par le ,mérinide Abou Einan au déhouché en plaine de l'oued<br />

Chicllawa, lmi n Tanout à l'entrée de la piste en montagne (2.500 cavaliers<br />

'Abid), Ben iTakmous, au sud <strong>du</strong> Tizi Ma 'clJOu, Ame.kroud à l'entrée<br />

<strong>du</strong> Suus.<br />

f) Pisle de Fes au Tafilelt: Cette pisle qui fut un peu délaissée,<br />

semble-t-il. à cette époque au moins par les expéditions militaires, et<br />

qui passait par Sefrou, Annoser, le col de Resifa et Enjil, ne parait pill:!<br />

avoir été jalonnée de qa~bas : on sait que les Ait Yousi l'ment probablement<br />

amenés <strong>du</strong> Tafillet dan~ cette région par Moulay Isma'il l:our la<br />

garder (Cf. REIssEn et B,~CIIELOT, Notice sur le cercle de Sefrou, in Bull. de<br />

la Soc. de Géog. <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, févriel' 1918, p. 38). Elle était d'ailleurs protégée<br />

de part et d'autre par certaines des qa~bas que nous avons nommées<br />

et pal' celles d"Alil à 12 km. au nord-est de Timhadit (;00 cavaliers),<br />

<strong>du</strong> Gigou (probablement Almis), de Slwura (près <strong>du</strong> poste actuel de ce<br />

nom, 400 cavillierE'1 et <strong>du</strong> Tichoukt (400 cavaliers).<br />

g) Piste de MalTa/œch au Tafilelt: Un passa!!e <strong>du</strong> Rilab el Isliq$a<br />

(1. X, p. 45), permet de croire qu'une partie au moins :de cette piste était<br />

protégée pal' de,;; posles. Il taut salls doulé compter parmi ceux-ci le<br />

q~al' de i\leggaman de l'oasis <strong>du</strong> Gheris, qui passe pour avoir eu une<br />

garnison makhzen et où se trouveraient encore deux canons.<br />

Parmi les qa~bas <strong>du</strong> XVII" siècle, on pelIt citer encor" Bou La'wan,<br />

dans la basse vallée de l'Oum cr Rbi', Settat, au sud de Casablanca,<br />

que le sultan avait fait construire pour pel'mettre le repos de son harem<br />

lors de ses voyages à Marrakech, et jleut-être aussi Temara, à 12 km.<br />

de BabaL<br />

1. Front des montagnes de Taza: cf. no~e précédente sur les qa~bas<br />

protégeant la piste de Fes au Tafilelt.<br />

Front des Beni Snassen (région d'Oujda): cf. p. 25, n. 3.<br />

Front <strong>du</strong> Tadla el de la haute Moulouya: outre les qa~bas précédemment<br />

nommées, les chroniques et les traditions indigènes permetlent de<br />

cîler HlJat, Dai et Foum Houdi, au sud-ouest de Beni Mellal, Beni Mellal<br />

même, dite aussi qa~ba d'Ibn el Kouch (500 cavaliers), 'Wawizeght, Fichtala,<br />

au sud <strong>du</strong> poste actuel de Taghzirt, peut-être Zawwiya ech Chikh<br />

à une trentaine de kilomètres à l'est de Tadla. Tinteghalin, entre le poste


28 ARCHIVES MAROCAINES<br />

sécurité des pistes sous le contrôle des commandants de<br />

poste, qui prenaient des sanctions contre elles en cas de<br />

faute.<br />

Les qa$bas construites en bor<strong>du</strong>re de la montagne dominaient<br />

les centres économiques et assuraient le blocus<br />

dos fractions récalcitl'antes en leur interdisant de cultiver<br />

en plaine et d'y faire paître leurs troupeaux et en arrêtant<br />

tout ravitaillement de l'extérieur. Leurs garnisons harcelaient<br />

constamment les habitants jusqu'à ce qu'ils vinssent<br />

à composition, soit d'eux-mêmes, soit à la suite d'une<br />

colonne expéditionnaire, à laquelle une partie de l'armée<br />

prenait part. Au moment de leur soumission, ils devaient<br />

livrer leu,'s armes et leurs chevaux. Le Kitab el/stiq$a<br />

affirme qu'en 1693, « le sultan n'avait laissé à aucune<br />

tribu <strong>du</strong> Maglweb ni chevaux ni al'mes. Seuls en possédaient<br />

Les 'Abl:d, les Oudaya, les Ait Imour 1 et les Rifains<br />

qui faisaient la guerre sainte à Ceuta 2 ». Parfois on dispensait<br />

d'impôts les nouveaux soumis et on leur confiait<br />

les troupeaux <strong>du</strong> sultan qu'ils devaient faire paître et soigner<br />

et dont ils devaient fournir périodiquement les pro<strong>du</strong>its;<br />

c'était un moyen cL conservel' le contact avec<br />

eux 3 •<br />

Cette politique à la fois énergique et prudente fut complétée,<br />

aux dires <strong>du</strong> ms. de Si Brahim Na:;;iri, par la couverture<br />

<strong>du</strong> pays soumis à l'aide de tribus amenées <strong>du</strong> sud<br />

actuel des Ait Is1.laq et celui de Qebbab, Q~ar Beni M~ir, probablement<br />

vers Aghhalou n ::ieghdan en baute Moulouya (400 cavaliers) et Midelt ou<br />

Oulat Ait Izdeg (400 cavaliers).<br />

Il est possible que les mal'abouts de Dila aient fait conslruire eux<br />

aussi des qa~bas pour la protection de leur territoire (cf. EL QADIRI,<br />

loc. cit., pp. 53-54).<br />

1. Tribu Sanhaja devenue tribu guich sous Moulay Isma'il. Cf. ms. de<br />

Si Br!lhim Nasiri.<br />

2. On sait ies critiques respectueuses formulées à ce sujet par les<br />

Oulema, en particulier par le Chikh el Yousi (Es SLAWI, loc. cil., IX,<br />

pp. 109-119). M. ;l'lrcHAUX-BELLAIRE (loc. cil., pp. 3031) met en doute les<br />

dh-es de J'auteur de l'Isliq,9a et pense qu'à la suite des observations <strong>du</strong><br />

Cbikh elYousi, ledésarmement<strong>du</strong> Maghreb ne fut pas entièrement rèalisé.<br />

3. Es S'"A WI. loc. cit., p. 88.


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 29<br />

en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> lVIOY011 Atlas 1. On sait que de tout temps<br />

les sultans ont déplacé les tribus turbulentes d'un bout à<br />

l'autre de l'Empire pour éviter la contagion de leurs ré·<br />

voltes périodiques, et Moulay Isma'il paraît avoir largement<br />

usé de cette méthode de comrnandenlent. J\Iais il<br />

semble qu'il l'ait applif{uée ici d'une façon tout à fait nouvelle:<br />

allant au-devant des migrations périodiques des<br />

Sahariens sur le versant nord, il les disciplina pour les<br />

utiliser à ses fins; c'est en pays insoumis que, directement<br />

ou par l'intermédiaire d'un marabout gagné à .sa<br />

cause, il alla chercher des nouveaux alliés. De là il les<br />

répartit en long cordon au voisinage de Sf'S avant-postes<br />

depuis le sud-ouest de Beni·Mellal jusqu'à la haute Ma·<br />

louya et, après les avoir dispensés de tout impôt, il les<br />

chargea de doubler le rôle défensif de ses garnisons. Ce<br />

fait, qui n'est cité par aucun autre texte, ne parait pas<br />

niable: les fractions nommées sont encore aujourd'hui<br />

toutes eù place et plusieurs d'entre elles ont conservé le<br />

souvenir de cette migration.<br />

Ayant ainsi assuré pleinement la sécul'ité de l'Empire,<br />

ayant forgé son instrument de conquête, ayant prépal'é la<br />

ré<strong>du</strong>ction des derniers ~anhaja indépendants pal' le blocus<br />

méthodique de leurs montagnes, Moulay Isma'il put envisager<br />

contre eux des opérations décisives. Son programme<br />

d'action, il faut le remarquer, fut à peu près celui que devait<br />

adopter deux cents ans plus tard le Maréchal Lyautey.<br />

Après la campagne <strong>du</strong> Caïd hen Yal).ya sur la haute<br />

Moulouya et sur l'oued el 'Abid en 1680 2 , campagne sur<br />

laquelle nous avons peu de renseignements, le sultan, à la<br />

suite des brigandages effectués pal' les ~anhaja Ait<br />

Idrasen :J dans la plaine <strong>du</strong> Sais, entre Mcknes et Fes,<br />

1. Les dires <strong>du</strong> ms. de Si Brahim Na~iri sont à l'approche!' des traditions<br />

des Ait Yousi citées plus haut (p. 27, note 2, § f).<br />

2. MOUETTE, loc. cil., p. 140.<br />

3. Les Ait IUl'asen sont cités au XII' siècle pal' le Kitab el Ansab (in<br />

E. LEYl-PROYE:WH, Documents inédits d'histoire almohade, p. 68), parmi les


30 ARCHIVES MAROCAINES<br />

pénétra dans le :\Ioyen Atlas OI'iental par Azrou et gagna<br />

à la fin de l'été 1683 la haute Moulouya. Séparant en deux<br />

le bloc des montagnards insoumis, il s'ouvrit ainsi la<br />

piste de Meknps au Tafilelt. Les Berbères s'enfuirent dans<br />

le Haut Atlas, ail voisinage <strong>du</strong> JIJel 'Ayyachi, suivis par le<br />

sultan qui se contenta de derneul'er en Moulouya jusqu'à<br />

l'achèvement des deux postes d"Ain Leuh et d'Anou, où il<br />

laissa 1.500 cavaliers. Harcelés pal' ceux-ci, les Ait Idrasel1<br />

ne tardèrent pas à offrir leur soumission et livrèrent<br />

leurs armes et leurs chevaux 1. Cette expédition fut complétée<br />

par celle de 1684-1685 au cours de laquelle Moulay<br />

Isma'il étendit son action vers le nord-est. Là encore les<br />

Berbères gagnèrent en partie le Haut Atlas et en partie<br />

Jes hautes vallées <strong>du</strong> pays actuel des Ait vVarain au sud<br />

de Taza. Deux groupes de postes furent édtfiés en face<br />

de ces montagnes: le premier comp,'enant ceux d"Alil, <strong>du</strong><br />

Gigou, de Skoura, de Tichoukt, l'autre ceux de Q~abi, de<br />

Midelt, de Q~ar Beni Mtir, de Tamayoust et de DarTma'·<br />

Chacun de ces postes reçut une garnison de 400 cavaliers<br />

et l'action des 'Abùl ohtint de part et d'autre les mêmes<br />

résultats que chez les Ait Idrasen 2.<br />

~anha.ia <strong>du</strong> midi et dpvaient habiter alors sur le versant sud de l'Atlils<br />

dans la région <strong>du</strong> Gherk A l'époque de MouIllY Isma'il, ils occupaient<br />

la partie <strong>du</strong> Moypn Alins comprise entre la haute Moulouya et les envil'ons<br />

de Serrou. Ils englobaient, croit-on (AnEs, Recherches historiques<br />

sur les Berbères de la région de ,Veknès. Les Ail Idr'asen, notes inédiles):<br />

léS Ait Sadden, les Ait \Vafella, les Ait \Vallal, les Ait Imour, les<br />

M"jjat, les Ait 'Ayyach, les Imelwan, les ,Ait 1\\111' et peul-étre les Ait<br />

Yousi et les Ait SeglJrouch(n~ Toutes ces tl'ibus se disper~èrent ou se<br />

rlülaehèl'enl ù d'aulres confédérations Ù la suite des défaites que leur<br />

intligèrent les 5anlwja Ait Oumalou et Genvan, sous le règne de<br />

Moulay Sliman (t 792.1


LE SULTAN MOULAY IS.\1A'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 31<br />

En 16871688, utilisant la haine traditionnolle des tribus<br />

nouvellement soumises contre celles <strong>du</strong> Moyen Atlas<br />

occidental, il élargit ses gains vel'S cette partie de la<br />

chaîne et se porta directement cette fois sur le gros bloc<br />

~anhaja : Jes Zemmoul' et les Beni ijakem 1, qui se trouvaient<br />

alol'is au sud et au sud-est de Jeur emplacement<br />

actuel, puis le sultan entreprit la construction ou la<br />

reconstl'uction des qa~bas d'Adekhsan, de Ment, de Dila,<br />

de Tadla et de Deni Mellal et les garnit d"Abid à qui<br />

il confia le soin d'assurer le blocus des ~anhaja Ait Oumalou<br />

".<br />

Enfin en 1692-1693, ces mesures étant demeurées sans<br />

effet, il Cl1tL'eprit la conquête <strong>du</strong> Moyen et <strong>du</strong> Haut Atlas.<br />

Les ~anhaja qui peuplaient ces chaines comprenaient, sur<br />

le versant nord, les Ait Oumalou et spécialement Jes Ait<br />

Seri:J qui, d2scendant cles hautes vallées, venaient de s'em-<br />

L Le" Z~mmour vivent aujourd'hui enlre Meknes et Rabat. Les Beni<br />

l;Iakem font maintenant partie des Zemmour.<br />

2. Es SLAWI, loc. cit., p. !l3.<br />

ZAYBNI, loc. cil., pp. 41-42.<br />

Un entend par Ait Oumalou, ou « gens de \'omhl'e», tout un groupe de<br />

tribu" :;>anhaja (Amalou, leur ancètre éponyme, serait un descend,mt de<br />

~anha.i, d'après ZHU:"'), 'lui habitent le Moyen Atlas et les plateaux qui<br />

séparent cette chaîne de la plaine <strong>du</strong> Sais: les Zayyan, les Ait Isl.laq,<br />

!l's Ichqern, les Ait Il;and, les Ait Seri et les Ait Sokhman. Ils sont<br />

déJà placés au XIl' siècle aux environs de Deni MeJlal par' EDRISI (Géographie,<br />

tr. JAUB>:ltT, l, p. 221). Nous avons dit qu'ils s'opposai,~nt traditionnel1emenl<br />

aux Ait Idrasen. -<br />

:J. Les Ait Seri ou ls:'i comprennent qualre tribus: les Ait Oum cl<br />

Bekht, les Ait \Virl'ah. les Ait ]\ifoi)and et les Ait 'Abdellouli, qui<br />

hnbilent le Moyen Allas et la p,lI'tie méridIOnale de la plaine de Tadla,<br />

sensiblement entl'e l'Oum el' Hbi' et l'oued el 'Abid el entre le cours <strong>du</strong><br />

\Vaoudrent et celui de l'Asif \Vaoumana.<br />

Ce sont des $anlnja eux aussi; d'après les tl'aditions de la montagne<br />

(Cf. Cdt TAI\RIT, les AitSeri, inédit), ils cornpl'enaient seulement il l'origine<br />

1es Ait' Abdellouli, qui émigrt'rent des environs <strong>du</strong> Tafilelt, où ils habitaient,<br />

jusque dans l'Asif \Vanergi, sous-afl1ucnt de l'oued el 'Abid. De<br />

là, ils poussèrent vers le XVIJ' siède ell dire'clion <strong>du</strong> nord, Le guich Ait<br />

