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archives marocaines - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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ARCHIVES MAROCAINESVoumE XVI


l.a pierre de touche des fétwas de AI!IlHld AI-\V:lllsl·lial'isi.Choix de ('ollsllllations jlll'idiqlles des faf[ihs dn \Inghl'eh,tl'nL!nile,s pal' '>"",1: .\~IAn, ::! "01. ill-Ro.(.Ii·"lii""-' I11ll/'(J('ninc.>, \'


ARCI-IIY.ESMAROC.AINI~l'l'I\IJC\TI()j'\VOLU\IEX\'[PA HISEHNEST LEI:f)lJX, f':IIITELIliR. Ill. 1: 1iO";.\I'AllTE, VI."1!tfOKRAUS REPRINTNendeln/Licchtenstein1974


Réimpression avec accord des Presses Universitaires de France108, Boulevard Saint-Germain, Paris VieKRAUS REPRINTA Division ofKRA U5-TI IOf>fSON ORGANIZATION LIMITEDNendelnlliechtenstein1974


AL-FAKIIRÎTRADUIT DE L'ARABE ET ANNOTÉPARf~~nLE AMAR1 *


HISTOIRE DES DYNASTII~S~(USUJJ~IANESdepuis la mort de Mahometjusqu'à la chute <strong>du</strong> khalifat 'Abbâsîde de Baghdâdz(t 1~656 de l'hégire,= 632~t258 de J.~C.)Al'I'I' des pJ'olé,q()lJIèlle~ SllI' lcs principcs dll flolwerllcl1lclIll'AilIBN AT-TIQTAQATRADUIT DE L'ARABE ET ANNOTÉ1',\11PAInsEHNEST LEnOUX, (~DITEUH~R. IUlE 110:"'\l'AHTE, VI"I!lto


PR1~FAr:ECe n'l'si pas le désir d'auyme1ller, sa1l.'; pro/il, laLisle des lI'a<strong>du</strong>clions qui m'a poussé il enll'epl'endl'ecelle-ci. L'Histoire des Dynasties musulmanes, d' /lma!- Tiqlaqâ occupe une plare il parl pal'mi les oUl'I'ayessimilail'es, !ll'âce au,r NTlseif/nemenls que l'auleul' (ldonnés sUl'les vi:il'.r.;, el qu'il a jJ((isés dans des otwr0!lesdonl une par/il' ne nous esl guère parvenue. C'esl C(~qui en lait la principale Ol'i!liTl alité 1. l'OUI' le rcsle,je IJoudl'ais échapper all:1: l'elwoelzes (/lU'quels s'e:'1HJsesouvent le Ira<strong>du</strong>cleur, toujours enclin ù e,N1!lél'cl' l'impor/ancede l'œuvre qu'il ll'a<strong>du</strong>il. ,1 ce point de l'ue,j'ai chel'dlé, au cOlltl'ail'e, en étudianl les soul'ces <strong>du</strong>Fakhri, ù lail'e le déparl enll'e ce qlli esl ''l'alrll(',lll'œuvre pel'soflTwlle d'lIm a!- Tiq!(ltjti el ce qu'il (/ copiélextuell~~m(\nt·!d'Ibn al-.HMI' Oll d'aull'e,,; Olll'I'((!/èS, /.;,il !J a lieu de cI'oi,.e que ('es irwesti!/alions, POllSS,lesplllS loin, fel'aienl décolll'l'il' les sources, - peu nomb,.eusesJe crois, - où l'ouleu,. (l puisé les passa!les fjl(('.je n'ai pli idenli/ie,.. Ce ne sel'a [)({S llii ('as isolé, la1. VO)', lm; éloges 'Iui onl étl~ rails tln ,;Iylp 11'11,,, n!-TirJ!a'fl" 1'1lI'AIILWARDT, AI-Fa.ch"(,lnll'Otluclion. l" XXX1\'; ,IULE"': 1\10111.. lïll!lt-~epl am:d'hislai/'e de.q élI/des ""ielltalt~, 1. Il. p. "tH (Ra!'po,.t ~Il" fe,q élI/des IJ/'ù'll!afes ,présenté :i la Socièlé .\sial.icJlw 1.. :W juin 18H1): IlAIlBIEIl ilE MEYI,,","'J,Prai/'ie~ d'o,., 1. Il, a\'lH'lissemcnl, p. v: IIAlr)'wl'; IlEm:""nnui, Al-Jo"afill/'i,Inlro<strong>du</strong>ction, p. 27; le P. L. CnEIKno, S. .1., .1Il1dj"I1(··I-adafl, YII, p. J:!.2. La plnl'al'r d'lS p::lsl'ages eopié,; l.exlncl1emc'nl onl ùlù j,lcnlili('''' ".indiqués en noIe.Allcn. MAllOC.li


Il AIlCIIIYEE M!l.nOCAIXESplupa1'l des hisloriens postérieul's. à Tabal'i Il'ayanllait 'lue se copier les llllS les aulres; mais lbll af-'(ùJ­(a'l'1 Y pel'dl'a peul-ëb'e la l'épulaliofl d' (( écl'inailléloquenl .', d' (( écrù'aÏTl o"iginal Il i, donl il jouit depuissi 10fl!llemps l'Il Europe. SOIl l'écil, d01l1 Oll IIoalllé si souvent le slyle, appa,.ail dès mainlellant comf1Wune mosaïque, donf les diffé"ellls r,'af/l1Wnfs olll éléI:mpl'llllfés il des auteul's au.rquels Ibn a(- '(iqtaq(1 a railallusion dans sa Pl'(:race, mais qu'il n'a pas tOUjOll1'Scités.Ce l'ésumé de l'histoil'e des dy"asties muser/malles aI:U, comme Ofl le sail, une lor/ulle pl'odi!liellse, depuisqu'en 1806 Silt'esll'e de Sacy lui a <strong>du</strong>nné, pour lap,:emièl'e rois, dl'oil de cité dalls l'ellseignement del'al'abe. Non seulemenl, toul auteUl' de clzl'eslomalllieal'abe se cl'oyail obligé d'y illsérel', en bonne place, lme,r:trait'! <strong>du</strong> Fakhl'i, mais les lentalives de ll'a<strong>du</strong>clioflpal'tielle ou irlhJ!ll'ale n'onl pas manqué. 8. de Sacy:"Amable Jou,.dain', Ilarllvi!/ Del'enbour!l\ Che,.bonneallli, .Jules Oantin;. pOUl' ne cilel' 'Jl((' les morls, onll, Voy, l'lIge " 1I0le 1.2, EII dehors des extl'ail .., .Iollt on Ir'll1\'cl'a la Ii,.(,· ci·ap,'lls, l'ouvrage.a t~'li édité en ellUel', il lrois ,·elwises. par Ahlw:mlt, 1I111'Iwig De,'cnbOlH'gel la .'iociété l~'!JYIJlielllle flol/I' lïIl/IJI'e.~si'lII des OIll"'(lYI'Il amf,es. Voy. l'lusloin la BiMioYI'aplzie.a. VOP)Z plus loin la lJiblioYI'apltir,L ld,ii. M. lIal'l,wig Del'enhourg llnlil fOl'fné le projet ,l'une tra<strong>du</strong>ction f.'an­1,;11;'''1' inli'~J'ale <strong>du</strong> Falihrl cl l'avnil ilIwuneé l'II lRl'l5 (Voy. Chl'es1omalhiéélélllelllail'e de t'arafJe littél'al, l'" édition, pm'lI. DEIlE:


PRÉFACEIIIl'ail ail li"akh"i les honnellrs d'une lra<strong>du</strong>clion parlielleou d'un projet de tra<strong>du</strong>ction complète.La belle ordonnance <strong>du</strong> plan, plus encore que la valeurréelle de l'olllll'age, les détails Sllr le vi:ù'at, enfinla commodité d'un résumé qui n'omet rien d'essenliel,sont peut-être les principales raisons de ce succès, qll'unsiècle d'exislence ne semble pas avoir épuiSé.Dans celfe ll'a<strong>du</strong>ction ùztégl'ale <strong>du</strong> Faklll'i! .foi lellUcompte el cherché à tirer profil des lravaux de I1lf>S dcvanriers.Les trois fragments qui ont été lra<strong>du</strong>ils enfrançais, -les seuls qui existenl ù ma connaissance, ­sonl <strong>du</strong>s à S. de Sacy, ù Jourdain et à Cherbonneau.J'ai pensé qu'il eût été téméraire dè ma pari deporlel'llne main sacrilège sur la belle tra<strong>du</strong>clion <strong>du</strong> pl'emiel'fragment, <strong>du</strong>e à notre grand Sacy. .le ne me suis pel'­mis d'y loucher que pour la meUre en lWl'monie avec leresie de l'ouvrage, ei dans les cas, peu nombreux, oùj'ai osé me séparer de l'opinion de ce patriarche del'orienlalisme. On en trouvera les raisons dans les notesqui accompagnent ceUe parlie de l'ouvragc.Le courl fragmentlra<strong>du</strong>it par Amable Jourdain' lU'm'a rien fourni d'ulile.Quant aux trois chapitres <strong>du</strong>s à la plume de Cherbonneau,ils laissent beaucoup à désirer. En maint passage,on pourrait qualifier la lradllclion de fantaisiste.Il me répugnait de relener systématiquement à chaquepas les nomb"euses inadverlances <strong>du</strong> tradllcleul'; quelques-unesseulement ont été indiquées dans lrs notes.L'édition qui a servi de base à la présente tl'a<strong>du</strong>clionest celle de 11/. llartlvig J)crenbourrl, qui a l'éo-1. Dllns les Fundyrubel/ des Oriel/ls, "ïen, lSlJ!I-18Hl, \. V, JlJI" til-tu.2. Vo}"ez plus loin la Bibliographil!.


IV AHCIIIVES MAIlOCAIlŒSlisé, comme on le sait, llll ùlcontestable progrès surcelle de l'éminent orientaliste M. Ahlwardt '. Mais,ail crible de la tra<strong>du</strong>ction, le te;rte le miellx imprimé,'éuèlc la moindre Îtzadverlance et met en lumière toutesles difficllllés de la constitution d'un texte d'après unselll manuscrit, lût-il aussi parfait que celui <strong>du</strong>Fakhl'i.J'ai (hi dans ces cas, asse: nombreu;r, recourir àmon tour ail mallllscrii uniqlle ~ pour l-etrolwer labonne leçon, Oll rccli/ier la le<strong>du</strong>re, Oll réiablir le passage011llS.Dam: quelques autres cas, moins nombreux, maisplus difficiles, il a lallu prendre parti COlûre le manusc,.itlui-même. Les raisons et {es autorités ont étéalors indiquées dans les notes. En/in les enfila placésen t(1[e de la tra<strong>du</strong>tlion donnent la lisle complète de cespetites modi/ications. JJne main plus e,rperle en auraitpeut-être découvert llll plus grandnombre, mais le fra<strong>du</strong>clelll'serait suffisamment récompensé de ses e/Torts,si son travail pOllvait contribller à fixer avec plus deprécision un texte, qlli a d~jà eu l'honneur de frois édifionsdans trois pays di/Térents :1..... *POUl' laciliter l'utilisation "de celle l1-a<strong>du</strong>clion, on ga Joint, en dehors de la Table des Matic~l'es, les instrul,Voy. plu;; loin la BibUograplzie.2, Fonds arabe de la Bibliolhèque <strong>Nationale</strong>, n° 2Ul.:l, Celtc noloriélé n'a p:lS empêché un autcUl' d'écrire tout dernièrement(Ill'EI F:lldll'i esl un célèbre historien (lui vivait sous les .tlbbasides, audeuxième siècle de l'Hégire. Voy. J. CATTAN, Tra<strong>du</strong>ction de l'l/isloire de facivilisation ml/sulmalle de Georgi Zaidâll, in Revue Tunisienne, n° r,s(mars l!I08), 11. lO7, note 10.


PRJ~FACEvmenfs de fravail suivanls : 1 0 Illl index général alphaf)(:­liqlle cl analylique des noms p,'opr,Bs ef des choses,.2° une lable des mols arabes qui onl donné lieu à lUteexplicafion spéciale dans les noies,. 3° llne lable desolwra!Jes cilés dans les nofes,. 4° un ennlum <strong>du</strong> le;rfearabe.


INTRODUCTIONr.elte intl'udllclion eut été beaucoup plus longue, sideux éminents arabisants, ceux-là mêmes qui Oltt publiéJe texte arabe, :\ll\l. Ahl\\'al'dt et Hartwig DeJ'enfJourg,n'avaient pas d('jà épuisé le Kujet, chacun à son tOUl', dansdeux magistral!'s inh'o<strong>du</strong>ctiollS, placées pal' eux au seuilde leurs éditions


"Ill 1\111:11I\"1;\; MAIlOCAINESretenant qlle ce qui parait définitivement aC~fllisou ~ùlppuieslIr des dOllnées fmunies par l'ouvrage lui-même.Nous ne dirons rien de l'histoire <strong>du</strong> manuscl'it unique t,déjù faîte, il tl'ois repl'ises, par Sacy~, Ahlwardt~ etDerenbourg ", Nous étudiel'{Jns seulement la vie de l'auteur,les caractères de son œuvre, et nous termineronspar la hihliogl'aphie. POlll' cette dernière partie, je repro<strong>du</strong>irai,dans un autre ol'dre et en la complétant, la listedonnée l'nI' -;\L Hartwig flerenhourg ;',..L'AUTEURc'est M, Ahlwardt (lUI a identifié notre auteur etpuùlié une notice SUI' son père le surintendnnt des'AUdes, Je naqib an-nollqaM Tàdj ad-Diu 'Ali ilm at­Tiqtaqâ, C'est enCOl'e lui qui a trouvé et publié d'alllt'esextraits d'un manuscrit al'ahe de Berlin, qui nous fournissentquelques renseignements nouveaux sur l'auteUl'.Les sOlll'ces d'informations sur la vie d'Ibn aFfiqtlHlttsont peu nomùl'euses. On n'a eu jusqu'ici que son propreline et une notice SUl' ses ascendants contenue dans linl, L'aceession <strong>du</strong> pelil munuscrit incomplet décou\'ert pm' M, OEREN­\lOI'Ill;' n'u pllS modifié sellsiblementla constitution <strong>du</strong> t.cxte. Ail moment.Ie Illettre sous p,'esse, j'ai eu connaissance de l'existence d'un tl'oi"ièmem;\nusCI'it <strong>du</strong> FaldlT,t, qui proviendrait de la cullecl.ion de l'ex-sullan deTUI'quie, 'Ab<strong>du</strong>-I-Uamld. Un examen sommaire de ce nwnusl,Tit, à laIihl'lliri., 'Velle,', m'Il donni) la convicl.ion que je me trouvais en pr.~sell(~ed'une copie 8:111" aucune valeur, exécutée d':lprès l'édition cieM. ,\hlwaf'(IL2. Chre.ç/omathie arabe, 2' édilion, " p. 00 et l'lui\'.li, ELFACIIIlI, Ge,qchichte deI" islamischen Ueiche l'om An(allY bis :UIIlHilde des Chatifall's, Inll'o<strong>du</strong>dion, p. 13 et Rui\'.4, ,\L-FAl\lIlli, fnll'o.ludion. p. 211 el. suiv.,j, [dem, p, li,; el. sui\'.


l:'lTRODUCTIO:'lIXouvrage sur la généalogie des 'Alides '. Depuis 1897,nous avons les renseignements que 1\1. Ahlwardt fi trouvésdans le manuscrit arabe 9l!ü3 de la Bibliothèque de Berlin:!,et qu'il a publiés dans son catalogue de cette Bibliothèque.C'est d'après ces documents (lue l'on peut établirle nom exact de notre auteur.D'après les frontispices des deux manuscrits 3 <strong>du</strong>FaIdzl'i,le laqab ou surnom honorifique de notre auteur serait Safiad-Din. ~Iais dans,le manuscrit 9!Jü3 1 de Berlin, dontM. Ahlwardt a extrait le passage relatif à notre auteur,celui-~iest'appelé DjaMi ~d-Din et non Safi ad-Din. Celledivergence surIe iaqab n'a rien d'étonnant; sans être trèsfréquente, la coexistence de deux laqab difl'érents pourune même personne. parall établie par des exemples asseznomhreux. En plus <strong>du</strong> iaqab, le manuscrit de Hedin ~ nOlIsfait connaître pour la première fois la kOUlzya ou surnompatronymique de notre auteur: c'est A boû Dja'{al'. Enfince même manuscrit, en donnant la généalogie de notreauteur, y intro<strong>du</strong>it deux générations de' plus et (luelquesmodifications dans les noms de ses ancêtres. Voici sonarbre généalogique jusqu'au khalife 'Ali: DJaMI ad·DillAboû Dja'{ar Muu?wmmad, fils de Tâdj ad·Din Aboù-lijasan'Ali, fils de Chams ad-Din 'Ali, fils de ~Iasan, filsde Ramu(Jân, fils d' 'Ali, fils d"Abd Allâh, fils de .(lamza,fils de Moufridj, fils de lVIoLISâ, fils d"AIi, fils de Qâsimar-Ra'is, fils de Moubammad, fils de Qdsim ar-Ras'si, filsd'Ibrâhîm Tabâtabâ, fils d'Ismâ 'il ad-Dibâdj, fils d'Ibrâhimal-Ghamr, fils de l;Iasan, fils de l;Iasan, fils d' 'Ali le khalife.1. DJAMAL AD-DIN AHMAD IBN 'INADA, 'Oumdat a(-tdlib fi nasab (U AbCTdlib, manuscrit 'rolll '<strong>du</strong> fonds al'abe de la Bibliothèque nationale.2. W. AlILWARDT, Verzeichniss de,- arabischen llandschri(ten, Xl \18971,p.26.S. Manuscrits 2HI et 2(42 de la Bibliothèque nationale.4. Folio 25 b •/1. llJidl!m.2


xARCHIVES MAROC.\INES1.'ALi Ile khalUe).11 12. IJasan l,Iosain13. I;Iasan4.1IbrAhim al-Ghamr15. IsmA 'il ad-Dibàdj6.1Ibràhlm TahâtabA1 •7. QAsim ar-Rassi8.1Moul.lammad9.• 1QAsim ar-Ra'ls10.1'Ail111. Moùsà12.1Moufridj13.1I~amza1H. 'Abd AllAh115. 'Ail]6.1Ramadiln1 •li.~Iasan18.1 .'Ali (Chams ad-Din)Hl.1'Ali (Tâdj ad-Din) .12U. ($ll(l ad-DEn) Djalt11 ad-DEn AIJOll Dja'far Mou~Ia/ll/llad.AUTEUR DU FAlmR!.Comme on le voit pal' le tableau généalogique ci-dessus,notre auteur descend <strong>du</strong> khalife 'Ali par la branchede ~lasan, et il està la vingtième génération de ce khalife.D'après Ihn 'Inaba l, il n'y aurait au total que dix-huit1. Ms. cité ci-dessus, fo lOS r". cr. Il. DERENDOURfl, ill-Falihl'i, fnll'o<strong>du</strong>clion,p. 3.


l;'l'TROOU


ARCIIIVES MAROCAINESla famille, ne semble pas l'emonter au delà de la troisièmegénération, c'est-à-dire <strong>du</strong> grand-père de notre auteur.Nous savons déjà que le nom de ce grand-père 1 est l'objetd'urie divergence entre les deux manuscl'its que nousavons utilisés pour cette notice: MOllJ.tammad d'après lemanuscrit 2 de Paris, 'Ali d'après le manuscrit 3 de Berlin,Quoi qu'il en soit, ce grand-père dont le surnom honori·fique, laqab, était Cfzams ad-Din et qui jouissait d'unegl'allde réputation de piété et demodestie 4, fut sUl'l1omméIbn a!-Tiq!aq,J, à cause de sa mère qui était de la famillede Tiq!aqr1; c'est elle qui transmit ce nom à ses descendants". Cette explication de l'origine de ce surnom donnéà la famille d'Ibn Tabâtabâ paraît vraisemblable.Le père de notre auteur, le nommé Tâdj ad-Din 'Ali,fut un personuage marquant, occupa les hautes fonctionsd'intendant des 'Alides, à l.lilIa, puis à· KoMa, et enfincelles de sUl'intendant des 'AUdes à Baghdâdz; il mourutassassiné en 1281, sous l'intigation d"Atâ Mâlik al..Djouwaini, ministre· des Finances d'Abâqâ, fils tl'Hoùlâ_gOl! 0. Nous ne reviendrons pas ici sur l'anecdote queMM. Ahlwardt et Derenbourg ont publiée et tra<strong>du</strong>ited'après le manuscrit 2021 de Paris 7, et qui montre lesurintendant Tâdj ad-Din profitant d'une année de sécheressepour vendre très cher les denrées qu'il avait dansses magasins et arrivel' ainsi à une très grande fortune.Tâdj ad-Din 'Ali était marié à une femme de Qâm 8 ;c'est de cette union que naquit l'auteur <strong>du</strong> Fakfzri, Djalâlad-Din AbolÎ Dja 'far Moul}.ammad. Nous avons peu de1. N° 18 <strong>du</strong> tableau généalogique.2. N' 2021, f' 108 r·.3. N' 94(13, r· 25 v'..J. Ibid.5. ~\ J ~ lr,J; ibidem.6. Mf'. arabe 2021 de Pal'is, r· 108.7. Ibidem.8. AIILWARDT, Verzeichniss, IX, p. 26.


INTRODUCTIONXIIIrenseignements sur ce dernier, en dehors de ce qu'il nousa laissé lui-même dans son livre. L'auteur <strong>du</strong> manuscritarabe n° 9lt03 de Berlin 1 nous dit seulement qu'il étaitmarié à une Persane <strong>du</strong> Khorâsân, et qu'il eut d'elle unfils appelé 'Ali a~-~aghlr.Nous ne savons rien sur la jeunesse d'Ibn aFfiqtaqâ,né vers 1202 2 , c'est-à-dire vingt ans environ avant l'assassinatde son père. On a conclu a de l'inscription conservéeau frontispice <strong>du</strong> manuscrit arabe 2""2 \ de laBibliothèque nationale, qu'Ibn aFfiqtaqâ avait fini pal'reconquérir tous les biens qui avaient été confisqués àson père et par être nommé surintendant des 'AUdes(naqib an-nollqabâ) à Baghdâdz. Cela est possible, mêmevraisemblable, mais ne résulte pas néceRsaÏt'ement <strong>du</strong>texte invoqué. Ce texte emploie, il est vrai, le titre denaqib un-nouqabd (surintendant), généralement réservéau grand naqib de Baghdâdz, mais c'est probablement uneépithète <strong>du</strong>e seulement au copiste, car le manuscrit 9[.03de Berlin:' nous dit qu'Ibn at-Tiqtaqâ succéda il sonpère, l'âdj ad-Din, comme intendant des 'AUdes il IJillaet aux ?lfachâhid li.Nous passons également sur les préten<strong>du</strong>es 7 relationsd'Ibn at-Tiqtaqâ avec le §â(âb 'Alâ Mâlik, qui ne paraissentpas suffisamment établies malgl'é les quelques indices quiont été relevés par M. Ahlwardt 8. Tant qu'on n'âurapas trouvé dans quelque manuscrit une hiogl'aphie denotre auteur, il est difficile de tracer' avec precisidh les1. AnLWAROT, Fel'uichniss, IX, p. 26.2. H. DERENBOURG, op. cit., p. 7.3. Ident, p. 9.~. Fo l 1'0,ii. Loc. cit,li. ~I ~ ..\A~IJtbJ4 ~1Aj1J.f.7. AULWARDT, El{achl'i, l'p. XVII-XVIII. Cf" en sens contl'aire, H. DEllEN­BOURI;, Al-Fakhrt, Intro<strong>du</strong>ction, p. 7.8. Loc. cil.2 *


X1\'ARCHIVES MAROCAINESgrande!'! lignes d'une vie qui nous échappe presque complètement.La connaissance certaine qu'Ibn at-Tiqtaqâavait de la langue persane f, son mariage avec une Persane<strong>du</strong> Khorâsân 2, les observations personnelles qu'ildonne sur les Persans 3, tout cela pourrait faire supposerqu'il avait passé une partie de sn vie en Perse, peutêtretoute son adolescence. :'lIais ce n'est Iii qu'une hypothèse.On a conclu 4 aussi de certains passages ,. de sonlÏ\Te, qu'e notre auteur s'était ren<strong>du</strong>, antérieurementft 1301, date de la composition de son livre, ft Irbil, ilna~ra, :'1 KoMa, et pl'Ohablement ft rspah~n. C'est possible,mais les passages invoqués ne le proll\'ent pas. Tout cequ'on peut affirmer avec certitude, c'est qu'Ibn at-Tiqtaqâa été, en 129ï, ft l\farâgha, où ilvisita le tombeau de )Ioustarchid,dont il admira la belle coupole li,' et qu'il entreprit,en 1;~O], un voyage vers Tabriz, au cours <strong>du</strong>quelil <strong>du</strong>t s'al'l'èter, I par suite <strong>du</strong> mauvais temps, à Mossoul,où il composa son livre, comme nous le dirons plusloin 7.Le cercle des relations d'Ibn at-Tiqtaqâ parait assezl·ten<strong>du</strong>, malgré le petit nombre des pel's9nnes qu'il Ilcitées, surtout dans la partie al~ecdoti(]uede son ounage.Cc sont, pour la plupa~·t, des hOlllmes importants et bienplacés pour le renseigner.M:llheureusement, nous ne pouvons til'el' de là aucunindice sur la date approximative de la mort d'Ibn at-Tiqtaqfi;son ouvrage étant daté de 1301, il se trouve queJ. 1\ cHe dec; vet's persnns, pp. 62 cl ·13!' <strong>du</strong> lcxle m'sbc; Tr'adne/., pp. acl ,i6f1.2, VO~'. ci-dc!'sus, p. XIII,a, Voy. tr'IHlud., l'. 22 : " Les PCt'SarHI aimenl pussionnémenl ce Hue(:11-Yamlni) et le t·echet'chcnt. avec 111'dcUI'. "4. IL DRIlF::"iIlOUHn, Al-Falihl'l, Intro<strong>du</strong>ctiim. l', 1:1,·,i, Textc ar'obc, pp• .fJ-t2; 122: UI; "lfi: Im<strong>du</strong>ctïoll.ll, ,j2.li. Texle :mlbc. p, "O1:l; tl'llf1l.1dinn, p, 522.ï. Voy. inr,.ù, p. :1:\' clll'xl(' m'abc, p, 8: \l'a<strong>du</strong>elion, p, H ('1 8UÎ\.


INTRODUCTIONxvcette date est postél'ieure à tout ce que nous pouvonsin<strong>du</strong>it'e des rapprochements des dates de naissance ou dedécès de tous les pCl'sollllages qu'il a cités, C'est pOUl'cette raison que nous ne repl'o<strong>du</strong>isons pas ici les passages<strong>du</strong> Fakhr; qui les concerne l, et qu'on trouvera plusloin dans la tra<strong>du</strong>ction.Tels sont les renseignements, peu nombreux, que nousa\'ons actuellement sur l'auteur. PeuH~tre tI'ouveronsnonsun jour, dans quelque manuscrit inédit, une noticequi nous en fel'a connaître davantage.*••L.'OEUVREL'auteur nous a renseignés lui-même sur son œuvre,sur les raisons qui la lui ont fait entreprendre et sur leplan qu'il s'était proposé de remplir. Nous n'avons aucunautre rens~ignement que ceuX qu'il nous a laissés luimême.En l'année 1302, Ibn at-Tiqtaqâ entrepl'Ît un voyagevers Tabriz, la capitale de l'Adzrabâidjân, mais les rigueursd'un hiver exceptionnel le contraignirent à faire halte il.Mossoul 2, où il ne comptait pas s'arrêter. Il ne nous apas dit, dans son récit, quel avait été son pointde départ.On a conjecturé :J Il qu'il habitait Baghdâdz ». La véritéest que nous n'avons pas de données précises sur cepoint. Et si l'on peut hasal'del' une conjecture, c'est quenotre auteur habitait vraisemblablement (lilla, où il fut,1. Ces passages ont éléanal\'sés pm' M. II. DF.llE:snoUI1G dans son Inlro<strong>du</strong>ctionau 'Falchrl, pp. 16-m. .2. Voy. la tra<strong>du</strong>ction" p, 8.3. IhnTwlG DEnENlIOCRG, Inlrociuction, p. 1 in {ine.


XVIARCHIVES MAROCAI:SESaprès son père Tâdj ad-Din 'Ali, intendant (naqîfJ) des'Alides 4.Quoi qu'il en soit, notre auteur fut obligé de « séjournerà Mossoul le temps nécessaire pour que le froiddiminuàt >l, sauf à continuer ensuite sa route vers Tabrlz.C'est là, à Mossoul, qu'il entendit parler des qU:llitéséminentes <strong>du</strong> seigneur de cette ville, « le maltre obéi,le roi auguste, le plus excellent et le plus grand parmiles rois, le plus noble et le plus longanime des juges )1 :!,le principicule Fakhr ad-Din 'Îsâ, fils d'Ibrâhim, qui gouverrlaitMossoul, avec le titre de roi, malik, au nom <strong>du</strong>souverain mogol Arghotîn 3~ Fakhr ad-Din, de son côté,apprit la présence à Mossoul de cet hôte de marque etle fitmander auprès de lui ". Ibn at-Tiqtaqâ fut charmé (lel'accueil que lui fit le prince, et, pour lui témoigner sagratitude et son attachement, il résolut d'employer sonséjour forcé il Mossoul à la composition d'un livre d'histoire,pour l'offrir en hommage à son protecteur ;'.Telle est la genèse de la conception de ce livre. .Je nem'étendrai pas sur le plan adopté par l'auteur, qui l'aexpliqué lui-même en tête de son livre et qu'il a réellementsuivi, comme on peut le voir dans cette tra<strong>du</strong>ction.« J'ai Il divisé mon ouvrage, dit-il, en deux sections.Dans la première, j'ai traité de la con<strong>du</strong>ite des sultans etdes procédés de la politique royale, des (Iualités par lesquellesle souverain se distingue des sujets,de celles qu'ildoit posséder et des vices dont il doit être dépourvu; j'aiparlé également de ses devoirs envers ses sujets et des1. Voy. ci-dessus, p. XIII.2. Tra<strong>du</strong>ct., p. 8.3. DE llAmlER, GttSchichle der llchane, 1, 3-13, 3H (DERENDOURG, ibid.•pp. 17-18).4. Tra<strong>du</strong>ct., p. 15.5. Id., p. 16.6. Id., p. 17.


INTRODUCTIONXVIIdevoirs de ses sujets envers lui. J'ai orné mon discourssur ce ,sujet en l'incrustant de versets <strong>du</strong> Qoran et deparoles authentiques (1}adîllzs) <strong>du</strong> Prophète, d'anecdotespiquantes et de vers agréables.(1 La seconde section suit, dynastie par dynastie,l'histoire.des empires les plus fameux, dont l'autorité a été universellementreconnue et dont les beautés ont atteint la perfection.J'ai commencé par la dynastie des quatre premiel'skhalifes: Aboû Bakr, 'Omar, 'Othmân et 'Ali (qu'AlIâhsoit satisfait d'eux!) en observant l'ordre où ils se sontsuccédé. Puis j'ai passé à la dynastie qui reçut l'empiJ'ede leurs mains, et qui est la dynastie des Oumayyades,puis à la dynastie qui succéda à ceux-ci, celle des 'Abbâsides.J'ai exposé ensuite l'histoire des dynasties quirégnèrent concurremment avec les dynasties principales,comme celles des Boùyides, des Saldjoùqides, des Fâtimidesd'Égypte, le tout succinctement, car ce sont desdynasties qui ont existé concurremment avec les 'Abbâsides,mais dont l'autorité ne fut pas généralementreconnue. Dynastie par dynastie, je parlerai d'une manièregénérale de la vue d'ensemble qui est résultée dans monesprit de la lecture des biographies et des annales. Jedirai quel fut leur commencement et quelle fut leur fin, etj'ajouterai un certain nombre de renseignements suffisantssur les'belles qualités des rois de· ces dynasties et surles histoires de leurs sultans. Et si quelque renseignementles concernant échappe à mon esprit et que j'aiebesoin de l'insérer, ou un vers remarquable, ou un verset<strong>du</strong> Qoran, ou une tradition (!!adtth) <strong>du</strong> Prophète, je le puiseraidans ses sources les plus sùres. Puis, en mentionnantles dynasties rune après l'autre, je parlerai d'aborddes généralitês qui les concernent; ensuite, je passerai enrevue, l'un après l'autre, leurs rois, en parlant desbatailles célèbres et des événements mémorahles qui onteu lieu sous son règne. Puis, à la fin <strong>du</strong> règne de ceARcn. MAROC. r,


XVIII ARCIIIVE8 ~•.\nOCAI:"ESprince, je mentionnerai ses vizirs, l'un après l'autre, ainsique les anecdot.es curieuses qui les concel'l1enl. Aprèsavoir épuisé l'histoire <strong>du</strong> prince et de ses vizirs, j'abordéle prince suivant et je raconte les événements (lui eurentlieu sous son "ègne, de même que leshiographies de sesvizirs et ainsi de suite jUS(lu'il la fhi de la dynastie 'abbùside.»Ce cad.'e, Ibn a!-Tiq!aqi\ ra efl'ecti\'ement rempli, maisd'une ma,"ière inl'gale, suivant les sources dont il pouvait.disposc.'. Dans la p,'emière partie " résel'\'ée il l'étudel( de la con<strong>du</strong>ite dcs sultans et des Ill'océdés de la politiqlleroyale Il '!, l':1I1telll' n'abol'de nullement Ics prohlèlllesde la politique et n'expose aucune théorie personnellesur la tl'ansmission <strong>du</strong> pouvoir, .ou sur la forme(lu gouvernement. Il nous (lit lui-mênH' qu'il ne s'étaitpas proposé d'étudier ces (lucstions dans son livre:« Pal'ler de l'origine de la royauté et de :3a véritablenatUl'e, de sa division en maitl'ises religieuses et temporelles,comlne le khalifat, le sultanat, l'émirat et lawil:iyat, dire ce qui dans tout cela a été réglé conformémf'ntil la loi divine et ce qui ne l'a pas été, exposer lesS}StllllleS divel's soutenus par les penseurs au sujet deJ'ÎlmJmal (la sou\'eraineté), tel n'est pas le hut. de ce livre(lui n'a pas été écrit pOUl' ces investigations; il n'a étécomposé qu'en vue des I))'incipes de la politique et desrègles de con<strong>du</strong>ite dont on til'e lll'ofit dans les événementsqui se pro<strong>du</strong>isent et dans les conflits qui surviennent,dans la manière de gouvel'ller, dans l'organisation défensive<strong>du</strong> royaume, dans l'amélioration des mœurs et de lacon<strong>du</strong>ite:J. IlSon sujet éLant ainsi délimité, Ibn aFfi(Ha(lt4 se place,pour I,.isoudre ces ({uestions, li un seul point de vue: leI. Tl'lIlluct., p. 2·l et 8uiv.:1. M., p. Ii.a. Id., l'p. :I~-25.


Ii'\TIlOOLCTlO:'\XIXSouverain, Tout dépend des qualités, honnes ou mau­Yaises, <strong>du</strong> pl'Ïnce. Il établit, par des citations de pnmlesauthent.iques \I.mdit.hs) <strong>du</strong> Prophde et. par des c:-;cmples,(lue les sujets suivent généralement, en tous points, lamanière d'èll'e de leur soU\'crain. (( C'est ainsi (lue IOl'squele roi aillle une chose, les gens aiment. cette môme chose;ce (IU'il hait, ils se prennent il le hnïr; lorsqu'il s'adonne àquelque chose, ils s'y adonnent de même, soit nnturellement,soit qu'ils J plient leur naturel pour g-agner lesbonnes gl'ùces <strong>du</strong> souverain 1. » Et hl-dessus, .Ibn at-'fiqtaqùcite comme exemple le changement profond qui sepro<strong>du</strong>isit dans les mœurs et dans la civilisntion des paysautrefois soumis au khalifat, <strong>du</strong> jour où ils tOlllhèrcnt aupouvoir des :.\Iogols~. C'cst la justification <strong>du</strong> dicton. populail'e : .. Les hommes suivent la religion 3 de leursprinces. »Et <strong>du</strong> moment que tout dépend <strong>du</strong> prince, c'est il luiqu'Ibn al-Tiqtaqà consacl'e la IH'cmière partie de sonouvrage, en énumérant les qualités qu'il doit ayoil', lesdéfuut.s dont il doit être exempt, les dl'Oits et les devoirs(IU'iI a cm-ers ses sujets, enfin les particulrlrih;s qui ledistinguent <strong>du</strong> commun des hommes.Pm"mi les qualités (c (IU'il est désir'able de l'eneonb'cI'chez un roi 1 li, Ibn nFfiqtaql\ eÏte, en les commentrlnt, lessuh'antes : l'inl


xxARCIIIVES M.\ROCAL'ŒSDieu', l'in<strong>du</strong>lgence:!, la génél'osité:l, la dig·nité \, la sagessepolitilJlIe ", la fidélité aux engagements li.A ('es dix qualités, l'auteur oppose 7 les défauts dontun grand roi doit être exempt, et monl1'e, pal' des exempleset des anecdotes piquantes, les inconvénients 'lui peuventen résulter aussi bien pour le roi 'lue pour les sujets. Aunomhl'e de ces défauts, il range: la colèl'e 8, la précipitation!', l'inquiétude et l'ennui III.Le roi, 'lui mérite le till'e de « gl'aml roi )) parce qu'ilréunit les qualités énumérées ci·dessus et est exempt desdéfauts que leur oppose notre auteUl', a des droits sur sessujets et peut les contraindre à les respecter. Le roi peutexiger, en premier lieu, l'obéissance Il, qui est Il le principesur lequel repose le bon ordl'e dans les affaires del'État, celui gl'ùce auquel le roi peut protégel' le faiblecontre le fort et l'endre une ~gale justice distributive )).L'anteur profite de cette occasion pour faire un grand élogede la dynastie des Mogols, qui rencontra, « de la part de sesm'mées et de ses sujets, une obéissance telle qu'aucune dynastieau monde n'en a joui)) 12. Et Ibn aFfiqtaqù de passeren revue toutes les dynasties musulmanes llu'il comparel'une nprès l'autre à celle des ~Iogols, toujours à l'avantagede cette dernière. Ces appréciations, sur ce point, nemanquent généralement ni de justesse ni d'impartialité.Enfin le roi a encore droit aux hommagcf' aux honsconseils et à la discrétion de ses sujets 1:'.1. Tnldlld., p. 2H.2. Idem, p. ilO.il. Idem, p. :l5.4. Idem, p. ali.&. Illem, p. il7.6. Idem, p. :l7.7. (dem, p. ~2 cl 511iv.8. Idem, p. 42.Il. Idem, p. 4il.10. Idem, p. 4il.1). Idem, p. 4il.12. (tlem, p. 4~.13. (


INTRODUCTIONXXILes devoÏt's <strong>du</strong> roi envers ses s,",jets sont naturellementla contre-partie de ses droits sur eux. Il doit notammentprotéger et défendre le royaume aussi bien contre l'étrangerque contre ceux qui en troubleraient l'ordre à l'intérieur1; faire preuve de patience et de douceur envers lessujets en faute 2; « tenir la balance égale dans ses jugementsentre le plus humble et le plus élevé»; être reconnaissantenvers Dieu et le louer de ses faveurs; distribuerhonneurs et largesses aux .hommes éminents; éviter lafréquentation des « gens vils <strong>du</strong> bas peuple» 3, la sociétédes femmes.Ayant ainsi défini les droits et les devoirs <strong>du</strong> prince,Ibn at-Tiqtaqâ passe ensuite il la con<strong>du</strong>ite qu'il doit tenirenvers ses sujets, autrement dit il la politique gouvernementale.Ici également, il ne faudrait pas s'attendre à rencontl'erdes vues profondes sur la politique, ni une discussionthéorique sur les principes <strong>du</strong> 'gouvernement.C'est encore <strong>du</strong> prince que dépend la marche, plus oumoins bonne, des affaires publiques; et c'est pourquoi, lecomparant à un médecin~, Ibn at-Tiqtaqâ exige que leprince connaisse le tempérament de son peuple, voiremême de chaque classe <strong>du</strong> peuple, afin de la traiter suivantson tempérament. L'auteur reconnaît, il est vrai, quec'est là .une tâche difficile et que Il ce savoir exige de lafinesse d'esprit, de la justesse dans le discernement, lapureté dn cœur, nne perspicacité achevée et une attentiond'esprit parfaite. Car co~nbien les naturels sont difficilesil. distinguel'; et les tempéraments et les cUI'actères,


xxn . AnCIIIYES )IAnOCAINESdans la limite <strong>du</strong> strict nécessaire et il la condition d'éviterles l'affinements et les mutilations inutiles,En/in, Ibn nVfiqt:Hlll tel'mine celle première par'tie deson ouvrage en recommandant au prince la résolution, lagénlil'osité et beaucoup d'aull'es qualités louables, et enillust,'antle tout par des exemples et d(·s anecdotes choisiesad /zoc. 'Si les idées générales manquent dans celle pal'tie del'ouvrage, qui eut pu (~t1'e plus philosophique, plus théorique,<strong>du</strong> moins sa lectUl'e est-elle agréable, son stylesimple, mais non sans élégance, son plan bien ordonné.Et, d'ailleul's, on ne peut tenil' riguèur il notre lluteur dece flue les vues philosophi1lues soient absentes de sonouvrage, cal', ft l'exception de l'illustl'e Ibn Khaldoùn,chez liuel histol'ien al'a he trOll\'e-t-on ce Cpl'on appelle laphilosophie de l'histoil'(' :'Celle pl'eruièr'e pal,tie <strong>du</strong> FakhI'Î est-elle personnelle ftIbn a!-Tiq!aqü? On n'osel'ail pasl'affil'mel', si l'on songeaitaux nomhl'eux. passages que l'auteur a empl'untés ensilence ft d'autres dans la seconde partie de son livl'e.Dans tous les cas, s'il ~. a plagiat, nous He connaissons pasl'ol'iginal et, jusqu'il plus ample informé. on peut aUl'ibuel'~\ IIHl a\-'!'iq!aqâ la paterl1it~ de cette pl'emièl'e section.Il n'en est pas de même de la deuxième section', fluiforme la principale pal'tie de l'ounage : celle-ci est,cl'oyons-nous, formée de passages empr'untés il dill'érentsauteurs, tantôt textuellement, tantôt t'n al)J'ègé quandl'éten<strong>du</strong>e de l'original n'en permettait l'as la repl'o<strong>du</strong>ctionintégrale, Dans cette pal,tip, il n'y a, il \'l'ai dire, de pel'­sonnel il notre auteul' fple les transitions et, comme dansla pl'emièl'e partie, la disposition llIatél'ielle <strong>du</strong> plan. Nousconnaissons déjà ce plan, qui consigte il pal'l{'r de chaquekhalife, de sa con<strong>du</strong>ite, des événements les plus impol'-1. Trad" p. 118 et suiv,


I:"TRODUCTIO:-;'XXIIItants de son règne, de sa llIort, et enfin de ses vizirs dansl'ordre où ils se sont succédé. Ici, notre auteur me semhIeavoir pris surtout pour guide Ibn al-Athir, en retournant,pour ainsi dire, le plan de cet historien.' On sait qu'Ibnal-Athir a rangé son Yaste /ùÎmil d'après l'ordl'e chronologique,c'est-à-dire qu'il en a fait de véritables annales.En ce qui concerne les khalifes, il donne la biographiede chacun d'eux sous la dernièl'e année de son règne,c'est-â-dire celle de son abdication ou déposition ou cellede sa mort. Ibn at-'fiqta(lâ, avons-nous dit, a ret.ourné ceplan: il a commencé par où finissait Ibn al-Athir; il estallé puiser chez cet historien, à. la fin <strong>du</strong> règne de chaquekhalife, la biographie de celui-ci, pour le mettre commeintro<strong>du</strong>ction II son règne dans son propre om-rage; püis,revenant sur ses pas, il choisissait dans Ihn al-AthÎl' lesfaits les plus importants qui ont iIlustl'é ce l'ègne et enrepro<strong>du</strong>isait le récit, généralement l'Ibrégé, qu'il faisaitsui\Te de l'indication de la date <strong>du</strong> décès de ce khalife.Telle est, invariablement, la méthode qu'i! a suivie. l\:laisil ne s'est pas borné il prendre comme guide Ibn al-Athîr;il l'a généralement copié textuellement pour la biographiedes princes, et abrégé, tout en conservant la majeul't'partie de ses expressions, pOUl' les événements politi(Iues.On aurait pu êtl'e tent.é, en comparant les deux textes,de croire qu'Ibn aFfiqtaqi\ a suivi le récit de Tabarî IlOlII'la période qui va jusqu'à la fin <strong>du</strong> troisii'me siècle del'Hégire. ~Iais nous ne pensons pas qu'il ait utilisé l'ouvragede Tabarî; quant à la ressemblance qu'on relève cntl'eles deux récits, elle tient il ce fait (fu'Ibn al-Athir, que nOliscroJonsa"oil' servi de modèle au Fakhr!, a lui-même copiéTabari, pour les trois pr'emiers siècles de l'Hégire. A partirde cette époque, l'identité des l'écits d'Um aVfi


XXIVARCHIVES M.\ROCAINESII Y a aussi de grandes présomptions de croire quel'Ilis/oire moyenne ou les A nnales de :\1 as'otidi figu l'aientau nombre des ouvrages qui ont été mis à contribution parIbn aFfiq!a


INTRODUCTIONxxvchez lui, ce sont ~plutôt les khalifes qui sont éclipsés par'leurs vizirs. Pour cette partie de son livre, notre auteur autilisé deux ouvrages spéciaux, dont l'un ne nous est pasparvenu, et dont l'autre existe incomplet, en deux exemplaires,manuscrits, à Paris 'et à Gotha 2. Le premier estl'histoire de 1;)oMî3 sur les vizirs, qu'Ibn at-Tiqtaqâ a dûprincipalement gotiter et apprécier, cet auteur etant chî'ite:':)omme lui 4. Le deuxième ouvrage est celui de I1ilâl al?­l?âbî' :', beaucoup moins éten<strong>du</strong> que l'autre mais quenotre auteur a connu certainement 6. Il a été publié parM. H.-F. Amedroz Î. On peut encore conjecturer qu'Ibnat-Tiqtaqâ a utilisé tel ou tel ouvrage, mais nous n'enavons pas d'indices certains, et dans le doute il vaut peutêtremieux s'en tenir à ce qui paraît établi.Pour terminer cet aperçu sur les sources <strong>du</strong> Faklzri,ondoit encore citer les renseignements personnels qu'IbnaFfiqtaqâ a recueillis auprès de certains de ses amis, dontil nous a donné les noms. C'est SUl'tOut la partie anecdotiquede son livre qui a gagné en originalité à cette sourced'informations.. Si l'on veut maintenant déterminer les caractères del'ouvrage, il est aisé de reconnaître que nous nous trouvonsen présence d'un résumé d'histoire, fait d'après debons auteurs, notamment Ibn al-Athir, pour la partie con-1. Ms. arabe n° 5901. Cr. Catatogue des Manuscrits arabes de la collectionSche(er, par HARTWIG OERENBOunG, p. 16.2, W. PERTSCII, Die arabischen Handllc/wi(ten, Ill, p. san.3. Sur l'autelJl' voy. BROCKEUIANN, Geschicllle der arabischen Litteratu,.,l, 143.•. l;iotiU est cité expreseément: pp. 249, 308, H7, 458 et 41;3 de'celletra<strong>du</strong>clion. .6. Sur cet auteur el son œuvre, voy. BnOCliEUIAN:'I1, Geschichte der arabischenLiltera!ur, pp. 323-.'J2,l. $âbl' juge ll'ès eévèremenl eon devancier~oùll. Voy. J'inlro<strong>du</strong>clion de son histoire dee vizire de Mouqtadh.. ManuscritIlrabe de Paris, nO 6901, fo li reelo.6. ~âbl' est cité page 101.7. H.-F. AMEDnoz, The historiea! remains ofllildlal-Sâbt, fil'sl parl of hisKitab al- Wuzara (Gotha,ms. 1766) and fragmenl of his Hislol'y 38!/-393 a.H. (B. M. ms. ad. 19360) Leyde, 1904.3


XXVIAIlCIUVES MAROCAINEScernant les khalifes, ~oùli et ~àbi' pour la partie relativeaux VI1.II'S,C'est, en outre, une histoire anecdotique, d'une compositionhâtive, hien QI'donnée quant au plan, mal pl'oportionnéequant au récit. De tendance nettement chiïte,cette œuvre ne manque cependant pas d'impartialité, Ona peut-être un peu exagéré le parti pl'is de l'auteur contreles khalifes .'ahbâsides. La plupart de ses appl'éciations,bonnes ou ~auYaises, sont copiées textuellement d'Ibnal-Athir l , D'autres attestent une certaine pénétration d'espritet un esprit philosophique, si j'ose dire, qui manquegénéralement aux auteurs arabes '?Enfin le style est ce qu'est, en général, le style arabe,si l'on peut dire qu'il y en a un. On a beaucoup vanté lestyle d'Ibn at-Tiqtaqi\~; mais il est bien difficile de jugersur ce point un auteur dont le récit est formé de morceauxempruntés textuellement à des devanciers, à moinsqu'on ne veuille le juger sur les quelques anecdotes qu'ila rapportées et où il a tenu lui-même un rôl,e. Ce seraitpeut-être insuffis:ml. En tout cas, Ibn at-Tiqtaq:i n'ygagnera pas beaucoup, et son meilleur titre sera toujoursd'être une des principales sources de l'histoire des YÎ1.il's.Je ne terminerai pas cet 'Aperçu sans signaler l'existenced'un manuscrit persan qui puaît contenir lIne h'a<strong>du</strong>ctionlibl'e et fortement remaniée <strong>du</strong> Fakhri. Cemanuscrit provient de la collection SchefCl' et était coté1552 dans le catalogue pl'Ovisoire que M. Blochet a dresséde cette collection 1. Il est rangé aujourd'hni, dans le nouveauclnssement, sous le n° 105ft <strong>du</strong> Supplément persan1. Voy. notamment p. mlli <strong>du</strong> lexie arabe; tl'a<strong>du</strong>clion, p, 42G.2. Voy., par exemple, la tl'aùuclion, p. 119 et SIl' (appréciation de ladynastie des Iluaf.l'e I(halifes ol'thodoxes); p. 283, ele.3. Voy. eÎ-dessll8 III PI'érace, p. l, note 1.4. DLOCIIET (E.), Catalogue de la collection de. manllSCI·its orienlau.'Var!lbes, persa/ls el lllres, lOl'inée par M. Charles Sche(er et ùequise parl'Elal (Paris, WOf/) , no ).,,;2 .Ie la pal'lie pet'Slllle.


INTRODUCTIONXXVIIde la Bibliothèque <strong>Nationale</strong>. Son titre est ~-'~ .....t:("u.U\ '1 L'~xpérience des anciens n, (lui rappelle d'assezprès le r"Y\ ~-'~ ~ l:;.) « L'expérience des peuples )),d'Ibn Miskawaihi, en cours de publication par les soinsde M. le Prince de Teano '.Voici la description <strong>du</strong> manuscrit persan empruntée nucatalogLie provisoire de M. Blochet : . « Histoire trèsdétaillée de Mahomet et <strong>du</strong> Khalifat jusqu'aux conquêtesd'IIoùlâgoù, par Hindoushâh b. Sindjar b. 'Abd Alla.h el­Sahihi el-Kiranl. L'llUteur nous apprend dans sa préfncequ'il a composé cei ouvrage pour un souverain nomméNasret ed-Din Ahmed, fils de l'atâbek 'Yotlsouf Shâh, fils del'atâbek IIezarap, aux environs de l'année 730 de l'Hégir'e(= 1329 de J.-C.), ms. daté de 130ft (= 1886),15'11., 221U,nesta 'lik persan. » Dalis le tome II <strong>du</strong> Catalogue des manuscritspersans de la Bibliothèque <strong>Nationale</strong>, actuellementsous pl'esse, M. E. Blocheta discuté cepointd'histoil'elittéraire,ainsi qu'il a bien voulu m'en faire part 2. Je laisse àmon éminent confrère le plaisil' et le soin de communifl'lerla primeur de sa trouvaille à ceux qu'elle peut int.éresser,et je ne voudrais pas d'ailleurs empiéter' SUl' un terrain oùil a, depuis longtemps déjà, concentré ses efforts. Je cite~rai seulement quelques lignes de la lettre qu'il a bienvoulu m'adresser à ce sU.iet : Il Dans la tra<strong>du</strong>ction persane<strong>du</strong> Fakhr!, .tra<strong>du</strong>ction d'ailleurs fortement remaniée, leFakhr! est intitulé d'une façon très explicite:;{,j }\J JÂk>J\ r-~ -".i J ~yt.a4J\ ~1. The Taj


XXVIIIARCHIVES MAROCAINESet le nom de l'auteur est donné sous la forme de Safi ed­Din Mohammed ibn Ali el-Alévi. D'un autre côté, le titre<strong>du</strong> manuscrit de Paris est certain. »Comme on le voit, il s'agirait d'une tra<strong>du</strong>ction fortementremaniée. D'aillèurs le fait que l'auteur a donnéaussi l'histoire de :Mahomet, montre qu'il n'a pas suiviexactement le plan d'Ibn at-Tiqtaqâ. Mais laissons àM. Blochet le soin de nous renseigner d'une façon précisesur ce point d'histoire littéraire, qu'il a étudié d'une manièrespéciale.


BIBLIOGRAPHIEÉDITIONS COMPLÈTESDU TEXTE ARABE1860. - W. AULWAhDT: Elfachri. Ge.~chichte deI' i~lamischenReiche Dom Anfang bis zum Ende des Chalifates, von Ibn et!).thiqtaqa.Arabisch. Herausgegcben von W. Ahlwardt. Gotha, 1860, in-8, LXVIet 390 pages de texte arabe.1895. - H. DERBNBOURG: Al-Fakhr'i. Histoire <strong>du</strong> khalifat et <strong>du</strong>vizirat, depuis leurs origines jusqu'à la chute <strong>du</strong> khalifat 'abbdssidede Baghdddh (H.656 de l'Hégire = 632-1258 de notre ère), avec desprolégomènes sur les principes <strong>du</strong> gouvernement, par Ibn M-Tik~akâ.Nouvelle édition <strong>du</strong> texte arabe, par Hartwig Derenbourg. Paris,1895, in-8. Forme le fascicule 105 de la Bibliothèque de l'Écolel'l'atique des Hautes Éludes (section des scienccs historiqucs etphilologiques).1900. - Société égyptienne pour l'impl'ession des ouvragesarabes: Al-Fakhrl. (C'est un~ repro<strong>du</strong>ction de l'édition de :\1. Dg­RBNBOURG, moins l'intro<strong>du</strong>ction.)EXTRAITS DU TEXTE ARABE18'!3. - G: W. FRBYTAG : Lokmanî Fabulœ et piura loca ex codicibuspartem hisloricis selecla, Bonnre, 1823, in-8, pp. 23-33.(Cet extrait correspond aux pages H8 :\ 136 de notre tra<strong>du</strong>ction.)18!!8. - D. R. HENZIUS : Fl'agmenta w'abica, Peh'opoli, 18~8, in-S,pp. t-10'.(Cet extrait correspond aux pages H8 à 165 de notre tra<strong>du</strong>ction.),1832. - A. BOLDYRBF : Chrestomathie arabe, Moscou, 1832, in-8,3 •


xxxARCIIlVES IIIAROCAINESpp. 22·10. Repro<strong>du</strong>il d'après la Ch,'esfomalMe ambe de S. IlE SACY.(Cet. exlrail cOl'l'espond aux pages 325-362 el 571-579 de nolretra<strong>du</strong>ction.)1R34. - G. W, FnEYTAG : Chreslomalhia arabica grammaliea hisloriea,Bonnle, 18iB, in-8, pp. 84-96.(Ccl extrait correspond aux pages 24 à 43 de noIre Ira<strong>du</strong>ction.)~1834. -.f. IlU~lOgnT : Arabica Chreslomalia l'acilior, Pal'isiis, t834,in-B, pp. 88-10', 25il-260. I\epro<strong>du</strong>il d'après la CIl/'cslomaIMe m-abede S. DE SACY.(Cel ('xll'3it cOl'l'espond aux pages 331-34t et 350-363 de noh'e Ira<strong>du</strong>elion.)1870. ..;.,. 'V. WIIIGHT : An Arabie lleading Book, l, London, 1870,in-8, pp, 64-67. Publié d'après SACY ct AHLWARI>T.(Cct extrait correspond aux pages 349 à 360 de notre Il'a<strong>du</strong>cHon.)i882, - BOLLIG : B,-evis C""eslomal1lia ar'abica in !l8Um sc/lOlar'um,Horna, 1882, pp. 77-82. Repro<strong>du</strong>il d'apl'ès la Chreslomalhie al'Ube deS, nE SACY.(Cet extrait cOl'l'espond aux pages 347-31H cl 352-355 de nolreIra<strong>du</strong>ction.)1883. - Les PP. J.-B, B~;LoT ct A. RODI::T S. J. : NOllkhab al­,1/ol/la.!I, Chre,~lomalhie arabe, Beyrouth, 1883-1884, in-8, l, Il, pp. 50·76. Hel'l'o<strong>du</strong>it d'après SA


BJnLIOGRAPHfEXXXIEXTRAITS ACCOMPAGNÉS n'UNE TRADUCTION FIIANÇAISE180(J. - SILVESTRE DE -SACY: CIl/'eslomallIie arabe, Pa'ris, 1806,3 vol. in-8, l, texte, pp. 2-73. Tra<strong>du</strong>clion française, pp. 1-66, 404-410.(Ces cxll'aitscol'respondent aux pages 327-363, ;;71-579 cl. 43-53 denoIre tra<strong>du</strong>dion). - J,a dcuxiilme édition de la Clwcslomalhic (t826)donne les mêmes e",:lI'aits; l, texte, l'p. 2-4!J, cl tra<strong>du</strong>ction française,pp. 1-92.1816. - AMAIlLE JOURDAIN: E,drait de l'Histoire des Dynasliesallriblléc li Fakhr cddin Razy, dans les Fl/Ildyrubell des Orients, \Vien,-1809-1818,6 vol. in-fol., V, pp. 28-W.(Cet exlrait eorrespond aux pages 220-M3 de noIre tra<strong>du</strong>ction.)18Hi. - CH~:RBONNEAU : /lillloÏ/'c dCIl khalifes 'abbtlsides Al-Aminel AI-MlÎmolln, pm' Mohammed ben-Ali-ben Thabnthéba, connusous le nom d'Ibn Thaflhal'a, Il'Iutnile en français et précédée d'unecrilillue historique, dans le .folll'lwl asiatiql/e de Pal'is, Hl46, l,pp. 297-359.(Ccl exll'ail cOl'I'espond aux PI'. 362-3H8 de noIre tra<strong>du</strong>cLion,)18Ui. - LE )!Ihm: Hisloire dll khalife 'abbtisitle Al-Mo'lassem,tians le Journal aûaliqllc, 181-6, II, l'p. 316-338.(Cet extl'llit eOITespond aux pages :'W8-HO de 1I01l'e 1.l'3dlletion.)-1847. - Lf; ~lIhlE : Hisloire dc.~ khalifes Al-Ol/liei!}, AI·Mollla/l'a!;.·:kel el .M-"fol/nlasJ/·, dans le JOlll'nal aûaliquc de t81,7, l, pp. 134-H7.(Cet extrait eOI're~pond allx pages .i,-IO-4t7 de noh'o tmdllclion.)DIVERS1895. - I1AllTWIG DERENUOURU : Illlro<strong>du</strong>ctioll a/l Pa",,,'i d'lbll A!­Tiq~alfâ. (Exlt'ait de l'édition complète <strong>du</strong> texle arahe.)·!\Ion. - LE MÈME : Ull [Iallsage 'rolll/ué <strong>du</strong> Fakhri SIII' Aboù 'AbdAlldh Al-Baridi, lli::i,. d'Ar-lltidÎ Billdh cl d'Al-ilfoullaqi Lilltih,dansles Orielllalische Sludien Theodor NOldeke, ::/1111 .~il'b::i9stell (jl'­hurlslag (2 Illars 1906). Zwêi Ball(!e l, pp, :193-196.


TABLE DES OUVRAGES CITÉSAnoli CHÂl\IA, Kifâb ar-l·anf.lfllain fi akhbà,. ad-daulalnill (Histoirede NoClr ad-Dln et de Saladin), Le Caire, 1281 (f810-18H), 2 tomesen un vol. in-4.Anoû HILÂL AL 'ASKARI, Kildb al-awû'i[ Ile Livre des premiers).Manuscrit n° 5908 <strong>du</strong> fonds arabe de la Bibliothèque <strong>Nationale</strong>.Ano û'L-FARADJ AL-ISPAIL\N/, l\illib al-ag/uini, éd. de Boulll(l,20 vol. in-4°; 21' vol. ediled lIy Rudolph E. Brilnnow.Anoe-L-FIDÂ, Annales Jlo.,lemid, éd. Heiskc-Adler, lIafnire, t789­f 79.t., 5 vol. in-4.LE ",j:;ME, Géographie, texle al-aIJe, éd. Heinaud-de Slane, Paris,4840, in-4; tra<strong>du</strong>ction fran!:aise HeiO:lUd-Shlllislas GuyalY. Paris,-18.18-1883,2 vol. in-4.ABO~-L-MA\l1sIN IBN TAGllld-BAI\IIi, AI-,J/an/wl a,!-.!dfi lIJal-mou$laufiba'd al-wâfi; manuscrils ambes nO' 2068-2013 de la Bibliothèque<strong>Nationale</strong>.LE M~ME,An-Noudjotlm az_zâhim fi moulol11e 111iIJr l1Jal-Qdhira,éd. Juynboll-MaUhes, .IvoI. pel.. in-,tBALÂDzount, Fotorlh al-Bouldàn, M. De Goeje, I.cyde. '1866, in-4.DARBIEIl ilE l\h:VNARD, Dictionnaire gfo!Jrt1phiqrre, historique el1iI­Ih'aire de la Perse el des contrées adjacentes (extroil <strong>du</strong> 1110u 'djamde Yâqotil), Paris, 4864.LE ·"lblE, Notice $ur Mouslim ibn al-\VaIM, dons les Acles <strong>du</strong>Congrh Internai. de. Orientalistes, Pllris. i891, 3" section, pp. 1-21-;il en existe un tirage à part.LE lIlÊloIK, NoUce Bur ~/ohammed Cl,eibdni, jllrisconsulle hanélile<strong>du</strong> huitième siée/e, tirage à part <strong>du</strong> .T. A. P., '1852.LE JIIÎ!ME, Voy. Mas·oOdt.ARCH••IAnoe.c


XXXIV,\\lCIIIYES ~"\ROCAI:\"E";BERCHIm (MAx VA;>;), ta Prop"iélé lel'l'ilol'iale cl /'imfliil (ollciersous le,~ fI,'rmiel',ç c(/li/i'.~; éf ude sur l'iml'lit <strong>du</strong> l\ltat'i\dj, 1886, in-8(75 p.).BERGER (pIIILI""E), II1s1oire de l'écrill11'/' dml!' l'allliquil,:, 2" "'di­Lion, i89i. Paris.BOKIIÂ Hi, Les Tradiliol/s islamilJlles, lI'll/lucl iOIl l'r':mc;aise, :J vol.in-S parus, Les deux premiers pm' ~(M. 1l0\\(IIIS et ~(arrnis, le II·oi·sièlllP pal' ~l. Boudns. Par'is, E. Lel'onx,190:i-190S.BRocla;L~I A;>;,N (C \ Ill.), Ge.~chichle dl'I' Il/'abisc/rCII Uffe/'(/ill/',Weimal', i898, Hedi", HW':!, 2 vol. in-S.BUNZ (HUGO), l\i!tib iW'li:; al-I!ulla/ii fJi akhfJlil' al-(('immli al-khl/­la(d (Falilllidengeschidlle) yon al-MIllll'izi. Tnhingen, 190n.fh;\lCK liA HIlT, rO!l(/~/C"II AI'abie, trad, J. Il . Il., Eyrii's, Pnris, 3 vol.,iS3!>'CAHltA nR VAUX :,1:.\110":, Le LiU/'e dl' rlll'I'l'li.~.~em('1I1 el tic la l'évi­ÛOII dl' ,l/IlIl'ol1dî. Pal'is, 1.C1'OUX, iR96,CASANOVA (PAUL), .Yole Sll/' 1111 mal/uNcl'il dc' la sl'cll' de.~ Assassills.J. A. 1'.,1898, pp. lM cl SlIi\'.LE mhlE, Ll's dl'I'I/it'I'.~ Falimidt'.~, dans ks Mémoires publiés fIm'les membl'e.~ d" la .11iNsioii Il/'chéologiquc /hll/l:aise ail Cail'e, 1. VI,pp. .H5-H5.CHABOT (J. B.), Vi.' de .\Im' Jabalaha, Pnl.'is, I.erollx, i8~:;, in-8.CIIEIIUIO (le P. LI'IISI, '1/111 (/1-(/(/011 lell tH'nlle, Beyrouth, 1886.CLElntONT-GAi'iNK\l' (Cil.), R('clIeil ,[',Il'c/ulnlO(Jie Ol'h'1l1ale. 8 vol.in-8, ISM8·I90R, !llll'is, LCl'OIlX.Ih:Frd:MEIlY (Cil.), !fisloire des lsmaélif'lls el 1l0UI'e/lI's l't'chl'I'ches$11/' les Ismaéliens, l'm'is, 185:;, in-8.L~; IIl1hlE, Mémoil'(' .~II/' le.~ Émil's f'i-Olllél'Il, Ilnns I\~s Mémoiresprésenlés pm' dilJerll saVl/nls à l'Académie d/'s In,~cripliolls ri Jlefle.~­Lelll'I!.~, Il, pp. IH C'I slIh·.nEGUIG:'l'~S,flislo;,',' !lélll!l'ale dl'IlHIII/S, Paris, , ;;;6-1758, 5 vo!.nlmENIJOlIlIG (IIAltnYlG), Vie d'Omlilllll ibn JIulIniridh, Pnris,1886-1889, 2 vol. (LI'I'OIl\').DmULAFOy\MAIICI'.I.), La PI'I',~e.l(/ Chaldée d la Susill/ll', Pnris, ,1886.D.rollnOJÂNi, Ta 'l'if/if, De{illiliones /'il'i III1'I'ili.~ilÎmi SeY!lid Schérl{


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XXXVI AIlCIII VER lIIAROCAINESLE A1Ê~m, Les Zilldt'qs ell droil musulmall, dm)R les Acles <strong>du</strong>XIe COllgrès illiernatiollai des Ol'imlalistes. Paris, 189;, 3 e section,InN Ann RAIlIIIHI, Al-'lqd al-/ll/'M, éd. <strong>du</strong> Cain' f293 (18i6), 3 vol.In;o; Ar.-ATllin, lùimil (Chronieon), éd, Tornherg. Leyde, 1l;5t­18i6, t4 vol. in-8.IJ,N BAToûTAH, royages, texte al'abe et trad, par C, Défr'(lmeryel.le l!ocleUI' B, n. Sanguinf'tti. Pal'is, 18;4--1879.4 vol.InN CIIÂKIR,AL-I{onOUlli, Fawt1lal- ''''a/aydl, 2 vol. ill-8, Boulâq,H~3 (186H).IIlN DOIIlAIIl, (;ellealogÏlwhe,~ El!lTllologisches IlandbuclI, éd. \Yilslenfeld,Gottingen, f854.III:\' HAllQAL, Al-Jlasâli/. wal-mamlÎlik, Leyde, f8i3 (vol. Il de laBibl. Gtlogr, 8I'ab., éd. De Goeje).IIIN IllcIIÀAI. Siml (Yie de 1\lahomet), éd. F. Wüslenfeld, Gütlillgrn,f8a9-t8HO.InN I\IIAUlOÛN, Prolégomènes, trad.Slane, Paris, t863-:l868, 3 vol.française par le baron deInN KnÀLI.IKÀN. Wa{a!lrlt, éd. \YUslenfeld. GüUingen, t835·t843.tra<strong>du</strong>d. anglaise, lJiograp/zical Diclionar", lranslaledParis-London,LE ~lIhIE.Il'om the Al'l1bic hy Bal'on !\lac Guckin de Slane,t8t3-18it •.~ vol.hl:\' IÜIOIIDÀDnEII. Le Livre des Roules cl des Provinces, puhlié,tmd. el. annoté pal' C, Bm'hier de l\Ieynard, Paris, t86!).LJ.: lIIÊME, éd. el tl'8d. De Goeje, Leyde, t889.lni'" AN-NADJDJÂR (MOUI.'IBB AD·DiN), Dzail Ta',';kh Baglldâdz, manuscritsnO' 2t30-2131 <strong>du</strong> fonds arabe de la Bibliolhi'que lXalionale,InN AL-QU'Ti,tIJ03.Ta'l'ikii al-(lOulcamd, éd, :\Iüller-Lippert, Leipzig,IBN QOTAIIJA, Kildb al-Ma 'dri{, éd. \VOslenfeld. GOUingen, t850.LE IIlt~lE. Liber poesis el poelarum, éd. De Goeje. Leyde, {904.h \VÂ~". AI.-I~A~IA,-d (DJArdL AD-DIN), Mou{m·";dj al-kolll'odb, ms.al'ahe, nO 1703 de la Bihliothèque <strong>Nationale</strong>.JOURDAIi'" (AMAIlU:), Fll1ldgrllben des Orients, t. V, pp, 28-40,Journal asiatique de Pari,y.


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T,\IlLE DES OUVIlAGES CITÉS XXXIXSAUlON. Voy. Khu(lh aJ-llaghdâdzl (nI).SCIIEFEIl (Cil.), Relalions des lIflllmlmans ave,' la Chine, dans le r~cueildit Cenlenail'c de [' École d,'g Lan!llll'ii Ol'ienlales vivantes, infol.,Paris, 1895, pp. t-43,SUNE (MAC GUCRIN IH'), ,Voliee SII/' Codàma el .~es éC1'ils, lirage àpart <strong>du</strong> J. A. P. (XX, 1862, p. t63 et sq.).SOYOÙTi, LOl/bb al-Lol/bâb, éd. "VeijCl's-Velh. Leyde, 1840.- I(ifàb al-wasd'if ihl ma'rirai al-tlwtl'il, manllscl,jt n° 639 6 <strong>du</strong> fondsarabe de la Bibliothèque Xalionale.STRECt{ (MAX), Die alle Land.~eharl nabfllollietl naeh den arab.Geographen, Leide, i900.TABARi, Annale.~,cll/n aUis edidil M. J. De Goejc. Leyde, i879-i90f.T ÂJ)J AI.- 'AROÙS, Dictionnaire O/'abe (cn arabe), par Az-Zabidi.fO vol., Boulâq.TEANO (LEONE CH:TA"'I, principe dil, Anllali dell' isldm, annéest à 42 de l'Hégil'e. Rome, 3 vol., i90i'i-1907.THA 'hIni, La(lfir al-ma 'dl'ir, éd. P. tle Jong, Leyde, t867, in-8.\VANSCllARisi (AlDUD At.-), La Piel'I'C dl' louche des rétwas. Choixde consultations juridiques des faqihs <strong>du</strong> ~(aghreb, tra<strong>du</strong>ites etanalysées pal' I~mile AmUI'. Paris, i908-tOG9, 2 vol. in-8.WEIL (G.), Geschichte der Chali(ell, ~[anl\heim, i8W-i8M, 3 vol.\VELI.HAUS~:N, Die religiü.~-polifischellIslam. Berlin, J90LOpposiliollsparleien im alten\VCsn:NFEJ.D (FERJ)I:"ANn), Rcgislel' '::u dw Gwcalogisc!Jen Tabellender Arabisc!Jen Slüll1me !llId FamiliclI. Gütlingen, 1853.LE 1I1tl:1I1E, Die Akadcmien dCI' Ambl'I' IIl1d i!zl'e Lehl'el'. Gôllingen,1837,- Geschiclrle cler Fa!imitlell-CllUli{ell. GÜUingen.Y,t QOOT, MOIl 'cljall1 (Geog/'(/phisc/I/'s 'V(ll'lcl'bllc!z). Leipzig, 1866­1873, 5 vol. in-S.


