l'extension de la capita<strong>le</strong> aux 29 vil<strong>le</strong>s limitrophes ou aux 3 départements de la petite couronne. Cettevision crée de la marginalité en donnant tou<strong>jour</strong>s plus de va<strong>le</strong>ur foncière et immobilière au centre et enrejetant <strong>le</strong>s plus pauvres dans la périphérie.Je défends l'idée du polycentrisme, c'est-à-dire la création de plusieurs lieux de centralité en I<strong>le</strong>-de-France. La Région aurait alors la forme d'une marguerite composée de 7 ou 8 péta<strong>le</strong>s autour du pô<strong>le</strong>parisien, tous à égalité. Chaque entité s'occuperait, dans <strong>le</strong> cadre d'une intercommunalité, detransports, d'aménagement et de développement économique et se constituerait autour d'un point fort,comme <strong>le</strong> Stade à Saint-Denis, pour que <strong>le</strong>s habitants puissent s'identifi er à un territoire qui va bienau-delà de <strong>le</strong>ur commune ou <strong>le</strong>ur cité.Quel serait <strong>le</strong> périmètre de ces pô<strong>le</strong>s ?Il va sans dire que rien ne doit se faire sans <strong>le</strong>s maires et <strong>le</strong>s populations. Mais on peut imaginer àl'ouest un pô<strong>le</strong> autour de la Défense et de Boulogne jusqu'à Versail<strong>le</strong>s; à l'est, Montreuil, Fonte- nay...;au sud-est, Seine-Amont entre Ivry, Vitry, Orly et Créteil; au sud, un pô<strong>le</strong> autour de la vallée de laBièvre, etc. Sans oublier bien sûr <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> Plaine Commune - Plaine de France au nord de Paris. Ces 7ou 8 péta<strong>le</strong>s couvriraient l'ensemb<strong>le</strong> de la banlieue dense, vil<strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s comprises.Se poserait alors <strong>le</strong> problème de la coordination entre <strong>le</strong>s différents péta<strong>le</strong>s de la marguerite...Notre modè<strong>le</strong> est confédéral. Les grands choix relatifs aux transports, à l'habitat et à l'emploirelèveraient d'une conférence des présidents d'intercos, qui serait <strong>le</strong> prolongement de la conférencemétropolitaine de Bertrand Dela- noë. Cette structure s'occuperait aussi de la répartition de la fiscalité,sujet <strong>le</strong> plus délicat qui ne se rég<strong>le</strong>ra pas d'un coup de baguette magique, quel que soit <strong>le</strong> scénariochoisi.Comment serait élu <strong>le</strong> président de cette grande conférence métropolitaine ?Sûrement pas au suffrage universel, plutôt au suffrage indirect. Mais il ne faut pas se précipiter. Pro- fitons de 2009 pour permettre à chaque vil<strong>le</strong> d'adhérer à une structure intercommuna<strong>le</strong>. Le 1er janvier2010, on pourra alors créer cette conférence des présidents qui élira son président.Cette vision polycentrique ne fait pas l'unanimité...Ne croyez pas cela : <strong>le</strong> Schéma directeur de la Région I<strong>le</strong>-de-France de Jean-Paul Huchon n'est pasloin du scénario de la marguerite, même s'il doit être affi né et revendiqué. Plusieurs architectescomme Roland Castro, mais aussi Jean Nouvel... plaident pour la création de nouveaux centres et ontrépondu à l'appel d'offres lancé par Nicolas Sarkozy pour <strong>le</strong> Grand Paris.Et Christian Blanc, <strong>le</strong> nouveau secrétaire d'Etat chargé du développement de la Région capita<strong>le</strong> ?Il a peut-être des idées, j'espère pas trop arrêtées. J'ai déjà pris contact avec lui. Il ne faut pas être surla défensive.Le 15 <strong>avril</strong>, vous devriez être réélu président de Plaine Commune. La poussée socialiste dans <strong>le</strong> 93bou<strong>le</strong>verse-t-el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s