le DoSSierleS aSCenSeurSleur SéCurité DéPenDDeS autoritéS CantonaleSEn matière de sécurité, le contrôle des ascenseursdépend des lois propres à chaque canton, maisdepuis 2005 un organe fédéral assure lasurveillance des nouvelles installations. Le pointavec Norbert haas, inspecteur fédéral à l’ASIT,l’Association suisse d’inspection technique.Depuis quatre ans, norbertHaas travaille comme inspecteurfédéral à l’ASIT, l’Associationsuisse d’inspectiontechnique, qui assure aussila surveillance des machinesà vapeur, des centrales nucléaires,des pipelines et dutransport des matières dangereuses.Bien que l’ordonnancefédérale sur les ascenseursdatant du 23 juin 1999 soitentrée en vigueur en 2001, cen’est qu’en 2005 que son départementchargé de l’inspectiondes ascenseurs a été crééNorbert haas et ses collègues inspecteurs fédéraux traitentessentiellement des problèmes liés à la sécurité des ascenseurs.DRau sein de l’ASIT. Depuis,norbert Haas et ses collèguesfont régulièrement des visitesaux installateurs suisses pours’assurer qu’ils respectent lesnormes de sécurité exigéespar cette ordonnance lors de laconstruction, de la fabricationet de l’installation d’un nouvelascenseur.En t a nt qu’i nspecteu rfédéral, est-ce que vous faitesdes inspections à l’improvistedans les immeubles?Norbert haas. Tout installateura l’obligation d’annoncerles ascenseurs nouvellementmis en circulation dansune base de données tenuepar notre département. Surcette base, nous réalisonsdes contrôles par sondage ententant compte du volumed’activité de l’installateuret dans l’optique de couvrirtoutes les régions géographiquesde Suisse. De ce fait, lerisque d’être contrôlé est toujoursprésent.Concernant les ascenseursdatant d’avant 2001, peut-ondire qu’il n’y a aucune normequi oblige à les contrôlerrégulièrement? N’estcepas un danger pour lesutilisateurs?On ne peut pas dire celaparce que l’Europe a érigéune norme d’amélioration dela sécurité des ascenseurs en2003 très détaillée, qui comporte74 points d’améliorationde la sécurité. Cette norme représenteaujourd’hui l’état dusavoir. Elle est une recommandationdestinée aux autorités,aux entreprises de maintenanceet aussi aux propriétairespour définir une approchesystématique et raisonnable demise en œuvre de l’améliorationde la sécurité sur les ascenseursusagés. Cette normeexiste, mais elle n’a malheureusementpas de base légalepour son application en Suisse.Ce sont donc aux autorités cantonalesde décider d’en tenircompte ou pas dans la définitiondes mesures à prendre surle parc des ascenseurs usagerssur leur territoire respectif.Et les cantonsen tiennent compte…Aujourd’hui, seuls les cantonsde Genève et de zurich disposentde bases légales contraignantesimposant la mise àniveau de la sécurité des ascenseursusagés. En fonctionde l’état de leur parc d’ascenseurs,ils ont procédé au filtragede ces 74 points d’améliorationde la sécurité. Ils enont retenu une dizaine et ontdéfini les délais de mise enconformité.Fribourg, pour sapart, vient d’accepter le postulatdu parlementaire FrançoisRoubaty et s’est engagé à sedoter dès 2011 d’une baselégale pour l’amélioration de lasécurité. Aucun autre canton,à notre connaissance, n’a légiféréà ce sujet, mais nous espéronsque la décision de cestrois cantons fera boule deneige et que les autres cantonsse doteront bientôt eux ausside bases légales.Que peut faire un locataires’il se méfie de l’ascenseurde son immeuble?S’il est au bénéfice d’un contratde bail, il peut faire valoir sondroit privé et s’adresser à sagérance, qui prendra contactavec le propriétaire de l’immeuble.Le cas échéant, le locatairepeut nous contacterdirectement au moyen du formulairedisponible sur notresite www.svti.ch. Sa requêtesera alors traitée par nos ser-8 — Droit au logement • Janvier 2011 n° <strong>198</strong>