TABLE DES ADDITIONS ET CORRECTrONS AU TRXTE ARARF,(ÉDITION II. DERENBOURG 1)Page ligne lise= : ail liCll de :v~, ~18 4 ~ UI,- u,23 9 ~\~\./ / /24 7 ~ ~, ,28 4 1s~L:,.. 1s~L;..J>..;vJ>.)-::; .... ,.. ,-29 if ~ ~,- ,32 2 (en note) e!.J e!.';/, ,-38 8 .\.cu, .\.c11r-::./-'50 2 .Jk J.A::...65 2 ~tt~ ~tl.\, r;;'Eu w" '-7t 1.0 ~\ "~. ~\ "li" f.5 "


XLIIARCHIVES?tIAROC'\I~ESPagelignelisez: au lieu de :71 if77 7104 4138 8,H88151{57-162fi4-1771196 (;,201 H203 . 142H 13/',,?~~J-':>JI.!;t;.,, ,,,?h.........JJ-':>JI·Iiif


TABLE DES ADDITIONS ET CORRECTIONS AU TEXTE ARABE XLIIIPagelignelisez:au lieu de :2293~..\.JÏ;Î2342408~ ~~/7~~\/"'~~\255259/26036/~ '"~.'"2802882983t29tO~~7 ajouter J\~tf.*0)etc.~J~Ib. ... ..;>d,jVI


TABLE DES MOTS ARABESQUI ONT DONNÉ LIEU A mm EXPLICATIO:'l SPÉCIALE DANS I.ES NOTEf:Page0';\ 2'17 2~I 2:H 3S../~'\ ",:",6.:"",,\ 24- 1:::?U'-....,b\Noteo...J6.:>- 1 H:::0-> 380 !d..::..; ~ 227 2.. J~ ~ .. 45 6o...J.f.!:.JJ) 558 1~.Jli) HI 1i.,.o.) 440 H."~ 45 6"...;J"~fb~ 535 4""':"'!Y- 'YI ~ 3".kA.. 441 4


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANESAu nom d'AllAh le Clément, le Miséricordieux!t Louange à AUdit qui pro<strong>du</strong>it les causes, qui ouvre la1'­gement les portes, qui décrète les événements, qui règlela série des temps; qui existe nécessairement, qui crée lesnobles caractères et estl'auteur des actes génél'eux, qui répandahondammentl'intelligence etqui donne toute chose!Je reconnais qu'il est Celui qui possède le monde existant,le tenant asservi à sa grandeur. Je témoigne qu'ilest le Créateur et que l'invisible 2 n'est pas voilé pour sasagesse. Je me réfugie dans la majesté de sa Toute­Puissance pour qu'il m'épargne la honte <strong>du</strong> voile 3 ; dansson abondante générosité, pour qu'il ne me demande pas1. Celle doxologie est toute empreinte de mysticisme et rappelled'assez près certains passages <strong>du</strong> Zohal', telle (lue la Peti/;w d'Eliahou,....,L- ~l ......- (qui pro<strong>du</strong>it les causes) répond à n'~O:i n~o <strong>du</strong> Zohar'. .' .",:"l,y. )Il '& (qui ouvre largement les pOl'tes) à C"YU1 nm;) <strong>du</strong> RituelJuif (Prière <strong>du</strong> soir), Les analogies sont faciles à établir au cours de toutce passage. Cf, ADOLPHE FRANCK, La Cabbale, p, 170 et passim.2. Ce terme est emprunté à la langue qOI'anique. Cf. QOI'an, X. 21 etpassim. DjourdjAni, dans ses Ta'rî{t.ll, et d'autl'es lexicogl'aphes arabe;;donnent diverses définitions de ce terme, en se plaçant à différents pointsde vue. Ill'ésuUe de la plupart de ces définition;;


ARCIII\"1':8 )l''ROCAI~ES1111 compte 1 trop rigolll't'lIX, et dans le mystère de sa.science, pour qu'il me lll'ésene, des chùtimeuts annollcésdaus le Line?Et je pl'ie pour les âmes célestes, ren<strong>du</strong>es exemptesd'impnretés, et pOUl' les corps tenestl'es que ne ternitaucune souillure, Ce qu'il y a de plus excellent parmi lesIH'it\l'es les plus pUl'CS, ce qu'il y a de plus pal'fait dans leshénëdictionsles plus abondantes,je le réserye par'ticulièrcmeutil celui qui a fait entendl'e sa yoix alors (lue les languesétaient aCél'C!es::' il celui (lui a le mieux indiqué ledroit chemin, alors (lue les ùmes étaient tombées dansla gl'ossièl'cté et les cœul's dans l'en<strong>du</strong>rcissement, à )[ou­I,Iammad, le Prophète illetll'é~, qui a reçu les marques del'assistance di\'ine:' et les confirmations de la Toute-Puissance.Je distingue aussi dans mes pl'ières les saints membl'csde sa famille et ses pieux compagnons, «(ui ayaient cru enlui lors de sa mission, qui l'ont aidë alors (lue tous l'abandonnaient,et je priemi pOUl' eux, tant qu'un homme généreuxrépandl'a ses hienfaits, tant qu'un bl'iquet fel'a jaillil'<strong>du</strong> feu.Et ensuite, ce qu'il y a de meilleur' dans les occupationsdes plus distingU(;s d'entre les l'ois, de plus exeellent dans" lem' cont1uite, aprps les soins appol,tés par eux aux affaires<strong>du</strong> peuple et leUl' exactitude il assumel' les chal'­ges <strong>du</strong> pOllyoil' dont ils ont rel:U sans conteste le dépùt.101llh", - El f1u'c"I-('(' '1"(, le \'oilc, li Apùll'(' d'Allàh ~ dcm:tnd:l-I-ol1. ­C'cst dit-il, f1uallll 1':)lIIe IIICll\'1 alors lllt'elle e,.1 inlldèle, .. cr. Mou!,,"cif-moll~li!, !


IIISTOIRE DES DYNASTIES :\1l'St:L~L\:"I:" 3c'est l'étude des sciences et l'ardeur il rechercher 1 lesli\'l'es émanés des plus nobles esprits. Quant à la supé:­riorité de la science, elle est évidente comme le soleil,elle ne laisse aucune pl'ise au doute ni à J'incertitude.Parmi les passages de la névélation relatifs à ce sujet,il y a ces paroles <strong>du</strong> Très-Haut:« Seront-ils donc égaux ceux qui Sa\'ellt ct ceux quine savent pas'.! ?» Et dans les 1.ladiths (paroles authentiquesde Mahomef; (que les bénédictions d'Allâh et sonsalut soient SUl' leur auteur!) il est dit: « Certes, lesanges abaissent leurs ailes pour porter celui (lui recherchela science, »Et au sujet <strong>du</strong> mél'ite des lines on a dit: « Le li\Te estle compagnon qui ne trnhit pas, qui .nese lasse pas, (iuine te fait pas de reproches quand tu le traites dluementet qui ne divl,lgue pas ton secret.» Mouhallah: 1 a dilil ses fils : « 0 mes fils, lorsque vous vous arrêterez dnnsles marchés, ne vous arrêtez que devant les mal'chand:-;d'armes ou les marchands de livl'es, »Lorsque Fatl~" fils de Khâqân, siégeant en présence <strong>du</strong>1. C'est pOUl' é"iter la répétition <strong>du</strong> mot éludier,


ARCIIIVE8 )IAIIOCAINEgkhalife :Moutawakkil', désimit se lever pour aller au hassindes ablutions, il tirait de la tige de sa hotte un petitvolume et ne cessait de le parcourir à l'aller et au retour.Une fois deretour auprès de sa Majesté le khalife, Fatl.tremettait le livre dans la tige de sa botte.Un khalife envoya chel'cher un savant pour passer lasoirée à causer avec lui. Lorsque le serviteur <strong>du</strong> khalifearriva auprès <strong>du</strong> savant, il le trouva assis entouré de livresqu'il consultait. Le serviteur lui dit: « L'Émir des Croyantste demande.» Le savant répondit: « Dis-lui qu'il y achez moi une société de sages avec (lui je m'entretiens.5 Dès que j'en aurai fini avec eux, je me présenterai devantlui. Il De retour auprès <strong>du</strong> khalife, le serviteur lui fit partde cette réponse: I( Malheur à toi! s'écria le khalife,(tuels sont donc ces sages qui étaient chez lui? - ParAIJàh, Ù J~mir des CI'oyants, répondit le serviteur, il n'yavait personne chez lui. ,) Le khalife reprit: « Fais-le donccomparallre sur l'heure dans quelque état qu'il se trouve.»Lorsque le savant fut en présence <strong>du</strong> khalife, celui-ci luidit: (( Quels sont donc ces sages qui se trouvaient chezloi ? » Il répondit:o Émir des Croyants,Nous avons des compagnons dont la convel'saLion ne nouslasse jamais. qui onL noLre confiance eL qui la méritent loinde nous comme pl'ès de nous,Ils nous font acquérir, grâce à leur science, la science <strong>du</strong> passéct nous donnenl bons conseils, bonne é<strong>du</strong>cation, gloire et dignité,Si tu dis qu'ils sont morts, lu ne te seras pas trompé à leurt'lgard, eL si Lu dis qu'ils sont vivants, tu ne seras pas non plustraité de menteUl',Le khalife reconnut alors que le savant faisait par là allusionaux livres, et il ne lui reprocha pas son retard.1. Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>clion correspondante aux pages 325 à 327 <strong>du</strong>t.exte arabe,


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSUUI.\NE~ 5Djâhi~ 1 a dit: « J'entrai auprès de Moul)ammatl filsd'Is1)âq, émir de Baghdâdz à l'époque où il était investi <strong>du</strong>pouvoir. Il siégeait dans la salle <strong>du</strong> conseil, et les assistantsse tenaiènt devant lui comme s'ils eussent eu chacunun oiseau sur la tête 2. « Puis, quelque temps après, j'entraichez lui; il venait d'être destitué. Il était assis dans sabibliothèque, ayant autour de lui ses thores, ses cahiers,ses encriers, ses transparent~;l. Jamais je ne l'ai ll'ouvéplus imposant qu'en cette cir~onstance. »Moutanabbî 4 a dit:La place qu'il eslle plus honorable d'occuper en ce monde,c'eslla selle d'un coursier rapide. Le meilleur compagnon sera àjamais un livre.La science pare les rois plus encore qu'elle ne pal'e le 61. 'Amr ibn Bahr al-DjAl)i?-, célèhre pol,-graphe,morl en 255 de l'Hégire(869 de JA:.). Voy. la bibliographie dans BROCKEL!IAN!.':, Geschichfe derarabischen 'LWeratur, l, 1511 ; cf. aussi CL. HUART, Ilist. de ta litt. arabe,p. 212-214; DÉ HAMMER·PURGSTALL. IV, US5; Kildb al-aghdnf, Index,p. 259; IBN KHALLlKÂN Wa(ayaf, éd. Wüstenfeld, notice i>17; l'llAs'olÎ'Di,Prairies d'or, Ill, 22-25, et VIII, lIll-Sfi.2. Ces expressions, devenues pl'ovel'hiales, sont empruntées à une Il'adition(1)adfth) où le Prophète, parlant de la gravité et <strong>du</strong> calme de sescompagnons (a~1)db), disait: Comme si chacun d'eux avail eu un oiseau SUI'la Mfe. Les commentateurs de ce ~ladffh ajoutent que les compagnons <strong>du</strong>Prophète se tenaient ainsi par crainte et déférence envers Mahomet.Quant à l'origine de cette locution, les uns l'expliquent en disant queJ'oiseau ~e se pose que sur une chose immobile (Cf. Mou1)fl al-mou~lr"Il, 13(9), d'autres disent que celle locution "ient de ce que le corbeau sepose sur la tête des chameaux el de 80n bec leur enlève la teigne; pendan\eetemps, la bête ne bouge pas. (Djauhari, apud Tddj al-'aroas,8. v.). MAIDÂNt, Proverbes, éd. <strong>du</strong> Caire, Il, p. 78.8. Ces transparents sont d'un genre spécial. Ils consislent dans uncarton ayant généralement les dimensions <strong>du</strong> papier employé; sur cecarton on colle des ficelles fines qui figurent les lignes. JI ne reste plusqu'à appliquer la feuille de papier sur ce carton et à la presse.' a\'Cc lamain pour obtenir l'empreinte des fils sur le papier.t. Ce fameux poêle, qui vécut longtempR à la cour <strong>du</strong> Prince de HamadzAn,SII)'f ad-Daula, est trop eonnu pour qu'il soil besoin de donnerici sa biographie détaillée. Je me borne à donner la date de sa naissanceà KoMa, 905 (de J.-C.) et celle de sa mort, près de Bagbdi\dz, !165, et jerenvoie pour le surplus et pour la hibliographie à BROCKELaiANN, Gesch. derara11. Lill., l, B(j·89; DE llAmmn-PI:RGSTALL, Lillerafu/'gescft. der A,raber, V,712; VI, 4lil-719.


ARCIIIVES lIIAROCAINESvulgaire. Lorsque le roi est sa"ant, le savant devient l'ai.Les plus utiles parmi les livl'es que lisent les rois sontceux qui embrassent toutes les règles de la con<strong>du</strong>ite desrois, qui contiennent les récits historiques 1 et qui renfermentdans leurs plis les curieuses anecdotes et les merveilleuxvesliges <strong>du</strong> passé.Toutefois, les vizirs détestaientjadis que les roiseussentla moillllt·~ notion des biographies et des annales, de peurque les rois ne parvinssent à comprendre certaines chosesque les vizirs n'aimaient pas que les rois comprissent.Mouktafi '! demanda un jour à son vizir des !ines quile divertissent et dont la lecture lui fit passer le temps. Levizir ordonna à ses lieutenants de lui procurel' ces livreset de les lui soumettre avant de les porter au 'khalife. Ilsréunirent donc quelques livres d'histoire où se trom'aientrapportés quelques-uns des événements <strong>du</strong> temps passé,guerres faites par les rois, récit de la vie des vizirs, connaissancedes artifices employés pour extor(luel' l'argentdes contribuables.Le vizil', lorsqu'il vit ces livres, dit à ses lieutenants:« Par Allâh, vous êtes, parmi tous les hommes, mespires ennemis. Je vous ai dit: Procurez-lui des livres quil'amusent et qui l'absorbent, de manière qu'il ne s'occupeni de moi, ni d'aucun autre. Et voilà que vous lui avezprocuré des livres qui lui feraient connaitre les endroits oùles vizirs trouvent leur perte, qui lui feraient découHil'les moyens par lesquels on pressure le peuple, et (lui lemettraient à même de distinguer la prospérité <strong>du</strong> pays,de sa ruine. Rendez-les donc, ces livres, etapportez-lui end'autres, contenant des historiettes qui l'amusent et despoésies qui le mettent en joie. »De même, il déplaisait fort aux vizirs que les khalifes et1. Opposés aux romans, comme ceux d'Antar et autres.2. Khalife 'abbilside. Voy. )Ilus loin la tl'a<strong>du</strong>ction correspondante auxpages 350 et suivantes <strong>du</strong> texte arabe.


J118TOIRE DES DYNASTIES )IUSUUIA:.'\ES 7les rois eussent quelque comprl~hensionet quelque con..naissance des affaires...:\. la mort de Mouktafj, son nZlr se proposa de faireproclamer khalife 'Abd Allah fils de Mou'tazz l , qui a,-ait{les talents, de l'intelligence, le goùt de s'instruire. :l\Iaisun des secrétaires les plus. avisés <strong>du</strong> vizir prit celui-ci ilpart et lui dit: (( 0 vizir, ce dessein que tu as de faire Pl'O- 7·clamer khalife Ibn al-Mou'tazz ne vaut rien. - Commentcela? dit le vizir.» Le secrétaire reprit: ( Quel besoin astude faire asseoir sur le trône <strong>du</strong> khalifat un homme quisait ce que c'est qu'une coudée, une balance et qui connaitles prix des denrées, qui s'entend aux affaires et sait disLinguerle mal <strong>du</strong> bien, qui connaît ta maison, Lon jardin, Londomaine? Le meilleur avis est que tu fasses asseoir sur leIrône un tout jeune garçon, en sorte qu'il portera le titt'e{le khalife, tandis que tu le seras en réalité. Tu feras soné<strong>du</strong>cation jusqu'à sa majoriLé, et il ce moment-là il ret'onnaîtraqu'il te doit son é<strong>du</strong>cation, et toi, pendant le tempsqu'aura <strong>du</strong>ré sa minorité, tu auras eu Lout loisir d'arrangertes affaires. IlLe vizir remercia son secl'étaire de ses bons avis etabandonna 'Abd Allâh fils de Mou'tazz au profit de JIouqtadir2, alol's âgé de treize ans.Dans les réunions intimes de Balh' ad-Din Lou'lou':1(qu'AlIâh l'ait en miséricorde!), maitl'e de Mossoul, ce quifaisait surtout l'objet de la c01l\'ersation, c'était la récitationde vers badins et d'historiettes divertissantes. :Mais,dès le cOlnmencement <strong>du</strong> mois de Rama


8 ARCfIIVES )lAROCAlNESà Badr ad,.Din des ouvrages historiques et biographiques,ct Zain ad-Din le secrétaire et Izz ad-Din le traditionnisteprenaient place auprès de lui pour lui Hl'e les é"énementsde l'Univcrs.Ce que je viens d'avancer là m'amène à exposer lefait suivant: Lorsquc le décret <strong>du</strong> destin m'eut imposé defaire halte à Mossoul la Bossue l, je m'y arrêtai sans queje me fusse exposé ni à ses a:verses ni à ses pluies fines'C! ..J'y étais entré suivant cette parole <strong>du</strong> Tout-Puissant:l(gloil'e il Celui qui ra dite !) : Il Et il entra dans la ville dansun momenl d'inal1enlion de ses habitanls. ».J'avais formé l'intention de séjourner à l\Iossoulle tempsnécessaire pour que le froid diminuât, pour que mon man- .S. teau me pesi\t, et ensuite de me diriger de là vers Tebriz,Une fois installé à Mossoul, il me revint de nombreux etdivers côtés et de différentes personnes qui ne s'étaient pasconcertées pour cela combien était éminent le mérite deson illustre possesseur, le maitre obéi, le roi auguste, leplus excellent et le plus grand parmi les rois, le plus nobleet le plus longanime des juges.. FAKHR AL-MILLA WADDÎN \, AlIâh l'a gt'atifié de qualités telles que si le temps lespOSSédait, aucun homme bien né n'aurait sujet de seplaindre de ses vicissitudes, et personne n'en éprouveraitplus de dommage" ; et si elles appartenaient à la mer, soneau ne Mrait plus ni salée ni saumâtre Il, et le navigateurn'en craindrait plus les Oots; et si les lunes les avaient.1. Sur celle épilhète, voy. les références données par 1\1. Harlwig Derenbourgdans son Inll'o<strong>du</strong>clion à rédil. arabe, p. 2, noIe li.2. C'esl-b-dire sans un dessein préconçu de sa part, mais involontairement,ct fOI'luitemenl. C'est une locution provel'hiale, M. DERENIlOURG,loc.cil., tra<strong>du</strong>it: «sans y ~tre alleint ni par les averses, ni pll\' les pluies flnes...a. Qot'an, XXVIII, H, où il est question de Moïse, 10l's de son entréednns la copitale de Phnraon : voyez l'Intro<strong>du</strong>ction, de M. DERE"'DOURG,JI. 2, noie 6. "4. Voy. HARTWIG DF.RENBOURfJ, Intro<strong>du</strong>ction à t'édifioll al'abe, p. Hl.li. QOI'on, XXX, 32; XXXIX, 11 et 50.•Il. Allusion:lu Qomn, LYI, lm; :lussi XXV, 1i5; XXXV, 13.


mS'fOIRE DES DYNASTIES IIIUSUUIAi\ES 9conquises, le dernier jour <strong>du</strong> mois ne les atteindraitjamais.[C'est Fakhr-ad-Dtn] 'Îs~ qui a fait revivre les vertusmortes 1, et déployé le rouleau des actions généreuses, qui aren<strong>du</strong> achalandé le marché des nobles actions à une époqueoù ce marché était dans le marasme. Il a érigé les piédestauxdes bonnes œuvres, alors que leurs hases devenaient tropfaibles pour en supporter le poids; il s'est constitué ledéfenseur des hommes bien nés· dans un temps où ilssont moins que peu. Par sa générosité,'ïl a empli leursmains de bienfaits éclatants comme les taches blanches quele cheval porie au front et aux pieds 2, et il a projeté sureux une ombre de bonté qui ne se déplace jamais, et lesa couverts d'une aile de miséricorde. Jamais il ne se lass'ede les combler de ses largesses et de ses dons. Plus ilaugmente en puissance et en autorité, plus il se montremodeste et doux, et il n'atteint les sommets <strong>du</strong> pouvoirque pour y planter l'étendard de la générosité. Ce princec'est Fakhr-ad-Dîn 'lsll, fils d'IBRAHiM: Puisse Allah raffermirsa victoire, ne laisser transgressel' ni son interdictionni son ordre 1 cet homme qui a fait oublier la réputationdes hommes les plus généreux, l'inébranlable fermeté desmontagnes et la bravoure des lions :Il réunilles qualités naturelles <strong>du</strong> soleil, des venls, des nuages,des mers el des lions!'C'est lui qui est au front de notre siècle une aigrette 91. Allusion au miracle accompli par Jésus. L'auleur a joué SUI' le nom<strong>du</strong> Prince 'Isâ, qui est le nom de Jésus en arabe.2. Cette image, pour indiquel' la noblesse, l'excellence d'une chose, estassez fréquente chez les auteurs arabes. Zamakhchari, dans sa préfaceC.)WI.<strong>du</strong> ]Cachcha(, dit en parlant de Mahomel:~I ~Iyl ~.,;JICf. S. DE SACY, Anlhologie grammalicaie, p. 125, 1. 12, de la pm'lie arabeet la note 17 sur ce fragment.S


10 ARf:IIIVES ~I.\ROCAI:'iJ::Sau collier' de notre temps une perle dont aucune perlen'approche ici-bas, qui a confirmé ce qu'on raconte deshommes <strong>du</strong> passé et démontré la véracité de ce qui a étéécrit sur les mœurs des premiers ancêtl'es.Et cependant Ibn ar-nolÎmi 1 a dit:Je Cl'ois que les choses se sont toujours passées telles quenous les voyons, el qlle ce qu'on raconte de l'ancienne libéralitéest sans fondémenl.AdmeLtons môme qu'il y aurait eu des hommes généreux,ainsi qu'on l'a préten<strong>du</strong>, n'y aurait-il donc parmi eux aucun quiait fait souche?Mais si Ibn ar-Hoùmi avait connu le seigneur de Mossoul,il aurait certes ajouté foi à ce qu'il avait enten<strong>du</strong>conter sur les hommes généreux, et la maladie <strong>du</strong> douten'aurait pas agité ses flancs.Cet ARBITRE (Fakhr-ad-Din), lorsqu'il fait régner sa nobleintelligence et sa pensée fine sur les affaires <strong>du</strong> gouvernementet sur les choses de la royauté, pour lui les difficultéss'aplanissent, les rochers lesplus <strong>du</strong>rs s'amollissent,les secrets se dévoilent, et il devient difficile de répéteravec [le dicton populaire] : dans le; recoins se cachent tessecrets. Chez lui, la vigueur de la justice est entière, sesbases inébl'unlables. Aussi, que son imposante majesté nesoit pas pour toi un sujet d'inquiétude, car delTière ellese cachent de la honté pour le faible, de la compassion pourle pauvre et de la consolation pour l'homme brisé par l'infortune.1. D'originc grccquc, Ibn lH'-Roùml, qui fut un poille très golité, naquità Baghdâdz en 221 (= 8:l6). Par ses satit'cs, il s'aUira l'inimitié de Q:lsim,ms d"Obaid Allah, le vizir' de l\fou'tàl)icl (voy, in{l'a, la lI'a<strong>du</strong>etion correspondanlei\ la page 350 <strong>du</strong> texte arabe) et fut empoisonnë un jour en pri,­senee <strong>du</strong> vizir lui·même. Voy. la relation de ce fait dans CL. HUART, /lillf.de la Lill. arabe, p. 83. POUl' la bibHographie, voy. BROCIŒUIANN, Gesrh.der arab. Lill., l, 79-80. cr. aussi DE llAmIER-PURGSTALL, Lillerafurgescll.der Araber, IV, 598,8"9; VII, 9-12 j , IX,29; Ki/db al-agMnf, XX, 72.


mSTOIRE DES DYNASTIES ;\/uSVLMANES 11Il fi des habiludes de belle ilHlulgence 1 pal' lesquelles il caplivel'homme libre, el délivre de ses liens l'afflig-é.J'assistai llll jour il son auguste audience. C'était unjoUI" où la pluie tombait avec violence. Il avait fait consi·gner sa porte. Mais la pluie redoublant, il dit aux huissiers: « Si quelqu'un se présente à la porte demandantquelc(lle chose, fa iles-nous connaître sa requête. Il Puisil ajouta: « Certes, on ne se présente ilas par un tempspareil il moins que ce ne sQit pour une chose indispensable,et il ne sel'ait pas permis de renvoyer le solliciteur déçu.»\0Par Allâh! peut-on mettre dans un livre comme celui-ci,qui voudrait être le recueil des plus beaux traits <strong>du</strong> passé,autre chose que des histoires comme celle (lue je viens deraconter?Quant il l'énergie déployée par le seigneur de ~Iossouldans sa politique, elle est énorme, sans jamais se prêterà aucune injustice. Mais ne te laisse pas tromper par sadouceur et par son affabilité souriante, car sous cettebonté se cachent un courage capable de dompter les lionset une énergie redoutable au gouvernant et au gouverné.Il est la mer; plonge-toi dans ses flols quand elle esl calmemais tiens-loi sur tes garùes ct évitc-Ia 10rsqu'clIe écume.Pour la force de pénétration de son esprit et pour savigilance, il a ces qualités au même degré qu'a dit~Iolltanabbi'! :.\ son œil tu reconnais ce qu'il est vraiment; on croirait queson œil est enùuit <strong>du</strong> collyre de la pénétration.Lorsque sa pensée y allume ses fcux, j'en tremble pour lui,car j'ai pcur qu'il ne s'enflamme tout enlier.Et pour la puiss~ncede son intelligence instinctive etI. Allusion au Qot'an, XV, 85: • El loi, Mahomel! pardonne d'ull beaupardon. "2. Voyez ci-dessus, p. li, noie 4.


12 ARCUlVES MAROCAINESde son discernement parfait, je'1:rois que les plus intelligentsparmi les rois anciens, s'ils avaient assez vécu pourle voir à l'œuvre, auraient appris à son école comment ongouverne les foules et comment on administre les affairespubliques.Et pour sa féconde générosité, qui dépasse toutes limiteset qui déborde de toutes parts, c'est une mer; parles-ensans crainte (d'être taxé d'exagération) 1.Car s'ils vivaient encore, ces hommes dont la générositéest passée en proverbe, et qui sont restés sans rivaux,sans égaux, ils apprendraient de lui les profonds secretsde la générosité et acquerraient, à son exemple, les bellesqualités <strong>du</strong> caractère. Et si j'étais juste, je devrais renon-Beer à décrire chez lui cette qualité éminente entre toutes,­vu mon impuissance à embrasser l'ensemble de cettedescription, et à remplir le cadre comme il convient.Mais ce que je dirai <strong>du</strong> moins, dans la mesure de montalent et de mes moyens, c'est qu'il a pour ce bas mondele même mépris qu'en ont les saints et qu'il en est détachéautant que les ascètes, au point que si, dans sa générosité,il donnait le monde entier et y ajoutait encorele double, son mépris est tel pour les richesses de cemonde qu'il croirait s'être montré avare. Ildonne à la ma·nière de celui qui ne laisse pour lui que la bonne renomméeet qui la ressuscite; il épuise ses richesses et ils'acharne il les détruire. C'est d'un tel homme qu'on a dit:o critique impoI'tuo, ce o'est pas la libéralité qui me fera1. C'est une locution proverbiale, que le MouQ't al-mou~,'!, l, 370,C'est-à-dire, sans qu'onpuisse te taxer d'exagération, " Celle locution est employre dans un Qodith(tradition), où Mahomet amait dit: .. Racontez les traditions rapporléessur les enfants d'Isrnill ; vous ne commettez pas de péché ". t.r' \>~..bt...r-'iJ J::1...r"1~, Voy. le commentaire de ce Qadith dans le Tddj01- 'aroas, II, 22, el, surtout dans le Lisdn 01-'arab., II, s. v. cr. MAmANl,Proverbes, éd. <strong>du</strong> Cait'c, l, p. 183. .explique ainsi ~Y.I j 4k. ~\r\ 'i15\ ..


JIISTOIRE DES DY;,\ASTIES MUSUUIANESpérir, et ce n'est pas l'avarice sordide qui rendra élernelle l'l1mcqu'ellc possède.Les belles qualités de l'homme de cœur seront encore v~l1ltées,alol'8 que ses os seront enfouis dans la terre, alors que leurs débrisseront tombés en poussière.Les nobles préoccupations <strong>du</strong> prince de Mossoul s'élèventjusqu'à toucher les cieux et dépasser les Gémeaux;de là sa connaissance intime de la science des astres. Carun tel homme est arrivé à les connaître en s'élevant jusqu'àeux et en les Ilbordant de près, non pas en appelantà son aide les calculs et l'astrolabe. Parvenu à ces hauteurscélestes, les astres des cieux lui ont confié leurs secrets.S'étant élevé à ces sublimes régions il a heurté les sphèrescélestes, et de l'Orient à l'Occident les sphères célesteslui ont conté leur histoire.Ses grandes pensées ne connaissent pas Je limites; la moindred'entre ses pensées est plus vaste que le temps.Les précieuses richesses qu'il possède ne l'estent pasentassées dans ses coffres, elles n'ont pas d'autres maisonspour y être gardées que les maisons de ses solliciteurs.Pour nous, si quelque jour nos dirhems se réunissent, c'est 12pour se disputér à qui s'envolera le plus tôt vers les cheminsdes nobles actions.Le dirhem orné d'empreintes ne se familiarise pas avec notrebourse, il ne fait que passer à côLé et s'en va '.L'ivl'esse n'influe pas autrement sur sa générosité quene le fait le réveil de l'ivresse, lorsqu'il fait pleuvoir lesondées bienfaisantes de sa générosité.1. Ce vel's est cilé dans le MOU!ltt al-mou!ltt, 11, p. Il7ti, avec les ~euxJégi'res val'Ïantes suivantes: .,.,......~ ~ l:;".,.,..... ~J..r:t' ~.)..u, JJ~ 'J~ .J'> J ~ .. Le dirhem frappé ne se familiarise point avec noirebourse; mais il passe il côté ell cOlllinuallf son chemin. "5 *


HARCHIVES lIIAROCAINESDégI'isé, il renom"ellc les présents qu'il a faits Hant ine, afinqu'on sache bien que chez lui cette générosité csl. conscienle.Ainsi, quand il rl~pand ses bienfaits, cc n'est pas de lui qu'uncnvieux pourrait dire: c'est seulement sous l'empil'6 de la boisson,fille de la vigne, qu'il sc mon Ire généreux.Un des secrets de sa générosité, c'est qu'elle ne dégénèrejamais en gaspillage, tout en étant la plus large <strong>du</strong>monde, cal' elle se répand sur le terrain le plus excellentet se déplo'ie sur le sol le plus propice. Chaque fois qu'unhomme se présente il lui plein d'espérance ou implorantsa charité, il s'empl'esse .de venir à son secours avec larapidité <strong>du</strong> torrent courant vers les basses vallées,S'étant épris des actions généreuses, il en a passionnémentaimé la gloire. Qu'ils sont rares les llIllOUl'CUX des aclionsgénéreuses! .Il a achalandé Je maI"ché de la gloire, alors que le marché dela gloiI'e n'était pas jusque-là compté au nombre des marchés.CélèbI'C donc scs hienfaits: ce sont moins des bienfails que.: des colliers dignes d'orner les cous. des belles.Et baise le bout de ses doigls, car ce sont moins des doigts quedes clefs <strong>du</strong> bien-êlre.Et j'imagine, 0 lecteur de ce livre, que tu as taxé13 d'exagération ce {lue tu viens d'entendre, Si tu as conçu{Juelque doute, considère les principaux personnages dece siècle, tu trouveras qu'ils se disputent pour un atome,tandis que lui ne tienl pas compte même d'une perle; tutrouveras qu'ils sont ardents pour thésauriser, tandis quelui ne recherche avillement que la gloire "oyageuse etla renommée ailée; lu les trouveras comme posséllés pal'l'amour de leun;


lIISTOIRr. OES OY:,\ASTIES IIJUSUUIANES làEt regarde encore une fois, tu trouyeras que, chez eux,les poèmes composés à lem' louange sont dans le ma·rasme, tandis qu'ils sont chez lui d'une bonne yente; etconsi


16 ARCIlIVES :\IAROCAINESde sa conception la réalité de ma situation avant que nousnous fussions rencontrés. Il donna l'ordre que je fusseintro<strong>du</strong>it auprès de lui pour lui offrir mes hommages.LorsfIue je me présentai, la perfection de son attitude meremplit d'admiration, en même temps que sa beauté physiqueet sa noble con<strong>du</strong>ite' dont j'étais témoin me charmèrent.Ce que je lui récitai d'abot'd, ce furent ces vers deMoutanabbi :Jusqu'au moment OÜ mon désir me con<strong>du</strong>isit il lui, sa réputationn'avait pas cessé de m'accompagner dans toules mesétapes.Avant de le rCllconl!'er, je croyais exagérés les récits qui cou­,'aient. }Iais, après notre pl'emière enll'Cvue, la renommée meparut inférieure à la réalité.Puis il me prodigua sans cesse des bienfaits par lesquelsil implanta dans mon cœur un grand amour pOUl'lui et dont il recueillit louanges et gloit'e, Aussi ai-jepris la résolution de servir son auguste personne encomposant ce livre pour lui tenir lieu de mèffiento'l et pourqu'il constitue un souvenir de moi chez lui, de manièreà ce qu'il pense à moi lorsque je me serai éloigné de sahaute seigneurie et que j'aurai quitté son vaste pays.Dans ce livre j'ai parlé des vicissitudes des dynasties et1, IJ. :\1. Il. DerenboUl'g Ira<strong>du</strong>il: pat' la UI'tlcede sa dénù,I'­clle. Voy, l'lntl'o<strong>du</strong>clion à l'Mil, a"abe, p. 3, Iignc 8,2. Le mot ~ .l;' cst employé deux fois dans ce passage, el j'ai cru(Icvoir le tm<strong>du</strong>il'c, tlaus le premier cnch'oil, pm' memenlo, ce qui est unlenne très fréquent pom' désigner les manuels dans la IiUéralul'e arabl'.Voy, plus de 3U ouvrages ainsi dénommés dans DnocKEL~IANX,Gesell. deral'a/J. Lilt., Indcx, pp. lill-lil2. )1. Il. Del'enbourg h'a<strong>du</strong>il ce 11I01 pat' ft souyenir'"dans les deux passages (lllll'odllct., p. ]:1). Je Ille suis pt'I'mis de nepas suivre l'avi'! d'un tel mail re parcc (IU'lbn n~-Ti'HII'là dit expl'essl'menl(p. '9 <strong>du</strong> lexie amlJe) 'lU'i1 destinc ce line au Seignel1l' de Mossoul pourlJu'illui serve dc.mcmenlo : JWYI...::....;IL. ~ .Jj;,


IIISTOIRE DE!;' DYXASTIES I\IUSUL~IANES lides choses concernant la l'oyauté; j'y ai mentionné ce quim'a semblé curieux et intéressant dans la Yie des grands 15princes, et ce qui m'a pam eXh'aordinaire 1 dans les biographiesdes khalifes et des vizirs.J'ai disposé mon livre en deux sections. Dans la premièrej'ai traité de la con<strong>du</strong>ite des sultans et des pl'océdésde la politique royale, des qualités par lesquelles le souverainse distingue des sujets, de celles qu'il doit posséder,et des vices dont il doit être dépourvu; j'ai parlèégalement de ses devoirs envers ses sujets, et des deyoirsde ses sujets envers lui. J'ai orné mon discours SUl' cesujet en l'incrustant de "el'sets ·<strong>du</strong> Qorün et de parolesauthentiques (1).adîths) <strong>du</strong> Prophète, d'anecdotes pi(Iuanteset de vers agréables.La seconde section suit, dynastie par dynastie, l'histoiredes empires les plus fameux, dont l'autorité a été uni\"Crsellementreconnue et dont les beautés ont aLLeint la perfection.J'ai èommencé pal'la dynastie des quatre premiel'skhalifes: Ahoù Bakr, 'Omar, 'Othmân et 'Ali (qu'AlI:îh soitsatisfait d'eux)2, en observant l'ordre où ils se sont succédé.Puis fai passé a la dynastie qui l'eçut l'empil'e deleurs mains et qui est la dynastie des Oumayyades, puisà la dynastie (lui succéda il ceux-ci, celle des 'Abbàsides.J'ai exposé ensuite l'histoire des dynasties qui régnl~l'entconcurl;emment avec les dynasties principales comme celledes Bouyides, des Saldjoùqldes, des Fâtimides d1~gypte,le tout succinctement, car ce sont des dynasties


18 ARClllVES lIIAROCAI;'o;El'lcommencement et quelle fut leur fin, et j'ajouterai uncertain nombre dé renseignements 1 suffisants sur leshelles qualités des rois de ces dynasties et les histoires'de leurs sultans. Et si quelque renseignement les concernantéchappe il mon esprit et que j'aie besoin del'insél'er, ou un vel'S remarquable, ou un verset <strong>du</strong> Qoran,ou un badîlh (tl'adition) <strong>du</strong> Prophète, je le puiserai dansses sourcesJes plus sùres. Puis, en mentionnant les dynastiesl'une après l'autre, je parlerai d'abord des généralitésqui les concernent. Ensuite je passel'ai en revue, l'unaprès l'autre, leUl's rois, en parlant des batailles célèbreset des événements mémorables qui ont eu lieu sous sonrègne. Puis, il la fin <strong>du</strong> règne de ce prince, je mentionneraises vizirs l'un après l'autre, ainsi que les anecdotescurieuses qui les concernent. Après avoir épuisé l'histoire<strong>du</strong> prince et de ses vizirs, j'aborderai le prince suivantet je raconterai les éYénements qui eurent lieu sous sonrègne de même que les biographies de ses vizirs, et ainside suite jusqu'à la fin de la dynastie 'abbâside.Dans cet ouvrage, je me suis imposé deux obligations:l'une de ne pencher que <strong>du</strong> côté de la vérité, de ne rienprononcer qui ne soit l'expression de l'équité, de repoussc!'la tyrannie de la passion, de m'affranchir de l'inOuence<strong>du</strong> milieu où j'ai grandi ou fait mon é<strong>du</strong>cation, et de meconsidérer comme n'ayant aucune parenté avec ceux quim'entourent, comme un étranger parmi eux.L'autre, d'énoncel' mes pensées au moyen d'expressionsclaires à la portée des intelligences, afin que chacunpuisse en tirer profit, évitant les tel'mes très difficiles parlesquels on cherche à montrer qu'on est disert et à proll-17 ver son éloquence. Souvent j'ai vu les auteUl's de livl'es1. J'adopte la lcçon <strong>du</strong> manuscrit A ij.,.). qui e,:;( une exprcssion consacrée.M. II. Dc,'cnlJourg a préféré COI-riger en ij...)J;. '·oy. l'èdilioflarabe DerenlJourg, p. Hi, 1. 1.


IIISTOIRE DES DYNASTIES ~Il'SUL~IANES~tteints de la manie lIe faire mont"l' de heau style et d'éloquence.Et par suite, ce qu'ils voulaient dire rcst.. it c..cl\lS,-et ce qu'ils voulaient r..ire entendre demeurait impént~trable,en sorte que l'utilité de leurs livrcs se trouvait


AHCIIIVES MAROCAINES1Bd'une seule ville. Les détenteurf; de la souveraineté en ontautant hesoin que les hommes de lettres. En eITet, l'hommequi se destine il s'entretenir avec les rois, il devenir leur'compagnon et leul' familier, a besoin de plus de ·choses(fue n'en contient ce line, aussi ne peut-il négliger desa\'oir, au moins, cc qu'il contient.n'ailleurs, ce livre, si on le considère avec é(luité, paraÎtl'aplus utile que la .(!amdsa 1 pour laquelle le publics'cst passionné el qu'on fait apprendre par cœur aux enfants.En effet, pour la {famdsa, tout le profit qu'on en tire,c'est d'inspil'el' l'alllOur' de la bravoure, de l'hospitalité etd'un petit Jlom))('(' de ()ualités morales dont il est parlé auchapitre illtitulé bcib-al-adab « chapitt'e de la cultUl'e del'esprit )', enfin la pratique des diO'érents genres de poésies.Mais ùu line que voici, on peut tirer, outre les avantages(flle je viens cie mentionnel', les principes ùe la politiqueet les moyens <strong>du</strong> gouvernement. Il contient donctont ce (lui est dans la {lamdsa, tandis qu'on ne trouve pasclans la {llll1HÎsa bien des choses qu'il contient. Il procureà l'intcllig'cnce, de la force, il l'espl'it, de l'acuité, à la vue inlél'ieuredes choses, de la lumièl'e. Il est pour'l'espl'it pénétI'untce qu'est une excellente piene il aiguiser pOUl' l'acier.Il est encore plus utile que les Séances 2 dont on est si1. Il r Il dcux oUHoge,; 'lui pOl·tent ce litre et qui ont pOlll' Iluleurs,1'1111 ,lbolÎ Taml111im a!-rd 'l, l'Illltl'e al-LJol/~l.lolII'l. Celui dont' il esl queslionail lexie cl qui est d'oil/cUl';; le plus célèlJl'e, est le l'ecueil d'Aboù1':11111111\111. La ~llll111isa Cilt UII l'ecucil de poé:"ies et de notice~ !;lUI' les!'(lNcs de l'anciennc époque al'abe. Son nom lui vient de cc que cet(,u"I'nge s'ouvrc !,al' un chapilt'c contenant des poésie" qui célèbl'ent la/I/'{ll'ollre (l'n :JI'n!>e ~wnl!lsal. SUI' Ahoù Tamml\m, voy, plus loin la trn<strong>du</strong>dioncOlTcspont.lanle Ù la page aiR <strong>du</strong> texte al'abe, SUI' al-Boul.llouri(lié cn R:lO, mort Cil 119;), l'O,'·, /II101:1'EUIA."N, Gesch. der amb. Lill" J, 80;CI.. lIUAIIT, llis!. dl' fa Litt. Il/'abe, PI), S3-S4; DE HAlIAIEIl,~PunnsTALL, Lit/l'I'(I!III'!/I'SI'!l. deI' ,{l'ab(w, IV, Hill; l\ïM/1 af-ag1ldnt, XVIII, 167-17».:t. Il s'agit iei des Séance:; de l)arM, qui ,jouissaient à cclte époque,t.omme aujourd'hui d'ailleUl's, cl'une tr(o!' gl'ande vogue, 'lui se justifie ù'·el'tains points de vue. On !;lait 'lue ces Séances ont été lt'adtlite,:,; en allelIIandet en anglnis el, pllItiellement, en rrançais, Sur l'auteur Qâsimfi!!, d"AIi al-J.larirl, né :i na~I'a, Cil Ut; (= IOii/), mOI't en 516(= 1122), voy.


II1STOIIIE DES DYNASTIES 1IIUSI;LMANES:!lentiché et qu'dn désire tant apprendre par cœur. Tout leprofit, en effet, qu'on tire des Séances, c'est de s'exerceril la rédaction et de prendre connaissance des diffél'entsgenres de poésie et de prose. Je reconnais, il est vrai,{Ju'elles contiennent aussi des sentences morales, desruses et des leçons d'expérience, mais elles sont de cellesqui rapetissent le caractère, puisque tout cela est bâti SUI'ln mendicité, la gueuserie et les ruses coupables polU'ohtenir quelque chose d'infime, de misérable, f'i donc lesSéances, à un certain point de vue, sont utiles, d'un autrecôté elles sont nuisibles, et un certain nombre de personnesse sont aperçues de ce côté faible des Séances detfarîrî et de Badfaz-Zamân al-Hamadzânî 1. Aussi les unsse sont-ils retournés vers le Nahdj al-balâgha 2 (La voiede l'éloquence) qui renferme des paroles de l'Émir desCroyants 'Ali, fils d'AbolÎ Tâlib (SUl'lui soitle salut). C'esteneITet le livre où l'on peut apprendre les sages maximes, lessaintes exhortations, les sermons, la foi en un Dieu unique,la bravoure, la continenée, l'élévation des sentiments; sesmoindres mérites sont la clarté <strong>du</strong> style et l'éloquence.BROCIŒUIANN, Gelfch. der arab. Lilier., l, 276-278; CL. HUAnT, Hisl. de laLill. arabe, 135-136; DE HAMlIER-PURGSTALL, Lilleralurgesch. der Araber,VII, 131(;. Voy. aussi infra, la tra<strong>du</strong>ction correspondante à la page 4W <strong>du</strong>LexIe arabe.1. Ce célèbre auteur, dont le nom est Al).mad fils de 1;I0usnin, a Rel'Vi,comme on le sait, de modèle li J.lariri, qui /'a d'ailleUl's sUI'pnssé. Hamadzânimourut à l'Age de 40 ans environ, en 398 (= 1(07). Voy. la bibliographiedans BROCKEUIANN, Gesch. der arab. Lill., l, 93-95; CL. HUAnT,Hisl, de la Lm. arabe, 133, 134; DE H.UUIER-PURGSTALL, Lilleralurgesch. derAraber, V, 643.2. Le recueil de senlences el. de maximes mornles, (lui conslitue le• Nahdj al-baldgha, esl un apocryphe altl'ibué au khalife 'Ali par l;es descendants.Il a él.é édité au Caire, avec un commenlaÎl'e très él·en<strong>du</strong> de'.-\bd nl-J:1amld; flls d'Aboù-I-J:131lid nl-1\Iadâ'ini, mOl't en li5i; (= 12;;7). IbnaFfiq!nqâ fail menlion de ce cOJlllllenlaire lInns la dernière pm'lie Ile sonlivre (voy. la tra<strong>du</strong>ction cOI'respomlante li la pnge 4ôH <strong>du</strong> lexIe arabe),Sur le Nahdj al-ball1gha et son commentaleur, vol'. DROCIŒLMANN, Gesdl.de,. m'ab. Liti., l, 2.f9, 282, .f05; DERENIIOUllfl, III1,.o<strong>du</strong>el. à l'éditioll ara/Je,p. 21, note a. Voy. enfin la noie SUI' le commentnlelll', plus loin dnnqle p38snge de la trà<strong>du</strong>ction correspolHl:mt il la pllg-e 456 <strong>du</strong> texte arahe.


AHI :!IIVES IIIAROCAINESD'autres 1 ont adopté aussi le line intitulé Al-Yamîll;'!par .\l-'Outhi~. C'est un line que son auteur a composépour Yamîn ad-Daula )Ial.lnlOùd \ fils de Soubouktéguîn et'lui comprend les biogrftphies d'un certain llomlJl'e de rois(l'Ii ont régné dans les régions orientales. Il s'y est exprimédans un style d'une gl'ande clarté, et cet auteur, s'il n'estpas un sOl'ciel', est <strong>du</strong> moins un habile écri,-ain. Les Per-H) sans aiment passionnément ce livre et le recherchent avecardeur_ Et, par ma vie, c'est un livre qui contient en effet dejolies maximes et des biographies pleines d'originalité,outl'e ce (IU'il renrerme de difl'érents genres d'éloquencect de di,-el'ses sortes lIe beau langage.~Iais l'elit-être se tl'om'el'a-t-il quelqu'un pour dire del'loi: Il a exagél'éla descl'iption trop élogieuse de son livreet il a fourré dans Sft hesftce ce qu'il a voulu :',01', l'hommeest toujours ayeugle SUI' les dérauts de son enfant et de sapoésieIi. Si mon cI'iti«(ue se laisse aller à quelque doute, qu'ilconsidèl'e les livres composés sur cette ~ême matière.peut-être n'en trouvera-t-il pas un qui réponde mieux quele mien aux intentions de son auteur,Quant au Seigneul' de )Iossoul (puisse Allâh rendre sayictoire éclatante et réjouir son cœur pal' le bonheur <strong>du</strong>rable!), Allùh. en lui donnant une intelligence puissanteet une SUpél'iorité éclatante, l'a dispensé d'avoir recours1. Il vaut lIIieux Iirl' v~, indi'lel'lninè. eOlllllle el'ln se tl'(luve tians lelIIunuserif. L'édition nrllhe a rejelé ecUc lel,;on, flui cependant me pal'ail(\11'1' la honnI',2-3. Ahoti Na~l' l\Iou!,lllllllllall AI-'Oulbi moul'ul l'n 42ï (= JOill;) , Cf.BnocIŒulAN:-I, Gesell. der ara/l, Lill.. 1. aH; CL. HUAnT, IIi!!t. (le la Lill.tf/'abe,pp, lBB-IR!': DE Il.nUJEn-PI'nnST,\LL, Lilleratl/I'gesrfl. deI' .I\J'aber, III,'Ii, 11211; IV, 428, ;;82; V, ;;:l:l. SOli ouvl'3gc Al-l'amlni Il élé tra<strong>du</strong>il en per­,..an ct en IInglais, VO~', une notiee fOUI' cet ouvl'3ge pm' M. Til. NÜLDEKE,lTeber da,~ l\itllb J'amilll, S. B. W. V, J!l;;ï, t. XXIII. pp, 1;; et sui\".4. Sullall GhuZIIé,,'j,le de J'Afghanist:'n et <strong>du</strong> Pandjllb, le ï· de cettell}naslie. II régna de :188 f= 99S) à 421 (= 1930). Cf. STAN!.E\- LA~E-POOLF.,Tfle .l/ohummadllll D!I"aslies, p. 289; IBN KHALLIK A N. n'a(aYI1t at-a'ydn,éd. \Viif'olenfcld, nolicl' .2:1. YO}', HARTWIG DEnENDOI'nn. Al-Falill/'l, Introtlucl.il J'édit. 31'3be. p, 20, note 2; IIJ~ AL-ATllin, (:II/'olliro)/, IX, !J2 et suiv.ii-G. l.ocutions pl'o\'erbiall'i'.


HISTOIRE DES DYNASTIES IIIUSULIIIANES 23aussi bien il mon livre qu'aux autres ouvrages analogues;mais parfois ses nobles préoccupations peuvent le fati-·guer et lui faire oublier ce qu'il savait. Alors, s'il reposeson noble esprit en jetant les yeux sur ce livre, il repousseraainsi la lassitude, et se remettra en' mémoire ce que'lui avaient fait oublier les affaires-,Etje demande à la bonté d'Allâh de ne pas refuser à celivre deux avantages: l'un, qui me concerne, c'est qu'ilrecueille l'approbation <strong>du</strong> Prince afin que j'échappe aurisque 1 de la honte; l'autre, qui concerne le Prince, estqu'.'\llâh ne le prive pas de tirer profit de mon livre dansses paroles et dans ses actes. Certes Allâh est le mait1'e·de toute favèur et le dispensateur de tout bienfait.1. Le tel'me est emprunté à la l:mgue jUl'idique. Cela s'entend, parexemple, de la responsabilité <strong>du</strong> vendeur, dans le cas où l'acheteur eslévincé de l'objet qu'il t\ acheté. On dit, dans ce cas, que l'acheteUl'recourt en éviction. ~.J~~ ex-J~ contre le vendeUl', car celui-ci est responsable,garant ~ ii4-'1.


20SECTION PREMIÈREQtJI .TRAITE DES AFFAIRES DES SULTANSET DE LA POLITIQUE DES ROISParler de l'origine de la royauté et de sa véritable nature,de sa division en maîtrises religieuses et temporellescomme le khalifat,le sultanat, l'émirat et la wilâyat, dire cequi danstout cela a été réglé conformément à la loi divineet ce qui ne l'a pas été, exposel'Ies systèmes divers soutenuspar les penseurs 1 au sujet de l'imâmal (la souveraineté),lei n'est pas le but de ce livre qui n'a pas été écrit pources investigations; il n'a été composé qu'en vue des pl'Încipesde la politique et des règles de con<strong>du</strong>ite dont on tireprofit dans les événements qui se pro<strong>du</strong>isent et dans lesconflits flui surviennent, dans la manière de gouvel'llerI. Nous ne lrouvons pas d'auh'e mol pour J'endre en fJ'ançais le sem:Ile J..';Y1--:J6.:-\. On appelail ainsi les docleurs qui abusaienl dedé<strong>du</strong>ction par analogie; on les opposail ainsi aux UI --:J6.:-1, qui,eux, appuienl toujours leur raisonnemenl sur le Qoran el les lI'adilion!;,Le chef de la première école ful Aboù l,lanlfa, el l'on sail que la doch'inejuridh]ue de ce savant se distingue par une grande largeur dans lesidées el esl traversée par un large soufRe de loléJ'ance. La seconde écolese J'ecommande des noms de Chàfi'l, de MAlik l'l d'AI,Imad fils de l,lanhal.Voy, tes Prolégomènes d'InN KIIALDOÛ:-J, lrad, de Slane, \.11,2 el ~uiv.;hJN KKALLlKÂN, lJ'ad. par le même, l, 272. Cf. III définition <strong>du</strong> Mou~f!al-mou~it, l, 73B, s, v. dl'arlicle de Dozy, Supplément aux Diction. arabes,l, 497.la


IIISTOIRE DES DYNASTIES JlIVSULMAi'ŒS 25les sujets, dans l'organisation défensive <strong>du</strong> royaume, dansl'amélioration des mœurs et de la con<strong>du</strong>ite.La première chose à dire, c'est que le roi éminent estcelui qui, réunissant certaines qualités, est exempt de certainesautres.Les quatités qu'il est -désirable de trouvel' en lui sont:1 0 L'intelligence, qui est le principe même de ces qualitéset la plus excellente d'entre elles ; c'est par l'intelligencequ'on mène les empires, voire même les religions. Et ladescl'iption que nous en faisons là suffit;2 0 La jllslice,gt'âçe à laquelle on rend les finances prospères,les contl'ées florissantes, les hommes meilleurs. 21Lorsquele sultan HotilàgoLÎ 1conquit Baghdâdzen l'an 656(1258), il ordonna que les 'Oulémas fussent consultés sur cepoint: Lequel des deux a plus de mérite, <strong>du</strong> sultan infidèlejuste ou <strong>du</strong> sultan musulman oppresseur? Il réunit ensuitepour cela les 'Oulémas à l'université Moustan~Ïl'iyya!;mais lorsqu'ils prit'ent connaissance de la (élwa (consult


26 AIlCIII\'ES MAROCAINES3° La science, qui est le fruit de l'intelligence. C'est parelle que le roi voit clair dans ce qu'il doit rechercher OHéviter,


IIISTOIRE DES DYN,\STIES MUSUDIAl'ŒS 27(Iuentation assi<strong>du</strong>e des gens <strong>du</strong> mérite le plus éminent etil la manière dont il se plongeait dans les vers et dans leshistoires, trouvait de belles idées et pénétrait les questionsles plus clélicates, hien qu'il U,t complètement illettré, nesachant ni lire ni écril'e.'Izz ad-Din 'Abd al- 'Aziz, fils de Dja' far an-Nisâboùri 1(deNiÏsâhoÙI') (Dieu l'ait en sa miséricorde !) grf1ce il l'hahitudequ'il avait de faire sa société de gens de _mérite} et grâceaux fréquents rapports que ceux-ci entretenaient avec lui,avait acquis une subtilité d'esprit qui lui permettait dedécou\Tir de belles idées et de résoudre les énigmes compliquéesplus vite que ces personnes elles-mêmes. Il n'avaitpourtant pas la moindre instruction et malgré cela lesgens le prenaient pour un homme supérieur. Son manqued'instruction demeura dissimulé même au Maitre <strong>du</strong> diwtm'Alù' ad-Din~. En efret, Ibn al-Kaboùch, le poète de Ba!j1l'acomposa deux vers au sujet <strong>du</strong> !j1âl)ib:3 'Ald' ad-Din, deuxvers qu'il attribua à 'Abd al-'Azfz; les voici:o 'A~â Mâlil" les dons égalent le royaume d'Égypte ct un desservileurs de la cour esl AI-'Aztz l •Tu rNl'ibues lout pécheur par le pardon, et c'esl il tes pareilsqu'il sied de rér.ompenser ou de pal'donner. -'-,\bd al-'i\ziz récita ces deux vers en présence <strong>du</strong>l. .Je Il'ai troll\-é allcun renseignement sur ce pel'sorlnage.2, 'A1A' ad-Illn 'A!lI'l\Iàlik, fils de Dahâ-ad-Dln l\Ioul.lammad, fils de l\lou­I..ammad al-Djollwainî, fut employé dans l'administration ROUS les p"e­Illiers pl'Ïnœs I1khànides, devint chef de ceUe administration, puis gouvemeurdes provinces tlll Kholizisti'ln et de l"lri'lq, dont Daghdâtlz étaitla capitale. )1 est l'auteur de l'histoire intitulée: Djihdn [(ouc/lliy (Annalestlu conquérant <strong>du</strong> monde). Voy. sur ee personnage, InN Cn .(r,;m AL-Koc­Toeni, Fau'df'al-wa{aydl, Il, 35; Cu. SCIlIlFEn, nelalion~ des Musulmansavec les Chinois, dans le recueil intitulé: Cenlenail'e de l'Ecole des LaI/flues,O. l'., p. 1"2; HARTWIG DERENDOURG, Inll'o<strong>du</strong>cl. à l'édit. arabe, p. ri;.3. Voyez sur ce mot, presque synonyme de vizir, Dozy, Supplémenl auxDiel. al'abés, l, 812, s. v.4. Allusion à AI-'Aziz, nom sous lequel on désignait le rna/h'e del'Égypte. C'est ainsi <strong>du</strong> moins que je comprelllls ce vers.


2RARCHIVES )IAROCAJNES23 ~âl~ib' Alà' ad·Din et s'en prétendit l'auteur. La véritédemeura cachée au ~âbib. Je ne sais <strong>du</strong>quel des deux jedois le plus m'étonner, <strong>du</strong> ~âbib pour la manière dont ilresta ignorant de ce qu'était au vrai 'Abd al-'Aziz, bienqu'il en eût pendànt de longues années fait son compagnonen voyage comme en résidence, dans les entretienssérieux comme dans les badinages, ou de 'Abd al­'Aziz lui-même, comment il a pu se plaire à une pareillevilenie, et 'comment il a eu l'audace de se rendre coupa·ble de pareille chose à l'égard <strong>du</strong>~âbib, sans appréhenderque celui-ci, s'en apercevant, eût cette manière d'agiren profond mépris.Les sciences que cultivent les rois diffèrent suivantleurs diverses manières de voir. Ainsi, pour les rois desPerses, ce qui constituait leurs sciences c'étaient les sagesmaximes, les préceptes moraux, les belles lettres, l'histoire,la géométrie et les sciences analogues. Pour les souverainsmusulmans, leurs sciences de prédilection furent lessciences philologiques, telles que la syntaxe grammaticale,la lexicographie, la poésie, l'histoire, à tel point que le barbarismeétait à leurs yeux un des défauts les plus laidschez un roi l, et que chez eux on devait sou\'ent l'élévationde son rang au récit qu'on avaitfait d'une seule anecdote,ou à un seul vers qu'on avait récité, voire même à l'heureuxemploi d'une seule expression.Sous la dynastie des Mogols, au contraire, toutes cessciences furent délaissées et d'autres y furent en vogue,telles que la science des finances 2 et de la complabililé pourf'établissement<strong>du</strong> budget, et la supputation des recettes et1. Je lis ...1.ltI, « le roi».2, Dozy, qui a connu ce passage <strong>du</strong> Fakhrt, le cUe dans son Supplémentaux Diet. arabe" l, 706, Il. v.; mais il n'était pas bien sùr <strong>du</strong>sens qu'il faut lui aUribuer. Le sens <strong>du</strong> mot a été précisé par FLEISCIIERdans ses S/udien über Dozy', Supplement. Le même tel'me est employé,avec le même sens, dans Anou CHÀ::IIA, Kil


lUSTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 29des dépenses de l'Empire, la médecine pour préserver lescorps et les tempéraments, l'astronomie qui apprend àchoisir les conjonctures favorables. Les autres sciences etles autres branches de la littérature y étaient délaissées, etje ne les ai vues en vogue qu'à 1\Iossoul, sous le règne dece Prince dont fai parlé plus haut. Puisse Allâh étendreau loin son ombre protectrice et publier ses mérites!4 0 La crainte d'AUdit le Très-Haut. Cette v~rtu est le 2laprincipe de tout bien et la clef de toute hénédiction. Eneffet, quand le roi craiilt AllAh, les serviteurs d'AlIl.\hn'ont pas à craindre le roi.On a rapporté que l'Émir des Croyants 'Ali (que le salutsoit sur lui !) ayant appelé de 3a propre voix un deses esclaves, celui-ci ne lui répondit pas. Plusieurs foisil l'appela sans qu'il lui répondît. Un homme entraalors auprès d"Alî et lui dit : c( Émir des Croyants, ceserviteur que tu appelles est debout à la porte, il entendta voix et ne te répond pas. » Lorsque l'esclave se présentadevant 'Ali, celui-ci lui dit: ( N'as-tu pas enten<strong>du</strong> mavoix? - Sans doute. - Qu'est-ce donc qui t'a empêchéde me répondre? - Je sentais n'avoir pas à craindreune punition de ta pal't, répondit le serviteur. ..:- Gloireà Allâh! s'écria alors 'Ali, qui m'a fait 1 <strong>du</strong> nombre deshommes dont ses créatures ne redoutent pas la colère. »Et qu'elle est helle encore cette parole d'AbolÎ Nouwâs'!à HârolÎn ar-Rachid:D'abord je te craignais, puis j'ai repris confiance en songeant.à la crainte que tu as d'Allah.l. La leçon <strong>du</strong> ms. A, ~ esl préférable.2. Ce poète, qui a chanté le Yin et l'amour, est t.rop connu pour qu'ilsoit. besoin d'en donner ici une notice. Je me bome à indiquer la date desa naissance en Susiane, 7vG, et. celle de sa mor!., vel';; 810. Voy. sur cepoète et. pour la bibliographie: BIlOCI.:ELMANN, Geseh. deI' arab. Lill., l, 7'-' et.suiv.; CL. HUART, Hist. de la Lill. arabe, pp. 70-72 i DE HAM~lIm-PUnGSTALL,Lilleralurgeselt. der AI-aber, tII, r)19; Kitdb al-aghdnf, Index, pp. 618·679.6 *


30 ARCIIIVES lIIAROCAINESIIâroùn ar-Rachid ne craignait pas .\llâh 1 ; la mamcre


mSTOIRE DES DYNASTIES 1I1USUUIANES 31Lorsque ces pal'oles parvinrent à l\Ia'mor'rn, il se contentade dire: « Qu'.\lIâh le combatte! Qu'il est menleur!Quand donc aurais-je été obscur, moi qui ai grandi dansle sein <strong>du</strong> khalifat, moi qui ai été noulTi de son lait! » Etlorsqu'il apprit que Di'hil l'avait satirisé, il dit: « Celuiqui a eu l'audace d'aUaquer dans ses satires mon vizirAboli 'Abbâd l, comment n'oserait-il pas m'attaquer:! 1 »Cesparoles, pl'Ïsesà la Jettl'e, ne paraissent pasjustes, ellesont besoin d'une interprétat.ion, cal' elles sont le contrairede ce qui est habituel. En effet, c'était au yizil' qu'il convenaitde dire: « Celui qui a osé lancel' des saLires conl\'e lekhalife, comment n'oserait-il pas s'attaquer il moi. li ~IaisMa'moùna voulu dire ceci : « Comment celui qui aosé attaquel' .\boù 'Abbâd, malgré son caractère emporté,sa violence et sa promptitude à punir (et Aboù '.\bbâd étaittel, en eITet), comment n'osel'ait-il pas s'attaquer à moi,sachant ma douceur et mon in<strong>du</strong>lgence, » 26Et, si je ne craignais d'ètre trop long, je mentionneraisici une quantité de rois qui se sont montrés longanimes ;mais cette seelion n'est pas destinée aux anecdotes 3; il s'entroltvel'asul' ce sujet, s'il l'lait à Allâh, dans la secondesection, de quoi satisfaire le lectelll', .Néamùoins il en est qui pensent que savoir garder larancune est une qualité louable chez un roi,Bouzourdjmihr i a dit: « II faut que le roi soit plus rancunierqu'un chameau, » Et moi je lui cherchel'ai querelleau sujet de ceUe parole et je dirai : Comment1. Sur ce vizir, voy, infra, la tl'a<strong>du</strong>clion correspondante aux pages 313et suiv, <strong>du</strong> texte m'abe,2. Cette même anecdote est racontée une deuxième fois, il roccasiun<strong>du</strong> khalifat (le l\Ia'mOl\n, p, ,na <strong>du</strong> texle arabe.3. LiUér'alement ft à la convel'salion de nuit Il.4. C'est \ln des !loges de la Pel'se, Voy, 1IIA8'oûol, Pt'ail'ies d'Of" Il, 2(1(;et s\liv,; 2~-l et l'uiv. On sait que le fameux AbOli Mouslitll, le ehef de lapropagan


32 ARCHIYES IIIAROCAINESpeut-on dire cela? étant donné que, lorsque I.e roi est rancunier,ses bonnes intentions envers ses sujets s'altèrent;il en vient à les haïr, à ne leur plus porter assez d'intérêtni de pitié. Et lorsque ceux-ci s'en aperçoivent, leurs sentimentsà l'égard de leur roi changent et leurs cœursdeviennent mauvais. Or, le souverain peut-il exécutercelles des a.ffaires importantes de son empire qu'il sepropose, peut-il parvenir à accomplir ses desseins telsqu'il les conçoit, si les cœurs de -ses sujets ne sont plus• purs? Et quelle sagesse est-ce là? Et Y a-toit là autrechose que le trouble apporté à la vie <strong>du</strong> roi, la hain'e inspiréeà ses sujets pour lui, et un motif de lui aliéner leurscœurs. Le poète des Arabes a dit:Je ne leur porte plus mon ancienne haine. Ce n'est pas à unchef de tribu qu'il sied de garder la rancune.Et cela d'autant plus que les hommes sont conformésnaturellement pOlir le péché, pétris de l'abandon llUXappétits naturels. Combien sont nombreux les motifsqu'ils fournissent de les haïr! Il faudra donc que le roi27 passe toute sa vie, dans son irritation et sa haine contreeux, à s'imposer des soucis qui gâtent ses plaisirs et quile préoccupent au détriment de beaucoup des afTaires lesplus importantes de son royaume. Et que de fois nOlisavons vu le peuple ou l'armée se précipiter sur leursrois, leur arracher le manteau <strong>du</strong> royaume, voire mêmele manteau de la vie!Commence, en efTet, par 'Omar fils d'al-KhaHûb, sur qui.Aboù Lou'lou'a f, esclave de Moughira 2, fils de Chou'ba,1. Voy. plus loin 13 tra<strong>du</strong>ction cOI'l'espondanle à la page 13f <strong>du</strong> textearabe,2, Ce compagnon <strong>du</strong> Prophète joua un rôle très actif dans toutes lesatTah'es qui marquèrent le début de l'Islamisme. Il rut secl'étaire de Mahomet,mais sa con<strong>du</strong>ite ne pal'ut pas toujours irréprochable. Il était né.vel's l'année GU de J .-C, Il fut aussi gouverneur de KoMa, sous le l'ègnede Mou 'âwiya. Cf. DE SACY, C/lI'es/omal/lie QI'abe, Il, f48, note 39 j I(jMb al-


JIISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 3Ss'était élancé pour ensuite le tuer. Prends, en secondlieu, 'Othmân fils d"Affân (Allah l'ait en sa grâce !) etconsidère comme de tous côtés ses sujets se réunirent. contre lui, le tinrent quel(lues jours assiégé dans sa propl'emaison, puis, pénétrant jusqu'à lui, le tuèrent, pendantqu'il avait le Qoran SUl' les genoux f, au point que desgouttes de son sang tombèrent sur le Saint Livre~. En troisièmelieu, considère 'Ali fils d'Aboli Tâlib (que le salut soitsur lui !), qu'Abd ar-Ral)mân fils de l\Iouldjam (qu'AJlâh lemaudisse !) frappa à KoMa de son épée sllr le sommet dela tête et qu'il tua. Ibn l\Iouldjam était un khârédjite 3.Il en était ainsi aux tout premiers temps de l'Islamisme,alors que les hommes étaient vraiment des hommes, alorsque la religion était bien une religion. ~Jais passe enrevue, maintenant, les dynasties l'une apI'ès l'autre et lesdiverses époques jusque sous le milieu de la dynastie des'Abbâsides, puis considère, depuis le règne de Moutawakki}4jusqu'à celui de Mouqtafi", ce qui advint successivementà chacun des khalifes enfait de meurtre, destitution,pillage, tout cela causé par l'indisposition des esprits deaghdnl, XVI, 2-3. Il mourut, dit-on, à KoMa en l'année 50 (= 670), sousle règne de Mou'âwiya. Pour IIls dét(1i1s de fHI biogmphie, voy. Ki/db al-. aghdnl, XXI, 282-286, et Index, pp. 643-64l; MAs'oûni, P"airies d'or, VI, 1111et suiv. e,t aussi l'Index, p. 199; SACY, Chreslom. arabe, III, 59, noIe 75;CAUSSIN DE PERCEVAL, Essai, JI, 153 et suiv.; III, 179 et suiv.; Pnr:>lCEDE TEANO, Anllali dei /sldm, Index, p. 1387.1. Littéralement dans son giron.2. Voy. plus loin, la tra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages 134 il 138 <strong>du</strong>texte arabe.3. Sur le meurtre <strong>du</strong> khalife 'Ali et son assassin, Ibn Mouldjaill, voy.plus loin la tra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages 138 à 142 <strong>du</strong> textearabe. - Les khdrédjiles étaienl, à l'origine, une secte de séparatistes,qui se rendirent redoutables au premier siècle de l'Hégil'e. Le khalife'Alf détruisit limr puissance militaire à la bataille de Nahrawàn, en l'an 38.Plus lard, on donna ce nom à tous le!'! rebelles en général. Cf. ·WELLHAU­SEN, Die religi{js-polilischen oppositions-par/ein, p. 1-99.• 4. Voy. plu" loin la tra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages 325 à 329 <strong>du</strong>texte llrabe.5. Voy. plus loin la tJ'a<strong>du</strong>ction correspondante aux pllges 350 el suiv.<strong>du</strong> texte arobe.ARcn. MAROC.


:H .\ nC\II VES MAnoe.\lNES2Hson urmée et


JIISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANESLà oil tu vois de la haine contre le coupable d'un méfait, tu yvelTas de la reconnaissance pOUl' les bienfaits passés,Lorsque la tCl're pro<strong>du</strong>it la ,'éeolte de la semence (lue tu yasdéposée, tu ne peux lui demanderdavanlage,Ce sont des paroles auxquelles il ne faut pas s'al'l'êter, etsi quelqu'un s'y arrête, (lue ce ne soit pas le roi, Car le miest celui des humains qui a le plus besoin de se concilie,'les espl'its et de se bien disposel' les CŒUI'S.6° La générosité est enCOl'e une des vertus qu'on aime fi 29trouvel' chez le l'oi, C'est pl'incipalement cette VCI·tU (luigagne les cœurs, pl'üvoque le monde il donner de sagesconseils et fait acquérir les serYÏces des hommes illustres.Le poète a dit:Lorsque le l'oi n'aime pns à douner, laisse-le, car son empil'(~est sU\' son déclin 1.Et parmi ce. qui nous a été h'ansmis des pal'oles authenti(lues<strong>du</strong> Pl'ophète (que les bénédictions d'Allâh soient SUl'leur auteur !), on tl'ouve cette sentence: « Pal'donnez safaute à l'homme généreux, cal' Alldh lui prend la mainchaque fois qu'il trébuche, et lui ouvre les portes d li bonheul'toutes les fois qu'il tombe dans la pauvreté, " Et 'Ali (surlui soit le'salut!) a dit: l( La générosité est la gardienne desbonnes réputations, »Et sache que la biographie de pel'SOIlIlf' nf' l'enfel'me 2 destraits de générosité comparables à cellx qui ont été l'apportésau sujet de Qân al-'.\dil, qui est le mênit' queJ. CP. vers est d'Aboù-I-FaU.. al-Bousli. Je le \l'ouve dan,.: l'ouVl'uge <strong>du</strong>P. CHEIIWO, inlitulé "':",)'YI rk' p, 118 .Re}'I'oulh, IlIl'lfi), Sur le l'oNe, voyezplu!:' loin la tra<strong>du</strong>dion correspondanle 1"la page fil. en noIe,2. Il vaut mieux lire ~. Le manuscrit A n'a l'as cIe poinls cllarritiquesSI\I' le premier Id. Ce n'est peul-èlre IHIS un ouhli, '~ar tin lruu\'(~sOllvent ,I:lIIS le~ manusc,"ils :Imites te lt1 d,~ la cinquième rCll'llle lie .. verbe;;complHemenlomis ou écrit; mai:'! sans (loinl dia....i1iquc.


