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institut-pasteur-ra-2014

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PRÉDIRE LES MUTATIONS À L’ORIGINE<br />

DES ÉPIDÉMIES VIRALES<br />

Les mécanismes moléculaires de<br />

réplication et de multiplication des<br />

virus à ARN génèrent des erreurs<br />

– ou mutations – dans leur code<br />

génétique, aboutissant à la<br />

production de virus légèrement<br />

différents les uns des autres.<br />

Certaines de ces mutations peuvent<br />

conférer aux virus qui les portent<br />

un avantage pour leur multiplication<br />

et leur t<strong>ra</strong>nsmission et être à<br />

l’origine de nouvelles épidémies.<br />

L’unité Populations vi<strong>ra</strong>les<br />

et pathogenèse est parvenue<br />

à développer une méthode<br />

permettant de prédire, dans une<br />

population de virus chikungunya<br />

t<strong>ra</strong>nsmis par les moustiques,<br />

les mutations à fort potentiel<br />

épidémique.<br />

Les chercheurs ont été capables<br />

de reproduire au cours du cycle<br />

chez le moustique et l’hôte<br />

mammifère d’une souche vi<strong>ra</strong>le<br />

pré-épidémique l’émergence<br />

d’une population vi<strong>ra</strong>le majoritaire<br />

porteuse de la mutation apparue<br />

lors de l’épidémie de chikungunya<br />

de 2005-2006 dans l’océan Indien.<br />

La méthode a ensuite été<br />

appliquée à la souche épidémique<br />

pour simuler ce qui pour<strong>ra</strong>it<br />

survenir lors d’une prochaine<br />

épidémie de chikungunya.<br />

Pour cela, ils ont recréé<br />

au labo<strong>ra</strong>toire un cycle de<br />

t<strong>ra</strong>nsmission complet (moustiquesouris-moustique).<br />

À l’issue<br />

de ce cycle, deux mutations<br />

nouvelles sont apparues et<br />

sont devenues majoritaires.<br />

Ces t<strong>ra</strong>vaux fournissent aujourd’hui<br />

un outil permettant d’identifier<br />

les mutations à potentiel<br />

épidémique. Cette découverte<br />

offre la possibilité de cibler<br />

et d’améliorer la surveillance des<br />

populations vi<strong>ra</strong>les, en routine et<br />

au cours d’épisodes épidémiques.<br />

Ci-dessus : virus chikungunya<br />

à la surface d’une cellule.<br />

Un vaccin contre<br />

le chikungunya<br />

L’unité Génomique vi<strong>ra</strong>le et<br />

vaccination a mis au point un vaccin<br />

contre le chikungunya qui a été<br />

testé avec succès chez l’homme<br />

dans un essai clinique de phase I<br />

réalisé en Autriche par la société<br />

Themis Bioscience. Ce vaccin<br />

est basé sur un virus vaccinal de<br />

la rougeole modifié pour exprimer<br />

les antigènes structu<strong>ra</strong>ux du virus<br />

chikungunya. L’essai clinique réalisé<br />

sur 42 volontaires adultes a montré<br />

que le vaccin est inoffensif, bien<br />

toléré et immunogène, induisant<br />

des anticorps neut<strong>ra</strong>lisants contre<br />

le virus chikungunya chez 90 %<br />

des participants dès la première<br />

administ<strong>ra</strong>tion. L’immunité<br />

préexistante antirougeole n’a pas<br />

affecté la prise du vaccin<br />

expérimental. Un essai clinique de<br />

phase II se<strong>ra</strong> prochainement réalisé.<br />

Ce résultat démontre la faisabilité<br />

de cette plate-forme vaccinale.<br />

VIRUS EBOLA ZAÏRE EN AFRIQUE DE L’OUEST : UNE ÉPIDÉMIE D’UNE AMPLEUR INÉDITE<br />

Virus Ebola.<br />

En mars <strong>2014</strong>, le centre national<br />

de référence des Fièvres<br />

hémor<strong>ra</strong>giques vi<strong>ra</strong>les, hébergé<br />

au sein de l’unité Biologie des<br />

infections vi<strong>ra</strong>les émergentes<br />

basée à Lyon, a été sollicité par<br />

Médecins sans frontières,<br />

confrontés à une épidémie de<br />

fièvre hémor<strong>ra</strong>gique en Guinée<br />

forestière. La présence du virus<br />

Ebola a été mise en évidence.<br />

Le séquençage réalisé en<br />

collabo<strong>ra</strong>tion avec le pôle<br />

Génotypage des pathogènes<br />

(Institut Pasteur, Paris) et<br />

le Bernhard-Nocht-Institut<br />

(Hambourg) a permis d’établir<br />

qu’il s’agissait de l’espèce Ebola<br />

Zaïre, la plus pathogène parmi les<br />

cinq connues, avec un taux de<br />

mortalité de 90 %. Sa présence,<br />

jusqu’alors restreinte à quelques<br />

pays d’Afrique cent<strong>ra</strong>le, était tout<br />

à fait inattendue en Afrique<br />

de l’Ouest. Ce bond de 2 500 km<br />

pour<strong>ra</strong>it s’expliquer par la<br />

mig<strong>ra</strong>tion de chauves-souris<br />

infectées depuis le centre du<br />

continent. L’épidémie s’est<br />

massivement dispersée dans<br />

l’ensemble de la Guinée ainsi<br />

qu’au Liberia et en Sier<strong>ra</strong> Leone,<br />

devenant ainsi l’épisode<br />

épidémique d’Ebola le plus sévère<br />

jamais observé depuis la première<br />

description de ce virus en 1976.<br />

Des facteurs socio-économiques,<br />

démog<strong>ra</strong>phiques et culturels sont<br />

sans doute à l’origine de l’intensité<br />

de l’épidémie. Ce fait illustre<br />

qu’un virus identique cause dans<br />

un certain contexte (Afrique<br />

cent<strong>ra</strong>le) des épidémies peu<br />

dispersées et <strong>ra</strong>pidement<br />

circonscrites, mais qu’il peut<br />

dans un autre contexte (Afrique<br />

de l’Ouest) causer des épidémies<br />

massives et incontrôlables.<br />

Institut Pasteur Rapport annuel <strong>2014</strong> 41

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