Irnoul' les arrèta d'abord. puiR, s'étant révolté contre le sultan, il leur<br />

li\'I'a le pa"isage et gagna Iii plaÏle de Tadla. tandis que les Ait Seri<br />

repoussaient les Ait l\;(~il' et les Gerwan qui s'enfuirent en dil'eetion de<br />

l\Ieknes. Au cours de ceUe migration, les Ait Sel'Î s'adjoignirent les Ait


;,32 ARCHIVES MAROCAINES<br />

parer <strong>du</strong> dir 1,. sur le versant sud, ils formaient la confédération<br />

des Ait Yafelman 2. C'était en quelque sorte le<br />

ré<strong>du</strong>it de l'indépendance berbère; on conçoit dès lors que<br />

Moulay Isma'il et ses histol'iens apeès lui aient voulu<br />

donner à cet assaut une SOl'te de solennité. Comme s'il<br />

ne devait pas revenie de l'expédition, le sultan répartit le<br />

commandement des pr'ovinces entre ses enfants, confiant<br />

Meknes, la capitale, au plus brave d'entee eux. Puis toutes<br />

les tribus qui devaient prendre part à l'expédition furent<br />

convoqu~es et l'artilleeic, « canons, mortiers, balistes<br />

et autees machines de siège )), fut envoyée en avant,<br />

trainée par des esclaves chrétiens, jusqu'en haute Moulouya,<br />

à Qi?ar Beni Mtir, par la route d"Alil L'armée en<br />

grande partie rassemblée il Adekhsan fut répartie en troi;,;<br />

corps: le pacha Mi?ahel avec 25.000 fantassins reçut la<br />

mission de marcher de Tadla sur l'oued el 'Allid, probablement<br />

par Wawizeght, afin de tournee les Ait Seri; le<br />

caId 'Ali ou Barka avec les Ait Imour et. le reste des Ait.<br />

Idrasen soumis dix ans auparavant devait occuper Tint.eghalin<br />

:j à la charnière <strong>du</strong> front, enfin 'Ali ou Ichcho<br />

Aqebli, caId des Zemiliour et des Beni Uakem, alla con·<br />

centeer ses tribus à 'Ain Chwa' 4 SUI' 1:1 haute Moulouya;<br />

Mol}and, détachés des Ait MI}ammed <strong>du</strong> sud d'Azila\' et les Geltaya,<br />

fraclion des Geltiwa <strong>du</strong> Sous (au sud de Taraudant), venue dans l'Atlas<br />

central par la région de Demnaf, où elle laissa une colonie (chez les<br />

Oultana). Plus tard les Gettaya abandonnèrent la conférlération en<br />

s'inslaliant près de l'Oum el' Hui" où ils sont encol'e; ils rUl'ent remplacés<br />

chez les Ait Seri par les Ait Wirrah, vraisemblaldement d'origine<br />

Ait Sokhman, et les Ait Oum el Bekht, (['origines diverses. A ulle époque<br />

inconnue, un groupe Ait Seri s'étendit vers l'ouest el. contribua il fOI'­<br />

mer dans la région d'Azilal les Iribus des Ail 'Abbes, des Ait Mazigil,<br />

des Ait Ougoudid, des Ait Bouzid et des Ait 'Allah.<br />

1. C'est·il-dire des dernières Crèles avant la plaine.<br />

2, Cr. p. 23, note 2 et p. 2~, note.<br />

3. Près de l'emplacemeNt actuel <strong>du</strong> poste <strong>du</strong> méme nom, entre les Ait<br />

Isl)aq et Qebbab.<br />

4. Le nom de cette source doit être il l'approcher ùe celui de Talat<br />

Ouchwa'ou, un des ruisseaux qui forment ['Agersif, allluent de !{auche<br />

de la Moulouya, au nord <strong>du</strong> posit) actuel de Bou Miya.


If H LO T<br />

tJE..N 1<br />

A 1;15 E. N<br />

ZAER<br />

G~p.'If/~N<br />

M~~~e~<br />

f,ftJJA1'<br />

IMOUR ,AIT<br />

N,?IR<br />

Fos<br />


LE SULTAN i\IOUL\Y ISMA'IL ET LES BJ, vivaient. autrefois<br />

dans le Joel Saghro; il est cel'!.aill en tout cas qu'ils ét.aient sur le Ziz<br />

en IG,) (Cf. ZAYYA"II et Es SLA WI, lac. cil.); un q~ar y porte encore leur<br />

nom d'ailleurs (Ol-STny, Noies sur le haut Ziz, in Bull. de la Soc de Géog.<br />

el d·Archéol. d'Oran, 1!J10, p. 70). Vers l,;)ii, ils étaient encore dans le ~ud,<br />

puisqu'il.; p"irent part à une expédition saharienne, qui les entraina<br />

jusqu'au Touat (A.-G.-P. MARTIN, Quaire siècles d'histoire marocaine,<br />

p. !JI). C est quelques années plus tard, sans doute, quïls émigrèrent<br />

dans le Moyen At.las, dans la haute vallée <strong>du</strong> Gigou el dans Je Tigrigra,<br />

où ils s'lnl~()I'i'orèrent vraisemhlélblemenl des fraclions Ichqern (Ait<br />

Ll)a"en) et AIl. Mgild (Ail 'Aisa l;Iaddi) et où ils Jais,èrent plus tard une<br />

colonie (les Igelw11I1 des Ait Yousi); là leurs vict.oires sur les trihus<br />

voisines, "n particulier sur les Ait Idrasen, en firent, sous le règne de<br />

Sidi Mol.tammed ben 'Abdallah, la « Iribu berbère la plus puissante en<br />

cavaliers et en fantassins» (Es SLA""I, lac. cil., IX, p. 365), enfin vers<br />

180;) ils s'emparèrent des tenes de leurs ennemis Ait Idrasen aux environ.,<br />

de Melwes et s'y installèrent définitivement.<br />

Dans lellr migl'at.i'Jn vers le Nord, ils semblent avoir entraîné 3vec eux<br />

une l't'3ction de la tribu des Ail Wallal (Ait'Ana). On trouve la trace de<br />

AneH. j\n.RO·~. XY!II.


34 AUCHIVES MAROCAINES<br />

coupables d'actes de brigandage dans la vallée <strong>du</strong> Ziz, sur<br />

la piste <strong>du</strong> Tafilelt, et qui eux aussi fournirent 10.000<br />

tètes aux remparts des capiLtles 1. Les vaincus ayant été<br />

désarmés, 'Ali ou Barka fut installé définitivement à Tinteghalin<br />

avec ses frères les Ait hnour, qui reçurent<br />

'1.000 chevaux et 1.000 fusils pour maintenir les monta·<br />

gnal'ds sous le joug. Le commandement de l'Atlas fut<br />

organisé par tribu et 'Ali ben lchcho en devint le chef<br />

suprême. « Cette expédition, dit Zayyani 2 , fut la dernière<br />

de celles entl'eprises par Moulay Isma'il. Ce prince avait<br />

consacl'é vingt- quatre années de son règne à pacifier le<br />

Maghreb et à combattre les populations insoumises ou<br />

révoltées contre son autorité. DUl'ant ce long espace de<br />

temps, il n'avait pas passé sans interruption une année<br />

entière dans son palais. »<br />

Il mourut en 1727 et ces résultats ne lui survécul'ent<br />

pas. Trop de forces longtemps contenues avaient été libérées<br />

sans doute, des forces trop profondes surtout, qui<br />

allaient bien au delà de l'instinct de pillage ou de la soif<br />

de conqnête: toutes les tribns Berbères ~anhaja, enfin<br />

délivrées de la domination arabe, se remirent en marche<br />

alors, unies par un passé qui renaissait inconsciemment<br />

en elles 3. Dès la disparition <strong>du</strong> grand sultan, elles<br />

achetèrent des armes et des chevaux et assiégèrent les<br />

qaf?bas", puis elles reprirent leurs migrations. Désormais,<br />

celte dernière dans le Ziz et dans le Tigrigra et ils forment aujourd'hui,<br />

près des Gerwan. une fraction des Ait N(~ir (Cf. ABES, ftfonographie d'une<br />

tribu berbère: les Ail Ndhir, in Archives Berbères, 1917).1<br />

1. ZA YYA~I, lac. cil., p. 45.<br />

Es SLAIII, loc. cil., p. 119.<br />

2. LOr? cil., p. 46.<br />

3. A la nn <strong>du</strong> XIX' siècle, Es SL,un (loc. cil., p. :370) ira jusqu'à parler<br />

de « patriotisme berbère ». Cf. MICHAUX-BELLAIRE, l'Organisme marocain,<br />

in Rev. <strong>du</strong> Monde musulman, IX, p. 38, n. 1.<br />

4. Es SUAwr, lac. cil., IX, p. 262. C'est à peu près l'époque où ABOU RAS<br />

(Voyages extraordinaires .el nouvelles agréables, tr. ARlUUD, in Rev. Al'r.,<br />

1879, p. 543) écrit d'eux: « Leurs plus puissantes tribus dans le Maghreb<br />

habitent les montagnes qui dominent Tadla. ))


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES $ANHAJA 35<br />

les expéditions des 'Alawites auront des échecs chaque<br />

fois qu'elles pénétreront dans leurs montagnes 1.<br />

Dans l'anarchie qui maintenant règne en maîtresse dans<br />

tout le <strong>Maroc</strong>, les ~anhaja deviennent avec les 'Abid et<br />

contre eux les arbitres des destinées de l'Empire, faisant<br />

et défaisant à leur guise les souverains. Finalement,<br />

après le règne autoritaire de Sidi Mol:wmmed ben 'Abdallah,<br />

leur mouvement « contre quiconque parlait arabe au<br />

::\Iaghreb Z» se synthétise en la personne J'un nouve


36 ARCHIVES MAROCAINES<br />

débarquement au <strong>Maroc</strong> sous le règne de ses successeurs,<br />

ils étaient à nouveau aux porles de Hahat, de Meknes et de<br />

Fes; et ce sont eux qui constituent actuellement encore<br />

la majorité des insoumis.


THADUCTIO~ DU TEXTE DE SI BHAHU! NA:;;IRI 1.<br />

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Que<br />

Dieu bénisse notre seigneur :Ylol.wmmed ainsi que tous<br />

les pl'ophètes et envoyés.<br />

Copie, par la force de I)ieu, sa puissance et l'excellence<br />

de son secours, de l'arbre généalogique <strong>du</strong> saint chérif ­<br />

puisse cet arbre être élevé par la puissance <strong>du</strong> médiateur 1<br />

- nommé Sidi bou Ya'qoub, chél'if de la descendance de<br />

Moulay Idris 2.<br />

Sieli bou Ya'qoub, au début d8 sa vie, élait parti de<br />

chez son père pour aller à Tunis dans le but d'y faire ses<br />

études. Il avait excellé dans sa science et dans ses travaux<br />

si bien ([u'il y aC(iuit un rang élevé. Puis son Chikh<br />

le congédia en lui donnant une chamelle, et lui dit:<br />

« Monte-la jusqu'à une localité appelée Asoul 3, et tu .Y<br />

demeureras. » Alors 10 chér'if partit de Tunis avec le bien<br />

et la satisfaction. Le Chikh lui avait dit: « Quand elle<br />

arrivera à Asoulla chamelle s'arrêtera. » Lorsqu'il arriva<br />

à Asoul entre le territoire actuel des Ait 'Adidou 4 et<br />

celui des Ait ~Iorghad il, los Ait Imour 6 demeuraient dans<br />

le sud'. Sidi bou Ya'qoub leur demanda de lui vendre un<br />

1. Le lexte de Si B,'ahirn est éCrit en arabe presque vulgaire, la langue<br />

en est incorrecte. les mots souvent mal écrits ou tout au moins d'une<br />

orthographe fantaisiste. Il en est résulté des obscurités qui nous ont<br />

obligé à rechercher les interprétations les plus probables avec des<br />

lettrés <strong>du</strong> pays. Nous remercions ici M. Gros, de la Section historique<br />

<strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, d'avoir bien voulu revoir la tra<strong>du</strong>ction que nous avions effectuée<br />

avec eux.<br />

Les notes qui suivent sont reportées en appendice (pp<br />

43 5'1')'


38 ARCHIVES MAROCAINES<br />

terrain [où construire] une Zawwiya. Ils le traItel'cnt<br />

avec la dernière insolence, ne lui permettant pas d'habiter<br />

avec eux. L'un d'eux prit la parole et lui dit: « Il<br />

faut que tu sèmes la pat'celle où tu veux demeurer avec<br />

de l'or et de l'argent)J. - « Soit », répondit-il. Il alla à la<br />

rivière où il prit <strong>du</strong> sable et des petits cailloux et il dit:<br />

« Au nom de Dieu. » Alol's ce sable et ces petits cailloux<br />

devinrent de l'argent et il leur en ensêmença une grande<br />

éten<strong>du</strong>e de terre. Ils se pillèrent réciproq uement; finalement<br />

ils furent désaltérés [de leur soif de richesse] et ils<br />

remplirent leur magasin 8; le chérif limita le terrain qu'il<br />

avait acheté. Mais lorsque chacun d'eux rentra citez lui, il<br />

trouva l'argent qu'il avait ramassé [transformé en] vipères<br />

et en scorpions. Alors [les Ait Imour] s'écartèrent de ce<br />

lieu pour aller dans la région de Tounfit il, chez les Ait<br />

Sokhman 10, chez les Ichqern 11 et chez les; Ait Il.land 12.<br />

Or le caid 'Ali ou Barka 1:) avait été désigné par :Moulay<br />

Isma'il ben 'Ali pour commander à Tounfit H et être son<br />

khalifat à Aghbab 15. 'Ali ou Barka cultivait chez 11) les<br />

Ait \Vidir 17 et chez les Ait 'Amel' ou lchchou 18 et il<br />

transpurtait sa récolte en bottes jusqu'au Tizi n'Ali 19; là<br />

il installait l'aire en raison <strong>du</strong> grand vent [qui y soufflait]<br />

20.<br />

Les gens de bien <strong>du</strong> sud 21 se réunirent et se rendirent<br />

chez Sidi bau Ya'qoub qu'ils trouvèrent occupé à faire le<br />

bien. Ils lui ordonnèrent de prendl'e le commandement<br />

<strong>du</strong> sud sur une éten<strong>du</strong>e de quarante jours de marche sur<br />

les quatre côtés; et il accepta 22.<br />

Lorsque les Ait Imour connurent le caid 'Ali ou Barka,<br />

[p. 2J ils lui enlevèrent les terres <strong>du</strong> makhzen [situées]<br />

entre [l'endroit où il se trouvait,] lui et [l'endroit où se<br />

trouvait] le sultan illustre et saint Moula)' Isma'il ben<br />

'Ali n. L'habitat des Ait Imour et des Ait 'Vaster 2~ fut<br />

alors de Tountit jusqu'à un lieu appelé Seghdan 2'" all<br />

pays des Ait 'Ayya~ 21).