36 AIICll1\iES MAROCAINESOktàï l, fils de Djcnguiz khân. Car il a éclipsé la réputation2 de tous les rois les plus généreux.Ce sont des verlus 3 qui rompent les coutures des récits quevous avez rapiécés touchant la munificence de Ka'b 1 et la générositéde ~Iâtim 3.Une coïncidence des plus heureuses, c'est que Qân a'vécu au siècle de Moustan~ir li billâh, qui était plus.généreux que le vent; mais qu'était cette générosité com­30 parée à celle de Qân ! Et d'ailleurs, où :Moustan~ir er'It·j}trouvé des .richeRses suffisantes pour raire des largessesaussi gr'andes que celles de Qàn!7° Parmi ces qnalités qui conviennent au roi, on doitcompter encore l'art de se faire à la fois craindre et respecter.C'est par li! que l'ordre est maintenu dans le royaumeet qu'il est défen<strong>du</strong> contre les convoitises ambitieuses dessujets. Les rois, jadis, pour maintenir la crainte et le respect<strong>du</strong>s â leurs personnes, allaient jusqu'à faire attacherauprès d'eux des lions, des éléphants et des panthères. Ils·faisaient aussi sonner des trompettes de la plus forte taille,1. Ou Ogotâi, grand kMn mogol qui régna de 624 (=1227) à 639 (= 1:141).Cf. STANLEY LA~F.-Pool.F., The JJfohllmmadan Dyna&lie&, p. 215.2. liU. " il (~ouvril de poussière la face des rois.....3. Jcux de mols sur ~l:.. qui, ell même temps que .vertus, signifie:instrumenls de vétérinaire pOlir percer. Dans ce cas,le e:ingulier est ~, outi:...4. Les Arabcs qui pOI't.ent ce nom sonl. très nombreux. Je ne snis pasaUlluel d'entre eux le poète fait ici allusion. cr. Kifdb al-aghdnf, Index,pp. 569-571.5. 1\ s'agit de I:tâl.im llkTâ'l, célèbre par sa générosité. Les llnecdot.esSUI' ee fameux Arabe abondent dans tous les ouvrages historiques etdans les anthologies poétiques. Voy. notamment: Ki/db al-agMni, XVI,96-110, et Index, p. 278; DE H.UBIEIl-PURt:lSTALL, Litt. gesch. der Araber, l,173; CAUSSIN DF. PERCEVAL, Essai, Il, /;07-1;27. (D'après ce dernier auleur,~Iâlim serait mort eri fll8 ou en 610 de J.-C.); PlnNCE DE TEANO, Annali deilsldm, t. l, In\.ro<strong>du</strong>clion, ~ 138; ~lAs'oûDI, Prairies d'or, III, 327-331: IBNQOTAIDA, Libel' poesis et poelarum, 123-180; C. BIIOCKELMANN, Gesch. derurabisl'h. lift., 1,26-27; CL. HUART, Hist. de la Litt. arabe, pp. 22-2:1.li. Voy. SlIr ce khalife 'abbllslde, pills loin, la tra<strong>du</strong>ction correspon­Ilanle aux pages 445 et suiv. <strong>du</strong> texte arabe.


mSTOIRE DES DYNASTIES lIlUSULMA:"IES ,31telles que la trompette de la charge, battre des tambourset des eJmbales, enfin dresser des étendards et flotter desdrapeaux sur leurs têtes, tout cela pour imprimer la craintedans les cœurs des sujets et maintenir le respect de l'autOl'itédans le royaume.Lorsque 'A~oud ad-Daula 1 s'asseyait sur son trône, onamenait des lions, des éléphants et des pantheres encharnéset on les plaçait tout autour de son prêtoire. Il YOUlaitpar là inspirer la crainte aux gens et leur faire peur.8' Une autre des qualités royales, c'est encore la politique.C'est le capital <strong>du</strong> roi. C'est sur elle qu'il faut compter pourempêcher que le sang coule, pour faire respecter les biensd'autl'Ui '2, pour préserver les bonnes mœurs, pour éviterles conflits, pour dompter les mauvais sujets et les gensde désordre, enfin pour empêcher les exactions réciproques


:l8 AIlCIIlVES MAIIOCAINESalrail'es des sujets. Il doit rétrihuel' et l'homme hienfaisantsuivant le bien qu'il fait et le méchant suivant le llIal


lIISTOIllE DES DYNASTIES MUSUUJ'\~ES al'lui. Il doit avoir l'OI'eille plus fine que le cheval, le ,'egardplus perçant que l'aigle de mer; il doit savoil' s'orientel'mieux que l'oiseau gala 1 ; il lui faut êtl'e plus prudent'lue le cOl'beau, plus bl'3ve que le lion, plus robustl' etplus prompt à s'élancer que le guépard. Il convient auroi de ne passe fier il sa seule manière de VOil', mnis deconsulter,dans les cas difficiles, les gens de IlH;rite, 32ceux que leur intelligence distingue. et tout homme danslequel il découvrira de la sagacité, de l'intelligence, unbon jugement, un discernement sill' et la scil'nce desafl'aires. Il ne faut pas que le pl'estige de la royautél'eYlpêche de traiter familièrement la personne à Irtquelleil demande conseil, de la mettre à son aise et de gngnel'son cœur, en sorte (Iu'elle le conseille en toute sincérité.En effet, ce n'est pas sous l'empire de la contrainteque quelqu'un conseille sincèrement; ce n'est qu'en faisantappel à sa bonne volonté qu'il donne un cons{'il sincère.» Qu'elle est belle cetle parole que le poète a dite àce propos:On me traite avec mépris, on me tient à \'I~cart et puis onvient me demander de dorme!' sincèrement mon avis: mais quipeu plus haute que les Imlres leI Ires elr'appelle plulùlle "tIt'(.] , flue le1" (..Jj, En second lieu, dans ~e past"age incrin"Jiné, Je. r:!..J ne sCI'nitpas correct, tandis que Je. r::.J s'accorderait forl bien a"ee. le sensgénéral de la phl'ase, et est d'ailleurs loul 3. l'ait arabe. SUI' les 'lualill l ;:,'equises pOUl' êlre khalife. voy. i\lAwAROi. .Il-A(lkdm u,ç·,çoulfha/liya, Il'lld.par :II. le comte Léon Oslrorog, fasciCule Il, p, 102·JOfi, .J'ajoul.e qlle pal'le!" mot'!: .. Celui qui se,.ail visé spécialemenl par 1111 le,rle " l'auleur l'ailallu;;ion au;\: Iluaire khalHes ol'Ihl)doxes. Ilui onl l'ni! l'oh';'" fil' nomhreuxJ)adilhs.1. Cel oi!"enu a été ginsi nommé parce que son ni ','es,.:elllhie an molqa/d, La pluparl. des pa>'sages des auleul'!; arabe,.: su,' cel oiseau. ontété réunis par S. DE SACY, dan,.; une magnifique noie de sa Chreslomathiea,.abe, Il, Il. atm el imiv. Plu,.;ieurs prover'bes onl pris naj,;:,.;anœ chez lesArahes, eu égard à cel'laines qunlilés de cel oiseau. On dil : plus ('éri·llique qu'un qa/ll, parce que le cd de cel oiseau n'esl ;mtre que ,",on nom.On di! encore: plus prompl que Ile l'est UII qa!d il dire qa!d, \'0)'. I.r: SACY,op, cil., III, r,ol'l; :\IAIDÂNI, Proverllf's, p. :IHI.


AHCIIIVE:-; MAROCAINESdonc donnerait ses conseils, alors qu'on prétend les lui arracherde force?.\lIàh «IU'il soit exalté !) a dit: « Et consulte-les dansl'occurrence 1. » Et ft Apôtre d'AUâh consultait tOUjOU1'S sescompagnons. Lors de la hataille de Badr:l, le Prophètesortit de :\Iédine à la tête d'une lI'oupe de "Musulmans,LOI'squ'ils al'rivèt'ent il Badr, ils fil'cnt halte dans un lieuprivé d'eau, Un des compagnons <strong>du</strong> Prophète s'avançaalol's vers lui, et lui dit: « 0 Apôtre d'Allah, est-ce surl'ordre d'Allàh que tu campes ici ou esl-ce de ton propremouvement :' - C'est de moi·même, dit le Pl'Ophète. ­o Apùtre d'Allùh, reprit le compagnon, le mi0ux c'estde te remettre en mal'che et d'aller camper tout près del'eau, en sorte qu'elle soit à notl'e portée. Alol'S nous necraindrons pas la soir, et quand yiendt'ont les païens ilsne trouvel'ont pas d'eau, ce qui nous constituel'a un avantageSUl~ eux. - Tu as raison ", dit l'Apôtre d'Allâh, et,donnant ensuite l'ordre de se mettre en marche, il allacamp!'I' près de l'eau.Les théologiens dogmatiques sont en désaccord sur le33 comnulIlllement qu'Allâh le Très-llaut aurait donné à sonapôll'c de demander couseil, malgré l'aide et l'assistance:lqu'il lui donnait. Il y a sur ce point quatre interprét3­tions, La pl'elllière, c'est que le Prophète aur3it reçul'ordre de consultel' les compagnons (al'i-~a(tdba), afin degagner leurs cœurs et de les disposer favorahlement. Ladeuxième, c'est que le Prophète aUl'ait reçu l'ordre de les1. (lUl'an, Ill, 1;;3.2. C'est, comme on le "lIit, la rameuse bataille que Mahomet livra auQoreiehites el qui rut le premier triomphe importllOt dc ('Islamisme SUI'le p:lg:lnisme U1'a he. Celte bataille eut lieu le 13 janvier 62-1 dc.J ,-C" c'cstà-diredans la deuxième année de l'Hégire. cr. CACSS1:>/ 1lF. PF.RCEVAL.Essai SUI' /'hisl. des aI'abes, III, H5; PRINCE DE TEANO, Annali deI lsldm.année Il, ~ ao et S(I.3, Ces dpux IllOts sont (ll'is au tlgUl'é et signifient presque: « malgl'él'inraillihililù qu'jllui a accordée Il.


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES Hconsulter' en cas de guel're, pour que la vraie manière devoir lui appartlt clairement, et qu'il agît en conséquence,D'après la tl'oisième, ce commandement lui aurait été fail àcause de l'avantage et <strong>du</strong> bien qui résultent de la consultationdes compagnons (a~1}db). Enfin, d'apl'ès la quatrième,le Prophète n'aurait reçu l'ordre de consulter les compagnons(a~1}db) que pour servir d'exemple aux hommes.Cetle dernière interprétation est, à mon avis, la meilleureet la plus juste.On a dit: « :\tieux vaut se trompel' en prenant les conseilsd'autrui, que tomher juste en agissant seul et isolétnent.»L'auteur de Raltlà el Dimna 1 a dit: II est indispensaLleque le roi ait un conseiller stir, à qui il confieson secret et qui l'aide dans sa manière de voir, En elTet,celui quidemallde conseil, ftit-il plus homme de talentque celui il qui il s'adresse, elit-il l'intelligence l'lus parfaiteet le jugement plus solide, il n'en profitel'a pasmoins de l'avis de son conseiller, de même que le feuauquel on ajoute de l'huile gagne en éclat et en lumière. liUn poète a dit:Lorsque le parti à prendre réclame un conseil, demande l'avisd'un homme sincère, ou consulLe un homme résolu. .Sache aussi (IU'il est des choses particulièl'es au roi,par leS(lllelles il se distingue <strong>du</strong> vulgaire. C'est ainsi que,lorsque le roi aime quelque chose, les gens aiment cette1. On sait que cet ouvrage, qui est un recueil de fables, a été tl'a<strong>du</strong>il enarahe <strong>du</strong> pehlvi par 'Abdallah fil.. d'al-l\fouqalTà', sec.l·élaire <strong>du</strong> khalifeMan~oûr. L'original de ces fables doit étre recherché dans les contes indiens<strong>du</strong> Panlchalanlra, qui furent I·apporté... de l'Inde en Perse, sous C01!1"oils 1Anoûchit'wàn, par le médecin Bal'zoùyeh. Sur Ibn al-Mouq....lTâ' et sonœuvre, voy. B110CIŒUIAl'IN, Gesr.h. der arab. Litt., l, 151 ; CL, HUAl1T, HiR!.de la Lill.•lrabe, pp. 211-212; DE HAMMEl1-PunasTALL, Lillera/lll'gesch. derAraber, III, ail!!; KnALiL lB:'! AIDAK A~-l?AFADi, Al- Wttfr bil-wafayül, manllsni!.1I1'llfJe dc Paris, n° 2066, fo 107 1'0; (ON Kn.u.L1KAN, 'Warayd/, nol.iceliIl, p. 125; ~lAs'oCrDi, Prail'Îes d'or, Index, p. Hm.7


ARCIIIVES MAROCAINESmême chose; ce qu'il Iwit. ils se prennent à le haïl'; lorsqu'ils'adonne à {Iuelque chose, ils s'y adonnent de même,soit naturellement, soit qu'ils y plient leur naturel pOUl'gagner ses 1?onnes grâces. De là le dicton: « Les hommessuivent la con<strong>du</strong>ite t de leurs princes, liConsidère quelles étaient les mœurs des hommes au31. temps des khalifes. Puis, lorsque la dynastie actuelle(IU'Allàh, l'épande ses bienfaits et élève sa puissance!)arriva au pouvoir, les gens changèrent lem' manière d'êtreen toute chose, Ils entrèrent dans les gOIÎtS de leurs souyerainspal'le langage, le vêtement, les emblèmes, l'étiquette,les formules de politesse. Tout cela, sa~s que les rois lesy contraignissent ou le leul' ordonnassent, pas plus qu'ilsne le leur défendaient; mais les gens reconnurent queleurs anciennes mœurs étaient déplaisantes aux }(\UX deleurs nouveaux princes, opposées à leurs préférences;aussi s'attachèrent-ils à leur plail'e en adoptant leurs gOÎlts.C'est de tout temps qu'on a vu les l'ois adopter une modeou un genre et puis le peuple s'y porter et s'y attacher.C'est là un des caractères particuliers à l'exercice <strong>du</strong> pouvoirsouverain et un des secrets de la royauté.Une des qualités propl'es au roi, c'est que sa compagniefait acquérir la fierté et l'orgueil, exalte le cœur et gl'anditl'âme. La société de tOl,lt autre que le roi ne pro<strong>du</strong>it pascet eO'et.Une autre chose encore particulièl'e au roi, c'est{lue, lors­(IU'il se détourne de quelqu'un, cette personne en ressenten soi-même un grand abattement, quand bien même leroi ne lui aurait fait aucun mal; et si le roi se tourne yersquelqu'un, cet homme s'en trouve intérieurement toutréconforté, quand hien même aucun avantage ne lui enl'eviendrait. Le seul fait donc de se tourner vers quelqu'unou de s'en détourner suffit pour pro<strong>du</strong>ire de pareils eflets.1. Lillhalemenl: III /'eligion,


fIISTOfRE 0,.:8 DYNASTIES MVSVDIANE8 43Aucune autre personne que le roi ne se trouve dans cettesituation.Quant aux qualités qu'il est désirable de ne pas rencontrerchez un roi, Ibn al-l\Iouqaffa'\ les a énumérées dansun discours dont il est l'auteur:( Il ne convient pas, dit-il, que le roi se livre à la colère,car il a le pouvoir de faire ce


ARCHIVES ;\IAROCAINES(sur. qui soit la paix!) a dit: Il Les meilleurs hommes demon peuple, ce sont les gens emportés. IlLe roi ne doit pas non plus se laisser aller à l'inquiétude,ni à la lassitude, ni à l'ennui, car ce sont là des choses desplus nuisibles et des plus pernicieuses pOUl' sa condition.Et sache que le roi a des droits sur ses sujets et que sessujets en ont aussi sur lui. Parmi Jes droits que le roi pos-36 sède sur son peuple, il yale droit à l'obéissance qui estle principe au moyen <strong>du</strong>quel s'organise le hon ordre dansles aff'aires de l'Ihat, celui grâce auquel le roi peut protégerle faible contre le fort et rendre une exactejustice distributive.Et parmi les passages <strong>du</strong> Livre Ré,'élé qui exhortent lil'obéissance,il ya cette parole <strong>du</strong> Très-Uaut, qui est le versetfameux sur cette matière: 110 vous qui croyez, obéissezà Allâh, obéissez à son Apl/tre et à ceux d'entre vous quisont inyestis <strong>du</strong> pouvoir t. » Et parmi les proyerbes arabesil est dit: li Il n'y a aucune autorité chez celui qui n'estpas obéi. »Il n'a été rappol'té dans aucune histoire, et aucune chroniquene dit qu'une dynastie parmi toutes les dynastiesait obtenu de la part de ses sujets et de ses al'mées autantd'obéissance


fIISrOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES {5dzir, roi de Hira, était lieutenant de Cosroës pour gouvernerles Arabes. Or entre I~ira et Madâïn (Ctésiphon), alorscapitale des Cosroës, il n'y avait que quelques parasanges;et cependant Non 'mAn était tont le temps en rébellioncontre Cosroës et quand il se présentait à sa cour, il s'ymettait à son aise et poussait l'audace jusqu'à lui donnerla réplique. Voulait-il se soustraire à l'obéissance, il s'enfonçaitdans le désert et était à l'abri de la vengeance deCosroës.'Quant aux dynasties musulmanes, elles ne sauraientêtre, en aucune façon, comparées à la dynastie mogole,pourqu'on les mentionne à coté de celle-ci. En effet, le gouvernementdes quatre premiers khalifes,qui sontAboù Bakra~-~iddiq', 'Omar 2 fils d'al~Khattâb, 'Othmân 3 fils d"AfTân 37(qu'Allâh soit satisfait d'eux!) et 'AH 4 fils d'Abotl Tâlib (surlui soit le salut !) ressemblait, en toutes choses, plus à unedignité religieuse (spirituelle) qu'à une dignité temporelle.Tel 5 d'entre eux s'habillait de vêtements d'une toile decoton grossière et se chaussait de deux sandales en fibrede palmier 6 • 'Le baudrier de son sabre était de même enfibre de palmier. Il marchait à pied dans les ruel) commemoundzirs, princes lakhmides d'origine yéménite, rois de IJira, voy. G,ROTHSTEIN, Die Dynastie der lakhmiden in al-1)ira, Berlin 1899; RENÉ Dus­SAUD, les j'rabes en Syrie avanll'Isldm (Paris, 1907) pp. 833-336.1. Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction correspoDdante aux pages 102, 106, 138,184 <strong>du</strong> texte arabe.2. Idem, pp. 106, 117 et ]34.3. Idem, pp. 134, la~.4. Idem, pp. U7, 133, 138, 142.5. 1\ s'agit ici <strong>du</strong> khalife 'Omar. L'austérité de ses mœurs est bienconnue; tous les historiens arabes en parlent.1;' A côté des usages auxquels on emploie la fibre de palmier et quiont été indiqués par de Sacy (Chresloma/hie arabe, l, 86, no',e 4) et Dozy(Suppl. aux Dicfionn. ar. Il. v.), le Uf ~ est encore employé en Tunisiecomme passoir pour filtrer les boissons sucrées, notamment le lagm!~ elle charbdl':"~f'(Sur ces deux boissons, voy. BEAUSSIER, Dicl.arabe-français. s. v.) On se sert all!lsi <strong>du</strong> Ur comme tampon pour boucherle goulot des gar·gouletles.? *


ARCIIIVE5 MAROCAINESun homme <strong>du</strong> peuple quelconque, et s'il adt'essait la paroleau plus humble de ses sujets, celui-ci lui faisait entendredes paroles gt'ossières, même moins mesurées que lessiennes. Ils considéraient que ces mœurs rudes faisaientpal,tie intégrante de la religion, dont le Pt'ophète (sur luisoient les pt'ièt'es et les bénédictions d'Allâh!) a étél'Apotre.On a t'acouté qu"Omar fils d'al-Khattâb reçut des piècesd'étofl'es rayées <strong>du</strong> Yémen. Il les distribua entre les l\Iusulmansqui eUl'ent chacun pour sa pat't une pièced'étoffe. La part d"Omar fut la même que celle de toutautre :\lusulman. On raconte alors qu"Omar s'étant faittailler 1 un habit de sa pièce d'étoffe, s'en revêtit et montaen chaire; il haranguait les assistants pour faire la guerresainte, quand un des Musulmans, s'avançant vers lui, luidit: « On ne t'écoutera pas et on ne t'obéira pas. - Pourquoicela? dit 'Omar. - Parce que, dit-il, tu t'es préféréà nous. - En quoi donc? reprit le khalife. - Quand tu asdistribué les étoffes yéménites, reprit l'homme, il en mItéchu à chacun des \1 usulmans une pièce; tu cn as eu demême une pièce. ()Jo, une seule pièce n'est pas suffisantepour te fait'e un habit, et nous voyons pourtant que tu enas pu faire un vêtement de dessous complet, toi qui es unhomme de haute taille. Si donc tu n'avais pas pris plusd'une pièce, tu n'aurais pas pu ('n avoir un vêtement. ,)'Omar se tournant alors vers son nIs 'Abd Allah 2, lui dit:. « 'Abd Allah, réponds à cet homme sur ce qu'il vient de38 dire." Alors, 'Abd Allah fils d"Omal' se leva etdit: « Lorsquel'Émir des Croyants, 'Omar, voulut faire tailler sa pièce1. cr. III noIe de S. DE SACY (Chrell/. arabe, l, R6, n. 6) SUI' ce moL.2. 'Abd Allah a laissé la réputatIOn d'un grand traditionnisle. Il mOUI'ulen l'année 7:l de l'Hégire \= 6\)2). cr. PntNCE DE TE.o\NO, ,1nna/i. deIIsldm, Index, p. 1:!5tl. Sa biogl'llphie esl donnée par KIIALh. IBN AIIIAK Ml'­~AfADÎ, Al- \FlIft bif-wala!ldl, marmscl'il arabe de Paris, n" 2066, ro 70 .....Voy. aussi l\IAS'OÙDÎ, P,·a;,.;e,ç (/'0,., Index, p. 98; CAUSSIX DE PERCEVAL,Es.çai, III, !Ui, 3118; [(i/db al-lIgMnt, Index. p. H3.


1II5TOIRE DES IlY:X.\"T1ES MUSULMANESd'éton'e, celle-ci se tl'OllYa insuffh;ante pOUl' lui; je lui aialors llonné de la mienne de quoi compléter l'habit. ­:\faintenant, reprit l'holllme, nous t'écoutons et nous t'obéirons."Une pal'eille con<strong>du</strong>ite n'est pas confol'me aux mœursdes rois de ce bas monde, elle ressemble plut.ôt à lamanièl'e d'agil' des prophètes et aux choses de l'aut.rllmonde.Pour' ce IJui est. de la dynastie des Oumayyades, leur autorités'était bien agrandie et était devenue considérable;leur' empil'e avait bien une grande éten<strong>du</strong>e, mais l'ohéissance(IU'ils rencontrèl'ent n'est pas à comparer avec celledont jouissent les princes lllogo1s. Tandis que les Oumayyadesrégnaient à Damas, les Hâchimites \'Îvaient à ~Iédine,sans se soucier d'el.1x; et si quelque Hàchimite venaittrouver' le khalife Oumanade, il lui parlait avec la plusg,'ande rudesse et lui disait toute sorte d'imper'tinences.Quant à la dynastie 'abbàside, l'obéissance 1 de sessujets pour elle n'aUeignit jamais l'obéissance dont jouitla dynast.ie actuelle (Inogole), bien que son règne ait <strong>du</strong>r'éjusqu'à dépasser cill!f cents ans, et que son emp"'e se soi téten<strong>du</strong> à tel point q\Je certains khalifes 'abbâsides tiraient.des contr'ibutions de la l'lus gr'ande partie <strong>du</strong> monde. C'es~ce que nous indiquel'ons «uand il ser'u question de ladynastie 'ubbâside. D'ailleurs, le fait que, <strong>du</strong> temps delIàrollR lll'-Rachid, les revenus <strong>du</strong> monde entier ét.aientconsignés en un seulcompte:!, ainsi qu'en font foi les li\'l'cS(rhistoire, démontre ce llue nous "enons d'avancer.Les premiers d'entre ces khalifes, comme ~ranl?olh.1. Li"" ~11, au nomimitif, conformément nu m:muscl'il, qui porle 101lleles vo)'elles.2. Sacy, dnns sa C!lreslonr. arabe, l, 81, 1. Il, tl'Il<strong>du</strong>il. ~l::--~ 11;11'« sOlllllle é~orme ". en s'appuyanl SUI' le8 Illoti'. L4-- ~, 'I"i signifj"nl" grande ville ". (Vo~" sn noie, 0/'. l'il., p. ~iI. n. H.)


48 ARCIIIVES MAROCAINESMahdi, Hâchîd, Mâ'molÎn, Mou'ta~im. et Moutawakkil '.tirèrent des contributions d'une bo.nne partiè <strong>du</strong> monde,et leur puissance fut très grande. Malgré cela, leur empirene fut pas exempt de faiblesse et de débilité, à unefoule de points de vue, parmi lesquels on peut citer39 l'insoumission des Grecs de Byzance, et J'état de S'uerreviolent et perpétuel entre eux et les empereurs chrétiens[de Constantinople]; encore éprouvaient-ils bien desdifficultés, malgré cela, pour la levée <strong>du</strong> tribut sur cettenation, et les empereurs byzantins ne cessaient de leurrefuser obéissance.Mou'ta~im eut au sujet d'Amorium'l les difficultés (luetu sais, et peut-être t'en dirons-nous un mot dans ce livre,quand nous viendrons à parler de la dynastie 'abbâside.Et parmi les causes de faiblesse dont souffrit leurdynastie furent les révoltes continuelles des Khârédjites.Aussi Man~oûrne put goOter. de ce fait, un seul instant dedouceur 3.Moubammad fils d"Abd Allah, fils de I;Iasan fils de J:Iasàn,fils d"AU fils d'AbOli Tâlib (sureux soit le salut!), surnomméAn-Nafs az-Zakiyya 4 (l'âme pure), se révolta contre lui dansle HedjAz. Il se pro<strong>du</strong>isit entre eux des hostilités qui aboutirentà l'envoi d"lsâ fils de Moûsâ fHs de Moubammad, filsd"AH, fils d"Abd AlJah, fils d"Abbâs dans le HedjAz pour y. combattre An-Nafs az-Zakiyya, qu'il tua en un lieu voisinL Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>clion correspondante aux pàges 213 à 325 <strong>du</strong>texte arabe. Ablwardl a eu raison de supprimer de cette liste Mon'ladid,ce qui est. conforme au ms. B.2. En arabe: 'Ammoûriya. Yl\qoût, dans Flon Mouchfarik, a Idenliflécetle ville avec Angora, mais S. de Sacy (Chres/. arabe, l, 89, note 10)rejette avec raison celle idenliftcalion.- Plus loin, Ibn a~-Tiq~aqaraconte la prise d'Amorium par Mou'ta",lm comme il l'a annoncé. Voy.in{rà la tradllet. correspondante aux pages 316 et Euiv. <strong>du</strong> texte arabe.Cf. MAS'oÔDi, Prairies d'or, VII, 1116, 144; Aooll-L-FID.t, Annales Moslemici,Il, 171; G. WEIL, Geschichte der chaU{en, Il, 313-815.8: Littéralement: boire une douce ,alive.4. Voy. plus loin, la tra<strong>du</strong>ction correl'flondante aux pages 222 et suiv.<strong>du</strong> texte arabe.


HISTOIRE OES OYNASTlE8 MUSULMANES 49de Médine appelé Ah


IiODiell lui fasse misél'icorde!) m'a fait lin récit en cestermes: Il Je me rappelle {lue lors de notloe séjour ilQanvin, quand la nuit venait, nous placions tout ce quenous possédions de meubles, de hrn'des et de bagagesdans des caves profondes et secrètes (lue nous avions dansnos maisons, et nous ne laissions pas la moindre chosesur la face de la terre, de crainte des surprises des .'loull..i.dites. Le,u13tin, nous retirions des caves nos eO'ëts, et, lanuit venue, nous faisions comme la veille, » Aussi la plupartdes gens de Qazwin pOI'tnient-ils des couteaux et desarmes. Les .'loull,lidiles ne cessèrent d'ngir ainsi jusqu'aujoUi' où Chams nd-Din, qâ{Ji de Qnzwin, s'en fut trouver leQân et amena des troupes 'lui détruisirent toutes les dtaclellesdes .'(oull.lidites..'Iais ce n'est pas ici le lieu de traiter ce sujet dan8tous ses détails, cal' il ne s'estprésenté qu'accidentellement,et ce n'est pas le hut que nous nous sommes proposé.C'est ce {lui arl'Ïva aussi à .Mouwafraq fils de i\IoutawakIdl t qui, alors que les Zinges '1 infestaientles frontières,ne cessa pendant quatorze ans de les repousser par les3t:mes, de Ba!?ra et de 'Yàsit, jusqu'à ce (IU'H les cutanéantis. Dans un laps de temps si long, les, Zinges s'étaienth:Hi des· villes SUI' le théàtre de la guerre:l, etMouwafraq aussi en avait hMi. Dans la suite ces villestombèrent en ruines et les vestiges en subsistent encoreaujourd'hui.1. 8tH' ee pCI'"onnage, vo~·. plu8 loin la h'll<strong>du</strong>clion l'orrespondlln!(' auxpages 34-1 el, suh', <strong>du</strong> lexie llI'abe,2, Selon Anol;-L-FIDÀ (..Innales J/nslmlici, Il, 22!l'\, la guerre des ZingescOlllmençl1 en l'année 2;).5 (= Ilt;!!) cl se lCl'mina par lem'


1HISTOIRE UES DYNASTIES lI\USl'LMA:"m; 51Qunnt nux derniers d'entre enx, je veux dirp les derniersdes khalifes 'abbâsides, leur faible:>se fut extrême, àtel point que la ville de Tal Cr. ~T.\'(­LEY LA:-lE-POOLE, The .IJohamnl


o52 AIICIIIYr,:S ~IAIIOCAINES'.2fUs de Zain ad-Din 'Ali Koudjouk l, prince d'It'bil, ce quiarriva sous le règne de ~loustansir2.Celui-ci chargea alors {(Ibâl ach-CharâbP(le grand échanson),qui était le général en chef des troupes, de marchersur Irbil pour en faire la conquête et lui donna des soldats.Ach-Charâbî (le grand échanson) se dirigea vers cetteplace, la tint quelques joins assiégée, puis s'en empara.Les tamboUf's chargés d'annoncer une victoire retentirentà Baghdâ~lz le jonr où arriva 'e pigeon porteur de cette nouvelle1. Considère un peu ce (lue peut être une puissanceoù l'on fait hattre les tambours de la bonne nouvelle auxpOl'tes <strong>du</strong> chef de l'État, et où l'on fait pavoiser 1


IIISTOIRE DES IJY:'iIASTlES ~1t;St:UIA:-;ESveillance. Ils leur demandaient aussi l'investiture <strong>du</strong> gouvernementde leurs États, afin de jouir d'une autoritéabsolue surleurs sujets et de leur imposer, de ce fait, ledevoir de leur obéir, ~tais les khalifes donnaient peut-'être aux princes des États limitrophes, en reloul' de leursprésents, leur équivalent, et même plus, tout cela pourconserver le prestige apparent et pour que leUl' nOIll ft'itmaintenu, dans leurs États et dans les pl'ovinces limitrophes,sur la monnaie et dans la khotba ou pn'me <strong>du</strong>vendredi. Si bien qu'on disait, en proverbe, de celui quia l'apparence d'une chose sans eri rien posséder au fond:Il Un tel s'est contenté, dans telle affaire, de la monnaieet <strong>du</strong> p,'6ne li, c'est-à·dire <strong>du</strong> droit de monnayage etd'avoir son nom cité au prone. Cela veut dil'e : il s'estcontenté <strong>du</strong> mot sans la chose.Voilà quelques vues d'ensemble sut.' l'état des choses,sous la dynastie 'abhâstde.Quant aux deux dynasties Bouyide et SaldjOlÎflide,malgré la grande puis~ance de quelques-uns de leursprinces, comme 'Al"issent400.000 combattants, son empire non plus ne s'étendit pa8,et il ne dépassa point les régions qui l'avoisinaient.1. Sur ce l'rince, voy. ci-dessus, p. 31i, nole 4.2. Sur ce prince, voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction correspondllnte aux.pages 435 el suiv. <strong>du</strong> lexte arabe.3. 1) s'agil ici <strong>du</strong> sullan DjalAL ad-Din 1l111ngobil'!i (011 Mangbartl'? ouMankobirnl?) qui mourul en l'année 628 (= 1230), Cf. AnoÔ-L-FID.t, ..\nnalesJ/oslemici, IV, 299 el 371 el suiv.; STANLEY LA:"OI'-POOLE, The MohammadanDynasties, 177. Son hisloire a élé éditée et I.ra<strong>du</strong>ite pa.. M. O.BOUDAS, msl. de DjaMI ed-dfn Mankobirlf, Paris, 18!1I-1895, 2 "01. Vo)".aussi inN AL-ATlIln, op. cil., XII, 205 el suiv.


,\ Itell. VES ~I.\ IlOCA I~":;;Djalàl ad-Din, il est \Tai, pOI'ta ses al'l)Jl'e de sa justice !) arriva à Baghdâdz enl'année 6H8 (12\)8), il enh'a dans ITnÏ\'el'sité ~[oustan!?iriYF'.2pour la YOil' et la visiter. ,hant son arrivée, elle ayait étépayoisée et les professeurs s·('taient l1ssis sur leurs sièges,ayant devant eux les faqih;; (jtll'istes), et tenant dans leUl'smains des exemplaires <strong>du</strong> QOl'an dont ils faisaient lecture.Or, il ad\"Ïllt que 1


IlISl'OIRE DES DY:'


ARCHIVES MAROCAINESQuant aux devoirs qui s'imposent au roi envers sessujets rc'est d'abord de protéger le cœur <strong>du</strong> royaume, Je mettre leroyaume en état de défense et de fortifier les places frontières,c'est d'assurer la sécurité des chemins et de frapperceux qui les infestent. Ce sont là des devoirs qlli obligentle sultan à l'pgal des devoirs religieux; c'est à ce prix quel'obéissance au roi devient obligatoire pOUl" ses sujets.C'est un argument pareil que les dissidents invoquèrentcontre 'Ali (sur qui soit la paix d'Allàh !), peu après la finde la guelTe de t;;illïn. Ils lui dirent; « Tu as manqué dezèle dans la défense de cette frontière (ils ,-olliaient direla frontière de Syrie), en instituant les deux arbitres 1. Donctu as fait une faute, tu as manqué à ton devoir et tu as65 per<strong>du</strong> le droit à. notre obéissance. Si pourtant tu reconnaiscette faute et si tu en demandes pardon, nous rentreronssous ton obéissance et nous nous joindrons à toi pourcombattre l'ennemi.» - Alors 'AH (sur lui soit la paixd'Allôh 1) leur fit connaître que dans l'institution des arbitressa manière de voir n'avait pas prévalu, et que son avis,à llli, était contraire à l'arbitrage. ~Iais ils persé\'érèrentdans ce qu'ils avaient dit, n'acceptant pas ses explicationset, se déclarant ouvel'tement contre lui, lui firent la guelTejusqu'à la fameuse bataille de Nahrawân 2.,l'lumP les devoirs des rois envers les peuples. on compteL SUI' la guerre ,le SilTin et l'institution tles arbil1'es, voy. plu5 loin, latra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages ]2! et suiv.2. SUI' celte balnille, voy, plus loin, la lra<strong>du</strong>ction co,','espondanle auxpages 131 el !'1uiv,3, En marge <strong>du</strong> m:mul;


HISTOIRE DES DY:"1ASTIES :\IUSUL:lIANESla douceur et la patience à l'égard des fautes qu'ilsyiennentil commettre. Le Prophète (sur qui soient les bénédictionset la paix d'Al1âh!) a dit: Il En toute chose la douceur bienveillanteest un ornement, tout se trouve enlaidi par la<strong>du</strong>reté." Et, de fait, on rapporte <strong>du</strong> Prophète des traitsde bonté qui ne conviennent qu'à la dignité pl'ophéti(lue.~alâl). ad-Din Yoùsouf, fils d'Ayyoùh 1, souvenlÎn del'Égypte et de la Syrie, était d'une grande douceul' pt étaitcélèbre pour cela. Il entra un joUI' au bain, peu apI'èsune longue maladie qui l'avait ufY'aibli et avait épuiséses fOI'ces. On l'intro<strong>du</strong>isit donc au bain alol's qu'ilétait dans un état d'extrême faiblesse. Il demanda del'eau chaude il un esclave qui se tenait près de lui. Celuicilui apporta une écuelle d'eau très chaude, mais commeil s'approchait <strong>du</strong> prince, sa main trembla et l'écuelletomba sur ~alâb ad·Din, dont le corps fut hrillé parl'eau. II ne reprit l'esclave pas même en paroles. Quelquetemps après, il lui demanda de l'eau froide. L'escla,-e luiapporta dans la même écuelle de l'eau extrêmement froideet, au moment où il s'approchait <strong>du</strong> prince, il lui advint,comme la première fois, un tremblement de la main etla tasse tomba avec l'eau très froide qu'elle contenait 46sur ~alâl). ad-Din, qui S'éH\llouit et sembla près d'expirel'.Ayant repris ses sens, il dit à l'esclave: l( Si tu te proposesde me tuer, dis-le-moi! » Il ne dit pas unc parole de plus.Dieu l'ait en sa miséricol'Cle !Un homme à l'haleine fétide s'approcha un jouI' d'unhaut fonctionnaire, pour lui demander avis. ({ Éloigne.toiet conedions qui se tl'ouvent en marge <strong>du</strong> manuscrit, ct que les deuxéditeUl's <strong>du</strong> lexie 1l1'abe, )[\1. Ahlwardt et Derenbourg, ont incol'pol'éesau texte. Je ne sais pas pourquoi J'addition ci-dessus n'a pas bénNlcié<strong>du</strong> mème tI'altement J'ajoute que l'écriture en est identique li celle tle/'inscription finale de l'ouvrage, qui est un autogl'aphe (I\'ér('


ARCHIVES MAROCAINESlt7de moi, dit l'homme en place, car tu m'incommodes.- Puisses-tu ne jouir ni des honneurs ni de la puissance,répondit l'autre; nous ne t'avons mis à notre tète etnous ne nous tenons respectueusement devant toi que pourque tu supportes de notl'e part pis que cela, et pour quetu souffI'es de nous avec patience des choses encore plusdésagréables! »Une chose encol'e que les sujets ont le dl'oit d'exiger<strong>du</strong> l'oi, c'est qu'il protège le faible contre le fort, c'est(IU'il rende justice à l'humble cont!'e le puissant, qu'illem applique strictement les dispositions des lois, qu'ilmaintienne énergiquement leurs droits' respectifs dansleurs limites, qu'il secoure celui d'entre eux qui a étévictime d'une injustice et réponde il celui qui cl'ie ausecours, qu'il tienne la balance égale dans ses jugementsentre celui d'entl'e eux qui est le plus éloigné de lui etcelui qui en est le plus rapproché, eritl'e le plus humbleet le plus puissant.'Omar fils d'al-KhaHâb dit il un homme:


IIISTOIRE DES llY,;ASTlES MtJSULMA:"ES lillvous now; monlrez reconnaissanls,je VOLIS ajoulerai [de nouvellesfaneurs].Il faut aussi qu'il y ait entl'e le roi et son SeigneUl' 1111pacte secret, ignoré de tous, excepté d'AlIâh, car lin telpacte préserve [le roi] des coups cruels <strong>du</strong> sort. Cettethéol'ie est admise par les théologiens de toutes lesécoles, de même (fu'elle est admise par les philosophes.Il est possible de l'interprétel' dans ce .sens, d'apl'ès lacroyance des uns et des autres. Il faut encore que le l'oiait des formules précatoires par lesquelles il s'adresse ilson Seigneur. Ce sont des formules spéciales appropriéesaux souvel'ains et qui ne conviennent pas au commun desmortels. Je ne vois pas qu'il y ait inconvénient il ce queje consigne ici un frrlgment de prière royale. Elle estde mon invention, et je ne sache pas qu'aucun autre y aitjamais fait attention.COUI't /i'agmenl de /J1'ièl'e l'oyale.(( ~ron Dieu, j'abdique enh'e tes mains tout ce que j'ai deforce et de puissance, c'est dans ta force et dans ta puis- .sance (lue je mets mon recours, Je te glorifie de m'avoirJonné l'existence en me til'ant <strong>du</strong> néant, de m'avoÎl' élev~au-dessus d'un grand nombre de nations, d'avoir mis entremps mains les rènes pour diriger tes créatures et dem'avoir choisi l'OUI' ton lieutenant SUl' celte tel'l'e quifappal'tient. Prends-moi donc par la main, ô mon Dieu,dans les moments difficiles et révHe-moi la facf' de lavéI'ité; accorde-moi ton assistance pour que j'agisse selonta volonté et p,'éserve-moi de l'eneur, N'arrache pas dedesslls nioi le voile de tes bienfaits et défends-llloi descoups de la mauvaise fortune; pl'otège-moi contt'e lesru!o;es des envieux et la joie malveillante de mes ennemis.Tf'aite-moi avec bienveillance dans toutes les \'Ïcissitudesde ma vie et couvre·moi de ton aile pOUl' Illl:' .pl'O-'.8


fiOARCJIIVES ;\IAROCAINEStéger de tous côtés, ô toi le plus clément des cléments! )lIl convient ((u'un roi éminent honore les hommes éminentsparmi son peuple et cherche il se les attacher parses bienfaits. Un sage a dit: L'homme éminent doit, oubien vivre honoré auprès des roiR, ou bien en ermite ayecles ascètes. C'est ainsi qu'iln'est que deux endroits où il soitconvenable de voir l'éléphant: dans le désert où il yit libre etsauvage,' ou chez les l'ois il qui il sert de rhonture. Commele poète l'a dit:Semblable à l'éléphant, qui vit ou bien chez un roi, ou bienerre, inaccessible, dans les pâlurages.Une chose qui, chez le roi, serait haïssable, c'est la fré­((uenlation des gens vils, <strong>du</strong> bas peuple et des ignorants.En effet, entendre leurs propos terre à terre, leurs raisonnementsmisérables et leurs expressions or<strong>du</strong>rières ne peutqu'abaisser le caractère, avilir la dignité, couvrir le cœurcomme d'une rouille et discréditel'le roi, Au contl'aire, lecommerce des gens d'honneur et la fréquentation deshommes éminents contribuent à élever les pensées, à affinerles sentiments 1, à ouvrit, l'esprit et à déyelopper lafacilité d'élocution. C'est le principe contraire qui a cependanttoujours été suivi par les rois, qui n'ont jamais cesséde faire parvenir jusqu'à eux le~ gens <strong>du</strong> commun, vivantdans leur commerce et les prenant à leur senice. Pas undes khalifes ne se dispensa d'agir ainsi. Et ce faisant ilsA9 semblaient ~ dire: Il Nous laissons les grands être grandset si nous venons à distinguer quelqu'un <strong>du</strong> commun,nous élevons sa renommée et Je faisons avancer aupoint qu'il prend rang parmi les notables. De même,lorsque nous nous détournons d'un homme de mérite,1. Littéralement: le cœur.2. Littél'alement: On dirait que LE LANGAGE DE LEUR ÊTAT di!: Sur cettemélaphore, voy. III nole d~ S. DE SACY, Cllres/onlerlhie arabe, l, .(61, note 39.


!lISTOIRE OES DYNASTIES MUSULlIIAl'IES 61nous le rendons yil pal' cela même, au point qu'iltombe au rang des plus viIi':! de nos sujets. l) - Et c'esthien ainsi que les choses se passent, car c'est là une qualitéparticulière au roi, et je l'ai dit plus haut. Tout ceciest emprunté aux attributs particuliers de Dieu. En effet,lorsqu'une parcelle de la sollicitude divine descend surles âmes, l'homme qui en est l'objet devient prophète. ouimâm, ou roi. Lorsque c'est le temps qui en estl'objet, lejour où elle descend de\'ient le jour de la grande fête (legrand Bairant), ou bien c'est la Nuit <strong>du</strong> Destin l, ou ce sontles jours marqués pour le pèlerinage, ou ce sont "les joursdes fêtes solennelles et des visites qu'on fait aux lieuxsaints et cela chez tous les peuples. Lorsque cette pal'cellede la gràce tombe pour favoriser un endroit, cet endroitdevient le temple de La Mecque ou Jérusalem, ou unechapelle commémorative de la mort d'un saint personnage,ou une mosquée et un lieu de pèlerinage, ou un oratoireou une cellule de religieux.C'est ici le lieu de conter une histoire. Il y avait à Baghdâdzun portefaix qu'on appelait 'Abd al-Ghani fils de Dar·notÎs. Il se fit bien voir au temps de MOlistanf;lir 2 , de sorte.qu'ilfut chargé d'un des colombiers <strong>du</strong> palais des khalifes.Cet homme employa tous ses moyens à capter les honnesgrâces <strong>du</strong> fils de l\loustan~ir,Mousta'!;lim, le dernie~ khalife'abbliside, qui vivait en prison sous le règne de son père;il ne cessa .-te se le concilier par de bons offices, tant que<strong>du</strong>ra le règne de Moustan~ir. Celui-ci mourut, et son fils 50AbotÎ Abmad 'Abd Allah Mousta'l?im monta sur le trône.Il reconnut les bons offices de ce gardien de pigeonnier,le préposa 3 à ses collègues et finit par le garder dans l'in-1. Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction et la note correspondantes à la page 257<strong>du</strong> text.e arabe, nu sujet <strong>du</strong> dernier vers cité dans celte page.2. Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction eorrespondante aux pages H5 el suiv.<strong>du</strong> texte arabe. .3. Il vnut mieux lire ~~. conrormément au manuscrit B.8 •


ARCIIlV ES MAROCAINEStérieur <strong>du</strong> palais en qualité de chambellan. II en fit sonfamilier et l'éleva si haut que les choses en vinrent il cepoint: lorsque notre homme entrait chez le vizir, celui-cise levait pour lui et faisait évacuer complètement la salled'audience. Le vizir faisait ainsi sortir tout le monde lorsquese présentait Ibn ad-Darooùs, parce que peut-être celui-civenait-il l'entretenir secrètement de la part <strong>du</strong> khalife.Cet hom~e reçut le SUl'llom de Nadjm ad-Dio al-Khùl?l?,le Confident, et devint un des hommes les plUfl intimes<strong>du</strong> khalife. Sa fortune s'éle\'a si haut qu'il s'entremettaitavec zèle pour le vizir auprès <strong>du</strong> khalife, et que le vizirtransmettait ses pièces officielles et ses projets au khalifepar l'intermédiaire de Nadjm ad-Din le Confident à qui ilremettait, chaque année, une forte somme pour qu'il lesoutînt en son absence et soignât sa réputation aupl-ès <strong>du</strong>khalife.. Il m'arriva de causer un joUI' avec Djamâl ad-Din'Ali filsde l\IouJ;tammad, de Destedjerd 1(flu';\llâh l'ait en pitié !), ausujet de Ibn ad-Darnoùs. J'approuvais les hienfaits dontMousta'l?im l'avait comblé. « Ibn ad-Darnoùs, disais-je,avait ren<strong>du</strong> des services au khalife; et je l'ai établi. Lekhalife l'a payé de retour; il n'y a à cela aucun mal. ­Djamal ed-Din (qu'Alldh l'ait en pitié!) me répondit ilpeu près en ces termes: « Le fait par le khalife d'avoir51 investi un pareil imbécile d'une autorité soU\'eraine surl'honneur et les biens de ses sujets, de lui avoir donné partà l'empire au point que peu s'en fallait que ce ne fLit luiqui fît et défit les vizirs, tout cela est fort vilain de la partde Mousta'f;lim et montre bien sa sottise; s'il voulaitlui faire <strong>du</strong> bien, pour reconnaitre les services précé-1. Il Y a plusiel1l's localil";s pOl'tant ce nom. Y


IIISTOIRE OES DYNASTIES MUSULMANES 63


64 ARCIIIVES MAROCAINESnant vers 'Amr fils d'al- 'A~î', lui dit: Il Qui désire beaucoup,risque beaucoup. J'ai envisagé le but que je poursuiset il me semble que mourir en s'efforçant de conquérirla grandeur vaut mieux en fin de compte que vivre dansl'humiliation. » Un poète a dit:C'est une âme 1 Si elle meurt, que de gens nobles sont mort.savant elle 1Si elle survit, c'est pour le malheur.L'âme 'qui ne poursui.t pas de nobles ambitions compte parmiles morts dès son vivant.Ce qu'on a dit de mieux dans cet ordre d'idées, est cetteparole d'Imr oul-Qais'l :Si ce que .ie recherche n'était qu'une vie obscure, peu de choseme sliflirait el je ne réclamerais rien de plus.Mais je l'echerche une gloire enracinée et mes pareils arrivent.parfois à la gloire la plus solide.Une chose encore qui parfait l'excellence <strong>du</strong> roi, c'est lafaculté de choisir avec discernement ses serviteurs; cettefaculté doit être chez lui entière, sans qu'aucune causeaccidentelle ne vienne la troubler; dans ce cas, le princene fera que d'excellents choix parmi les hommes.Nàl?ir 3 était la mel'veille <strong>du</strong> monde dans le choix desI. Ce fameux général est trop connu pour qu'il soit betJoin de donnerici sa biographie. C'est lui qui fil la conquête de l'~gypte et qui brOla.dit-on, la bihliothèque d'Alexandrie !!ur l'ordre <strong>du</strong> khalife ·Omar. Leshistoriens ne tarissent pas d'élo~es sur ses qualités d'esprit et le considèrentcomme un des hommes les plus remarquables <strong>du</strong> premier sièclede l'islAm. Il mourut en 42 ou 43 de l'Hégire (= 662 ou 663). cr. PRINCE DI!:TEANO, Annali dei lsldm. Index. p. 1261; MAS·oilDI. Prairie, d'or, Index,p. IH-1l5; CAUSSIN DE PERCEVAL, EBBai, Index, p. Mt; Kifdb al-aghdllt,Index, p. 516-517.2. C'esll'auteur bien connu d'une des Mo'allaqd/, le prince des poètesarabes antéislamiques, dont l'œuvre Il été tra<strong>du</strong>ite, en français, parM. de SI:me. De.nombreuses éditions, complètes ou fragmentaires,ont été donn{~es de ses reuvrel3. Voy. les rérérencel3 dans BROCKELMANN,Gesch. der arab. Lill., l, 2t; CL. HUART, His/. de la Lill. arabe, p. 10 et 11;DE IIA:lUIER. Lill. Gesch., 1,282 et IV, 810; Kildb al-aghdn', VII, 62·66 ; IBNQOTAIDA, Liber poesill el poelal'um, p. 36; CAUSSIN DI!: PERCEVAL. Essai, Il, 302.3. Voy. plus loin, la tra<strong>du</strong>clion correspondante au~ pages 433 et 8ui\'.<strong>du</strong> texte arabe.


lIISTOIRE DES DY:-;ASTIES lItUSUUIA:-:ES 65hommes. Voici un des moyens qu'il employait pOUl' arriverà la connaissance des hommes, quand il éprouvait quelque !,3embarras à connaitre exactement leur situation: il faisaitcourirparmi le peuple lebruit qu'il voulait nommer teUe pel'-. sonne à tel emploi. Puis il atermoyait quelques jours avantde rendre définitive cette nomination. Cependant, le pays seremplissait de rumeurs discordantes à propos de ce candidat.Les avis se partageaient à son sujet: les uns trouvaientque le projet <strong>du</strong> khalife constituait une sage mesure, etils énuméraient les bonnes qualités <strong>du</strong> personnage; lesautres, au contraire, découvraient que le '{halife s'étaittrompé, et citaient tous les défauts de ce même personnage.Or, le khalife avait des espions etdes agents d'information,dont on ne se défiait pas et qui entraient en relation avectous les groupes. Ces agents d'information écrivaient alorsau khalife et le mettaient au courant de l'état de l'opinionpublique. Alors, le khalife, 3"ec sa sLÎreté de jugement etson discernement, reconnaissait laquelle des deux opinionsétait préférable et plus conforme à la vérité. Si donc, à sesyeux, l'opinion favorable au candidat avait plus de poids,il lui confiait la dignité et lui en faisait revêtir les insignes.Mais si, au contraire, l'opinion des détracteurs lui paraissaitdevoir l'emporter et qu'il reconnaissait qnsuflisance<strong>du</strong> pers,onnage, il l'abandonnait et se détournait de lui.En un mot, savoir faire un bon choix, c'est un principed'une importance capitale. Le poète a dit:Celui qui èhoisit un loup pour berger de ses brebis lailii'res estlui-même l'auleur de son dommage.• Il compte SUI' la capacité de son berger, alor!'! que celui-ci estd'habitude un tratlre. Or, quiconque s'adresse il un fourbe,apprendra il connartre le repentir.Une chose qui est détestable pour les rois, c'est un tropgrand penchant pourles femmes; c'est de se laisser absor··ber par l'amour qu'ils leur portent, de consacrer leur tempsARcn. MAROC.


lili AflCIIl\'ES ~IAIIOC'\INESil la !';()ciété tics femmes. Quant il les consulter au sujet ticsaffaires puLli«ues, c'est amener l'incapacité, c'estfaire appellIYl désordre, et cela dénote une g.-ande faihlesse


I\lSTOIRE DES !n'XASTIES IIIUSULllrA:->ES 67consulter), en ce sens que leur consultation aide à trouverla vérité.On a raconté qu"Açloud ad-Daula Fannàkhollsrau " fils deBouwaih, s'éprit éper<strong>du</strong>ment d'une des femmes de son harem,qui se rendit absolument maîtresse de son espfÎt, ensorte qu'il se laissa absorber par elle, au point d'oublier legouvernement de l'empire où la perturbation finit par apparaître.Son vizir le prit à part et lui dit: « 0 roi! tu estout possédé de cette fille au détriment des affaires deton empire, il tel point que, de bien des côtés, il est envahipat' la décadence. La cause de cela n'est que la manièredont tu te laisses occuper pal' cette sel'vante auXtlépens <strong>du</strong> gouvernement de ton empire. Le parti que tu 55as à prendre, c'est de la quitter et de te meUre à réparerce (lui, dans ton empire, est déjà désorganisé. »Le narrateur a dit: « Quelques jours après, 'Açloud ad­Oaula était assis sur un belvédère qu'il possédait SUI' leTigre. Il appela à lui cette fille [dont il était si fortementépris]. Elle vint. Le roi l'occupa pendant un certain tempsde sorte qu'elle ne se garda plus. Alors il la poussa dans, le Tigre. Elle s'y noya, et l'esprit <strong>du</strong> roi fut délivré del'amoUl' qu'il lui portait, et il s'occupa de réparer'le désordl'ede son empire. Le public admira beaucoup cetteaction d"A~loud ad-Oaula et en conclut à sa grande forced'âme: en elTet, son cœur a été assez ferme pour se résoudl'eà faire périr l'objet de son amour. » Pour moi, je voisdans cet acte une preuve de la faiblesse d'âme d".\ç1oudad-OauI3, non une preuve de sa force, car, s'il ne se (litpas senti entièrement sous la sujétion de son amour, iln'aurait pas cherché il la faire périr. Lalaisser vine et avoirle coura"ge d'y renoncer, voilà qui ellt été une preuve desa force d'âme.Il faut pour chaque classe de sujets une politique pal,til,Yo~".'ci·dessus, p.3li, lIole",


68 AHCIIIVE!'1 MAROCAINESculière. Les meilleurs doivent être gouvernés par les no.hies qualités morales et par une direction douce; ceux quioccupent une position intermédiaire seront régis pal' laperspective de leur intérêt jointe à la crainte. Le bas peuplesera régi par la crainte : on le contraindra à marcher dansla honne voie, on le forcera à respecter la saine justice.Sache que le roi est à ses sujets ce que le médecin estau mala,de. Si le tempérament <strong>du</strong> malade est délicat, lemédecin lui adoucira le traitement; pour lui, it'Iui feraa"alerles remèdes désagréables dans des choses de gOlÎt agréahleets'ingéniera de son mieux pourarriver à son but, qui est dele guérir, Au contraire, le malade est-il d'un tempéramentrude, le médecin lui appliquera le traitement violent, naturelet énergique, C'est pourquoi il ne convient pas quele roi use de menaces envers quelqu'un à qui il suffit detourner le dos ou de froncer le sourcil pour le mettre Il laraison; de même il ne sera pas hon que le roi emprisonnecelui qu'il suffit de menacer pour qu'il s'amende; de même,il ne doit pas· hattre celui que ln prison punit suffisamment,ni faire décapiter celui (lue la bastonnade suffit àcOl'riger.Savoir discel'ner l'un de l'autre èes différents états, jeveux dire sa\'oir reconnaître le tempérament pour lequelsuffisent les menaces sans (IU'il soit hesoin de la prison,ou pour lequel suffit la prison sans qu'il soit besoin descoups, ce savoir exige de la finesse d'esprit, de la justessede discernement, la pureté <strong>du</strong> CŒur, une perspicacité achevéeet une attènlion d'esprit parfaite. Car combien lesnaturels sont difficiles à distinguer; et les tempéramentset les caracll;res, quell~ peine pour les démêlel' !Le l'oi doit être bien circonspect quand il s'agit. de tueret d'anéantir un être vivant, Car il sait que la mort est uné"énement apl'i~s lequel il ne l'este plus de "ie à l'êtrevivant sur celte terre. Quand tous les gens <strong>du</strong> monées'évcrluel'aient II lui relldre ln "ie, ils n'y pnrviendraieI.t


IIISTOIRE DES DY:"ASTIE


70 ARCIIIVES MAROC.\lNEStrom'cr. Ils le tenaient enCermé au Cond de leur palais,lui faisaient sen'ir tout ce


llIST01l1E DES IlY:>ôASTlES Ml'SULl\IA:>ôES 71il yaut mieux fail'e pél'ir un seul homme que lc laisservivre pour qu'il devienne nécessaire d'en tuer cinq j cl cntucr cinq yaul mieux que les laisser vivre jusqu'à cc (l'le, les(Iésol'Clres qu'ils causent se propageant, il devienne nécessaired'en sacI'ifier cent. C'est pour ces motifs qu'AlIâh leTrès-Haut a dit 1 : Il Dans la loi dll lalion est voire "ie. IlEt on a dit: « Le mem·trc est ce qui préscne le plus <strong>du</strong>meurlre. 'l ,) Le poète a dit:En versant le sang, ô ma voisine, on épargne l'effusion <strong>du</strong>sang et par le meurtre loute vie échappe au meurtre.[Dans cet ordre d'idées] ~Ioutanabbî3 a dit:La haule noblesse n'est pas à l'abri <strong>du</strong> dommage, tant que lesang n'aura pas coulé autoUl' d'elle.Un sage exhortait un roi en ces termes: « 0 roi, que tonglaive et ton argent soient tout..:\l'CC celui-ci sème desgens qui chanteront tes louanges, aycc celui-là, fauchefluiconquc se montt'cl'a ingrat. »Un homme vint trouver le Prophète (les bénédictions etle salut d'Allô.h soient SUI' lui) et lui dit: « 0 Apotl'e (1';\1­lâh, j'ai commis l'a<strong>du</strong>ltèt'e. punis-moi donc scIon que laloi l'exige. » Le Prophète se détourna de lui et prit àdroite. Mais tournant autour de lui, l'homme se troUVll enface de lui et lui répéta ses paroles. Le Prophète se détournade lui une seconde fois. L'hommc répéta encol'eses paroles et réclama une punition. Le Prophète, qui répugnaità le faire périr, lui dit comme pour lui indiquer ce(IU'il den\it répondl'e: « Sans doute tu t'cs borné à don-1. VOI'an: Il, 17;J. Ge Yel'sel <strong>du</strong> QOI'3n esl souvent cité pal' les auteul's11I'ahe;; comme un exemple


no72 ,


HISTOIRE DES DY:XASTIES MUSUUIA:XES 7l!son cœur. C'est là un deg"é difficile a atteindre, auquelne parvient que celui qui est assisté par la Providence. 61On a raconté qu"AB (SUl' qui soit le salut!), dans un descombats qu'il liVl'a, ayant renversé un homme, s'assit sur sapoitrine pour lui trancher la tête. L'homme lui cracha auvisage. ; 'A~i se leva et le laissa, et comme on lui demandaitpOUl'quoi, après s'être ren<strong>du</strong> maître de cet homme, ils'était levé de dessus sa poitrine et avait renoncé à le tuer, ilrépondit: « Lorsqu'il m'a aaché au visage, la, colère s'estemparée de moi et j'ai craint, si je le tuais, que ce ne fliten partie pour satisfaire, ell versant son sang, ma colère etma fureur. Or, il ne me plaisait pas de le tuer pour unmotif


7tA[lCIIIVES l\IA[lOC.\I:"E8Lorsque le roi consacre son temps au diverlis!;ClnCnL, prédisà son royaume le malheur el ln mort.Ne vois-Lu pas le soleil dans le signe de la Balam~e, comme ils'abaisse quand yienlle soir? C'esl que c'csllà la conslellllLion62 <strong>du</strong> plaisir el de la joie l,Jamais un roi n'éprounl, <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> plaisir et <strong>du</strong> jeu,défaillance pareille il celle de Djalâl ad·Diu fils de Khârezmchâh2 , l';u effet, 10I,,,qu'il prit la fuite devant les Mogols,ceux-ci se mirent à sa poursuite, A peine était-il partid'une ville qu'ils y arrivaient pOUl' faire halle, I~tait-il lematin dans un endl'oit, le soir on les y voyait arriver, toujoursacharnés à sa poursuite, Djalâl ad-Din, cependant,buvait <strong>du</strong> vinsans cesse; attentif aux sons de la OlHe et <strong>du</strong>tambourin, il ne s'endormait pas qu'il ne flÎt ivre, il ne seré"eiIlait que la tête troublée encore des fumées de lïuesseet alourdie par le vin. Ses troupes diminuaient chaquejour, et clla(luejour sa situation s'ébranlait davantage. D'uninstant à l'autre son esprit s'engourdissait de plus en pluset sa finesse s'émoussait. Il n'eut conscience de sa situationet n'y fit attention que quand son poète favori lui eutadressé ces deux vers [en persan] :Le roi 'lue l'ivresse alom'dit, que veuL-il? Se leverIl est Loujours ivre, que ~ésire-t-il? Se lever.Le roi est ivre, le monde tombe en ruine, l'ennemi est der·nous el devant.Il esL clair que <strong>du</strong> milieu de Loul cela le roi veuL se lever.rii~reParmi les rois auxquels le jeu et le plaisir ont porté p"éjudice,ou doit compter Moul.wmmad Amin, fils de Zoomenlé, cr. DnOCIŒUIANX, Gesch. dei' arab. Lill., l, 2ia i CL. HUART, llisl. dela Lill, al'abe, p, 106; DE IlAmIER-PUR(;TSALL, Lill. Gesch. der :trabe,', V,48~ ; ION KIIALLlK.(:N, Wa{al/dl al-a'l/dn, notice 481.1. Surtoul ln lIIusique ; e'e",t le sens restreint <strong>du</strong> 11101 -'~.2. Yoyez ci-des~us, p. ,i:l et noIe 3.


H1STOITlE DES DY:"ASTIES Ml;SUUL\:-\ESbeida '. Il aimait fort le jeu et les divertissements et était 63adonné à tous les plaisirs. On l'apporte qu'il joua lin jourau ll'ictrac avec son vizir Fa


7UARCHIVES lIIAROCAINESfurent jetés aux portes <strong>du</strong> palais <strong>du</strong> khalire avec des vcrsdont voici quelques-uns:Dis au khalife: Tout doux, il t'est arrivé ce qui n'esl pas faitpour te plaire.Voilà que fondenl sur toi Loules sorLes d'élranges malheUl's.Lève-Loi donc el prends des résolutions éncrgiques, ou bien lemalheur cL la gucrre fondronl sur loi,Avec le dommage, le déshonneur, la captivité, les coups, le pillageel le vol.Un poète de l'époque de Mousta 'l;lim a dit aussi, à cepropos, une qa!;llda dont voici le commencement:o loi qui m'interroges et désires entendre la pure vérit~,écoule-moi, car j'ai J'objet de tes récherches et je dis des vers.Hélas 1c'est la perte <strong>du</strong> peuple et de la vraie religion! MalheUl'cuxBaghdl\dz, quc de coups il reçoil des vicissitudes <strong>du</strong>sort 1Déshonneur, massacre, événements qui fonl blanchir'la têtede l'enCant, supplices, prison 1 165 Tout cela ne l'empêchait pas de passer tout son tempsà écouter les chants, à entendre les luths à trois cordes et 2à deux cordes, pendant que son empire croulait de toutesparts!Parmi les traits célèbres qu'on a de lui, est celui-ci: Ilécrivit à Badr ad-Dîn Lou'lou's, prince de Mossoul, pour luidemander une troupe de musiciens. Sur ces entrefaites,arriva à la cour de Badr ad-Din un envoyé <strong>du</strong> sultan HolÎlâgoùqui réclamait de lui des catapultes et des machinesde siège. Alors, Badr ad-Dîn s'écria: « Considérez cesdeux choses qui me sont demandées et pleurez sur l'IslâmeL les Musulmans! "1. Littéralement: liens de prisonniers.2. Lisez J1.4I.", avec la conjonction, conformément au manuscrit A.3. Voy. ci-dessm;, p. 7, noIe S.


fIISTOtRE OESOYXASTrES MUSUUJAXES 77Il m'est revenu que le vizir l\Iouayyad ad-Din Mouham·mad fils d'al-'Alqami 1, dans les derniers temps <strong>du</strong> règnede )Iousta '~illl, répétait continuellement ces vers:, Commenl espél'er le bien d'un peuple qui a per<strong>du</strong> entièremenlla volonlé d'y atteindre?Celui il qui on obéit n'a point de rectilude dans le jugementel celui flui parle en homme de bon sens, on ne l'écoute pas 1On a dit: Il Deux conditions conviennent seules à l'hommeparfaitement sage: Qu'il pousse l'ambition <strong>du</strong> pouvoir àses del'llières limites, Olt «u'il y montre l'abandon le plusahsolu, IlSi tu n'es pas un roi obéi, sois un escla\-e obéissant il sonCréateur,Si lu ne peux, ainsi que tu le désirerais, posséder le monde entier,abandonne-le tout entiel',C'est ici le lieu de contel' une histoire ([ui renferme 66tout l'appal'eil <strong>du</strong> gouvernement, On a raconté qu'Aboli­Tâlib al-DjarrâbP l'écrivain:1, le meilleur écrivain de sontemps et le plus plein de talent, alla il Rayy 4, auprès d'Ibnal-'Amid ;'. )lais il Ile trouva pas chez lui un bon accueil1. Sur ce vizir cie Mousta'!?im, voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction cO.Tespondanleaux pnges 4;;.; et suiv. Voy, aussi ce nOIl1 à l'Index,2. Une note marginale <strong>du</strong> manuscrit A, qui n'émane ni <strong>du</strong> copiste ni del'auleur, ajoule que l'elhni'iue de ce pe.',;onnage est al·illa/ck( (de LaMecque). Je ne ,trouve aucun renseignement SUI' ce pel'>'onnage.3. I{(}lib. On entend surtout par eelte épithèLe la connaissance <strong>du</strong> styleel <strong>du</strong> prot.oeole ndminislratif, l'inch/l, nu poiuL que, .Ians cerLains passages,on peut parfaitement lm<strong>du</strong>ire ce mot, pal' seCl'étaire ou rédacteurau dilNln.4. C'est la capitale bien connue de la province <strong>du</strong> Djibâl. cr. BAR81ERDF.lIh:YNAnD, Diction. géogr., p. :17:1 et suiv.5. l\fouJ.llImmad fils Ile l,fousain, fils de Mou~)alllmad, sUl'llommé Ibn01- 'Amld, était \'ÎzÏl' <strong>du</strong> sullan bouylde Houkn ad-Dalila Aboù 'Al! IJnsan.Il a laissé la réputlltion d'un très grand écl'ivllin et "on assure qu'il était,également versé .'an8 la philof'0J'hie et J'astronomie. Sa réputation élaittclle qu'on c\i811il après sa mOI" : " L'art d'écrire a commencé avec 'Abdal-l:Iamid et a nni avec Ibn al- 'AlI1id, .. l! moul'u~ li Bagbdâdz ou il Haryen 31iO, ou selon A';\-:;;:\bl en il,;!! de l'lIégire. Voy. sa biogTaphi~ dans9 •


j8 ARClilVES MAROCAI:"IESni ce (IU'il aimait. Ille quitla donc et, gagnant l'Azerbaïdjùn,s'établit auprès <strong>du</strong> roi de ce pays, roi plein de talentset d'intelligence. Lorsque ce prince l'eut interrogé et eutreconnu son mél'Ïte, il lui demanda de rester auprès delui et le traita avec une gl'ande générosité. Aboù-Tâlibétant donc demeuré chez lui dans la plus heureuse dessituations écrivit à Ibn al-'Amid, lui reprochant son ignorancequi l'avait méconnu et lui avait fait perdre un hommetel Clue lui. Voici un passage de sa leUre:Il Dis-moi, qu'alléguerais-tu si on te disait: Pourquoi astuété nommé chef <strong>du</strong> gouvernement, e.t si on te disait:Qu'est-ce que le gouvernement? Saurai!'l.tu répondre ceque c'est? Gouverner, cela veut dire {lue la pOI'te <strong>du</strong> détenteurde l'autorité sera consignée quand il le faut et oun'l'tequand il le faut, que la salle de son conseil seraremplie des hommes les plus éminents, que ses bienfaitsatteindront chacun. Cela veut dire que sa .bonté sera débordanteet son visage épanoui. Que son serviteur serapoli, que son huissier aura des manières nobles el ne serapas renfrogné, que son portier sera aimable, {lue son argents'écoulera en pl'ésents, qu'il distribuera les mets de satable, que son in{1uence sera mi~e au sel'vice des autres,que son carnet de notes sera tout noirci de la liste desdons, des récompenses et des aumônes.\( Mais toi, ta porte esi toujours close et ton prétoire esttoujours vide; tes bienfaits, on n'a aucun espoir d'yatteindre, et pOUl' ta hienfaisance, on ne peut l'espérer.Ton serviteur est désagréable, ton hui9sier est maussade,ton portier est grognon. Ton argent est caché dans l'étoilela Chèvre 1; ton carnet de notes est farci d'ordres d'appl'é-1111'1 IÙIALLlI\ÀN, Wafaydf, éll. \\li"tenfehJ, nolice jOjo Le manuscril ar'abede l'al"is, n° :"i860 (KIIALiL IIIN AIIIAI\ a~-!;lA"'ADi, .lI \l'dft bil'/I'a{ayd/) COIItientau folio 2·fli 1'0 une intéressante notice SUI' I:e PC1'"ollllage.1. C'cst, d'apl'ès les lexicographes al'abes, un petit ash'e d'ullc lumit'I'el'ouge, uu-dcssous des Pléiadcs cl fi dl'oile de III Yoie Luctée. CI'. le


I\ISTOIRE DES DY:,\ASTIES Ml'SULMA:'\ES ï9hender celui-ci, de faire périr celui-là, de bannir cet autre. 67Par AlIâh, n'es-tu pas tout entier dans cette description?Si je n'avais foulé le tapis de ta demeure et mangé de tonpain, je répandrais celte lettre dans le public, mais jeveux te tenil' compte de ce que je viens de dire, et nuln'a connaissance de cet écrit si ce n'est Allâh et toi. Pourmoi, j'en jlue par Allâh (et ce sel'ment, je le répète et lerépète encore), je ne garde de cette lettre nulle copie pardevers moi; nul autre cI'éatlu'e que moi ne l'a vue, ni n'ena pris connaissance, Détruis-la donc quand tu eri aUl'aspris connaissance et supprime-la, Que le salut soit surquiconque suit la voie droite I! »Il faut que le roi rende le bien pour le bien, et le mall'our le mal, afin que ses sujets soient toujours dans l'espé­J'ance de ses bienfaits, dans la crainte de ses rigueurs,(luelle est helle la purole de Nâbigha'! s'adressnnt dansce sens à Nou'mtlll fils de~Ioundzir 3 :Celui 'lui t'obéit, aide-le en raison el ùans la mesure de sonobéissance et guide-le dans la bonne voie.Quant au rebelle, poursuis-le d'un châtiment qui réprime litl'évolle i mais ensuile ne l'abandonne pas à un sentimenl dehaine'."louMI al-mou/:lfl et le l'ddj al-'al'otls, s. P. " Il appa"ait au deI nvantlcsGémeaux et a reçu son nom (elllp~c"eUr) pal'ce (lu'i1 empèche Aldébaran(le se "encontrer avec les Pléiades" (Tddj).l. Qomn, XX, 19.2. Nâbigha Ozobyâni, poète de l'Arabie païenne, étail 11l~ dan,; le,; endrun",de l:.z Mecllue el vécut il Hira et il D:.zIll:.zS, louanl d3n,; ses "el'';,t:.znlÔt le,; l'ois de Hira, comme les Moundzirs elles Nou'mt1/l Llbotl Q(lbotls,t:.znt';l les princes Ghas;::.znide;:, de Damas. Il moul'Ut qlH'''llIe lemps3\'anl 13 prédication de M:.zhomel. Yoy. BROCKEUIANN, Gesell. der (1mb,Lill., 1,22: CL. H{;ART, Hisl. de la LW. arab~, pp. 11-12; l{iMb al-aghâ/ll,Index, pp. 663-6M j DE IIA)IMER, Lifleraful'gescllichf~der .Iraber, r. :H2; InN',10T.\IIlA, Liber poellÎs el pOelal'llnt, 70 à 81.il. '·oy. éi-dessus, p. H, note 2.1. Ndbigha, éd. el tralluclion II. Del'enboUl'g, l, 21 et 2ii: Ill:" l,,'onm.\.op. cil., fl: S. DE SACY, Chresl. al'ab~, Il. p. -\06. ,


80 ARCHIVES MAROCAINESLes Persans ont dit : Il L'abaissement de la royauté,l'insolence des sujets, la ruine des pays proviennent dece qu'on néglige de promettre et de menacer. liIl ne convient pas, non plus, qu'un grand roi se glorifiedes ornements d'emprunt de la royauté, tels que les pré-68 cieux trésors amassés de longue date et les jolies acquisitionsrécentes que sa main a saisis ou que son gardemeuble,renferme. Car ce sont là des babioles sans réalitéaucune et qui ne doivent avoir aucun attrait pour un espritcultivé.Et de même, il ne convient pas au roi de mettre sagloire dans ses ancêtres. Il doit la placer dans les talentsqu'il a acquis, dans les qualités naturelles qu'il a portéesà la perfection, dans les disciplines dont il a su profiter,dans les connaissances qu'il a su développer.Un riche se vanta devant un saKe de ses ancêtl'eRd'une part, d'autre part des ornements d'emprunt qu'iltirait des richesses qu'il avait acquises. Le sage lui dit:Il Si ces choses sont glorieuses, c'est à elles que doitappartenir la gloire, non à toi; si tes ancêtres sont aussiillustres que tu le dis, la gloire en est à ,eux, non àtoi. » .Al-'Asdjâdi a dit: (( Il y avait un sage qui, lorsqu'on luifaisait l'éloge d'un homme, demandait : Il Est-il le fils deIl ses œuvres, comme 'I~âm (i~dmt) ou ne vaut-il que parIl ses ancêtres (';~dmt). » Si l'on répondait: (1 C'est un véritable'I~âm », notre sage le prenait en estime. Si l'on répli­({uait: « Il doit tout à sa naissance» ('i~dmt), notre sagene lui prêtait aucune attention.La formule de la question: « Est-il le fils de ses œuvrescomme 'Jf?âm? 1 » fait allusion aux vers <strong>du</strong> poète:1. Voyez HARTWIG DERENDOURll, Ndbigha, p. st; DE SACY, Chres/. a"., Il,l'p. 632 et 633; FflEYTAG, Araburn proverbia, Il, p. 74f; IJARIR/, Séances,2' éd., p, 297; Ki/db al-aghdni, IX, 160 et suiv. Ce 'I~Am étaU chambellan<strong>du</strong> roi de IIlra, Nou 'ml'n. l\fAlDA.Nl, Proverbes, éd. <strong>du</strong> r:aire Il, 3-10.


