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Fr-16-04-2013 - Algérie news quotidien national d'information

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Kiosque inter<strong>national</strong> dclgéa aAnalyses &Décryptagese15Affaire Cahuzac,l'armée a eu sa peauPatrick Vallélian, L’Hebdo SuisseJérôme Cahuzac voulait couper les ailesde l’armée française sur l’autel de larigueur budgétaire. Elle l’a fait chuter.Récit d’une affaire d’Etat.Le lundi 18 mars <strong>2013</strong> au soir, le ministrede la Défense Jean-Yves Le Drian a rendezvousdans ses bureaux de l’Hôtel de Brienne,à Paris, avec Jérôme Cahuzac, le ministredélégué chargé du Budget. C’est la réunionde la dernière chance pour une armée françaisequi risque d’être la grande sacrifiée surl’autel de la rigueur et des économies budgétairesdu gouvernement de <strong>Fr</strong>ançoisHollande. Face à une croissance nulle, unchômage en forte hausse ou encore à desrentrées fiscales en baisse malgré l’augmentationdes impôts, le président n’a de toutemanière pas le choix. Le déficit va dépasser labarre des 3% du produit intérieur brut (PIB)s’il ne fait pas maigrir le mammouth. Et c’estvers la «grande muette» qu’il se tourne. Ilveut appliquer des remèdes drastiques àl’institution qui pèse grosso modo 1,5% duPIB. Comme en Suisse, son budget est unedes seules réserves stratégiques du gouvernement,indique Christophe Guilloteau,député UMP et surtout membre de laCommission de défense de l’Assemblée<strong>national</strong>e. «Et puis, à la différence des enseignantsou des infirmières, vous ne verrezjamais des militaires descendre dans la ruepour manifester contre la détérioration deleurs conditions de travail. Ils souffrent ensilence. Mais clairement, ils en ont assezd’être une variable d’ajustement budgétairealors que beaucoup reçoivent leur solde avecdu retard à cause de prétendus problèmesinformatiques», illustre Jacques Lamblindéputé UMP et membre de la Commissionde la défense <strong>national</strong>e et des forces armées,même si en mars 2012 des femmes de militairesont manifesté contre la précarisationde leur statut. Un mouvement vite étouffépar des pressions sur leurs maris.Cahuzac se montre d’emblée très offensif.Il veut tailler dans le vif avec une couped’au moins 1 milliard d’euros pour 2014 etde plusieurs milliards d’euros les années suivantes.C’est ce qu’il veut proposer dans lafuture loi de programmation militaire(LPM) qui court de 2014 à 2019. Elle fixeraitainsi le plafond de dépenses pour l’armée à1,1% du PIB, soit un plus bas historiquepour une institution qui pesait 5,44% duPIB au plus fort de la guerre froide. En gros,cette hypothèse «Z» qui devrait être inscritedans le Livre blanc sur la Défense et laSécurité <strong>national</strong>e impliquerait la suppressionde 31 régiments dans l’armée de terre, lavente du porte-avions Charles-de-Gaulle àl’Inde ou au Brésil, l’annulation des commandesdes hélicoptères de combat Tigre oude deux sous-marins nucléaires Barracuda,l’arrêt de la production des Rafale et del’A400M, l’avion-cargo d’Airbus dont leslivraisons devraient débuter cette annéeencore. Plus de 51 000 postes seraient égalementsupprimés dans l’armée, soit l’effectifde l’armée de l’air. Des dizaines d’autres disparaîtraientdans les industries militairesfrançaises qui pèsent pourtant plus de <strong>16</strong>0000 emplois et ne chôment pas alors quel’Asie se réarme à vitesse grand V. Des basesfrançaises à l’étranger seraient fermées,notamment dans le Golfe ou en Afrique. Lesbudgets du Renseignement extérieur et intérieurseraient également revus à la baisse.En face de celui qui passait encore celundi soir 18 mars pour l’homme fort dugouvernement Hollande, Jean-Yves Le Drianforme un carré digne des soldats suisses. Ils’arc-boute sur le statu quo à 1,5% du PIBou, au pire, sur l’hypothèse «Y». Il veut bienfaire des économies même si les arméesguerroient au Mali. Sa proposition: jusqu’à 2milliards de moins par an, 30 000 suppressionsde postes à la Défense et 15 000 dansl’industrie de l’armement public. Les deuxministres ne trouvent pas de terrain d’entente.Mais comment le pourraient-ils tantl’option Cahuzac est indigne d’une puissancemondiale qui siège au Conseil de sécuritéde l’ONU, estiment les spécialistes. Ellela priverait en tout de sa puissance de