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEHBÈRES :;;ANHAJA 39<br />

Quant à Moulay Isma'il ben 'Ali, il exerçait son commandement<br />

il la qa:;;ba de Tadla 27 et il avait fondé sept<br />

villes 28 : l'une d'elles à Dai 2\ près de la qUi;'ba de Beni<br />

Mellal 30, une à Fichtala 3l entre Foum et 'Anser 32 et les<br />

Ait 'Abdellouli 33, une autre ville, Foum Adou 3~ près des<br />

Oulad Mousa des Beni Mellal :3\ entre ceux-ci et les Ait<br />

'Atta 36, une autre ville, el Hbat 37, entre la tribu des Ait<br />

Bouzid 38 et celle des Ait 'AyyaQ..<br />

Puis les Ait Waster conpèrent à Moulay Isma'il ben<br />

'Ali la route de Marrakech, et les Ait Imour lui coupèrent<br />

celle de Fes 3'1. Et ils le malmenèrent fort. Alors Moulay<br />

Isma'il ben 'Ali se rendit en cachette chez Sidi bau<br />

Ya'qoub et arriva jusqu'à lui; il lui demanda des triblls<br />

pour lui porter secours. Sidi bou Ya'qoub ordonna aux<br />

tribus qu'il commandait de se réunir autour de lui, et il<br />

leur dit: « VOLIS donnerez chacune une fraction pour<br />

venir en aide à Moulay Isma' il ben 'Ali. » [Les gens des<br />

tribus répondirent] : « Donne-nous pour chefs tes descendants<br />

». Alors il ordonna à un de ses descendants de<br />

se fixer au pays des Mrabtiya 'Jo; [sa postérité] forme<br />

[aujolll'Cl'hui] le douar <strong>du</strong> caid lVIol).ammed Ouqebli en<br />

pays Zayyan 41; il ordonna à un [autre] de ses descendants<br />

de se fixer au pays des Ichqern : Isa postérité comprendJ<br />

ceux que l'on appelle les Ait hou Ya'qoub ~·2. Pal'lni ses<br />

descendants sont lencol'e] les Ait Daoud ou l\Iousa ~:3 et<br />

les Ait Qdada H qui habitent près'de la qai;'ba de Tadla,<br />

et, au pays des Ait \Virrah ~", le douar appelé Imhiwach 46,<br />

et ceux des Ait Wirrah que l'on appelle les Ouled Sidi<br />

~\Jol;tammed ben Yousef ~7. C'est tout, là se termine sa<br />

postérité.<br />

Ensuite il envoya [au secours de Moulay Isma'il] les<br />

Ait El' Reban ~8 au pays des Ait Yousi qg; et il envoya<br />

deux dounrs des Ait I{adiddou chez les Ait Oum el<br />

Bekht 50, près de la Zawwiya ech Chikh 51; parmi eux se<br />

trouvaient les Ait 'Abdennour, les Ait 'Abderrezaq 52 et


40 AHClflVES l\IAHOCAIN~;S<br />

une [l'action des lmdwan ;,J. Pal'mi les Arabes <strong>du</strong> Tafilelt<br />

">, il envoya les Ait'Amel' 55, les Ait 'Ali et les Ait<br />

l\Izalt ',6 et ils demeurèrent [désormais] près de Tadla ;)7;<br />

[ces derniers] sont des Ait Uadiddou; on les appelle Ait<br />

et Telt ;,8. Dans le sud ;," il choisit pal'lui les Ait Morghad :<br />

les Ait Yal.lya GO qui habitèrent Tounlit, les AiL .. GI et les<br />

Ait Oulghoum lil, gui sont dans le pays des Ait Bouzid,<br />

et les Ait Ml).aullned 63 (lui demeurèrent chez les Ait<br />

:Messat 1)',. Il envoya également une fraction des Ait :\101'­<br />

ghad et des Ait Uadiddou en pays Gerwan 65.<br />

[P. 3]. Parlui les Arab~'s <strong>du</strong> Sahara 1)6 il envoya les<br />

Ouled Mbad\. chez les Beni Mellal 67, et il envoya des<br />

descendants de Moulay 'Ali Cherif chez les Zwaer GS. Des<br />

Ait Rba', <strong>du</strong> sud <strong>du</strong> Tafilelt 69, il envoya les Oulad .\lollsa,<br />

les Oulad Bou Bekr et les Oulad Milark 70. Des "YIl.wmid<br />

de l'oued Dra' 71, il envoya les Gulad .\fral)., les Qulad<br />

Zahra n, les Qulad Mal).moud et les 'Asal'a ; et ils habitèrent<br />

au pays des Beni l\Iousa 73. Parmi les Ait 'AHa qui<br />

se trouvaient dans le sud 74 il envoya [chez les Ait '"\Ha n<br />

Oumalou] des Ait Ounil' 75, des Ait Tislit 71i, des Ait Boujegjou<br />

77, des Ait 'Alwan 78 et des Ait Khennouj 7 1 . [Du<br />

sud] il envoya aussi [chez] 80 les Ait 'Atta n Oumalou,<br />

les Ya'moumen 8\, les Ai t vVa'zig 82, les lhi tasin 8\ les Ait<br />

Ch'aib 84 et ils habitent encore aujourd'hui au pays des<br />

Ait 'Atta [n OUlllalou]. Et il envoya parmi les Ait Bouzid<br />

<strong>du</strong> Sahal'a 85 les Ait 'Ali ou Mohammed, de la descendance<br />

de Sidi 'Ali ou .\Iol:uuumed 86; et panni eux [encore] il<br />

envoya des Ait Il.lalwan <strong>du</strong> Sahara 87 [(lui allèl'ellt] partie<br />

chez lep, Ait Bouzid 88 et partie chez les Ntifa 89; on les<br />

appelle Ait Wirar ao. Et il envoya des Ait Chiker, de la<br />

descendance de Sidi Chiker al; quant aux Ait 'Alwi, aux<br />

lngert, et aux Irejan \2, ils quittèrent Anergi des Ait<br />

Sokhman 93.<br />

Chaque tribu a4 fut donc mise en ordre à sa place et<br />

tous acceptèrent la décision divine 9,); et ces tribus se


LE SULTAN MOULAY ISl\L"'IL ET LES BEIIBÈRES $Al'iHAJA M<br />

mirent d'accord pOUl' exécutee cu que leur ordonnet'ait le<br />

prince défunt U6 Moulay Isma'il ben 'Ali. l\Iais le sultan<br />

avait été trompé par les Ait Imour'et les Ait \Vasler qui<br />

avaient usuepé son tenitoire \17 et, par cette usurpation,<br />

l'habitat des Ait Imour et des Ait vVasler s'étendit de<br />

Tounfit jusqu'au pays des Ait 'Ayya


42 ARCHIVES MAROCAINES<br />

Les Ait Waster demeurèrent avec lui parce que Sidi<br />

'Ali ben Brahin avait demandé pOUl' eux à .\Ioulay Isma'il<br />

ben 'Ali que la tribu 115 des Ait VVaster demeurât [avec<br />

lui]. Par la suite le Sultan leur donna un khalifat en pays<br />

Ait 'Atlab, au lieu appelé 'Azi!> el Jdid, C'est là que gouventait<br />

le Pacha 11U.<br />

Quant aux tribus qlle Sidi hou Ya'qoub envoya de sa<br />

propre autorité à Moulay Isma'il hen 'Ali, il obtint de lui<br />

pour elles l'exemption totale d'impôts, sauf pour la<br />

tribu 117 des Ait Bouzid.<br />

Quant aux Ait 'AHa et aux Ait el' Robo'a, il leur fut<br />

imposé à cette époque et jusqu'à maintenant, d'être les<br />

soldats clu Makhzen !lS,<br />

Nous prions Dieu Je nous venir en aide et de con<strong>du</strong>ire<br />

le peuple dans le droit chemin et c'est tout ce que nous<br />

avons vu dans la copie de l'arbre généalogique de Sidi<br />

hou Ya'qoub dont nous avons pris connaissance dans le<br />

mois de Dieu Janviel' jour 30 de l'année 1928.<br />

Le serviteur de Dieu - qu'il soit exalté - Brahim ben<br />

Al.lmed Naf?iri habitant actuellement Aghbala. Que Dieu<br />

accorde le bonheu!' à lons par l'intercession de son propllète,


NOTES<br />

1. C'est-à·dire <strong>du</strong> Prophète.<br />

2. Sidi hou Ya'qoub est enterré près <strong>du</strong> villAge d'Asoul, sur le bord<br />

d'une rivière qui porte son nom et qui contribue il former l'oued Gheris<br />

avec l'oued t;idi ~Iobamrned ou Yousef (dit aussi Asif el' Hiban ou<br />

Taghya Ait Morghad. Cf. c.arte au 1/100.000, feuille Ghéns 2). Un mOUSSe/H,<br />

sorte de « foire religieuse )), se célèbre près de son tombeau, chaque<br />

année, il l'époque des moissons; il <strong>du</strong>re plusieurs jours et estfréquenté<br />

par toutes les tl'lbus <strong>du</strong> voisinage, Ait I;Iadiddou, Ait Mnrghad, Ait Izdeg<br />

et gens <strong>du</strong> Tafilell; il est présidé par les descendants <strong>du</strong> Saint. Ceux-ci,<br />

les chorfa dits de Sidl bau Ya'qoub, habitent Asoul et un autre village<br />

tout proche, Aoray. En "utl'e, dans la vallée de l'oued Sidi 1\l0J.wmmed<br />

ou Yousef, dont le nom rappellerait celui <strong>du</strong> père ou <strong>du</strong> frèle de Sidi<br />

bou Ya'qoub, deux autres villages, Taourirt et Zawwiya Sidi Ml)and ou<br />

Yousef, ce dernier visite par Segonzac en 1905 (Au cœur de l'AlllJ s, p. H,<br />

et photog. pl. XXIX et XXX), sont maintenant encore habités par leurs<br />

parents. Enfin, ces chorfa ont ef'saimé à la Zawwiya ech Childl, aux<br />

environs de Tadla et au Tazzarin, SUI' le versant sud <strong>du</strong> Jbel Saghrll,<br />

comme nous le dirons plus loin.<br />

Sidi bou Ya'qoub passe généralement pour ètre d'origine idrisite; certains<br />

toutefois l'apparentent, à tort, semlde-t-il, à la dynastie 'alawite<br />

et le font venir <strong>du</strong> Tafilelt. On ignore à quelle époque il vécut, mais il<br />

est possible qu'il ait été contemporain de Moulay Isma'il. En elfet,d'après<br />

des tradilions l'l'cueillies chez les Ait N(Jir (Cf. Bureau d'El I-Iajeh, Notice<br />

sur les confréries religieuses, zaouias et sanctuaires en pays Beni Mli,'.<br />

Archives de la Section sociologique de la Directiou des Aff. ludigènes),<br />

Sidi bou Ya'qouh serail. venu <strong>du</strong> Gheris avec son oncle paternel, Sidi<br />

Abmed ben Ya'qoub, s'installer chez les Ait Wallal des Ait Ncj.ir, où il<br />

aurait vécu et où est enlerré un de ses descendants Sidi 'Abdesselem<br />

(sur l'oued Tizgit, chez les Ait Ourtindi). Son oncle y aurait acq uis un tel<br />

renom de science qu'il aurait été convoqué à Meknes par Moulay Isma'il<br />

et y serait devenu le précepteur des fils de ce sultan; il serait enterré<br />

dans la qoubba de Sidi Ml)ammed ben 'Aisa. 01', ce Sidi Al)med ben<br />

Ya'qoub parait bien pouvoir èlre identil1é à ABOÙ'L ABBAS A';'MED BEN Mo­<br />

\lAMMED BE" 1\10';'AMMED BEN YA'QOUB EL WALLALI, auteur <strong>du</strong> 111abahilh al<br />

Anwar fi akhbar ba'd al Akhyar, (lui fut professeur à la mosquée de<br />

Moulay Isma'il et mourut à Melmes le 22 juin 1716 (EL QADIRI, lac. ci/.,<br />

Il, p. 194, et Ir. in Archives <strong>Maroc</strong>aines, vol. XXI, p. 361, et passim,<br />

vol. XXIV, pp. 181 et 192; LEVI-PROVENÇAL, les liistoriens des Charra, pp. 290-


44 AHCHIVES \\IAROCAII\ES<br />

291). D'autre part, il est peut-être possible aussi de rapprocher If' lJOIll<br />

de Sidi ~loJ)ammed ou Youser dont nous parlons plus haut, de celui de<br />

Sidi Moi)alllmed ben Yousel el MeJwani,contemporainde Sidi Mol,arnmed<br />

ben Abou Bekt' 'Ayyach. mort en IG56-Hi57 (EL QADIl\I, IDe. cil., XXIV,<br />

p. ,~3); les fllle!wan ont en effel une co~onie toute proche des chorfa de<br />

Sid i bou Ya"louh d~lllS le Gheris.<br />

. En ['ev


U: SULTAN MOUL.\ y IS~IA'IL ET LES BEHBÈnES ~ANHAJA<br />

raculeuse. Celle 11leUl' se sel'ait Jivi:sée à 'Ain el Fitr en truL; f"isceill1X:<br />

« Le prellliel', dit-il, ,e rendit à Adrar sur le Melouan; le chikh<br />

Ahou Ya'qoub le suivil. Il se repGsa en uu endroit appelé Bassoul.., »<br />

L'auleur situe Melwan à Heellida, au :;ud-ouest de Dehdou, où ~e tr"uverait<br />

la Zawwiya-mère de K('~~asserJ'a et où une" qOllhha » pOl'lerait<br />

le nom de Ya'qoub Yousef len .\l(1)arnmed Amghar (on sait que lei est<br />

en elTel le nom réel d'Abou Ya'qouh ~ ct. MICHAUX-BELLAmE, lac, ('il.). Ce<br />

serait sous le règne de Moulay Isma'il qu'un membre de la Zawwiya cie<br />

Sidi Ya'qoub de Hechida se serait ren<strong>du</strong> chez les Beni ChebeJ. Cet exil,<br />

dans Ulle l'égion pl'écisémpnl où Moulay Isma'il entl'elellait, comme au<br />

Tadla, des garni~ons (à Taouril,t et à Msoun par Exemple), éyoque celui<br />

des desceudants de Si di !Jou Ya'qouh en IJor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> Moyen Atlas, \els<br />

que les l'e1ate le manuscrit de SI Brahim Na~iri, D'ailleurs, puisqn il<br />

s'agit. de traditions orales, pelll-è!re ne serait-il l'as lrop audacieux de<br />

li,'e Ad,'ar Il Imel'l'an, la lJ\Ontilgne des Imelwan et Asoul, qui (et'. l'lu:;<br />

haul) est Je nom d'un des villages des Chorfa, dan" l'oued Gheris,<br />

A Heehida d'ailleurs (Cr. 011, Inl. NEIILlL, Notice S[[(' les tribus de la l'éyion<br />

de Debdou, Bull, Soc, Gé"g, Alger, 1" tl'. IHIl, pp. 40-(7) les Ouled ~i,1i<br />

Ya'llouh sont bien encore connus comme churla idrisiles porlanlle nom<br />

d'Amghar, mais on en fail des descendants des Beni Hached, ces Zénètes<br />

dont les chefs, aux dires d'lB' KHALDOUN (Hisloire des Berbères, Il'. de<br />

Slanp., IV, pp. ;)-4) s'appeiaient les Beni 'Amran el qui, ap"ès avoir été<br />

vaincus par les 'Abdelwadites, ,.eraient venus s'installer ici. Cet.te<br />

croyance populaire est peut-être d'ailleurs seulement la conséquenee<br />

d'une confUSIOn imput.able


46 AHCHIVES MAROCAINES<br />

faim, ils seraient venus s'installer au Zerhoun sous le règnp de Moulay<br />

Sliman, c'est-à-dire entr'e 17\)2 et 1822); les autres enyahirent les hautes<br />

vallées, enlevant en particulier sept villages aux chorta de Sidi bou<br />

Ya'qoub, qui. s'exilèrent près de la Zawwiya ech Chikh. Ils tentèrent un<br />

moment de descendre dans la plaine <strong>du</strong> Tadla, avec les Ait Seri, qui<br />

chassaient devant eux les Ait Imour, les Ait N,~ir et les 1gerwan; et<br />

certains parvinrent jusque chez les Zayyan, où ils forment encore une<br />

petite fraction. Un pic des enviruns de Q~iba, sur le versant nord <strong>du</strong><br />

Moyen AUas, porte le nom d'Isk n Ait I~adiddou en souvenir de leur<br />

passage.<br />

Nous avons dit l'origine de la confédération des Ait Yafelm... n (cf.<br />

p. 23, note 2).<br />

5. Les Ait Morghad sont des .)anhaja qui appartiennent eux aussi aux<br />

Ait Yafelman. Ils se disent d'origine Ail 'AHa (cf. p. 19, note 3) ct sem·<br />

blent habiter depuis fort longtemps les environs <strong>du</strong> Tafilelt; il est possible<br />

en effet de rapprocher leur nom de celui d'Amerghad, « endroit où<br />

commencent les jardins de Sijilmasa » au XI' siècle (EL BEKRI, De.~criplion<br />

de l'Afrique septentrionale, Ir. de Slan/:l, p. 2(6). Ils ont longtemps<br />

vécu en nO'nades autour <strong>du</strong> haut Dades. Aujourd'hui, à la suite de leurs<br />

victoires sur les Arabes et surtout sur les Ait'Alla, on les trouve en<br />

partie sédent.arisés dans cette vallée et dans celle <strong>du</strong> haut et <strong>du</strong> moyen<br />