RlSTOmE DES J)Y:-;ASTIES MUSULMANESHlLa vel'lu d"r~âm a anobli 'r~âm; Elle lui a enseigné il !'evenirà la charge el à allaqucr avec audace,Elle en a fait un roi magnanime., C'est-à-dire: C'est par son intelligence et par sa vertuqu'il a conquis l'autorité,La seconde partie de la formule: « Ne vaut-il que par sanaissance ('i~dmî) ? Il signifie qu'il mettait sa gloire dansses ancêtres, c'est-à-dire dans des os Ci.?dm) cariés,Al-'Asdjâdt dit un jour à l'un des amis d'Ibn al·'Amfd 69Dzoû-I-kifâyatain t : « Coriunent trouves-tu Je vizir? -Je trouve, répondit l'autre, son bois sec, ses accointancesdétestables, ses opinions religieuses impies, »AI-'Asdjâdl reprit: Il N'as-tu donc pas vu cette magnificenceet cet éclat, cette pompe et ce faste éclatant, cepalais splendide, ces tapis pr.écieux, et ce cortège brillantqui l'accompagne? » Cet homme répondit : « Le pouvoirne constitue pas les qualités requises pour mériterd'être chef, ni le sultanat la noblesse de l'origine, non plusque la chance n'est la vraie gloire. Où sont les visiteurset les solliciteurs? Où sont ceux qui viennent pleins d'espoirou pleins de reconnaissance? Où sont les panégyristessincères? Où Sont ceux qui partent satisfaits? Oùsont les présents et les faveurs qu'il accorde? Où sont lesmanteal;1x et les robes d'honneur? Où sont les cadeaux,QÙ sont les festins donnés en l'honneur de ses hôtes? Arrière!arrière! Les qualités de chef suprême ne s'obtiennentpas par des babioles, pas plus que la noblesse ne s'acquiertpar des fariboles. N'as-tu pas enten<strong>du</strong> la parole <strong>du</strong>poète:1. Ki[l1yatani, les deux capaci\,és, l'épée el la plume, L'homme aux deuxcapaeiUs mourut en 3(iO (970); Cf. DE HAMMER, Lilleraturgesehiehte de,. Araber,V, pp. nO-l14, 631-633. Il litait vizir de Roukn ad-paula Je BoOylde.D'après WEIL, Geseh. der Chali(en, III, p. 2-1, ce vil.ir serait mOl·t en SOli(976). Cf. Yutlmat ad-Dahr, III, pp. 25-31. C'est Je fils "'après Tha'âlibi. Voy .• aussi 10:'( KnuLldN, Wa(aydt, éd. Wüslenfeld, nolice 707 (celle notice,où il esl mentionné, concerne son père).AR'":n. )IAROC. 6


8t ARC1I1VES l\'AnOCA':'\E~o Abo(\ Dja 'rar " la supl\riorité pOUl' l'homme ne consisle pa>:l'I se laisser aller à un contenlemenlexccssir de soi-même,Ni dans l'agililé de son cOUl'sier ou la magnificence de ses vête·menls.Elle consiste à hien agir envers les aull'es hommes, à déployerla plus noble, la plus éclatante génél'Osité.L'autcm de ce livre (Allflh lui accorde la prospé"ité etle garde de toute laideur !) a dit dnns le même sens:70Ln supt-l'iorilé de l'homme SUI' les autres hommes ne se manifesleni dans des vêtements, ni dans une habitation, ni dans unemule, ni dnns dci"- harnais 2 •La supériorité ne se manifeste que tians la sollicitude que l'ontémoigne à un voisin, à un purent, à un ami, Ù un seniteur.Il Y n, dit-on, cinq variétés de gouvernements: le gouvernementde la maison, <strong>du</strong> village, de la ville, de l'armée,<strong>du</strong> royaume. Quiconque gouverne hien sa maison, saurabien gouverner son village j celui qui aura bien gou\'erné ;son village, gouvernera bien sa "ille; celui qui aura sugouvernel' sa ville, saura diriger l'al'mée ; celui 'lui aul'3l'lU dirigel'l'armëe, saura gouverner le l'oyaume.Pour moi, cp-s conséquences ne me semblent pas nécessaires:car combien de gf'ns <strong>du</strong> peuple (lui gouvernenthien leur maison et qui n'alll'aient pas la force nécessail'eil la con<strong>du</strong>ite des gnllldes affaires publiques; combien derois n'a-t-ol1 pas nt gouvel'ner hien lelll' royaume et malgouverner leur maison?Le royaume est défen<strong>du</strong> par l'épée et gouverné pm' laplume. On a discuté lecluel est supérieur et mél'ite


IIISTOIRE DES DYNASTIES ~n:St'UIAl'\ES 83Quelques-uns sont d'avis flue la plume l'empol'te surl'épée et allèguent, à l'appui de leur opinion, que l'épéeprotège le qalam, et se comporte à son égard comme ungardien et un serviteur. D'autres prétendent que c'est àl'épée qu'appartient la prépondérance: ils soutienent qllele qalam est le sen,iteur de l'épée, puisque c'est lui (luiassure la solde à ceux qui portent l'épée; il est donc pourainsi dire il son service. D'autl'es, enfin, ont dit: « Le qalamet l'épée sont tous deux SUI' Je même l'illlg et ne peuventse passer l'un de l'autre. »On a dit: I( Le royaume est fertilisé pal' la générosité; lajustice le rend prospère, l'intelligence l'affermit, la bl'a­VOure le défend, l'autorité le dirige. » On a dit nussi: (1 Labravoure convient au détenteur <strong>du</strong> pouvoil'. »Yoici quelques-unes des recommandations que font lessages: « Ne fais la guerre il ton ennemi qu'après avoirépuisé tous les autres mo}ens. Saisis l'occasion alol's que '71lu en es le maître. Confie les affaires il ceux qui en sontcapables. Chevauche-l-on sur le dos de la précipitation.l'on ne sera pas à l'abri des faux pas. Celui qui tient tète ilun ennemi, en face <strong>du</strong>quel il se sent impuissant, doit leménager, le flatter, s'humilier deyant lui jusqu'à ce qu'iléchappe à son étreinte par un moyen quelconque desalut. »On a dit: «Il convient que Je roi use de ménagellleutsenvers ses ennemis et envers les frères de ses ennemis.Par sa hienveillance prolongée, il dés31'mera leur hostilité.S'ils y persistaient après les marques de sa bienveillance,pal'mi ces .lluteUl'S, le fameux poète Djllmâl ad-Din Ibn :'\oub:\lll (moI" en ;68= 131l6l. Ilui a décrit la lulle entre l'épée et III plume dlln5 un opu>'culeintitulé: Mou/'ilillaral as-saif lI.'al-qalam. SUI' l'autcUl' et rœUHe. voy.nnoCIŒL)IA~:'l', Gescll. der arabise/lell Lill., Il, 10 et 12, Une inlüci's:lntehiographie de cet auteur se Il'oU\'c dnns le mallusc/'il QI·abe. de Paris,no 581i0 (:;iAFADi, ,ll-wtl{l bil-wa{ay,1l), 1'. 10! " •. lia 1'0, Un aulI'e nuleUl', quia écl'it SIlI' la même que",'ion, csl le lllaIlVlli.~ géog'l'aphe, IlIl1is bon poèteID:"I AI.-\\',\IIDI (mort ~II il!) = 13!!I), Cf. BROCKEl.)"':":'l, op, cil., Il, HO.


84 ARCIIIVES MAROCAINESï2ils seraient injustes envers lui; or, « celui (lui est victimed'une injustice, Alhih le fera triompher 1. »Un sage exhorta en ces termes un des rois les pluséminents: « Le monde n'est qu'une série de vicissitudes.Les avantages qui te reviennent, tu les obtiendras en dépitde ta faiblesse; le mal dont tu dois soulTrir, tu ne peuxle repousser par ta force. Le mal est redoutable, mais lesage seul le redoute; le bien est désirable, et chacun ledésire. Som'ent., il arrive que le bien se présente 2 <strong>du</strong>côté où J'on présume le mal, et le mal se présente <strong>du</strong>côté où J'on at.tend le bien. Il Cette idée est empruntée à laparole d'Allâh : « Peut-être montrerez-vous de l'aversionpour une chose, alors qu'elle vous est avantageuse, etpeut-ètr'e montrerez-vous de l'inclination pour une chose,alors qu'elle vous est nuisible. Allâh sait; mais vous,vous ne savez pas 3' 1)C'est ici le lieu de rapporter une anecdote: NOIlr ad-Din 'l, le. maitl'e de la Syrie, ayant ordonné à Asad ad-Din 'Chîrkollh:' (le Lion de la Montagne), oncle de ~alâl). ad­Din YOIlsouf, de se rendre en Égypte pour unealTaire pourlaquelle ill'nait désigné, Asad ad-Din Chîrkoùh lui dit:« Maît.re, je ne puis rien à cela, à moins que YolÎsouf monneveu (il voulait dire ~alàl). ad-Din) ne m'accompagne, "Le narrateur a rapporté: « Noùr ad-Din ordonna donc1. Qoran, XXII, 592. Il faut lire dl;" à la 5' forme au parfait L'édition a suivi le ms. arabeA, en donnant le hesra au 2' 1


II\STülRE DES J)Yr\ASTlES l\IUSUUIA:"ES 8:;à ~alâl,1 ad·Din de se mettl'e en l'Oute en compagnie de sononcle Asad ad-Diu ChirkoMI. ~alâl) ad-Din lui demanda déle dispenser de cette expédition et lui dit: « Je ne suis paspréparé. Il Noùr ad-Din donna alors des ordres pour qu'onlui p.cartât tous les obstacles et le força à partir. $alâbad-Din lui-même a raconté: « Alors je sortis avec mononcle bien malgré moi. J'étais comme quelqu'un qu'oncon<strong>du</strong>irait au supplice l, Puis, lorsque nous ftllnes arrivésen ]~gypteet que nous y flÎmes demeurés un peu, je m'em_parai de l'Égypte comme on le sait.. liEn elfet, ~alâl) ad-Din s'emparade l'Égypte et son empil'e. s'étendit au loin; même il devint ensuite maître de la Syrie,et cela te sera exposé avec détails et commentail'eslorsque je parlerai de la dynastie 'abbllslde 2, s'il plaît àDieu (qu'il soit exalté 1) et s'il nous y assiste.On a dit : « L'ennemi, il en est de deux sortes: l'ennemiqui t'a fait <strong>du</strong> tort et l'ennemi à qui tu en as faiLPOUl' l'ennemi à qui tu as fait <strong>du</strong> tort, ne t'y fie pas et gal'Je.t'en le plus que tu pourras..Quant à l'ennemi (lui t'a fait <strong>du</strong>tort, ne le crains pas beaucoup, cal' il se peut que, honteux<strong>du</strong> mal qu'il t'a fait, il s'en repente et revienne àl'état où il te plaira de le voir. Et s'il persiste à te faire <strong>du</strong>mal, il t'en fera bonne justice, Celui à qui recourent lesopprim~s. '1Souvent un ennemi rend service et un ami est nuisihle.Alexandre a dit: I( :Mes ennemis m'ont servi plus que mes i3amis, parce que mes ennemis, pour me déshonorer, met·taient nies fautes en lumière et par cela même m'avel,tissaientde mes erreurs que je pouvais ainsi réparer. Mesl.uiltéralemerit: à l'abalfoir, à tendroil où l'on égOl'ge.2. J'ai adoplé la leçon <strong>du</strong> manuscrit A, qui est plus digne de foi. D'ailleurs,c'est bien à l'ocCalIion de la dynastie 'abbàslde que l'auleur faitmention de Saladin et de la conquête de l'Égyple. Il n'a nullemenl consatréune section de son livre à la .J}'Daslie ~alc11;1idl!, tomme le lui f:lit.Jir'e le copiste <strong>du</strong> manuscrit D, donl la leçon a élé alloplée pal' l'éditeur<strong>du</strong> lexte al'abe.


86 ARCIIIVES MAROCAl:'lESamis, au contraire, me fardaient mes erreurs et m'y encourageaient.» Le poète a dit :Personne ne m'a nui que ceux que j'ai fréquenlés. Dieu doncbl\nisse el l'l'compense Lous ceux qui me sonlreslés inconnus!On a dit à Alexandl'e : « Comment es-tu parvenu à un sipuissant empire à la OeUl' de l'âge? li Il répondit: « Engagnant mes ennemis et en m'en faisant des amis par desbienfaits et de bons traitements, en m'attachant mes amispal' les plus grandes largesses et pal' les honneurs les plusélevés. »Un sage a dit: « Rien ne réprime le mal de l'ennemitriomphant comme de s'abaissel' et de s'humilier devantlui, de même flue la tendre plante est, par sa souplessemême, à couvel't de la fureur de la tempête, parce qu'elles'incline avec le vent, quelle que soil la direction qu'ilprenne, »Les rois ne s'adonnent à rien avec autant de passion !.qu'à la chasse et à la vénel·ie. C'est ce SPOI't qui a donnélieu le plus souvent aux mots les plus curieux et aux anecdotesles plus étranges.~Iou'ta!?im était l'homme <strong>du</strong> monde le plus adonné, il la chasse. Il fit bâtir, dans le district <strong>du</strong> Petit-Tigre(Doudjail), une muraille de plusieuI's parasanges de longueur,et lorsqu'on organisait une battue, on la tenaitcomme renfermée et on ne cessait de resserrer le gibiel'jusqu'à ce qu'on l'etÎt amené à entrer derrière cette lllUraille.Pris entre cette mUl'aille et le Tigre, il ne restaitguère au gibier beaucoup de place. Lors donc que les ani-maux se trouvaient ainsi cel'l1és dans ce lieu, le roi y pénétraitavec ses enfants, ses parents et les hommes les plusimportants de sa suite, et ils se mettaient à tuer comme ilsvoulaient et à se divertir. Ils tuaient ce qu'ils tuaient etlâchaient le reste. On a raconté que Mou 'ta!?im fit marquerd'empreintes un grand nombre d'onagres, qu'il re-ïfJ


lJISTOIRE OES OY:'iASTIES MUSUUIAè\ESmit ensuite en liberté purce qu'il lui était revenu qlle cesanimaux vivaient très longtemps.C'ést ici le lieu de raconter une anecdote curieuse, étonnante.$afî ad-Din 'Abd al-Mou'min ibn Fâkhir d'Ourmia 1m'a raconté le fait suivant, qu'il tenait de Moudjâhid ad­Din Aibak le secrétaire adjoint z. lia dit: « Nous par'limesune fois pour la chasse à la suite <strong>du</strong> khalife Mousta'.l;lim. Nous organisâmes une battue non loin de Djalhama ;c'est un village entre Bagdhfldz et I.filIa. Peu à peu,l'enceinte se resserra, au point que ceux qui parmi nousétaient à che"al pouvaient saisir les animaux avec la main.C'est alors que parmi tous les onagres l'un d'eux sortit.Il était de forle taille et portait une inscription marquéeau fer rouge. Nous la lt'Ilues : c'était'la marque deMou'tal;lim. A cette vue, Mousta '~im le fit marquer de sonnom et lui rendit la liberté. De Mou'tal?im à ~Iousta 'l;Iimcinq cents ans 3 environ s'étaient écoulés. »Parmi les choses curieuses que j'ai enten<strong>du</strong>es touchantla chasse, est cetteanecdocte fJui me fut rapportée par unhomme instruit de Baghdâdz. Il me dit: Moul}ammad, filsde $âlil).le fauconnier, m'a dit: (1 Nous chassions un jour eü« présence <strong>du</strong> sultan Abâgâ 4 quand trois grues s'enyolè-1. Célèb,'e musicien, qui a laissé des tt'ailés sCÎl'nlifÎlllles sur "el art.BROCKELMANN (Gesch. der arab. Lift., r, 411li) dit que cet allle\ll' éCl'Îvaif l'cr",lioO de l'IIégÏl'e, Mais je lrouve dans KRALIL IB~ AIDAI( A~-$AFADI (Al- lV,if"bil-wafay


ARCHIVES MAROCAINES« rent perpendiculairement; nous lâchâmes un faucon. Ilcc s'éleva et, s'abattant sur la plus élevée des grues, la« frappa de telle sorte qu'elle tomba morte sur la deuxièmecc qu'elle assomma. Toutes deux tombant sur la troisièmecc l'assommèrent de même, de sorte (lue toutes les trois75 c( vinrent tomber aux pieds <strong>du</strong> sultan. Au comble decc l'admiration, il nous fit il tous de riches présents 1. IlLe vizir (~dltibr 'Alâ ad·Din a dit dans son livre DjihdnKOllc/ul.'1 : cc L'enceinte de chasse: 1 de Djenguiz kMn avaitune éten<strong>du</strong>e't de trois mois de marche. IlPour moi, il m'est impossible de. ne pas trouver celainvraisemblable.Les rois ne se sont pas passionnés pour la chasseavec tant d'ardeur, ils ne s'y sont pas adonnés avectant d'amour, ils n'ont pas dépensé tant d'argent pourles fauconniers; ils ne leur auraient pas assigné des fiefssi considérahies, ils ne leur auraient pas facilité l'accès au~près de leurs personnes, ils n'auraient pas enfin consacréla majeure partie de leur temps il la chasse pour un vainet futile amusement. En effet, la chasse comprend de nombreuxavantages, dont on peut tirer grand profit. Parmi cesavantages, et c'est le plus noble but qu'on se propose enchassant, c'est d'exercer les hommes de guerre à coul'ir, àrevenir sur leurs pas, à s'esfluiver obliquement, de les habituerà l'équitation, de les entretenÎl' dans l'art de lancerles flèches, de porter des coups avec le sabre etla massue, elde les affermir dans l'habitude de tuer, de verser le sang,de peu se soucier de répandre le sang et d':uracher la vie.tie,~,Une inléress:;mte notice biogmphiql1e de ce prince e!'ll donnée parAIIOÙ-L-MA~IÀSIN,dans le Manhal a$-~dri, mllnuscrîl arob(' de Paris, n° 2UH8,r· 37 "0 el v·.1. Lillél'alement : il nous ,'evëlillous de robes d'honneur.2. SUI' ce personnage, voy, ci-dessue, )J, 27, noIe 2,3, Voy, SUl' ce mot, QUATREMËIIE, Mamloûks, 1, l, 2,16; l, Il, 197,198,4. Je ne sais pas si cela doil s'entendre <strong>du</strong> diamètre ou de la circonférence;le mol..M1 s'accommode,'ail de l'un el l'autre sens,


JIlSTOmE m;s DY:-;ASTIES lIIUSULl\IA;'IIES 89Un second avantage, c'est d'éprouver la résistance deschcnux, de connaître leur agilité ct l'en<strong>du</strong>rance dont ilssont capables dans un galop prolongé.Un autre avantage encore, c'est que le mouvementqu'on se donne à la chasse est un exercice corporel quiaide la digestion et conserve la santé.Un autre encore, c'est que la qualité de la chair quedonne le gibier est supérieure à toute autre, parce ({ue,par l'état d'angoisse où le mettent les animaux de chasse',sa chaleur naturelle s'exalte et augmente ensuite la chaleurde l'homme.Cn médecin a dit: « La meilleure viande, c'est celle (<strong>du</strong> 76gibiel') que les animaux de chasse ont fatiguée. )lLa chasse, enfin, présente cet autre avantage qu'il s'ypl'o<strong>du</strong>it des coïncidences curieuses et étonnantes, commej'en ai déja dit quelque chose plus haut.Yazîd, fils de Mou 'âwya, était l'homme <strong>du</strong> monde leplus adonné à la chasse et toujours y prenait son plaisir.Il faisait porter à ses chiens de chasse des bracelets d'or etdes housses tissées avec <strong>du</strong> fil de ce précieux métal et ilassignait à cha.que chien un esclave pour le servÎl'.'Oubaid Allâh fils de ZiyAd 2 fit payer, dit-on, à un habitantde KoMa ftOO.OOO dinârs à titre d'amende qu'il plaça dansle Trésor public. L'homme ainsi dépouillé, quittant KoMa,se rendit à Damas pour se plaindre de sa situation à Yazid.Damas étaitalors la capitale de l'empire. Notre homme,arrivé aux pottes de Damas, s'enquit de Yazîd. On luiapprit qu'il était à la chasse. Il lui déplut d'entrer à Damasalors que Yazid en était absent. Il dressa donc ses tentesaux portes de la ville et y demeura en attendant que Ya7.idrevînt de la chasse. Un jour qu'il était assis· dans satente, tout à coup une chienne entra. Elle portait à1. Faucons, S3cres, guépards, chiens, etc.2. VOJ'ez SUI' ce personnage, plus loin, la tra<strong>du</strong>ction correspondanteaux pllges 1,,!1 el suivantes <strong>du</strong> lexie al'abe.1 a


90 ARCIIlVES ~IAROCAINESiises pattes des bracelets d'or et était couverte d'nnehousse (lui valait une somme considérable. Elle avait Lantsouffert de la soir et de la fatigue qu'elle semhlait prèsd'en mourir. L'homme reconnut qu'elle appartenait à Yazidet qu'elle s'ôtait égal'ée. Il vint donc à elle, lui présentade l'eau et prit lui·même soin d'elle. Tout à coup, un heaujeune homme, monté sur un beau cheval et revêtu de vêtemen~sroyaux, apparut dans un tourb.iIIon de poussière.L'homme s'avanç~antvers lui le salua. « N'as-tu pas vu, luidit le cavalier, une chienne passer par ici? - Oui, seigneur,lui répondit l'homme, la voici dans la tente; elle abu et s'est reposée. Elle était, lorsqu'ell~ vint ici, ren<strong>du</strong>ede soif et de fatigue. )1 En entendant ces mots, Yazîd descenditde cheval, entra dans la tente et regarda la chiennequi s'était déjà remise de sa fatigue. Saisissant l'animalpal' sa laisse, il allait sortir, quand le Koùfite lui exposasa plainte et lui fit connaître quelle somme 'Oubaid AlIâh,fils de Zi'yâd lui avait extorquée. Yazîd demanda un en:-'criel' et éCl'ivit pour notre homme un billet par lequel ilordonnait qu'on lui rendît son bien et qu'on lui fît présentd'lm précieux vêtement d'honneur. Cela fait, il prit lachienne et sortit. 1mlllédiatement, notre homme' repritle chemin de KoMa sans être mênle entré à Damas.Le sultan. Mas'oùd 2, lui aussi, était passionné l'our lachasse. Il hahillait ses c·hiens de housses de satin aux couleursvariées et leur faisait porter des bracelets. Il luial'rivait parfois de ne montt'er que peu d'égards envers;\mîn ad·Daula ibn at·Tilmîdz\ le médecin chrétien, bien1. Il fnlll Iil'e (,...4--)1 au nominnlil. conll'nil'ellleni à l'édilion qui luidonne la voyelle ·de l'nccu,;nlif, Les m3IlUSCI'iI" n'onl Iln8 de voyelle "UI'la del'llièl'e JeUre de ce mol. C'est ainsi que Dozy aussi compl'enait ce pn,,·snge. \"oy. son SI/pplém. au:v diel. arabes, l, ;'20, 1. 21. .2. Voy. pIn" loin la tl'a<strong>du</strong>clion cOl'l'espondanie aux p:l!-:es ·lOï··109 dnlexie 3l'3be.3. Ce médecin, dont le nom enliet' esi Amin ad-Daula ,\boù-I-I,IasnnIIihal Allah lIIs d·.\huli-I-fihan:\'illl ~l\'id, élait au sel'Vice <strong>du</strong> Idl3lire


IfJSTOtllE IlES DYNASTIES MUSt;LMA~ES 9lqu'il {l'tt homme de talent et d'esprit. Aussi ce médecinrécita-t-il \1Il joUI' ces vers:Celui qui habille son chien d'étoffes chamarrôcs ct se résignetrès hien il me voir ré<strong>du</strong>it il ma peau pour tout vêlement.C'est que, à ses yeux, un chien vaut mieux (Jue moi; de mêmeà IIIcs yeux, un chien vaut mieux que lui.L't~mit' Fakhr ad-Din Boghdi, fils de Qachtimour, m'a raconté:« l'Ion aïeul le roi Qachtimour 1, fil faire à la chasseune battue considérable 2, dans laquelle se trouva pris linhomme très petit, petit comme un enfant de cinq ans. 78Ses ongles étaient devenus d'une longueur exagérée, demême (lue les poils qui couvraient son corps. On le saisit eton le con<strong>du</strong>isit devant le kalife NfI~ir 3. On essaya de le fairepader, il ne parla pas. On lui présenta de la nourritlll'c, il nemangea pas; de l'eau, il ne but pas. On chercha par tousles moyens possibles à le faire parler. Il resta muet, sansprononcer le moindre mot. Un des assistants lui dit: « Quedésires-tu? » Point de réponse. Il reprit: Il \'eux-tu quenous te rendions ta liberté? » Le petit homme secoua latète, comme pour dire: oui. Alors Nâ~ir ordonna (lu'onle mit en liberté. Aussitôt qu'on l'etÎt lâché, il fit un bondde côté plus grand que ne refIt fail une gazelle, puis s'enfonçadans la campagne.On questionna Bou7.0urdjmhir 1 au sujet d'.Ardéchir!i. Ilrépondit :11 Il a passé la nuit il méditer la sagesse et le jourMou/l!ari à BaHIH.I:\dz. Il mourut en jjGO {= 11GJ), :\gè d'('ndron 100 ans. Sabiographie est donnée pal' In:'! K,\LL"(..~N, éd. \Viislenfeld. notice i8:~. Voy.la bibliogl'llphie(IHns BROCI\Et~IAN'" (;esclz. del·arab. Lill., l, 487; DE Il AA1­lolEn, Lill. (;esch. der Araber, VII, 2UU; .\Doll-L ·FARADJ, His/oire, éll. POt'ock,p. 31la cl sq.1. VOY. IlARTWIG DERENIIOUnG, AI-Fallhrl, intro<strong>du</strong>ction, p. ]2 ; In:'i AL­ATHiR, bit'on/con, X, Il, 170, ]83,218, 270, 271.28:1.2. C'e,:,t l'enceinte de chasse donl il a élé qucslion ci-dessus, p. Si ctnoIe :;.3. Voy. p)u>': loin, la h'a<strong>du</strong>clion correspondante :mx p:lgCS 1;13 ct sui\'.<strong>du</strong> texle l1I'uhe.4. VO~', ci-, p. 37, noIe 1.il. Voy. ci


\J2 AnCIHVES MAROCAINESà s'occuper de la politique. l) On lui demanda encore :« Pourquoi Cosroês étendait-il ses bienfaits égalementsurtout son peuple? II Il répondit: (( De crainte que ne luiéchappât celui qui en était digne. - Mais, lui dit-on alors,comment pouvait-il faire participer tous ses sujets à sesbienfaits? >J Il répondit: « Oui, certes; il avait de bonnesintentions à leur égard à tous et le fait de leur vouloir <strong>du</strong>hien était déjà une faveur qu'il répandait sur eux tous ".On a' l'apporté qu"Omar fils d'al-Khattâb a dit: (( Dieuexerce ses répressions par les rois plus que par ie Qoran >J.C'est, dit-on, parce que les hommes redoutent plus leschâtiments qui viendraient les frapper immédiatementqu'ils ne redoutent les peines futures. »Une chose encore, qui ne convient pas au roi parfait,c'est que, lorsqu'il est en compagnie, il parle trop de la79 table et des femmes, parce que, ce faisant, il risqueraitd'agir comme les gens <strong>du</strong> commun. Ceux-ci, en effet, nedemandent à la vie que des jouissances terre à terre; c'est '.à cela qu'ils bornentleur ambition et ils se soucient peu desgrandes affaires. Aussi, s'ils veulent s'étei-Idre sur quelquesujet, il ne leur reste à parler que des diverses sortes d'alimentset des divers genres de femmes.~\l.maf fils de Qais f a dit: « Dans nos entretiens, évitezde parler de la mangeaille et des femmes, car il m'estodieux qu'un homme' glorifie son ventre et, en célébrantses plus bas instincts sensuels, accuse un penchant abjectpour les femmes. IIAbrawiz 2 dit à son fils : (1 Ne traite pas tes soldats avec1. Chef de la tribu


IIISTOIRE DES OYN,\STIES ~IUS1;UIANES !J3trop de largesse : ils en arriveraient à se passer de toi; neles tiens pas trop serrés, car ils se lasseraient de Loi. Faisleurdes dons, mais juste le nécessaire; prive-les, maisdoucement. Fais-leur heaucoup espérer mais ne leur donneque peu.» l\Ian~oùr, ayant enten<strong>du</strong> ces paroles, y trouvaun texte favorahle à l'avarice dont il était possédé: « C'estlà la vérité, s'écria-t-il, et c'est bien le sens de cette parolede celui qui a dit: « Fais soufl"rÎl' la faim à ton chienet il te suivra 1. » Un des grands officiers, s'avancant alorsver's le khalife, lui dit: « I~mir des Cr'oyants, 'je crains(lue quelque autre ne montre de loin un pain à ce chien,(fui alors te quittera pour le suivre 2. ))On a dit: « Les soins que réclame le pouvoir sont plusdifficiles que le pouvoir lui-même, de même que savoirservir est plus difficile que servir. De même, les précautionsà prendre après qu'on a absorbé un remède sont plusdifficiles que ce remède; de même, les soins que l'on doitprendre pour accomplir' un bienfait coùtent plus de peineque le hienfait lui-même. L'homme investi <strong>du</strong> pouvoir doitdonc s'armer de patience contre les peines <strong>du</strong> pouvoir. IlUn des sages parmi les Turcs a dit: « Il faut que dansle chef d'armée se trouvent réunies dix des qualités afférentesà la nature de l'animal. Il doit avoir le courage <strong>du</strong>lion, l'impétuosité <strong>du</strong> sanglier, l'astuce <strong>du</strong> renard:l, l'en-HO1. Ce proverhe est donné par MAIDÂNi, Madjma, al-aTllflltU,' éd. deBoulâq, l, 145. Mais cet auteur le cite sous l'impératif de la secondeJ'orme t.~' tout en ajoutant que l'impératif de la quatrième est égale·ment employé. .2, En elTet, par son avarice, le khalife l\fan~oûr avait fini par mécontenterl'armée. Il y eut des insurrections qui lui donnèr'ent beaucoupde soucis, et c'est à la suite de l'une d'elles qu'il se décida, sur leconseil d'un vieux compagnon <strong>du</strong> Prophète, il faire passer la moiliéde son aJ'mée sur l'autre J'ive <strong>du</strong> Tigre, sous les ordres de son fils, pourqui il fonda ln vll/e de Rou!,lMa. Voy. le récit de ces éVénements, plusloin, dans ln tra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages 235 et suivantes tlutext.e arabe. '3. Locution proverbiale. Cf, l\fAJDÂ:o;I, Madjma' al-amlMl, éd. Boulâq,J, 279,1 0 •


\H ARC\JIYES MAnOCAINES<strong>du</strong>rance <strong>du</strong> chien à supporter les blessures, l'audace dépr.édatrice<strong>du</strong> loup, la vigilance de la grue, la générosité<strong>du</strong> coq, la tendresse de la poule pOUl' ses poussins, la circonspection<strong>du</strong> corbeau " la graisse <strong>du</strong> la'rad. » Ce ta'roIÎest un animal <strong>du</strong> Khorâsdn, qui s'engraisse en voyageantet en se faliguant. .On a dit: Il Parmi tous ceux qui briguent le pouvoir, lemeilleur est çelui qui par nature sait, en qui un discernenernentSIÎ.' est inné, qui a acquis la connaissance de cequi s'est passé dans le monde de vicissitudes des tempset de révolutions des empires, qui est habile à négocier(l\'ec l'ennemi, qui sait garde.' son secret, car il est le pivotde la politique de l'empire. Il doit' d'ailleurs étayerson jugement sur ceux des gens d'esprit. Car l'intelligenceisolée ne se suffit pas à elle-même. Il doit S'avoirréfléchir dans l'ambiguïté des divers partis à prendre, sedécider en présence de la diversité des sentiments pour ldécouvrir la vérité. »Quant à la résolution, c'est le fondement SUI' lequelon compte le plus pour la sécurité de l'empire. J'aurais dIimeUre cette qualité la pl'emière et en parler au début <strong>du</strong>livre (luand j'énumérais ses analogues, les autres (Itlalitésdignes d'éloges, mais l'intelligence comprend la résolutionet la suppose nécessairement. Il suffisait donc de mentionner1intelligence. Toutefois, il n'y a pas de mal à dire81 ici brièvement quelques mots de la .résolution. Le plusrésolu des l'ois est, dit-on, celui chez qui le sérieuxl'emporte sur le badinage, chez (lui les vues raisonnéestriomphent des passions, dont l'action interprète la penséeintime, celui qui par son libre choix ne contral'Îe passa chance et que sa colère n'entraîne pas à se départir desartifices qu'ira machinés.On disait aussi: (1 Celui qui parmi les rois doit être ré-1. Loculion pl'o\"cl'hil1lc. cr. MAIDÂNi, jUat/jma' al-amI1H11, " H)9.


IIISTOtnE OE5 J)Y.".\STIES MUSl:OIA XES "5puté résolu, c'est celui qui jette les yeux SUl' lui-même etse sUI'veille, de sorte que les gens ne sachent pas ses fautesmieux que lui-même. IlOn a dit aussi: « Le plus résolu des rois est celui (lui, parIn douceur, des manières adroites, affables et des moyenssans violence, amène ses sujets à prendre ses mœurs etses manières. »Il me vient à l'esprit que cette maxime renferme unsens caché et subtil: c'est (Jue les sujets, lorsqu'ils arriventà prendre les mœurs et les manières <strong>du</strong> prince, approuventpar cela même sa con<strong>du</strong>ite et tons les actes qui émanentde lui, puisqu'eux-mêmes les copient et les prennentpour base de leur con<strong>du</strong>ite. Personne alors ne peut blftmerla con<strong>du</strong>ite <strong>du</strong> prince ni le dénigrer, tandis que, si lesmœurs et le caractère des sujets étaient opposés et contrairesaux mœUl'S et au caractère <strong>du</strong> monarque, ils seraienttentés de le critiquer et de blùmer ses actes. Et c'est unsens caché et subtil contenu implicitement dans la maximera'pportée ci-dessus.On a dit: « Le plus résolu des rois est celui qui saitprendre ses décisions d'avance et sans se laisser préyenh'par la nécessité, et parer aU danger avant qu'il ne se présentemenaçant. 1)On dit à Alexandre: ( A quel signe reconnaît-on qu'unempire <strong>du</strong>rera? )l Il dit: «( Quand on apporte de la résolutionet <strong>du</strong> sérieux dans toules les affaires. » On luidit encore: « Et quel signe en présage la ruine? » Il répondit:« Le manque de sérieux. l)AnOlicharwân t a dit: ({ La résolution consiste à garder 82ce qu'on a sous la main et à laisser ce dont on n'a quefaire. ))Un autre a dit: ({Le plus résolu des rois est celui qui1. Voyez sur c.e prince InN AL-Arrrill, Chronicofl, l, 2!1I; ct sq.; )IAS'Ol;OI,PraÎl'ies d'or, Il, 19H et 5«.


96 ARCIIIVES MAIIOCAINESest malll'e de lui-même, qui gouverne ses qualités, CI uidompte ses passions et triomphe de ses suggestions intérieures.»• On a dit: « Il convient que la résolution soit la premièrepréoccupation <strong>du</strong> roi. Quand une affaire vient il se présenter,il faut alors faire preuve, en plus, de sérieux et(le zèle. »On d~t à un grand roi: « Lorsque quelqu'un vient tetrouver, nous te voyons lui accorder une longue audienceet souvent il ne le mérite guère. » Il répondit: « Ce n'estpas en une ou deux entrevues qu'on peut juger ce qu'estvéritablement un homme. Je le pratique donc longuementet je le soumets à un examen dans plusieurs entrevues.S'il se trouve être homme de mérite, je le distingue et lechoisis, et s'il est insuffisant, je le laisse là. »Un autre a dit: « Il ne convient il personne d'abandonnerl'esprit de décision pour un succès qu'aurait emportéun incapable, non plus qu'il ne conviendrait de le perdre'pour un insuccès qui serait venu affliger un homme résolu.»On a dit: « Celui que la résolution n'a pas mis aux premiersrangs, la mollesse le mettra aux derniers rangs. ))On dit à 'Abd al-Malik fils de l\farwân : « Qu'est-ce quela résolution? )' Il répondit: « C'est l'art de corrompre leshommes au moyen dè l'argent et de les gagner par cemoyen, car les hommes poursuivent l'argent comme desesclaves; partout où il se trouve ils s'y trouvent, et dequelque côté qu'il penche, ils penchent avec lui.Un roi dit à un sage: « Quand la confiance en un ennemipeut-elle être considérée comme de la résolution? »Le sage répondit: « Quand vous le consultez sur unequestion où vous êtes également intéressés. »~Iaslama 1, fils d'Abd al-Malik a dit: « Je ne me suisJ. Sur œ pcrsonnnge, voy. liil


IIISTOJRE ilES IlYNASTIES )Il!SUDIANES !l7jamais réjoui de l'heureux succès (l'une chose que j'avaisentreprise avec mollesse, je n'ai jamais eu à me repentird'une entreprise fâcheuse que j'avais abordée avec résolution.,)Parmi les devoirs J'un roi éminent, il faut encore compter:l'attention spéciale fl"e réclament les secrets, le soinde les conserver, de les tenir renfermés et de veillpr à ce


AllClIlVES )IAIlOCATNES1'1',proPI'f' sf'r-rd, plll~ Mroitl' elwore sera la poitrine de cclIIi qu'onaura pris pOlir confident. dl' Cf' secret '.On a dit: « Une seule personne Joit êtt'e dépositaire <strong>du</strong>secret <strong>du</strong> roi. Il En effet, confié il un seul, il a beaucoup plusde chance de ne pas (\tre divulgué, soit par cupidité, soitpal' crainte, Car, s'il est révélé, le roi saul'a de sciencecertaine que la divulgation pl'ovient <strong>du</strong> fait de cet homme,tandis Clue si ce secret a été confié à plusieUl's et ensuites'est troun;' divulgué, chacun des confidents rejettera lafaute sur l'autre. Si le roi les punit tous, il se montt'erainjuste envel'S tous, il l'exeeption J'un seul, et s'il renoncefI les punit', il>; s'enhardiront et se laisseront aller il divulguerses secrets. Le poète a dit:Ton seerl't, c'est celui qu'un uniqlll' confident connaU; leseel'et flue tl'Ois pl'I'sonnes connaissent n'est plus un secret.Si pOUl'tant le roi se voit contraint il confiel' son secret,fI plusieurs personnes, le mieux pOUl' lui est de le communicl'lel'il chacune de ces personnes en particulier, enlui recolllllHlIltlant la discrétion et en lui laissant croil'equ'il est l'unique confident. C'est le moyen le plus sill'pOUl' que le seCI'ct soit fidèlement gal'dé,t'n roi de PCl'se voulut consultet' ses minisll'es sur uneaffaire. L'un d'eux dit: « Il ne convient pas au roi de consult.erl'un de nous autrement clu'en particulier, car ceprocédé est le plus propre à garder le secret, le plus sagequant il l'avis il prendre, le mieux indiqué pour aboutil'heureusement, enfin le plus propre il garantir chacun denous contre ce tlont l'autt'e peut se rendre coupable. », Auculle) dynnstie ne se soucia de garder les secrets ct nep~ussa plus loin la CIiSCl'étion que la dynastie 'abbâsidc.011 peut citer sur Cf' chapitre des prodiges de la part deses pl'inces. Et combien de, fois ont·ils privé de leurs bien-1. cr. ~lAlDA.Ni, Madjmu' ul-umlhdl, l, 2t7.


IIfSTomE DES DY:'iASTIES I\fUSULMA NES 9!}faits ceux à qui ils les donnaient, que d'exécutions n'ontilspas ordonnées pour une pal'ole qu'on anlit rapportéeou un fait qu'on avait raconté.Il se passa sous le règne de Nâ~ir 1 une jolie histoire qu'ilne serait pas mau\'ois de rappelel' ici. Nà~ir :n'ait deux petits-fils,fils de son fils. Il leur avait assigné cn apanageles pays <strong>du</strong> Khoùzistân; ils s'y rendirent et y fixèrentleur résidence. Une nuit, Nâi?ir vint il penset' il eux et dé- 8&sira les voir, craignant que quelque aventul'e ne leuI' survîntdans ces régions. Il envoya tout de suite cherchel' sonvizir le Qoummite 2 et lui dit: « Envoie-leur sur-le-champ(Juehlu'nn (lui leur ol'donne de venil' à Baghdâdz ct n'en disrien à personne. )) Le vizil' se fit aussitôt amener un courrier,- il Y en avait toujours plusicm's qui couchaient chaquenuit il la porte dn diwàn. Chacun d'eux couchait avec !'laselle sous la tête de même tIue ses pro\'isions et l'argent destinéà son voyage. Il faisait même préalahlement ses adieuxà sa famille. Si pendant la nuit Une afl'ail'e d'importancese pro<strong>du</strong>isait, ce courrier partait pOUl' le set'vice de cetteaffaire. - Lors donc que le connier se présenta au vizil"celui-ci lui confia le message et lui dit: (( Pars il l'instantet prends garde que personne en sache rien. Il t'en coù·terait la vie. )) Alors le vizil' donna un ol'dl'o pOUl' qu'onlui ouvrît une des portes de l'enceinte de la ville:l, et Jecourrier allait quitter la dlle, quand, passanL dans unerue, il vit deux femmes


100 ARCIIIVES ~IAROCAINESil Dousta!' 1 cherchel'les fils <strong>du</strong> khalife. Celui-ci, en effet, acraint pour eux quelque malhcUl' et a désil'é les voir, cal'voilà déjit longtemps {IU'ils sont lit-bas. IlLe cOUl'rier, entendant cela, l'etoUl'lla tout de suite, surses pas, au diwân et demanda à être intro<strong>du</strong>it auprès <strong>du</strong>86 vizir. Celui-ci, npprennnt le reLoUl' <strong>du</strong> couniel', en fut fortalarmé et fit intJ'O<strong>du</strong>ire le courl'Ïer, il qui il demanda pOUl'­quoi ce 'prompt retour, « Seigneur, lui répondit le courriel',il vient de se passer dans telle J'ue telle et telle chose..rai craint alors lilie, moi p:u,ti, cette nOll velle ne se répandît,(lue vous ne doutiez pas (pIe ce flH moi qui l'avais divulguéeet


HISTOIRE DES DYXASTIES MUS(;LMArŒS 101rite: cc Je veux que tu me désignes sur l'heure un hommepieux et fidèle, qui puisse être le dépositaire d'un secretafin que je lui confie un message yerbal et confidentielpOUl' qu'il aille le pOl'ter au khalife en pat'tant tout de suite.»Ibn al-Athir réfléchit un instant et dit: cc Seigneur, je neconnais personne qui soit tel que YOUS yenez de dil'e, 87si ce n'est mon frère t, - Eh bien, ya lui apprendre cela etenvoie-le-moi pour que je lui parle moi-même et qu'ilparte aussitôt. »l\Iadjd ad-Qin s'en fut chez lui, raconta à son frère cequi s'était passé chez le sultan et lui dit: Cl Mon frère,par AIlâh ! je n'ai porté ~le témoignage en ta faveur que dece que je sais de toi. Rends-toi donc aux ordres <strong>du</strong> sultanet conforme-toi à ce qu'il te dira de faire. » Le fl'ère deMadjd ad-Din ibn al-Athir alla donc trom'er le sultan,qui lui confia son message et lui dit: (( Tu yas partir surl'heure. » Ibn al-Athil' s'en alla chez lui faire ses adieuxà son frère. Ille trouva debout qui l'attendait dans le vesti·bule. Madjd ad-Din lui dit Cl : Le sultan t'a confié le message?- Oui, répondit le frère, - Et qu'est-ce? - Monfrère, répondit l'autre, tout à l'heure tu témoignais en mafaveur, auprès <strong>du</strong> sultan, de ma religion, de mon honnêtetéet de ma fidélité à garder un secret; convient-il que,aU$sitô~ après, je te fasse mentir? Le sultan m'a dit unechose que je ne redirai qu'à celui à qui il m'a ordonné de ladire.•}\ Le narrateur ajoute: « Alors l\Iadjd ad-Din pleuraet pria AllAh de bénir son frère. »Parmi les vers qu'on a récités .au sujet de la fidélité àgarder les secrets, on peut citer ceux-ci d'AI-I~amâsi :. Combien d-hommes sincères dont je ne dis pas les secrets desvoyez Dnor.IŒUIANN, Geseh.de,. arab. Litt., l, 357; CL. HUART, Lill. arabe,p.229.1. 'Izz ad-Din, le célèbre historien (t 1233), trop connu pour quïl soitbesoin de donner une noUce sur lui. Voy. la bit.liographie dans DnocKEL­MANN, Gesch. der arab. Lill., l, 345: CL. Ht:ART, Lift. arabe, p. 206, elc.


102 ARCIIIVES )IAIlOGAINESuns allx 31111'1'15, mais que je gal'de, al.\ eonlt'nire, 1.0l.\S ensemble.ChafJue homme a dnns mon cœur un chemin largemenl. 011­"cri, ct un l'ndroil. où se confienl.les secrels, qu'on ne pl'ul. cspl~l'crconnallre,Ils sonl. dispcrsrs dans les pays, Inllliis 'lue leur secl'el esl. SOIISun rocher que les hommes s/)nl. impuissanls il fendre,RROn peul encol'e ('ilet', pnl'lni ce flu'on n dit de mieux Slll'ce suje,t, ces vers:Ne demande pas aux gens fluelle l'S\ ma forlune el. il IlueichilTre elle sc monle, mais (Ir'mande-Ieur quel esl mon renom clfluel est mon nalurel.Sais-je donner des coups de lance aux larges blessures de touscôlés'? Sais-je garder Je secret Oil l'on pelll risquel' sa \l'le '?Parmi ce qu'il y a de mieux lil·dessus, on pelll cilel' eu';


IIISTomE DES DYX.\STlE5 MlJSt'UI.\:'\E8 103tomber entI'e les mains d'ull roi puissant nn malheur(,lIxqu'il accusait de choses dont il était innocent. Ensuite J"juge in<strong>du</strong>it en erreur fait péril' un innocent il ~Jui 011 nepeut reprocher aucune faute. Puis, 10J'sfJuïl apprend laYérité, il se repent quand le repentir ne peut plus sel'\'il'il l'ien. Trois personnes à Ja fois se trouyent alors avoil'sonO'ert de cette fansse dénonciation: le dénonciateul' elcelui à qui la dénonciation a été portée ont souO'ert pareeque leur action leur a fait perdre le salut étel'l1el, le (/,;­noncé parce


lOtARCIIIVES MAROCAINES90 On a raconté qu"Abd al-'Aziz fils de Marwân t ayant prisfort jeune le gouvernement de Damas, - et nul parmiles Oumayyades n'eut plus de talents que lui, - les gensde Damas conçurentl'espoir de le diriger comme ils voulaient,etdirent: « C'est un enfant qui n'a aucune connaissancedes affaires et qui prêtera l'oreille à tout ce quenous lui dirons. » Un homme vint donc le trouver et luidit: « Dieu fasse prospérer l'Émir! J'ai un bon conseil àlui donner 1- Plaise à Dieu que je connaisse ce que peutêtre ce conseil, que tu te hâtes ainsi de m'apporter, sansque je t'ai,e jamais obligé par un bienfait. Donne-le, tonconseil. » L'homme dit alors: « J'ai un voisin rebelle àl'autorité et qui lui refuse l'obéissance )), - et il cita àl'Itmir diverses fautes de cet homme. 'Abd al-'Azîz lui ditalors: « Tu n'as pas craint Allâh le Très-Haut, tu asmanqué au respect que tu dois à ton Émir, et à la bienyeillanceque tu dois à tes voisins. Si tu veux, nous allonsexaminer ce que tu dis. Si je trouve que tu as dit vrai, je'ne t'en saurai aucun gré; si tu as menti, je te punirai.Maintenant si tu me demandes de considérer ce que tuviens de dire comme non-avenu, je te l'ac'corde. - Pardonne-moiplutôt, ô Émir. - Va':'t'en donc où tu voudraset qu'Allàh te prive de sa con<strong>du</strong>ite. Tu es à mes yeux leplus méchant des hommes. »Le vizir'Ali, fils de Moubammad, fils d'al-Fourât 2, qui futvizir de ~Iouqtadir, détestait les délateurs. Si quelqu'unlui faisait passel' un rapport qui contînt une délation contrequelqu'un, son chambellan allait à la porte où se tenaientles gens de toutes les classes et disait :« Où est l'auteurde ce rapport calomnieux? Le vizir m'a chargé de te diretelle et telle chose. ») Et l'homme recevait cet affront pul.Sur ce pl'ince, voyez plus loin la tra<strong>du</strong>ction correspondante à lapage 269 et suiv. <strong>du</strong> texle arabe.2. Voy. pIns loin, la tra<strong>du</strong>ction c01'respondante aux pages 360 et suiv.<strong>du</strong> lexte m'abe.


HISTOIRE DES DYNASTŒS 1IIUSULlIIAl'iES 105blic au milieu de toute celte assemblée. Aussi, pendant letemps deson vizirat, on renonçagénéralementauxdélations.'Abd ar-Hal}mân fils de 'Auf 1 a dit: « C"îuiconque ayantconnaissance d'une vilaine action, la dévoile, c'est luimêmequi en a été coupable. »Qobâdz 2 écrivit pour son fils Cosroës un testament danslequel il disait, entre ault-es choses: Il :l\Jon cher fils, nedonne pas accès dans tes conseils à l'avare, car il t'empêched'arriver à l'exh'ême limite de la distinction; ni au poltron,car il te jette dans l'embarras, alors qu'il faut saisirl'occasion.« Mon cher fils, de tous tes sujets, que celui que tu haïrasle plus soit celui qui dévoilera le plus les fautes des autres.Car si les hommes ont des vices, c'est toi, plus que personne,qui dois les couvrir d'un voile et détester qu'unefaute cachée paraisse au grand jour. Car tu n'as le droitde juger que ce qui paraît, mais c'est à Dieu à faire justicede ce qui demeure caché. Que ce qui te serait odieux, si tuavais à en souffrir, ne te le soit pas moins quand c'est tonpeuple qui en est la victime. Jette donc un voile sur lahonte des autres, et Dieu voilera en ta faveur ce qu'il teplaira de voir demeurer caché. Ne te hâte pas de croire undélateur, car le délateur trompe, lors même qu'il prend leton d'un donneur de bons conseils. Pardonne aux hommescomme tu aimerais que te pardonne Celui qui règne surtoi. »Hi1. C'est le fameux compagnon <strong>du</strong> Prophète, qui fut désigné par 'Omar,comme un des six hommes de J'assemblée, choOrd, qui devait délibérersur Je sort <strong>du</strong>, khalifot après lui. JI mourut en l'année 32 de l'Hégire(= 652). C'est llne des. figures les plus connues des pl'emiers temps del'Isldm. Cf. PRINCE DE TEANO, Annali dellsldm, Index, p. 1214. Voy. plusloin la tra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages 134 et suiv. <strong>du</strong> texte arabe.2. Qobâdz, fils de Fll'otlz, roi sassanfde de Perse (490-531 de J .-C.). MAS­'oûDl, Prairies d'or, Il, 195, 196 et 233. Sur ses relations avec les Arabes,voy. 10Mb al-aghdnf, VIII, 63; X, M. et SUl'tuut C"USSIN DE PERCEYAL,Essai, Il, 68-96 et 29]·293. Voy. aussi la bibliographie dan8 PRINCE DETEANO, Annali dei Isldm, index, p. 1423.1 1


106 ARCHIVES ~IAROCAINESParmi les choses excellentes qui ont été dites sur cesujet, on peut compter ces paroles de l\Iihyâr 1. Il s'adresseà un vizir:o glaive qui me donnes la victoire, lorsque la lame indienne del'ennemi me poursuit, Ô toi qui demeures le printemps de ma viealors que le temps est en plein été, .Qui me rends les jours fortunés ct prospères, landis que, pourtouLes l~s autres cTéaLures, ils sont <strong>du</strong>rs et sans bonheur 2.Ton noble cat'acLère, d'habiLude si généreux, qu'a-L-il maintenantà charrier les or<strong>du</strong>res des calomniateurs, lui qui est un sidoux nectar?Dans le miroir de Lon esprit, comment le mensonge a-l-il pusc dissimuler, alors que tu es une perle trans'pal'ente.92 Elles sont belles aussi les paroles de celui qui a dit:Le délaLcl1I' esL venu Le faire des rapports mensongCl's conLremoi et je ne t'ai pas semblé mériter que tu traitasses de mensongèl'esles nouvelles qu'il a lancées.:\Iais moi, si pendant la plus douce somnolence le fantôme;chimérique qu'enfantent les rêves ftlt venu médire de toi, j'eusseéchangé le sommeil pour la veille.On est en désaccord sur la question dë savoir lequelétait le meilleur: <strong>du</strong> roi puissant et injuste ou <strong>du</strong> roi modéré,mais faible. On a donné généralement la préfél'enceau roi puissant et injuste en invoquant cet argument quele roi fort et violent repoussera les convoitises qui vou-1. I\lihyâr, 11Ig de MllI'zoùyé, élait un poèle d'ol"ig-ine per,.;ane et mazdéen.Convel'ti li l'J,,,lamisme, il l'ut emplo)'é à Baghd:\dz comme senétait'e l'ourla langue per";llOe, et y mOUl'ut en 428 (= 1(37). Chi'Ue convaincu, il étail'lIJssi, comme poèle, disciple d'un 'al/de, le l'ameux Chéri'( ar-Hi~ltt. Cf,BnOf;JiF.UIA:-l:S, Gesell. deI' a/·all. Lill., J, 82 ; CL. IJU.\IlT, /lisf. de la Lill. arabep. 87: nE IhmmR-PUllGSTALL, Lilleralurgesch. der .Irabe/', V, 692; VI. i!J3,1U13: VII, 1123; ln:;' IÙIALLlKÂN, U'a{aydl,é.l.\\l'lstcnfeld, 765; In:;'-AL',\T1liR,Chl'ollicon, IX, Il;2 el passim.2. Cc ver's a été tl'n<strong>du</strong>it lr'ès libremenl, par'ce (lue liHél'alement l'imngen'eùt pas été ll'ès belle en français. Le poHe dit. exactement: • Toi quime l'ends les joul's en vaches gl'asses, tandis que, pOUl' les aulreli néatUl'es,ce sont des vache~ muigl'es. " On J,eut remplacel' le mol vachespar clwlllclles, le lerme m'abc !;'aecommodanl de l'un cl de l'nuIre sens.


mSTOIRE DES DYNASTIES l\IUSULMI\:"ES 101draient s'attaquer à ses sujets et, g"ûce à sa force, les protégeracontre tout autre que lui. Il a, dit-on, une fierté quiservira de sauvegarde à ses sujets contre le mal que voudraitleur faire toute personne qui n'est pas leur roi. Sonpeuple sera donc dans la position de quelqu'un qui seraitil couvert des injures de tous, pour n'être exposé qu'à latyrannie d'un seul. Au contraire, pour le prince modérémais faible, il ne pouna prendre les intérêts de ses sujets,chncun les attaquera et tout sabot les foulera auxpieds. Ils seront.donc dans la situation de queIr,u'un qui,à l'abri <strong>du</strong> mal que pourrait lui faire une personne, estexposé aux injures de tous les autres hommes. Or, la différenceest grande entre les deux situations.Un sage a dit: « Un roi que son peuple craint est préférableà un roi qui craint son peuple. "Anoilcharwân f Il dit: « Je sais verser le sang de celui quil'expose, je sais redresser celui qui pns!>e la limite qui doitle contenir, je sais refréner celui qui sort de son rang. IlUn sage a dit: « Il y a deux grandes choses, dont l'unen'est bonne que si elle demeure isolée et indépendnnte, etdont l'autre ne vaut que par l'association. Celle qui, pourêtre. bonne, repousse toute association, c'est la dignitéroyale; si plusieurs s'en mêlent, elle va mal. Celle quidemande la participation de plusieurs, c'est le pa"ti àprendre su,' une question; lorsqu'il est pris après la délibérationde plusieurs pel'sonnes, on est sùr d'être' dansla honne voie. /,Il n'est pas permis au roi de traite,' de faible un ennemi,cet ennemi fI'lt-iJ faible en réalité. Il ne convient pas nonplus aUX conseillers de ce roi de lui faire croire que sonennemi est faible. Car si cet ennemi, dont ils auront parlédédaigneusement, vient à l'emporter sur le roi, ce serapour celui-ci une hu~niliation (l'Je d'être vaincu pal' unH31. Voy. ci-dessus, p. 90, note 1.


108 ARCIIIVES lIIAROCAINESfaible ennemi, et si c'est le roi qui triomphe, il passerapourn'avoir pas fait grand exploit.Lorsque le Prophète (sur qui soient les bénédictions etle salut de Dieu !) s'en revenait de la bataille de Badr 1 avecles prisonniers, le butin - et Dieu avait fait périr les chefsdes païens, - la population sortit de Médine et fit plusieursmilles pour venir à sa rencontre. On le félicita decette victoire, et les gens se mirent à échanger desquestions:Il Qui a péri? Qui s'en est tiré?» Alors l'un des compagnons<strong>du</strong> Prophète dit: Il Par Allâh, ce que nous avonstué, ce ne sontguère que de vieilles femmes chauves! 1>Alors le Prophète (sur qui soient les bénédictions d'AlIâhet son salut !) se mit à lui faire des reproches et ne cessade lui témoigner son mécontentement que pour lui direenfin: Il Ceux~là, mon cher, ce sont les plus importants 2. ))Et parmi ce que j'ai vu de mieux sur ce sujet, est cetteparole d'un sage de l'Inde adressée à l'un de leurs rois: .(1 Ne méprise pas tes ennemis, même quand ils sont faibles, .car le <strong>du</strong>vet de coton, lorsqu'il est réuni, on peut en faireune corde qui maintient l'éléphant en rut.»Une chose importante est encore de mettre un jourd'intervalle entre prendre une' résolution et l'exécuter.La meilleure résolution est celle qu'on prend avec lenteuret maturité. C'est ainsi qu'on est à couvert des faux pasde son jugement. .AI}naf fils de Qais 3 dit aux compagnons d"AH (sur quisoit le salut!): « Remettez à deux jours l'exécution de larésolution que vous avez prise, YOUS reconnaitrez ainsi9ft si elle est entièrement bonne. ))On demanda conseil à un homme d'esprit dans une1. Vor. ci-dessus, p. 40 note 2. .2. Le ~adilh est un peu plus long, le Prophète aurait ajouté .::..~ y~ .::..~ ":J rrlW: «Si tu les a"ais vus à l'œuvre, lu aurais trouvébien faibles te;; propres exploits.• Cf. le Tddj al-'a1'o/18, 1, p.1l9, in medio.3. Sur ce personnage, voyez ci-des,ms, p. 92, note 1.


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULlIIANES 109affaire. Il resta silencieux. On lui dit: {( Pourquoi ne par­Ies-tu pas? li Il répondit: {( Je n'aime le pain que vieuxd'un jour entier. "Lors(Iue les khârédjites résolurent de proclamer khalife'Abd Allah t fils de Wahb ar-Râsibî, ils voulurent qu'il leurdît ce qu'il jugeait nécessaire. Mais il leur dit: « AIlâh megarde d'un avis donné précipitamment et d'un discoursimprovisé. » Quand ils eurent achevé la cérémonie d'investiture<strong>du</strong> khalifat, il leur dit: « Laissez mlÎrir la décisionli (c'est-à-dire laissez passer un jour et une' nuit), et ilpriait AIlâh de le garder des résolutions irréfléchies.On a raconté que l;Iârith fils de Zaid vint à passer prèsd'Al:maf fils de Qais, qui lui dit: (1 Si tu n'étais trop(1 précipité, je te demanderais conseil. )1 Et cette parole estbien une preuve de l'aversion que les Arabes avaient pourles résolutions précipitées.Ils avaient l'habitude de ne pas demander conseil à l'affaméqu'il ne se flit rassasié, au prisonnier qu'il n'el1t étéélargi, au solliciteur qu'il n'eùt obtenu l'objet de sa demande,Il l'assoiffé qu'il ne se fût désaltéré, à l'égaré qu'ilne fût rentré dans le droit chemin, à celui qui est presséde satisfaire un besoin qu'il ne se fût soulagé.Un poète a dit, en dépeignant un homme d'esprit:Il est. instruit des conséquences des choses, comme si les conséquencesde èhaque affaire étaient elles-mêmes ses informatrices.Je ne connais rien de plus beau que ces vers d'Ibn ar­Roùmi 2, dans lesquels il déclare combien un avis mlÎriest préférable à un avis précipité.1. Voy. MAs'oûDI, Prairies d'QI', IV, 410 et suiv. et "index, p. 98. Aurapport de cet historien, les khàrédjites qui avaient proclamé khlllife'Abd Allah ar-RAsib' étaient au nombre de quatre mille. Cf. InN AL-ATllin,Ch,.on;con, III, 280 et suiv.; G. "VEIL, Geschichle de,. Chali(en, Ir 237.2. Voyez ci-dessus, p. 10 note 1.f 1 *


110 ARCHIVES IIIAROCAINESLe fen de la résolulion mûremenl prise esl un feu qui donneefficacemenl la cuisson nécessaire; le feu de la précipitationlance de vifs éclairs.Des gens préfèrenl celui-ci parce qu'il esl rapide; mais c'estjustcment parce qu'il esl rapide qu'il est emporté pal' le venLH5 Parmi ce qu'exige une intelligence saine, on trouveencore ceci, que l'homme n'entre pas dans une affaire dontil soit difficile de sortir. Le poète a dit:Ce n'csl nullemcnl de la résolulion de s'approcher d'unc affairepOUl' cherchcr peu après à s'en éloigner.Si lu lc proposcs une chose, vois comment tu pourrais en sorlirapri's y èlre entré.Et ce qui est encore préfél'able, a-t-on dit, c'est qu'onn'entre pas <strong>du</strong> tout dans aucune affaire, dont l'issue exigeprofonde rél1exioll.Mou 'ûwiya dit à 'Amr fils d'al-'Al? : « A quel point en es-tuarrivé avec ta finesse? » Il répondit: « Au point que je"ne me suis jamais engagé dans une affaire, sans avoir suen sortir. - Eh bien! moi, répliqua Mou 'âwiya, je ne mesuis jamais engagé dans une affaire, dont l'issue devaitêtre pour moi matière à réflexion. »Parmi les choses qui sont de- grande importance pourle roi, il faut compter encore la slÎreté <strong>du</strong> coup d'œil dansle choix de ses ambassadeurs. En effet, par l'envoyé onjuge ce qu'est celui qui l'a envoyé.Un sage a dit:.« Quand vous manquez de renseignementssur quelqu'un et que vous ne savez pas quelle est lamesure de son intelligence, jetez les yeux sur la lettrequ'il vous a écrite ou sur l'homme qu'il vous a envoyé: cesont là deux témoins qui ne mentent pas. IlIl faut que l'ambassadeur réunisse des qualités, parmilesquelles l'intelligence, pour distinguer ce qui est droitde cc (lui est tortu, qu'il soit honnête et intègre pour nepas trahir son mandant. Combien d'ambassadem's pour


mSTOIRE DES DV:-1ASTIES MUSULIIIA!'ŒS 111qui a lui l'éclai.r de la cupidité <strong>du</strong> côté de celui yers quiils ont été envoyés et qui ont pris son parti et abandonnéles intérêts de leur mandant.Mou't\wiya envoya à l'empereur de Constantinople unambassadeur, qu'il choisit parmi ses proches et en qui ilavait grande confiance. C'était pour négocier un armistice.~Iou'âwiya posait des conditions très <strong>du</strong>res. L'envoyé seprésenta à l'empereur de Constantinople, qui s'efforça delui faire accepter que ces conditions fussent adoucies. Cefut en vain. L'empereul' alors, prenant à part l'envoyé, luidit: « Il m'est revenu que tu es pauvre et que quand tuveux montel' à cheval pouraUer trouver l\lou 'âwiya tu demandesà emprunter une monture. l) L'envoyé dit: « C'estainsi. - Il ne me semble pas, répondit l'empereur, quetu tl'availles le moins <strong>du</strong> monde pour tes intérêts. Nousavons pourtant de grandes richesses. Prends-en de quoi tefaire riche pourtoujours et laisse-là Mou 'âwiya. li Et l'empereurlui fit apporter vingt mille ·dinârs. L'ambassadeur lesprit, adoucit beaucoup les conditions qu'il était chargéde poser à l'empereur et conclut la trêve. Il s'en retournaauprès de l\lou'âwiya qui, dès qu'il eut jeté les yeux sur letraité, reconnut ce qu'il en était. Il lui dit: « Je vois quetu n'as travaillé que pour les intérêts de l'empereur. » Et i!résolut de le punir. (l Émir des Croyants, reprit l'ambassadeur,pardonne.moi. - Je te pardonne, répliqua le khalifen, et il lui tourna le dos.On trouve encore une indication de l'extrême attentionqu'on doit portel' dans le choix des ambassadeurs, dans ceque fit Kamâl ad-Din l\lohanunad fils d'ach-Chahrwùri l,961. Célèbre jurisconsulte <strong>du</strong> rite chM\'ile, qâ~ll de Mossoul, où il fomlaune grande école pour l'enseignement <strong>du</strong> droit châl1'i1e. Sous le règnede Zangui" il fut envoyé plnsienrs fois à Baghdâdz en 3l11ha~sade, Apl"',sla mOl't de ce prince, il fut chal'gé, en même lemps que SO/l fr('I'e. Tâdj af/­Din Valnâ, <strong>du</strong> gOU\'ernement <strong>du</strong> petit royaume fie Mossoul, où régnaitalors le J/ls de Zangul, Sa"f ad-Din lihâzl. Il mourut en 572 (= 1176), I\g~


112 ARCHIVES MAROCAINESJors(!ue J'atâbek Zangui', prince de Mossoul, l'envoya àBaghdâdz pour rétablir les affaires <strong>du</strong> khalife Râchid 2.Voici le fai t : Lorsque Râchid fut dépouillé <strong>du</strong> khalifat à .Baghdâdz, il quitta cette ville et s'en vint à Mossoul, cherchantil rattraper son bonheur grâce à l'atâbek Za nguÎ.Dans un entretien particulier qu'il eut avec lui, il lui prodiguales promesses et lui fit espérer que s'il reprenaitJe khalifat, il Je comblerait de ses faveurs. L'ambition del'atâbek Zangui en fut excitée et il lui garantit qu'il al'­rangerait les choses avec le sultan Mas'olid. L'atâbek ZanguirésoJut ensuite d'envoyer, pour traiter de ceJa, uneambassade au gouvernement de Baghdddz. Il choisitpour cette ambassade Kamâl ad-Diu fils d'neh-Chahrzotirî,{lâcJi de Mossoul. Il l'envoya donc, en lui recommandantde plaider la cause de Râchid et de faire tous sesefforts pour arranger ses affaires et pour faire annuler cekhalifat qu'ils avaient établi à Baghdâdz en faveur deMouqtafî.97 Kamâl ad-Din se rendit donc à Baghdâdz, et voici cequ'Ibn al·Athir 3l'historien a rapporté: « Mon père 4 m'a ditque ce même Kamâl ad-Din lui avait fait Je récit suivant:Lorsque je me présentai au diwân de Baghdâdz, on medit: « !lends·tu l'hommage d'investiture 'à l'Émir desCroyants?,) Je répondis: Il L'Émir des Croyants est chezcie SOans,apl'ès avoirservi égalementNOlkad-Dinl\lahmoùd, fils de Zangul.Voy., l'ourles détails, IBN KIIALLIKÂN, Wa{agdf, éd, WOstenfeld, noUce 609.1. C'est le fondateur de la dynastie des Alâbeks, princes de la Mésopolamieet de la SYI'ie. Leurs capitales furent Mossoul, Sindjâr. Damas etDjazirat ibn 'Omar. Leur domination commença avec Zangul (qui régnacie 521 (= 1127) à 5n (= 1146) et s'étendit de 621 (= 1127) à 648 (= 1250). cr.STANLEY LANE-POOLE, Tlle Mohammadan Dynasties, p.11l2 et suiv. ; KIIALfL,IBN AIBAK A~-!?AFADi (Al. Wdfi bit marayd/, manuscrit arabe de Paris, n" 2064,~roI.87 v·) donne la biographie'de Zangui; IBN KIIALLIKÂN, Warayd/, notice244.2. Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction cort"espondante aux pages 415 el suiv.<strong>du</strong> lexte arabe..3. Voy. ci-dessus, p. 100, nole 4. Le passage est extrait de Chronieon,XI. p. 28-29.... Son pl:re se nommait Aboù-I-Karam l\foul,lammad, fils de I\foul)ammad,surnommé Athlr ad-Din. cr. BROCKELlIfANN, Gesch. derarab. Lill., l, 3!&.


lttSTOIRE DEi! DYNASTIES MUSULMANES 113Il nous il Mossoul, et les serments de fidélité que lui ontIl jadis pri~tés les peuples les lient toujours. li L'entretien.ajouta Kamâl ad-Din, se prolongea sur ce sujet et je m'enretournai il la maison où j'avais pris logis. La nuit yenue,une vieme yint me trouver secrètement et, me prenant àpart, me remit un message de Mouqtafi, dans lequel ilme reprocha,it mes paroles et mon refus de le serdr. Alorsje dis: (\ Demain je lui rendrai un ser"ice dont les conséquencesse feront voir. Il(( En efTet, le lendemain matin, je me rendis au diwân; onm'yparla de prêter le sermentd'obéissance au nouveau khalife.Je dis alors: Il Je suis un homme versé dans la science« des lois, je suis un juge. Il ne sied pas que je fasse homl(mage à unkhalife sans qu'il me soitbien démontré que son« prédécesseur a été déposé <strong>du</strong> khalifat. Il On m'amena destémoins qui me témoignèrent de l'indignité de Râchid.« Voilà, dis-je, une chose prouvée où iln'y a rien il dire. MaisIl il faut que dans cette affaire nous gagnions aussi quelquel( chose. Car l'Émir des Croyants Mouqtafi a obtenu leIl vicariat d'AIlâh sur 'Ia terre, et le sultan (Mas'otid)« n'a plus à craindre celui qui lui en voulait. Mais nous,il quel avantage remporterons-nous donc? )lIOn rapporta la chose il Mou(ltafi, qui ordonna que~arUînef, Darb HârolÎn 2 et I)arbà:! fussent remis en toute 9Rpropriété et souveraineté à l'atl\bek Zangui. Je prêtaialors serment d'obéissance à l\fouqtafi et m'en retournai ilMossoul. Il me revint de cette affaire une bonne sommed'argent, des présents, des cadeaux. ». Pour moi je ne sais <strong>du</strong>quel des deux actes de Kamâl ad-1. Voj-ez plus loin la Ira<strong>du</strong>clion côtrespondanl{' 11 'a page 360 <strong>du</strong> lexIear3be, en note.2. Ville <strong>du</strong> 'Ir:lq. cr. YAQOÛT, .Ifnu'djanr, s. Y. el 111"\ AL-ATIIÎR, CllronÎ.con, XI, pp. 29, 260.3. Celle petile ville ('sI siluée SUI' l'un des deux arnuenls <strong>du</strong> Tigre quiporle le nom de DOUj3i1 (le l'elil-Tigre), enh-e Baghtlàdz el T3kril.cr. YÂQOûT, Mou'djanr, If, 235 el 555.ARen. )IAROr.. 8


lUARCIIIVES 1IIAROCAI:-a::SDin je dois le plus m'étonner: de la con<strong>du</strong>ite qu'il a eueen trompant son mandant, en le couvrant de confusion àl'égard de celui qui était venu implorer sa protection;(l'ambassade de Kemâl ad-Din n'ayant servi qu'à fortifierl'autorité de 1\Iouqtafi en confirmant la déposition deRàchid), ou de l'audace qu'il eut de raconter de lui·mêmellll pareil acte.La même chose arriva à 'Amîd al-)Ioulk al-Koundourî',vizir <strong>du</strong> sultan Toghroul-Beg. Celui-ci l'envoya demanderpour lui une femme en mariage. AI-Koundourî partit, maisce fut pour lui-même qu'il demanda la femme et, l'ayantépousée, il se miten révolte contre Toghroul.Beg. Celui·ci,après l'avoir vaincu, ne le tua pas, mais le fit châtrer. Ille gal'da à son seI'vice parce qu'il avait besoin de ses talents.Le poète AI-Bâkharzp, qui était un ami d'AI-Koundoutî,dit à ce propos:On a dit: « Le sullan, <strong>du</strong> tranchant de son épée, lui a enlevé ce ;qui eslla marque distinctive des étalons; et c'était un étalon hennissant1»Moi j'ai répon<strong>du</strong>: Cl Taisez-vous, savirilité s'esl encore accrue,puisqu'il a per<strong>du</strong> ses deux femelles (testicules).Cl L'étalon voit avec peine qu'une partie de lui-même s'appellefemelle; aussi, cclte partic, se l'est-il fail enlevcl' radicalemenl 3 • »1. Ce vizil', dont le nom est Aboù Na,\!r Moul.lammad, fil!! de !\fan,\!oùr,-est le p..emiCl· qui occupa ces hautes fonctions sous les Saldjot)qides.Destitué pal' le sultan Alp·,trslclll, qui lui donna pour successeur letrès célèbre Ni;clm al·/lloulle, en ,156 (= 101i3), il fut mis li mort celte annéem~me, le 16 Dzoa.l-lIidjdja (1,1 novembre 106,1). Cf. IBN i\:IIALLlKÂN, n'a{aycU~l·a'ydn, éd. Wiistenfeld, notice 713.2. 'Ali fils de l;Iasan, fils d",\1i al·BAkharzl, élait 11 la fois jurisconsultechMi'ite et pOl'te distingué. Né dans le Khol'AsAn, 11 BI\khar7., il fut~Uaché au dill'dn de la chancellerie, ce qui ne l'emp~cha pas de corn·poser une grande quanlilé de belles poésies et de continuer, dans saDoumyat al.qCl$r (la Slatue <strong>du</strong> Palais), l'ouvrage de TIlA'ALI Di, l"atfmal ad·dahr. Il fut ass3!!siné clans sa ville natale en 1075 de J.·C. Sa hiographin~st donnée pal' ln:"! KIlALLIKÂ:", "'a{ayeU, nolice -Ha. Cf. BIIOCKEUIANN,-Gesch. der arab. LW., l, 252; Cf.. HUART, Ilisl. de la Lill. arabe, p. 107; DEH.ul~mn, Lill. gesch. der arall., VII, 1297. .3. Ces vers sont donnés llver des varianle;; insigninanLcs lHII' ION J\IlAL­UKÂ:s, op. cil., loc. laad.


