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RAPPORT ANNUEL 2010 - FIDH

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Les Amériques<br />

Stratégies et objectifs<br />

En Amérique latine, à l’exception de Cuba, les régimes dictatoriaux<br />

sont des faits du passé et seul un conflit armé interne perdure, celui de<br />

la Colombie. Cependant, les niveaux très élevés d’homicides dans de<br />

nombreux pays de la zone rappellent combien les démocraties sont<br />

fragilisées par l’omniprésence de la violence et du crime organisé<br />

(par exemple au Mexique, Guatemala, El Salvador, Honduras,<br />

Colombie, Venezuela et Brésil). Les liens que ces derniers peuvent<br />

entretenir avec les autorités étatiques affectent profondément le<br />

fonctionnement de l’État de droit et de la justice. C’est pour cette<br />

raison que à la suite du Congrès de la <strong>FIDH</strong> en Arménie, ses ligues<br />

membres ont confirmé que l’amélioration de l’administration de la<br />

justice et la lutte contre l’impunité des plus graves violations des<br />

droits de l’Homme seraient l’un des principaux axes d’action pour<br />

lutter contre l’aggravation de la violence dans la région.<br />

La criminalisation de la protestation sociale constitue une autre<br />

tendance lourde parmi les violations des droits de l’Homme<br />

observées dans la région. Cela exacerbe les tensions et couve<br />

des potentialités conflictuelles. La <strong>FIDH</strong> entend développer<br />

une stratégie multiforme de lutte contre ce phénomène via des<br />

activités vouées à l’amélioration de l’administration de la justice,<br />

le développement d’une jurisprudence interamériciane sur le sujet<br />

et un travail d’analyse régionale sur ce phénomène.<br />

Le travail classique de la <strong>FIDH</strong> de missions d’établissement des<br />

faits et des responsabilités a pour objectif d’enrichir les activités de<br />

plaidoyer auprès des autorités nationales et internationales dans le<br />

but de proposer des mesures concrètes pour le respect des droits.<br />

Dans son plaidoyer auprès des instances intergouvernementales, la<br />

<strong>FIDH</strong> souhaite insister auprès de l’Union européenne pour que les<br />

droits de l’Homme soient placés au cœur des accords de coopération<br />

contractés avec plusieurs pays de la région.<br />

Les rapports d’enquête servent également à alimenter des instances<br />

contentieuses nationales, régionales et internationale. Un accent<br />

particulier est mis sur l’utilisation des procédures de la Commission<br />

et de la Cour inter-américaine des droits de l’Homme, devenu un<br />

outil privilégié pour placer les autorités face à leur obligation de<br />

protéger les droits humains.<br />

Enfin, ceux qui dénoncent les violations des droits de l’Homme<br />

dans les situations de conflit et de tensions ou de crises politiques<br />

sont particulièrement en danger. La protection des défenseurs dans<br />

ce contexte spécifique constitue ainsi l’un des objectifs prioritaires<br />

de la <strong>FIDH</strong>.<br />

Contexte<br />

L’année <strong>2010</strong> a notamment été marquée par les événements du<br />

12 janvier <strong>2010</strong> en Haïti. 35 secondes ont suffi pour déclencher<br />

une catastrophe humanitaire sans précédent. Plus de 200 000 personnes<br />

ont trouvé la mort lors du tremblement de terre, environ<br />

300 000 personnes ont été blessées et 1,9 million déplacées. Des<br />

institutions, déjà fragiles avant le tremblement de terre, se sont<br />

complètement effondrées.<br />

En Colombie, le conflit continue. Il oppose l’armée et les paramilitaires<br />

(maintenant nommés «Bacrim» - «bandes criminelles»<br />

- par le gouvernement) aux mouvements de guérilla. La Colombie<br />

demeure le second pays au monde en nombre de déplacés internes<br />

et le premier en nombre d’assassinats de syndicalistes. Toutes les<br />

parties au conflit sont responsables de graves violations des droits<br />

de l’Homme et du droit international humanitaire. L’élection de<br />

Juan Manuel Santos en août <strong>2010</strong> à la présidence de République<br />

pourrait marquer une nouvelle étape après une période de huit ans,<br />

caractérisée par une politique d’attaque à l’encontre des défenseurs<br />

de droits de l’Homme, mais aussi à l’encontre de tous ceux qui<br />

pouvait représenter une opposition au président Uribe, y compris<br />

les juges des hautes cours. Le nouveau chef de l’État semble vouloir<br />

marquer une certaine rupture, du moins en apparence, avec la<br />

stigmatisation et la polarisation que prônait l’ancien président.<br />

Au Honduras, la persistance de l’impunité des crimes commis<br />

pendant le coup d’État ainsi qu’une très grande polarisation<br />

politique de la société, ont conduit à une recrudescence de la<br />

violence et notamment des homicides tout au long de l’année. En<br />

effet, c’est à la suite du coup d’État de juin 2009 et de la tenue<br />

d’élections qui n’ont pas respecté le libre jeu démocratique que<br />

le président Lobo a pris ses fonctions.<br />

Au Nicaragua, la dégradation progressive de l’État de droit s’est accentuée<br />

avec, notamment, la multiplication des obstacles à la liberté<br />

d’expression et de réunion et une atteinte caractérisée aux droits de<br />

choisir des représentants et de participer à des élections libres.<br />

En <strong>2010</strong>, alors que dans une grande partie du monde les taux de<br />

croissance sont en berne, le continent latino-américain affiche des<br />

résultats économiques très positifs. Pourtant la population, dans<br />

sa grande majorité, ne tire pas de bénéfices de cette croissance.<br />

Au contraire, elle souffre souvent d’une exploitation intensive<br />

des ressources naturelles et se voit même privée de ses droits les<br />

plus fondamentaux comme le droit à l’alimentation, à la santé ou<br />

à l’éducation. Ceci est particulièrement vrai des communautés<br />

indigènes et rurales. Dans beaucoup de pays comme au Pérou, en<br />

Colombie, en Équateur, au Brésil, au Chili, il en est résulté une<br />

hausse de la protestations sociale pour le droit à la terre ou à un<br />

environnement sain, entre autres revendications. Ces situations<br />

50 — <strong>FIDH</strong> <strong>RAPPORT</strong> <strong>ANNUEL</strong> <strong>2010</strong>

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