Gheris; leurs tentes vont encore <strong>du</strong> versant sud de l'Atlils au Tilfllelt,où<br />

ils ont des intérêts.<br />

6. Quoi 'lu'en dise ZE~DIOUIn: (lac. cil., p. 283), qui en fait des Arabes,les<br />

Ait Imour paraissent bien appartenir aux .)anhaja. On trouve aujourd'hui<br />

trace de cette tribu dans le Moyen Atlas ct le Haut Atlas, entre<br />

Taghzirt (à 20 km. au sud de Qa~ba Tadla) et la haute Moulouya aux<br />

environs de Tounfil, et de l'oued Serou ilU Gheris, soit qu'elle ait réellement<br />

tenu à une époque un territoire aussi vaste, soit plus probablement<br />

qu'elle se soit fréquemment déplacée au cours des siècles. Le man<br />

uscrit de Si Brahim parilît filire venir les Ait Imom <strong>du</strong> sud. Ûn leur<br />

attribue en montagne la fondatIOn de Q~iba, la capitale actuelle <strong>du</strong> pays<br />

Ait. \Virrah, sur le veJ'Silnt nord <strong>du</strong> Moyen Atlas, et ils semblent avoir<br />

été à une certaine époque les m'litres <strong>du</strong> gros marché de Tounfit (cf,<br />

note 9). après les Ait Izdeg et les Meijat. D'après les t1'lHlitions indigènes,<br />

ils faisilient partie de la confédération des Ait Idrasen (cf, p. 29,<br />

note 3). Certains en font aussi des Ait Yafelman, et ce n'est pilS incompatible<br />

ilvec leur rattachement au système d'alliances Ait Idrasen.<br />

Sous le règne de Moulay Isma'il (1672-1727) les Ait Imom tenaient la<br />

source de la Moutouya (cf. Es SLAWI, lac. cil., IX. pp. 181-1~2. où, par une<br />

erreur <strong>du</strong> tra<strong>du</strong>cteur, cette tribu est dite Ait Zemmoul'). Nous avons dit<br />

qu'après la campagne de 1693 ils devinrent Ulle sorte de tribu guich et<br />

se trouva Lent concentrés au nord cl'Aghbilla (cL note 15), vers Tinteghalin<br />

(cf. carte au 1/100.000); ils reçurent alors <strong>du</strong> sultan 1.000 fusils et<br />

l.OOn chevaux pour maîtriser les tribus de la montilgne. ~lais la poussée<br />

des tribus <strong>du</strong> sud vers les plaines iltlantiques, en l'espèce des Ait<br />

Ya!)ya, des Ait Seri ct des Ait Sokhrnan, partis de la vallée de l'Asif<br />

\Vanergi, sous-affluent de l'oued el 'Abid, ou <strong>du</strong> versant sud, les chassa<br />

avec l'aide des Ait I:f ildiddou de leur position de couverture et les obligea<br />

à aller s'établir aux environs de Tildla, où ils se révo!térent en l i29-1730<br />

IZUYANI, lac. cil., pp. 46 et 69) et où ils continuèrent généralement à être<br />

comptés au nombre des tribus militaires. Plus tard leurs brigandages


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈRES ~ANHAJA 47<br />

les firent exiler aux environs de Meknes, où on les trouve en 1758, sous<br />

le règne de Sidi Mo1)ammed ben 'Ab(~allah (cf. ZAYYANI, lac. cit., p. 132, et<br />

Es SLAWI, IDe. cil., p. 2R:3). Revenus un moment près de Tadla en 1783<br />

(ZAYYANI, lac. cil., p. 152) une révolte les fait renvoyer à Meknes, d'où<br />

Moulay'Abderrahman les exila enfin parmi les tribus guich <strong>du</strong> l;Iaouz de<br />

Marrakech en 1824. Ils y font aujüurd'hui partie <strong>du</strong> commandement <strong>du</strong><br />

Pacha El tlajj Tami el Glawi.<br />

Partout où ils sont passés cependant on retrouve encore quelques-uns<br />

des leurs: aux environs de Tounfit (chez les Ait Hanini et les Ait 'Ali<br />

ou Brahim des Ait Yal)ya), à Tadla, Ghorm el 'Alem, Fichtala, Q~iba et<br />

aux environs de Meknes.<br />

Deux tribus ~anhaia ont lié leur sort aux Ait Imour et ont pris part il<br />

toutes leurs migrations: les Imelwan, dont nous parlons plus loin (cf.<br />

note 53) et les Imejjat, auxquels appartenaient les marabouts de DiJa.<br />

Cette del'llière tl'ibu était vraisemblablement originaire de l'Anti-Atias<br />

occidental, où se trouve encore un groupement de ce nom. Le reste deB<br />

Imejjat habite aujourd'hui le I;Iaouz de Marrakech entre J'oUt'd Chichawa<br />

et l'oued Nfis, et leB environs de Meknes. On trouve trace de leurs migrations<br />

chez les Ait SeghrolJchen <strong>du</strong> sud, en haute Moulouya, danB la<br />

plaine de Tadla {chez les Gettaya et les Ait 'Atlab) et chez les Zayyan.<br />

7. Il faut observer que Si Brahim écrit parfois ~ pour ~~_:;; ici toutefois,<br />

on doit sans doute admettre ~l.; et comprendre « au sud<br />

d'Asoul ». La migration des Ait Imour, de la bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> désert au haut<br />

Gheris, puis de là vers Aghbala, est tout à fait conforme au mouvement<br />

d'ensemble des Sanhaja.<br />

8. Il s'agit <strong>du</strong> magasin collectif de la tribu sans doute, bien que cette<br />

institution Boit assez rare dans celte région. Cf. LÉVI-PROVENÇAL, Documents<br />

inédils d'histoire almohade. Glossaire, p. 235, note 8.<br />

9. C'est par erreur que Si Brahim écrit .:..0 ou ~. ; il faut évidem-<br />

. .<br />

ment lire ~'; Tounfit est une agglomération de plusieurs villages,<br />

comprenant près de 4.000 habitants. Elle est située dans le Haut Atlas<br />

oriental, sur Je haut oued Uudghes, affluent de droite de la Moulouya.<br />

C'est aujourd'hui la capitale politique et économique de la tribu des Ait<br />

Yal;ya; son marché doit :,on importance à sa situation, au débouché<br />

d'une pi,.;te très fréquentée, qui joint les oasis de la bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> Sahara<br />

aux plaines <strong>du</strong> nord. AUS'H sa possession a-t-elle été Irès disputée au<br />

cours de l'histoire: outl'e les Ait Yal;ya et les Ait Imour, les Ait l!,Jand,<br />

les Ait Mgild, les Imejjat, les Ait Izdeg paraissent en avoir été les maitres<br />

à diverses époques.<br />

Nous avons dit qu'on retrouvait aujourd'hui quelques tentes Ait Imour<br />

chez les Ait Hanini et les Ait 'Ali ou Brahim des Ait Ya!,Jya (ces derniers<br />

sont les suzerains de Tounfit); il s'en trouyait rrcemment encore à<br />

Naour, chez les Ait Win'ah où elles étaient venues se l'Mugier après<br />

noire entrée à Aghbala. D'après des traditions recueillies par le lieutenant<br />

Heyniers, leur territoire s'étendait autrefois d'Arrougou des Ait<br />

I1)and à Tounfit et à Aghhala et englobait tout le pays actuel des<br />

lchqern.


48 AHClTIVES MAROCAINES<br />

Cet exil des Ait Imolll' vers le nord a pu être causé par une immigration<br />

saharienne dans le haut Gheris (Ait I:fadiddou et Ait ~Iorghad<br />

pal' exemple), comme il est arrivé fl'é'luemment dans la région.<br />

10. Le:> Ait SoklJrnan forment une confédéralion de quatre trihus<br />

semi-nomades: les Ait I;famama, les Ait 'Abdi, Ips Ait Oaoud ou 'Ali et<br />

les Ait Su'id 011 'Ali, qui llê1hitenllll :"ource de la Moulouya et le bassin<br />

<strong>du</strong> haut oued el 'Abid, depui,., le Jbel Toujjit jusqu'à une quinzaine de<br />

kilomètres cn amont de \VawizegllL Il se disent originaires de l'A,.,if<br />

\Vanergi, sou~-:Jlnuent de l'oued el 'Abid, situé dllns la partie méridionale<br />

de leur lerritoire acluel. [J'après les traditions locales, les Ait \V!rl'ah<br />

des Ait Sen (cf, p. 31, note :~) seraient d'origllle Ait Sokhman.<br />

L'ancêLt'e de la confédératloll, 'Ali, appartenait, dit-on, aux Ait SemgirHl.<br />

Aujourd'hui on n'appelle Ait Semgian que les Ait Daoud ou 'Ali el les<br />

Ait Sa'id, qui s'ofJposenl aux Ail Menasfa (Ait 'Abdi el Ait !.1am1Imilj,<br />

mai" « le clan Ait Semgian e,.,l l'OUI' les montagnards l'expression de la<br />

confi'dération Ail Sol,hman. Quand un montagnard dit: les Ait Sokhn13n<br />

ont décidé ceci ou cela, il pal'ie des Ait Daoud ou 'Ali, et des Ait Sa'id;<br />

au contraire, il distinguera Jes Ait 'Abdl des Ait Hamama » (Cdt l'ARRIT,<br />

Les Ail Sa'id ou' Ali, inédit). Ce nom et peut-(~lre celui de la confédération<br />

même (par mélllthèse et passage <strong>du</strong> h au kh) paraissent pouvoir êlre<br />

rapprochés de celui que L.:o"1 L'AFHICU'l (loc. cil., I, p. 310) et l\IAilMOL<br />

(lac. cit., Il, p. 1331 donnent ,i l, urs montagnes: Segglwme ou Segen;e.<br />

M. 1\1.'S"IG"10"1 (Le <strong>Maroc</strong> dans les premières années <strong>du</strong> XYI' siède, pp. 20R­<br />

20!J) fait venir ces deux mols <strong>du</strong> pluriel beruère fumgan, les esclaves:<br />

oued el 'Abid serait pour lui la tra<strong>du</strong>ctIOn araiJe <strong>du</strong> bel'hére Asir n lsemgan.<br />

M. CÉLÉRlER (L'Oued el AI)id, in llespéris, 2' el. 3' li'. HJ2(;, p. 273) noIe<br />

dans le même sens que cette rivière est essentiellement ID rivière des<br />

Ait Sokbrnan. Peut-être alors fllut-il faire de ces derniers les descendants<br />

des ~aralin de., oDsis, Ghassés en monlllgne pal' les invasions successives<br />

des nomades; on rencontre en elret chez eux de nomureux indivi<strong>du</strong>s<br />

de couleur foncée Cependant lu", KUHlJOtiN (lac. cil., 1. p. 173)<br />

connait aussi des Semgan, qui lorrnent Ulll' fraction des Zwagha, tribu<br />

assez proche parente des Zénètes (id., pp. 172 et 2;5) ; or des Zwagha<br />

vivaient au temps d'El Bekri (lac. cil., p 2.141 assez rrè~ de l'oued el<br />

'Abid, à une journée de Dai cf. noie 2\1) sur la piste d'Aghmat. On<br />

devrait aloI':> considèrel' les Ait Sokl:man comme une sorte d'îlot éll'êlD.­<br />

gel' dans III maSSe des tribus $anhaja. En "éalité telle était peut.èlre<br />

leul' Situation il ya plusieurs siècles, mais depuis lori', ils ont dù recevoir<br />

de nombreux apports de leurs VOisins et onl fini par ~'assimi!f'r<br />

cOlllf'lètt'ment à eux. Léon dit déjà 'lue les hahilants de tieggheme sont<br />

en part.ie issus des Zenllg'a dont le nom apparaît proche <strong>du</strong> lel:r. D'autre<br />

part. on est naturellement amené il cOillparer Je nom des Ait Semgian il<br />

celui de,., Semget. d" la [Ilaine <strong>du</strong> Tadl:l (cf OplIscule <strong>du</strong> Cf,iiih Zem·<br />

malI"!!, lOI? ci!, p. 2l2), il eelui <strong>du</strong> Semgat., district <strong>du</strong> haut (;hel'is, et<br />

pcuk'tre il celui de Beni Semgin. une des plus grandes villes <strong>du</strong> haut<br />

Dra', des Ait Semgan, tl'ÏlJu <strong>du</strong> Jl>el Tifcl'llin (enll'c I"Anti-.\tl:h proprement<br />

dit et le ,Ibel ::;aghro), des Ait Semmeg-, trihu <strong>du</strong> h'llll Sous, de<br />

Chengi!.i dû :\lauril:Jnie et. d'Isengan, terme qui sert il désigner une des<br />

l'ives d,j bas Sénégal. et ces traces échelonnées <strong>du</strong> berceall de" Almoravides<br />

au Tadla et au Sou'> parai..;seat hien les indice:> d'une migration<br />

proprement Sanll:ljD.<br />

] 1. Les !clJ(!ern sont vrDisemblablement aussi des .'5anhDja qui


Meknes<br />

~it~hao'<br />

et Ait HlJdicldou<br />

b<br />

Ara!>el;<br />

Cf" T.>filelt ,. ..<br />

...<br />

AitHâdiddol.l ~ .. ' ):'.... (/J/J AItHâdiddou<br />

Descend8nts de AJ Ar&bes V<br />

M!'AliCherif flIIY'I!IJ<strong>du</strong> Sill'lara<br />

AitRbd'<strong>du</strong>S"dA1/J "'"<br />

<strong>du</strong> Tafilelt<br />

"'"<br />

tl&W~...<br />

"" ~Ait~tta<br />

MllâmÏd <strong>du</strong> Dra' (///////IJ f((I'/Jf/pV' ,<br />

Ait Morghadlf!lJJ'".. ,<br />

AitBouzid<strong>du</strong>Silhar.aif/I,(JP'jensd:4nerql<br />

~~IW"'" AHf-/l 61<br />

dI!IJ AI!J!J \Il<br />

Ait :Aiw8ll<br />

f/f//JIIÀit MOfYJhad<br />

"7<br />

AIT HADIDDOU<br />

A IT èS Si bou Ya'qoub<br />

~R<br />

RI8AN<br />

AIT<br />

Ml<br />

...<br />

...<br />


LE SULTAN MOULA Y ISMA'IL ET LES BEIŒEIlES ~ANHAJA 49<br />

vivent à cheval sur le Moyen Allas, de la vallée <strong>du</strong> Serou, afl1uent de<br />

l'Oum el' Hbi', il la haute Moulouya. Ils ont leur centre économique à<br />

Qebbab. Lems tl'aditions les font origjnaires <strong>du</strong> sud; ils sont d'ailleurs<br />

placés au xv· siècle SUI' le versant méridional <strong>du</strong> ./bel 'Ayyachi pal' un<br />

texte conservé il la Zawwiya de Sidi IIamza (cf. LI. HENRY, Zaouya Sidi<br />

Hamza, Archives de la Section Sociologique de la Directir)[} des AlTaires<br />

Indigènes).<br />

12. Le,; Ait Ihand sont ég'alemenl à cheval sur le Moyen Allas, de la<br />

vallée <strong>du</strong> ~el'Ou à la haule Moulouya, à l'est des Ichqern; ils ont leur<br />

centre à Kerrouchen. Eux aussi se disent originaires <strong>du</strong> sud et on peut<br />

croire que ce soient des :;ianlwja ; ils ont occupé un moment la région<br />

de TounlH, d'où ils furent chassés par les Ait Yabya, et ils conquirent<br />

une partie d., leur territoire actuel SUI' les lch'lern.<br />

Le nom des Irnerhan, fraction des Ait IJ,land, se retronve chez les Ait<br />

Imour de lVL1n'akech; il rappelle peut-ètre dans le Moyen Atlas le souvenir'<br />

de ceUe dernii're tribu.<br />

];l. 'Ali ou Bark;j ou Barakat est connu de Z"YYA~I (loc. cil, p, 4ô), et<br />

d'Es SLnVI (l"c. cil., IX, p. IVoi). Il par:lit en effet avoir été IJommé<br />

caid des Ait Imam pnr Moulay Isma'il. Nous avons dit qu'après l'expédition<br />

de lii~);l, il avait été installé avec 1.000 cavaliers de sa tribu à la<br />

f.wlel'eo'se de Tlchghallin ou Ti,"hailin (vraisemblablement Tinleghallin.<br />

village assez lInpol'tant des lchqern, [lvee un marché, où les traùitions<br />

<strong>du</strong> pays situent sa demeure), d'où il commandai! une des voies de. péné·<br />

tralioll Cil pays Ait Ulllllalou el où il coupait toute liaison entre ceux-ci<br />

et les Ait IJr,lsen, leurs voisins dn Nord, On l'eut prob,IlJ!en,ent l'identifier<br />