III;;TOIRE DES DYNASTlESMI:;;ULJIIA:"IES 116Parmi les vers qu'on a récités ;'\celui-ci:ce sujet, on trouveSi pour IIIlC nfTnire tu envoies quelqu'un en mISSIon, choisisun sage ponr ambassadeur et dispense-toi de lui fairc des recommandations.~Iais ce qui est encore meiJleur et .plus beau sur ce 99sujet, ce sont ces paroles de cet nutre poète:Si pour quelque afTnirc tu envoies lin ambnssadeur, fais-luicomprendœ CP, que tu ,-eux et l'envoie bien instruit.Car si hlllégliges cela, ne le blâme pas d'avoir ignoré cc 'luine luiavnit pas élé dit.Parmi les choses (lui sont l'ornement d'un roi, il y 11 lesoin qu'il prend de s'attacher par des bienfaits les pluséminents de ses sujets. Par là leurs têtes se tOl1l'nerontvers lui et ils entreront dans le cortège de ses sel'vitem'set de ses suivants. Les plus grands des rois furent tonjoursattentifs à ce principe. Ils ne cessaient de comblel'leurs plus éminents sujets de toutes sortes de distinctionspour se les asservir par ce mo)'en.Mou 'l.\wya fut de tous les rois le plus attaché à ce prin­-cipe. Il donnait chaque année à 'Abd Allâh, fils de Dja'far',fils d'Aboù Tâlib et à 'Abd Allâh 2, fils d".,,-"bb


lIr.ARCIIIVES MAROCAINESfils d'AbotÎ Tâlih quitta son frère 'Ali, fils d'A~Oli Tâlih, et"int implorer la munificence de Mou'âwiya, Ce n'est pas(lue l'I~mir des Croyants 'Ali fut avare, lui qui, pour lagénérosité et la libéralité, pouvait rivaliser avec le vent et


lIISTOIRE DES DY:-lASTIES l\JlTSULMA:"ESdehors de Mossoul, dans la direction <strong>du</strong> sud, laissait se:;soldats et, entrant dans le mausolée, y faisait une pieusevisite et priait pour lui·même auprès de la tomhe <strong>du</strong>poète.Que Dieu les ait tous deux en sa miséricorde!Fin de la première section.


101 DEUXlf:ME PARTIECO:'olTEN'\:'OTL'HISTomE DES DY~ASTIES,L'UNE APnEs L'.HiTHENous avons achevé de pader des principes de la con<strong>du</strong>itedes sultans et des règ-Ies de la politique royale, et1I0US avons appris, par là, ce que doit être la con<strong>du</strong>ite d'unhon roi, qui mél'ite d'être à la tête <strong>du</strong> POUYOil', ainsi queles qualités spéciales pal' lesquelles le l'oi se distingue des;sujets, N'ous avons vu aussi (Iuels sont les droits quiappartiennent au souverain sur ses sujets. et ceux quiappartiennent il ses sujets sur lui. Dans l'intenaIle, il aété question incidemment de généralités SUl' l'histoire desdynasties, d'une manièl'e sonunaire.Toutes les vertus et toutes les qualités louables (lui ontété l'nppelées dans les précédentes pages, Allûh (qu'ilsoit exalté!) en a accordé une large part à notre Seigneur,le roi plein de mérites, Puisse Allâh (qu'il soit exalté !)l'entourer de toutes ses grâces, et lui faire atleindl'el'extrême limite de sa bienyeillance et de son assistance!En efTet, AHâh (qu'il soit exalté!) l'a dirigé, pnr sa grâcetn'ovidentielle, vers la noblesse <strong>du</strong> caractère, et l'a prid.légié, pal' sa mystérieuse faveUl', en lui attribuant plusde mérites que nombl'e d'autl'es peuples "1. Il eul fallu J1lulùl : que lIomb,.e d'aul,.es rois: mai>" Il';; nécc>"silésde l'a\lilémlion ouI imposé le mol peuflles ù l'auleut',


IIISTOIRE DES DYN.\STmS ~1t:Sl·DI.\;';ES 1191. - LA DYNASTIE DES QUATRE PIŒlIŒBS 1\I1ALIFESVoici le moment de commencer à parler de chaquedynastie l'une après l'autre.La première dynastie, celle des quatre, commença avecl'époque où fut enlevé par la mort l'envoyé d'AlIûh et où 102.fut proclamé khalife Aboù Bakr, fils d'A,boIÎ QoMfa, c'està-direen l'année 12 de l'Hégire (633 de J .-C.) 1; et elle pritfin ((uand fut tué l'I~mir des Croyants 'Ali. fils d'Aboù Tâlib,et cela en l'année !JO de l'Hégire (MO de J.-C.).Et sache que ce fut nne dynastie nyant peu l'allure des,dynasties de ce monde; elle avait hien plus de coufol'­mité avec les lisages des prophètes et avec les états dela vie future. En réalité, ses mœurs étaient celles des prophètes,sa con<strong>du</strong>ite celle des saints, ses conquêtes furentcelles des plus grands rois. Ses mœurs, c'étnit la rudessedans la vie, la modestie dans la nourriture et le costume ;:tel 2 d'entre eux circulait à pied dans les marchés, revê.tUide la tunique usée, rapiécée jusqu'à mi-jambe, ayant auxpieds des sandales en fibres de palmier, et dans la main unned de bœuf, avec lequel il réglait les comptes d(' quicouques'était attiré une condamnation il une peine corl'0-'rellè. 'Leur nourriture était de ln même qualité ((ue la plus1. f:'e",t une er,'cUI' de III l'Ill" de l'lluteUI'; l'll\'l\nement d'Aboli llnl\l' nllI\:halil'al eut lieu en l'année Il de l'Ilégil't., 11'1'5 pen de temps alH'ès la mOI'(de i\Inhomel, le 13 Hnbl' 1 de l'lin 11 de l'Hég-i1'c = le 8 juin 6:12.2. 1\ ,,;'agil d"Omlll', dont la l'Ude8Se el la ",é l' érill' élaienl Jll'ol'c,·biales.Cr. :\L\;;'ol:ni, P"airies d'or, l\", 1\l3, C'cst cc Idwlil'e 'lui clis3it~ll$jJ r('~IJ ~Li>. \.".t...\J \."~,,,..s-\ J \J~"'-"';-.. Hessemhlez li Iles de",cen!l:m!;: d~ l\la'add, l'oyez l'tlcle;; el mm'chezpied,; nu", el "'U1'lolll gUI'de7.-YllU;; de l'e'''';(,lllblel' aux l'e..,..an8, " CI', not..etl'mluctioll cie "!a/l(:hllrisi (,lr'cflil'es <strong>marocaines</strong>, t. Xli, p, 262, note 3),


120 AIlCIIIVES ~JAROCAl:'lESvile noul'I'iture de leurs pauvres, au point que n~mir desCroyants ['.\liJ citait en proverhe le miel et le pain blanc 1.On rapporte de lui la parole suivante: « Si je voulais, jeme laisseJ'ais aller [à mangel') ce miel épuré avec ce fI·omentsans mélange. »Et sache 'lue s'ils se montrèrent modestes dans leurs alimentset dans leurs vètements, ce ne fut point pal' pauvreté,ni parce qu'ils ne pouvaient se procurer les costumesles plus magnifiques, ni les mets les plus succulents.-:\Iais ils ngissaiellt aillsÎ pOUl' consoler les pauvresd'entre leurs sujets et pOli l' vaincre les désil's de leUl' tlmeet la mortifier afin (lu'elie s'accoutumât ù la dernièl'e perfection.Et d'ailleurs chacun d'eux possédait une gl'ossefortune, des palmiers, des veJ'gers et d'autres ressources,103 mais la plus grande partie de leurs revenus passait à desobjets et à des œuvres de piété. C'est ainsi que l'Émir desCroyants 'Ali (sur lui soit le salut!) tirait de ses propriétésun profit considérable 2 'lu'il dépensait tout entier pour;les pauvres et pour les déshérités, tandis qu'il se contentait,lui et les siens, de la l'ohe grossière de coton et <strong>du</strong>rond de pain d'orge.Quant aux conquêtes et aux guerres de cette dynastie,[on sait


HISTOIRE DES DY:'1ASTIES MUSULMANES 121La première des guerres de celte dynastie fut le combatcontre les apostats 1.RÉCIT ABRÉGÉ DE CES ÉVÉNEMENTSLorsque fut enlevé par la mort l'envoyé d'Allah, uncertainnomhre d'Arabes se détachèrent de l'islamisme etrefusèrent le payement de l'aumone légale. l' Si Moul1amluadavait été prophète, dirent-ils, il ne serait pas mort. "Des gens d'esprit et d'intelligence les admonestèrent enleur disant: « Répondez-nous au sujet de.s prophètes:Croyez-vous à leur prophetie? - Oui! - Sont-ils morts?- Oui! - Que trouvez-vous alors d'anormal dans la prophétiede ?\Ioul}ammad? » La parole ne pro<strong>du</strong>isant sur euxaucun effet, Aboli BakI' expédia une troupe contre chacunede leurs fractions. Les armées se dirigèrent vers eux, lescombattirent. et la victoire resta aux armées musulmanes,qui les anéantirent en tuant les uns, en faisant pl'iSOllniel'sles autres. Ceux qui survécurent revinrent à l'Islâm etpayèrent l'aumône légale.Parmi les luttes de cette dynastie, fut l'émeute stI!"citéepar l'imposteur Mousailama 2. En voici le récit abrégé. Il 10fiparut sous l~ khalifal d'AbOli Bakr un homme appelé Mousailama,qui prétendit être prophète et recevoil' la révélation<strong>du</strong> ciel. On vit se réunir à lui beaucoup d'hommesde sa tribu et d'autres tribus. Puis, parut une femmeal'abe, dont le nom était Sadjùl} :1; elle aussi prétendit êtreprophétesse et recevoir la révélation : les Tamimites, satribu, la suivirent. Puis, elle se mit en route pour aller1. SUI' celle insurrection qui faillit tuer l'islamisme, voy, un bon résumédes événements dans les Annali dtl /shlm, par le PRINCE DE TEANO, 1. II,années Xi el XII et principalement année XI, §§ 16/; et suiv.2. l\JAs 'otTO! (Prairies d'or, IV, 188) ne consacre qu'une simple mentionà ce,:; événements. cr. G. WEIL, Geschichle der Chali{en, l, 21·26,3. Le ms. et l'édition ont Sidjâl,l, mais cr. DE: TEANO, Annali del {sMm, annéeXI, §§ 160 et suiv., et Tddj al 'aroas, Il,159, in media,1 2


122 ARCIlIVES l'tIAROCAINEScomhattre l\lousailama, et ses troupes à elle étaient plusnombreuses que ses tI'oupes il lui. Lorsque 1\10usailamasut qu'elle se dirigeait vers lui, il dit à ses compagnons:I( Quel est votre ayis? - Que, répondirent.ils, tu te soumettesà elle, car nous ne pouvons rien contre elle et sescompagnons. » 1\10usailama reprit : (1 Laissez-moi, quej'examine mon all'ail'e. Il Après avoir réfléchi, et il étaittrès l'usé, il,enyoya dire à Sadj:'l:t : « Il conviendrait quenous nOlis réunissions, moi et toi, dans un même endroit,et que nous étudiions ensemhle ce qui nous est parvenuen fait de révélation, et celui de nous deux qui est dansle vrai, l'autre le suivra. » Elle consen~it à cet arrangement.l\lousailama ordonna que l'on dressât une tente depeau et clu'on Y amoncelât <strong>du</strong> hois d'aloès. « La femme,dit-il, dès qu'elle en flaire l'odeur, pense au coït. » Puisil sc réunit il elle dans la tente, la circonvint et eut avecelle des relations. Puis, lorsqu'il se leva pour la quitter:,(IOn ne se con<strong>du</strong>it pas ainsi, avec mes pareilles, dit-elle:~Iais, lorsc!ue .le serai sortie, je reconnaîtrai Clue tu esdans le vrai. Alors, demande-moi en mariage il ma famille,car ils t'agréeront comme mon mari. Je ferai ensuite passerles Tamtmites de ton coté. » Lorsqu'elle fut sortie, elledit: (1 Il a lu devant moi la révélation qu'il a re~~ue; .lerai trouvée certaine, et, je me suis soumise il lui. » Ensuiteil la demanda en mariage, et on la lui accorda. Ilfixa comme dot pour sa femme la dispense pour les Ta-105 mimites de récitel' la prière de l'après-midi. Et aujourd'huiencore, il Hamla l, les Tamtmites, dit-on, ne font pascelte pl'ièl'c et disent: « C'est la dot de la plus nobled'entre nous'!! » Lorsl!u'Aboù Bakr appl'Ït cela, il envoya1. Le lIIanIl'': l 'l'i1 1'1 l'{-dilion onl Hmlll;m[lis (,'('sl IIl1e f:ltIle évillenle: il,.:'agit id dl' 1I111111a, l'illl' de la l'ale,..line enh-e YMà el .It"ru"::llelll. Cf.Y.\QolrT,MolI'djam, Il, IH7; l'IlI:'iCE DE TEA~O, AnnaU de/lsMm, Index, p.Uit!].2, Ou" de noire sœul' Il. Le \\loI :.....~Je;.;1 (IUelquefois emploYI) d:m8 ccsel1:-',


IIIRTOIIIE DES DYNASTIES )1l:SUUIA:'IES 123contre eux une armée, dont l'émir était Khâlid l, fils d'al­\Yalid. Le combat fut des plus acharnés qu'eussent vusle8 Musulmans j enfin, la victoire l'esta à l'armée musulmane,et l\fousailama fut tué.Parmi les grandes conquêtes de cette dynastie fut encorela conquête de la Syrie. Voici comment les chosesse passèrent. Lorsque fut l'année 13 de l'Hégire (= H3/J de.J.-c.), et c'est l'année où mourut Aboù Bah, ce khalife,après son retour <strong>du</strong> pèlerinnge de Ln Mecque, semit il équiper et il diriger ses soldats vers la Syrie. Ilell\"oya une nombl'euse année, divisée en plusieurs corps,chacun con<strong>du</strong>it par un émir, et il désigna à chaqueémir une région. Réussissait-il il la cOllquél'il' et il s'enemparer, elle était à lui. Ensuite il les renforça par dixmille hommes de troupes auxiliaires, sous le commandemcntde l.,;hâlid, fils d'al-"'alîd, ce qui porta le nombre(les combattants en Syrie à lt6.000. Il y eut alors une successionde luttes et de combats qui se prolongèrent jusqu'àla mort d'.\boù Bakr.nÊ(~NE D"O)IAll (f3/63ft - 23/6,.,,).'Omar, fils d'al-KhaHiih, ayant éll\ proclamé khalife.destitua 1\ hàlid, fils d'al·'VaUd, <strong>du</strong> commandement cnchef de l'armée, dont il avait été investi. Puis il nommaémir de tontes les troupes .\boù 'ûbaida, fils d'al-Djal'­l'fil...~. Or, le messager d"Omar llI'riva à l'armée de S,rrie1. Sur ce fl1meux capil.aine cl sa m:uche, voy, un l't l ,.umê tics tfonnée'"des hisltH"ienfl nt'abes dalls le,; Allnafi dellsldm, pal' le PltlNC.E liE TEA:-:O,t. III, ann(\e XII, §§ 1 el suiv. Voy. aussi l'Index. Une hiogrnphie f'opédalt,de KM1id esl donnée IH'" KIlALIL IIIN AIIJAK Ar:;-l:'.u'.\oi, .\1- "'rift bil-lI'nfayl1f,ml1lll1SCl'it de Paris, nO 20M, fol. li, l'0.2. Depui;" longlemps d(>jù 'Omar favorisai! Aho':' 'Obl1ida t.ollll'e le YIlleul'cuxgtlnéral qu'était Khôlid, fils d'l1l·Walid. Alto':' 'Obaitfa esl un desdix hommes l1uxqucl", Mahomet a promis sùrcmcnl le l'a\"[lllis. Il moul'ul


IHARCIIIVES )IAROCAINESporteur <strong>du</strong> rescrit adressé parle khalife à Aboli 'Ohaiùa etpar lequel il lui confiait le commaJ;ldement et le retirait àKhâlid; son arrivée coïncida avec un combat t où les soldatsétaient engagés. Ils interrogèrent le messager sur lacause de sa venue. Il leur apprit que tout allait bien, leurassura qu'il allait être suivi par des renforts, et leur cachala mortd'Aboû Bakr. Puis, il parvint jusqu'à Aboù 'Obaidafils d'~l-Djarr:i}}, lui apprit cette mort en secret et lui remitle rescrit d''Omar l'investissant <strong>du</strong> commandement et106 destituant Khâlid. Aboû 'Obaida eut honte en face de Khâlidet ne put se décider à l'infortner de sa destitution, aumoment où il venait de prodiguer ses efforts dans le combat;il préféra lui cacher la nouvelle, et patienta· jusqu'àce que la conquête fLÎt achevée et annoncée [au khalife]dans une missive au nom de Khâlid. Puis il lui fit savoirla mort d'Aboù Bakr et la destitution prononcée contrelui-même [par 'Omar]; Khâlid remit aussitôt à Aboû'Obaida le commandement de l'armée.La prise de Damas 2 eut lieu en l'an 1.4 de l'Hégire (635de J.-C.), sous le khalifat d"Omar, fils d'al-KhaHâb.Et c'est pendant le règne de cette même dynastiequ'eurent lieu la conquête de l"Irâq et le renversementdes rois Cosrordes. Voici le commencement des événementsqui firent passer leur empire aux Arabes.Certes, Allâh, par sa prescience, par son éminente sagesse,par sa toute-puissance, lorsqu'il veut une chose, enprépare les voies. Il s'est décrit lui·même en ces termes:en l'année 111 de rHégire. cr. PRINCE DE TEANO,' Annali de(lsldnt, Intro<strong>du</strong>ct.,§ 229 et passint.1. C'est la grande bataille <strong>du</strong> Yarmoùk, qui eut lieu auprès de larivière de ce nom. cr. CAUSSIN DE PERCEVAl, Essai sur l'hislaire desArabes, III, 445 et suiv. La rivière en question est un affluent de gauche<strong>du</strong> Jourdain, Son nom latin est Hieromax, <strong>du</strong> grec Hieramyces. Elle porteaujourd'hui le nom de Chart'al al-Manddzirfl. cr. PRINCE DE TEANO,Annali dei lsldm, t. Il, année XI, S4; année XII, § 321 et passim.2. Après un siège de plus de deux mois. cr. CAUSSIN DE PERCEVAL,Essai, III, 451 et suiv• ; G. 'WEIL, Geschichle der Chalifen, 1,45 et suiv.


IlISTOIRE DES DYNASTmS MUSULMANES 12EiIl Dis: 0 Allâh, toi qui disposes de la royauté, tu donnesla royauté à qui tu veux, et tu retires la royauté à qui tuveux; tu honores qui tu yeux et tu abaisses (lui tu veux.Dans ta main est le bien, certes tu es tout-puissant '. "Aussi, lorsqu'AlIâh (qu'il soitglorifié!) vouluttransmettrela royauté des Perses aux Arabes, il lança de tels signespréclH'seurs de ceUe décision qu'il remplit de terreur lescœurs des Perseset de leurs pl'inces. Ce fut d'abord l'ébranlement<strong>du</strong> palais [des Cosroës] et la chute de ses créneaux,au moment même où naquit le Prophète (sur lui soient lesmeilleures bénédictions !), puis l'ex.tinction <strong>du</strong> feu sacrpde Fûris, qui ne s'était pas éteint depuis mille années.Ces éyénements eurent lieu à l'époque d'Anotlcharwânle Juste 2. Lorsque celui-ci vit la chute des créneaux, leslézardes <strong>du</strong> palais, il en fut ému, revêtit sa couronne, s'assitsur son trône, fit venir ses vizirs et les consulta. A cemoment-là même, arriva un écrit venant de Fâris et annonçantl'extinction <strong>du</strong> feu sacré. La tristesse de Cosroës redoubla.Sur ces entrefaites, le moùbadzân se leva et racontale songe qu'il avait eu. Il J'ai vu, dit-il (puisse Allâhfavoriser le roi !), de faibles chameaux montrer la route àdes chevaux·arabes qui ont tl'aversé le Tigre et se sontdispersés dans les régions arrosées par ce fleuve. » Cosroëslui dit : ~( Quelle est l'interprétation de ce songe? »Il répondit: « Puisse Allâh favoriser le roi! il s'agit d'unévénement qpi arrivera <strong>du</strong> côté des Arabes. » La nom'ellede ces présages se répandit parmi les Perses; ils en causèrent,la terreur habita leurs cœurs et la crainte desArabes ne quitta plus leurs âmes. Puis, d'autres pronosticseft'rayants <strong>du</strong>. même genre se suiyirent sans intervalle jusqu'audénolÎment. Ainsi Houstoum 3, lorsqu'il sortit pour10ï1. Qoran, Ill, 3Ei.2. Voy. ci-dessus, p. 95, note 1.3. Le général en chef de I"armée des Perses, dont la mort est indiquéeà la fin <strong>du</strong> ,·écit.1 2 *


126 ARCHIVES MAROCAINEScombattre Sa'd l, fils d'AbotÎ VVaqqâs, vit eu songe un angedescendre <strong>du</strong> ciel, rassembler les al'cs des Persès, mett~eSUI' eux son cachet et les emporter au ciel. A cela vint sejoindre le spectale auquel ils assistaient, de l'assurance qlleles Arabes manifestaient dans leurs paroles, 'de leur contianceabsolue, de leur patience en<strong>du</strong>rante contre les dangers,enfin les dissensions où les Perses se trouvaient108 eux-mêmes .après la mort de Chahriyâr'.? et l'avènementd'Yezdédjerd :1, qui monta sur le trône tout jeune et sansapporter de grandes qualités d'intelligence. Enfin, la catastrophedécisive 't fut déterminée pour eux par le vent quise retourna contre eux à la bataille de Qàdisyya, les aveuglade poussière, et rendit lem' destruùtion générale.C'est dans cette bataille que fut tué Roustoum et que sonarmée fut mise en déroute. Considère ces désolations etsache qu'AUâh décrète et réalise.EXP'~DlTlO:" DE L'ARMi,E YERS L"IRÂQ, ET Cl?NQUI~TEDE T.A nOYACTÉ sen tEs PERSESLa f,'ontière de la Perse était parmi celles qui donnaientle plus de souci aux Arabes, qui leur pesaient le plus etexcitaient au plus haut point leurs craintes. Ils n'aimaientpas y faire d'incursions, et s'en tenaient à l'écart parcequ'ils respectaient la puissance des Cosrotis et


IIISTOIIIE DES DYXASTIES )It;Sl'UI\NES 127sl\Yaient, ce (lui était de notoriété, combien de peuples lesCOSl'oës avaient soumis à leur autorité. Il en fut ainsi jusqU'àla fin <strong>du</strong> règne d'~\bo!Î Bakr. Fn des compagnons<strong>du</strong> Prophète, nommé ?lIouthannfl l , fils d'J.Iâl'itha, s'étaitlevé, avait invité les hommes à combattre les Pel'ses, leuravait l'cprésenté l'entreprise comme facile. et les y avaitencouragés. Un grand nomlH'c d'entre eux s'était laisségagner, en se ,'appelant la promesse de l'A potre lI':\llâh,qui leur assurait dans l'avenir la possession des trésors desCosroës, Et pourtant aucunc décision n'avait été pl'isesous le khalifat d'AbolÎ Bakr', jusqu'à ce qu'llnivèl'cnt lesjours d"Omar, fils d'al-KhaHâb. ~Iouthanllâ, fils d'J.I:\ritha,écl'Ïvit au nouveau khalife pour lui faire connaîtr'e letrouhle des affaires des Perses, l'avènement au trône d'Yeidédjerd,fils de Chahriyâl', et sa jeunesse; en elfet, celuiciétait monté sUl'le trône à l'âge de vingt et un ans. Alorss'affermit chez les Arahes le désir de faire incursion en 109Perse. 'Omar sortit de Médine et établit un camp en dehorsde la ville, sans qu'on slÎt où il voulait aller. Personnene s'enhardissait à lui posel' la moindre question, au point(Iu'un jour, quelqu'un lui ayant demandé quand on parti.rait, 'Omar le renvoya sévèrement sans lui rien fail'e savoir.Or, toutes les fois que les hommes étaient embarrassés etqu'ils ne pouvaient sc passer d'obtenir d''Omar une information,ils avaient recours à l'intervention d"OthmlÎn, filsd"Afl'ân, ou d"Abd ar-RaIJmân, fils d' 'Auf. La difficulté étaitelleencOI'e plus grande, ils leur adjoignaient comme troisième'Abbâs. 'Othmân dit à 'Omar: « 0 l~mir des Croyantg,quelles nouvelles as-tu reçues, et quels sont tes intentions?). :\lors 'Omar fit l'appel de la pl'Ïère en commun.Tous se réunirent à lui; il les mit au courant de la situa-1. Cf. CA.lJSSI:-I DE PEIICEV.\L, Essai, Ill, 401 el sniv., 4:lK el sni\'. Vo\,. I('f!rérél'l'lIces nul' lexIes {Imites d:ms .tmlnti dei IsMm, par le Pm:->r:E DETEA:"O, Inlro<strong>du</strong>ction, ~ 230 el année XII, ~ Il:', et ,.:uiv.; l\lAS'OClli, l'I'aiJ'iesd'or, IV, 2I1U-219. G. \VEIL Gescflichfe der Cflali(en, l, liO et sui\'.


128 ARClIIVES J\lAROCAINES1JOtion, les exhorta, les invita à faire incursion en Perse, etleur représenta l'entreprise commefacile. « Nous t'obéironstous », répondirent-ils. Puis ils lui demandèrent de semettre lui-même à leur tête. « C'est ce que je ferai, àmoins qu'on ne me suggère une idée meilleure. » Puis ilenvoya vers les plus sensés, les plus distingués et les plusintelligents des compagnons <strong>du</strong> Prophète, les fit venir etles cOJlsulta; ils lui conseillèrent de restel' et d'envoyer àsa place un des illustres parmi les compagnons <strong>du</strong> Pl'Ophète,derrière lequel 'Omar se tiendrait pourluifournir desrenforts. S'il y a victoil'e, le but sera rempli; si le chefdésigné meurt, 'Omal' en enverra un autre à sa place. Lorsqu'ilsse furent rangés unanimement à cet avis, 'Omarmonta en chaire, comme c'était l'usage des premiers khalifes,lorsqu'ils voulaient haranguer le peuple. Lorsqu"Omarfut monté, il dit: C( 0 hommes, mon intentionétait de sortir avec vous, mais des gens de cœur et d'espritd'entre vous m'en ont détourné et m'ont conseillé d6irester et de désigner un des compagnons <strong>du</strong> Prophète, quise chargera de cette expédition. » Puis, 'Omar les consultasur celui qu'il devrait choisir. A ce moment même,il reçut une lettre de Sa 'd, fils d'Aboû "'aqqâl;!, qui étaiten voyage dans rune des provinces. Ils conseillèrent à'Omar de nommer Sa'do « C'est, dirent.ils, un lion lorsqu'ilfond sur l'ennemi. » Or, J'estime en laquelle 'Omartenait Sa'd était d'accord avec ce jugement; il le fit doncappeler, le préposa à la guerre de l"Irâq et lui confia l'al'mée.Sa'd mit les troupes en marche, et 'Omar les accompagna(Iuelques parasanges, puis les exhorta et les excita à laguerre sainte avant de prendre congé d'eux pour retournerà Médine. Sa '.d continua sa l'oute, se tr:mspol·tant par étapesdans la plaine qui est entre le ~edjâz et KoMa, cherchantà se rendre compte de la situation, et recevant (l"Omarmessagers et messages, et au.ssi conseils sur conseils, renfortssur renfol'Îs, jusqu'à ce qu'il eùl pris la l'ésolution


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 129de gagner Qâdisiyya l, qui était la clef de l'empire perse.Lorsque Sa 'cl se fut établi à Qâ


130 ,\IH:llln:s )1.\ROC.\l:'\ES11~ad-Din l\1o ul.tanuuad, fils d'i\il1amir 1,. m'a raconté cc qui!juit: « J'étais dans 1'1ll'1Il(~C <strong>du</strong> petit DawaiMlr"!, lorsqu'il fitHnp sOl'lie il la rencontl"l~ des Tatares, il l'ouest de Hagh":(1{idz, dans le g"rand comhat (lui y fut livré en G5G Il ('l258'de .I.-C.). Il poursuivit: « La rencontre eut lieu près deNahr BachÎl':t, dalls le district <strong>du</strong> Petit-Tigre'. Chacundl' uos ca,-aliers sortait des rangs pOUl' se mesurel' aveclm ri'-hl; porté SUl' son cheval arabe et recouyert de sonnl'IIIUl'e COJllp!t"tc. il ressemhlait aH'C son cheyal il unehaute mnntnglle. Puis, <strong>du</strong> cMI; des Mogols, il sOl'tait il sal'encontre lIll candier Illonté sUl'un cheval semhlable il un;'IIIC, et tenant il la main une lancc semblable il un fuseau:il n'était ni vèlu ni armé, et quiconque le voyait riait de lui.:\Iais le joUI' n'l'lait pas achevI; que les ~Iogols firent contre1I0US lm retoul' oll'ensif et nous infligèrent une sanglanted(·faite. Ce fuL le l'oint de déptll't des événements malheul'euxIl"i sc déroulôrent par la suite, comme on le sait. »Puis les messngcrs allèrent et vinrent entre noustoum~el Sa- d. Le messager hédouin venait jusqu'à la porte <strong>du</strong>palais, Olt Houstoum était assis sur le tI'ône d'or, et sur lesol a,-aient (;té l'épan<strong>du</strong>s et éten<strong>du</strong>s les coussins et les tapisaux tissus d'm', Les Perses avaient mis lelu's COUl'onnes SUI'leurs têles, étalé leurs ol'llcmellts, mis en évidence leséh;phanLs SUl' les côtés de l'assemhlée, .\lors venait leBédouin, tenant sa lance (lans sa main, ceint de son épée,portant SOIl arc SUI' l'épaule, et il attachait son cheyalPl-t'S tin tt'ùnc de Houstoum. Les Pel'ses criaient alorscontt'p lui et se disposaient il l'en empêcher. Mais noustoulUles I·('tenaiL, puis faisait approchel' le Bédouin, (lui1. Cf. ILIllTWIf; IJEnE:"'DOIlRG, A/-Pa/ïllI'i, inl l'oL!udioll ou lextc amlte, p. Il.2. ,"oy. ci-llc""u:". p. 8i Bole 2, et, pit!>' loin. la tl'a<strong>du</strong>ction rOITespolld:l!1te:'lla page 4.i:l <strong>du</strong> lexte 3\'abc,:1. Cc /:3/101 étnil situé li l'ouc;;l tllI Petit-Tigl'e, qu'il l'elinil l'l'oltable­11I


I1ISTOIRE DES DYNASTIES '1L:SI:l.M,\NES tHs'anmçait vers lui, en s'appuyant SUl' sa lance, sans craintede fouler et de d~chirer avec sa ferrure pointue cous-, sins et tapis, tandis que les Perses assistaient à ce spectacle.Lorsque le Bédouin pal'Yenait jusqu'à RoustOUIll, ildisctltait avec lui. noustoum ne cessait pas d'entendre lesArabes dire des sentences et lui faire de sages réponses(Illi l'effrayaient et le tenifiaiellt.Sa 'cl cm"oyait ch8f(ue fois tlll autre message/-, lIoustoumdit alors à l'un de ceux qui lui avaient été dépêchés: « Pour­{(uoi ne nous a-t-on pas em'oyt; notre compagnon d'hier?- C'est, répondit le messager, parce que notre émir [Sa'd:tient la halance exacte entl'e nous aux heures de danger etaux heures de détente! » Roustoum dit un jour il un autre:« Qu'est-ce que ce fuseau qui ëst dans ta main? »); il désignaitainsi sa lance. Le llédouin répondit: Il Ln Inaise, POli/­êLt'e petite, n'en est pas moins hrùlante. ») t'ne autt:e fois.HoustOUIIl, s'acll'essant aussi il un autre messnger, lui dit:Il Comment se fait-il que je te voie une épée usée?- Le foUI'·l'eau, répondit-il, n'est plus poli, mais la lame est acérée. »HoustoulIl se laissa effraye l' par de telles réponses, Ildit il ses compagnons: "Tenez-vous sur vos gnl'des; ql',ou ces hommes disent n'ai ou ils mentent. S'ils mentent,des hommes qui gardent. ainsi leurs secrets snns jamaisse contredire, et qui se sont enten<strong>du</strong>s de la sorll' l'ourdissimuler la vérité sans qu'aucun d'eux ne la ré\"(\le, COllstituentun peuple d'une cxtrènw bravoure et d'une fOl'ceimmense. Si, au contrait'e, ils disent \'l'ai, qui pounait teniren face d'eux? ) Les Perses qui entouraient Iloustoumse mirent il. crier et dirent: I( Y,'ai Dien! Yas-tn donc renonceril tes projets pour ce que tu as YU dc ces ('hiens ;t'Non,pel-siste il les combattre. » noustoum reprit: « Leschoses sont comme je YOUS le dis; je n'en snis l'as moinsavec YOUS pOlir ce que YOUS désirez. )Le combat <strong>du</strong>l'a plusienl's jours, au hont desqucls leycnt se retourna contre les Pel'ses, nu point que ln pous-1'13'


182 ARCIIIVES MAROCAINE~Hl.sière Jes aveugla. Houstoum fut Lué, son armée mise endéroule et les biens des Perses pillés. Ils s'enfuirent entoute hâte, cherchant à gagner les gués <strong>du</strong> Tigre pOUl'passel' sur la rive orientale. Sa'd les poursuivit, traversa Jesgués, fit dans leurs rangs un nouveau massacre à Djaloùlâ 1,pilla leurs biens et fit prisonnière une fille de Cosroës.Sa 'cl écrivit ensuite à 'Omar pour lui annoncel' la Yietoire.01', pendant la <strong>du</strong>rée des hostilités, 'Omar se préoccupaitbeaucoup <strong>du</strong> sort de l'armée. Cha


HfSTOIltE DES DYNASTIES IIIUSULIIIANES 133quée cathédrale, etles hommesr alignèrent des habitations.Sa'd fit de Koûfa une capitale, puis il soumit Madâ'in etdevint maÎtre de ses richesses et de ses trésors.Voici quelques faits piquants qui se rapportent à cetteépoque: .Un Antbe. s'était emparé d'un sac en cuir, où il y avait<strong>du</strong> camphre. Ses compagnons, auxquels il montra sonbutin, crurent que c'était <strong>du</strong> sel, firent cuire des mets ety mirent <strong>du</strong> camphre. Ils n'y trouvèrent point de goûtet nesurent ce qu'était cet ingrédient. Quelqu'un [plus avisé]l'ayant YU, sut ce que c'étaitet leur acheta le camphre contreun~tuniqueusée valant bien 2 dirhems.D'autre part, un Bédouin s'était emparé d'une pierreprécieuse, une jacinthe de grande taille, qui avait beaucoupde valeur. Il n'en savait pas le prix. Un connaisseurla vit et la lui acheta pour 1.000 dirhems. Peu après, leBédouin apprit ce que valait sa pierre précieuse. Dansson en~ourage on le blâma, et on lui dit: l( Que n'as-tudemandé une somme plus considérable ? - Si j'avais·su, répondit-il, qu'au delà de 1.000 il existât un nombre 115supérieur à 1.000, je l'eusse demandé. »Un autre Arabe prenait dans sa main de l'or et disait:Il Qui me prendra cette matière jaune et m'en donneraune b1~nche à la place? » Il croyait que l'argent étaitplus précieux que l'or!Parlons maintenant de ce que dednt la situation deYezdédjerd. Il s'était enfui dans le Khorâsân, et sesaffaires ne cessèrent pas d'empirer jusqu'à ce qu'il r frittué en l'an 31 de l'Hégire (651 de J.-C.). Il est le demierdes rois Cosroës t.Et ce fut pendant la dynastie dont nous nous occupons,que furent organisés les registres et fixée la solde des. J. De la dynastie rdes Sassanides. Vor. Prairies d'or, Il, 23! el suho.Cf. ci-dessus, p. ]26, noIe 3 el 111'\ AL-ATfliR, Chronicon, Il,345 el s'I.


1:11 AIICIIlVES )1.\nOC.\I"iES~(nsulll1ans, Auparavant, ceux-ci Ile savaient pas ce qne-c'(qait qu'un registre.Voici des détails sllr celle organisation des registres,Les 1\1usulmans constituaient l'nrmée, et ils cam baUaientpOUl' la religion, non pOUl' les bieus de ce mOllde. Il sctrouvait llll\me toujours paI'mi eux quel(lu'un qui dépensâtune !Joulle part de son bien pour des œuvres pies ct saintes.1\(ais'les M lIsnlmans ne voulaien t pOUl' leul' Islâm et POIH'la défense de leur Prophète aucune rétribution, exceptécelle qlle leUl' réservait .\Hah. Et ni le Prophète, ni .\holÎBah ne leur avaient fixé de solde déterminée. SeulelIlent,lorsqu'ils avaient fait une incursion suivie de pillage,et qu'ils avaient pris quelque butin, ils en touchaientuue IHll,tie 1 (IIW la loi religieuse déterminait. S'il al'l'ivait à)Iédine quelques richesses pl'O\'enant d'une région quelconque,elles étaiellt portées à la mosquée llu Prophète etpartagées entre eux, selon la proportion qu'il fixait lui-116 même. Cette manière d'ngir contillun pendant toute la<strong>du</strong>rée <strong>du</strong> khnlifnt d'.\bot'! Bakr. En l'nn 15 ((j;36) de l'HégiJ'e,'Omar, (lui était alors khalife, obsel'va que les victoiress'étaient succédé sans interruption, que les trésors desCosrot's avaient été con


lIJ~TOIRE 1)ES OYNASTIES IIIUSeUIA:'lE5dépenses, sans que ricn Cil rlit omis. Les ayanls droit illa solde y (~taient rangés ('n lIfl certain nomhre de classes,où aucune erreur ne pouvait se glisser. » 'Omar, dont l'attentions'était pveillée, dit: « Décris-moi le registre. » Lesatrape le lui décrivit. 'Omal' comprit, organisa les registres,fixa la solde, attribua à chaque ~IlIsullllan lInesomme déterminée, et assigna des pensions aux épouses,HUX concuhines ainsi qu'aux plus proches parents <strong>du</strong> Prophète,jusqu'à ce qu'il épuisilt le capital disponihle et IWlaissât ~lUcune résene dans le Trésor.L'n homme, dit-on, vint le trouver et lui dit: (\ 0 tmirdes Cl'oyants, si tu laissais '(uelque chose (tans les caisses,~omllle résel',-e pour des éventualit(~s qui pounaient scpro<strong>du</strong>ire. » 'Omm' le réprimanda sévèrement en lui disant:c( C'est,une parole que Satan a mise dans ta honche.Puisse i\lIâh me garde!' <strong>du</strong> mal qu'eUe peut amenel'! Cesera là une tentation pour mes successeurs; quant ;\ moi,je ne préparerai rien pour les éventualités de l'avenir,sinon l'obéissance à ,\llàh et il son .\pôtl'e, C'll' c'est là ,1 Ilnotre réserve, grâce à la


136 ARCIIIVr::S M.\HOGAIl"r::Sdescendants d'al-Khatfâb là où AlIâh les a placés. lIOn serangea il son avis et cela demeura en vigueur pendant les'''talifats d"Omar etd"OthmAn. 'Omar,à la fin de son khalifat,avait eu la pensée de renvel'ser tout cela et d'accorderil chaque Musulman 1l.000 [dirhems] l, et il avait dit: « Ily en aura 1.000 qui serviront aux dépenses de sa famillelorsqu'il sera parti pour la guerre, 1.000 avec lesquels ils'équipera, 1.000 qu'il gardera par devers lui, et 1.000 quilui serviront il payer un compagnon d'armes. Il 'Omar étaitmort avant d'avoir réalisé ce projet.Une des rencontres célèbres pendant cette dynastie fut larencontr'e <strong>du</strong> chameau.En voici l'historique: Lorsqu"OthmAn, fils d"AffAn, eutété tué, les hommes se réunirent, se dirigèrent vers lademeure de l'Émir des Croyants 'Ali, et lui demandèrentde se charger <strong>du</strong> pouvoir. 'Ali refusa et dit: « Je n'éprouvenul besoin d'être votre émir. » Ils insistèrent auprès de lu,i118 avec énergie et vinrent le trouver de tOl;1te part en le pres'­sant dans ce sens, jusqu'à ce qu'il y consentît. Le peuplelui prêta le serment de fidélité, et 'Ali tint à leur égard unecon<strong>du</strong>ite toute d'équité et de droiture, sans pouvoir êtreatteint en AlIâh par aucun blâme 2. Ses mouvements et sesrepos étaient également consacrés à AlIâh et pour Alll.\h,sans qu'il prît ces dispositions dans l'intérêt de tel ou tel.Il n'agissait que d'après la justice et l'équité. .Ce fut au point qu"Aqil, son frère de père et de mère(germain), demanda qu'on lui donnât <strong>du</strong> Trésor public unegratification il laquelle il n'avait aucun droit. 'Ali (sur luisoit le salut !) la lui refusa en disant: « 0 mon frère, il nete revient de ce Trésor que ce que je t'ai donné. Maisprends patience jusqu'à ce que mes revenus me parviennentet je t'en donnerai ce que tu voudras. » 'AfJil ne gOLÎta1. Le mot ne Fe trouve pa" dans le texte; mais "oy. KRlmER, Cullargeschichteder Araber, 1,68; CAUSSIN DE PERCEVAL, Essai, ln, 505.2. Qoran, V, 59.


HISTOIRE DES DYN,\STIES 1IIUSUUL\:"ES 131pas cette réponse, se sépara de son frère et rejoignitMou'âwiya en Syrie 1.:Même à ses deux fils, ~Iasan et l;Iosain, 'Ali ne donnaitpas plus que ce qui leur revenait de droit. Admirez cethomme, que sa piété a fait agir de la sorte envers sesdeux fils et envers son frère de père et de mère!Cette belle con<strong>du</strong>ite d"Alî fut désagréable à bien deshommes qui ne voulurent pas rester avec lui. Zoubair 2 etTall)a a, après l'avoir reconnu, quittèrent Médine pour serendre à Ln Mecque, où vivait 'Â'icha, femme <strong>du</strong> Prophète.Elle s'y était ren<strong>du</strong>e pendant les nuits oli fut bloqué 'Oth.1. Voy. ci-dessuR, p. JI5 et note '3.2. Le nom entier de ce compagnon <strong>du</strong> Pl'ophèle estAboù 'Ahd AIJ:ihZoubair, fils d'al-'Awwâm, fils de Khouwailid, fils d'Asad al-Qouracbial-Asadi. Il était le neveu de Khadidja, la première femme <strong>du</strong> Prophète.Les historiens s'accordent pOUl' dire qu'il fut un des premiers Arahe!'!qui embrassèrent l'IslAm et le pl'emier qui ait tit'é son épée pour défendl'eMahoml1t. Il joua un grand rôle dans toutes les batailles que Mohometlivra il ses ennemis. Après la mort de ce dernier" il conserva encore unegl'ande innuence. Dans le différend d"AIl avec 'A'icha, il prit parl.i pOUl'celle-ci, mais sans enthousiasme. Il s'éloignait <strong>du</strong> champ de la batailledll chameall, lorsqu'il fut poursuivi et assassiné pal' Ibn Djourmoùz etcela en l'année 36 de l'Hégil'e. Cf. IBN QOTAlnA, !t1a'dri(, 3-1-,1. 8; MAs'oÙDI,Prairies d'or, Index, p. 298; NAWAWi, I$11ba, 2;;0-2:i3; ilgllani, Index, 355­336; JnN DOURAID, Genealogisclle, éd. Wïlstenfeld, p. 3ii, 1. 18; CAUSSIN DEPERCEVAL, Essai, Index, p. 603,1. 28; PRINCE DE TEANO, Annali (lei IsMm,Index, t. II, p. lM;;; 'KI/ALIL IDN AIDAI..: A~-!;lAFADi, Al· lF(lll bil-wa(ayl1t,manuscrit de Paris, n° 2OGt, fo 79 l'0.'a. Ta\l,la, ms d'Oubaid A\làh, fils d"Othmân"fils d"Amr, fils de Ka'h at­Taimi, un des rlus impol'tants compagnons <strong>du</strong> Prophèlp.. l'\é dans laseizième année depuis la misl'lion de Mahomet, il mouruleu l'année 36de l'Hégire (= 6,36 de J.-C.). Il prit part à toutes les grllndes batailles quimarquèrent les dèbulsde l'IslAm et fut un des hommes les plus innuentsaprès la mOl't de Mahomet, C'est un des dix pl'emiel's convertis à \'IslAmet un des dix hommes auxquels Mahomct avait assuré les félicités <strong>du</strong> Paradis.Le khalife 'Omar, qui, au moment de mourÏ1', l'avait nommé de laCommission des six, qui devait délibérer sur le sorl <strong>du</strong> khalifat, le lI'ouvaittrop orgueilleux. C'est pOUl' celle raison qu'i1 ne voulut pas le désigncl'pour lui'succéder comme khalife. Voy. sur cc point. I\HWAIIDi, AI-A{lkàm,trad. OslI'orog, l, Ia9. Pour la hiographie de 'faIl.H1 , voy. notammcnt:CAUSSIN DE PERCEVAL, Essai, Index, p. 597; NAWAWi, I\~ûba, l, 32:>-6;fnNQOTAInA, !t1a't1rif, p. 33; InN DOURAID, Genealogische, éd. Wüstenfeld, p. 34;Y~QOCT, Mou'djam, register, p. 486; [(i/âb al-Aglldni, Index, p. 421;: Vüs­TRNFELD, Regisl., p. 439 ; PRINCE DE TEANO, Annali del/sl!'lm, Index, p. 1501 :MAS 'oCDI, Prairies d'or, IV, 201 et suiv. et Index, p. 271.1 3


HIS.\nCIH\'ES ~L\HOC.\lJlôES1ll:1u, fils d".\ffùn. Ils furent tous deux d'accord avec ellepour ne pas agréel' qU"l\11 lùt Émir des Croyants et dansleUl' désir de poursuivre la vengeance <strong>du</strong> sang d"Othm~1n.D'après eux, 'Ail aurait excité le peuple contre 'Othmânet l'aurait enhardi il le tuer. Bien au contraire, 'Ali n'avait119 jamaïs cessé de prêter absolument assistance à 'Othmân etde le protéger, et 'Othmân n'avaitpas cessé de chercher unrefuge auprès de lui pour tenir les hommes il distance,ce dont '..:\lî se chargeait avec un empressement louable.A la fin, 10I'squ"Othmân fut bloqué, '.\li envoya même sonms IJasal1 (qu'Allàh soit satisfait de lui!) pOlir lui portel'secours, et dit il ce sujet: « Certes que.J.Iasan a voulu sefaire tuel' avec 'Othmân. Celui-ci avait beau lui demande.'de se contenir et l'en adjul'er, I,Iasan n'en risquait pasmoins sa vie pOUl' lui prêter secours. Il Quant ft TaIl,ta, ilfut un de ceux qui ont le plus fait contre 'Othmân, commeen témoignent tous les ouvrages historiques.Pour ce qui concerne 'A'icha, elle s'était ren<strong>du</strong>e fie)(édine il La )fecque pendant les nuits où fut assiégé 'Oth·m:\n, fils d"Affân. Puis elle revint de La l\lecque à Médine.Un de ses oncles maternels la rencontra slir la route.Elle lui dit: « Que s'est·il passé delTière toi 1 ? '1 Il répon.­dit: C( 'Othmân a été tué. - Qu·a.t-on fait ensuite?demanda 'A'icha. - Il~ ont proclamé '.\li khalife. 1) Ellereprit: « Puisse le ciel tomber sur la terre '!, si vraimentla chose réussit à celui dont tu parles. IlElle retourna à La Mecque en disant: « Par Allâh, Othmàna été tué injustement. Par AIlàh, je poursui\"l'ai lavengeance de son sang. Il Son interlocuteur lui répliqua:« Pourquoi, par .\llâh? C'est toi qui, la première, a débla-1. C'est un pUt' l\I'nhi,;me, pOUl' dire: .. Quelle;: nOllvelle8? Il2. LiUél'alemenl., le lexIe al'abe se tra<strong>du</strong>it: .. Puisse celle-ci se ,·e(('I'·mer s'ur celle-ci, si elc.j. Mais le sens de la loculion ne fait \ln,: doute. Endehors des pnl'snges indillllés pn!' Do7.Y (Sllpplém. allx diction. arabes, Il.2,', ill medio, s. v.), voyez Ihn nt 'fi{J!acl:l lui-même plus loin, p.llJ6,ligne2,


IIISTOIRE DES DYNASTIES ,\IUSUDIANES 13!)téré contre lui. Par .\Ilâh, c'est toi qui disais: « Tuez« Na'thal, car il a été impie. » Or, Na'thal ét:.lit un surnom:d'Othmân. » Elle répondit: « Ils l'ont fait revenir il l'ecipiscence,puis ils l'ont tué. J':.li dit, c'est vrai, un tas dechoses, et ils en ont dit aussi, mais c'est m:.l derni(\reparole qui vaut mieux (flle m:.l première. »Lorsqu".\ïcha revint il La Mecque, elle tomha d'ac- 120cord avec Zouhait· et TaIl.ta, comme nous.l'ayons dit, ponrdemander vengeance <strong>du</strong> s:.lng d"Othmân et pour manifesterleur colère contre l'élévation d".\li il la dignité d'J~mirdes Croyants. Ils eurent pOUl' allié :Marwân " fils d'al-I,Iak:.lm,cousin, par son père, d"Othmftn, Voici ce qu'ils direntuu peuple: « La populace, composée d'hommes descapitales et d'esclaves des gens de Médine, s'est l'éunieconlt'e ce malheureux (ils désignaient ainsi 'Othmân) et ilsl'ont tué injustement. Ces gens ont versé le sang sacré dansle territoire sacré 2 pendant le mois sacré :1. » .\.yant ainsigagné le peuple ils décidèrent de se diriger vers Ba!;1ra,de gagner les habitants et de s'en aidel' pour combattre'.\li.Lorsque l'Émir des Croyants connut ces dispositions, ilse leva, harangua le peuple et le mit au courant de ce quise passait. « C'est là une sédition, dit-il, et je tiendrai lePOUVOil' tant que tiendra à mon corps ma main. » Puis ilapprit les rassemblements que ses ennemis formaient etqu'ils avaient l'l'is le parti bien décidé de lui faire la guerre.Il s'avança à leur rencontre, à la tête d'une armée, oùnombreux étaient les compagnons de l'Hégire etles :.luxi­Iiaires <strong>du</strong> Prophète.En se dirigeant vers Ba!?ra, 'l\'icha avait passé devantl. SUI' ce pcrsonnage, voyez plus loin la tradlldion corre;;pondanlc auxpage;; 163 ct "lliv. <strong>du</strong> texte 3J':Jhe.2. C'est il ~'édine et non il La Mecrl'Je qu"Othmôn l'ut tUll.a. En elTet l'C kh:dire rut IlssllsRiné IlPndant le mois RIH"'é Dzoù-l'lIirlrljll,le vendredi tlcl'nier jouI' tle ec Illois. cr. )IAs'ovOÎ, Pl'uil'ies d'ul,', 'Y, 2~2.


140 ARCHIVES MAnOCAJNESun puits nommé aI-~Iaw'ab t. Les chiens de cet endroitaboyèrent après elle. Elle dit au guide qui l'accompagnait:« Quel est le nom de cet endroit? - AI-lJaw'ab, réponditil.- Elle cria alors à pleine voix: « Ramenez-moi; nousappartenons à Allâh et c'est vers lui que nous revenons 2,J'ai enten<strong>du</strong> l'Apôtre d'Allâh dire à ses femmes: « Il ya une de vous après laqueIIe aboiront les chiens d'al­IJaw'ab. » Et elle résolut de s'en retourner, On lui dit: Il Leguide a menti et n'a pas reconnu l'endroit. » On ajouta:121 Il Si tu ne quittes pas ce pays, 'Ali vous atteindra et vouspérirez tous. » Elle partit, 'AH se mit aussi en marche et lesdeux armées se rencontrèrent dans la banlieue de Ba~ra.Alors, eurent lieu des rencontres et des escarmouches,'AH se rencontra un jour avec Tall}.a et Zoubair. 'AH dit àTall}a : Il 0 Tall}a, tu prétends venger le sang d'·Othmân.Puisse Allâh maudire les meurtriel's d"Othmân ! 0 Talba,tu amènes la femme <strong>du</strong> Prophèt~ et tu te sers d'elle pourme combattre, tandis que tu as caché ta femme dans tamaison. Et pourtant, ne m'avais-tu pas ren<strong>du</strong> hommage?- Oui, répondit-il, le couteau SUl' la gorge. li'AH dit à Zoubair: Il Quelle cause t'a poussé à la révolte?. - Toi, répondit-il; et je ne te considère pas comme dignede cette charge ni comme méritant plus que nous de robtenil'". 'AH reprit: (1 Nous te tenions pour un des fils d"Abdal-MouHalib, jusqu'au jour où est venu ton fils, ton fils pervers,'Abd Allâh ibn Zoubair, qui a eté la division entrenous. li 'Ali lui rappela bien d'autres souvenirs et ajouta:« Te rappelles-tu cette parole qu'a prononcée le Prophète:Il Oui, tu le combattras injustement? )l Zoubail' dit: « ParAllâh, c'est vrai! Si j'y avais pensé, je n'aurais pas suivi lavoie que je suis. Mais, par Allâh! je ne te combattrai plusjamais. 1)1. cr. MAS'oûDI, Prairies d'or, IV, 305-306; InN AL-ATHÎR, op. cil., III,p. 169-lïO; G. \VEIL, Geschichle der Chali(en, l, 180.2. Qoran, II, liii.


lIISTOIRE DES DYNASTIES ~IUSULMANES HlL'Émir des Croyants l'etourna vers ses compagnons etleur dit: I( Quant à Zouhair, il s'est engagé devant AlIâh àne plus YOUS combattre. »Puis, Zoubair résolut d'abandonner la lutte. Maisson fils'Abd Allâh le circonvint, et ne le quitta point qu'il ne luieLÎt fait racheter 1 son serment et combattre.Lorsque les deux armées furent en présence, les partisansd":\'icha, de Tall;1a et de Zouhair étaient au nombre de30.000. 'Ali ne commandait qu'à 20.000 hommes. Avantque le' combat ne fôt engagé, l'J~mir des Croyants lesexhorta, le;s convia à la paix, et leur promit toutes les con- 122cessions qu'il pouvait faire sans porter atteinte à la religion.Il yeut certaines tendances pacifiques, et l'on passala 'nuit dans ces dispositions. Le lendemain matin, on envint aux mains de part et d'autre. Attaques et cOlnhatsaboutirent à la victoire complète remportée par l'arméede l'Émir des Croyants. .Lorsque Zoubair vit la défaite de son parti, il fit fairevolte-face à son cheval et passa au large. Il fut poursuivipar un Arabe de Ba~ra et aussi par 'Omair, fils de DjourmoÎtz,qui le tua dans la vallée des Lions et apporta sonépée à 'AI1. Cet homme dit à l'hui8sier <strong>du</strong> khalife: « Demandela permission d'entrer pour le meurtrier de Zou·bail'. » Alors, le khalife dit: « Annonce au meurtrier <strong>du</strong>fils de $afiyya 2 le feu de l'enfer.•) $afiyya était la mèreùe Zoubail' et la tante, <strong>du</strong> coté pa,ternel, de l'I~mir desL Au moyen d'une expiation, lran,ira,' telle que raffl'an('hissemenL d'unesclave, ou un l'epas donné à dix pauvres et consistant en une mesure(moudd) de blé à chacun, elc. D'après le Kifdb al-aghânt, dont le récitsemble avoÏt' servi de base à l'auteur, c'est en affranchissant son esclaveMakl)oûl queZoubairse délia de sonserment sur la kaffdra. Voy. notretra<strong>du</strong>ctionde Wanchal'fsi, in ,irchives <strong>Maroc</strong>aines, XII. p. 267.2. Plusieurs femmes arabes célèbres portent ce nom; cene dont il s'agitici est ~afiyya, fille d"Abd al.Mou~~alib et tante <strong>du</strong> Prophète. Voy.MAs'oLDf. Prairies d'or, IV, M2 et]90; Kifdb al-agMn€, Index. p. 409;CAUSSIN DE PERCEVAL, Essai, l, 26,1; III, 110, 137; IBN QOTAIBA, Ma'drif,69, lignes 2-4; 112, 1. 16; 116, 1.6·7; YÂQOûT, Mou'djam, Hegislel" 486;NAWAWi, I~(tba, 250,1. 15·16 et S.f7. Elle mourut en l'année 12 ou 20 de1 3 •


H2,\IICIIlVES ~1.\1I0C,\I['1;ESCroyants. Lorsqu"Ali vit l'épée de ~oubait" il dit: cc Nohleépée, qui a souvent chassé l'adversité devant la face <strong>du</strong>Prophète 1 »Quant il TaIl.Ja, il fut atteint au pied ct frappé mortellementpar une flèche égarée, Il entra à Ba!;lra, monté encroupe del'l'ière son aide de camp, sa bottine toute pleinede sang, et répétant sans cesse: « 0 Allàh, fais-moi souffrirrroul' '(Hhmân, jusqu'à ce que tu sois satisfait I,) IlmOlll'ut dans une masUl'e de Ba!;u'a. Son tombeau est encoreaujomd'hui à Ba!:lra, dans une chapelle vênét'ée de la population,Si un homme affolé ou hanni y cherche refuge, nul,II'ICI cfll'il soil, n'oset'ait l'en faire sottit> Jusqu'à ce jour,les hommes de Ba!;H'a ont conservé une foi pl'oronde enTall,la. Il y en a qui donnent, comme meurtrier de TaIl,la,'larmÎll fils d'al-fJakam. Quant à 'A'icha elle était montéesur uu chameau, dont la litière avait été recouverte de123 cotles de mailles et de tissus en fer. Lorsllue la lutte futdevenue acharnée ct que l'armée d"A'icha fut mise en dé~route, on coupa les jarrets à son chameau qui tomba. Lalitiôre d"A'icha fut alors enle"ée ct portée il bras clans unendroit éloigné des combattants. Ur, le frère d"A'icha,)Ioul,wnunad l, fils d'1\hoù Bakr, était parmi les compagnons1l"Ali; c'était aussi le fils de la femme d";\Ii, Asmâ 2, filled"Omais. 'Ali lui onlolll,la de se rendre auprès de sa SalUt'ct de voir si elle était saine et sauve, ou si elle avait étéatteinte par quelque hlessUl'c. Il pal'Vint juslIu'à elle,l'flégil'c, Cf. Pll1:'\CE ilE TE,\:"/O, Annuli dei Islt1m, 1. 1. ln(l'o<strong>du</strong>cf, , ~ 102 ;l. Il, annéc i, § ./:l ; :IIHll',P !J, ~ ii3: IUN ,\L-,\Tllin, 01', cU" Il, lU, l8!1, 2i'2,1. Cc )lc\',;onna;!c 'I"'on (wail sm'nommé lt ciét·o/ de Qomich, fut ledlCl' dl' la r()\'ollc contl'c Ic Idlalil'e 'Olhlllàn, qu'il nt as;:asiliner', Yoy,:lIAS'Ol!' Prairies d'or, IV, :lii cl suiv.; V, 32-as: 1\i[,l/) al-u!Jhlllli, XV,il-i2: XVI, I,;I!,:l. Ellc l'Ill d'ahOl',1 1', l polI"e <strong>du</strong> 1'l't'r'c d"AIi Iljll'l'lIl', IIIs ,L\boù T:llib.cr. l'I1I:'\CE IIF. TEA:"O, Al/IltIli dtllsltlm, Inlrocluetion, ~ :l2!J 1'1 passim I\'OY,l'index de eel ouv-ra~e); IIi/lib ul-au'zellli, XI, Iii; )lui" l'lIc {'pousa "n sel'ondc,.:nocl'S, ,\hoù [Jilin, dont clic eul !;on Iils 1\I0UI,HlIllllHI,l, el en lroi­,;iè IIIC" noc('!; ',\Ii. Cr. 1Il:'o .\L-.\Tllill, oJl, cil" Il, JI. il22 1'1 3:1~.


lIISTOIRE nES DYNASTlE51 ~IUSUUIA:'\ESla ti'oonl saine et snO'·e, ct lafit entrer de nuit dansBa~ra,L'l~mi(' des Croyants 'Ali donna ensuite 1'01'(11'0 d'ensevelirles morts, qui, des deux côtés réunis, atteignaient lenomhre de 10.000. Puis il o('(lonnn de rassemhler le butindans la mosquée cathédl'ale de Ba!?ra. Il fit crier ensuitetIans le puhlic que 'luiconque l'econnaHrait quelque chosede ses bagages pouvait le reprendre, .Il prodigua les plusgrands honneurs il. 'kicha, la munitde tout ce qui convenait il. une femme comme elle, et luipermit de ~'etourner il. '[écline, avec tous ses cOlnpagnonsde révolte flui avaient échappé au désnstrc, il. moins qu'ilsne préférassent restel', De plus, 'Ali choisit pour elle qunl'antefemmes connues cie Ba~ra, qui devnient lui fairecompagnie pendant le chemin. Enfin il la fit parlil' dnns lasociété de son frère il. elle, ;\[ouQammad, fils d'AholÎ BakI',comhlée de faveurs et de mal'ques de respect.Le jouI' <strong>du</strong> départ, 'Ali sc présenta auprès d"A'icha, qui,en présence de la population rassemblée, dit: Il 0 mes en- .f:mts (et si elle employa cette expl'ession ce fut seulementparce que les femmes <strong>du</strong> Prophète sont les mères desCroyants, comme l'a dit AlllÎh 1et son Apùtl'e) nous n'avonspas de reproches il. nous faire l'un il. l'autre, Il n'y avait 12!Jentre moi et 'l\1i dans le passé que les rapports (lui existenthabit.uellement entre la femme et. la famille de sonmari; et, malgré mes reproches, c'est un des meilleurshommes. » '.\li dit: « Elle dit vrai. Par .\JIûh! rien d'antrene m'a séparé d'cHe, C'est la femme de yotre Prophètedans ce monde et dans l'ault'e, » Elle se mit en route,'.\li l'escol'ta quelques milles, puis la fit accompagnel' pal'ses fils il la distance d'nne journée de marche. Elle se renditil La ;\Iecque, et y resta jusqu'aux jours <strong>du</strong> pèlerinage,puis, après l'ayoÏl' accompli, cHe se diI'Ïgea \'el'S :Médine.1. QOl'an, XXXIII, li,


IHARCIlIVES 'MAROCAINESLa rencontre <strong>du</strong> chameau eut lieu en l'an 36 de l'Hégire(656 de J.-C.).Parmi les autres rencontres célèbres de cette période futla rencontre de Siffîn,Lorsque l'Émir des Croyants revint de la rencontre <strong>du</strong>chameau, il· envoya vers Mou'ûwiya un messager pour luifaire savoir l'accord <strong>du</strong> peuple sur son nom, pour lui apprendrele résultat de la rencontre <strong>du</strong> chameau, et pourlui ordonner de se soumettre à la même loi qu'avaientaccepté.e les Compagnons de l'Hégire et les Auxiliaires <strong>du</strong>Prophète. Mou 'âwiya était alors émir de Syrie, au nomd"Othmân, dont il était le cousin.. Lorsque l'envoyé de l'Émir des Croyants '~\li parvintauprès de Mou 'âwiya, celui-ci prit peur. et pressentitqu"Ali, lorsque ses affaires seraient en bon train, le destitueraitet ne lui confierait plus de fonctions publiques.Ibn 'Abbâs { et Moughîra 2, fils de Chou'ha, conseillèrentà l'Émir des Croyants de maintenir Mou'âwiya pendahtquelque temps en Syrie, jusqu'à ce que son autorité à luimêmeeùt été reconnue par le peuple et fùt consolidée,puis de destituer Mou 'ûwiya. 'Ali n'écouta pas leurs avis et125 dit: « Si je le confirmais dans ses fonctions, fùt-ce pour unjour, je désobéirais en ce jour à Allâh (qu'il soit exalté!). »Jamais les perfidies et les ruses n'entrèrent dans lesprocédés d'Ali; on ne rencontrait chez lui que la pure:Jvérité.Lorsque le messager fut arrivé chez Mou'âwiya, celui-cile traîna en longueur, puis consulta 'Amr, fils d'al-'A!;'!,un homme plein de ressources, qu'il avait su gagner pardes faveurs et qu'il avait attiré pour trouver une force dansses avis et dans sa finesse. 'Amr, fils d'al·'A!;'!, conseilla àMou 'ûwiya d'étaler la tunique ensanglantée dans laquelle1. Voy. ci-dessus, JI. Il;;, nole 2.2. Id., JI. 32, nole 2.'J. Liltéralement: l'amer de la vélilé.