équilibres dans l'interco ?Aubervilliers et Pierrefitte ont des maires socialistes. Je regrette que <strong>le</strong> travail de Catherine Hanriotcomme celui de Pascal Beaudet n'ait pas été reconnu. Ca ne changera en rien ma façon de travail<strong>le</strong>r.Dans <strong>le</strong> respect et la loyauté. Nous avons élaboré ensemb<strong>le</strong> un projet de territoire qu'il faudra fairepartager aux nouveaux élus. Par exemp<strong>le</strong>, il est nécessaire de continuer à construire des logementssociaux tout en diversifi ant l'offre. Je sais que ce sujet fait débat. Il est fondamental de ne pasopposer <strong>le</strong>s populations entre el<strong>le</strong>s. Je rappel<strong>le</strong> que l'objectif principal d'une nouvel<strong>le</strong> organisationmétropolitaine doit être de résorber <strong>le</strong>s inégalités spatia<strong>le</strong>s, économiques et socia<strong>le</strong>s.Eve RogerParis ObsRéinventons la Vil<strong>le</strong> Lumière, par Jérôme Dubus et Jean-Claude Beau<strong>jour</strong>LE MONDE | 15.02.08 |Dans moins d'un mois, <strong>le</strong>s Parisiens devront choisir une nouvel<strong>le</strong> orientation pour <strong>le</strong>ur vil<strong>le</strong>. Il s'agitd'un rendez-vous décisif pour l'avenir de la capita<strong>le</strong>. En choisissant Nicolas Sarkozy, <strong>le</strong>s Français ont
manifesté <strong>le</strong>ur volonté de réformes profondes. Paris ne doit pas rester à l'écart de ces changements.Au contraire, el<strong>le</strong> doit être à la pointe de l'innovation.Nous avons la conviction que Paris peut retrouver ses "lumières" pour peu qu'el<strong>le</strong> s'engage dans unnouveau modè<strong>le</strong> urbain. Avec ses 2 millions d'habitants (soit une hausse de 0,9 % contre uneprogression de 3,8 % de la population francilienne), el<strong>le</strong> n'a pas profité de la renaissancedémographique qu'ont connue l'I<strong>le</strong>-de-France et la France depuis cinq ans. El<strong>le</strong> n'a pas non plusconnu de "boom" économique : <strong>le</strong> solde entre <strong>le</strong>s arrivées et <strong>le</strong>s départ des entreprises restelourdement négatif, et <strong>le</strong> taux de chômage n'a quasiment pas décru depuis 2001. Paris ne s'effondrepas ; selon <strong>le</strong> mot de Milan Kundera, "el<strong>le</strong> se languit faute d'avoir trouvé une passion".Le rô<strong>le</strong> du maire d'une grande capita<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> est de concilier une grande ambition pour sa vil<strong>le</strong>avec <strong>le</strong> maintien d'une harmonie dans la vie quotidienne de ses habitants. Or, depuis 2001, oncherche en vain une vision pour Paris. On ne trouve qu'une juxtaposition de mesures sans cohérenceet sans souff<strong>le</strong>. La question est pourtant claire : que veut-on faire de Paris pour <strong>le</strong>s vingt prochainesannées ? Nous avons d'abord la conviction que notre capita<strong>le</strong> doit renouer avec <strong>le</strong> dyna<strong>mis</strong>meéconomique et la création de richesses. Le rô<strong>le</strong> du maire n'est pas de créer directement des emplois,mais de rendre sa vil<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus attractive possib<strong>le</strong> en créant <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures conditions d'accueil pour <strong>le</strong>sacteurs économiques. La priorité doit donc être donnée à la réalisation d'un immobilier d'entreprisemoderne, au maintien de conditions fisca<strong>le</strong>s favorab<strong>le</strong>s, à la défense du commerce de proximité et àde nouvel<strong>le</strong>s mesures en faveur de la création et de la trans<strong>mis</strong>sion d'entreprises.Cette