à ce caid Barka des Ail Irnolll' qui, nux dil'es des m()J]lngnards, fit<br />

un pèlerinage il la Za",wiya i\'a~iriYi! de Tamg'r'out ct, au retour, concéda<br />

au Chikil AI)med ben i\aser (,,;lflS doule A1.lmel! le Khalifi!t) le terrain<br />

où il !J;ltit la Za"''''iya ech Chikh à l'e,,t de Q;I~ha Tadla.<br />

Le souvenir d"Ali ou Barki! est l'esté très vivant parmi les gen" <strong>du</strong><br />

pays. Le lieutenant C1U'ZY (Flude sur les Ail SO!fhmall de l'Esl, inédite) FI<br />

l'eeueil'' les deux I.I'adllions "uivantes Slll' ce personnage: " Lorsque le<br />

caid Mbarka des Ait Youmou,' se mal'ia, il acheta pour la fête une<br />

énorme quantilé de dattes: JI yen avait une véritable /llontngne et l'on<br />

haptisa Taoul'il'! Il Tilli (collitle des dattes) un pilon près <strong>du</strong>quel hahitait<br />

alors le c


50 ARCHIVES MAROCAINES<br />

oued el 'Abid, t't les sources de la Moulouya; c'est aujourd'hui le siège<br />

d'un bureau d'Affaires Indigènes. Elle a dù longtemps son importance et<br />

celle de son marché à sa situation sur une des principales voies de<br />

passa~e <strong>du</strong> Tadla à la Moulouya et au débouché d'une des pistes <strong>du</strong> sud<br />

par l'Asir Melloul: cette imporlance s'esl encore accrue <strong>du</strong> f"il qu'elle<br />

fut avant nolt'e occupation le siège de la Zawwiya de Sidi 'Ali Amhaouch<br />

(cf. SEGONZAC, Au cœur de l'Atlas, pp, 54-57), le grand marahout Derqawi<br />

mort en 1918. On attl'ibue la fondation d'Aghbala tantôt au Caid 'Ali ou<br />

Barka des Ait Imour, tanlôt aux Ait 'Ali ou Brahim des Ait Yabya, qui<br />

occupèrent le pays après le départ deR Ait Imour {cf. note 6\. Elle aurait<br />

appartenu aux Ait 'Abdi des Ait Sokhman avant d'être prise par les Ait<br />

!Jamama.<br />

Noler qu"AIi ou Barka tenant Tounfit et Aghbala et une forteresst'<br />

ayant été construile à Beni Mellal, :VIoulay Isma'Il dominait le débouché<br />

en plaine de toutes les pistes imporlantes <strong>du</strong> sud à travers le pays<br />

.';>anhaja.<br />

Hi. Nous avons lu le berbère Tin, « celle de II pour l'arabe ~;. et tra<strong>du</strong>it<br />

« la terre des Ait vVidir ", « la lerre des Ait 'Amer ou khcho ";<br />


LE SULTAN I\IOULAY ISMA'IL ET LES BERBERES !?ANIIAJA Bi<br />

ou encore celui <strong>du</strong> fils de ce dernier, Sidi Youssef, 'lui éfendit considéralJlementl'inlluence<br />

de la confrérie des Ahansala ; il accorda son appui,<br />

dit-on, à "un sultan de Meknès» qui lui demandait ~ecours « pour taire<br />

rentrer dans l'ohéiss"nce des I!ens qni venaient de se révo!lercontre lui »<br />

(Lieutenant SPILL'Ll.'N, La Zaouia d'Ahansal, in MICHAUX-B'.LLAIRE, Contérences<br />

(ailes au cours préparatoire <strong>du</strong> service de" Affaires lndigènes,<br />

Ar'chives <strong>Maroc</strong>aines, XX VII, pp, 103-10!!). D'après IJEPOl'iT et COPPOLANI,<br />

(loc. cit., p. 4!J3), ce personnage aurait fini par porter omhrage il Moulay<br />

Isma'Il qui l'aur,1it fait disparailre, mais il ne semble pas qu'on doive<br />

aj{luter foi aux dires de leurs informaleurs; ce personnage est en effet<br />

nOlllmé par Es SLAWI (loc. cit., IX, p. 165), ;;ous le règne de Moulay<br />

'Abdelmalek ben Isma'il.<br />

21. C'est-à-dire « II' terrain SOI/mis au MaldJzen et compris en!J'e les<br />

qa~bas <strong>du</strong> Caid 'Ali ou Barka il Tounlit et à Aghbala et celle <strong>du</strong> sultan<br />

il Tadb )) ; c'est l'interprétation des gens <strong>du</strong> pays. Le passage est particulièrement<br />

incorrect et ohscur; il femble bien toutefois Que la tra<strong>du</strong>ction<br />

donnée ici puisse êll'e admise: plus loin, en efTet (r. 3, 7' avantdernière<br />

ligne), l'auteur dit que les Ait Imour et les Ait Waster tiennent<br />

le pays de Tounfit aux Ait 'Ayya~ ~1;,j, « par prise )).<br />

Ni Zayyani ni Es Slawi ne signalent de l'évolte des Ait Imour contre<br />

leur c:lÏd à J'époque où ils étaient encore en montagne; ils mentionnent<br />

seulement celle de 1729 ou 1730 qui eut lieu dans la plaine de Tadla<br />

après leur exil (cf. note 6). Néanmoins, les traditions de la montagne<br />

sont u llanimes il confirmer ce pa,~sage <strong>du</strong> texte de Si Brahim. On dit<br />

chez les Ait Seri (CdL T.U\Rl'r, les Ail Seri, in("dit) qu'au xvu' ou XVIlI'<br />

siècle, au moment où cette conlédération quitta l'Asir \Vanergi (er. p. 31,<br />

note :1), pour marcher vers le nord, les AIt hnour arrêtèrent d'abord 8a<br />

pro/{ression; pUiS, « révoltés contre leur maitl'e )), lui livrèrent les cols<br />

de Tadaout n Aari, les cluses <strong>du</strong> Tizi n AIt Wirrah, <strong>du</strong> Tizi n Ighs, de<br />

Zendag, <strong>du</strong> \Vaoudrent et de Tafrent, par le'(juels ils atteignirent la<br />

plaine de Tadla. Chez les Ait Sokhman (cf. note 13 et traditions recueil­<br />

!les SUI' 'Ali ou Bal'ka pal' le iJeutenant Reyniers), on dit que le caïd<br />

« \!barka )) fut tué « en montagne)) pl'ès de J'Aourir par ses neveux les<br />

Ouled 'Aicha Termoun, pour « dégager les Ait Imour <strong>du</strong> joug <strong>du</strong> makhzen<br />

H. Or, les Ait Seri qui n'avaient pas encore atteint les dernières<br />

pentes <strong>du</strong> 'Vloyen Atlas en 16ï9 (cf. note suivante, dahir des Milyana de<br />

Sabek) s'y trouvaient certainement lors de l'expédition de 1693: Es<br />

SL.~W' (loc. cit., IX, p. 107i, dIt, en elTet, que le pacha Msahel devait monter<br />

de Tadla à J'oued el 'Abid pOUl' « prendl'e à revers)) les Ait Seri. 11<br />

laut donc supposer que les Ait Imollr, soumis vraisemblablement en<br />

16g3 lol's de la COI/quête <strong>du</strong> pays Ait Idrasen, se mirent en révolte entre<br />

cel: e date et 1(;9:3 et favorisèrent alol"s la progression deR Ait Seri, ou<br />

p\ut.ot que ces derniers furent refoulés en montagne par l'expédition de<br />

}m/:j et ne l'evinl'ent en bOl'<strong>du</strong>l'e de la plaine qu'à la lin <strong>du</strong> règne de<br />

l\Iunlay Isma'il ou immédiatement aplès sa mort (cl'. ZHU"', loe. cil.,<br />

u. /;!J); la trahison des Ait Imour concernerait cette deuxième migration.<br />

'Eillin, on pourr;lil admettre à la fois les deux hypothèses: les AiL Imour,<br />

devenus guicll sous l'intlucnce de leur caïd, auraient ainsi profilé: de<br />

tOlites les occasions favorables pour aider leurs frères ::;anhaja; le<br />

melll'tre d"Ali ou Barka, certainement postél'leur il 1(;93, aurait eu lieu<br />

lors de la seconde révolte.


52 AHCruVES MAHOCAINES<br />

24. Les Ait Waster ou \Vasser, fl'équemment nommés dans les traditions<br />

de la montagne, sont eités déjà au XII' sièele pal' le Kitab el Ansab<br />

Ill'. loe. cil., p. 6\1) qui le" nppe\le Ail \Vastegh et les l';m"e parmi les<br />

Beni In Gafou de" ~anlJaja de l'ombl'e, qui font partie des troupes<br />

almohadcs; ils paraissent habiler alors la région d'Azilal, au sud de<br />

Beni Mellal. On dit dan" le Moyen Atla" qu'ils ont été à une époque les<br />

habitants de Wawizeglit ct que leU!' territoil'e s'étendait depuis les<br />

hauts sommets des Ait bau Gemmez (au sud d'Azilal) jusqu'à Tadla: des<br />

ruines de village leU!' sont encore attribuées à Tighennatin et à Tigoula,<br />

sur la rive gauche de l'oued d 'Ahid, dans le pays Reluel des Ait Ifd.la<br />

(PERRES el i\IANTOUT, Noies sur les Ail Isha, inédit); on trouve en oulre<br />

leul's traces dans taules les tribus de la région. Il semide qu'ils furent<br />

en partie au moins refoulés par l'invasion des Ait 'AHa <strong>du</strong> Sahara,<br />

venus, par les cols de l'Izoughar (haut oued Dades;, s'installer sur ]e<br />

versant nord (Ait 'AHa n Oumalou de Wawizeght, Ait bou Iknifen de<br />

Talmesl, sur le haut A"ir Ahansa!, Ait Ounil'de BernaI., au sud d'Azila!l.<br />

Certains Ait Waster formèrent alors, avcc des élémenlH étrangers, les<br />

tribus des Ait Douzid, des Ait Isba, des Ait MI)ammed et des Ait 'Ahbes<br />

(nord-est, sud et sud-ouest d'Azi1al).<br />

Des tradItions recueillies dans le Moyen Atlas par le lieutenant NHinl"<br />

(Dans le Haul Al/as, in Renseignements Coloniaux <strong>du</strong> Bull. de l'A(r. Française,<br />

sepl. 1928, p. 55;1), en situent également un groupe dans le dir de<br />

Tadla, aux environs de Taghzirt, où ils précédèrent les Ait Imour. On<br />

dit que, s'étant ren<strong>du</strong>s coupables d'un meurtre dans la famille d'un marabout,<br />

ils fment entièrcment décimés en sept joms par une épidémie<br />

de typhus. Leur position au X\,,' siècle est, d'autre parl, confirmée par<br />

un dahir <strong>du</strong> sultan, appartenant il la Zawwiya des Milyana de Sabek,<br />

située à une vlI1gtaine de kilomètres au sud de Qa~ba Tadla, et datant<br />

de lOHO hég./IG7H (Cdt TAIUUT, Noies sur les Ail Said). IlH y sonL L:hargés,<br />

avec les Maghil


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET l,ES BElmERES ~ANHAJA B3<br />

les Beni MOllsa au nOI'J; ils s'avancent au sud jusqu'à l'oued el 'Abid<br />

(cf. PEYI\O~~ET, Taella, in BIlIl. de la Soc. de Géogr. d'Aluer, 4' tr. 1922,<br />

p. 689). Ce ~Ol)t probablement en majorit.~ des $anhaJa, avec peut-être<br />

quelques Haskoura (on sait d'ailleurs que ces derniers sont des cousins<br />

des Sanhaja, cf. lBs KHALI)OU~, lac. cil., II, pp. llG-l17). Ils ont<br />

une colonie chez les Beni AI,lsen <strong>du</strong> Gharb (d'après ZEMMÙUHY, lac. cil.,<br />

p.282).<br />

27. La ville de Tadla est très ancientle. C'était déjà une forteresse all<br />

temps des Almoravides (Cf, EL fjElDAQ, Mémoires. tl'. U:VI-PHovENçn, in<br />

Docllmenls inédils d'hisloire almohade, p. 221, et lülab el Isliçar, tr.<br />

FAGHN, l'Afriqlle seplenlrionale ail XU' siècle de noire ère, p. 162). Plus<br />

tard, elle esl citée par Edrisi, Ibn S;J'id GlIal'llati, Aboulfeda, Ibn Khaf­<br />

Joun et l'anonyme portugais de la Jin <strong>du</strong> xv,' siècle lin Lte H. nE CA8TlUES,<br />

lac. cil" 1" série, France, Il); elle disparut peut-être un moment il. la<br />

fin des :'Ilérinides et au début des Sa'udiens (elle n'est citée ni par Léon<br />

l'Africalfl ni pal' àlarmo!), pour laisser son nom seulement ù la province<br />

qui l'entoure, La qa~ba, détruite pal' les l?èJnlwja lors de la l'évolte<br />

d'AI,lmed ben 'Abdallah cü Dilai en 1(;77, fut reconstruite en IG79-1(jilO<br />

(cf. MOVETTE, loc. cil., p. 124). Lors <strong>du</strong> partage de J'Empire entre ses III s,<br />

Moulay Isma'il en lit la residence de l'un d'entre eux, :Yloulay Al,lmed,<br />

qu'il ebaI gea <strong>du</strong> eommandement. de la rl'gIOIl. Celui ci fit. bàtir une nouvelle<br />

qa~ba plus importante que la l'rumièrp-, où 3.000 'Abid t.mrp-nt garni,on.<br />

On sait. (lue la qa~ba de Tadla commande un des rares ponts de<br />

l'Oum el' Hbi'.<br />

28. Il faut évidemment comprendre qa~bas ou postes, plutot que villes.<br />

/<br />

29. Nous croyons devoir Jire iS..\~ plutol que (3...\.:: On sait quP Dai<br />

lut autrefois une véritable ville; "fondée, dit Zinni"(COllPOUnIER, Descrivlion<br />

uéographique dll <strong>Maroc</strong> d'Bz Ziani, in il/'chives <strong>Maroc</strong>aines, \i l,<br />

p. 452), par les émirs Zenata, elle est. citée pal' EL BEKnl (loc. cil., p. 24')<br />

et. pal' EDHlSl (loc. cil., p. 221). M, GAVTIER /1}1edinal ou Dai, in Hesperis,<br />

l" tr. ]U2(;, p. Hi) la situe SUI' l'emplacement mème de Beni Mellal, où<br />

passe une riVIère 'lui porte précisément le nom d'oued Dai. et aux<br />

envil'ons. C'est près de cette rivière que se trouvent les mines de la<br />

'la~ba de Moulay Isma'il.<br />

:,0, La 'la~ha de Beni :'Iiellal ou qn~ba d'Ihn el Kouch (ZAYYANI, lac. cil"<br />

p. 11, et Vte DE Jo'OIJCAVLI>. Reconnaissance ail Naroc, p. fi3), est bâtie sur<br />

une des collines <strong>du</strong> dir <strong>du</strong> Moyen Atlas, à ,\2 km, au sud-sud-est de<br />