HISTOIRE ORS DYNASTIES MUSUUf.\NESH5avait été tué 'Othmân, fils d"Affân, ainsi que les doigts de safemme l, de les suspendre à la chait'e de la mosquée, puis derassembler le peuple, dé pleurer 'Othmân, d'attribuer à'Ali seul le meurtre d"Otluuân, de lui réclamer son sang;on se concilierait ainsi les Syriens, et on obtiendrait leurcoopération à la guerre. Mou 'âwiya exposa la tunique etles doigts, les suspendit à la chaire, pleura, lit versel' deslarmes à ses auditeurs, et leur rappela le triste sort d' 'Othmân.Les hommes de toutes les parties de la Syrie selaissèrent persuader, s'offrirent pour venger 'Othmân etcombattre aux côtés de Mou'âwiya contre quiconque avaitoffert un abri aux meurtriers d"Othmân.C'est alors que Mou 'âwiya adressa à l'I~mir des Croyants('Ali) un écrit, lui relatant ces événements. 'Ali se pl'éparaà combattre etadressa une circulaÏt'e aux populations pourqu'elles se groupassent autour de lui. l\lou'âwiya en fitautant.La rencontre eut lieu à $iffîn, dans la province deSyrie. Escarmouches et combats se succédèrent sans interruption.Tout d'ab0rd, Mou'âwiya et ses gens arrivèrentles premiers au chemin qui con<strong>du</strong>it au cours d'eau,s'en emparèrent, et coupèrent l'eau aux compagnons del'Émir des Croyants. Or, c'était le seul cours d'eau de larégion.Lorsqu"Ali en fut informé,il envoya un messager 126dire à Mou'âwiya: « Il entre dans nos principes de nepas commencer à vous combattre, sans avoir un motifcontre vous. Nous examinerons le but qui nous a faitvenir ici, et vous l'examinerez également. Tes compagnonsont défen<strong>du</strong> l'accès'de l'eau aux miens. Envoie l'Ol'tlrequ'ori les laisse arriver jusqu'à l'eau; mais si YOUS désirezque nous abandonnions l'objet de notre lutte, que1. Vo~·ez. plus loin, la lr:Hluclion cOITespondanlc Ù la pnge 1:1; <strong>du</strong> lexIearabe.Allen. )IAnor:. 10


HGARCHIVES MAROCAINESnous combattions seulement pOUl' la possession de l'eau,ct que le vainqueur seul puisse hoire, nous le ferons. l)Mou 'ûwiya dit à ses compagnons: « Qu'en pensez-vous? IlDes hommes parmi les Oumayyades dirent: « Nous pensonsqne tn dois leur interdire l'ean,jusqu'à ce qu'ils meurentde soif, ou que, l'cvenant à la charge pour demanderde l'eau, nous les mettions en déroute. - Quant à moi, dit'~\mr, fils d'al- 'A!;', je suis d'avis que tu leur laisses librele chemin de l'eau. Il ne convient pas que ces hommessouffrent de la soif (Iuand tu es désaltéré. ) Mou 'âwiya dif·féra sa réponse en disant: « Je réfléchirai. Il En attendant,on combattit ponr la possession de l'eau. 'AH renforçases lI'ou pcs, ~rou 'â wiya les siennes. Le combat s'engagea,et la ll/Ue de\'Ïnl: acharnée. Les compagnons d"~\li devinrentmaih'es <strong>du</strong> cours d'eau et voulurent en interdire lajouissance aux compagnons de Mou 'âwiya. Mais '.\Iî intervint,et fit dire à ses soldats: « Prenez de l'eau dans lalimite de vos besoins, et ne leur en intel'disez pas l'aécès!)) Cette situation se prolongea quelque temps, jusqu'itce que l'armée d".\lî fut sur le point de l'empot'teret (l'le les signes de la victoire prochaine se manifestèrent.Alol's '.\ml') fils d'.\l· 'A1?, craignant un désastre,conseilla à ~[Olt'{nviya de portel' en l'air les exemplaires<strong>du</strong> Qoran sur les lance~, et de faire appel aux ordl'esd'Allâh qu'ils renferment. Lorsque les Qut'ans furentainsi portés en l'air, la plupalt ùes solùats d' 'AH se t'elacitèrentdans la lutte, allèrent trouver l'ltmir des Croyants127 et


IIISTOIRE DES DDIASTŒS ~IVSUUr.\:"ESHidente de voll'e SeigneUl' 1 il Conti IIIWZ ,'oh'e route el COIllhattezvoh'e ennemi. »Ils n'en firent rien, el. triomphèl'ent de ses r{~sistallces.'.\lf consentit il cesser la lutte. Il envoya ensllite UIJ messagervers :Mou 'û,,"iya pOlir lui dire: « Que le 1'1'O(loses-tu parces exemplaires <strong>du</strong> Qoran portés en l'ail' il - NOlis prendrons,répondit Mou'ù,,"iya, deux arhitres, l'un choisi parminous, l'autre parmi vous; nous les adjl1l'cl'ons d'agir dansl'intér(~t de la nation et d'apt'ès ce CI"e contient le livred'.\llâh. Ce qu'ils n'auront pas trouvé dans ce line, ils lerapporteront il la sOUlma ct il la doctrine Ol'thodoxe. Quclleque soit. la sent.ence qu'ils rendront., nous l'accepterons. »Celte proposition fut agréée par tous, (~x('eplé pat' r Emi ,.des Croyants, (pli ne s'y soumit que nwlgrè llli el contraint,ainsi que quelques hommes de SOli int.imité, tels{lu'Achtar'!, Ibn 'Abhâs et d'autres. On convintlln:milllcmentde confier le soin de dire la sentence il deux arbitres.Les Syriens tomhèrent d'accord l'OUI' choisir, commeleur représentant pour l'arhitmge, 'Amr, fils d·al-'.\f?, leplus rusé des Arabes. Les gens de l"lniq récIamè,'cntAbolÎ l\Ioùsâ l'.\ch'al'ite\ C'était un vieilla,'d apathi(luC 1,et l'Émir des Croyants le considéra comme peu propre aurôle d'arbitre, et dit: l( Si l'arbitrage est inévitahle, ailmoins laissez-moi envoyer '}\b


AltCIlIVES MA.ROCAIXESreprit 'Ali. - Et qui donc a mis le feu à la tent'. dirent­128 ils, sinon Achtar? - Vous ne voulez donc, dit·il,' pel'·sonne auh'e qU'l\bo,', MolÎsÎl? - Personne autre, répondirent-ils.- Faites ce (lue vous voudrez », dit enfin 'Ali.Le choix unanime <strong>du</strong> peuple s'arrêta, en conséquence,sur Aboli l\loùsÎl et sur 'Amr, fils d'al· 'A~. Ils s'ajournèrentil quelques Illois, la guerre s'apaisa, et les soldatsl'etoul'nèrent dans les grandes villes d'où ils étaient partis.Mou'fn\'iya revint en Syrie, et l'l~mirdes Croyants en 'Irâq.Au bout Je {Juelques mois, les Jeux arbitres eurent uneconférence il Doùmat al-Djandal l , où ils avaient fixé leUl'rendez-vous. Plusieurs hommes des Compagnons <strong>du</strong> Prophètey vinrent poùr assister à cette séance, et l'J::mir' desCroyants'Ali avait délégué, avec ses compagnons, 'AbdAllâh, fils ù"Abbâs,Lorsque les deux arbitres furent réunis, 'Amr, fils d'al­'Â~, dit il Aboli ~Ioùsa l':\ch'arite : « 0 Aboù ~Ioùsâ, nesais-tu pas qu"Othmân a été tué injustement? - Je suïsprêt à en témoigner' )), dit AbOLI :Motisâ. L'autre poursuivit:« Ne sais-tu pas que l\Iou'âwiya et sa famille sontles proches d"Üthmân? - C'est incontestable! " 'Amrdit alors: « Quel motif t'a donc éloigné de lui, alors (tuesa famille occupe dans la tribu de Qoraich le rang quefil sais? Et si tu cl'ains qu'on ne dise: « Il n'est pas un desJH'emicl's convertis il l'islâm)), Jis : « J'ai troU\-é qu'il était« un proche d' 'Othmân, le khalife honteusement assassiné," qu'il clH'rchait il vengel' sa mort et qu'il excellait dans la« politique et dans l'administration; de plus, il est frère« d'Oumm I.Iabiba 2, femme <strong>du</strong> Prophète, dont il a été le]. Ce! oasis,f'itué ail nord de l'AI'llbie, a élé l'objet de nombreuses confusionsdans le;; !nHJitions 'lui s'y l'l\ppol'lenl. 11 cause de l'exislence d'unelHllre localité <strong>du</strong> ml'ments voulus pm' M, le PRI:'lCE ilE TEA:"O, .Ilrnali dei isldm, fi, Il, p. 911et fmiv. Cf. au,.:si l'index (lrovisoÎl'e de son ounage, s. v.'2. L'index de l'édition :trahe donne I,loubaiha. Ce ne peut è!re qu'une


IIISTOIRE DES DYNASTIES 1IIUSULl\IA:"'ES 149Il secrétaire et le compagnon. )) ':\ml' laissa enll'evoil' :\;\hoÎl 1\fot'isâ la perspective de sa nomination à un hautemploi public et lui fit des promesses au nom de Mou'ûwiya,AbolÎ l\[otlsâ ne se laissa pas sé<strong>du</strong>ire et dit: Il A DieuIle plaise que je reconnaisse l'autorité de )fou'àwiya etque j'accepte un cadeau corrupteur' dans un arbitrageau nom d'Allfth. » 'Amr reprit: Il Que dirais-tu de monfils 'Abd Allâh. » Or, 'Amr, fils d'AI- '.A$, avait un filsnommé 'Abd Allâh l, un des meilleu~'sparmi les Compagnons<strong>du</strong> Prophète. AbolÎ MOtlsâ rejeta cette candidatureet dit à 'Amr: Il C'est toi qui l'as plongé avec toi dans pareilleaventure. ~:[ais; qu'en penserais-tu, si nous faisionsrevivre le nom d"Omar, fils d'al-Khatt:îb? » Et il l'invitaà reconnaître 'Abd i\llâh, fils d"Omar. 'Amr n'en voulutpoint. L'accord ne pouvant s~ faire, 'Amr dit à AbOliMotÎsâ: I( Quel est ton avis? - Je propose, répondit-il,de déposer 'Ali et Mou'âwiya et de déharrasser le peuplede cette guerre civile; et laissons la question à ('ésoudl'odans une délibération, afin que les ~Iusulmanschoisissenteux-mêmes celui auquel leurs suffrages confieront le pouvoir.Il 'Amr répondit: « Ton avis est excellent! et tume trquveras à tes cotés pour le réaliser. )) 'Amr vitlà uneoccasion de ruser; or, il avait habitué AboLÎ Moùsàl'Ach'al:ite à prendre l!l parole le premier, en lui disant:Il Tu es le compagnon <strong>du</strong> Prophète, et le plus âgé desdeux; et AbolÎ l\[oLlsâ s'était habitué à parler avant 'Amr.Aussi AboLi MoLÎsâ prit-HIes devants pour dire: {( Moi ett:Wfaute typographique. SI/I' Oumm l~abiba, voy. Je lattib al-aglu1nt, VI,93 j XII, 74 ct XV, 71. Avant d'épouser' Mahomet. elle :Jvoit été moriée il'Ouboid" Alliih, fils de Djahcb. Voy. les détails dons leo; .lllllali dei islc1mpar le PRINCE DE TEA!'10, J, intro<strong>du</strong>ction, ~§ lai, 271, 2i7 el années VI, Niiil;VII, §§ 53-on et passim i CAUSSIN DE PEIICEVAI., E.,sai, Jll, 191 et suiv.1. Ce compagllon <strong>du</strong> Prophète est aussi un lt'adilionni~te estimé, dont.le tèmoign:lge esl, d'après les auteurs arabes, très digne de foi. Il mourulen l'année Iii) ou 61; de l'Hégire (= flS! ou 685). Cf, PmNCE DE TEANO,Annali dellsldm, Index, p. 1246. Voy. 11IH"j MAs'oDDi, Prairies d'o,., Index,p. 97; CAUSfllN DE PERCEVAL, Essai, JII. N, "


150 AIICIIIVES MAROCAl:-;ES'Amr, nous nous sommes enten<strong>du</strong>s sur une solutiondans laquelle nous espérons trouver l'intérêt des :Musulmans,- Il a dit Hai et il est de hOllne foi, répliqua'Amr j avance, ô ,\ho'" 'Ioùsù, et fais connaitl'e au peuplela base de nott'e accord. Il Ibn :\hhâs se le\'a et dit à "hoùl\Ioùsâ: Il l\Ialhelll' il toi! je crois (l'l'il t'a tt'ompé, et qu'il t'afait l;lccl'oire (IU'il est d'accord avec toi pour ce (lue tu désires;puis il t'a céd(; son tOUl' de parole pOUl' que tll reconnaissescet acconl; il le niera ensuite, car c'est un fOUl,he.Et si vous (\tes naiment al'l'ivés à un accord, laisse-lel'al'ler il cc sujet m'anl toi. - Mais nous sommes tombésd'accord », dit Aholi ~Ioùsù, puis il ajouta: (( Nous sommestomhi's d'accord pour destituCl' ',\li et 'lou,âwiYa, puisI:W 1'0111' laisser il ulle délibél'ation l'autol'ité slIr les Mllsulmans,(lui choisiront eux-mêmes ceilli auquel leurs suf-'fl'ages unanimes confieront le pouvoir. POUl' moi, j'ai retiréIl' khalifat d",\li et cie ~'lolI'âwiya, comme l'on I,t'til'e l'apneau<strong>du</strong> doigt. »',\ml" fils d'al-'.\~, s'avança à son tour' et dit: Il 0hommes, YOUS ~l\'ez enten<strong>du</strong> cc (IU'il a dit; il a destituéson mandant; et moi aussi je me suis associé il lui pourcett.e œuvre. ~[ais j'ai maintenu mon mandant ~Iou'ùwiya. \1AbOli ~Iotisù protesla et dit: (1 C'est un pedi(le ct unlltenteul'; telle n'est poillt la base de nott'e accord. 1) 1\Iais011 ne l'écouta pas. Les hommes se dispersèrent: 'An1l',(ils d'al-'ÂI?, ~l\'ec le~; gens de Syrie, se rendit auprès deMou'ùwi,'u, et ils le saluèrent <strong>du</strong> titre de khalife, Ihn',\hbâs l't les compagnons d".\ll allèrent trouver'l'J~mir'desCroyants et lui raconlèrent ce qui s'était passé. Quantil .\bot'l )[ot'tsà, les Sp'iens youhu'ent lui faire un muuyaisparti j il s'enfuit à La Mecque.C'est ainsi que se dénoua l'affaire de ~ifTin; elle avaitcommeUCl- en ;W (G:,() de J .-C.) et se termina en 37 (657 deJ.-C.).


IlISTOIRE DES DYNASTIES MUSUl.MANES151LES KHARÉD.JITES 1HISTOIRE DES KIL\.RÉDJITES, DE CE QUI AllVI~TET DE LEun SITUATIONFINALED'EUX,L'affaire de l'arbitrage s'étant passée comme nousl'avons décrite, ceux qui avaient conseillé l'arbitrage,et qui en avaient imposé l'acceptation à l'Émir desCroyants, s'en repentirent, et viül'ent en hiHe trouver 'Aliet lui dirent: « Il n'y a pas d'autl'e arbitrage que cehiid'Allâh. » '.\lî dit également: « Il n'y a pas d'autre arbitrageque celui d'Allah. )) Ils dirent: l( POUl'(luoi donc astuchoisi des hommes pour arbitres;> » Il l'épondit: « Jen'ai point approuvé la décision de choisit, des arbitres;c'est vous qui l'avez approuvée. Je vous ai avertis quec'était une ruse de la part des SJl'iens et je vous aiordonné de combattre vos ennemis. Mais vous avez refusétoute solution en dehol's de l'arbitrage et YOUS m'a,-ez contraintil abandonner mon opinion. Lorsque l'arbitrageest devenu. inévitable, j'ai pris mes précautions et j'aiposé comme condition que les deux arbitl'es agiraient. selonle Livre d'.\llfth, qu'ils fel'aient vine ce que le Livre a faitvivre et qu'ils feraient mourir ce que le Livre a fail JIlourÎl'.Les deux al'bitres se sont divisés, ont contredit le Lined'AlIâh, et ils n'ont écouté que leurs penchants. Nous persistonsdans notre premier ayis, lfu'il faut combattl'e nosennemis. )) Les Khârédjites répondirent: « Quant il nous,il est incontestable {Ju'à l'origine nons avons approuvé lanomination d'arhitres; mais nous nous en sommes repentiset nous avons reconnu notre erreur. Si tu reconnaistoi-même l'impiété dont tu t'es ren<strong>du</strong> coupable et que tu13t1. S\ll' ce qu'on cntcnd pm' ce mol, voy. d-de!'''I1''. p. :1:3. lIoLe 3.


152 ARClIIVES MAROCAINESdemandes pardon à Alhih de ton péché, de la négligenceet de l'arbitrage confié à des hommes, nous r'eviendr'onsavec loi combattr'e ton ennemi et le nôtre. Sinon, nousnous séparerons ouvertement de toi. »'Ali les exhorta de toutes les manières et chercha àles éclairer de toutes les façons. Ils ne s'amendèrent pas, elils se réunirent en troupes, gens de Ba~ra, de KOI"'a etd'autres villes. Ils gagnèrent le Nahrouwân; leur intentionétait de se rendre dans une des villes fortifiées, des'y reh'ancher et d'y cOlllbaUl'e 1. Plusieurs faits contradictoires,l\ui émanèl'ent d'eux, montl'ent suffisamment qu'ilsse dirigeaient comme une chamelle aveugle :!. C'est ainsiqu'une daltefl'aiche tomba d\m palmier, un homme laprit et la mit dans sa bouche. On lui (lit: Il Tu la mangesillégitimement, tu l'as prise sans la payer. 1) L'holllmerejeta aussitôt la datte fraiche.Un porc appartenant à un villageois passa devant des((hârédjites, L'un d'eux le ff'appa de son épée et le tua.« C'est, lui dit-on, <strong>du</strong> désordre sur la terre ::. ») L'hommealla trouver le propriétaire <strong>du</strong> pourceau et lui donna satisfaction.132 D'un autl'e côté, ils versaient le sang, qui est sacré etinviolable, sauf (luand il y a un motif légitime", tuèrent'.\bd Allâh, fils de Khabbâh'-'? Or, il était un des plus noblesl. Toul ce passage esl \,j,;;ihlement emprunté à Ibn al-.\thÎr, Cf, Chronicon,Jll, 279 el suiv,2. Locution proverbiale. cr, !rlou/tl! al-Mou/tl!, 1,500 et Tâdj al-'a,'oùs, s. v...b.>.3, Expression empl'unlée au Qoran, VIII, 74, et passim•.l. Qoran, VI, 56.5. 'Abd Allah, fils de Khabhàb, fils d'a\-.\rathlh étaitgouverneur deM adA'insous le khalifat d"Ali, Son pèl'e Khabbilb élait <strong>du</strong> nombre des grands compagnons<strong>du</strong> Prophète. Cf. l\lAs'oûoi, P,'airies d'or, IV, ·HO; V, l3ï. Sur lepère, voy. une intéressante notice dans I\:HALÎL IBN AIDAK A~-J;;.U·ADi, A/­Wdll bil-wa{ayd/, manuscrit de Paris, n' 20(;.1, r· 10, V·, KhablJiib mOUl'uten l'année 3ï de l'Hégire. cr. PRINCE DI; TEANO, Annali dei Is/dm, 1. l,Intl'o<strong>du</strong>ct. ~~ lU, 229; année l, § 15, n° fil; année XII, ~~ 72, 8;; ; CAUSSINDE PERCEVAL, Essai, 1, ,l9G, 398; IBN AL-.-\TUÎR, Ch,'onicoll, III, 286-ï ; V, 3l.


IIfSTOJRE DES DYNASTIES MUSULMANES 153compagnons <strong>du</strong> Prophète. Ils tuèrent aussi plusieursfemmes, firent des captifs, et commirent d'autres actesde violence de ce genre.L01'Squ"AH apprit leur con<strong>du</strong>ite, il venait de haranguerles habitants de KoMa et de les exhorter à combattreles Syriens et à recommencer la lutte connue audébut 1. Les habitants de Koùfa lui dirent: « 0 Émir desCroyants, comment partirions-nOlis, en laissant derrièrenous ces Khârédjites au milieu de nos familles et de nosbiens. Con<strong>du</strong>is-nous contl'e eux, et, lorsque nous auronsfini de les combatll'e, nous nous remettrons à combattrenos ennemis de la Syrie. )1 '.\li amena donc ses troupescontre les Khârédjites, les rencontra sur les bords <strong>du</strong>Nahrouwân et les détruisit. Il semblait qu'on leur eùt dit·:« Mourez li, et qu'ils fussent morts.Lorsque la rencontre avec les Khàrédjites ellt lieu SUI'le Nahrouwân, les ennemis reculèrent devant 'Ali dansla direction <strong>du</strong> pont. Tout le monde crut qu'ils avaientpassé le pont. On dit à ';\li : « Émir des Croyants; ilsont passé le pont; offre-leur le combat avant qu'ils nesoient loin. " L'Émir des Croyants répondit: « Ils n'ontpoint passé le pont, car les champs où ils doivent trouverla mort sont en deçà <strong>du</strong> pont. Par ;\l1âh, il ne sera pointtué dix d'entre vous, et d'entre eux il n'en échapperapas dix. li Cette parole éveilla des doutes dans les esprits;mais lorsque, des hauteurs, les compagnons d"Ali domi- .nant le pont virent que leurs ennemis ne l'avaient pastraversé, ils s'écrièrent: « Allâh akbar » (Allâh est grand !),et vinrent dire au khalife: « C'est comme tu l'as dit, Émirdes Croyants. - Oui, par Allâh, répondit-il, je n'ai pasmenti et l'on ne m'a pas menti 2. IlLe combat une fois terminê et la lutte apaisée, on compta1. Sur ce sens spécial de ~J.:.., my. le Tl1dj al-'oroûs, V, 299,1. 7.2. 'Ail fail ainsi allusion à une information de source divine..1 4


J,i4AHCIIIVES IIIAIlOC.\INES'1~3les morts parmi les compagnons cl"~\ll. Il Y en avait septl,Quant aux Khùrédjites, une partie d'entre eux avait disparuavant qu'on en vînt aux mains, en disant: « Par.\1I:1h, nOlis ne 8a,-ons pas pour quelle cause nous COIllbattrions'.\11, fils d'.\botÎ Tùlih, Nous nous tiendronssur le côté jusqu'à ,"Oil' quel sera le dénotÎment, » Les autrespersistèrent, combattirent, et moururent jusqu'aildernier. .Lorsqu'il en eut fini avec les Khârédjites, l'émir desCroyants revint :', KoMa, dont il convia les hahitallts àcombaUI'c les Syriens, Les habitants de KoMa montrèrentpeu d'empressement; il insista auprès d'eux, les exhortact les excita il la guerre sainte. Mais ils dirent : « f:mirdes Croyants, 1\OS épées se sont émonssées, nos flèchessont épuisées et nous sommes lassés d'avoir si longtempscombattu.•\ccorde-nous <strong>du</strong> moins un délai, palu' quenous mettions de l'ordre dans nos affaires, avant de nOlismettre en route. li Bien qu"Ali eùt dejà établi son cal~pen dehors de KoMa, il leur accorda fl'telque répit, maisleur ordonna de se préparer au combat et lellr interdittoute relation avec leurs femmes jusqu'à lem' retour deSp·ie. ~Iais ils s'esquivaientl'un apl'ès l'autre et rentraientdans Koùfa, A la fin, le camp devint vide de soldats, et lesprojets d''Ali furent ré<strong>du</strong>its à néant:1. Ces événements sepassèrent en l'an 38 (~ 6;;8),1. C'est ('1' quc dit nllssi ID:'! AL-ATIIIR, Cfll'onicon, III, 296. \\lA;: '01'1111,p,.ail'ies d'or, IV, 415, dit neuf, mais c'est IlI'oiJablement unc C.TeUl' <strong>du</strong>('Opioile.2. Cc l'éd!. CI'lI. \"i;:ihlemcnt empnmté à Ibn nl-AIIIII', dont les expl'cs­,.:iOIl" ont étt' mème quelquefois repl'o<strong>du</strong>ites textuellement. cr, Chrollicon,Ill, pp, 2!/G·297,


mSTOIIlF. DES DYN.\STlES MUSUI.MA:-.'ESMonT DES QL\TnE pnE~IIEnS KHALIFESMort d'Aboli Balfl' (13/(j3.1,)Le premier' (l'ellh'e eux (lui mom'ut filt Abot't Bakr. 11expira de 1Il0J't naturelle il Mé(line J en l'an 13 (63lt de .L-C.),Sa maladie fut la réouvertnr'e de la pi(fl'rre <strong>du</strong> serpent quiJ'avait piqué pendant la nu.it de la Caver,!e 1. Il fut enterréauprès (lu Pr·ophète. dans la maison d"A'iclw, sa fille, lafemme <strong>du</strong> Pr'ophète, dans la maison de laquelle mourut lePr'ophète lor'sqlle la mor'll'atteignit. Abo!'! BakI- fut ensevelià ses CIllés; il fit un testnment en favenr d"Omar, filsd'ul-KhaHàb, et le désigna connue successeur dans lekhalifat.13,'1ilIl'w''''e d"Omar, fils (l'al-Kha!!db (23/Gltla),LOl'squ"Omar, fils d'al-Kha!{âh, établit l'impôt foncier',.\IJOù Lou'lou'a 'l, esc1anJ de l\Ioughira, fils de Chou'ha,s'en inita. parce qu'il l'avait imposé au profit de sonmaître. 'Omal', fils d'al-KhaHâb, avait rencontré :\bot'tLou'lou'a, et lui avait dit: « Construis-moi une meule )J •.\holÎ Lou'lou'a répondit : « Je te fenlÎ nne m~ulc quitourner'a jusqu'à la fin dcs temps, II 'Omar' répliqua :« Cet escla"e me menace! » AholÎ Lou'lou'a emppa 'Omal'1. C'cst la C3\"Crne <strong>du</strong> mOllI Thalll' (à trois milles au midi de Ln Mecquc),où .\boù llakr sc cacha avcc !IIahomet pendant leul' fuite de La Mee/lue.Cf, CAUflSIN Dg PgnCE"AL, Essai, III, lil; l'IlJNCE CIE TEA:\O, Allllflli tlellshlm,l, année l, .~~ 18, 21, et Indcx. p. 1512; lB;'; AL-AnI IR, ellrol/icOl/, Il, Hl.2. Il était cll/'élien selon les uns :loN .\L-.\TIIIII, ellrol/icol/, Ill, 38 etsui".); mage, selon Ics aull'cs (MAs'oi'ni, P,'ai"ies d'o,., IV, 226 ct suiv.},


156 ARClIIVES M.... ROCAI~ESpendant qu'il était en prières. Celui-ci vécut encore troisjours, mourut et fut enseveli dans. le mausolée <strong>du</strong> Prophète,en l'an 23 de l'hégire. Quant à Aboli Lou'lou'a,la foule l'entoura; il en tua plusieurs hommes, puis futpris et tué.[fisloire de la délibération el de ses diverses phases.Lorsqu"Omar fut frappé d'un coup mortel, on seréunit auprès de lui, et on lui demanda quel·serait sonsuccesseur. Il laissa la chose àla délibération (chOllrd) d'unconseil. Or, le mot chollrd, en arabe, est synonyme de mouchdwara(délibération). Cela signifie qu"Omar, lorsqu'ilse sentit mourir, réfléchit en faveur de qui il testerait, età qui il léguerait lesoin de diriger les destinées de lanation. :Mais il ne put fixer son choix sur un seul et illaissa la question indivise entre six parmi les plus noblesdes compagnons <strong>du</strong> Prophète: ce sont les six gens de ladélibération(afi!)abou'ch-choûrd) : l'Émir des Croyants'Ali;'Othmân, fils d"AfTân; Talba; Zoubair; 'Abd ar-nal,lmân,fils d"Auf; enfin Sa 'd, fils d'AbolÎ "Vaqqâs. Il dit: « Tousles six sont aptes à exercer le pouvoir après moi. II 'Omarleur ordonna de délibérer entre eux pendant trois jours,135 puis de s'entendre sur l'un de ces six noms. Talba étaiten ce moment absent. 'Omar dit: « Si Talba arrive pendantces trois jours, c'est bien; autrement, tranchez la question.»'Omar avait préposé à leur garde un des Auxiliaires <strong>du</strong>Prophète, en disant : l( ~\lIâh a fortifié par vous l'Islâm.Choisis cinquante hommes parmi les défenseurs <strong>du</strong> Prophète,et pousse ces hommes réunis (les six) il faire unchoix r )) Il ajouta: « Si l'accord s'établit entre cinq d'entreeux sur un même candidat, et qu'il n'y ait qu'un seul 01'1'0-


JJ15TOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 157sant, casse-lui la tête ayec ton épée. S'il y'en a quatre quisoient d'accord, et qu'il y ait deux opposants, que ceuxciaient la tête tranchée! Enfin, si trois agréent un hommeet que trois en agréent un autre, prenez pour arbitre'Abd Allâh fils d"Omar [il voulait dire son fils]. Et quelque soit celui des deux partis en faveur <strong>du</strong>quel il se prononce,c'est dans son sein que l'on doit choisir le candidat.» Il avait ordonné que son fils assistât à cetteséance avec voix consultative, mais sans lui donner aucundroit en ce qui touchait la décision elle-même. « Si, dit-ilencore, vous n'acceptez pas l'arbitrage d'Abd Allâh filsd"Omar, soyez avec ceux dont ferait partie 'Abd ar-Ra1).­mân fils d"Auf, et tuez les autres s'ils manifestent dessentiments hostiles à l'accord général. »Rien de ce que 'Omar avait dit ne se réalisa; au contraire,lorsqu'il mourut, 'Othmân fils d"Atrân, fut proclamékhalife et il se passa alors ce qu'il se passa.Meurlre d"Olhmdll, fils d"Affdll (35/656),el causes de ce meurlre.Certains Musulmans accusèrent 'Othmtm d'avoir déviéde la route suivie par ses deux prédécesseurs, Aboû Bakret 'Omar, qui, eux, s'étaient contentés de peu et n'avaientpoint touché aux biens des Musulmans, tandis que lui,'Othmân, avait partagé de grosses sommes entre ses proches,avait fait des largesses à sa famille et à ses parents.C'est ainsi que, par exemple, il avait donné à 'Abd AlIâh l,fils de Khâlid, fils de Ousayyid 2 , 50.000 dirhems, et qu'il 1361. Sur ce personnage, VO)'. 10Mb al-agll/1n1, Index, p. 436; InN AL-ATHln,Chronicon, Imlex, p. 378. .2. Le mot est ainsi voyellé dans le manuscl'lt A. Cependant IUN AL­ATn!R, op. cil., III, p. 67, dit positivement que ce nom doit se prononcer&~ .4 *


158 ARCIIIVES MAROCAINESavait donne il Marwân, fils d'al-l;Iakam, 15.000 dil'llems1.01',les Musulmans n'étaient pas accoutumés à une telle manièred'agir, et ils n'avaient pas encore eu le temps de perdrede vue l'administration régulière d'"\boù Bakr etd"Omar.Ils furent mécontents de ces procédés : entre eux etOthmân il)' eut un échange de reproches et de discussions.Celui·ci leur pl'étexta qu'Aboli Bakr et 'Omar l'l'étaientprivés eux-ml~mes ainsi que leur famille, en se sacdfianlpour obtenir les récompenses d'Allnh dans la vie future,et avaient renonce il ce qui était leur droit. « 1\Iais moi, ditle khalife, qui ai bien <strong>du</strong> monde à ma chal'ge, j'ai éten<strong>du</strong>la main et j'ai mis au large et moi et les miens, en puisantun peu dans ce trésor. Si vous êtes conlI'ariés de mon procédé,ma volonté se conformera il. la vôtl'e. - Si encore luavais bien fait, répondirent-ils, ou si tu avais agi avecéquité; mais tu as donné il 'Abd AIMh, fils de Khillid,r,o.ooo dirhems et 15.000 à Marwân. 1) 'Othman dit: ( Eh!bien je le leur ferai rendre )); et il leur l'edemanda d~


JIISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 109'Ali monta à che"al, repoussa les hommes loin (\"Othmânet leur garantit en son nom une con<strong>du</strong>ite il'réprochabledans l'avenir. Pourtant, le mécontentement ne fitqu'augmenter, et :Marwân, fils d'al-JJakam, cil'convint lekhalife et lui fit prendre certaines mesures que le publiclui reprocha.On se réunit contre lui de toute part, on le cerna et onle bloqua dans son palais. Il envoya vers :Ali lui demandersecours. '.\Ii lui dépêcha son fils J;Jasan, qui comhaUitpour lui avec tant d'énergie qu"Olhmân le priait decesser, mais I;lasan continuait à combattre et à risquersa vie pour le sauver.Les assaillants d"Othmân devenaient de plus en plusnombreux; ils entrèrent dans son palais, et le frappèrentde leurs sabres, tandis qu'il jeùnait, tenant le Qoran dansson giron et y lisant. L'exemplaire tomba à ses pieds etfut taché de sang. .Sa femme Nâ'ila 1 se leva pour détourner avec sa mainles coups qui le menaçaient. Elle eut les doigts tranchéset séparés par l'épée. Et ce sont les doigts que ~Jou'âwiyaexposait sur la chaire de la mosquée de Damas, avec latunique d"Othmân, pour toucher les cœurs <strong>du</strong> peuple.La femme se retourna, étourdie <strong>du</strong> cotip. Alors son meurtrierla piqua aux hanches en disant: « Qu'elle a un g"andcl'Oupion'!! »Puis, 'Othmân fut tué et on lui trancha la tête, Sesfemmes se jetèrent sur lui, poussèrent des cris et pleurèrent.Un chef dit: « Laissez-le >l, et on le laissa. Plus tard,un homme de KaLÎla, nommé 'Omair 3, fils de J)ùbi' le13i1. Nù'i1a, mie d'al-FarùO,:,a fils d·al-AI.\wa~, (itait de la Il'i/H1 de "clh.Son père était eh"élien. Voy. sa biographie dans Aï/rlb al-aqluÎIl/ XV,7()..73. Cf. ~IAs'olfl11. Prairie.~ d'()/', IV, 281-281; InN AI.-.huiR, 'CII/'O:lit:OIl,III, 131 et suiv. j G. \VEIL, Gescltich/e deI' Chali(en, l, 185.2, Cf. In"l AL-ATUiR, CII/'OllicOIl, III, H3.3. Cc Htlll(.Iite fuI. lué, tians la suite, pal' I,Ialljdjùllj, fils de YOlh;Ollf, le


160 ARCHIVES MAROCAINESBordjomite, lui foula aux pieds les côtes et les brisa. Lamaison d"Othmân fut pillée; on prit même les vêtementsque portaient les femmes. Quelques jours après, il fut pOl'tédans un cercueil pour être enterré. Un attroupement seforma sur le chemin en vue de lapider la dépouille <strong>du</strong>khalife. ~lais l'Émir des Croyants, 'Ali, envoya vers eux,les détourna d'ull pareil dessein, et 'Othmân fut enterl'é138 près d'al-Baqjl. Mou 'âwiya acheta après cela le terrain toutautour de son tombeau, le réunit aux tombes des Musulmans,et autorisa les enterrements dans tout le pél'imètre.Le meurtre d"Othmân e.ut lieu en l'an 35 (= 655) del'Hégire, et le jour où il fut tué fut appelé « le jour de lamaison ». Car c'est dans sa maison que· ses ennemisl'assaillirent et le tuèrent.jl'leurlre de l'Émir des Croyanls 'AU (ltO/661).Il a été rapporté de plusieurs côtés que l'Émir desCroyant!:! disait sans cesse: .« Qu'est-ce qui pourrait empêcherle plus misérable d'entrevous de teindre celle ·ci aveccelui-là? » II voulait dire: sa barbe avec' le sang de sa tête.Lorsqu'il voyait 'Abd ar-Ral}.mân, fils de Mouldjam 2(qu'AIIûh le maudisse !), il récitait d'ordiuuire le vers suivant:gouverneur de l"Iràq. Cf, MOUBARRAD, Kdmi/, pp. 215, 216, 217; I\lAs'olloi,Prairies d'or, V, 292-293, 299, 494; IBN 'ABD RABBIIII, AI-'lqd al-Fartd, III,8-9; Kifdb al-agMnr, 42; IBN AL-ATHIR, op. cil., III. 144, 147; IV, 306-807.1. Baqr' al-gharqad, cimetière situé près de l'Iédine. C'est là quefurent inhumés beaucoup de grands personnages musulmans, dont lestombeaux sont encol'e visités aujourd'hui. Cf. BURCKHARDT, Voyage enArabie, trad. d'Eyriès, Il, 101, aussi PRŒCE DE TEAXO, Annali dei Isldm,année " § 32 et Index, p. 1286; CAUSSIN DE PERCEVAL, Essai, 111,84, et. Index s. Il.; I\fAs'oÔDl, Index, p. 123. .2. Labiographie decerégicideestdonnéeparKHALir. IB:'I AIBA"A~-$AFADi,AI-Wd(i bil-wa(aytU, manusc\'it de Paris, n° 2066. f" Iii r', Cf. aussi leKildb al-aghûnr, XIV, 34, 59; XVI, 153; MAS'otDi, Prail'ies d'or, IV, 426­430,434-485,452; IIJ:S AL-ATHin, Chronicon, 111,326 et suh·.


HISTOJllE DES DYNASTIES IIIUSCUIANES liaJe souhaile sa vie; il veut ma mOl'l. Où trouverai-je quelqu'unpour m'excuser[si je faisais <strong>du</strong> malJà un préten<strong>du</strong> ami,à Mourâdi'. 139Lorsqu"Ali tenaitde pareils }Jl'OpOS, on lui disait: « 0 I~mirdes Croyants, pourquoi ne le mets-tu pas il mort? - Comment,répondait-il, tuerais-je celui qui doit me tuer;l »C'est là une preuve que le Prophète lui avait annoncé ceté,-énement parmi les événements dont il l'avait instruit.Ce qui confirme 'cette supposition, c'est ce qui a étérapporté au nom d'Anas 2, fils de Mâlik, en ces termes:« 'Ali tomba malade. J'entrai chez lui pour lui rendrevisite, et j'y rencontrai AbotÎ Bakr et 'Omar. Nous restâmesun moment auprès de lui. Le Prophète entra, etregarda le visage d"Ali. « 0 prophète d'Allâh, lui dit(1 Aboli Bakr, nous voyons qu'il va mourir. - Non, répon­« dit le Prophète, cet homme ne moul'l'a pas maintenant; il(( ne mourra que rempli d'amertume, et il ne mourra qu'as­(( sassiné 3. »'Ali témoignait toujours de la bienveillance.il Ihn Moul­Jjam, qu'Allâh le maudisse 11. MOUl'Adi est l'ethnique d"Abd al"-Ral)mân, fils de l\Iouldjnm ; ,'oy.les auteurs cités à la note précédente. Ce ,'el'S, qui est donné par hm AL­ATtlIR, Chronicon, Ill, 326, appelle deux observations. Tout d'abord, lale!ion lS,,~que donnent le manuscl'Ït ct les éditions me semhle fautivesurtout en présence <strong>du</strong> témoignage <strong>du</strong> Tadj al-'aroùs (III, 386), qui donnece vers avec III variante .;l:;>-, Celle leçon parait bonne, car elle élablitune antithèse (.;,=:>: J=!)" qui est un des tropes les pIns usitésde la rhélorique arabe. La leçon .;~ adoptée pal' TOI'nberg (10;>; A:"-ATHiR, loc. cil.) ne donne aucun sens salisfaisnnt.D'autl'e part, il faut lire 6..r....\.ç. à l'accusatif, comme cela est indiquépal' le Tadj al-'arotls (loc. cil,) et par le Mou~i! al-Mou!lî!, Il, 1359, 8. fi.I~'édilion <strong>du</strong> Fa/rhri a suivi le ms. qui pOI'le clairement le ((anima; maisc e!"t une faute inconlestable.2. Fameux Iradilionniste mort enlre !JI et !)3 de l'Hégire. Voy.I'éfél'cnces,Itln;; PRINCE DE TEA;>;O, Annali dei Islt1m, l, S 20 et passi."I; DE HAmIE",Lill. gesch. der Arab., JI, 128.3. Cf. IIlN AL-AndR, Chronicon, III, 1125-32H.Alll:ll. )1,\1101:.'1\


162 ARCHIVES ~I.\ROC.\INESOn raconte que 10l's(lue vint le mois de 11fllmH).ân del'annèe'IO (janviel' 661), '.\lî rompait le jelÎne un soir chezI,lasân, un soir chez I.Josain et un soir chez le fils de son"frère, '~\ bd Allâh, fils de Dja'far. at-Tayyâr ; il ne mangeaitpas plus de trois bouchées et


HISTOIRE DES DYNASTIES ~njSl'LMANES 163vie: si je meurs, tuez-le comme il lU'aura tué; si je survis,je verrai queUe décision je prendl'ai à son égard. 0fils d'Abd al-Mouttalib, ne vous l'éunissez pas de toute HOpal'tpour dire: L'Émir des Croyants a été tué. Mais quepersonne ne soit tué à cause de moi, excepté mon meurtrier.»'Ali se tourna ensuite vers son fils ~Iasan et dit:« Fais bien attention, ô I;Iasan ! Si je meurs <strong>du</strong> coup que j'aireçu, fl'appe cet homme comme il m'a fl'appé, mais ne lemutile pas, car j'ai enten<strong>du</strong> le Prophète dire: Il Gardezvousde la mutilation, ftît-ce à l'égard <strong>du</strong> chien enragé t. Il':\H recommanda aussi à ses enfants la crainte d'AUdh,l'observation de la prière à son heure, l'exact paiement del'aumône légale, les ablutions régulières, le pardon <strong>du</strong>péché, la mansuétude, la bienfaisance envers les parents<strong>du</strong> sang, ia douceur à l'égard de l'ignorant, l'étude approfondiede la religion, l'examen attentif et sans précipitationde toute question, l'étude assi<strong>du</strong>e <strong>du</strong> Qoran, laprotection des voisins, la propagande en faveur des bel)esactions, l'interdiction <strong>du</strong> mal, la répulsion contre les vices.Il fixa par écrit ses dernières prescriptions, et n'articulaplus que: « Il n'y a pas d'autre Dieu qu'AUâh! » jusqu'aumoment où il rendit l'âme, Que les bénédictions et lesalut d'AUdh soient sur lui 2!Lorsqu"AH eut expiré, I;Iasan envoya chercher IbnMouldjam et le fit intro<strong>du</strong>ire. Ibn Mouldjam dit à I~asan :« Veux-tu accepter une proposition? J'ai pris un engagementenvel'S Allâh que je ne conclurais aucun pactesans le mettre à exécution. Or, j'ai conclu un pacteavec AUâh, près <strong>du</strong> l;tatim 3 de la Ka'ba, que je tuerais1. Toutcepassageesl vi;;iblemenlempruntéàID~AL-ATIliR, op, cil.,1I1, 32fl.2, Celte formule est Kénéralement réservée à Mahomet, ;\lais lechi'i1isine outré de l'auteur le fail déroger à celle règle.3. C'est une partie de la muraille de la Ka'ba, Les auteurs ne sont pa",d'accord sur sa situation. Selon les uns, le {/.a/lm s'élend depuis la pierrl'noire jusqu'à la porte d'entrée principale, ou depuis la piene noir'cjusqu'au .puits de Zemzem. Vo)". d'autres opinions exposées dans leTadj ai-'arol1s, VIll, 251, s, V.: .Voul]"! ai-IIIoul]i{, l, H3, s. v.


16'{Anertln;s ~L\ROC,\!N ES1!J1'.\lî et Mou \iwiY3, ou que je moulTais devant eux, nepouvant les atteindre. Laisse donc le chalJlp libre entl'emoi et Mou 'âwiya, jusqu'à ce que je parte et que je letue. Je m'engage envers toi, par l\lIâh, que si je ne réussispas à le tller, ou si je le tue et que j'échappe sllin et "1auf,je reviendrai vers toi pOUl' me remeUre entre tes mains, ))l;Iasun répondit : « Non, par .\lIûh! .\vant tout tugoùteras le feu. )) Puis il le fit avancer et le tua. Onle prit, on l'entoura de l'oseaux, et on le hrlÎla avec<strong>du</strong> feu.POUl' ce qui est de la sépulture de l'l~mir des Croyants.il fut enterré de nuità Ghtu'j " La trace rie son tomheaufut ensuite effacée jusqu'à ce qu'elle repartit, là où estaujourd'hui sa chapelle sépulcrale. Que les hénédictionset le salut d'.\ llûh soient sur lui!Le mobile qui poussa Ibn 110uldjam (qu'AUâh le maudisse!) à son acte criminel, fut le suivant: Ibn Mouldjamétait un des Khâl'édjites. Il s'aboucha avec deux autëe:;J\hflrédjiles, et ils se rappelèl'ent à l'envi les rnassacrespar lesquels l'I~mil' des Cl'oyants avait décimé leurs rangsau Nuhl'ouwân et dirent: « La vie n'a plus d'ntilité pOUl'nous, maintenant que nos compagnons ne sont plus. Il Ils1. r:e lieu esl celui qui est nommé génél'31ement a{-(;fwrirl/lf, el qui e;;;lsilué près de I~oùfa. Il emprunte ,,,m nom à deux monumenls qui seI.rouvent. là et 'lui fm'ent é"igés pli.' un foi de IIir:! , dit-on, SUI' le~tombes de deux eourli",ans ([u'il aimait heaucoup et qu'il fit meUfl' ...mort dans un moment d'ivresse {Cf, ~(AS'OÙDi, Prail'ies UOI', YI, 201 elsuiv,). 1l'3près le", auleul'S a1'abes utilisés pm' ,CAUSSIN ilE P,;;RCEVAL(Essai, III, ~Of;; li!". ces deux mam'olél's se trouvent dans le voisinagede '!il'a. D'après l\(aidânî et le Ki/db al-aglldnf, source de Can8sin de Pel'­ceval, le roi de tHra en que"tion ,;:erail l\Ioundzil', IlIs de lit:) as-Samll,VO)', l'explication <strong>du</strong> nom Ile ces mausolées dans le Tl1dJ al-'arol1s, X,26f, in fille, '1":,,1 IllIteur ajoule ([ue ce'; monumenls se h'ou\,ent dall~ levoisin3ge de I\'oll/a el (Ille e'est là (lue se ll'Ullve le lomheau de "Emil'des CI'O\'l\nl;; 'Ali, D'ailleurs, les tradiliolls 1lI'3IJes :lUi' la situation de el'lieu ,;:o~t hien confu",e,; (Cr, fll:O; ,\L-ATllin, f:hrolliroll, l, :lQ!); Il,298; III,-/,03), })c IIU'llle OJl n'est ~uèl'e fixé SUl' le lieu de sépulhll'e fI' 'Ali, et de..llulcllI'S chi 'He,; cOlllme l\IM;'O';lJt (Prairies d'or, IV) di-darent n'cn l'iensl\,·oir.


IIISTOlllE OES OYNASTIES lIIUSlJUIA"ES 165se promirent (lue chacun d'eux tuerait un de ces troishommes: 'Ali, fils d'Aboli Tâlib, Mou 'ûwiya, et 'Amr, filsd'al-'A/? Ibn Mouldjam dit: « Je YOUS débarrasseraid"Ali. » Un autre dit: « Je vous débarrasserai de Mou'âwiJ'a.» Le troisième dit « Je me charge d'~Aml'. »Ibn Mouldjam (qu'Allâh le maudisse!) ayant vu unejolie personne des filles des Khârédjites en devint amoureuxet la rechercha en mariage, Elle lui dit: « Je veuxceci et cela; et je veux que tu mettes à mort 'Ali, filsd'AbolÎ Tâlih, )) Il répondit: « Je ne suis pas venu icidans un autre but)l, et lui promit de le tuer, En effet, il letua et fut tué après lui.Quant à l'autre t, il se rendit vers Mou'âwiya et guettasa sortie, puis le frappa Je l'~péeau-dessous des reins sanslui faire beaucoup de mal, car Mou'âwiya fit soigner sablessure et se remit, tandis que le meurtrier fut tué.D'après cl'autres, Mou 'tt wiya ne le fit pas tuer 2.Le troisième 3 alla à Mi!?r pour tuer 'Amr, fils d'al-'A/?,et le guetta. Par hasard, 'Amr avait eu, cette nuit-là, undél'angement de co'rps; il ne sortit pas le lendemainmatin pour la prière de l'aurore, et se fit suppléer par unde ses compagnons, Lorsque celui-ci monta (en chaire),l'homme le prit pour 'Amr, le frappa et le tua. On mit lamain sur le coupable, et on l'amena en présence d"Amr.VoyantÎes hommes saluer celui-ci <strong>du</strong> titre d'émir. « Quelest cet homme, demanda le meurtrier? - C'est 'Amr, filsd'al- ih, lui répondit-on. - Qui ai-je donc tué? _.- Sonlieutenant. )) Ce lieutenant se nommait Khûridja. L'hommedit alors à 'Amr, fils d'al-'A1?: (1 Oui, par Allâh! 0 scélé-1lt21. Cet indivi<strong>du</strong> se nommait Bourak, IlIs d"Abd Allâh 3l?-Soraim',stll'nommé al-l;Iadjdjàdj. cr. le récit d'[nN AL-ATlIln, Chronicon, 11[, 330et suiv.; l'fAs'oùnl, Prairies d'or, [V, 427, 436--138.2. l\fAS'o~OI et [nN' AL·ATHla, [oc. cil.3. Il se nommait 'Amr, ms de Bakr at-Tam/ml as-Sa'dl, surnomméZàdawaihi. Cf. l\fAs'otJDI, Prai/'ies d'or, IV, 427, 436--137 ; IIJN AL-AT,,!n,Chron{con, III, 325, 330-331.


lM .\IlClIIVES '1AROC.\INESl'nt, c'est toi seul dont je voulais la mort. Il 'AIIII' répondit:« Tu as vo,<strong>du</strong> mn mort, mais Allâh a voulu celle de Khâl'idjat, Il Puis, '1\011' le fit avnncer et le tua. - 1..ol'squ".\'ichaapprit le lIIeurtl'e d".\Ii, elle dit:l\lainlenanl la fl'lIlllle a pu tll'esser scs lentes cl y l'aire halleaprès 51'S pél'('gl'inaliom:, mSSl'l'l'néc comme le vopgeur lors <strong>du</strong>rel om' 2.1h3II. - 1,.\ HY~.\STJE DES OlJJ.\ yrADESET C'EST ELLE Qt:l PRIT I.E POl:VOm ,\I)H1~S LA PTlEmÈHE DYNASTIE('1 0 DE L'JII:GIRE = (in1 IlE ,L-C. - '1 a2 = ïiJO liE ,r.-c,)1. - nEGNE DE JIOU',A'YlYA (/lljOGI··üO,'liSO).Lorsque 1'J~lIlil' des Cl'oyants ',\li eut été lUI;, le peupledésigna cOlllme khalife I.Iasan, fils d".\Ii. Celui-ci aUenditquelques Illois a,-ant de se rencontrel' avec JIou'ùwiya,puis lous deux SI' l'l'concilièrent sous l'empire des nécessitésprésenles dont I,Iasan ('lait mieux informé:: quenul aulre, et il l'emit le khalifat à JIou'ùwiya pOUl' screndre lui·même dnns ln" direction de JIédinc. ~Iou\\wiyafut recollnu comme khalife sans partage et pl'oc1anlli I::mirdes Croyants. el cela en l'nll 110 de l'lIégire (= üûl de J .-C.).Yoici qu('lques délails biographiques et quelques ren-1. JI {'lnil '1,),.1i d-r:g~'pl(' Pl préfet tic polkc f'ons lc gouVCI'nClllcnt tle'Allil' fils ,ra1-' .\~. CI'. :\IAS 'ulmi, [>,'aÎl'ie.ç d'ol', IV. Hi-I:IB. La uiogl'uphietle 'c mnlhcUI'CID: /f:)t.!i e"l. dOlllll'e pal' l\lI.\LÎL 11I:"1 .\III.\!( A~-$.\F.\!li, Al­~rll/ï bi/-wll/ill/li!. 1II11llU"f'l'il m'abc tic l'ad", n· 21.lfi·L f" 1 V·.2. Cr. 1,,:'1 .\L-.\1'IIin, UlI'ollÎcon, III, mIl.:1, Ces pal'ol!';; SOIlI f'llIpl'lllllt·~,-·;:; il 111:0; Al.-.\Tllin, (:llI'onÏt'on. Ill. 3·10.


IIISTOIRJ, DEH DYNASTIES Ml.:SVUIANES 167seigneJllcuts sur la con<strong>du</strong>ite de ;\Iou'ùwiya. Il était filsfL\holi Souf)'àn $aldll', lils de I.larb, fils d'OumaHa, nIsd".\hd Chams, fils d".\bd~lan:H. Son pèr0 AIJOt'r SOllfJÙlI,l'un des chaikhs de La )Iecque, s'était conyerti il l'Islamismednns l'année où le Prophl\te conquit La ;\IecfJue'.;\[ou'Î\'Yiya sc fil également musulmall; il


1Ii8.\RCIIIVES ~I.\ROC.\INESH5était Hind. Elle lui fit des réponses hardies, malgré lapeur qu'elle avait de lui. Parmi les propos qu'ils éch:mgèrent,il lui dit: « Vous me jurez de ne plus tuer vosenfants. » Or, il l'époque de l'ignorance, les Arabes tuaientleUl's enfants. Hind répondit: « Quant à nous, nous lesavons élevés quand ils étaient" petits, et tu les as tuésquand ils sont devenus grands, à la journée de Badr. ­Engagez-vous aussi à ne point me désobéir dans le hien. »Elle reprit: Il Nous n'aurions point pris place dans celteréunion, s'il était dans nos intentions de nous révoltercontre toi. - Et aussi à ne point voler. - Par Allüh!je n'ai jamais rien volé de ma vie; seulement, à unecertaine époque, je prenais quelque peu <strong>du</strong> bien d'AbOliSoufyàn. " Or, AbOli Soufyân, son mari, était là présent.C'est alors seulement que l'Envoyé d'AUdh sut que c'étaitHind. « C'est Hind? dit-il. - Oui, répondit-elle, ô Apôtred'AUdh. " Le Prophète ne dit rien, parce que la com-ersionà l'Islâm avait suppl'imé 1 tous les actes antérieurs.Puis il dit : « Plus d'a<strong>du</strong>ltère! Il EUe répondit : Il Lafemme bien née commet-eUe l'a<strong>du</strong>ltère? " Alors, d'aprèsce


I\ISTOIRE DES DYNASTIES MUSUUIA:"ES lfi!''Abd Allâh, fils de Zoubair; 'Abd AUâh, fils de D,ia '(al'Tayyâr; '4bd Allûh, fils (l'Omar; 'Abd ar·Hahmân, filsd'Aboù Bakr; Abdn l, fils d"OLhmâIl, fils d"Amin, etplusieurs descendants 2 d'Abot'! Tâlib ne cessaient pas devenir' le trom'er il Damas, Il leur offrait alors des habitationssplendides:l, des repas magnifiques, la satisfactionde tous leurs désirs. Quant à eux, ils ne cessaient paspour cela de lui parler <strong>du</strong>rement, de lui jeteI'à" laface les plus grossières injures, tandis que tantôt il plaisantaitavec eux, tantôt il faisait semblant de ne pas lesentendre; et il ne faisait que renouveler à leur égal'dses hautes faveurs et ses riches présents. Il dit un jouril Qais~, fils de Sa 'd, fils d"Oubftda, l'un des Au!?flr :« 0 Qais, par Allûh! je souhaitais que de ton vivant fussent 1.66terminées les guerres qui ont eu lieu entre moi et'Ali.» Qais répondit: « Par Allâh ! il me répugnait devoir ces guerres se terminer, et toi devenir Émir desCroyants. II Mou 'âwiya se tut. Et encore cela compte1. Comme son nom l'indique, c'est le fils d"Othrniln, le Iroisièmekhalife orthodoxe. Il était lépreux et louche, Sous les descendanls deManwln, il fuI, successivement nommé gouverneur de La Mecque et debeaucoup d'antres villes (Prairies d'or, IV, 2;'2). C'est lui qui l'écita lesp"ières des funérailles à la mort des fils d"AIi l\1oul)ammad, sUl'llomml'le {ils de la ~{ané{ite, en l'année 81 de l'Hégire (ibidem, 267-2681 et aussi à lamort <strong>du</strong> neveu d'Ail, 'Abd Allàh, ms de Dja'far, fils d'Aboù Tâlib (ibidem,V, 384). Enfin il dirigea le pèlerinage pendant les années 76 à· 80 et aussien l'année 82 de rHégire (ibid., IX, 59). Abân était au;;si un tr3dilionnistcestimé. et de nombreux fLadWls (traditions) reposent sur son autorité. 1\mOlll'ut en l'année 105 de l'Hégire, Cf. PRINCE DE TEANO, Annali dei lsldm,t. Il, année Il, ~ 79, note 2. Voy. aussi InN KHALLlI{ÂN, lFa{aytlt, éd,Wüstenreld, notice 570, p. 91, qui mentionne AMn (gouverneur de Médine)à l'occasion <strong>du</strong> fiflJ de la l;lan~fite. Voy. aussi IBN AL-ATllin, op. cil"IV, 361 et suIv.2. Des ren;;eignemenls ont été donnés sur tous ces pel'sonnages dan",d'autres endroits; voy. ces noms à l'Index.3. Ces exp"essions sont empruntées au Qoran, Xli, 21.-l. Sur ce célèbre compagnon <strong>du</strong> Prophète, mort en l'année ;;(1 ou liO lIel'Hégire et dont le nom enlier est Qais, fils de Sa 'd, fils d"OuMda, fil",tle Doulaim al-An~âri, voy. :'lAWAwi, I~dba, Ml-Mi; MAS'otoi, Prairiesd'or, IV, 3(;0; V, 32, "lFi·l8; VIII, 323-324; PRINCE DE TE.\NO, An/wli deiIshlm, Index, p. H21; InN AL-ATH ln, Chronicon, III, 2!3-Fi et Index, p. 505,1 5


170 ARCIIIVES ~1.\1I0C,\INESparmi les plus douces pal'oles qu'ils lui adressaient.:\lou'âwiya adressa à l'un des An~ârs 500 dinârs. Celui-citl'ouya que c'était bien peu et dit à son fils : (1 Prends-les,ya chez :\Iou'àwiya, jette-les lui à la face et refuse-les lui. "Le pèl'e adjura son fils d'agir ainsi. Le fils se rendit chez:\Iou'ûwip, porteur de la somme, et dit : « Émir desCroyants, mon père a de la vivacité et de la précipitation;il m'a. donné tel et tel ordre et m'a adjuré de l'exécuter.Or, je ne peux pas lui désobéir. Il l\Iou'âwiya mitsa main SUl' son visage et dit: li Fais ce (lue ton père t'aordonné, et ménage ton oncle paternel 1. » Le jeune homll1~,'ougit et jeta l'argent. Mou 'àwiya le doubla et le fit pOl'tcril l'An~ârite. Le fils de Moù'âwiya, Yazid, en apprenantcela, entra tout irrité chez son père et dit: I( Tu as exagél'éla douceur, etje crains que cela ne soit compté commede la faiblesse et de la lâcheté, » l\Iou'âwiya reprit: li :\Ionchel' enfant, jamais la douceur n'amène ni le repentir nila honté. Yas-t'en et laisse-luoi agir à ma guise, 1) ,Et c'est grâce à une telle con<strong>du</strong>ite que :\Iou'âwipde\"Înt le khalife <strong>du</strong> monde, et (lue, parmi les fils des com·pagnons de l'Hégire et des An~â1's, il obtintla soumissionde tous ceux qui étaient cependant convaincus d'avoir plusde titres que lui au khalifat. Or, :\Iou'àwiya était un desplus habiles entre les h~biles.Un rappol'te qu"Omar, fils d'al-KhaW\h, dit à ses familiers:« Vous rappelez Cosroës et César et leur hahiletéil tous deux, fluand )Iou'âwiyya est l'un des vOtres. liUne des habiletés de :\Jou'âwi)"a consista à gagner':\mr, fils d'al-'A!;', Ull habile s'il en Mt. Au début de laguelTe ciyile qui se poursuidt entre l'l~mir des Croyantsct )Iou'âwip, 'Ami' s'était tenu il l'écart des deux pal,tis.:\Iou'âwiya résolut de le gagnel' et de s'appuyer surl, Ces paroles sonl devenues p,·ove"!Jiales. :\Iaidùni cl lou" les aulcUl',;tic ,'ccuci\s ûe pl'o,'erhes les cHent.


H1gTOIRE OES OY1'OASTIES loIUSULMA:'IlES iiIses avis, son habileté et sa ruse. Il chercha donc il sel'attacher, lia amitié avec lui, et le préposa au gouyernementde l"Égyple. Il entra avec lui dans les combinaisonsque tout le monde connait, et fit d'accord avec lui à:?iffîn les actes que l'on sait. Et pourtant, jamais il n'y eutentre eux une affection de cœur; bien an contraire, ils sedétestaient secrètement. Et parfois, ces sentiments semanifestèrent, ou sur les traits de leurs .visages, ou dansles incnrtades de leurs langages. A :?ilTin, l'I~mil' desCroyants ('~\li) demanda il ~Iou 'àwiya de se mesurer aveclui dans un combat singùlier. 'Amr, fils d'al·'A!?, dit à~Iou'âwiya :. Il '.\lî t'a traité avec équité, et il ne te convientpas de reculer devant un combat singulier avec lui. l)Mou 'àwiya répondit: Il Tu me trompes, et tu aimerais meVOil' mouril'. Ne sais-~u pas qu'avec le fils d'.\boù Tùlibpersonne ne se mesure sans être tué pal' lui il 'lMou'àwi,ra dit un jour à ses compagnons: « Qu'y a­t-il au monde de plus étonnant? - Ce sont, dit Yazid 1,ces nuages qui demeurent en équilibre entre le ciel et laterre, sans être étayés par rien au-dessous d'eux, ni suspen<strong>du</strong>s~ il rien au-dessus, - C'est, dit un deuxième, Ullbonheur ((ui échoit il l'ignorant, el un échec qui atteintl'intelligent. - C'est, dit un autre, une chose quelconquetelle ((u'on n'en a jamais vu de pareille. )) 'Amr,fils d'al-'.\,?, dit à son tour: ( Ce qu'il y a au monde de1. Son III~,2, En /lI3I'ge <strong>du</strong> manuscl'it A (l'u 102 "u), on tl'OUVC celle 1I0lc Il,Ï'JU!':'cpar un lectem', ([ui a senti le hesoin dc nous dil'c, mais ,l'unc IlHllli ..·..einlntclligible. son opinion Sl\l' l'autcm', Void Ics terme,; de sa Ilote:« ~ ~ .1>:"..r.? ls..t.. ",M..)~ 0A I.:~ ":,,l::...OII..t.. ......:Jy .ul\ r->J.J> )'1..::,.;1 r~ li l:...ri Ct \..,;j, Qu'Allilh ait Cil pitié l'


li2,\RCIIIVES )1.\ROC.\I'ESU8plus étonnant, c'est que le fourbe l'emporte sur l'holllmevéridique. li Il faisait ainsi allusion à 'Ali et ~Iou'âwiya,Celui-ci dit alors: « Non, ce qu'il y a au monde de plusétonnant, c'est qu'un homme soit gratifié de ce qu'il nemérite pas, alors qu'il n'inspire aucune crainte, Il Il faisaitallusion à '.\mr et au gouvernement de l'Égypte(qu'il lui avait confié). Et chacun d'eux crachait ainsi àl'autre ce qu'il avait sur le cœur.Et sache que Mou'ûwiya fut un. organisateur d'empil'es,un habile gouverneur de peuples et un grand ac1minish'ateurde royaumes. Il inaugura bien des choses, danslesquelles nul ne l'a devancé. C'est ainsi qu'il fut le premierà établir une escorte pour les rois, à faire lever les lancesdevant eux, et à réserver dan$ la mosquée une chamhregl'iIJagée 1 où priait le roi ou le khalife, dans la mosquée,isolé des autres fidèles. Et cela. parce que Mou'ûwiyas'effrayait de ce qui était arrivé à l'Émir des Croyants ('Ali);aussi faisait-il la prière, seul, dans une loge grillagé1c.Lorsqu'il se prosternait, les gardes <strong>du</strong> corps faisaient à satète un rempart de leurs épées.Il fut aussi le premier à établir la poste (barid) pourhâter l'arrivée des nouvelles.Voici en quoi consistait la poste. Des chevaux 2 biendressés étaient répartis dans nn certain nombre d·endroits.Le porteur de la nouvelle pressante était-il parvenu àl'une de ces stations sur son cheval fatigué, il montait surun autre cheval reposé, et ainsi de suite à chaque relai;jusqu'à arriver à destination avec rapidité. Quant au1. Aboû Hilâl AI- 'Askar'j (manui;crit arabe de Pal'is, n Q 5!l8fi), rapporlediverses fl'adil.ions, d'après lesquelles la maqsol1r'll aUl'ait élé inaugul'éepar 'Omar ou 'Othmâll. Cf. 18N I{IIALDOÛN, Prolégomènes, trad. de Sinue,Il,62 et note; QUATREMÈIIE, Mamloa/cs, " J, 164; Il, l, 2S:J; LANE, ,lJaflTlerSand Cusloms of lhe Modern Eg!lplians, l, 116.2. Lis. ~ indéterminé, ce qu'exige la grammaire, et conformémentau ll11lnùscril A.


HlSTOlln; OES DY~ASTIES )/vSUDIA:"IES 173lIIot barid (poste), il signifie dans la langue: 12 milles,et je pense (IU'il représente la plus grande distance quel'on ait fixée entre deux relais. Et le $(ll;ib (ministf'e)'AM ad-Din 'Atâ ~fâlik 1. a dit, dans son livre intitulé leC'ollquéranf <strong>du</strong> monde (Dji/HÎll /(ollc!zay): « Et entre au~tres choses, ils ont établi pal'tout la poste dans un doublehut : la conservation


la AIlCIIIVES ~IAnOC,\IXESlires étaient remis sans ètl'e scellés. L'homme mit « deuxcents» au lieu de cent. Lorsque Ziyâtl présenta sa comptabilitéil :\Iou'âwiya, celui-ci réclama et dit: (( Je ne luiai donné qu'un mandat de 100.000 li, et il lui fit rembourserla somme l, et créa le bureau <strong>du</strong> sceau. Dès lors, les rescritsémanant <strong>du</strong> ldlalife circulaient reYètus <strong>du</strong> sceau, sans quepersonne plit en connaître ni en altél'er le contenu 2.)Iou'ûwiya n'ayait qu'une ambition, celle de bien administrerles choses temporelles; tout lui était égal, <strong>du</strong> momentque l'ordre régnait dans les affaires <strong>du</strong> royaume.Hegarde le portrait qu'a tracé de lui 'Abd al-Malik, fils de:\Iarwân : ce sont précisément ces qualités qu'il a estiméesen lui. Un jour, dit-on, 'Abd al-Malik, fils de l\Iarwân,passa de"ant le tombeau de Mou'âwiya et dit: « Dieu aitpitié de lui! » Quel(lu'un demanda au khalife: « De quiest-ce là le tombeau, ô J~mir des Croyants? - C'est, par150 .Hlâh! répondit-il, le tomheau d'un homme qui, d'aprèsce que j'ai appris, parlait par science et se taisait par bonté;lorsqu'il donnait, il enrichissait; lorsqu'il combattait, ilanéantissait: l . »'Abd Allâh, fils d"Abbâs, un critique séYèl'e, dit de:\Iou'âwiya: cc Je n'ai jamais vu prince ni roi ayant plusd'aptitudes il ces dignités que ~Iou'âwiya. IlUn des Oumayyades ~lit â Mou 'lÎwf.ra: « Par Allâh! si tuavais pu trouver une aide même dans les Zandjs, certes tun'aurais pas manqué de t'en ser"ir' pouryu (lue celat'assUl'e l'ordre dans le royaume. ))~Iou'âwiJ3 était insatiable de nourriture, et s'en montraita"are, malgré la noblesse et la générosité de sonJ. C'est '.\bd Allâh, fils de Zoubair, frère d"Amr, qui remboursa laSOlllme pour faire élargir son frère incarcéré sur l'ordre de Mou'àwi)·a.ID:'\ .u-ATfdn, l(lc. cil.2. Sur ce bureau, voy. encore InN KnALDotN, Prolégomènes, Irad. deSI one, Il, 56; TIIA 'ALllli, La/d'if, p. 12.3. Ce' passage esl incontestablemenl emprunté Ù lu~ AL-ATlllR, Cltronicoll,IV, Il.


JlISTOlltE DES DYNASTIES MUSULl\IAXEScaractère. Cela allait si loin qu'il faisait, dit-on, chaquejour cinq repas, dont le demier était le plus copieux. Puisil disait: « Serviteur, emporte. Par .\lliih! je ne suis pasrassasié, mais je suis fatigué de manger. »On raconte qu'on lui a,'ait préparé un veau rôti. Il mangea,de plus, un panier de pain blanc, cluatre gâteauxcuits au four, un chevreau chaud, un second froid, etd'autres plats encore; et il fit placer denlllt lui 100 linesde fèYes vertes. Il vint à hout de tout cela!Ce qui pl'ouve encore son avarice en ce qui touche lanouniture, c'est qu'Ibn Abot'! Bakra " accompagné de son(ifs, entra un jour chez )Iou'âwiya. Le jeune homme semit il manger sans mesure, tandis que )[ou'âwiya le "egardaitde côté. Hm .\boù Hakra s'apel'çut de la colèrede :\lou'i\wiya et youlut gronder son fils de tant manger;mais il n'en trouva pas l'occasion. Tous deux quittèrent~lou'â",iya; le lendemain matin, le père se présente seulchez le khalife, qui lui dit: II Comment va ton fils? - Ila eu une indigestion, Émil' des CI'oyants, répondit-il.Je savais bien, dit Mou'âwiya, que cette mangeaille nemanquerait pas de le rendre malade '2. »C'est ici qu'il convient de placer une jolie anecdote, oùl'on verra de la noblesse, <strong>du</strong> caractèl'e et des qualitéséminentes. Un certain vizir était épris de la bonne chère,et aimait quiconque mangeait avec lui. Faisait-on honneuril sa tahle, on était plus sûr de gagner son cœur. Il a1'fi,'acJu'un jour ce vizir, voulant tourmenter un des plus grandsseigneurs parmi les descendants d"AIi, lui présenta lecompte total de ce qu'il devait pour l'impôt foncier, pourdes revenus publics dont il était fermier et autres arriérés.et lui en réclama le montant, puis le fit garder il vue danslbll. 80n nOm est 'Oubaid Allah. cr. ID:'i AL-ATHlll, G/lI'onicon, IV, i, ~ l'I365-367.2, Celte anecdole est donnée par IIIN AL-ATIf/n, Chronicon, IV, ;-8.