nouvel<strong>le</strong> dynamique économique doit avant tout permettre de rééquilibrer <strong>le</strong>s différentsterritoires et de garantir une vraie diversité socia<strong>le</strong> : c'est un deuxième objectif. Depuis 2001, Pariss'est appauvrie, et <strong>le</strong> nombre des RMistes y a explosé (près de 60 000 en juin 2007 contre 30 000 en2001), soit <strong>le</strong> chiffre <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé d'I<strong>le</strong>-de-France après la Seine-Saint-Denis. Le taux de pauvreté adépassé 10 % en 2004, et <strong>le</strong> 18e arrondissement est parmi <strong>le</strong>s vingt communes <strong>le</strong>s plus défavoriséesde notre région. La fracture socia<strong>le</strong> n'a jamais été aussi forte. Ce n'est plus acceptab<strong>le</strong>.Avec la création d'une prestation nouvel<strong>le</strong> pour la garde des petits enfants, la <strong>mis</strong>e sur <strong>le</strong> marché de 7000 logements par an, dont 4 000 logements neufs, <strong>le</strong> lancement d'un grand plan de réinsertionprofessionnel<strong>le</strong> des 60 000 RMistes parisiens et de développement de nombreuses structuresd'accueil des personnes âgées, la solidarité sera au coeur de l'action de la future majorité. A cetégard, il est indispensab<strong>le</strong> de renforcer <strong>le</strong>s réseaux de solidarité (réseaux associatifs, animation desquartiers, nouvel<strong>le</strong>s technologies, etc.).Paris doit éga<strong>le</strong>ment retrouver <strong>le</strong> mouvement pour entrer dans la modernité. C'est particulièrementvrai au niveau environnemental, avec la lutte contre toutes <strong>le</strong>s pollutions, l'amélioration desperformances énergétiques des logements et des transports en commun en sous-sol, ou encore unepolitique rigoureuse en faveur de la voiture propre.La modernité doit se décliner éga<strong>le</strong>ment au niveau urbanistique. Un grand architecte nous <strong>le</strong> disaitrécemment : "Quand on revient des grandes capita<strong>le</strong>s étrangères, Paris fait l'effet d'une vil<strong>le</strong> deprovince." La vitalité du nouveau sièc<strong>le</strong> peut aussi se traduire par des gestes architecturaux forts quine s'interdisent pas la hauteur et l'originalité, à condition de concilier tradition historique etdéveloppement durab<strong>le</strong> : 15 % du territoire parisien peut faire l'objet de nouveaux aménagements oude rénovation, comme <strong>le</strong>s Batignol<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s terrains de l'Est parisien (porte de la Chapel<strong>le</strong>, porte de laVil<strong>le</strong>tte), ou <strong>le</strong>s onze opérations de rénovation urbaine dont trois seu<strong>le</strong>ment sont actuel<strong>le</strong>ment lancées.VRAI CAMPUS UNIVERSITAIRELa modernité, c'est aussi l'adaptation de la gouvernance de la vil<strong>le</strong> aux changements des modes devie. Dans ce domaine, rien ou presque n'a bougé depuis trente ans. L'organisation administrative deParis doit évoluer, avec de nouvel<strong>le</strong>s compétences en faveur des maires d'arrondissement.L'ouverture vers <strong>le</strong>s communes limitrophes nous paraît éga<strong>le</strong>ment une nécessité absolue sur desprojets précis comme <strong>le</strong> logement, <strong>le</strong>s transports ou la gestion de la Seine, par exemp<strong>le</strong>.Enfin, Paris doit à nouveau s'ouvrir au monde. Londres défend sa position de première placefinancière avec New York. Berlin fait déjà figure de porte d'entrée des nouveaux marchés de l'Est.Milan et Barcelone connaissent des croissances rapides grâce à des investissements massifs. Viennes'inscrit au coeur du développement de la Mitte<strong>le</strong>uropa.