projection.En clair: la <strong>Fr</strong>ance n’aurait plus lesmoyens de guerroyer au Mali ou enAfghanistan…Or, heureux hasard, alors que la situationest bloquée et que Hollande, qui reste le chefdes armées, est censé trancher le vendredi 22mars, voilà qu’éclate – vraiment – l’affaireCahuzac, quelques heures après cette séanceà l’Hôtel de Brienne. Le ministre du Budgetdémissionne en effet le 19 mars après l’ouvertured’une enquête judiciaire à sonencontre pour blanchiment de fraude fiscale.On connaît la suite. Après avoir étéentendu le mardi 2 avril par les juges du pôlefinancier du Tribunal de grande instance,Cahuzac avoue avoir menti au sujet de sescomptes à l’étranger. La descente aux enfersest désormais programmée pour l’ancienEdward aux mains d’argent du gouvernementHollande.Un hasard, disions-nous! Pas vraimentselon plusieurs sources sécuritaires rencontréespar L’Hebdo à Paris. «Cahuzac?L’armée a eu sa peau. On ne s’attaque pasimpunément à nous», lance même triomphalementun militaire proche des Servicesde renseignement. «Il voulait notre mort.Nous l’avons eu. Et d’autres ministres pourraientsuivre si Hollande continue sur cettevoie.»Info ou intox? S’il est difficile d’obtenirdes confirmations officielles dans cedomaine, la thèse d’un coup des Servicessecrets contre le ministre tient la route,estime Christophe Guilloteau, qui a l’impressionque le système a dit stop. D’autantque les autorités judiciaires genevoises quiont reçu le 19 mars <strong>2013</strong> une demande d’entraidejudiciaire se sont étonnées de la précisiondes informations de la justice françaiseau sujet des comptes bancaires du ministredans les banques Reyl & Cie et UBS.Service de renseignement. La patte desServices de renseignement français, estimentplusieurs de nos sources. «Et ne croyez pascomme vous avez pu le lire ici ou là que c’estPatricia Cahuzac, la future ex-femme duministre qui a précipité sa chute. Si elledevait connaître l’existence d’un compte enSuisse, elle aurait été incapable d’en transmettreles numéros à la justice.» Et rien nedit qu’elle avait effectivement engagé desdétectives privés pour enquêter sur la vie etle patrimoine de ministre de son mari. Elles’en est en tout cas toujours défendu.Non, la vérité est plus crue, poursuitnotre informateur. «Nos services traquentdepuis plusieurs années les fraudeurs du fiscà l’étranger et notamment en Suisse où noshommes sont très présents.» En outre, le casCahuzac ne leur était pas inconnu puisqu’ilavait déjà été dénoncé en 2008 par RémyGarnier, un contrôleur du fisc aujourd’hui àla retraite (lire son interview ).Mais alors pourquoi n’avoir pas agi plustôt? Une partie de la réponse vient de tombergrâce à un collectif d’officiers de la DCRI(Direction centrale du renseignement intérieur).Dans un document de 14 pages, remisle <strong>16</strong> février au groupe de travail sur les exilésfiscaux dirigé par le député socialisteYann Galut, ces espions confirment que lesrenseignements surveillent étroitement surl’organisation de la fraude fiscale inter<strong>national</strong>e,notamment celle organisée par UBS.Mais ils se sont bien gardés de transmettreleurs informations à la justice. Pourquoi?«Ces services se nourrissent des délits qu’ilsne souhaitent pas voir apparaître ou révélerà l’autorité judiciaire pour ne pas amoindrirleur influence, quand le besoin s’en fait sentir»,répondent les membres de ce collectifd’officiers de la DCRI dans ce document citépar La Croix. En clair: ils utilisent leursinformations sur la fraude fiscale quand bonleur semble, en se cachant derrière le «secretdéfense» pour ne pas transmettre automatiquementleurs pépites aux juges.Lobby militaro-industriel. Cahuzacaurait-il été victime de ce système qui fleurebon les vieilles méthodes desRenseignements généraux? Nos sources leconfirment en ajoutant que le ministre duBudget s’était également mis à dos les industrielsde la Défense en février dernier enannonçant vouloir renforcer les mécanismesde contrôle et de contre-expertise au niveauinterministériel des achats du Ministère de ladéfense, soit plusieurs milliards d’euros paran. Cahuzac ne voulait pas s’arrêter en si bonchemin. Il avait également l’intention d’exigerune baisse des prix de l’ordre de 10% –soit une économie de 300 millions d’eurospar an – et d’étudier de très