}7(j ARCHIVES MAROCAINESsa pl'opre maison, je veux dire la maison même <strong>du</strong> vizir.01" un jour, quand on venait de servir un repas solennel!devant le vizir, l"Allde dit à ses gardiens: (( J'aifaim; me permettez-vous d'aller dans votre société jusqu'àla nappe de cuir? Je mangerai et je reviendrai ici. » 01',l"Alide avait bien compris le caractère <strong>du</strong> vizir. On n'osapas lui refuser et on l'autorisa à faire ce qu'il avait demandé.Il alla s'asseoir tout à fait à l'extrémité de la nappeet se mit à dévorer avec avidité. Le vizir le regarda Jecôté tandis qu'il était tout absorbé à manger; il le fit alorsapprocher, Je fit monter à la place d'honneur de la saHeet lui offrit les mets les plus exquis <strong>du</strong> repas. Et plus leconvive mettait d'ardeur à manger, plus le vizir se déridaitet s'épanouissait 2. Lorsqu'on eut desservi la nappe,le vizir demanda un brasero allumé, fit apporter le complequi avait été réclamé au débiteur, puis il dit: ( Seigneur(Sayyid 3), AIlâh t'a soulagé de cette dette, ettu en es quitte.Et par AIIâb, je le jure, par ton aieul~, je ne possétle152 pas d'autre exemplaire de ce compte, ni chez moi, ni dansmes bureaux. » Puis il jeta dans le brasero le compte quifut consumé par les flammes. Le vizir mit ensuite l"Alideen liberté et lui permit de retourner dans sa maison.Et peu d'événements pesèrent autant sur les hommesen général et sur les Oumayyades en particulier quel'affaire de la légitimation : Mou'âwiya reconnut Ziyâd r.1. LiUémlement: un jour qu'on venait d'élendre 'la' nappe de cu;"devanl... Il En eITet ces "epas se Fervaient sm' de grandes pièces de cui,·,raisant office de table. Quant il ces repas solennels donnés à certainsjours de l'année, ils consl.iluaient un des altributs <strong>du</strong> pouvoit', et étaientprésidés par le souverain lili-même ou son "eprésentant, ou par un vi7.it..cr. QUATRF.~IÈnE, lllamlorl1(s, l, fi, 99,2. Lis. ~ :>t1; la leçon de l'édition est sans aucun doute une errem'typographique.3. On sait que c'est le litre des descendants d"AIi par la hnmche de1.losain.01. Mahomet.o. La, vie de Zi)'ild est t1!H~eZ c~nnue. l\lAs'o~Di (Prairies d'or; V, 1;; et


IIISTOIRE DES DYNASTIES l\IUSULMANES 177ibn Abihi (le fils de son père) comme son frère véritable,afin de pouvoir augmenter sa puissance- par son concourset de pouvoir s'appuyer sur son jugement et sa finesse..Voici quelques renseignements sommaires sur ce quise passa lors de la légitimation.Soumayya t, la mère de ZiyAd, était une femme demauvaise vie, parmi les Arabes. Elle était mariée avec unnommé 'Obaid 2. Il arriva qu'AbofI Soufyân, le père deMou'â,!\,iya, descendit chez un cabaretier qu'on appelaitAboû Maryam. AbofI Soufyân·lui demanda une fille dejoie. Il Soumayya te conviendrait-elle?)) répondit AbofIMaryam. Or, Aboû So'ufyân la connaissait. « Amène-Iamoi,dit-il, malgré la longueur de ses mamelles et lapuanteur de son ventre JI (et le mot « dzafar JI signifiepuanteur, air empesté). Le cabaretier amena la fille, AbofISoufyAn eut commerce avec elle, et de son fait elle conçutZiyâd, puis le mit au monde dans le lit d"Obaid sonmari. ZiyAd grandit, reçut de l'instruction, se distingua,et occupa diverses fonctions. 'Omar, fils d'al-KhaHâb, lemit à la tête d'une préfecture, qu'il administra fort bien.Un jour, il assista au conseil que tenait 'Omar, conseil oùse trouvaient les plus illustres parmi les Compagnons <strong>du</strong>Prophète; AbofI· Soufyân était parmi les assistants. Ziyâdprononça une al.locution d'une éloquence inouïe. 'Amr,fils d'Al- 'A~, dit: « Comme AllAh a doué cà jeune homme!Si son père était un Qoraichite, il mènerait les Arahessuiv.) donne d'intéressants détails sur ce fameux personnage. Sa biographieest aussi donnée. par KRUlL IDN AIDAK A~-$AFAOi, Al-Weif; bilwafaydl,manuscrit de Pàris, n" 20601, fo 94 j !atdb al-aghdnt, Index,pp. 360-361.1. On l'appelait Soumayya, fUIe d'al-A 'war (le borgne). EIIe mourut enl'année 53 de l'Hégire. cr. Ki/db al-aghdnt, XVII, 67, et PmNCE DE TEANO,A.nnali dei !s/dm, t. Il, année 8, § 150, note l, n° 2 et année 2, a160,note 1. EIIe était esclave de ~arilh, fUs de Kalada, el habitait à Tâ'if, dansun quartier appelé Rue des Courtisanes. cr. MAS'OOoi, Prairies d'or, V,22et 8uiv, Voy. aussi InN AL-AnIiR, Chronicon, III, 371.2. Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction correspondanle li. la p3ge 24;; <strong>du</strong> texlearahe.AIICII. )IAnoc. 12


17!! ARCHIVES l\IAROC,\I:'\!JSsous sa fémle, » Aboù Soufyân prit la parole: « Pat' "lItth,dit-il, je connais son père, celui qui ra engendré', » Ilfaisait allusion il lui-même, L'Émir des Croyants ',\li153 l'arrèta: « Tais-toi, fit-il, ô AbOli Soufyân; car tu sais bien«u"Omal" s'il t'entendait parler ainsi, sévirait promptementcontre toi. 1) Lorsque '.\11 devint khalife, il nommaZiy:îd préfet de la Perse, où celui-ci maintint l'ordre, mitles forteresses en état de défense, et se distingua pat'une sage administration. La renommée de ses capacitésse n"pandit, et la nouvelle en parvint il ~Iou':\wiya, quiregl'cUa de voil' un tel homme parmi les partisans (L\li,et désira se l'attacher. )Iou'âwiya écrivit donc il Ziyâd unelettre comminatoire, dans la(luelle il faisait :Illusion il safiliationaycc Aboù Soufyân, et lui disait (l'l'il était sonfrère. Ziy:\d n'en tint pas compte. L'Émir des Croyants 'Alien eut connaissance et écrivit il Ziyâd: CI Je t'ai c~n(jé lacharge dont tu es investi, et je yois (l'te tu en es digne.,\boll SOUfYÙll S'l'st laissé entraîner il un écart de langa~eiml" un désir de vanité et de mensonge auquel l'holllmeest porté; mais il n'y a rien là qui constitue pour toi droitil son hérit:tge, ni qui l'autorise il te mettre au nombre lieses descendants. Et certes, Mou'àwiya cherche il cil'convenirl'homme llont il a hesoin en se présentant denll1tlui et derrit"l'e lui, à sa dt'oite et à sa gauche. Tiens·toisur tes gardes! et encore tiens-toi sur tes gartles. Salut!! IlLorsque '.\ll eut été tué, ~Iou'dwiyafit des efforts pOUl'gagner l'afl'ection de Ziyâd, pour se le concilier et pourl'encourager à s'engagel' dans son parti. La question de lapateJ'llité (l'.\boû Soufyân fut soulevée entre eux, et ilstombèrent d'accord que la légitimation aurait lieu, Des témoinsse pl'ésentèl'ent au conseil de )Iou'flWiya et témoi:..gnèrent qlle Ziyâd él:tit le fils d·.\boft Soufyiln, ('n dt' Ces1. Lillt\I':1lellH'lI\ : 'lui I!Pjlosui/ pum in ulel'o mall'is SUrf'.2. Toul t'C pas"age csl copié mol il 11I01 d'luN .\L-ATllin, CllI'onicon. III,371.


Jl/STOIRE DES DYNASTIES 1I1Ul'il"l.MANl-:S 179témoins était Abo\1 :\Iaryam le caiJarctier, celui-là mêmequi avait amené SoumaHa il Abolt Soufyân. Depuis, ils'était fait Musulman, ct son islamisme était sincère,Mou'â,wiya lui dit: « Quel témoignage apportes-tu, ô;\hoCI l\Iaryam. - J'atteste, répondit-il, qu'.\boù Soulyânest venu chez moi, m'a demandé une fille de joie. (1 Je 15ltn'en ai pas d'autre que Soumayya, lui ai-je dit, et il a répon<strong>du</strong>:(1 Amène-la-moi, malgré sa malpropreté et son« odeur âcre. )} Je la lui amenai; il rcsta seul a"cc elle.Lorsqu'elle le quitta, elle portait la trace i1'l'écusablc deleurs rapports 1. - Halte-là, ô Aboû :\Iaryam, dit Ziyâd, tun'as été appelé que comme témoin et non comme insulteur.»Mou'âwiya reconnut alors la légitimité de Ziyâd. Onprétend que celle reconnaissance fut la première violationpublique des préceptes de la loi musulmane; car L\ pùtred'Allâh avait décidé que l'enfant appartient au lit conjugal2 , tandis qu'à l'a<strong>du</strong>ltère on réserve les pierres :1.Ceux qui ont excusé l\~ou'dwip, ont dit «: Si :'Ilou­.'âwiya a le droit de reconnailrl' la légitimité de Ziyùd, c'estparce qu'à l'époque <strong>du</strong> paganisnie les unions cOlltracléespar les Arahes étaient de divel's genres ". Ainsi, une femmede mam'aise vie avait-elle plusieurs amants, et mellaitelleau monde un enfant, elle }lOuyait en attrihuel' la paternitéà qui eUe voulait d'entre eux; sa déclaratioll, à cesujet, était décisive ft. Lorsque vint l'Islâm, il interdit celte1. Liltél'alemenL: et lrœc stillo/lfIt semiue,2. C'est la pl'ésomplion : Pater is est 'Juem I/ùptiœ demol/strouf.3, C'esl-il-dire la lapidatiou conformémenl il. In Itgislalion née de lasounna, qui a renchéri sur la législation cOI'ani'Jue ',I.)orall, XXI\', 2-10'i,laquelle presCI'il seulement le fouel. li fauL lire : ~J~ comme cela "clI'oU\'e


180 ARCIIIVES MAROCAINESunion irrégulière et maintint pour chaque enfant sa filiationpar rapport au père, quelle que soit l'union dont l'enfantprovenait, et l'Islâm ne fit aucune distinction à cetégard. 1)D'autres dirent: « Vous avez raison; mais quant àMou'âwiya, il s'est imaginé que cela pouvait se passerainsi, et il n'a pas fait la distinction entre la reconnaissanèeau temps <strong>du</strong> paganisme et au temps de l'islamisme.Or, Ziyâd n'était pas connu pendant le paganisme commeétant le fils d'AbolÎ Soufyân; il n'était alors considéré quecomme fils d"Obaid, et on l'appelait « Ziyâd, fils d"Obaid. IlOr il y a une différence entre les deux cas.155 Le poète 1 a dit, faisant allusion à cette affaire:Va, annonce à Mou 'âwiya, fils de I:Iarb, une nouvelle lransmisede la part <strong>du</strong> Yéménile.Commenl, lu l'indignes qu'on lraile lon père d'homme chasleel lu consens qu'on l'appelle débauché t (Je Je jure, la parenlé avec Ziyâd esl aussi établie que la parenléde l'éléphanl avec le fils de l'ânesse.Le mot arabe ri!lnl, dans ce vers, signifie: parenté.Puis, Zi,Yâd devint l'un des hommes et des soutiensde Mou'âwiya. Celui-ci le nomma gouverneur de Ba~ra,<strong>du</strong> Khorâsân, <strong>du</strong> Sidjistân; il lui annexa l'Inde, le Bal).­rain, 'Omân et, finalement, Kaûfa. Ziyâd écrivit sur seslettres: II.De la part de Ziyâd, fils d'AbolÎ Soulyân. Il Au-1. Ces vers sonl, dit-on, d"Abd ar-Ral}mân, fils d'Oumm al-l;Iakam,ou de Yazid, fils de Moufarrigh l'l;Iimyal'ite, grand-père <strong>du</strong> Sayyid all;Iimyari.Sur ces deux poètes, voy. Kitdb al-aghdnt, VI, 75 et XIII, 33­35, 43, 47-48; XVI, 7, 16; XVII, 51 et suiv.; IBN QOTAIBA, Liber poesis elpoelarum, 206, 209-213. Ce dernier auleur (p. 212) attribueles vers ci-dessusà Ibn Moufarrigh. De même le Kitdb al-aghdni, VII, 60. MAS'oûoi (Prairiesd'or, V, 27) nomme aussi les deux poètes sans savoir auquel desdeux attribuer les vers. Mais l'attribution à Ibn Moufarrigh est confirméepar IBN AL-ATHlR, Chronicon, III. 432-433; IV, 12, 219, 278. Quant à'Abd ar·Ra1,Jmân, fils d'Oumm al-l;Iakam, son nom est 'Abd ar-Ra1,JmAnfils d"Abdallâb, fils d"Olhmân ath-ThaqaIi. Cf. IBN AL-ATHiR, op. cil., III,410; IV, 245·248.


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULlIIANES 181paravant o~ l'appelait tantôt(( Ziyâd, fils d"Obaid H, tantôtIl Ziyâd, fils de Soumayya ». Et ceux qui voulaient resterdans les limites <strong>du</strong> vrai disaient : Il Ziyâd, fils de sonpère ». Ziyâcl fut des hommes les plus habiles: excellent~dministrateur, il savait inspirer la crainte et le respect.Son esprit juste allait droit au but; il était énergique,sagace, éloquent.La mort de Mou'âwiya eut lieu en l'an 60 (= 680 deJ .-C.) de l'Hégire. Lorsqtt'il fut à ses derniers moments,il adressa à son fils Yazîd des instructions qui témoignentde son intelligence, de son esprit, de son expérience deschoses et de sa connaissance des hommes. Yazîd ne s'yconforma en rien; je les ai notées ici, en raison de leurbeauté et de leur justesse. .On raconte que l\lou'âwiya, dès qu'il fut atteint par lamaladie dont il mourut, fit appeler son fils Yazîd et luidit: « 0 mon cher enfant, je t'ai épargné toutes les fatiguesdes expéditions et des voyages, je t'ai aplani les '156affaires, j'ai abaissé tes ennemis, j'ai fait baisser la têtedevant toi aux Arabes, et fai réuni sous ta dominationun empire tel que personne,n'en avait jamais réuni. Veillesur les hommes <strong>du</strong> ~Iedjâz : c'est ta race; honore ceuxd'entre eux qui viendront te trouver; fais <strong>du</strong> bien à ceuxqui seront restés loin de toi. Veille sur les hommes de1"Irâq, 'et s'ils te demandent la destitution d'un préfet parjour, fais-le, car destituer un préfet est plus aisé que devoir dégainer cent épées. Veille sur les hommes de laSyrie, et qu'ils soient dahs ton intimité; si quelque ennemite donne de l'inquiétude, prends-les pour défenseurs, puis,après la victoire, renvoie les Syriens dans leurs contrées;car en y restant, leur caraclère s'améliore t. Et je ne crainspour toi de compétition au sujet de cet empire que de la1. Ici le sens n'est pas douteux. Mais rri)t>1 ;:.,~ s'entend dnchangement de caractère, t1'une manière absolue, en bien ou en maL


1B2ARCHIVES MAROCAINES15ipart de quatl'e Qoraichites: I;Iosâin, fils d"AIl; '.\I>d Allàh,fils d"Omar; 'Abd Allnh, fils de Zoubair; '~\hd ar-HaQllIân,fils d'AbolI Bakr. Pour ce qui est <strong>du</strong> fils d"Omar, c'est unhomme à qui la piété et l'adoration ont enlevé toute énergie;lorsqu'il ne restera plus que lui, il acceptera tonautorité. Quant à ~Iosain, fils d"Alî, c'est un hommeléger, et le reuple de l"Irâq ne le laissera pas tl'anquillequ'il ne l'ait poussé à la révolte. Lorsque I;Iosain se serarévolté et que tu auras triomphé de lui, accOl'de·lui sonpardon, car c'est un proche parent, ses droits sont importantset il est de la famille de Mahomet. Quant au filsd'Ahot'! Bakr, s'il voit ses compagnons agir d'une manière,HIes imitera; il n'a de pensée que pOUl' les femmes etpour les amusements. Enfin, il y en a un (lui restera ac­CJ'oupi en face de toi comme le lion et qui te traitera a'-ecastuce comme le renard : s'il rencontre quelque occasionpropice, il ne fera qu'un saut: C'est Ibn Zoubair. S'il fondsur toi et que tu parviennes à le--vaincre, coupe-le en m~llemorceaux! et épargne autant que possible le sang lIe tessujets. "Et ces instructions sont une preuve en faveur de ce (luia été dit précédemment de son zèle ardent pour l'administration<strong>du</strong> royaume et de sa grande passion pour lasouveraineté.II. -YAZÎD 1 er (60/680-6lt/683).PUiR, après ~Iou'âwiya, J'égna son fils Yazid. Il fut nnprince très passionné pour les divertissements, la chasse,le vin, les femmes et la poésie. A l'élégance <strong>du</strong> langageVoyez des exemple,,; où ce \'crbc signifie " s'améliorer» dans 1Il:"l AL­ATHiR, Aldbe1rs, p. 330, 1. 6 (Jlist. OI'ientaux des CI'oisade;;); l\iMb al'­rau(lalain, d'Anol: r.llhlA, éd. <strong>du</strong> Caire, Il, lB, 1. Ill.


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 183il joignait la noblesse <strong>du</strong> caractère; c'était un poète remarquable.On a dit: « La poésie fut inaugurée par UTi roi etterminée par un roi. li On faisait allusion à Imrou'l-Qaiset à Yazîd. Voici un échantillon de ses "ers:Elle est vcnue avec un visage dont l'éclat de la pleine lune neserait que le voile, et qui rcpose sur un corps bien pl'oporlionné,au balancement flexible comme celui d'un t.endrc rameau.De l'une de ses deux mains, clle me verse un vin rayonnantcomme sa joue, que la rougeUl' de la confusion aurait. empoUl"­pré!".Puis elle prend la parole et diL, en sachant cc qu'clle voulaitdire, et alors que pour nous II': soleil <strong>du</strong> vin n'avait point baissé:« Ne pal's pas, car je n'ai plus la force de tail'c des adieux ill'être cher qui part f,« Plus de sommeil pour accueillir son image dans mes l'êves,plus de 1:U'mes pour pleurer sur les vcstiges de notre habitationcommune. IlD'après la plus exacte des deux versions, Yazîd régnatrois ans et demi. Dans la première année,' il tua l;Iosain,fils d"AIt, sur eux soit le salut! Dans la deuxième, il pillaMédine et la livra au sac pendant trois jours; dans la troisième,il fit une incursion militair'e à la Ka 'ba. Commençonspar exposer les circonstances <strong>du</strong> meurtre de I;Iosain.MEURTRE DE~OSAINJe me contenterai d'en donner une relation abrégée; 158je n'aime pas m'étendre sur un fait que je considèrecomme si grave et si honteux, car il n'y a jamais rieneu de plus profondément détestable dans l'histoire del'Islâm. Et, par ma vie! le meurtre de l'Émir des Croyants1. Je lis (.,,6,;J" li l'actif. Le manuscrit ne po'rte d'aillcUl'S 1111CUfH','oyelle sur le ~ld. Voy. cependant l'édition, qui a le p3ssif.


181 ARCIIIVES MAROCAI:-;ES'Ali fut certes la plus grande de toutes les calamités 1. Maisici, que d'horribles massacres, que de prisonniers, quede mutilations! La peau frissonne aù souvenir de ces horreurs.J'ai pu également me dispenser d'un long récitpour des fails tellement connus', car c'est la plus notoiredes catastrophes. Puisse Allâh maudire tous ceux (lui yont pris part, qui l'ont ordonnée, qui en ont éprouvéquelque satisfaction! Puisse Allâh n'accueillir de leurpart ni revirement, ni compensation! puisse-t-il les ranger« au nombre des hommes les plus frustrés dans leursœuvres, dont l'effort dans la vie de ce monde aura été enpure perte, tandis qu'ils croyaient bien faire 2 ! »Voici, en résumé, ce qui se passa: YazÎd (qu'Allâh lemaudisse !) dès qu'il fut proclamé khalife, n'eut d'autrepréoccupation que d'obtenir la soumission de J:Iosain etdes quelques personnages contre lesquels son père l'avaitmis en garde. Il envoya un message à Walid 3, fils d"Ot~a,fils d'Aboû Soufyân, alors émir de Médine. Celui-ci devaitrecevoir de ces hommes le serment de fidélité au khalife.L'émir les convoqua. J:Iosain (qu'il soit en paix!) se présentadevant lui. L'émir lui apprit la mort de ~Iou'âwiyaet l'invita à la soumission. (1 Mes pareils, lui réponditJ:Iosain, ne prêtent point hommage en secret: c'est dansune assemblée <strong>du</strong> peuple que nous examinerons et quetu examineras la situation. Il Puis J,Iosain sortit de chez159 l'émir, réunit ses compagnons et sortit de Médine pourse rendre à La Mecque. Il se refusait à reconnaître Yazid,et il lui répugnait d'être compris dans la masse de ses~ujets. Lorsqu'il se fut installé à La Mecque, les gens de1. Qoran, LXXIX, 34.2. Qoran, XVIII, 103 et 104.3. Sur Cl'! personnage, cf. !Citdb ai-aghânf, J, 13; Il, 80-83; XVI, 68;MAs'oODl, Prairies d'or, Il, 170, 176. 'Valld, qui était un compagnon<strong>du</strong> Prophète, mourut en l'année 64 de l'Hégire. cr. YÂQoih, Mou'djam,Regisfer, 753 j WÜSTENFELD, Regisler, 462; PRINCE DE TEANO, Annali deilsldm, Index, p. 1544; InN AL-ATHiR, Chl'onicon, Index, p. 6-18.


lIlSTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 185Koilfa apprirent qu'il se refusait à reconnàîlre Yazîd j or,ceux-ci détestaient les Oumayyades, et surtout Yaztd, àcause des hontes de sa vie, de son étalage d'impiété, de safrivolité endine aux turpitudes. Ils envoyèrent donc desmessagers à I;losain et lui adressèrent plusieurs missives,l'invitant à se rendre à Kotifa, et lui offrant leur concourscontre les Oumayyades. Ils se réunirent, s'y engagèrententt'e eux par serment, et ne discontinuèrent point de luiécrire dans ce sens. I;Iosain leur envoya le fils de son onclepaternel, Mouslim 1, fils d"Aqil, fils d'Ahoil Talîh. A peineétait-il arrivé à KoMa que la nouvelle en était parvenue à'Ohaid Allûh 2, fils de Ziyâd [qu'Allâh le maudisse et luifasse habiter la demeure de l'abaissementl):l. Or. Yazîdl'avait nommé gouverneur de KolÎfa à la première nouvelledes messages que les habitants de cette ville avaientadressés à I,Iosain. Mouslim s'était réfugié dans la maisond'un certain Hâni'~, fils d"Ourwa, un des plus noblesKoùûens. 'Obaid Allâh, fils de Ziyâd, 6t appeler celuiciet lui ordonna de livrer l\fouslim. IIâni' refusa. 'OhaidAllâh le frappa au visage avec sa baguette et le défigura.Puis fut intro<strong>du</strong>it ~fouslim, fils d"Aqîl (qu'Allâh leur soitfavorable à tous deux !). On lui trancha la tête SUI' la plateforme<strong>du</strong> château; sa tête tomba d'en haut et bientôt soncadavre alla rejoindre sa tête.Quant à Hâni', il fut amené sur la place <strong>du</strong> l\fal'ché et onI. Voy. MAS'oûoi, Prairies d'or, V, 128, 129. 135, H3 (Lisez pal'Iout'Aqll au lieu d'Okail) ; Ki/db al-aghdnf, XIII, 37; InN AL-ATHill, Chronicon,IV, 19-22; 24-30 et passim.2. C'est le fils <strong>du</strong> fameux ZiyAd ibn Abihi, le soi-disant fils a<strong>du</strong>ltérind'Abot} SaufyAn. Voy. de nombreux détails sur ce personnage dansMAs'oûni, Prairies d'or, V, 134 et suiv.; aussi Index, p. 223;l\ilâb alaghdnl,XVII, 53, et Index, p. 46-1-465; ION AL-ATlliR, Chronicon, IV, 17 etsuiv. On trouve aussi une notice sur ce personnage dans le manuscrit 201;6de la Bibliothèque <strong>Nationale</strong> (KIIALIL IBN AIBAK A!)-~AFAIlI, Al-Wt1(t bilwa(ayllf),r. 302 rO.8. Qoran, X, 9ü i XLI, 16.4. Hâni', fils d"Ourwa le Mourâdite. Cf. J(i/db al-aghtlnf, xm, 37; XIV,98; ~lAs'o(}Di, op, cil., V, 136 i InN AL-ATHin, Chronicon, VI, 19 et suiv.1 6


186 ARCIIIVES MAROCAINESlui trancha la tète. C'est à ce sujet que Farazdaq 1 dit:160 Si tu es une femme qui ignore ce qu'cst la mOlt, regardeHâni' au milieu <strong>du</strong> marché, regarde le fils d"AqillLe premier est un héros que l'épée a défiguré, l'autre unevictime lancée des hauteurs 2.l;Iosain


IlISTOIRE DES DY:"ASTlES l\IUSULMt\:"iES 187qu'il ne serait plus là, pour la lutte désespérée qu'ils soutinrentavec ardeur pour le sauver. On dépouilla, onfit prisonniers les hommes de son armée et ses enfants(la paix soit sur eux !). On apporta ensuite les femmes et latête de J:losain (que les bénédictions d'AlIâh soient sur lui!)à Yazîd, fils de Mou 'âwiya, à Damas. Il se mit à briser'les dents de devant de ~Iosain avec sa baguette. Puis il ren- 161voya les femmes à Médine. Et le meurtI'e de I;Iosain eutlieu le 10 de .Moul)arram, en l'an 61 (= 'lO octobre (80).BATAILLE D'AL-1.lARRALe deuxième épisode de son règne fut sa lutte avec leshabitants de la ville <strong>du</strong> Prophète (Médine); c'est la rencontred'al·~Iarra. Le point de départ de ces événements futle refus des gens de Médine de reconnaître Yazid. Ils ledéposèrent, assiégèrent et terrifièrent les Oumay,radesqui s'y trouvaient. Ceux·ci envoyèrent un messager li.Yazîd pour l'informer de leur situation. Lorsqu'à l'anivée<strong>du</strong> messager, Yazîd connut la con<strong>du</strong>ite des l\fédinois, illeur appliqua le vers suivant:Ils ont alléré la longanimité qui était dans mon caj'aclère, etj'aialors remplacé ma douceur envers mon peuple par les mauvaisprocédés.Ensuite Yazîdconvia, pour marcher sur Médine, 'Amr,fils de Sa'id', qui ne voulut pas jouer un l'Ole dans celtealTaïl'e, et fit dire à Yazid : « J'ai mis de l'ordre pour toidans les affaires et les contrées, mais maintenant qu'il1. Il s'agit d"Amr, fils de Sa'id, fils d'ut"Â~, célèbre compagnon <strong>du</strong>Prophèle. Il élait surnommé al-Achdaq (l'homme à la gl'ande bouche).Voy., sur ce personnage, le Kildb al-aghdnr, Index. p. l'H6; CAt:8S1:'l DEPEllCEVAL, Essai, l, aS!); l\l.\s'obni, Prairies d'or, Index, p. lIii; Plil:SCE DETEANO, Annali dellsMm, Index, p, 1265; In:'l Al.·ATuin, Chl'onicon, IV, IH etsuiv. .


1MBAIlCIIIVES MAROC.\lNESs'agit de répandre sur la terre le sang des Qoraichites, jene voudrais pas d'un tel commandement. » Le choix deYazîd se porta alors sur 'Obaid Allâh, fils de Ziyâd, quis'excusa et dit: « Non, par AllAh! je ne commettrai pointces deux crimes dans l'intérêt de cet impie: tuer le petilfils<strong>du</strong> Prophète et faire incursion tant dans la ville <strong>du</strong>Prophète que dans la Ka'ba. » Alors Yazîd mit en campagnevers Médine l\Iouslim l, fils d"Oqba le Mourrite. C'était unschaikh avancé en âge, malade, mais l'un des oppresseurset des démons parmi les Arabes. On prétend que Mou'âwiyaavait dit à son fils Yazîd : Il Si les habitants de Jlédine162 se révoltent contre toi, oppose-leur Mouslim, filsd"Oqba.»l\Iouslim, bien que malade, se dirigea vers :Médine etl'assiéga <strong>du</strong> côté d'al-IJarra, un endroit situé en dehors deson enceinte. On plaça pour l\IousIim, fils d"Oqba, unsiège entre les deux armées; il s'y assit, excitant ses compagnonsau combat, jusqu'à ce qu'il se fût emparé deMédine et qu'il eùt tué dans cette 2 bataille un grandnombre des notables de cette ville.n parait qu'Ahoft Sa'id al-Khoudrt3, un des compagnons<strong>du</strong> Prophète", eut peur, prit son épée et sortit dansla direction d'une caverne voisine pour y entrer et s'yretrancher. Il y fut poursuivi par un Syrien. Abof! Sa'hl,1. Sur ce personnage el SUt' celle expédil.ion, cf. Kildb al-aghdnl, l, lt,20; I\lAs'oûoÎ, Prairies d'or, V, 16l-lHo, 282; InN AL-ATHIR, Ch"onicon, IV, 94el l'uiv.; R. Dozy, Histoire des Musulmans d'Espagne, l, p. 108.2. Lisez ~, qui esl la leçon <strong>du</strong> manuscril A.3. Lisez ainsi. Les voyelles données par l'éditeur se trouvenl, il eslvrai, dans le manusel'il, mais c'esl une faule. Cr. SOycrûrÎ, Loubb at­Loubt1b, éd. Weijers, p. 89, Il. v.4. Ce fameux compagnon <strong>du</strong> Prophèle esl un des plus anciens lradition·nistes. Cependant on n'ajoule qu'une foi limitée aux lraditions qu'il Ilrapportées. 1\ mourul en 64 ou 73 ou 75 de l'Hégire. Voy. sa biographiedans NAWAWi, 1,~dlJa, 72:1-724; ID~ DOVRAID, Genealogische, 269, ligne li:lo~ QOTAIIIA, Ma'ûri(, 1311.137; Ki/db al-aghtlnl, Index, p. 37-1; YÂQOÙT.Mou'djam, Hegister, 4ij2; \VÜSTENFELO, Regisler, 403; CAUSSIN hE PERCF.­VAL, Essai, III, )O,j; l\IAR'oemi, Prairies d'or, IV, 295; PRINCE DE TE.\NOAnnati dei IsMm, t. II, Index; Io:'i AL-ATHIR, Chronicon, IV, 99 et suiv.


"-"mSTOJliE DES DYXASTIES MUSUUIA:-;ES 189pris de crainte, dégaina son épée contre lui pour l'effrayer.L'autre dégaina à son tour, puis s'avança vers AbotÎ Sa'Id,qui lui dit: « Si même tu étends ta main vers moi pour'me tuer, moi je n'étendrai pas la mienne pour te tuer.- Qui es-tu donc? reprit le Syrien. - Je suis AbotiSa'id. - Le compagnon <strong>du</strong> Prophète?- Oui!» Le Syrienpartit et l'épargna 1. Puis, l\Iouslim, fils d"Oqba, livraMédine au pillage pendant trois jours, tua, pilla et fit desprisonniers.On a raconté qu'à la suite de cela, aucun habitant de:Médine, en mariant sa fille, n'osait garantir qu'elle Mtvierge: Il Peut-être, disait-il, a-t-elle été déflorée <strong>du</strong>rantla guerre d'al-I}arra. » Et l\Iouslim, fils d"Oqha, fut surnomméle Prodigue (de sang humain) (illous irf)'1.EXPÉDITION CONTRE LA lU'BA.Puis, le troisième acte de Yazld fut son expédition contrela Ka'ba. Il ordonna à Mouslim, fils d"Oqba, de s'y rendreet d'y faire une expédition, lorsqu'il en aUl'ait fini avec Médine.Mouslim s'ydirigea. Or, 'Abd AlIâh, fils de Zouhair,s'y trouvait: il avait revendiqué pour lui-même le khalifatet le peuple de La l\Iecque l'avait suivi. l\Iouslim mourut enroute après avoir désigné comme son successeur à la têtede l'armée un homme 3 que d'avance Yazld lui avait désigné 163pour le commandement, s'il venait à mourir. Le nouveauchef con<strong>du</strong>isit l'armée jusqu'à La Mecque, qu'il assiégea.Ibn Zouhair sortit à sa rencontre, à la tête des l\Iecquois.l. Tout le passage précédent est copié presque mot il mot ,l'ION AL­ATHIH, Ghronicon, V, 99 et suiv.:.1. Cf. MAS'OÔDI, Prairies d'or, V, 101; InN AL-ATHÎR, Chronicon, IV, 94.3. Cet homme se nommait l.Iosain, fils de Zoubair. cr. J,-B. PEIlIlIER,Vie d'al-Hadjdjdd ibn J'oOsouf, p. 21.1 6 *


ItoARCHIVES MAROCAINESLa lutte s'engagea et voici ce qu'en a dit !ln poète sJTien :C'est un maugonneau, semblable à l'étalon écumant, aveclequel il aUeinlles bois sacrés 1 de celte mosquée 2.Ils en étaient là, lors({ue la mort de Yazîd leur futannoncée. Ils levèrent le siège 3.III, -. -RÈGNE DE MOU'AWIYA II (6lt/683).Puis régna Mou'âwiya, fils de Yazîd, fils de Mou'âwiya,un homme jeune et faible 6. Son Fègne <strong>du</strong>ra, selonles uns, quarante jours; selon les autres, trois mois". Ensuiteil dit au peuple: Il Je suis trop faible pour VOliSgouverner. J'ai cherché pour vous un homme tel qu''Omar,fils d'al-Khattâb, et je n'en ai pas trouvé. Puis j'ai cherchésix hommes, comme les membres <strong>du</strong> Conseil 6 , et jen'en ai pas trouvé. Or, vous avez· plus de droit que toutautre à vous occuper de ce qui vous concerne. Choisissezdonc dans ce but qui vous voudrez. Pour ma part, je neveux pas prendre la responsabIlité <strong>du</strong> khalifat avec moi,comme provision de voyage au moment où je vais mourir,alors que je n'en ai pas joui de.mon vivant. "Puis il entradans son palais, demeura invisible quelques jours et mou-1. La chaire et aussi, dit-on, le sabre en bois que lient le liha!,b lorsqu'ilfait le prône <strong>du</strong> vendredi, ou encor'e le bâton de Mahomel.2. Ce vers est donné par IUN AL-ATUiR, Chronicon, IV, 103. Le sensest certain, d'après l'explication que le 1'ddj al-'arol1s donne <strong>du</strong> motii.;l1>, l. III, p. 18i, s. v.3. Ce r'écit est empmnté presque textuellement à InN AL-AnriR, Chronicon,IV, 103. Cf. SNOGCK-I1URGRQNJE, Melilca, l, p.28.4. Cf. rt-lAs'oOoi, Prairies d'or, Y, 169, 170,208. Il avait alol's 21 ans.l'l, hlAs'oûoi (op. cil., V, 168\ dit que ft ce princp. reçut, après son avènementau khalifat, le surnom patronymique d'Abot1 Laild (le père deLaihll, surnom qui était donné pal' les Arabes aux hommes d'un clJractèJ'efaible.6. Voy. ci-desflus, p. 156·157.


mSTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 191rut. Quelques-uns croient qu'il fut empoisonné. Aucun deses actes ne mérite d'être signalé.IV. -RÈGNE DE MARvVAN l'r (6If/683-65/683).Marwân, qui monta ensuite sur le trone, est Marwân,fils d'al-~Iakam, fils d'Ahot'! '1-' A~, fils d'Oumayya, filsd"Abd Chams, fils d''Abd -_Manâf. A la mort de l\Jou 'àwiJafils de Yazîd, fils de :Mou'âwiya, il yeut des mouvementsdivers. Les Syriens voulurent un Oumayyade, les autresdésignèrent 'Abd Allâh, fils de Zoubair. Ce furent ceux 16"dont l'opinion était favorable aux Oumayyades qui rempOI'­tèrent. Mais on ne s'accorda pas sur celui d'entre euxauquel on donnerait le pouvoir. Il y en eut qui inclinèrentvers Khâlid l, fils de Yazîd, fils de Mou'âwiya, un jeunehomme disert et éloquent qui, disait-on, avait réussi àfabl'iquer.la piel're philosophale. D'autres penchèrent pourMarwân, fils d'al-ijakam, à cause de son âge plus avancé,trouvant Khâlid trop jeune. Enfin, .Marwân fut proclamékhalife. Il ,commanda les armées et conquit l'Égypte. Ilétait surnommé Il le fils <strong>du</strong> banni ", parce que le Prophèteavait banni son père, al-(lakam ~, de Médine. Lorsqu"Othmân,fils d"'Affân, prit le pouvoir, il rappela all;Iakam,ce que des Musulmans désapprouvèrent. 'Othmànprétexta que le Prophète avait promis à al-I,Iakam de lerappeler. On a rapporté force traditions et récits sur la1, Sur ce IlI'ince, voy. le [(ilâb al-aU!Il/fli, XVI, 87-92. Sa biogl'aphieest également donnée par KIIALiL IIlN AIIlAK M;l-~AfADt, Al- WI/{i bitwa(ay(ll,manuscrit de Pai'is, n· 206~, r· 7 r·. Khdlid jouissait, comme onle sait, d'une grande réputation d'alchimisle, et plusieul's éCl'ih; 3pOCI'J'­phes sur celte rausse science lui sont attt'Îbués. Voy. aussi ~hs'oûDI,Prai"ies d'or, V, 206 et suiv,; ION AL-ATH!R, Chronicon, IV, 120 et suÎ\·.2. cr. MAS'OÙDi, Prairies d'or, IV, 257; [Wtll, al-aghtint, IV, ln; lu:'! AL­ATHIR, Chronicon, IV, 159.


l!)2ARCIJIVES MAROCAINESmalédiction prononcée (par Mahomet), contre al-Uakam,fils d'al·'Âl;l, et contre tous ses descendants mais certainsauteurs décl,arent que l'authenticité de ces traditions estfaible. Voulait-on jeter le discrédit et le blâme surMarw1\n, on lui disait: « 0 fils de Zarqâ t ! Il (la femme auxyeux bleus). Or, Zarqâ l'aïeule des wânldes comptait parmiles femmes qui indiquaient leurs demeures par des drapeaux,comme toutes les prostituées au temps <strong>du</strong> paganisme.C'est pour cela qu'on leur en faisait un déshon·neur.Aussitôt proclamé khalife, il avait épousé la mère de Khâlid,la femme de Yazîd, fils de Mou'âwiya, afin de diminuerle prestige de Khâlid et de le mettre ainsi dans unesituation inférieure pour un homme qui aspire au khalifat.Khâlid entra un jour chez Marwân qui lui dit: « 0 fils dela femme humide! » et HIe qualifia de sot pour le déconsidéreraux yeux des Syriens. Khâlid, tout confus, entra165 chez sa mère et lui rapporta les propos tenus par ~tal'­wân. Elle répondit: l( Que personne ne sache que tu m'enas informée. Laisse-moi faire. li Puis, une nuit que Marwândormait auprès d'elle, elle lui mit sur la figure un coussin{Ju'elle releva seulement après la mort de son mari 2. Lefils de Marwân, 'Abd al-Malik, voulut la tuer, mais onlui dit: « Les hommes se raconteront que ton père a ététué par une femme 3. » Il la laissa en paix. Le règne de1. Ce sobriquet a été donné également à 'Abd al·Malik, fils de Marwl\n.Cf. MAs'oÙDÎ, Prairies d'or, V, 239. Cependant, dans une note qui seI.rouve à la page 509 <strong>du</strong> mème tome, M. Barbier de Meynard, qui a connule passage ci-dessus <strong>du</strong> Fa!rhrt, dit que l'auteur de ce livre ft explique lemot Zarqd par la femme au drapeau bleu". L'auteur <strong>du</strong> Fakhrr n'a pas.


HISTOIRE DES DYNASTIES ~IlJSUU(ANES 19:1l\IélI'wân <strong>du</strong>ra à peine plus de neuf mois t • Ce fut l'interprétationde la parole de l't~mir des Croyants ('Ali) : « Sapuissance <strong>du</strong>rera autant qu'un coup de langue d'un chienSur son nez. »Et ce fut à cette époque que les Chi'ites veng-ùrent Jemeurtre de ~Iosain.Relalion abrégée de cel événement. - Lorsque la gUelTecivile eut un moment d'anét ap.t·ès le meurtre de ~IosaiJlet que Yazid, fils de Mou'âwiya, fut mort, des hommesde KoMa se réunirent et regrettèrent d'avoir fait défectionà IJosain, de l'avoir combattu, et d'avoir aidé sesmeurtriers, après lui avoir envoyé des messagers, l'avoirconvié à les rejoindre et lui avoir offert leur concours.Leur repentir les fit surnommer: « les repentants J> ,at·tawwàboùn) '1. Ils se jurèrent de n'épargner ni leurs vies,ni leurs biens, pour le venger, pour combattre ses meurtrierset pour raffermir,le droit sur ses assises en la personned'un homme appartenant à la famille de leur Prophète.Ils prirent pour chef un des leurs, Soulaimân3, /Hsde ~ourad,{lui se mit en correspondance avec les Chi 'itesdispersés dans les capitales, les appelant au combat. Ilsacceptèrent et se joignit'cnt à lui avec célérité. Ce fut:llo1's qu'apparut 1\'Ioul;,le Ziyùd, gouverneUl' ,le 1"11':\(1. qu'il finit par lucl'. Voy. un I"",,umé .Iela vie de cet hérl·tïqne et IC6 indieations hibliogl'lJphiqucfl dan,; ./.-13. PI~­RIEn, Vie d'A.I-I.ladjd;ddj ibn 1"011s01l(, p. 2(; et pflsûm, cr.. le hïMb (/ltlyflllnC,Index, p. (;t,;; i\lAs'oùoi. Prairies d'or, V, llili-22!1; InN At.·ATlliR,


1111 .\HClIl\'E":; MAROCAr:,\r:;s'l(iliqafite, un homme à l'ûm(' lloh{e, aux pensées élevées, d'une"are distincLion. Celui-ci lit de la propagande en faveur del\Ioul}amm:"ul, fils d"Alî, fils d'Aboù Tâlih, connu sous lenom <strong>du</strong> fils de la J.lanafite 1. Et ce furent des temps deguel'res civiles, car, alors que l\Iarwân était khalife de laSyrie et de l'J~gypte, proclamé comme tel, assis sur le trôneroyal, 'Abd A1Iâll, fils de Zoubair, était khalife <strong>du</strong> f.ledjâ7.et de 13a~ra, proclamé comme tel, ayant troupes et armes,et ~Ioukht


JJlSTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES .195Enfin 'Abd Allâh, fils de Zoubair, envoya son frère Mou-I;l'ab, un brave, vers l\Ioukhtâr, qu'il tua.Marwân, fils d'al-l;Iakam, mourut en l'an 65 (68b deJ.-C.), et son fils 'Abd al-Malik fut proclamé khalife."67'v. nÉGNE D"ABD AL-~IALlK, FILSDE MAR\\'AN (65/685-86/705).'Abd al-Malik, qui succéda à son père, était un hommesensé, intelligent, instruit, un prince puissant, inspirantla crainte et imposant, énergique dans sa politique, unhabile administrateur des afraires temporelles. Ce futsous son règne (lue le registl'e des dépenses et desrecettes fut rédigé, non plus en persan, mais en arabe, et


196 hRCJI1VES ~IAROC.\J:'ŒSvoyé son armf~e rom' combattre le peuple de Médine etpour envahir la Ka 'bu, 'Ahd al-Malik en avait ép,'ouvé laplus vive contrariété et avait dit: ( Si seulement le cielpouvait éc..aser la terre! Il Puis, devenu khalifc, il en fitautant, et plus encore. Cal' il envoya ~Iadjdjâdjpour cemeJ'Ibn Zoubair et pour envahir La Mp,cque.Avnnt d\~tre khnlife, 'Abd al-Malik avait été un desjUl·isconsll1t.cs éminents de Médine. Il était sUnlommé « laColomhe de la ~Iosquée n, parce «u'il y passnit tout sontemps ù mo<strong>du</strong>ler la lecture <strong>du</strong> Qoran. Lorsque son pereJI101/1'ut, et qu'on llli apporta la bonne nouvelle de sonèlévation au khalifnt, il ferma le livl'e sacl'é et dit :«( Voici l'hcure de la séparation entre moi et toi, ))Puis il se consacra aux affaires de ce monde, et un108 jour, parait-il, il dit à Sa'id l, fils d'al-)Iousa)'yab : « 0Sa'id, j'en suis venll nu point que je fais le bien sans enêtre rëjoui, et le mal sans en être affligé. Il Sa'id, filsd'al-l\1ousayyab, lui répondit: (( Eh bien! maintenant: lamort <strong>du</strong> cœur est complète chez toi. ))C'est <strong>du</strong> temps d"l\bd al-~Ialik Qlle furent tués 'AbdA/lâh, fils de Zoubair, et son frère ~Ioll$'ab,l'émir de l"lrâq.Quant à ':\bd "\Ilâh, fils de ZoubaÏl" il s'était retranché àLa Mecque, et antit été proclamé khalife pa,' les habitants<strong>du</strong> IJedjâz et de l"Irâq. Il était d'une avarice sordidequi l'empêcha de réussir dans ses entreprises. '.\bdal-Malik envoya contre lui I)adjdjàdj, qui mit le siègedevant La Mecque, se servit de balistes pOUl' atteindre1..\IHIÙ ""ul.lam01a(l Sa'fd Il. al-J/ousayyab b. I.lazn b. Abi \Vahh h.A1111' h. ',"id" h. 'I01I':\n h. ;\Iakhzoum est un grand Iradilionniste de l'Écolede :\Ii'din('.1l l1lourut en j'année!H de l'Hégire (= 712 de J.-C.). Sa hiogl'aphi"st' Irnl1\''' tlalls NAWAWi, I~ûba, 283·285; ION IJOURAID, Genealoyischl',1;:]. 1. 1'1; \l;; 1. Il: l\ilâl) al-aghdnî, Index, p. 31i1; InN QOTAIDA, lIla'tiri/;2:::\-224, :li:! ; \\"ïISTE:'IFELD, Register, 401; YÂQOÛT, Mou'djam, register, 451;11\:'1 IÙL\LUI\.''i. \l'ulaytlt, éd. Wüslenfeld, notice 461; PRINCE DE TEANo..\ ,mali dei IMt1m. l. Il. Index; CAUSS!:'! nE PERCEVAL, Essai, III, 161, noIes;l, IIALiL 111:\ .\11\'\" A ~-:'{AFAlJi, Al-"V


IItSTOIRE DES DYNASTIES l\IUSULMAr\ES 191la Ka 'ha et livl'a des combats il. 'l\bd Allâh. Celui-ci,tl'ahi tant par ses parents que par ses partisans, alla trouvet'sa mère et lui dit : « 0 ma mère, j'ai été abandonnépar tout le monde, y compris mes fils et mes femmes;il ne m'est resté que quelques fidèles, et encore ne puis-jecompter de leur part que sur une patience momentanée.Or, mes ennemis m'accorderont toutes les faveurs d'ici-basque je demanderai. Quel est ton a\'is? » Elle lui répondit:Il Tu te connais mieux que personne. Si tu sais que tuluttes pour une Juste cause, poursuis ce que tu as commen·cé, et ne plie pas ton cou devant les hommes de rien quesont les Oumayyades, Si tu ne veux que les biens de cemonde, quel mauvais serviteur d'Allâh tu es, et tu aUl'asété l'ar~isan de ta propre perte (dans la vie future) etde celle de tes compagnons. Crois-tu t'éterniser dans cemonde? Mieux vaut la mort! )J Il reprit: « 0 ma mère, jecrains, s'ils me tuent, qu'ils ne me mutilent. - :Mon cherenfant, répondit-elle, la brehis, après avoir été égorgée,n'éprouve aucune déception lorsqu'on la dépouille." Ellene cessa pas de l'exciter ainsi et par de tels propos, jusqU'àce qu'il fit une sortie, soutînt une lutte opiniâtre et 169flit tué. IJadjdjâdj fit porter aussitôt cette heureuse nouvelleà 'Abd al-~faJil,. Ce fut en l'an i3 (= 692 de J.-C,)\.Le frère d''Abd Allâh, :Mouf?'ab, fils de Zoubair, émir del"lrâq, 'était brave, puissant, comblé d'éloges. Il épousaSoukaina 2 , fille de 1;I0sain, et 'A'icha :1, fille de Tall}a. Il1. Voy. un excellent résumé des sources arabf,!8 sur ce>: événementsdans J.-B. PÉRIER, Vie d'Al-I,ladjdjt1dj ibn J'oûsou{, p. 36 et 5uiv. On ytrouvera aussi presque toute la bibliographie de la queslion.2-3. Celte femme, célèbre pal' sa beauté et son ('sprit. eut successivementplusieurs maris. Sa rivalité avec 'A'icha, mIe de Tall.la, est restéecélèbre. Les hi!!ltoriens arabes rapportent de nombreuses anecdotes oùelle a joué un rôle. Cf. notamment le [([Mb al-aghùni, )ndH, pp. 379-380.Elle mourut à Médine en l'année Hi de J'Hégire (= 73:> de J.-C.). Cf. l'inté­~essante biographie de celte princesse dans [DN I\IIALLIliÂl", "'a/agd',cd. \Viistenfeld, notice 267, et dans I\IIALiL IDN AIllAI\ M-:;;AFADf, .11- Wd{1bi-wa{ayàf, manuscrit de Paris. n° 20lH, 101 \,0. Vov: aussi I\lAs'oûDi,Prairies d'or, V, 252; ION AL-ATUi", Cflronicon, IV, 74-lli, 272; V, 14;;.


i9i1AnCIIIVE8 l\fAROCAINE8les réunit toutes deux avec lui dans sa maison et ellescomptaient parmi les grandes dames, les plus riches ctles plus belles. Un jour, 'Abd al-Malik dit à ses compa··gnons : Il Qui est le plus courageux des hommes? ­Toi, répondirent-ils. - Cela n'est pas, dit le khalife, maisle plus courageux des hommes est celui qui a réuni danssa maison '",-'icha, fille de Tall)a, et Soukaina, fille deI.I~sain. » Il désignait ainsi l\fou!j'ab.Plus tard, '.\hd al-Malik, lorsqu'il se prépara à combattreMou '$ab, prit congé de sa femme 'Âtika " fille deYazid, fils de Mou'âwiya. Au moment de la séparationelle pleura, et ses serviteurs pleurèrent en la voyantpleurer. 'Ahd al-Malik dit: Il Puisse .\llâh combattreKouthaiyyir 2, l'amoureux d""\zza ! On dirait qu'il aassisté à la scène que voici, lorsqu'il a dit:Venl-il faire une incursion, sa pensée ne s'en laisse pointdéloUl'nel' par une femme chasle, qu'or'ne un collier de pçrles.Elle lui avait in.Lerdit le départ, et, lorsqu'elle a vu l'itlUtilitéde son interdiction, elle a pleuré, et son entourage a pleuréde son affliction.Puis, '"\bd al-)Ialik s'élança pour combattre Mou~'ab etse rencontra avec lui dans la région <strong>du</strong> Petit-Tigre. 1\ prèsun combat acharné, :Mou~'ah fut tué en l'an 71 ( 690) 3.1. Voy. sur celtc princesse le [Wltb al-aghûnt, Index, p. .jIT. L'anecdotel'apporll!e ci-dessus se trouve dans l'Aghdnt, VIU, Ill!. Voy. aussil\fAs'oûDi, Frai/'ies d'or, V, 273-275, et InN I\IULLIK.tN, Wa{aydt, éd. Wüstenfeld,notice 5.37, p. (iO; IBN A.L-ATllln, Chronicon, IV, 264, 271; V, 218.2. Ce famcux poète, donlle nom est devenu !lJnonyme d'amoureux, pal'suile de ses aventures galantes avec la Bl-llouine 'AZZIl, étail nli .ians leHedjAz, mais il Il vécu en Syrie, où il professa les opinions chi'ites le..plus ext.mvag:mles. 11 mourul en l'année 105 de l'Hégire. Cf, BRocknlIANS,Ge8ch. der Of'ab. Lill., l, -18; CL~ HUART, Histoire de Ja LillératuI'earabe, 131'-:31; InN KIIAU.IKAN, lVa(aydl, éd. \Vilstenfeld, nolice 007; flRHAMlIER-PUnnSTALJ., Lifieralurge8ch, der Araber, Il, 370; InN QOTAIBA,Liber poe8is et poelarum, éd. de Goeje, pp. 316-3211; Ki/db al-aghdnt, VIJJ,21i4-1 cl Index, pp. 5(i;;-5117.a, La date de la morl de 1\Iou,,'ab a soulevé une gl'ande discussion.les chroniqueUl's arabes n'ét:mt pas d'accot'd enlre eux, et il en est. lluidonnent la date de 72 de l'Hégire (= 691). L'intérêt <strong>du</strong> débat est d'ail-


IIlSTOIRE DES DYNA8TtF.S IIfUSt.JUIANES'Ahd al-Malik a"ait de l'instruction, de la finesse, des '176


20:1 AflGIIIVES ~I,\IWCAIXESa"ancer tes troupes, ct lorsque tu seras parvenu auxpremiers palmiers de Médine, tu t'y al'fêteras; tes soldatsy camperont il l'ombre ct mangeront les meilleurs fruitsde ces arbres. Le lendemain, dès l'aurore, tu te l'emettrasen mal'che, tu laisseras Médine à ta gauche, puis tu lacontourneras jusqu'à ce (fue, te dirigeant vers l'est, tuattcignes l'ennemi <strong>du</strong> côté d'al-I:Iarra '. Puis, tu te trom'erasen face de tes ennemis: et à ce moment, lorsque le soleilmontel'a il l'horizon, il sera derrière les épaules de tescompagnons sans leur causer aucun dommage. Bien mieux,il incomlllodel'a les Médinois qui verront briller voscasques, les pointes de vos lances, vos épées et vos coUesde mailleR, ce que vous ne verrez pas chez eux, tantqu'ils l'esteront il l'ouest (face au ,soleil). Puis combatsleg,et l'cmets-t'en au secours d'.\lIâh ! )''Ahd al-l\'lalik dit, un jour, à ses commensaux: cc Que01 peJls~z-vous de ce qu'a dit le poète:1 :J'aimerai épenlumel1t Da 'd, lant que je vivrai; et sije meurs,malheur il celui qui l'aimf'I'ait éper<strong>du</strong>ment, après moi!- Bellc idée! s'écrièrent-ils. - C'est là un mort, dit'Abd al-Malik, qui dépasse la mesure permise. Je netrouve point une telle idée bien fine. - Tu as raison,reprirent-ils tous, - :Mais comment aurait-il convenu qu'ils'exprimât? Il dit à son tOUl' '.Abd al-Malik. L'un d'eux: 1Ill'it la parole en ces termes: (e Il aUl'ail convenu qu'ils'exprillli\l ainsi:1. Voy. ci-dessus, p, 181.2. On n'cst pas d'aecord sur le nom dc ce poète. IIJN QOTAIIJA (LilJerf'oesis elpoelarum) p. 174, dit crue cc VeI'S appartienlà Namir,lUs de Taulab,..ur lequel il donne une noUee, loc. cil. (voy. aussi KiMb al-aghe1nt, XIX.1!i1-162; DE IIAMMEIl-PURGSTALL, Lilleraturgeschichle der i\rab~r. " H2i·AilleU\'s (p. 2-13-244), le même Ihn Qolaiba rapporte l'anecdole ci-dessus,en aUribU:lOl le vers au poèle Nouf;\aib, dont il donne la biographie (voJ',aussi IlÏleib al-af/heini, l, 129-150; DE nA~IMER-PUR(:STALL,Il, 55!; 111,951;1\', 8091.lI. Il se nomn13it AI-Ou1laichir. Cr. InN QOTAIIIA, op. cil., p. 2U.


HISTOIRE DES DYNASTIES ~lUSULMANES 201J'aimerai éper<strong>du</strong>ment Da 'd, t:ml que je vivrai; el si je meurs,je confierai Da 'd à qui l'aimera éper<strong>du</strong>ment après moi!- Voilà, dit 'Abd al-Malik, un mort complaisant! ­Comment, demandèrent les commensaux, aurait-il con­'Venu qu'il s'exprimât? - Comme suit, reprit 'Abd al­Malik:J'aimerai éper<strong>du</strong>ment Da 'd, tant que je vivrai, et si jemeur!;, pui~se Da'd ne faire le bonheur d'aucun amant aprèsmoi!- C'est toi, dirent-ils, ô Émir des Croyants, qui esvraiment le plus poète des trois. IlLorsque la maladie d"Abd al-Malik s'aggrava, il dit:il Montez-moi sur une hauteur. » Ils le montèrent sur unendroit élevé, où il se mit à humer l'air, puis il dit:« üvie de ce monde, que tu es douce! Taplus longue <strong>du</strong>réen'est que brièveté, et ce que tu crois donner en grandequantité n'est que misère. Que d'illusions nous nousfaisions sur toi! » Et il appliqua les deux vers suiyants :Si lu épluches les comptes, ô mon MaUre, ton examen minu- t 72tieux entraJnera un châtiment. Je ne puis supporter le châtiment.Ou, si tu pardonnes, tu seras un Martre miséricordieux pourun homme coupable, dont les péchés sont nombreux comme lesgrains de poussière.Lorsqu"Abd al-Malik mourut, son fils Walîd dit Surlui les prières des morts; c'est à quoi Hichâm, son autrefils, appliqua cette parole:La mort de Qais n'a pas été la mort d'un homme, mais c'esttout l'édifice d'un peuple qui s'est écroulé '.1. Ce vers est <strong>du</strong> poète 'Abada, fils de .'fayyib., Il fait partie d'uneélégie c~mposée par lui sur la mort de Quis, fils d' 'A~im, sur lequel onpeut vOIr CAUSSIl'l DE PERCEVAL, Essai, Index, p. 053; Ki/db al-aghdnr,XII, pp. 149-158 et passim; DE HAAIMER-PVRGSTAI.L, Lifleralurgeschichle derAraber, Ill, 939; InN QOTAIDA, Liber poesis et poe/arum, p. 457 (le veril yest donné); InN KI/ALLlKÂN, Wa(ayd/, éd. \Vüstenfeld, notice ;4, p. 103.1 '1


202 ARCUIVES MAROCAINES'VaBd dit à Hichâm: Il Tais-toi, car tu tiens le langaged'un Satan. Que n'as·tu dit, avec l'autre:Lorsqu'un seigneur parmi nous s'en va, il se lève un seigneurqui sail parlel' comme parlent les nobles, qui sail agir 1. 1)'.\bd al-Malik, fils de ~[arwân, donna ses instructionsà son frère '"'hd al-'Azîz, lorsque celui-ci se rendit enl~g)'ptecomme émir de cette contrée. Il lui dit: « Détendston visage, montre-toi d'un commerce facile et donne la1)I'éférence à la douceur dans le règlement des affaires, cal'elle te fera plus slÎrement atteindre le but. Veille au choixde ton huissier; qu'il soit parmi les plus excellents de tesserviteurs, cal' il est ton visage et ta langlle. Que personnene se tienne à ta porte, sans que l'huissier te signale saprésence, arin que ce soit toi-même qui lui accordes uneaudience ou qui refuses de le recevoir, Lorsque tu sortiraspour tenir ta séance, salue le premier pour qu'onse sente à l'aise avec toi, et l'affection pour toi s'aft'er",:mira dans les cœurs. Si tu rencontres quel«ue difficulté,cherche à la surmonter en demandant conseil, cal' une teUeconsultation ouvrira ce qui y était lettre close. T'es-tu emportécontre quelqu'un, diffère sa punition, car tu peux173 plutôt Je punir après ce délai qlle supprimer la punitionaprès qu'clIe aura été exécutée.i,La mort d".\bd al·Maiik eut lieu en l'an 86 (= 705 deJ.-C.),1. Ce vel's est <strong>du</strong> poèle juif Samaw'al ibn '..\din:" Cf. IIl:-l QOTAtnA,Libe,' poesis el poelarum, éd. de Goeje, p. 38!I, où les deux pl'emier's YP-r'"de ceUe poésie sont aUl'ibués Ù un aull'e poète, appelé Doukain. Mai!'VO)·. Ar.-QALi, Amâli, éd. de 8oulâq, 132-1, p. 273, 1. 10, où ce vers es'donné avec toute la qal!trfa de Samaw'al. L'attribution d'Ibn Qot:.tiba esldonc el'l'onée. HuI' Samaw'al lul-mt\me, voy, /{i/


IJISTOIRE DES DYNASTIES ;\n;SrLllt\:'ŒSYI. -RÉGNE DE \VALÎD 1 er (86/705-96/7'15)."\-VaUd, qui succéda à son père, fut un des khalifesOumayyades dont les populations de la Syrie apprécièl'entle plus la con<strong>du</strong>ite. Il construisit les grandes mosquées:la mosquée de Damas, la mosquée de. Médine (que lapaix la plus douce soit SUl' celui qui y repose!) et lamo~quée ~\l-.\.ql;"lâ de Jérusalem. Il fit des présents auxlépreux et leur interdit de mendier. Il donna il tout impotentun serviteur, à tout aveugle un guide. Sous son règne,eurent lieu d'importantes conquêtes, telle que la conquêtede l'Espagne, de Kâchghat' t et de l'Inde. Il aimait beaucoupélever des édifices, des constructions, créer desmonuments et des domaines. De son temps, quand leshommes se· rencontraient, ils se consultaient les uns lesautres sur les constructions et les édifices.Soulaim:}n '~, frère de "\-VaUd, aimait, au contraire, labonne chère et la copulation. Aussi sous son khalifat, leshommes, lorsqu'ils se rencontraient, s'interl'ogeaient-ilsles uns les autres sur la bonne chère et la copulation.'Omar, fils d"Abdal-'Aziz, lui, était un homme de piétéet aimait la lecture à haute voix <strong>du</strong> Qoran. Ses sujets,lorsqu'ils se rencontraient sous son règne, se demandaientl'un à l'autre : « Quelle est la section <strong>du</strong> Qoran que turéciteras à haute voix ce soir? Combien sais-tu par cœur<strong>du</strong> Qoran? Combien de nuits passes-tu chaque mois enprières? Il Ce sont là des particularités de la royauté quiont été expli{luëes précédemment :1.1. C'est la ville bien connue <strong>du</strong> Turkestan chinoi,.; dans la petiteBoukharie, SUI' te fleuve K:\ehghar. Celte expédition eut lieu en !l6 (= 7Ude J.-C.). Cl. TAllAnt, Annales, Il, 127" et suiv.; InN AL-A·rnin. Chronicon,V,2etsuiv.2. Voy. ci-dessous le règne de ce prince.3. Voy. plus haut, p. Il, derniel' pal'agl'aphe, et p. 42.


2Q4ARCHIVES IIfAROCAINES17ftWalid commettait souvent des fautes de langage dansson ignorance de la grammaire. Un jour, il reçut la visited'un nai Arabe, (lui avait voulu se rapprocher de lui enalléguant une parenté qui les unissait. 'Valîd lui dit:Il Man khalanaka » (qui t'a circoncis ?), au lieu de : « Mankhalanouka» (quel est ton parent ?). L'Arabe crut que laquestion portait sur la circoncision et répondit: I( Un médecin.)' Soulaimân, frère de Walid, dit à l'Arabe :« L'Émir des Croyants te demande seulement quel est tonparent. - Un tel, répondit l'Arabe », et il indiqua saparenté.'Abd al-Malik, père de Walîd, lui reprocha son ignorancede la langue arabe et lui dit: « Celui qui parle bienla langue des Arabes peut seul les gouverner. » Walidentra dans une maison, y prit avec lui plusieurs grammairienset y resta un certain temps à étudier la grammairel, puis il en sortit plus ignorant qu'il ne l'était ~n yentrant: Lorsqu"Abd al-Malik en fut informé, il dit :" Il Ilest excusable et excusé 2. »VII. -nÈGNE DE SOULAIMAN, FILS D"ABDAL-MALIK (96/715-99/717).Puis régna après lui son frère Soulaimân 3, fils d"Abdal-Malik. Son règne fut une ère de conquêtes non interrompues.Il était jaloux, très jaloux. C'était un glouton 4 •1. Six mois, dit InN AL-Andn, op. cil., V, p. 6.2. Tout ce passage est copié textuellement d'InN AL·ATHin, Chronicon, V, 5et suiv.a. Une intéressante biog,'apbie de ce prince est donnée par KHALlL IDXAIIIAK A~·$AFADi, Al-WI1(t bit-wa(aydi, manuscrit de Paris, n' 2001, (·175 ro.cr. Ki/db al-aghdnr, Index, p, 388, et IIlAs'oûDl, Prairies d'or, Y,suiv.; InN AL-An.in, Chronicon, V, pp. Il et suiv.,1. cr. MAs'oûnl, Prairies d'or, V, ,100.378 et.


IlISTOIRE DES DYè'lASTIES MUSULMANES 205On rapporte que lorsque son cuisinier lui apportait le roti,il n'avait pas la patience d'attendre qu'il ftît refroidi, et ille saisissait avec la manche de son vêtement. Il parlriitavec correction et éloquence.Ici pourra se placer l'anecdote suivante. Al?ma 'i t dit:c( J'étais un jour en conférence avec Hâ.rolÎn ar-Rachid.On se mil à parler des hommes gloutons. Je dis: « SoulaL(1 mân, His d"Abd al-Malik, l'était excessivement. LorsqueI( son cuisinier lui apportait un roti, il tendait précipi­I( tamment les mains et saisissait le rôti aveè ses manches. »Rachid répondit : (( Que tu connais bien, ô Al?ma 'i, l'his­« toire des hommes! Il Y a quelques jours, en effet, j'ai«( vu par hasard les djoubba (robes amples) de Soulaimân,Il j'y ai trouvé la trace de la graisse dans les manches.(( J'ai cru qu'elles avaient dti appartenir à un médecin. )Al?ma'j ajouta: « Pui's il ordonna qu'on me remit une de« ces djoubba. »On raconte que Soulaimân revêtit un jour un manteau 175vert et un turban vert. Puis il se regarda dans le miroiret dit: « Je suis le beau roi.» Une de ses esclaves l'ayantconsidéré, « Que considères-tu? )) lui demanda-t-il. Ellerépondit:Cl Quelle belle créature lu serais si lu étais immortel! Maisl'immorlalité n'appartient pas à l'homme:« A ma connaissance il n'y a en loi aucun des vices humains,sinon que lu es périssable. 1)Une semaine après il mourait, et cela en l'année 99 del'hégire (= 717 de J.-CV.1. Sur ce célèbre philologue, né en 122 (= 739), mort, ('~ 216 (= 831) etdont le nom est 'Abd al-Malik, fils de Qouraib, voy. la bibliogl'nphie dansBROCKELMANN. Gesch. de,' arab. Lill., l, 10!; CL. HUART. llisl. de la Lil/.arabe, p. U2; DE HUnIER, Lifter. gesch. der .4raber, VII.1120; !li/db alagMnt,V, 50 et passim; KHALIL IDN AIDAK A!!-~AI'ADi, Al- \Ft/fi bil-lI'a­{aYIU, manuscrit de Paris, n' 20li6, r· 267.2. Cette anecdote ainsi que les deux vers se I!"ouvent dnns InN AL-ATHIII.Chronicoll. V, 26, où notl'e auteur a dû les puiser. ,1 7 *


206 ARCHIVES IIfArlOCAINESVIII. -'O~IAn 'lIt (99j717-10fj720).176Puis, yint le règne d"Omar, fils d"~\bd al-'Aziz, frIs de~Iarwân. Lorsque Soulaimân, fils d"Abd al-Malik, tombamalade de la maladie qui l'emporta, il résolut de fail'eproclamer khalife l'un de ses fils. Un conseiller 2 l'en détournaet lu'i dit: Il 0 l~mir des Croyants, une des sauvegardes<strong>du</strong> khalife dans son tombeau, c'est de préposer à lagarde de ses sujets un homme pieux. 1) Soulaimân répondit:Il Je demanderai à Allâh de m'indiquer le meilleur parti àprendl'e, et j'agirai en conséquence. Il Puis il consulta soninterlocuteur au sujet d''Omar, fils d"Abd al·'AzÎz. Cethomme approuva son choix et se répandit en élogessur 'Omar. Soulaimân écrivit et scella l'engagement qu'il·prenait envers 'Omal', fils d"Abd al·'Aziz. PUiR il appelales membl'es de sa famille et leur dit: Il Jurez obéis~nceil celui envers Jequel je me suis engagé dans cet écrit »,mais il ne le leur nomma pas. Lorsque Soulaimân mourut,ce même homme, qui lui avait conseillé de prendre poursuccesseur 'Omar, fils d"Abd al·'Aziz, réunit ces mêmespersonnes, et leur cachant la mort <strong>du</strong> khalife: « Jurez uneseconde fois obéissance ", leur dit-il. Ils jurèrent, et lorsqu'ilvit l'affaire décidé'e. cet homme leur fit connaître lamort de Soulaimân. .'Omar, fils d"Abd al-'Azîz, se distingua, parmi les meilleursdes khalifes, par sa science, sa tempérance, sa1. Voy. l'intél'es!';ante notice que le [fill1b al-aghttnf, XYIII, liil-M9,consacre il ce khalife, Voy. allssi l'Index de cet ouvrage, l'p. 508 et sui\'.Cf. le récit de l!fAS'Oi;Di, Prairies d'or, V, anl et i1uiV.j InN AL-ATHin, C/lI'Onicon,V, 27 et suiv. j Ü. 'VEIL, Geschichfe der Chali(en, l, ii19-694.2. Ce conseiller se nommai! Radjâ, fils de lIaiwa. Cf. InN AJ.-ATlIÎIl, Chro­1Iieon, V, 21 j l!fAs'oOnl, Prairies d'or, V, 417. La biogl'aphie de ce s8\'anl,mort en 112 de 1'1I('~ire (= no de .J.-C.), est donnée l'ar III='! KnALLlK,tN,Wa(a!ll1f, éd. \\'iislenfcld. notice 236, el l'or DE HAftmER-PCRGSTALL, Lill.Gesell. der Araber, Il, l:n; G. WEIL, Gescllichte der Cllali(en, J, GH-671.


IIISTO/RE DES DY~ASTIES l\JUSCL~'ANES 207piété, sa foi, sa crainte d'Allûh. Il mena une vie exemplairect mourut honoré. Ce fut lui qui mit fih aux invectivescontre l'Itmir des Cl'oyants 'Ali (que les bénédictions ctla paix d'AUdh soient sur lui !). Or, les Oumanades luiadl'essaient des in.jures <strong>du</strong> haut de la chaire dans lesmosquées.' 'Omar, fils d"Ahd al·'Azîz, dit : « Mon pèrf''Abd al-'A7.Îz passait vite sur la prédication qu'il déhitaittrès rapidement. Lorsqu'il venait b. parlel' de l'Émir desCroyants 'Ali, il hégayail. Je lui en parlai et il me dit :/( 0 mon cher enfant, tu t'en es donc aperçu;' - Oui,R répondis-je. - Sache,' reprit-il que si les gens <strong>du</strong> peu­/( l'le savaient au sujet d".\lî, fils d'Aboù Tàlib, ce queIl nous savons, nous, ils se sépal'eraient de nous pour se(( rallier à ses descendants. IlLorsqu"Omar, fils d"Abd al-'Aziz occupa le khalifat, ilsupprima les invectives et y suhstitua ces paroles d'Allah(qu'il soit exalté !) : « Certes l, Allah ordonne l'équité, lahienfaisance, la générosité envers les proches; il interditl'immoralité, tout ce qui est blâmahie et l'injustice. Ilvous exhorte. Peut-être réfléchirez-vous, IlLes poètes l'en louèrent, ent\'e autres Kouthaiyyir 2l'amoureux d".\zza, dans les vel'S suivants:Tu es ùevenu J,hame et lu n'as pas insulté 'Ail. Tu n'as pasIrailé injustement un innocenl el lu n'as pas répété une parolell'impie.Tu as parlé, et tu as confirmé la parole par I.es actes, et loul~Iusulmall ~'est trouvé satisfait.. Alors que la vie de ce monde s'était parée, telle une courtisane: 1qui se pare de ses atours, découvrant il tes yeux une joue et debeaux bras,Elle lan~~anUantôlun regard furli rd'un œillanguissanl, ellanlôtsouriant en laissant voir des dents semblables aux pel'les enlilées,1ïi1. QOl'an', XVI, 92.2. "oyez ci-dessus, p. 198, noie 2.3, Lis. d YtJI f1vec un ral~1a stl1'le flli el cf. In:s QOTAIIIA, luc. cil.


208 ARGlIIVES MAROCAI~ESTu l'es délourné d'elle avec horreur, comme si elIe L'availfail boire un mélange de poisons el de coloquinle.El cependanllu occupais la plus haule place dans la vie de ccmonde, et tu plongeais dans son gouffr~ comme dans un torrentrempli d'eaux débordantes t.Voici l'élégie que composa, sur 'Omar, le chérif RieJà al-J\lOlÎsawi 2 : .o fils d"Abd al- 'Aziz, si mon œil pouvait pleurel' un princeOumayyade, je te pleurerais.C'est toi qui nous a sauvés de l'injure et de l'insulle, el s'il étaiten mon pouvoir de te récompenser, je te récompenserais.Tout ce que je puis, c'est de dire que tu as été en bonne odeur,bien que ta maison n'ail été ni en bonne odeur, ni sans lache.o couvent de Siméon (SilIl'ân) 3, puissent les pluies <strong>du</strong> matinne poinl te dépasser, car lon mort eslle meiHeur mort parmi Jesdescendants de Manvân.f.C'est à lui qu'il est fait allusion dans Je dicton pppu­{aire: « Le balafré;; et l'amoindrisseur 6 sont les deuxplus justes parmi les descendants de l\Iarwân. » Nousparlerons plus loin de l'amoindrisseur, si Allâh (qu'il soitexalté 1) le permet.La mort d"Omar eut lieu à Dair Sim'àn 7 (couvent deSiméon), en l'an 101 (= 720 deJ.-C.).1. Ces vel'';;, avec d'autres enCOl'e, sont donnés par le l(ildb al-aghdnC,YIlI, 153 et suiv., et par IBN QOTAIBA, Liber poesis el poetarum, p. aw.2. Sur ce fameux poète, né en 359 (= 970) et mort en 406 (= 101,; deJ.-C.), voy. DROCKEUIANN, Geschichle der arabischen LilleralIlr, l, 32;KUALIL InN AInAK Af}-$AFAOI, Al-,"ldfi bil-wafaydt, manuscrit arabe deParis, n° 5860, fo 242 vo; CL. HUART, Littérature arabe, 86-87; IBN KHALLlK1N,t.rad. de Slane, III, p. 118; DE HU1)IEn-PURGSTALL, Lilferafurgellchichfe derAraber, VII. 1218.3. Ce couvent est sit.ué près de Hems ; c'est là qu'est enterré 'Omal' filsd"Abd al-'Azlz. Cf. YÂQOÛT, Mou'djanr, Il, 671; l\lAs'oûoi, Prairies d'or, Y,416; ID:'! AL-AT/tiR, Chronicon, V, 42.4. Ces vers sont donnés pal' Y~QOLT, lac. cil.5. C'est 'Omal' Il.ci. Voy. plus haul, la I.l'adnclioll cOl'l'es)londanle ft la p. 177 <strong>du</strong> lexl~at'abc7. Voy. noIe li.