Qa~ba Tadla. Elle commande le déboucbé en plaine d'une des pistes les<br />

plus importantes de l'ALla::" :1 la fois l'oute de transhumance et voie<br />

commerciale pour les Sahariens, qui l'ont en outre fréquemment suivie<br />

dans leurs migratIOns vers le nord: Dades, cols de l'Izoughar, Wawizeght.<br />

La mainmise de Moulay Isma'il sUI' ce point stratégique complétait<br />

la domination d"Ali ou Barka sur Tounfit et SUI' Aghbala (cf. ci­<br />

{}essus), La qa~ba de Beni Mellal a été restal1l'ée sous le règne de<br />

Moulay Sliman (179:1-1822).<br />

31. FichLala, dont le nom rappelle celui d'une tribu Sanbaja, est une<br />

sorte d'oasis située au pied <strong>du</strong> Moyen Atlas au sud de Tadla. Elle est le<br />

siège d'une zawwiya, dirigée pal' un chérif qui se prétend descendant de<br />

Jazouli (Cd!. TARRIT, les Ait Seri) et se t.rouve SUI' le territoire des Ait<br />

'Abdellouli (Ait Seri), La qa~ba, attribuée pal' le Père DE FOUCAULD (ioc.<br />


54 AHCHIVES MAROCAINES<br />

existait déjà à la fin <strong>du</strong> XVI" siècle (Cf. MAIIMOL, loc. cil., Il, pp. 129-131) et<br />

les traditions locales en font remonter la construction aux Sa'adiens.<br />

32. Foum el 'Anser est également une oasis, qui se trouve un peu il<br />

l'est de Fichtala et dans une situation similaire au pied de la montagne;<br />

elle forme le centre politique et économique des Ait Sa'id ou . Ali (Ait<br />

Sokhman).<br />

33. Les Ait 'Abdellouli appartiennent il la confédération des Ait Seri<br />

(cf. p. :n, note 3); ils habit.~nt les deux vallées <strong>du</strong> Drent et <strong>du</strong> WaoGdrent<br />

qui forment le Derna, affluent de gauche de l'Oum el' Hbi'.<br />

3+. Il faut certainement lire Foum Uoudi et placer cette qa,?ba ~\Ux<br />

environs <strong>du</strong> blockhaus qui porte aujourd'hui ce nom, il 10 km. au sudouest<br />

de Beni Mellal (cf. carte au l/lOO.OOO,Kasba Tadla 51; il est eflectivelllent<br />

entre les Ouled !\lousa et les Ait 'Alla CI Oumalou.<br />

;i5. Les Beni Mellal fOl'ment avec les 13eni"Maden, les Semget et les<br />

Gettaya la confédération guich des Ait Hobo'a. Ils sont mélangés d'Arabes<br />

et de lJerbères :;;anhaja. Les Ouled Mousa forment une sous - fraction<br />

des Ouled Gnaou des Beni Melinl; leur village e~t tout proche de Foum<br />

Hou"i.<br />

~(). Les Ait'Alla n Oumalou forment IIne fraction détachée des Ait<br />

'At!a <strong>du</strong> Sahara," qui habite, au sud de Beni Mellal, la région naturelle<br />

comprenant le massif <strong>du</strong> Ghnim et la cuvette de \Vawizeght.<br />

37. Il n'a pas été possible d'identifier celle qa~ba, qui devait se trouver<br />

dans le voisinage de TimouliH, ail ~Ild-ouest de Beni Mellal (cf. carte<br />

au 1/100.000, Kasba Tadla 5). S,m nom est toutefois à rapprocher de celui<br />

d'une soul'ce de la région Timoulilt-Tizgi, au sud-ouest de Beni Mellal<br />

(cf. M"'GEVILLE, Silllation économique de Beni Mellal. Rull. de la Soc. de<br />

Céog. dll <strong>Maroc</strong>, 1'" et 2" tr. 1927, p. 10).<br />

Les ruines de qa~bas militaires sont très nombreuses aux envil'on~ ,le<br />

Beni Mellal, SUI' le territoire <strong>du</strong> gllieh Ait Kobo'a; la plupart datent<br />

comme le guich lui-même, semble-t·il, de Moulay Isma'il.<br />

38. Les Ait Bouzid habitent, au sud-ouest de Beni ~lellal, les deux versants<br />

de la chaine qui sépare les vallées de ['Oum el' Rbi' et de l'oued el<br />

'Abid, cette dernière vallée même, et le;; premières pentes <strong>du</strong> Haut­<br />

Atlas sur sa l'ive gauche. Ce sont san;; doute en majorité des :;;anh"ja<br />

(d'origine Ait "'aster) et des Haskoura {d'origine Ait Me~~at) ; ils comprennent<br />

également des marahouts Ahansala, dont l'origine l'este obscure<br />

(peut-être charfa Ouled Bou Sba'j et d'après Z"''')1OURY (lac. cil.,<br />

pp. 27il-274) des chol'fa idl'isites <strong>du</strong> Jbel Rached, descendant <strong>du</strong> chikh Bou<br />

Zeid ben'Ali, qui aul'ait donné son nom il la tribu.<br />

39. Ce passage confirme la Tlosition réciproque des Ait Imour et des<br />

Ait Waster après leur rébellion (cf. note 23).<br />

40. Les Mrab\iya forment nne fraction des Ait Sgougou des Zayyan, qui<br />

habite les environs d'El Hammam (entre Azrou et Khenifra); ils comprennent<br />

trois groupes: les Ait Sidi L'arbi, les Ait Sidi 'Abdel'aziz et les<br />

Ail Sidi 'Ali.<br />

41. Un MOQammed Aqebli. après avoir été longlemps caid des Ait<br />

Sgougou et l'adversaire acharné de MOIJa ou IJammou le Zayyani, fut<br />

blessé mortellement le 24 mai 1917; sa maison se trouvait tout près <strong>du</strong><br />

poste actuel d'El I;Iammam. S'il s'agit ici de ce personnage, il laut admettre<br />

que le document de Si Brahim Na~iri est très récent; mais<br />

désigne peut.être seulement un homonyme ou un de ses parents. Bien<br />

que l'ethnique Aqebli, " orig-inaire <strong>du</strong> Sud li, Soit très répan<strong>du</strong>e, il est


LF. SULTAN MOULA Y ISMA'iL ET LES BEHBÈRES ~ANHAJA 55<br />

possible qu'il ait quelques rapports avec Ba lchcho El qebli, qui fut caid<br />

des Zemmour et des Beni 1;Iakem (alol's installés au sud-est de Il'Ul' emplacement<br />

actuel), avec son fils 'Ali qui lui succéda dans son commandement,<br />

puis devint le chef suprème de toute la montagne $anhaja après<br />

l'expédition de 169:3, enftn avec Je fils de ce dernier Mol)ammed Elqebli,<br />

qui fut gouverneur de Fes vers 1731 (Cf. Es SLAWl, loc. ci!.).<br />

42. Les Ait bou Ya'qoub forment une sous-fraction des Imzinaten des<br />

lchqf'rn,. ils se disent maintenant encore descendants de Sidi bou<br />

Ya'qouh; c'est d'autant plus vraisemhlable qu'un douar complet Ait 1;Iadiddo1J<br />

(cf. note 4) se trouve incorporé dans leur groupe (GUEMOUN, le<br />

Bled lchqern, notes inédites).<br />

4:l. Les Ait Daoud ou Mousa forment une fraction des Semgel, tribu <strong>du</strong><br />

guich Ait Robo'a, et hahitl'nt li l'est de fa qa~ba de iTadla. ZE'IMOliRY (lac.<br />

ci/., p. 262) en fait les descendants d'Abou Ya'qoub Amghar.<br />

Les Semget, dont nous avons parlé li propos des Ait Sokhman (cf.<br />

note l0I passent pour ètr'e composés d'éléments venus de ceUe tribu et<br />

d'A it I;ladiddou (Cdt TARRIT, le Tadla el son hinterland, in Eul!. de la Soc.<br />

de Géog. <strong>du</strong> iHal'oc, 3' et 4' 11'.192], p. +34): on attribue à l'un d'eux la<br />

fondation de Q~iba, avec les Ait ImouJ'. Leur nom est en particulier à<br />

rapp,'ocher de celui de Semgat, district <strong>du</strong> haut Gheris iml)lédiatemen!<br />

voisin des q~oUl' des chorfa de Sidi hou Ya'qoub.<br />

H. Les Ait Qdada f()rment actuellement un douar des Ait Daoud ou<br />

Mousa.<br />

45. Les Ait \Virrah appartiennent li la COnfédération des Ait Seri (cf.<br />

p. 31, note 'q et habitent le Moyen Atlas aux environs de Q~iiJa (est-sudest<br />

de Tadla); on les dit d'origine Ait Sokhman.<br />

4G. Les lmhiwach fOl'ment encore une fractio~l des Ait \Vil'l'ah, D'apr,",s<br />

leurs traditions, ils s'appelaien~ autrclois Ait \Vagga et faisaient partie<br />

des Ait Daoud ou 'Ali des Ait Sokhman. Chassés de leur pays par leurs<br />

fréres, ils vinrent demander l'hospitalité aux AI! \Virrah qui étaient inl'­<br />

tallés depuil' une dizaine d'ann,'es dam; leur habitat actuel. Ceux-ci<br />

montrèrent d'abord peu d'empressement à les receVOir, puis finirent IHll'<br />

leur accorder des terrcs. Les Ait Wagga auraient pris le nom d'lmhiwa4h<br />

il l'occasion <strong>du</strong> mariage de Sidi 'Ali Amhaouch avec une de leurs<br />

filles (~CHWEITlEH, Élude sur les Ail Ouirrah, notes inédites).<br />

47. Il ne semble pas qu'il y ait actuellement de tradion Ouled Sidi Mohammed<br />

ou Yousef chez les Ait \Virrah; on v trouve <strong>du</strong> moins un",<br />

fraction Ait Ya'qoub. Il 'ya, en outre, des chorra Ouled Sidi Mol,lammet,<br />

ou Yousef li la Zawwiya ech Chikh au nord-est <strong>du</strong> pays Ait \Virrah.<br />

48. Des Ait el' Riban sont encore les voisins immédiats d(~s chorfa el<br />

vivent sur un affluent de l'oued Gheris, qui porte leur nom (cl'. note 2).<br />

49, Les Ait Yousi habitent III Moyen Atlas, entre Sefrou et la haule<br />

vallée de la Moulouya, au nord·est 'de la route de Meknes à Midelt. Ils<br />

disent avoir été amenés dans cette région par Moulay Isma'il pour<br />

garder la piste de Fes au Tafilelt (RETssER et BAcHELùT, loc. eil., p. 38) l't<br />

s'incorporèrent vraisemblablement alors aux Ait ldrasen, s'ils ne s'y<br />

ratlachaient pas déjà. Ce sont des Sanhaja qui vécurent dans le sud (EL<br />

OUFRA"T, loc, cil., p. 273) jusque vers le milieu <strong>du</strong> XVII' siècle; en 1600,<br />

ils faisaient encore une razzia au Touat (A.-G.-P. MARTIN, Quaire siècles<br />

d'histoire marocaine, p. 40). Ils sont placés en Moulouya en 16\11 par Es<br />

SLAWI (lac. cit., IX, p. 1481. Parmi les nombreuses monographies consacrées<br />

à cette tribu, aucune ne mentionne d'Ait el' Riban. Toutefois, de


ARCHIVES<br />

MAROCAINES<br />

nomlJl'eux éléments ét,


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BERBÈHES ~ANHAJA 1)7<br />

;)6. Les Ait'Ali et les Ait Mzalt sont deux douars des Ait Wikhelfen,<br />

seus-fraction des Ait Kerkait des Gettaya (guich Ait Hobo'a).<br />

.;7. Si Brahim écrit .1.:l~', mais il faut évidemment lire 4:b\;·.<br />

58. Ce passage est confus; on ne distingue pas les fractions d'origine<br />

arabe et les fractions d'origine Ait l:Iadiddou. Il y a chez ces derniers<br />

des Ait 'Amel' (cf. Vicomte DE FOVC,HiLD, loc. cil., p. 3(3) et des Ait Tell.<br />

59. Cr. note 7; on pounait comprendre « de la tribu des Ait MOI'ghad, il<br />

envoya... ))<br />

fiO. Les Ait Yabya "ont dt~S _·\it Yafelrnan qui hahitent le Haul Atlas<br />

oriental à l'ouest <strong>du</strong> ,Thel 'Ayyachi et qui ont leUl' cenlre politique à<br />

Tounfit. Ils se disent, comme les Ait Morghad, venus <strong>du</strong> haut Dades (où<br />

l'on trouve encore une fraction de ce nOlll chez les Ait Seddrat) ; dans<br />

leur migl'8tion ver" le nord, ils ont laiss,j un groupe d'entre eux (Ait<br />

Yal)Ja n Icherdouz) sur un affluent de l'oued Todgha. Arrivés dans la<br />

région de Tounfît où, disent leurs traditions (cf. Lieuten:lllt ,TOUlAUD, les<br />

Ail Yalzya, notes inédites), ils remplacèrent les Ait Jmour, ils se trouvèrenl<br />

à l'étroit el s'étendirent ,ers l'est en repoussant les Ait 'Ayyach et<br />

vers l'ouesl, en chass311L les Ait If)and ; ils 1lUl'llient même dominé à une<br />

'\poque toute la partie nord <strong>du</strong> territoire acluel des Ait Sokhman :<br />

13ouLferda, Tizi Isli, Bou Altas et Aghbala (Lieutenant CIIA~ZY, loc. cil.);<br />

on attribue parfois la fondidion de ce dernier village à une de leurs<br />

fl'actions, les Ait 'Ali ou Brahim. Plus Lard l'invasion des Ait Sokhman<br />

les refoula vel'" l'est; toutefois, certains d'entre eux demeurèrent sur<br />

place et s'incorporèrenl aux nouveaux venus.<br />

G1. MoL oublié par le copiste: peul-élre les Ait \VaIJi qu'on trouve<br />

également chez les Ait l\lorghad ùu versant sud et chez les Ait Mazigh,<br />

voisins des Ait Bouziù.<br />

62. Les Ait OUlglJOUIll forment un sous-groupement des Ail. Wahi,<br />

fraction des Ait l\lesl'i (AIL l\lorghad); ils constituent également une<br />

l'l'action des Ait BOllzid.<br />

Ga. Les Ait l\fJ)ammed torment une fraction des Ait Me",ri (,\it Morghad)<br />

et une des quatre ll'ibus des Ait i\lq~a\, (cl'. noLe suivante).<br />

G4. Les Ait Messa~ ou mieux ,\le~~a~ sont vraisemblablement les Ait<br />

l\la~taou des Haskoura de l'ombre (JOlal) el Ansab, IDe. cit.. p. 67) et les<br />

l\Ia~~awa d'Ibn Khaldoun (Ioc. cil., II, p. 118, et LAOli5T, Un lexie dans le<br />

dialecte berbère des Ail Me.Hall, in Mélanges René Basset, JI, p. :~O!'i). C'est<br />

une confédération morle, donl il ne subsiste plus guère 'lue le nom·<br />

Elle comprenait quatre tribus toutes voisines <strong>du</strong> posle actuel d'Azilal<br />

(Souq el Khemis des Ait l\le~~at): les Ail Isba, les Ait Ougoudid, les Ait<br />

Outferkal ct les Ait MI)ammed ; ces tribus vivent aujourd'hui complètelllent<br />