DRIl appartient à la justice dedéfinir si la non-remise àniveau des exigences de sécuritéconformément à la normeen vigueur représente undéfaut d’entretien au sens del’article 58 du Code des obligations.Le propriétaire ou lapersonne responsable pourraitalors être rendu responsable.mais nous ne disposons àce jour d’aucune jurisprudenceà ce sujet.En cas d’accident, s’il est prouvé un défaut d’entretien de l’ascenseur, le propriétaire peut en êtrerendu responsable.vices de manière confidentielle.Seules les annonces fondéessont cependant prises encompte. nos services ne traitentque des problèmes liés àla sécurité des usagers et nondes problèmes de confort, derespect de prestations définiespar contrat ou, par exemple, sil’ascenseur tombe régulièrementen panne.Vous intervenez même s’ils’agit d’un ascenseur d’avant2001?Oui. Sur annonce de défaut,on se doit d’intervenir, neserait-ce que pour faire unconstat de l’état de marche del’ascenseur.Et ensuite...nous faisons parvenir un étatsécuritaire de l’ascenseur aupropriétaire et en envoyonsune copie à l’autorité cantonalecompétente, qui est tenuede définir les actions d’améliorationde la sécurité sur leparc des ascenseurs existantsde son territoire. Si le propriétairene veut pas le mettreà niveau, le canton peut intervenir.Pour notre part, sansbase légale, notre service nepeut rien faire de plus.Mais que se passe-t-il en casde danger imminent…Si nous constatons par exemplequ’un câble est sur le pointde rompre – ce qui est assezrare – ou qu’un des mécanismesde roulement risque de“Depuis l’introduction del’ordonnance sur les ascenseursen 2001, les constructeursdoivent pouvoir prouver que leurproduit satisfait à des exigencesessentielles de sécurité”lâcher, nous prenons contactdirectement avec les autoritéscantonales concernées et leurexposons la situation. Aprèsconcertation, nous avons lapossibilité de mettre à l’arrêtun ascenseur usagé.Finalement, qui est responsablelors d’un accident?Pour en revenir aux anciensascenseurs, auparavant, enmatière de construction toutétait possible?Pas tout à fait. Dans les cantonsqui ne disposent pas d’une législationen matière d’ascenseurs,les constructeurs ontdécidé de se soumettre à desnormes dès 1939, mais cellescin’étaient que des recommandations.Elles ont été réviséesà plusieurs reprises,et il a fallu attendre le décretfédéral de <strong>198</strong>1 pour imposerle respect de celles-ci sur l’intégralitédu territoire suisse.Est-ce qu’on peut dire queles constructeurs ont étéresponsabilisés?Oui, mais ils l’étaient déjà!L’ascenseur est un moyen detransport qui nécessite un savoir-faireet des connaissancesspécifiques. Cela a toujoursété le cas. Ce qui achangé depuis l’introductionde l’ordonnance sur les ascenseursen 2001, c’est le faitqu’ils doivent pouvoir prouverque leur produit satisfait à desexigences essentielles de sécurité.Ils doivent égalementsuivre des procédures d’évaluationde la conformité quipeuvent être contrôlés par uneinstance fédérale, en l’occurrencel’Inspection fédérale dela sécurité où je travaille.(suite page 10)Du CÔté Du Droit Du Bail: réParationS et réDuCtionS De loYerDes problèmes affectant les installations et lesparties communes de l’immeuble, dont les ascenseurs,peuvent constituer des défauts dela chose louée auxquels le bailleur peut êtretenu de remédier. Si c’est le cas, le locatairedoit informer le bailleur de l’existence duproblème, par courrier recommandé, et enexiger la réparation (mise en demeure). Dansle but de contraindre un bailleur récalcitrant,le locataire peut en outre consigner son loyer.Pour ce faire, il doit indiquer dans ce courrierque, faute que l’installation défectueuse soitréparée dans un délai convenable, le loyerdu mois qui suit sera payé en mains de l’institutiondésignée par le droit cantonal.les droits du locataireDe la connaissance du défaut jusqu’à sonélimination, le locataire a droit à une réductionde son loyer. Il lui incombe toutefois dedémontrer l’existence et l’ampleur des nuisancesqu’il subit. Il pourra notamment s’appuyersur le témoignage de ses voisins et de clichésphotographiques.Le juge apprécie l’importance de la réductionde loyer due de cas en cas. Le Tribunalfédéral a ainsi jugé que le loyer d’un appartementsitué au 4 e étage d’un immeuble privéd’ascenseur pouvait être réduit de 10%.Christian DandrèsDroit au logement • Janvier 2011 - n° <strong>198</strong> — 9