près les margesdes industriels notamment en matière demaintenance.»L’information était quasiment passée inaperçue.Mais elle a l’effet d’une bombequand on connaît la puissance de frappe dulobby militaro-industriel hexagonal quireprésente <strong>16</strong>5 000 emplois directs et indirects,et un chiffre d’affaires de l’ordre de 15milliards d’euros, dont le tiers environ estréalisé à l’exportation.C’était également la porte ouverte pourl’achat de matériel à l’étranger. Bref, unepetite révolution qui a fait réagir Dassault,fabricant de l’avion de chasse Rafale, Thales(missiles), ou Nexter (chars), alors que lesplans d’économies de l’armée auraient bloqué,sinon gelé de nombreux programmesd’armement. Autre problème: sans la manneétatique et les commandes de l’armée, l’industried’armement ne pourrait pas financerle développement de nouveaux systèmesd’armes.L’armée, les industriels, la droite ont alorsfait part de leurs soucis à <strong>Fr</strong>ançois Hollande.Et même des parlementaires de gauche àl’image de Patricia Adam. La présidente de laCommission défense de l’Assemblée <strong>national</strong>eet surtout élue de Brest, l’une des principalesbases militaires maritimes du pays,criait au loup dans Le Monde le 25 mars<strong>2013</strong> en affirmant que l’hypothèse Z visait à«tuer le Ministère de la défense. Dès 2015, sion le suit, il ne lui restera que la sécurité<strong>national</strong>e (gendarmerie), les forces spécialeset la dissuasion» nucléaire. Tout le reste auradisparu. Elle ajoutait que ce n’était pas entuant le budget de la Défense que la <strong>Fr</strong>anceéquilibrerait ses comptes.«La patrie est en danger», tonnait pour sapart Jean-Louis Carrère, le président luiaussi socialiste de la Commission de ladéfense du Sénat. «Si nous appliquons lesscénarios de réduction des moyens qui sontproposés, nous aboutirons rapidement à unvéritable déclassement de notre pays sur lascène inter<strong>national</strong>e», ajoutait-il le 19 févrierdernier lors d’une séance du Sénat en présencenotamment du ministre de la Défense.Le président en chute libre dans les sondagespouvait-il se permettre de torpillerune industrie exportatrice et créatrice d’emplois?Ou pire de voir une armée se révolterface à des coupes trop drastiques? Hollandesemble avoir entendu tous ces messages.Le 28 mars dernier, face aux caméras de<strong>Fr</strong>ance 2, le président annonçait qu’il dépenseraiten 2014 exactement le même montantqu’en <strong>2013</strong>. Il a également fait un geste endirection des militaires et des industriels ennommant Bernard Cazeneuve au Budget à laplace de Cahuzac. Heureux hasard, l’ancienministre délégué aux Affaires européennesvient de Cherbourg, autre base maritime. LaDCNS qui construit, notamment, des sousmarins,y possède également un site de production.Hollande a enfin repoussé la sortie duLivre blanc de la fin mars à avril, puis audébut mai. «Mais ce sera un livre… blanc»,résume Christophe Guilloteau qui est membrede la Commission du document. «Il nefaut rien en attendre quant à l’avenir de laDéfense. Ce ne sont que quelques vœuxpieux. C’est davantage notre philosophiegénérale de défense. Pas un ordre de marche.»Débat repoussé. Le président a égalementremis à l’automne le débat parlementaire surla LPM. «Nous devions en parler avant l’éténormalement pour préparer ce plan d’investissementessentiel puisqu’il fixe les grandeslignes de la Défense durant dix ans», poursuitChristophe Guilloteau. «Est-ce que celaveut dire que <strong>Fr</strong>ançois Hollande qui a siégéavec moi à la Commission de la défense<strong>national</strong>e de l’Assemblée va revoir totalementsa copie? Ou veut-il passer un budget àla baisse en même temps qu’une LPM rabotée?Tout est possible.»Mais pour l’élu du département duRhône, comme pour les hommes de l’ombre,l’Elysée ne devrait plus s’attaquer de faceà l’armée. D’autant que d’autres dossiers«fiscaux» seraient prêts pour faire sauter lesministres qui n’auraient pas encore compris.Plusieurs agents se souviennent que Jean-Yves Le Drian avait travaillé jadis dans l’armement,une des industries les plus opaquesqui soient. Un ministre, tout comme un présidentaverti, en vaut deux.ALGERIE NEWS Mardi <strong>16</strong> avril <strong>2013</strong>

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