~pal'ées les unes des autres. Les Ait Is!)a passent pour ètre les<br />

véritables Ail Me~~at: leur nom leur aurait été donné pal' leurs voisins.<br />

Les autres seraient des immigrés. Les Ait l\11)ammed en partIculier formeraient<br />

un mélange d'étrangers el d'Ait '-"asler (cf. note 24) ; plus tard<br />

un groupe d'entre eux serait vellu s'incorporel' aux Ait Seri (cf. p. 31,<br />

note 1) sous le nom d'Ait Moband. Il est a noter précisément que J'auteur<br />

<strong>du</strong> text.e de Si Brahim Na~iri ne parle pas de ces derniers, alors<br />

qu'il nomme foutes les autres tribus <strong>du</strong> Moyen Atlas; on peut penser<br />

qu'à son époque, ils n'avaient pas encore quitté lenr tribu d'origllle.<br />

G5. P. 33, no Le 5. Chez les Ait Oumnasf (Ait Oukhilfen des Gerwan),<br />

se troUl'e une sous-l'raclion Ail Morghad. Dans la fract.ion Ait l;Iammou


58 ARCHIVES MAROCAINES<br />

des Gerwan, e nom <strong>du</strong> groupe des Ail 'Ali ou Iqqo rappelle celui d'une<br />

fracti..n Ait l;lèldiddou.<br />

66. C'est-:\-dire pèlrmi les l\la'qil (p. 19, Ilole 1).<br />

(i7. Le~ Ouled Mbark forment aujourd'hui encore une fraction des<br />

Beni Mellal.<br />

68. Les Zwaer formènt une fraction des Beni Maden, une des tribus <strong>du</strong><br />

gllich Ait lIobo'a. Un marabout Sidi Mobammed ben CbeJif est enterré<br />

chez eux.<br />

69. Peut-ètre faut-il lire « de la tribu <strong>du</strong> Tafilelt >J (cf. note '); on ne<br />

trouve a<strong>du</strong>eHeœfmt aucune fr,lclion Ait Bba' dans les lribus avoisinant<br />

cette oasis. Toutefois dans le haut Dra' el le Saghro, ce nom est porté<br />

pal' un groupe des Ait Walla! (Ait 'Ana).<br />

70, Les Ouled Mousa, les Ouled Boubeker et les Ouled Mbark sunt<br />

trois fractions des Ouled Gnaou des Beni Mellal. Les Ouled Mbark out<br />

déjà été signaléR plus haut 1er. nole (7). Un groupe d,·s Al'abes Beni<br />

MI)ammed (Ju Tidilelt s'appelle Ouled Mousa. Il y avait dans la mème<br />

ré~ion des lIeni Mousa au XVII' Siècle (cf. EL OLFnA~J, /oe. cil., p. 41;;).<br />

71. Les ~1I)amid occupent un groupe de q~oul' dans la dernière oasis<br />

<strong>du</strong> haut Dra', immédialement au nord <strong>du</strong> coude <strong>du</strong> neuve et à rentrée<br />

<strong>du</strong> Sahara. Ils ont donné leur num à ce dernier dislrict de la vallée.<br />

72. Il semble qu'on doive Iil'e Jlt>j pOUl' Jlt>.J.<br />

7:-1. Les Beni Mousa fOl'ment une impol'tante tl'ibu, qni est à cheval sur<br />

J'OUIll el' HiJi', des environs de la Zawwiya d'El Menzel (au sud-ouest<br />

de Tadla), qui appill'lient aux Beni 'Amir, jusqu'à une quinz


I,E SULTAN MOULAY IS~IA'I1, ET LES BEIIBEltES ~ANHAJA 59<br />

nies sur le versant nord de l'Atlas; la plus implll'tante est celle deR<br />

Ait 'Ana n Ournalou (cf. notes 2~ et 3 ;), formée en majorité d'Ait Ounir<br />

et d'Ait Walla!.<br />

7f>. Les Ait Ounir sont encore en majol'ité danR le sud (Haut-Dra',<br />

Jbel Saghro, Dades); cependant dès le xu' siècle, c'est·à·dire bien<br />

avant la fondation de J'alliance Ait 'Alla, il", avaient des colonieR SUI' le<br />

ver>'ant nord, dans la région d'Azilal; le l1ilab el Ansab (lac. cil., p. (9)<br />

classe en l'IIet les Ail "lVanir parmi les ~anhaja de l'ombre, Un groupe<br />

d'entre eux vit actuellement chez les Ait J\l1)llmmcd (cf. notes 63 et 64-);<br />

ils sont appelés les Ait Ounir .de Bernat; un autre plus import:mt a<br />

servi à constituer le noyau d'une fraction des Ait 'AHa n Oumalou,<br />

7G. Lcs Ait Tislit n'existent que chez!es Ait Ana n Oumalou, où ils<br />

s'intègrent dans les Ait Sa'id ou lchcho des Ait Wallal ; on les dit issus<br />

de foqra, c'est-à-dire de personnages religieux, auxquels se joignirenL<br />

quelques Ait 'AHa <strong>du</strong> sud.<br />

7i. Le;; Ait Boujegjou, bien qu'ils n'aient pas de correspondants dans<br />

le sud, sont néanmoins donnés cpmme originaire~ des Ait Ounir <strong>du</strong><br />

Sahara; chez les Ait 'AHa n Oumalou, ils Gonslituent une sous-fraction<br />

des Ait Ounir.<br />

78. Les Ait 'Alwan sont naisemlJlalJlemenl Arabes d'origine Ma'qil,<br />

ils paraissent être entrés dans la confédération Ait 'Ana au moment de<br />

sa fondation, c'est-il-dire vers le milieu <strong>du</strong> XVI' siècle, rmJis ils y ont<br />

tou jours été considérés comme des parents pauvres; c'est ainsi qu'ils<br />

ne fournissent jamais le chef suprême, qui e~t en principe nommé<br />

chaque année pal' permutation entre les Iribus.<br />

Le gros des Ait 'A\wan vit encore au désert, avec son cen!re de gravité<br />

et ses magasins d~lns les oasis <strong>du</strong> coude <strong>du</strong> Dra', mais ils ont<br />

essaimé de là un peu partout; au DIJdes, chez les NUfa des environs de<br />

Tanant. chez les Ait Bouzid, chez les Ait' Ana n Oumalou (où ils<br />

forment une sous-fraction des Ait Ounir), chez les Ait Isl)aq, au sud de<br />

KIIenifra, et, semble-I-il, jusque chez les Igerwan des environs de Meknès,<br />

7!l. Les Ait Khennouj sont venus <strong>du</strong> sud chez les Ait 'Ana n Oumalou ;<br />

ils y forment une sous-fraction des Ait Ounir. La tribu-mère a disparu.<br />

80. On pourrait, semble-t-il, Gomprendre comme suit la tra<strong>du</strong>ction littérnle:<br />

"il envoya aussi, parmi [ceux qui sont aujourd'hui, à la Suite de<br />

cette migration, chez] les Ait 'Alta n Oumaiou,... »<br />

81. Les Ya'rnoumen Il'ont pas de représentants dans le snrl. r:hez les<br />

Ait 'Ana n Oumalou, ils faisaient autrefois partie des Ait Su 'id ou IchcllO<br />

des Ait Wallal ; ils sont maintenant ratiachés aux Ait Ounir.<br />

82, Les Ail \Va'ziq forment chez les Ait 'Ana n Oumalou une sousfraction<br />

des Ait Wallal; dans le sud, ils sont rattachéR aux Ait Boubeker,<br />

une des quatre fractions des Ait \\'allal.<br />

83. Les Ihitasin font partie des Ait Wallal des Ait 'Ana n Oumalou :<br />

ils n'ont pas de correspllndants dans le ~ud.<br />

84. Les Ait Cha'ib forment une sous-fractIOn deR Ait Wallal chez les<br />

Ait 'Atta n Oumalou ; dans le sud, ils corn ptent dans la fraction Ait 1IIIa'<br />

des Ait WaHal.<br />

85. Aucune tradition ne confirme, ni en montagne ni au dés.'rt l'ori2ine<br />

saharienne des Ait Bouzid (cf. note 38). D'après Zemmoury, ils auraient<br />

néanmoins de;; parents dans le Sous et sur le versant sud de l'Anli­<br />

Atlas occidental IUued Nuun).<br />

86. Les Ait 'Ail ou Mol)amrned forment une sous-fraction des Ait Ou-


60 AHCHIVES MAHOCAINES<br />

megdoul des Ait Bouzid de la montage. Sidi 'Ali ou Mol)ammed serait<br />

enterré ehez les Ait 'Alta. dans le Tazzarin, oiJ~is <strong>du</strong> verS:lnt sud <strong>du</strong><br />

Jbel Saghro, située eni;'e le haut Dra' et le Tafilelt. Ce fait pourrait<br />

confirme!' l'origine saharienne de ses descendants. On peut signaler en<br />

outre qu'un groupe de villages dans le district de Lektawa (haut Dra')<br />

porte le nom d'Ouled 'Ali ben !'vlo!)ammed.<br />

87. Il semble qu'ou doive lire .jY\c "'::":.\ au lieu de .j\y\>\ "::":.\; i)<br />

s'agirait alors des Ait 'Alwan des Ait 'Att-a (cf. note 78).<br />

88. Les Ait 'Alwan fOl'[ul'nt chez les Ait Bouzid une sous-fraction des<br />

Ait Oumeg<strong>du</strong>ul.<br />

89. Le,.; ,\ltifa forment une grosse tribu qui habite une partie de la<br />

plaine de Tadla et ";1l1 tout les cuntrelorts de l'At!;)s à l'ouest d'Azilal,<br />

depuis la frontière sud des Belli Mousa (cf. note 7il) jusqu'allx montagnes<br />

des Ait ',\t.bes au delà de Tiln!wt. D'après le j{ilab el Ansab (loc. cil.,<br />

p. 67) et d',Jprès IIlN KIJALDOUN, (loc. cil., II, p, 11U), ce sont des Haskoura,<br />

m:lis ils comptent très vraisemblablement aussi des éléments<br />

~anl13ja (les Hfala, cf. Hilab el Ansab, loc. cil., p. 69) et Arabes Ma'qil (Beni<br />

l;Ia"an et 'Atamna). En outre, leurs traditions les considèrent comme<br />

originaire ..; des Nfifa ou Alîl'en qui occupent les premières penteii de<br />

l'Atlas, à JOO kilomètres environ au sud-ouest de Marrakech et ont leur<br />

centre à Imi Il T:woul, au déhouché de la ruu'Ie <strong>du</strong> Sous par le Tizi<br />

;\'la' chou ; et ceux-ci ont des tral1iliom; similaire,.. On ne cannait pas<br />

l'origine exacte des Nllfa, mais il est vraisemhlable que ce sont des<br />

:vIa0mouda. Si réellement ces deux tribus se rattachent l'une il l'autre,<br />

leul' sép


LE SULTAN MOULAY ISM.\.'IL ET LES BEHBERES ~ANHAJA 61<br />

93. L'Asif Wanergi est un afl1uent de l'Asif Ahansal, qui se jette luimême<br />

dans l'oued el 'Abid. C'est de là que les Ait Sokhman se disent<br />

originaires (cf. note la) et que les Ait Seri sont partis à la conquête <strong>du</strong><br />

Moyen Atlas (cf. p. 31, note 3), Une autre fraction des Ait l:lamza (Ait<br />

Bouzid) s'appcHe Ait vYanergi.<br />

91" Cf. note 7.<br />

95. Divine parce que, dans l'esprit de J'auteur, eJle émane de Dieu par<br />

l'intermédiaire de Sidi bou Ya'quub,<br />

(JI), L'auteur, nous j'avons dit, éCl'it longtemps après la mort de Moulay<br />

Isma'il.<br />

(J7. Cf. note 2:"<br />

98. L';nJLeur répète iei ce qu'il a déjà dit au début de la page 2 <strong>du</strong><br />

manmwrit,<br />

99. Cf. nute G. On trouve les Ait hnoul' aux environs de ~;eknes en<br />

1758; un groupe d'entre eux y habite enCOl'C,<br />

100. Cf. note 6. D'après te Iii/ab el Is/iq,~a, c'est seulement en 1824<br />

qu'ils furent transportés dans le I:Iaouz de Marrakecll; le gros de la<br />

tribu y habite encore parmi les ,quieh de la hasse vallée de l'oued NOs.<br />

De nomilreuses traditions dans ta région de Tadla et dans le Moyen<br />

Atlas attribuent néanmoins cette mesure à Moulay lsma'jl.<br />

101. Nous avons dit en ellet que les Ait Imour' font partie des tribus<br />

guie/z.<br />

10~, Les Ait {mour sont actuellement commandés les uns par le pacha<br />

de Meknes, les autr'es par le pacha de Marrakech.<br />

10;,. Le~ Ait 'Allab habitent le Moyen A\,Ias au nOI' conslruit avec Je. (signifiant iu,qer contre) permet peut-être de<br />

lire ~.. L.......-.:. r.J j au lieu de


(;2 AHCHIVES l\IAHOCAlNES<br />

le dise aussi orig-inaire <strong>du</strong> Tafilelt), est connu (CI. EL OUI'RA:'H, lac. cil.,<br />

p.456·; EL QADlR[, loc. cil., XXI, p. l~'\, et XXIV, p. U;; J. SICARD, Situation<br />

religieuse des Iribus traversées par lrl me/lOI/a <strong>du</strong> caid Layadi, in Revue <strong>du</strong><br />

Monde Musulman, XIII, p. 346; G. SALMON, l'Opuscule <strong>du</strong> Chikh Zemmoury,<br />

loc, cit., p. 2i8; lieutenant THlABAUD, Con/i'éries, zaouia", sanctuaires des Ait<br />

',l/lab, notes inédites, in Archives de ta Seelion sociol. de la Direclion des<br />

Afr [ndigène.~; lieutenant DESGl\ANGES, Nolice sur les Zaouias et sancluaires<br />

situés en Iribu Enlil'a, notes inédites, in Id, ; LAOUST, Élude SUl' le dialecle<br />

berbère des Nlij'a, pp. 342·:l43). Il n'a certainement pas été contemporain de<br />

Moulay Isma'il, IHlIS'lu'il fut disciple <strong>du</strong> fameux chikh Chac)ili Et Tabba',<br />

décédé à Mari akech en 9U hég., 1[,09 (LÉn'PRovENÇAL, les Hisloriens des<br />

c/IOJ'(a, p. 2ï4, note 3).<br />

U'après ZEmWURY (lac. cit.) et d',~près le manuscrit de Si Brahim<br />

Na)iri, il était 'Ornari, c'est-à-dire descendant d"Omar ben el Khattab,<br />

le .léuxièrne khalife (634-644), comme les Cher'[awa de Boujad. Il ent<br />

d'ailleurs des liens incontestables avec ceux-ci; les traditions locales<br />

l'affirment et M. SlCARD (loc. ci!.) prétend que Sidi ~lol).ammed ech Cherqi,<br />

le fondateur de la confrérie, aurait dù sa naissance à son intervention<br />

miraculeuse et aurait été son disciple préféré. Il fut le grand père de<br />

Sidi Al)med ben ou Dades, dont la Zawwiya se trouve à Bahi, près de<br />

Bzou chez ,les Ntifa, l'arrière-grand-père de Sidi :,gbir ben I\lanyar ben<br />

A!).med, disciple <strong>du</strong> précédent, mort en \055 héli., 1645-1M6 (EL QADIRI,<br />

loc. cil., XXIV), fondateur de la medersa de llZOll, et l'ancètre de Sidi<br />

el Hattab ben Mol)ammed el Kenizi (ethnique d'un village des Ait 'Ayyac)),<br />

qui mourut en lSi9 et dont le sanctuaire est à Tamghirt, chez les Ait<br />

'Altah. Parmi ses disciples on peut cIter Af)med ben Abil Qasim ben<br />

Mol)ammed ben Salim ben Audel 'aziz hen Chwa' ib el Harawi, mort en<br />

10L; hég., 160'\ (El QADII\I, lac. cit" XXI), et on assure qu'il donna son nom<br />

à Ahou Bekr ben .Vlol.wmmed, le premier des Dilaites, né en 943 hég.,<br />

15:)G-1537 (EL OUFRANI, lac. cil.. ) Son extraordinaire piéié et une discussion<br />

qu'il eut avec l'illustre El Ghazwani sur Sidi 'Abdallah ben Sasi le<br />

rendirent célèbre: des traditions, recueillies par le Lieutenant Reyniers<br />

en haute Moulouya, affirment qu'il lui fallait chan,!1erdouze fois par ,m<br />

de gam.loul·ah, 1ellement se,; vêtements ètaient u~és pal' ses fréquentes<br />

prieres.<br />

Sidi 'Ali ben Brailim ebt enterré à Agen.l, à la limite des Ait 'Ayya'" et<br />

des Ait 'Allah (cf. carte au ]/200.000, El Borouj Est et Demnat Est),<br />

Ilim;i que Sidi Al)rned ben ou !Jades et deux diSCIples de ce dernier,<br />

Sldi Hachem et Sidi 'AhdeRselem, qui fondèrent la Zawwiya de Bahi<br />

en 1i.n. Pl'è,~ de son tombeau, un !1loussem se célèbre chaque année et<br />

est fréquenté pal' toutes les tribus <strong>du</strong> voisinage; son nom est en outre<br />

connu par un. combat livl'é en [UU par le colonel ~langin.<br />

Ses descclldants panJissent tou;; afflliés à la confrérie des Qadiriya,<br />

dont ils confèl'en! l'ollerrl .. certains conl'èrent ans~i celui des Derqawa.<br />

Ils aUl'aient été at1'r'llIchis d'impot.s par ~Ioulay Isma'il. La plupart<br />

d'entre eux habitent Ager'" et les villages voisins (Takhessall, El Koud)a,<br />

El Kniz, Zel'aih, etc.). En outre, un cel'tain nombre out essaimè chez<br />

les N'tira. La Za wwiya de Bahi y est encore sous la diredion des uescendants<br />

de Si,li Al)med ben ou !Jades; elle est l'objet d'un pèlerinage<br />

important le septième jour <strong>du</strong> MOliloud. Ce mème jour, un mousum est<br />

célébré il la Illedel'sa de BlOU, qui est habitée par des descendants <strong>du</strong><br />

frère de Sidi Sghil' ben Manyal'. Enfin les Ouled Sidi Hattab ont une


LE SULTAN MOULAY ISMA'IL ET LES BEI\BÈHES ~ANHAJA 63<br />

colonie chez les Sraghna, tribu arabo-berbère située à l'ouest des Ntifa.<br />

L'obédience de la famille <strong>du</strong> saint s'étend sur une partie de la plaine de<br />

Tadla (Beni ylousa, Beni Mellal et Beni !;Jasen des Ourdigha), qu'il parait<br />

s'ètre partagée jadis avec ::-idi "lol)ammedjech Cherqi. En monlagne, elle<br />

a des disciples chez le" Ait ',\ttab, les Nlifa et les Gh0.ldama et<br />

FLwal,a de la région de Demnal. On en trouverait aussi plus loin: dans<br />

It~ !;Jaouz de Marrakech, en Chawiya et chez les Doukkala.<br />

Parmi les Zawwiyas et les tribus dont le nom rappelle celui de Sidi<br />

'Ali, stlns qu'il soit possible de les lui rattacher avec certitude, citons la<br />

Zawwiya de Sidi 'Ali ou Brahim <strong>du</strong> haut Todgha, chez les Ait Snan, les<br />

Ait 'Ali ou Brahim des Ait Wlrrah et les Ait 'Ali ou Brahim de Tounfit<br />

(Ait Ya1)ya). En revanche, le", Mrabtya Ait Sidi 'Ali ou Brahim des Ait<br />

Sgougou (Z(!yyan) n'ont vraisemblahlement aucun rapport avec lui et<br />

leur nom est plutùt à rapprocher de celui <strong>du</strong> marabout entel'l'é près de<br />

la source de l'Oum el' Hbi' (cf. DE~ UAOCD, Noies sur le pays Zayyan,<br />

IDe. cil., p. n(i) De même, il ne semble pas qu'on puisse identifier notre<br />

personnage à Aboul I:lasan 'Ali hen tbl'ahim, cité par Ibn 'A"ker<br />

(Daouhal en Nachir, tr. GRAULLE, in Archives <strong>Maroc</strong>aines, XIX, pp. 163-164)<br />

qui était connu sous le nom de Bast Tadla et étnit originaire des Fichtala;<br />

cc per"onnage est mort en effet en 1534, deux ans avant la naissance<br />

d'Abou Bekr ben Mol)ammed cd Dilai, à laquelle nous avons vu<br />

pr6sidel' Sidi 'Ali d'Age!'t).<br />

La célébrité de ce dernier est assez cunsidérable en montagne pour<br />

qu'il soit devenu le centre de tout un folklore; on ne doit donc pns<br />

s'étonner que le ms. de Si BI'


64 ARCHIVES MAROCAINES<br />

vice militaire aux sultans 'alawites, Cependant,. à la suite de l'expédition<br />

<strong>du</strong> Saghro en 167\1, nous avons vu (p. 23) qu'ils avaient accepté<br />

d'envoyer éventuellement des contingents contre les CllI'éliens, Plus<br />

tard en liS7, six cents d'entre eux furent inscrits sur les registres de<br />

l'armée et exercés dans le POl't de Tanger et le détroit de Gibraltar à la<br />

navigation et au comhat sur mer (ZAYYANI, loc. cil., l'. 157; Es ~LAWI,<br />

loc. cil., IX, pp. 34\1.3(1). Enfin, lors de l'expédition de Moulay I;lasan au<br />

Tafilelt (1893), les Ait 'Ana, que le sultan appelle dans son bulldin de<br />

victoire « ses serviteurs >l lui firent une escorte hrillante de Q::;ar es<br />

Souq au Tafilelt (Es SLHVI, loc. cil" X, pp. 372·378). Ils conservent d'ailleurs<br />

dans teurs <strong>archives</strong> des dispemes d'impôts de plusieurs sullans.<br />

F, DE LA CIl,-\.PELLE.<br />

6804--30. - Tours, imp. ARRAULT ET C".


ERRATUM<br />

Les é·p.'euves de ce volume n'ayant pu être relues entièrement<br />

par l'auteur, il y a lieu de corriger les erreurs suivantes:<br />

l ù<br />

Il faut lire partout: Zawiya pour' Zawwiya.<br />

2° P. 19, note 3, oe ligne, lire: sud-est pour est;<br />

P. 27, note, §l, 5 e ligne, IÎl'e: Talilelt pour 'lafillet;<br />

P. 45, 32 e ligne, lire: Segiyet pour Segiet;<br />

P. 53, note 27, 3 e ligne, lire: Ki/ab el lstibçal'<br />

pour Kilab el Istiçal'.<br />

P. 44, 21 e ligne, lire: ~r pour rS.J-? ;<br />

lire: ~\-À;:' pour ~\):.


'l'ollie VI. ln-S. . . . . • . . . . . . b'puisé.<br />

~:tuùe SUI' l'histoi,'c ùes Juifs au <strong>Maroc</strong>, par' N. Siousch isuite). ­<br />

Le~ trihus arabl's de la vallée <strong>du</strong> Lekkoùs, par Michaux-Bellaire et<br />

Salmun (sui/C). - L.-R. Blanc. El-Ma'âni conte, en dialecte marocain.<br />

- L. Mercier. Influence <strong>du</strong> berbèl'e et de l'espagnol sur le dialecle<br />

rna,·oc:Jin. - La mentalité. religieuse dans la région de Rabat et de Salé.<br />

- Coul'oUl'ier, De~Cl'iptjon géographique <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> é1'Az.Zyany (Ira<strong>du</strong>ction).<br />

- Salmun. Liste des villes marucaines.<br />

Tome VII. In-8. . . . • . . . . , ' . . . " " 100 1'1'.<br />

Tétouan, 2" partie. Hislorique, par A. ,Joly. - La géographie éwno·<br />

mique <strong>du</strong> Maruc, par M. Besnier. - Rabat, par L. Mercier. - 1. admini,.;tr·alïon<br />

marocaine il Rabat, par L. Mercier. - Deux conles<br />

marocains en dialecle de Taager, par L.-R. Blanc. - Le Dhahel' des<br />

Cibâl'a, par L. Coufourier. - L'alchimie il Fès, par G. Salmon. -'<br />

G. Salmon, chef de mission, flar A. L. C.<br />

Tome V[If. In-8... '. . . ". 1001'1'.<br />

Sur quelques noms de plantes en arabe et. en berbère, par G. Salmon.<br />

- Les mosquées et la vie l'eligieuse il Habat, par L. Mercier. ­<br />

L'm<strong>du</strong>sl.t·ie à Tétouan, par A Joly. - Chron'ique de la vie de Moulay<br />

EI-Ililssail, pa l' 1." Coufourier. - Un récit marocain <strong>du</strong> bombardement<br />

dp, Salé par le conlre-amiral Dub urdieu, en 181i2, par L. Coufourier.<br />

~ Tétouan (suite). par A. Joly.<br />

'l'ornes IX et X. ln-S , ' .. , Épuisé.<br />

Ki/db Elisliqitâ li-Alihbâri Douat Elmâgrib elaqsâ. Le Livre de la<br />

l't'cherche approfondie des "vénements de;;; dynasLies de l'extl'ème<br />

Magrib. OEu vre <strong>du</strong> très docte savant, de l'unique des temps, le seul<br />

<strong>du</strong> siècle, l'océan de science, le chroniqueur, le cheïkh Ahmed ben<br />

Khàléd Ennàslri Esslâoui,.4' p:lrtie. Chroni'llle de la dynastie Alaouie<br />

<strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> i 163t il 18~Hl, tI'a<strong>du</strong>ite par Eugène Fumey, premier drogman<br />

de la Légation de France au <strong>Maroc</strong>.<br />

Totn~ Xl. In-8, en 3 faseicules. . .1. . 100 fI'.<br />

1. Les Musulmans d'Algéde au !\faroe, par Ed. Michaux-Bellaire. ­<br />

Une feloua de Cheikh Sidia, par le même.<br />

2. L'organisation des finjlncesau Mame: par le mèmt'. - Description<br />

de Fès, par le mênfe.<br />

3. Internement au Maruc de Si Sliman !l'en Kaddour et d~s Oulad<br />

sirli Cheikh H'lll'aba de sa ramille en !inti, par le même. - L'in<strong>du</strong>strie<br />

à Tét'JUan (suite), par A. Joly. - Tra<strong>du</strong>ction de la fetoua <strong>du</strong><br />

Fa'!ih Sidi Ali Et-Tsouli (suitel, pm' Ed. l\\ichaux·flellaire - Kl1orâl'a<br />

d'Ali Ch-ChAtar, par L.-B. Blanc. - Tra<strong>du</strong>ction d'une noie SUI'<br />

l'alchimie, pal' Ed. Michaux·Beliaüe.<br />

-Tomes XII et XIII. 2 volumes in-S. Cbacun. XII Épui.é, XIII'. . 1(;0 Il'.<br />

La pierl'e de touche des Félwas de AhmndAI-\Vanscharisi. Cholx de<br />

cunsultaLions juridiques des FaI1Î.!1 <strong>du</strong> Maghreb, tra<strong>du</strong>ites ou analy·<br />

sees par Emile Amal'.<br />

1. - Statut personnel: la purelé. - La prière. - Les funél'ailles. ­<br />

La zakàl (aumône légale) - Jeüne el retraite spirituelle. - Pèlerinage.<br />

-,- Egorgement l'ituel. - ·Des .el·UlCuts et des vœux, - La<br />

guelTe sainte. - Tl'ibulaires. - Meurtl'cs, (',oups el blessures. ­<br />

,Crimes et délits. - Hél·...sies et blasphèmes. - InnovatiOllS blamables<br />

(bida). - Le mariage. - La di"soiuliQn <strong>du</strong> mal'iage. •<br />

II. - Statut réel: Les monnaies. - Des venles. - Le naulis;;ement.<br />

- La tran~action. .'


i\RClfIVES Mj-\llOC~~INES<br />

Publication de la Direction des Affaires indigènes<br />

(SECTION SOCIOLOGIQlJE)<br />

Les tomes 1 il XXXIII ont été publiés par les éditions Ernest Lel'Oux.<br />

Les tome" XXX et XXXI, par la librairie Paul Geuthnel'.<br />

Tome I. In-S, en il fascicules, . . . . . . . . . . . Épuisé<br />

G. Salmon. L'administration marocaine à Tanger. - Le commerce<br />

indigène à Tangel'. - La Qaçba de Tangel'. - Les im·titutions ber.<br />

bères. - Superstitions populaires dans la région de Tanger. - Les<br />

mariages musulmans à Tanger. - Les dolmens d'El-Mriés. - Michaux­<br />

Rcllail·c. Les impôts marocains. - Besnier. Géographie ancienne <strong>du</strong><br />

<strong>Maroc</strong>. - Recueil des inscriptions anliques <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>. - G. Salmon.<br />

Les Chorra Idrisides de Fès, ete.<br />

Tome II. In-~ en 3 fascicules. . , . . . . . . . . . . . 100 fI'.<br />

G. Salmon. Essai sur l'histoire politique <strong>du</strong> Nord mnrocain. - Confréries<br />

et Zaouyas de Tanger. - Marabouts. - Propriété foncière<br />

dans le I{'arb. - Michaux-Bellaire el Salmon. El-Qçar El-Kebir. Une<br />

ville de province au <strong>Maroc</strong> septentrional (avec une carte et 7 planches).<br />

- N. Siousch. La colonie des Maghrabimsen Palestine. - G. Salmon.<br />

L'opuscule de Chaikh Zemmoury sur les Chorra et les tribus <strong>du</strong><br />

<strong>Maroc</strong>. - A. Joly. VOuerd des Ouled Sidi Bounou.<br />

Tome III. In-S, en 3 fascicules..... " .••.•... 100 fI'.<br />

L'art musulman (Bihliographie), par Ronnard, Bouvat et Bioche. ­<br />

G. Salmon. Les Chorfa Filala et Djilala de Fès. - Ihn Bahmoùn. ­<br />

A. Joly. ~e siège de Tétouan par les lrilllls des Djebala (1903-1901)<br />

- Salmon. Contribution à l'élude <strong>du</strong> droit coulumier <strong>du</strong> ,",01'" marocain.<br />

- De l'association agricole.<br />

Tome IV. ln-S. . . . .'. . . . . . . . . , . . . . . 100 fr.<br />

Les tribus arabes de la vallée <strong>du</strong> Lekootls, par Michaux-Bellaire et<br />

Salmon. - Tétouan, par A. Joly. Xiclunaet L. Mercier '(1; planches<br />

et 52 illustrations). - Étude sur J'histoire des Juifs au ~Iaroc, par<br />

N. Slousch. - Notes et renseïgnements, par L. Mercier, G. Salmon,<br />

. L. Bouvat.<br />

Tome V. In-S, en 3 fascicules. . . . . . . . . . . • . . Épuisé..<br />

1. Michaux-Bellaire et Salmon. Les lribus arabes de la vallée <strong>du</strong> Lekkoùs<br />

(sui/e). - G. Sa1mon. Catalogue des manuscrits d'une Bibliothèque'<br />

privée de Tanger. - L. Merder. Notes sur Rabat et Chelia. ­<br />

L. Bouvat. Extraits de la presse musulmane.<br />

Z. Tétouan, 2' partie. Ilistorique, par A. Joly, Xicluna et L. Mercier.<br />

- Rezzoùk. Notes sur l'organisation politique et administrative <strong>du</strong><br />

Bif. - Bené-Leclerc. Les Salines de Tanger. - L. Rouva!.. Extraits<br />

d€; la presse musulmane. .<br />

3. Tétouan, 2' partie. Historique, par A. Joly, Xicluna, L. Mercier.<br />

- Michaux-Bellaire. La science des BouAyâ. - Une histoire de r~pl.<br />

ÔSO/l':',30. - Tours~ imprimerie ARIUUL'l' el Ci-.

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