IJISTOIRE DES DY:>iASTIES MCSUUIAXES20!lIX. -YAZÎD II (101/i20-105/724).Puis régna Yazîd, fils d"Abd at-)Iatik. Il fut te mauvaissujet parmi les Oumayyades. I~per<strong>du</strong>ment amoureux 1 dedeux jeunes filles, dont l'une se nommait Sallâma 2, etl'autre l.Iabâba 3, il dépensa avec elles tout son temps. Unjour, dit-on, l;Iabâba chanta:Entre ma poitrine et ma gorge, il y a une chaleur qui ne melaisse pas de répit et qui ne passe pas. pour laisser ma gorge seraCraichil' 4.YazÎd leva le bras comme s'il allait g'envoler ;'. Elle dit:« 0 Émir des Croyants, nous avons besoin dé toi. - Par.-\llâh, répondit-il, je veux m'envoler. - Et à qui confieras·tu le peuple! dit-elle. - A toi, » reprit te khalife, et il luibaisa la main. Un de ses chambellans sortit èn disant:« Puissent tes yeux pleurer 1 que tu es peu sérieux! ))Compare .cette con<strong>du</strong>itè de Yazîd à celle de son père1ï81. Lisez ~.2-3. SallAma al-Qass et l;Iabùba al-'Âliya Oumm Dâvoud étaient deuxhelles chanteuses, qui, ainsi que le dit l'auteUl' <strong>du</strong> Fa/lhrl, accaparèrent.~ntièrem~nt l'esprit <strong>du</strong> I,halife Yazid. Deux intél'essantes notices sontconsaCl'ées par le Kildb al-agltallt il ces chanteuses. Voy., sur la premihe,t, VIll, pp, 6-13 et sur la seconde 1.. XIII, pp. IM-165. Cf. le récitde r.lAs'oÙDi, Prairies d'or, V, 146 et suiv.; InN AI,-ATIIÎII, Cltrollicon, V, !JO1'1 s. Le manuscrit <strong>du</strong> Falrhrl donne, comme l'édition, le nom l:Iabâha,avec le redoublement <strong>du</strong> premier bd j mais Ibn al-Athir (lac. cil,) dit qu'itfaut Ih'e ce mot avec un bd non redoublé, contl'llirement au nom de Sal/dlllaoù la deuxième syllabe est redoublée. Voy. au>'si, dans ce passage d'Ibnu\·Athlr, l'explication de l'épithète d'Al-Qass, appliquée il Sallâma.t. Il raut lire ~y::! au mode subjonctif, il cause <strong>du</strong> J qui précède. cr.SACY, Grammaire ~rabe. 2' édition, II, p. 25, n" 56, et p. 570, n" IlU. Cetleconjecture est d'aillcUI's confil'mée par InN AL·ATllin, C1lronicon, V,90, (,uia UII élit il la Iln <strong>du</strong> vel's. Toutefois, le manuscl'Ït <strong>du</strong> Fahlil'l, suivi pm'l'éditeur, a l'aoriste indicalif j mai>' c'est une faute certaine.;'. CeUe anecdote est "apportée llussi par MAS'oDDi, Prairies d'or, V,453. Aussi: InN AL-ATllln, Clt"OIl;CO/t etl{i{tlb al-Ay/rtllll, loc, cil.ARCU. MAnoc.H


210 AIlC/lIVES MAnOCAI~ES'Abd al-~[alik, lorsque celui·ci sortit pout' combattreMour;;'ab, fils de Zouhair, et {flle vainement 'Atika 1, fillej72lt-125j7lt3).Son successeur fllt son frère Ilichàm, fils d"Abd al­~Ialik. lIichùm était avarc, très avare, mais il avait beaucoupd'intelligence, Ile la doucelll', de l'austérité aansles mœurs. SOlI règne se prolongea, et il s'y passa de gravesévénements, parmi les'lue1s nous signalerons le meurtre deZaid'!, fils d",\li, fils de J,Iosain, fils d",\lî, fils d'.\boù Tâlib.Voici dans quclles circonstances fut tué Zaid, filsd"Ali, fils de J,losain, l'im:\m des Zaidites: 1 (qu'Allâh luisoit favol'able !J. Zaid était, dans la famille d"Mi, un deshommes les plus distingués par la science, l'austél'ité desmœurs, la cl'ninte d'.\llàh, ln bravoure, la piété, la,générosité.Sans cesse il aspit'ait au khalifat et se considéraitcomme digne d'y prétendt'e. 01', celle pensée ne cessa pas1. Voy. ci-dessus, p. 198.2. La vie .Ie ce rnalhelll'cllx 'Alide est racontée par KHALiL Iml AIIlAKA"-~.\FADI;.11- \l'dft bil-II'Il(aYIll, manu"eri!· nI'abe de Paris, n° 201;.1, r· 99 ro.cr. ~1.\,,'oùDi,Prairil'.ç d'al', V, .fli7-n:l), Ilui rllconte la f'évolte et le meurtrede Zaid IIvee des délailil inl{~I'essanls. Vo~'. quelques anecdotes dans leliUIlb al-agl/flnt, Index, Il, lIfiL Cf. 11J:'1 AL-.\T1'/Il, Chronicon, V, Jil cl suiv.il, Sur la secle Ile,; Zaidile,:, voy. le 1I11""oge des ProUgomènes d'Iu:'lKlIALDOÛN, Ilui Il étù 1"ll<strong>du</strong>il pa,' ~. DE SACY dans sa C/ll'eslomalhie arabe,Il, SUO, Aussi l\!As'oùnl, Prairies d'or, V, 2i3-2iii cl passim.


J1J8TOlflE DES DY:",\STlES ~IUSt:L~I.\:';ES 211< , "'(l/i/I!til. "'1.\\ïistenfeld, nolice K,j3, pp. :I-I=!, CcII" dernii~l'C llOliœ "en fe l'IIIe t.lïrrl"'n!/;­;:anls délails SUI' ce gou\,cl'ncnr de "m'il'tl. Cf. llll"si Ir::> A,,-,\Tllil:, I.'hro­/lieoll, Y. Hia eL snh'.:1. V()~I.'/. d-llei'!c'us, 1'1'. 1S:l el ,,"h'.


212 ARCIIlVE8 )l.\ROCAINESflu'on l'clit fl'lit J'cyenit, SUI' ses pas. Puis, lorsque Zaid revintil Koùfa, les Chi'ites vinrent il sa rencontre, s'infiltl'antpetit à petit auprès de lui et le pl'Oclamant khalife. Ilne oompta pas moins de 15.000 hommes de KoMa inscritsSUl' ses contrôles, et cela sans compter les gensde Madâ'ill, de Ba!?ra, de Wûsit, de Mossoul, et aussi<strong>du</strong> Khol'âsfllI, de Rayy, de Djourdjân et de la Mésopota;.mic. Tous ces hommes demeurèrent il KaMa pendant


J1\STOIl1E D"S DVN,\STIES ~IUSUDIANE5 213lui une fosse dans une rigole, l'y enterrèrent et firentcouler l'eau sur son tombeau, dans la crainte qu'on nemutilât son corps.Lorsque Yotlsouf, Iils d"Omar, l'émir' de KoMa, eutremporté la victoire, il chercha avec insistance le tombeaude Zaid. Mais il ne sut où le trouvel'. Cn esclavele lui indiqua. YoLÎsouf déterra Zaid, enleva son corps etle pendit. Le corps resta ainsi exposé pendant quelquetemps, puis il fut brùlé, et les cendres en furent jetéeset dispersées dans l'Euphrate. Puisse Allflh le cOu\Til' desa miséricorde, lui donner la paix, maudire ceux


211 ARCmy",.; ),IAROCAI:-;E~('xcellent, il a compoRé de beaux "ers SUl' les querellesdes amants, la galanterie, la description <strong>du</strong> "in. Un deBCS poômefl les meilleurs est cl'lui


lIISTOIRE DES DYNA'5TIES MUSl"LlIIANE!:' 2lGTu m'adresses des menaces comme il un oppresseur, il unrebelle. Eh bien, oui! je suis cela 1un oppresseur, un rebelle 1Quand tu aniveras devant ton Mallre au jolll' de la Hésurrection,dis: li 0 mon mattre! c'('sl WaUd qui m'a mi~ en lambeaux!IlWalid n'eut pas ensuite un long répit avant d'être tué.La cause de son meurtre fut qu'avant son khalifat ilétait adonné, ainsi (lue nous l'avons raconté, au jeu, illa boisson et au mépris des prescl'i ptions inviolahles 1d'Allâh le Tout-Puissant; lorsque le khalifat lui échut, ilne fit que s'absorber plus encore dans les voluptés et ques'adonner plus exclusivement au libertinage; il Y joignitla faute grav'e d'irriter les grands de sa famille, de lesmaltraiterat de se les aliéner. Ils s'unirent contre luiaux notables de ses sujets: ils l'assaillirent et le tuèrent.L'instigateur <strong>du</strong> meurtre fut 'Yazid, fils de "-alld, filsd''Abd al-l\falik. Ces événements eurent lieu en l'an 126(= iM de J.-C.) 2.XII. -YAZÎD III (126/iM- 126!ïH).Ce fut ensuite Yazîd, fils de 'VaUd, fils d"Abd al-:\Ialik.qui devint khalife.Il manifestait de la dévotion; mais on prétend qu'ilcroyait au libre arbitre 3. Il reçut le surnom d'an-Nâqi!;>(l'amoindrisseur), parce qu'il rogna SUl' la solde deshommes <strong>du</strong> I]idjâz ce qu'y avait ajouté "Talîd 4, fils de1. èes expressions sonl empruntées au Qoran, chapilt'e XXII, versel31.2. Ce récit li été llbl'égé d'ID:"! AL-ATlIln, Chronicoll, Y, 211.3. C'esl, la tra<strong>du</strong>ction génél'alement admise <strong>du</strong> 1\101 qadat'i, bien qu'il soildifRcile de savoh' exactemenl ce que l'on enl('mlail au débul par ce mol.... Voyez, plus haul, p, 203, Cr. M.\S'OÙIlI, Prairies d'or, VI, 20; In~ AL­ATItln, V, p. 220.


216 AnClIIVES MAnOCAI:")oSYnzid, fils d"Abd al-Malik. Et c'est le motif pour le


HISTOIRE DES DYNASTIES lIlUSULMA~ES 217roi parmi les rois se vantait qu'il ne creuserait pas decanaux, qu'il n'élèveràit pas pierre sur pierre, ou s'il invitaitses sujets à nommer Un autre roi à sa place, il seraitconsidéré comme un imbécile, et il mériterait, d'après lesmœurs politiques d'aujourd'hui, d'être déposé au profitd'un autre. »Ce fut à cette époque que l'autorité des OUinayyadescommença à être ébranlée, qu'on vit sourdre la dynastie'abbâslde, et que ses émissaires lurent envoyés dans lescapitales.Yazid mourut en l'an '126 (= 74ft de J.-C.).'18!,XIII. -IBRAHtM (126/7!tlt-J27j74!t).Après Yazid III, régna son frère Ibrâhîm, fils de 'VaUd,fils d"Abd al-Malik, fils de l\Iarwân.Son règne fut un temps de guerres civiles. L'autoritédes Oumayyades était ébranlée. Lorsque Yazîd, fils d"Abdal-Malik, mourut, on jura fidélité à son frère IhràhÎm, maisce fut un serment sans aucune valeur. Dans le peuple,les uns le saluaient <strong>du</strong> nom de khalife, d'autres <strong>du</strong> nomd'émir, d'autres ne lui accordaient aucun de ces deuxnoms. Son" autorité fut fortement ébranlée. Au bout desoixante-dix jours, il fut assailli 1 par Manvân, fils de:Mol;1ammâd, fils de Marwân, qui le déposa, se fit proclamerkhalife, et s'assit sur le trône de l'empire après desguerres, des luttes intestines et des é'vénemenls qui feraientblanchir les cheveux d'un enfant.1. Dans la suite, il fut arrêté et pen<strong>du</strong> au gibet. Cf., sur le malheureuxrègne de ce prince, les Prairies d'or, VI, Ut et suiv.; IIIN AL-ATfrin, Chronicon,V, 235,243 et suiv.; G. "VEIL, Geschichte der Chalifen, " 679-681.1 8


21RARCUIVES 1IIAROCAI:\'ESXIV. -:MAR\VÂN II (127/7!llt-1.32/750).Marwân, fils de ~Iollbammâd, fils de :\Iarwân, qui régnaensuite, fut le dernier des khalifes Oumayyades, et lepouvoir passa de ses mains dans celles des 'abhâsides. Il·était appelé ~( al·Dja'di)) f. Il était surnommé l'Ane, et seulement,dit-on, il cause de son en<strong>du</strong>rance dans les comhats.Il était brave, habile, rusé. Son règne fut une époquede guerres civiles, d'anarchie et de désarroi. Il ne tardapas à être mis en fuite par les armées 'a~bâsides et pour·1.85 suivi jusqu'en Égypte. Il fut tué dans une ville <strong>du</strong> ~a'id(Haute-Égypte), nommée BolÎ~îr) et cela en l'an 132 (=750 de J.-C.).Ce fut sous son règne que se révolta 'Ahd ;\lI5.h \ filsde :\Iou'ûwiya, fils d".\bd Allâh, fils de Dja'far, fils


IIISTOIRE llES l)YNASTIES ~1l:SUDI.\NES 219alors à KoMa un descendant de Dja'far at-'fayyâr, nommé'Abd Allâ,h l, fils de Mou'àwiya, fils d'


220 ARCIIIVES MAROCAINESRÉCIT SUR LE PASSAGE DU POUVOIR DES OUMAYYADESAUXtABB~\SîDESAvant de pénétrer dans l'examen de cette question, ilest indispensable, dans un avant-propos, d'exposer les dé·bllts d'Aboù J\louslim al-Khorâsânt: car ce fut l'homme dela dynastie qui fit pour elle de la propagande, et auquelcette dynastie <strong>du</strong>t son triolnphe.Voici quelques détails sur les débuts et sur l'origined'Aboli Mouslim al-Khorâsânî. Sur son origine, le désaccordest profond: il est inutile de s'étendre longuementsur ce sujet.D'après les uns, c'était un homme libre de la famille deBouzourdjmihr " qui serait né à Ispahân, aurait grandi ilKoMa, et se serait attaché à l'imâm Ibrâhim 2, fils de 'Moul)ammâd.fils d"Ali, fils d"Abd Allrth, fils d"Abbâs. Ibrâhlmaurait changé le nom de son protégé, auquel ilauraitdonné le prénom d'Aboù Mouslim. Il l'aurait formé et luiaurait ouvert l'intelligence 3 au point qu'il fut l'hommequi joua par la suite le rôle que l'on sait.D'après d'autres, c'était un esclave qui ne cessa pas dechanger de maUre, jusqu'à ce qu'il parvint auprès del'imâm Ibrâhim. Quand celui-ci le vit, il fut sétluit par sonattitude extérieure et par son intelligence. Il l'acheta à sonmaître, l'instruisit et le forma. Il l'envoyait à. ses partisans1. Voy. ci-dessus. p. 3], note 4.2. Sur ce personnage et sur les imAms en général, voy. plus loin latra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages 192-196.S. Dans les Fundgruben det; Orient., V, 28, AMADLE JOURDAIN a tra<strong>du</strong>itle mot";; par .• il l'instruisit dan. la jurisp"udence ". Ce sens technique<strong>du</strong> verbe ne convient pas, je crois, danA ce pas!!'age. L'ImAm Ibrahim n'anullement cherché li faire de son protégé un jurisconsulte consommé. Leverbe ~ a ici exactement le sens de rri' que l'auteur lui a substitUt'deux phrases plus loin, c'est·à-dire : ouvrir fintelligence, instruire.


IlISTOIIIE Dl,S DY"ASTIES MUSGLMANES 221el à ceux qui faisaient pour lui la propagande dans le Khorilsân.Il en fut ainsi jusqu'aux événements que l'on sait.Quant à Aboû ~Iouslim, devenu puissant, il prétendititl'e le fils de Salit " fils d"Abd Allâh, fils d",\bbâs. Or,il y a, au sujet de Salît, une histoire qu'il est temps derapporter ici succinctement.'.Abd AUâh 2, fils d"Abbâs, possédait une servante aveclaquelle il eut une fois des rapports, puis il la tint àl'écart pendantquelque temps. Elle eut alors des rapports: lavec un esclave, qui cohabita avec elle. Elle mit ensuite aumonde un enfant, un fils à qui elle donna le nom de Salît.Elle attribua la paternité de ce fils à 'Abd Allâh, fUs d"~\bbàs,mais celui-ci le désavoua et se refusa à le reconnaître.Salit grandit, et personne au monde n'était plus odieux 4 -à'Abd AlIâh, fils d"Abbâs, Lorsque celui-ci mourut, Salitdisputa son héritage à ses héritiers. Les Oumayyades enfurent enchantés: c'était une occasion pour ~ux d'amoindrir'Ali, fils d"Abd Allâh, fils d"Abbâs. Ils aidèrent doncSalit et donnèl'ent des instructions secrètes au qâçli deDamas, qui inclina Vers Salit dans sa décision et lui adjugeal'héritage. Il y eut à ce sujet force incidents:; qu'il n'ya pas lieu de rapporter ici.t871. Cf. M.\!" 'OÙDi, Prairies d'Ol', YI, 182; IUN AL-ATHin, Ch,'onicon, V, 190,et suivantes.2. Voy. ci-dessu,:;, Il. 115 et noIe 2.3, AMABLE JOURDAIN, loc. cil" tra<strong>du</strong>it ~I pllr " se maria '0, Dans lepassage incrimine, ce verbe qui aurait signiné " demander en ma/'iage ", n'apas ce sens; il ne s'agit pas d'un mariage légitime, mais d'une demanded'un autre genre, comme le prouve la suite <strong>du</strong> récit et le texle d'IBN AL­ATHiR, Chronicon, V, 192.. Cet auteur ajoutequ"Abd Allàh fit donner àl'esclave des coups de bâton, ce qui est, en droit musulman, la peine dela fOl'Dication. D'ailleurs, s'il y avait eu mariage légitime, la contestationsur la paternité n'aurait pas eu lieu, le mal"i de l'esclave devant l'endosser,4, JOURDAIN, loc. cif,: « Selith ne. témoigna que de la haine et de l'ingratitudeà son préten<strong>du</strong> père (!) "5. JOURDAIN, loc. cil., tra<strong>du</strong>it: Il Celte décision donna lieU à beaucoupde discours ... .. II a pris'";"'yb> pour un pluriel de '";"'lk>, alors qu'il étaille plul'iel de. ~;...1 8 *


222 ARClIIVES )IAROCAINES;\boû l\fouslim, devenu puissant, prétendit ètI'e le filsde ce Salit.. Ensuite, AbolI l\fouslim partit en mission aunom de l'imâm lbrâhim, dans le Khoràsân, fit de la propagandePOIII' lui en secret; et il en continua ainsi jUS(IU'àce que l'appel devint public et que les desseins furent accomplis.Autrè intro<strong>du</strong>ction li ces m~mes (aits. - ;\lIàh a dit:Il Ces JOUl's-Jà, nous les distribuons à tour de l'ole auxhommes 1. » Un sage consolait un roi de la pel'te de saroyauté: Il Si elle était restée' il. un autre que toi, dit-il,elle ne te serait point échue, »Et sache - puisses-tu n'apprendre que le bien - quela d.rnastie 'AbbâsÎde fut une des plus grandes dynasties;elle a exercé dans le monde un double gouvernement,religieux et politique. Les meilleurs et les plus pieux deshommes lui obéissaient par zèle religieux; les autres lui188 obéissaient parcrainte ou par intérêt. Le klwlifatet le pouvoirse maintinrent dans cette dynastie pendant [H'ès desix cents ans. Puis elle se vit attaquée par d'autres dynasties: ainsi celle des Bouyides, don~ la grandeUl' a été ceque tu sais, dont le chef principal, le héros,:t élé '.\f.Joutlad- Daula (Fannakhousraur~; la,dynastie des SaldjoùCJÎdes,qui compta un prince tel que 'foghroul Beg :1; la dynastiedes Khârezmchâh, à laquelle appartenait un sOU\'eI'ain telqu"AItI ad-Din ", et doni les rôles militaires comprenaientltOO.OOO combattants; comme la dynastie des Fà!imides :',(fni mirent en mouvement une armée sous fa con<strong>du</strong>ited'un de leUl's esclaves nommé Djauhar, armée telfe '1u'on1. Qoran, 111, 13...2. Voyez 'plus haut, p. 37 note I.:l. Voyez plus loin la h'atluclioll corl'cspondantp. aux pagc": .J:):; el SIIÎ\'.<strong>du</strong> lexIe ambe.4. Voyez plus loin la Ira<strong>du</strong>clion cOl'I'espondanle 31a l'a~c 438 .Iu Icxleambe.6. Voy. plus loin la tra<strong>du</strong>ction cOfl'cspondante aux page,,: 4:;:; d "ui\". <strong>du</strong>texte anwe.


•J1/STOIllE DES J)Y~,\STJES l\IUSl;UI


Al\CJII\'ES lIIAROCAI:"lI-:SC'est ce qui ad vint au sultan :\Ias 'oL'rd f avec Moustarchid.Il y avait enll'e eux deux des mésintelligences qui dégénérèrenten guerre ouverte. l\Ioustarchid sortit à la têted'une armée très nombreuse, accompagné de tous lesgrands de l'empire. Il se rencontra avec le sultan Mas'oùdsous les murs de Marâgha. Ils se comhattirent pendantun moment. Quand la poussière tomba, les compagnonsde l\Ioustarchid avaient été mis en fuite et l'armée del\fas'otid avait remporté la victoire. Enfin lorsque la poussièrese dissipa complètement, on vit le khalife ferme surle dos de son cheval, ayant à la main le Qoran; autour delui étaient les lecteurs <strong>du</strong> Qoran, les qâQ.Îs, les vizirs dontaucun n'avait pris la fuite. Seuls les combattants s'étaientenfuis. Lorsque le sultan l\Ias'otid vit ces hommes ~roupés,il envoya un homme qui con<strong>du</strong>isit la monture <strong>du</strong> khalifeet le fit entrer dans une tente qui avait été dresséepour lui. En même temps, il fit arrêter les grands; del'empire, et les emprisonna dans une forteresse 2 voisinede ces régions. Puis on pilla tout ce qui se trouvait dansl'armée <strong>du</strong> khalife. Quel(lues jours après, le sultan se rencontraavec le khalife et lui reprocha sa con<strong>du</strong>ite. Puisla paix: fut arrêtée et conclue entre eux, et le khalife serendit à cheval vers un pavillon magnifique, que le sultanavait fait dresser il son intention. Lorsque le khalife fut ilcheval, le sultan Mas'olld prit la housse:'! et marcha à piedil côté de son étrier. Plus tard, Moustarchid fut tué, commenous aurons occasion de le raconter plus loin '.Toutes ces dynasties s'élevèrent contre la dynastie 'abbl\side,mais aucune d'elles n'eut le courag~ de détrôner1\10 ses princes et d'effacer leurs traces. Les p.rinces conser-1. Voy. plus loin la lra<strong>du</strong>ction cOl'respondanle aux pages 40S et suh'.<strong>du</strong> texte arabe.2. Cette fol'ler'esse se nommai! Sel'djiMn. Cf. ID:'! AL-ATuIR,ChronicOII, XI,16.a. VO)'. ci-dessus, p. 223, noIe 2..1. Voy. plus loin la lI'a<strong>du</strong>clion cOl'respondanle aux pages 409 <strong>du</strong> lexIeal'3be el Cf. le l'écil d'ID:'l AL-ATllln, loc. cil.


IIIl'iTOfRE DES DYNASTIES ~IUSUDL\NES 225vèrent dans les cœurs de leurs sujets un rang dont n'appl'Ochaitle rang d'aucun autre au monde. Ce fut à telpoint que, lorsque le sultan Ho,ilâgolÎ eut conquis Baghdâdzet qu'il voulut mettre à mort le khalife AbotÎ AI)mac!'Abd Allâh :Mousta '~im, on lui fit entendre que, si lef-.halife é~ait mis il mort, l'équilibre <strong>du</strong> monde seraitrompu,' l~: soleil s'édipserait, il n'y aurait plus ni pluies,ni plantes. HolÎlâgolÎ en ressentit une telle frayeur, qu'ifconsulta un savant i sur la réalité de ces pronostics. Lesavant lui répondit en toute sincérité: « Certes, 'Ali, filsd'Aboù Tâlib, valait mieux que ce khalife. Tont le mondeest d'accord là-dessus. Il a été tué, et sa mOl't n'a eu pourconséquence aucun de ces malheurs. J'en dirais autant de1J0sain et aussi des aïeux de ce khalife 2: ils ont été tuéset ont subi tous les mauvais traitements. Le soleil ne s'estpas voilé, la pluie n'a pas cessé de tomber. Il Hot'l1f\goù,en entendant ces paroles, revint de ses alarmes. Quant ausavant, il s'excusa d'avoir ainsi parlé, en invoquant lacrainte terrible qu'inspirait le sultan, et sa redoutublecolère. « Et je n'aurais pas osé, ajouta-t-il, dire devant luiautre chose que la vérité. »Telle était la haute opinion que l'on portait sur les'~\bhâsides,et aucune dynastie n'eut la force ni de mettreun terme à leur règne, ni d'effacer leurs traces, exceptécette dynastie victorieuse"; puisse Allâh en ëtendl'c leshienfaits et élever su gloire!En effet, lorsque le sultan 1I0ùlâgoù 4 eut conquis Bughdâdzet tué le khalife, il effaça toute tI'ace des 'Abbt'isideset renversa lous les règlements qu'ils avuient étublis, aul.·AAI,\DLE JOURDAIN (Loc. cil.) présume que ce savant était l\at:ir' ad-DiuTOÙlll, le fameux astronome.2. l'iousta'sim.3. If s'agit ·ici de la dynastie des Mogols, car Ibn a~-Tiq!aq:\ éCJ'ivail,comme il a été dit plus baut, sous le règne de Qazilu khân.4. Voyez plus loin la tra<strong>du</strong>ction correspondante aux pages H!) el ~;ujvanles<strong>du</strong> lexIe arabe.ARcn. MAROC. 15


22ftAnCIIlVES )1'\nOCAINE~19'1 point que pronont:ait-on le nom des '.\hhflsîùes, on couraitde ce fait un dangel'.Une anecdote sera ici à sa place: je me la suis laissé ra.'conter par Na~r al-;\loulayyisÎ l'Abyssin 1, l'un des seni·teurs <strong>du</strong> Sultan (puisse :\IIâh étendre le règne de sa justiceet éleyer son rang dans ce monde et dans l'autre !)01' Na~l' avait seni auparavant le khalife l\Iousta '~im.Yoit;i ce qu'il me dit: « LOl'sque Uaghdàdz fut conquiseon me rit sortir - j'étais jeune encore -parrniles set'·yiteurs. Pendant quelques jours nous fÙllles attachés ausenice <strong>du</strong> sultan mogol ~; puis, quaml nous fùmes loin deBaghdâdz, le sultan Hoûlâgoù nous fit comparallre un jourdenmt lui: nous portions encore la livrée de la maison<strong>du</strong> khalifat. Il dit: « Vous apparteniez auparavant au kha­(' life, maintenant vous êtes à moi; aussi conyient-il (lue« vous me serviez avec zèle et sincérité et que vous elra­« ciez de YOS cœurs le nom <strong>du</strong> khalife. C'est une chose;« qui a été et qui a passé. Si vous préférez quiLLer ce« costume pOUl' revêtit, le nôtre, ce sera plus com-e­« nable. )) Nous répondimes : « A tes ordres H, puis nousquittâmes notre costume pour revêtÏl' celui des Mogols.DÉBUTS DE LA DYNASTIE 'ABBÂSÎDEOn a rapporté que le Prophète (que les bénédictions etle salut d'AIIâh soient sur lui!) laissait échapper de sesnobles lèvres des paroles dont le sens annonçait la bonne1. cr. HARTWIG DERENllOURG, Intro<strong>du</strong>ction il l'édition arabe <strong>du</strong> lexte,p. ll, n° 5.2. Al/ABLE JOURDAIN (loc. cit., p. 31) tra<strong>du</strong>it lits;,) par. la cour <strong>du</strong> 8ullan ",ce qui est exact comme sens <strong>du</strong> mot, mais non dans le passage ~tdessus.En effet, Ibn A~-Tiq!aqà emploie ce mot dans le sens de sultan. C est ainsique Dozv (Supplément aux fliet. arabe8, l, 437.) comprenait ce passage.


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSUDIA",eS 22;nouvelle d'une dynastie IIâchimitc. Quelques-ulis prétendentqu'il aurait dit: Il EUe (la souveraineté) écherraà un de mes descendants. » D'après d'autres, il aurait dità son oncle paternel 'Abbâs (qu'Allâh soit satisfait de luiet lui accorde le salut !) : « Elle sera dans ta descendance ») ;et lorsque celui-ci lui amena son fils 'Abd Allâh 1, il luiaurait crié l'adzdn dans l'oreille et craché dans la lJOuche 2,en disant: « 0 Allâh 1 fais-en un docteur de la religion etenseigne-lui le sens' caché <strong>du</strong> Qoran 3 »; puis il l'auraitremis à son père avec ces mots: Il Reçois le père des rois ».Ceux qui soutiennent cette tradition disent que la dynastie'abbàsîde est celle qui a été annoncée comme unebonne nouvelle. D'autre part la dynastie OUIIwyyade était 1921. Sur ce personnage, voyez ci-dessus, p. 115, noIe 2.2. Ce rile s'appelle le ..:1:> ou Je ~, qui est., chez Jes 1\fusulman!j,très probal:Hement "'origine païenne. Les auteurs nrabes racontent queMahomet procédait il ce rite pour tous les enfnnts des Ansdrs (lu'on luiamenai!. Il m11chait une datte et la mettait dans la bouche <strong>du</strong> nouveauné.Cf. un ~tadilh rapPol,té par le Tt1dj al-'Aroûs, t. Vif, s. /J.Je tl'ouve dans le manuscl'it arabe de Paris, nO 5986, C· 113 ro (Kildbal-aU'd'il, par AnoÎl Hn.•h AL-'AsIiARi), un récit qui confirme J'exi"tencede ce rite dès les débuts de l'Islâm, et qui pl'édse le sens de 0';\ dansle pa;;sage ci-dessus. En eITet, j'ai bésité, un moment, il Irndllirè ceverbe par. « réciter l'odzan'' ou l'appel il la prièl'e, ne sachant pas s'ils'agissait réellement de l'adzlln dans ce cas pal'ticulier. Le passnge <strong>du</strong>manwlcrif unique d'Abot} Hilâl al·'Askarllève entièrement le doule. L'auteurraconte que le premier·né des Mohadjériens il !\Iédine fut 'AbdAllâh, fils de Zoubair. Cette naissance avait ~randement réjoui la Iroupepeu nombl'euse des Musulmans émigrés à Médine, parce que le" Juits.avaient répan<strong>du</strong> le bruit ql.\e les Mohadjériens n'aUl'aient pa!ol d'enfantsles ayant eux-mémes ensorcelés. La naissance d"Abtl Allilh fut u~démenti donné aux JuiCs et un grand soulagement pour les Musulmans.. .Le Prophète aurait alors procédé au~en metlant dans la bouche del'enfant une datte qu'il avait mâchée lui-méme. De plus, il ordon03 :i Abot}Bakr de réciterl'adz(tn, ou appel à la pl'ière, à l'oreille <strong>du</strong> petit 'Abd Allâh~ .;;,y,10,;t; .i~~ ~,;I


228 ARCHln:s 1I1.\ROCAI:'iESgént'ralement détestée, maudite, censurée; elle excl'(,:nitIIne tyrannie pesante; elle était adonnée follement au péchéet à la tUl'pitucle. Les habitants des grandes villesattendaient donc celte nouvelle dynastie matin et soil'.01' l\Ioul.lammad, f1ls d"All, fils d'AbOli Tâlib (que lesalut soit SUl' lui!) très connu sous le nom <strong>du</strong> fils de lalJanalite, était considéré fermement par le peuple comlllele chef de la dynastie, après le meurtl'e de son frère J.losain 1(que le salut soit SUI' lui !), résel'vc faite de la secte dl"SImûmites'!; cal', pour eux, l'imâm était 'Ali, nls de J.Iosnindit Zain al·'Ahidin ((}lIe le salut soit sur lui !), puis successi"cmcntchacun deses fils jusqu'à al-Qà'illll\Ioul.JamIllHtlfils ;eele, "0,'" lIIAs'oûni, Prairies tl'or, fil, 268; ", .173,. -175 elSl1r1out YI, :H-31. ~elle secl,c SI) ,.:~bdÏ\·i~c elJe-mèn:lC. en un Irès gr'andnombre Ile. sede" s('condlllres, qUI. Vllnant !lUI' IhlTerente" questionssont tontCf; d'neelJl'.1 que l'imdlJllll doit èll'e dans ln llescendance d".\1I, '3. Une anecdote flUI' cet 'A1Ide llans le lliiltb al-ag1lt1Ilf. VIII, 'H.-l. Cf. ~I.\S'OllJ)i, Prfli,·ie.~ d'Iw, Y\I, JO-l; Ill:"! Ar.-ATnln, op. cil., V,32.5. Cr. l\IAfoI'oûlli, l',.ai,.ie.~ d'or. VI, iiii, fl~, 20.J, 20,;; Ki/db f11-ayhtlllf,XIY, 7ï; XV\lI, 201'l: InN I\IJALUliÀ:X. ll'a(ayt11 (lI-a 'yI/II, i'd, Wüstlnfeld,notkt' iiï!l.


IIISTOIRE DES DYNASTIES MUSUL:\IA~ES 229nières dispositions en sa faveur; il lui confia les quel


230 ARCUIVES :\IAROCAINF.Sseigneurs 1 de cette province. Le peuple accepta l'autol'ited'lbrâhim et fit de la propagande secrète en sa faveur, .\ lafin, Ibrâhim cnyoya ~\b'ùù :\Iouslim '!, qui se dirigea vers'cette règion et réunit des troupes; tout cela en secrel, demême (lue la propagande 'lui ne s'était pas encore mahifestéepubli(IUement.L.ol's(IU'art'i\,èrent les jours de )Iarwân l'Ane3 fils de~Joubanullad, fils de )Ial'wàn, le dernier des Khalifes19!, oumaJJ;llles, l'anarchie et le désaI'l'oi redoublèrent, le malgl'an,liL les émeutes éclatèrent, le lien de la puissanceoumaJ.'"ade fut fohcment ébranlé, la discorde se mit entreeux et ils s'enlretu(went. .\hoir )[ousliul fit alors de lapl'Opagande publique en faveur des '.\hbâsides, et il vil segl'ouper autoUI' de lui tous les partisans de la cause 'ahbàsicledans le KhoI'âsân; il entmina une ar'mée compactepour combattre l'émit, <strong>du</strong> Khor


mSTOIRE DES DYNASTIES M(;Sl;L:'>IANES 231,J'ai dit ùans mon étonnement: l< Puissé-je suvoÏt' si les OumaJ­Jades sont éveiIJés ou endormis' ! '1l\Iarwân lui répondit: « Celui qui est SUI' les lieux voit ce(lue l'absent ne voit pas, Coupe donc toi-même cettemaladie qui s'est révélée à toi. » Na!;H', fils de SaJJâr, ditil ses compagnons: li Pour ce qui est de yotre lIIaitI'c, ilyous fait sayoir qu'il n'y a point il éompter sur sonconcours. » Les nouvelles des évênements arrivèrent successivementà :\Iarwiln; le lien de sa puissance se rehichaitde plus en plus et son autorité faiblissait chaque jour,Puis il apprit que celui en faveur de qui on faisait (le lapropagande était Ibrâhim 2, fils de l\Ioul)amm:HI, fils d'Ali,fils d"AbdAUâh, fils d"Abhiis, le frère de $afJ'âl) ~t de )Ian-~oùr, Il em'oya alol's le faire appréhender et le fit amener il 195~Ia1'rân, où il l'enferma, puis l'empoisonna dnns sa prison:ai~si mourut Ibrâhîm:J,Il Y eut ensuite entre Aboi'! l'Iouslim et Na~r, fils deSaJYâr, ainsi que d'ault'es émirs <strong>du</strong> Khorilsiln des combatset des rencontres oilla vict9ire demeura aux floirs l,l, Ce;; vers sont donnés, sl\ufle deuxième, plU' ln:" AL-..\Tllln, Chronicon,Y, 2;9. De même, MAS'oùot (P,'airics d'or, VI, 62) donne cellè épilre Yel'­sinée en' enliel', souf toujom',; le deuxième ve"s Ilui est égolement ob~cnt<strong>du</strong> /(i/(1b al-agI1l1nî, V, 128, Voy. nu~,;;i 10 vel'sion de ce pn>;;;nge


ARClIIVES ~L\ROCAINESc'est-;'l-dil'e il l'armée d'Aboli Mouslim. Ils ne fUI'ent appelésles noirs qu'à cause <strong>du</strong> costume de couleur noil'equ'adoptèrent les partisans des 'AbbâsÎdes.Considère la puissance d'AlIâh «Iu'il soit'exalté) 1 Lors­(IU'il veut une chose, il prépare les moyens de la réaliser.Et rien ne peut s'opposer à l'exécution de ses volontés,Lorsqu'il eut décrété de faire passer le pouvoir aux 'Ahhâsides,il leur fournit tous les moyens pour y parvenir.L'imilm Ihrilhîm, fils de :\Ioul)ammad, fils d"Ali, fils d"AhdAII:1h, fils d"Abbâs, était alors dans le I;Iidjâz ou dans laSyrie, assis sur son tapis de pI'ières, absorbé en lui-mêmedans son culte et les intérêts de sa famille, peu fortuné. Pendantce temps, les hommes <strong>du</strong> Khorâsân combattaient pourlui, prodiguaient pour lui leur vie et leurs l'ichesses, sansque la plupart d'entre eux le connussent et pussent fail'eune distinction entI'e son nom et sa personne 1. Considèrel'imâm Ibrâhîm dans sa solitude, dans son détachement [lumonde, au ~Iidjaz ou en Syrie, tandis qu'une armée si puissanteen Khorâsân risque son existence pour lui, sans qu'ildépense rien poureux, sans qu'il donne à personne ni montures,ni armes. C'était eux, au contraire, qui lui p,ayaientle tribut et qui lui apportaient chaque année les impôts.LOI·squ'.Allâh (qu'il soit exalté 1) eut décrété d'ahandonnerl\Iarwân et de mettre fin à la royauté oumaypde,table dissertation sur la queslion,) ~ependant, malgré le témoignage cieces historiens, on doit J'econnallre que la couleU!' noire a été ndoptnepm' les 'Abbâsides avant la mort d'IbrAhIm, qui eut lieu en 132. (VO)'. lanote précédente.) SoyoùU, dans le passage cHé ci-dessus dit que le porI<strong>du</strong> noir a commencé cher. les 'Abbàsldes en 125, donc selll ans av:mt lemelll'lre d'lbnHlim. Et d'aull'e part le noir était déjà la couleU!' des drapeaux'abbâsides bien avant la mOl't d'IbrAhim l'Imàm. ION AL-ATuln(op, cil., V, 2i2, 1. 20) fait déjà mention <strong>du</strong> coslume noh' dès 'Abbâ,:;ldes enl'année 127. Il CRI probable que le meurh'e d'Ibràhlm n'ait fait que gt'méJ'a­Iisel' cet usage. Sur la couleur noÎl'e devenue ensuite la couleur orrkiellepour les fonclionnaÎl'es, voy. la noie de Sacy, citée plus hau!. Sm' 13lentative lie réforme de Mam'oûn, voy, plus loin, p, 373.t. C'est un arabisme; cela velll. dit'e (fu'i1s ne connaissaient Ihrâbfm (fuede nom, sans pouvoir, le cas échéant, reconnallre celui qui portait ce nom.


IIISTOInE DES JW:'1.\SrmS ~IUSUL]lJANESce prince était khalife reconnu de tous, disposant des 196armées, des richesses, des al'mes, et rien ne lui manlJuait.Mais ensuite on se séparait de lui, son autorité diminuait,le lien de sa puissance s'ébranlait 1 et ce princen'avait cessé de s'affaiblir jusqu'à ce qu'il ftH mis endéroute et tué. Qu'AHâh soit exalté!Lorsqu'AbolÎ Mouslim eut COJHluis le Khor,Îsân, se futempal'é de ses villages et que son autorité se fut affermie,il con<strong>du</strong>isit ses troupes en 'IJ'âq. Or, quand Mal'\vân avaitmis la main sur Ibrâhim J'ItmÎm et l'avait emprisonné ilI;Iarrân 2 , les deux fl'ères d'Jbl'dhlm, $affdJ) ct ~Ian~oùr,avaient eu peur, ainsi qu'un certain nombl'e de leursparents, s'étaient enfuis et avaient gagné:~ KoMa, où ilsavaient des partisans, parmi lesquels Aboù Salama I.Iaf~,fils de Soulaimân le Vinaigrier (al-l\.hal1âl). C'était un desChi'ites les plus influents de Kotifa, et il devint plus tal'dvizir de $affâJ:r, qui le fit ensuite mettre à mort. Nousreparlerons de lui en nous occupant des vizirs '. AboliSaJama al-Khallâl fit évacuer;' une maison à KoMa etordonna qu'on les y installât. Il s'occupa lui-même de leurservice, tenant leurs projets secrets. Les Chi'ites se réunirentil. 1~li,et leur puissance grandit. .\.bOIÎ Mouslimarriva avec les armées <strong>du</strong> Khorâsân à KoMa, entl'a chezles 'Abbâsides et dit: Il Lequel d'entre vous est le fils dela I,Iârithite 6?» Man~otÎr répondit: Il Celui-ci "~, en désignant~affâJ:r, dont fa mère était en effet une I,Iùl'ithite.AbolÎ Mouslim salua Saffâh <strong>du</strong> titre de l{halife. Celui-ci. .1. AMAnLE JOURDAIN, tra<strong>du</strong>it (loc. cil.): le fil des affai"es politiques se m~la.2. Voy. ci-dessus, p. 231. '3. Lisez IJ...\..aSJ.4. Voyez plus loin la tt'a<strong>du</strong>dion correspondante aux pages 20(j et suÏ\·.5. AMAIlLE JOURDAIN (op. cil.) tra<strong>du</strong>it 1).) rrl J>I p:.u' " il leur' ehoi:::i1une maiRon retirée fi.6. Cf. rD:'! AL-ATltin, Ch,.onÎcon, V, 213 in medio; MAS'oûol, op. ci/., VI, 88.1 9


234sortit, accompagné de ses frères, de ses oncles paternels,de ses proches et des principaux Chi'ites,'précédé d'~\bo'"l\IousIim. Il se rendit il la mosquée, fit la prière publique,monta en ,chail'e, déclara publiquement ses projets et prêchale peuple. Il fut proclamé khalife, et cela se passa enl'annéel32 (= 7[19 de J.-C.).Tels furent les commencements de la dvnastie 'ahhâ-197 side' et la fin. de la dynastie oumanade."$affâl,1 établit ensuite son camp en dehors de KaMa. lll'eçutdes députationsvenues desgrandes villes pour le reconnaître.Lorsque le nombre de ses partisans fut considérableet flu'il se sentit assez forl, il im'ita un de ses parents d'allercomhaUI'e l\Iarwân l'A.ne. Son oncle pater~el·.\bd~\llâh, filsd"All, l'un des principaux '.\bbàsides, accepta celle mission;il se dirigea.vers Marwân, le rencontra sur les !JOI'JS<strong>du</strong> Zâb, il la tête de '120.000 combattants l, tandis que luimêmene commandait qu'une armée beaucoup moins nom-. hreuse, Mais ~\lIâh (qu'il soit exalté !) favorisa '.\bd ~\II:îîl,fils d".\Ii, de toutes les manièl'es et fit absolument défectionil ~Ial'wàn. Considèl'c ceci et instl'l\is-toi par l'exemple.B.\TA1LLE DU Û.B; DÜ:'ECTION A L'ÉGARD DE l\L\RW.\x ;SA DÉROt:TELorsque la rencontre eut lieu sur les bords <strong>du</strong> Zâbentre ~Iarwùn l'.\ne et '~\bd Allah, fils d".\H, ~Iarwàn ditil l'un de ses compagnons: « Si le soleil de celte journéesecouche, saùs qu'ils nous aient livré bataille, le khaiifatest il nous, et c'est nous qui le transmettrons il la fin destemps IlU .'Iessie:! (que le salut soit sur lui !). Il Il ordonnaL MAS'OI;oi ::Prairies d'or, VI, ,Il,;) donne 100.000. Ju:v Ar-TIl.r!"M!,' aadopté le ehill'l'c indiqué P:ll' 111:'( .\L-.\1'nin, loc. cil,2. ,Jé.~u,; .Ioi!. ell cITe!. "cl"cnil' sm' la (cnc cl a,."i:.:!cl· comlllc tl'Illoillconlt'c Ic," inlhJèlci'. le jouI' dc la RésUI'I'cclion. Cf. IJtlran, IV. l;;;.l\laho-


· HISTOIRE DES DYKASTIES MUSUUUXES 2;15donc à ses compagnons de ne point combattre, dans l'intentionde voir la journée se tel'lnincr sans en venir auxmains. Il envoya demander à 'Ahd Alldh, fils d"AlJ, de seréconcilier. 'Abd Allûh l'épondit: « l\Iarwûn a menti! Lesoleil ne se couchera pas sans que j'aie lancé mes cavalierspour le fouler aux pieds, s'il plaît à AlIâh (IU'il soitexalté !). "Par un hasard singulier, le gendre de. illanvân chargeaun détachement de l'armée d"Ahd Allùh, fils d"Ali. ~Iarw


23(; ARCHIVES )UROCAINES199des fidèles de Marwân lui dit: Il Ces hommes ont mis lamain sur le trésor, et nous ne sommes pas sû,'s qu'ils nes'en iront pas avec ce


IIISTOIRE DES DYNASTIES MVSt:I.M.\~ES 237Quand Mal'wân entendit ces paroles, il se rendit à Balad l,passl le Tigre, alla il I,Ianân, de là à Damas, de Damasen Égypte, 'Abd Allâh, fils d"Ali, le poursuivit, puisenvoya sur ses denières un de ses lieutenants, qui le vitdans un village <strong>du</strong> ~a'id, nommé BolÎ~i1"!,1\Iarwlln sortit de nuit pour aller combattre les 'Abbâsides.Le chef de leur détachement dit à ses hommes:« Si nous attendons le matin et qu'ils voient comhien noussommes peu nombl'eux, ils nous feront périr, et pas und'entt'e nous n'échappera. >1 En conséquence, les 'Abbâsidesprirent l'offensive; leur chef brisa le fourreau de son épéeet ses soldats en firent autant. Ils chargèrent la troupe deMarwân et la mirent en déroute.Un homme s'élança sur l\Iarwân, le frappa de sa lance,sans le connaitre, et le renversa. Quelqu'un cria alorsd'une voix retentissante : « L'Émir des Croyants estrenversé. » On s'empressa autoUl' de lui; le premier quiarriva fut un homme de KoMa, qui lui coupa la tête, onsecoua le crâne pour en faire tomber le cerveau 3; on luicoupa la langue, que mangea une chatte qui se trouvait là.Puis on apporta la tête à $affâl) : elle lui arriva lorsqu'ilétait à KaMa, Quand il la vit, il s'agenouilla, puis releva 200la tête et dit: « Gloire à Allâh, qui m'a donné la victoireSur toi, (lui t'a mis en ma possession et qui n'a pas laissésans exécution la vengeance que j'ayais à tirer de toi. )/Puis il cita, pal' analogie, le vers suinmt :S'ils buvaient mon !lang, ils ne seraient point désallôrés; et1. Pelile ville située à 11 parasanges de narqu'tde el il 17 parasllnges deJ/ossoul, Cf, SACY, Ch"esfomaf!lie arabe, III, ]8-1, noIe 2; IBN AL-ATII!II,Chronicon, V, 324 el, suiv.2. Ce récit ei>t emprunté à InN AL-ATlliR, Chronicoll, V, 326.3. Ce sens de ~ ne se "'Ollvepas dans les dictionnaires, mai,:; on peut,le constater encol'e aujourd'hui dans les dialedes yulgaires, nol::mllnenten Tunisie, où il esl. trés employé dans cette locution dl ~,{airelambel' la moelle d'ull os à moelle.1 9 •


238 ARCIIIVES ~IAROCAINESjamais leUl' sang "cl'sé n'abrcuvcrait suffisamment ma colère '.Dès lors, l'autorité appartint sans partage à $affâb.III. -. "h\ DYNASTIE 'ABBA8IDE201ET C'EST ELLE QUI l'IUT LE POUVOIR DES MAINSDELA DYNASTIE OUI\IAYYADESache que la dynastie 'abbâsîde fut une dynastie fertileen ruses, en tromperies et en trahisons; que l'habileté etla félonie eurent une plus belle part au l'ègne que la vigueuret l'énergie, principalement dans les derniers tempsde cette dynastie: en effet, les derniers princes de cetterace, abandonnant la force que donnent l'énergie et la f~rmeté,prirent leur appui SUl' la ruse et la perfidie.C'est la pensée <strong>du</strong> poète Kochâdjim 2, quand il nous faitvoir, à côté de l'entente des gens d'épée, l'inimitié et lnguerre au camp des gens de la plume:Mes compliments aux maltres de l'épée: ils chôment, et leursinstants s'écoulent dans les délices.Combien parmi eux qui', dans leur vie oisive 3, n'ont jamais1. Ce vel's est donné pm' ION AL-ATlliR, ChronicolI, V, 327, et par le!(iMb al-aghâlli, IV, 92. Cet autem' 1'nHI'ibue au poète Dzoll-I-/{1bu' al­'Adwdni, SUl' lequel on peut voil' IIIN QOTAIDA, Liber poesis el poe/arum,Ho·HG. - 6. Ki/db al-aghdni, III, 2-11. Une étude de BOUCHER dans leJ. A. P .• 1886.2, Ce poète, dont le nom est Mal,nDoùd, ms de 1;I08aln, fils de Chàhak,est mort en 350 (= 961). Cr. BROCIŒUUNN, Gesell. der arab. Lill., l, 85 ;liE IhmIER·Pi:JRGSTALL, Lilleraiurgesch. der Amber, V, r,W; VII, 1231 :M..\S'OODi, Prairies d'or, VIII, ilI8-319; il9-t·ilHll; 39!1: -tW-4lJ6; IBN KHALLIliÂ!",'Wal'ayt1l, notice 2511; Filtrisl, l, p.1ll8.3. AMABLE JOURDAI:'! (op. cit., p. il8) a tra<strong>du</strong>it: .. Combien d'entre eux(lui ont quillé le monde... (1) .. Il a dù l'll'endre le [l1l1'licipe actif de t.: J pOlU'une "'oi"ièmp fOl'me de ce yerhe;


"'STOllH: DES DY:-iASTlES 'WSULMA;\;ES 239{~hargô (Jans lInc mèJ(le, ni Jwudi contre un advcrsaire 1'(~,",OJu 1Ils vonl. cl. viennenl. <strong>du</strong> matin au soil" attachant à lcur baudd


240 ARCJJJVES MAROCAINESI. - RÈGNE DE $ÀFFAIJ (132/7b9-136/ï5b)Le premier khalife de cette dynastie fut $affâl.l. Son nomest Aboù-l- 'Abbâs 'Abd AlIâh, fils d"Ali, filsd"Abd AlIâh,fils d' 'Ahbâs, fils d' 'Ahd al-1\Iouttalib. On lui prêta le sermentde fidélité l'an 132 (= 7!t9 de J.-C.). C'était un hommegénéreux, doux, grave, intelligent; un prince accomp.li,203 très soucieux de son renom, et plein de belles qualités.Dès qu'il eut reçu le serment d'investiture et que sonautorité se fut bien établie, il pourchassa les survivants dela famille d'Oumayya et les personnages considérables lluparti, et les fit passer au fil de l'épée. Un 'certain jourqu'il siégeait en solennelle audience, et que Soulaimân, filsd'Hichâm fils, d"Abd al-Malik l, que le khalife avait toujourshonoré, était avec lui, le poète Soudaif 2 entra, etrécita ces vers :.Ne te lahise pas tromper par les dehors d'un homme; car sousles côtes se cache lIn mal malin;Fais donc conrir l'épée, et lève le fouet, jusqu'ù cc qne tu nevoies plus sur la surface de la terre un selil Oumayyade 3.1. Sur ce malheureux prince Oumayyal1e, voy, MAS'OÛOÎ, Prairie~ d'or,V, H8; VI, a3·aii et 1\7 ; IX, 61. Sa biographie est donnée par K[{AL!r. IDNA18AK A!}-SAFAD1, Al-lVd{l bil-wa{aydf, manuscrit arabe de Paris, nO 206-1,f· IB-I; InN AL-ATlIÎn, V, 32!) et Index, p. 822.2. Soudair 01,.; de Mllimoùn était un clienl de la tribu de Khozà'a. Douéd'un talent supérieur en poé!;ie, il se monlra un fanatique partisan desBanot'! Il:'chim. conlJ'e les Oumayyades. Il apportait une ardeur telle liIléfenllre les premier,; dans les discussions qu'il avail à ce sujet, quîlI1nit pal' créer un parti '1u'on appelait les Soudaifites, qui ne prit fin 'luelorsf\ue le pouvoir appartint. sans pal'Iage aux 'AbbâsÎlles. Sa biographieest donnée par le Itïlllb nl-aghdnt, XIY, ]1;2-16.'J; vOJ', aussi IV, 113­!I!i et l'Index.. Une bonne notice sur ce poète se trouve dans le Illanuscritnrabc de Parifl. n· 20Ii·l, r· 111; l'" (KIlALÎL IIIN AIDAK A~-SAFADÎ, J/-Il't1{i billt'a{ay,l/); voy. àussi nF: IlAmIF.R-PURGSTALL, Lillernlurf/esch. de,- tif-aber,IV, 712 ; ION QOTAIDA, Liber poesis el poelarum, éd. de Goeje, pp. li9·-IR1.a. CeR deux vers sonl. donnés par IDN QOTAIDA, loc. ciT., el pal' le Kil!fbaf-aghdnl, IV, !'-I, avec une légère var'iarrle. De m~me, InN AL-ATIlill,Chronicon, V, 329,


IIlSTOIRE' DES DYNASTIES IIIUSUL:\IANES2UAlors Soulaiman, s'adressantau poète, lui dit: « Tu m'astué, ô vieillard. " ~affâl). rentra: on s'empara de Soulaiman,et il fut mis à mort 1.Un autre poète se présenta un jour, alors que la tahleétait dressée, et que le khalife avait avec lui environsoixante-dix hommes des Banoû Oumayya, et il récita cesyers:Le pouvoir a pris une solide assise, avec les princes valeu~l'eux de la famille d' 'Abbas.Ils ont poursuivi la vengeance de HAchim, et l'ont satisfaite,après que la fortune partH se détourner d'cux et leur faire abandonnerl'espoir.Ne pardonne pas à (tout descendant d') 'Abd Chams 2 sescrimes, et abats le haut palmier et l'arbrisseau.Leur humiliante défaite leur a fait prendre le masque de l'attachement,mais il garde contre vous une haine bien vivantecomme une blessure au rasoir 3.Car cela m'irrite, et en irrite ~ d'autres que moi, de les voirapprocher des coussins et des trônes.Faites-les-en descendre là où Dieu les a fail descendre, auséjour de l'humiliation et de la damnation. 2061. cr. le Kitdb al-aghdnl, IV, 96; IBN AL-ATHiR, loc. cil.2. 'Abd Cbam~, fils d"Abd Manâf, fils de Qo~ayy, ancêtre des Arabes,serait né vers l'année 455 de l'ère chrétienne, d'après le calcul de CAUS­SIN DE PtRcEVAL, Essai, l, tableau VIII (2' partie) et pages 252 et suiv.cr. PRINCE DE TEANO, Annali dellsldm, Index, p. 1245; ION AL-ATHÎO, Chronicon,l, 330; Il, 12 et passim.3. C'est ainsi que ,je comprends ce vers, dont la dernière partie estd'une concision exagérée. AMABLE JOURDAIN (op. cil., 39) a tra<strong>du</strong>it: • Ehbien donc, soyez comme le tranchant <strong>du</strong> rasoir, auquel rien n'échappe_.Je ne croîs pas que le vers soit suscept!ble de cetle interprétation, puisqu'onne peut appeler cela une tra<strong>du</strong>ctIOn. InN AL-ATUiR (Chronicon, V329) et le Kitdb al-aghdnl, IV, 93, donnent celte pièce, avec une légèr~variante dans ce quatrième vers, qui d'ailleurs n'en change pas beaucouple sens: le premier donne..r- .11' {eu <strong>du</strong> rasoir -, le second j>- • enlailll'<strong>du</strong> rasoir -.4. Lisez .1li.. La leçon de l'édilion est celle <strong>du</strong> manuscrit A, mais c'estune faule cerlalne.ARCH. ~IAnOC,1H(


ARClIIVES lIIAROCAINESEt rappelez-vous le champ oit tombèrent Bosain et Zaid " etla victime tombée <strong>du</strong> côté de Mihrâs 2 ; et celui qui fut assassinéà l;Iarrân 3, ct qui désormais habile entre l'exil et l'oubli 4 1Alors l'un d'eux, se tournant vers son voisin, dit: c( Cetesclave nous a tués. » Et ~afTâb donna des ordres, et ilsfurent frappés à coups d'épée jUS(fU'à la mort. Puis onétendit les tapis de cuir sur eux, et il s'assit par·dessus;.et il prit son repas, en entendant les gémissements dequelques-unes de ses victimes, jusqu'à ce que la dernièremourût.Et les 'Abhâsides s'engagèrent si loin dans rextel'mi·nation des Oumayyades, qu'ils allèrent même jusqu'àfouiller leurs tombeaux à Damas. Ils fouillèrent ainsi latombe de l\Ioufiwiya, fils d'Aboli Soufyân: et ils n'y trouvèrent(Iu'un peu de matière ressemblant à un filet depoussière; ils fouillèrent aussi la tombe de Yazld, et n'ytrouvèrent que des débris 5 comme de la cendre. Lorsqu:ileut tué les hommes les plus notables des Oumayyades,et confisqué tous leurs biens, il dit:o Banoù Oumayya. je vous ai détruits jusqu'au dernier; ah 1que n'ai-je pas eu à souffl'Ïr de vous au commencement, dans lepassé!Il réjouit mon âme de penser que le feu vous rassemble tous;et vous l'ecevez dans sa flamme la pire des rétributions.Vous avez été mis il l'épreuve (1IIIe Dieu vous tienne rigueul'de votre faule !) par le lion <strong>du</strong> fourré (lui bondit sur ses a~resseurs!1. Voy. plus haut, p. 1113 ; 210 et Sf).2. Il s'agi!. ici de I;lmnza. Voy. plus haut, p, 1Ii7 et note i.3. L'imàm Ibràhim. Voy. plus haut, p. 231..f. Ces ,-er's; qui sonl donnés par In:v AL-.huin, Chranican, V, p. 329, etpm'Ie IWc1b al-aghclnf, IV, 93, sont attribués par le premier de ces auleursil un poète nommé Chihl el par le sccond à Soudaif, dont il a été questionci-.\essu8.5, AMADLE JOURDAIN (op. cil.) a Il'3dnil ~l1z.:,... par « or n : ft lis "·ouvè.l'Cnldans le lomheau de Yazid des parlîons d'ol' ré<strong>du</strong>ites en poussière, n


JJJSTOIllE DES DYNASTIES MUSl"UJA!\ESSi j'ai pu m'irriter qu'un de vous ail échappé, je nI' d('mtmdeplus maintenant de VOliS une satisfaction plus complète que celleque mon Seigneur demande f.Ensuite, il ne se passa guère longtemps que $affab.mourait il Anbâr l'an 136.DE L'ÉTAT DU VIZIRAT sous LE RÈGNE DE ~AFFÂ~Il est indispensable, avant d'entrer dans le sujet, de direquelqües mots de préambule sur cette institution. Je disdonc que le vizir est un intermédiaire entre le prince et sessujets; il faut, par conséquent, qu'il y ait dans sa natUJ'eune moitié capable de s'accorder avec le tempérament ù'unmonarque, et l'autre, avec Je tempérament de la foule,pour traiter chacun de ces deux partis a'-ec des procédésqui lui attirent le bon accueil, l'aO'ection et la confiance;et son capital, c'est la droiture. On dit en proverùe :« Quand le mandataire trompe, le plallpùiclite. » Et nussi:« Celui à qui l'on fait un rapport mensonger, ne sauraitprendre de sage décision. li La capacité et la fermetédoivent être au nombre de ses principales qualités; l'intelligence,la vigilance, la finesse, la résolution sont aunombre de ses qualités indispensables, et il ne sera pasdispensé d'être somptueusement généreux et hospitalier,pour que les sujets <strong>du</strong> prince aient pour lui de l'inclination,et pour qu'il lui soit ren<strong>du</strong> grâces pal' toutes lesbouches; et. la bienveillance, la longanimité, l'attentionréfléchie dans les affaires, la douceur, la dignité, ln fel'­meté et l'exécution des ordres qu'il donne sont les qualitésdont il a absolument besoin.Lorsque Nâl?ir prit comme vizir i\Iou3JJad ad-Din2051. Ces quatre vers sont lIonn(\,; (\galement, sans variantes importantes,p:II' (nN AL-ATH!n, Chronicon, V, 3:l1).


2UAnCHIVES MAROCAINESMoubammad l, fils de Barz, de Qoum, il le revêtit desinsignes <strong>du</strong> vizirat. Puis, le Qoumite siégea solennellementen qualité de vizir, devant tout le peuple rassemblé.Et ilémana de Sa Majesté le khalife 2 une charte minuscule,grande comme le petit doigt; écrite de la main de Nâ~ir.Elle fut alors lue à la foule, et voici ce qu'elle contenait:« Au nom d'AllAh le Clément, le Miséricordieux! Moul,la1I1mad,fils de Barz, de Qoum, est notre lieutenant ence qui concerne le pays et nos sujets. Celui qui lui obéit,nous obéit, et qui nous obéit, o'béit à Allâh, et qui obéit à:\lh\h, Allâh le fera entrer dans le paradis; et celui 'luilui désobéit nous désobéit, et qui nous désohéit, désobéità AllAh, et qui désobéit à Allâh, Allâh le fera entrerdans le feu. » Ce rescrit accrut le prestige <strong>du</strong> Qoummiteaux. yeux de la foule; par lui son autorité grandit, et lerespect <strong>du</strong> vizir monta dans les cœurs.:W6 Les bases <strong>du</strong> vizirat ne furent établies, et ses règles nefurent fixées


mSTOIRE DES D\'NASTlES 1IIUSUUJANI:.S 245a recours. Et de quelque façon que l'on retour'ne la racineouazara, on trouve qu'elle indique soit l'idée de refuge,soit celle de charge 1.Le premier vizir qui occupa les véritables fonctions devizir auprès <strong>du</strong> premier khalife 'ahhâside est I;Iafs, fils deSoulaimân Aboli Salama al-Khallâl (le Vinaigrier). Il étaitun affranchi des Banoû Hârith, fils de Ka'h. On donne troisexplications de son surnom d'al-Khallât (le Vinaigrier).La première est que sa résidence à KoMa avoisinait lequartier des marchands de vinaigre, qu'il fréquentait;ainsi son surnom fut tiré de leur profession, commeal-Gazzâli 'l (le Fileur) reçut son nom des fileurs (al-gazzâ~ 207Hn), qu'il Jréquentait beaucoup. J'ai vu, pourtant, à cettedénomination d'al-GazzâU, une explication différente.On dit, en effet, qu'il aimait taire l'aumône aux femmespauvres qui se présentaient au marché au fil pour "endreleur fil, et vo)'ant leur dénùment, leur pauvreté et lamodicité de leurs gains, il prenait compassion d'elle~,leur faisait de grandes aumônes, et engageait les autresà leur donner: de là son surnom, La seconde explicationde ce nom d'al-KhaUâl est celle-ci : il aurait eu des bou·tiques où l'on fahriquait le vinaigre, d'où viendrait son surnom.D'après la troisième explication ce serait un relatiftiré des khilal de!,! épées - c'est~à-dire les fourreaux.AboLÎ Salama était un des plus riches personnages deKoMa, et il faisait de grandes dépenses en faveur des1. Celte ét,ymologie de vizir est celle-là mt'me que ~ropose Daic;lawl,dans son Commentaire <strong>du</strong> Qoran, dont le passage essenhel a été l'apportépar S, J>E SACY Chrestomathie arabe, Il, 07, note 31, où l'on trouve aussi(p. 58 et suiv.) ~n important extrait de la Description de rÉgyple de MA­QRlzl, sur les fonctions de vizir et leurs vicissitudes sous les Ft1fimideset les Mamtoflks,2. C'est le théologien bien connu (10i>9-1111), sur lequel voy. BnocIŒLMANN,Gesch. der arab. LiIf., f, 419 et suiv. On sait que l'ethnique de ce savantdoit être prononcé plutôt GhazdlT, sans redoublement <strong>du</strong> x, comllle f1isbade Ghazàla, bourg situé près de Toùs. Cf. SOYOÛTI, Loubb at-Loubdb, éd.Weijers, p, 186, et la note de Vetlt.


2!6 , ARCIIIYES l\IAROCAr~EShommes de la propagande 'abbâside; et la cause de sonalliance avec les 'Abbâsides, la voici: il était gendre deBoukair, fils de :\Iahàn l, lequel était secrétaire par-ticulierde l'imâm Ibrâhim. Lorsque Boukair .lut sur le point demourir, il dit à rImâm Ibrâhim: « J'ai un gendre à KoMa,nommé Aboli Salama al-KhaIl:iI; je l'ai établi il ma placepour diriger l'action de votre parti. » Puis il mourut.Alors, Ihràhîm l'Imâm écrivit il Aboli Salama pour luiannoncer ces nouvelles, et en lui donnant des instructionspour les affaires <strong>du</strong> parti. Et :\.boù Salama devint le chefde la propagande 'abbâside, qu'il dirigea avec autorité.Mais, ayant sondé le fond des 'Abbâsides, il résolut dese séparer d'eux et de passer au camp des ',Alides. liécrivit donc aux trois plus grands représentants de celte208 famllle: Dja'far, fils de :\Ioubammada~-$âdiq2,'Abd Allàh,sUl'nommé le Pur, fils de ~Iasan, fils de l;Ias:m, fils d"Ali,fils d'AbOli Tâlib 3, et 'Omar al-Achraf, fils de Zain al­'Abidin~, et il confia les leUres à l'un des afTranchis'tlecette famille, en lui disant:« Va tl-ouver d'abord Dja'far, fils de :\Ioul}ammad a~­$àdiq; s'il accepte, détruis les deux autr-es lettres; sinon,ya trouver 'Abd Alldh le Pur; s'il répond favorablement,détmis la lettre destinée à 'Omar; sinon, va trou"er'Omar_ ilL'envoyé alla donc trouver d'abord Dja'far, fils deMoubammad, et lui remit la lettre d'Aboli Salama. Ilrépondit: « Qu'ai-je à faire avec AbolÎ Salama, ([ui estpar·tisan d'une autre famille que la mienne?)) L'eD\'oyéJ. Ce consph-uleUl' entra au service des 'Abbàs/des en l'annèe 12;; Ilel'Hégire (=.14,2), après la destitution <strong>du</strong> chef de la propagande Djounaid,fils d"Abd ar-RahmAn. cr, Chronicon, V, 93 et passim. Il mourutdeux ans après (127 = 7H) et désigna al-KhallAI au choix de l'ImAmIb,'Ahlm. Ibidem, l'p. 258-2;;9.2, Voy., SUI' ce pCI'sonnage, plus loin la tra<strong>du</strong>ction cOI...espondanle auxpages 222 et suiv. <strong>du</strong> texle arClbe.3. Ibidem, p. 22Q <strong>du</strong> texte al'abe et la note,4. Voy. ci-dessus, p.228.


JJJ5TOIRE DES DYNASTIES IIIUSUDIANES2Hlui dit: « Lis la lettre. » )Iais a~-~âdiq dit à un esclave:« Approche la lampe. ») Quand elle fut approchée, il prit lalettre et la consuma à la flamme. L'envoyé lui dit: « Tu neréponds pas? - Tu as vu ma réponse 1>, dit a!;l-~âdiq.Alors l'envoyé s'en vint trom'er 'Abd Allâh le Pur et luiprésenta sa lettl'e. Il la lut, lui fit bon accueil, et partitaussitôt trouver a~-~âdiq et 'Iui dit : « Voici une lettred'AboÎI Sal;ma. Il m'écrit pour m'offrir le khalifat; et cettelettre m'est apportée par la main d'un de nos pal,tisans<strong>du</strong> Khorâsân. l) Mais a~-~âdiq lui dit: « Depuis quandles gens <strong>du</strong> Khol'llsân sont-ils tes partisans? Leur as-tuenvoyé Aboû l\Iouslim ?En connais-tu un seul de nom ou 209de vue? Et comment seraient-ils tes p3l'tisans, quand tune les connais pas et qu'ils ne te connaissent pas? - Ondirait, riposta 'Abd Allâh, qu'il y a derrière tes parolesune chose que tu ne dis pas. )}A~-~âdiq répondit:« Dieu sait que je me suis imposé de toujours donner lehon conseil à tout 1\1usulman; comment t'en priverais-je?Aussi, ne te laisse pas attirer par des chimères; car cettesouveraineté écherra certainement à ces gens-là1; et j'avaisreçu avant toi une lettre pareille à la tienne. )}. 'Abd AUdh sortit de chel. lui, mécontent.Quant à 'Omar, fils de Zain al-'Âbidin, il repoussa lalettre en disant : « Je ne connais pas son auteur pouravoir à lui répondre. IIAboli Salama échoua dans son projet; le parti 'abbâsidefit son œuvre, et ~affâb fut nommé khalife. Cette histoirelui fut rapportée par une bouche malveillante; le khalifeen conçut une vive rancune contre AbolÎ Salama, et HIefit mettre à mort.J. Les 'Abbâsides.


248 ARGJlJVES MAROCAINESQUELQUES MOTS SUR SA VIE ET SUR SON MEURTREAboli Salama était un homme bienveillant, genereux,très hospitalier, très libéral, très amateur d'élégance enarmes et en chevaux, beau pal-leur, connaissant bien lesanecdotes, les poésies, la biographie, la controverse etl'explication <strong>du</strong> Qoran; toujours prêt à la réplique, grandseigneur, et d'un noble caractère qui frappait ceux quil'approchaient. Lorsque $affâl}. fut reconnu khalife, il leprit comme vizir, lui confia les affaires et lui remit ladirection des administrations; il fut surnommé le Vizir dela famille de Mou!wmmad; mais $affâl}. méditait déjà saperte.$afTâl}. eut peur, en tuant lui-même son Yizir AboûSalama, d'éveiller les soupçons d'AboÎl Mouslim et de levoir se hérisser de colère comme une panthère; auÎ;siil usa de finesse et écrivit à AbotÎ l\fouslim une lettre tpour lui apprendre le projet qu'avait formé contre lui sonvizir, de transporter le pouvoir en dehors de leur famille;210 il ajoutait: « Je lui pardonne son crime par considérationpour toi. » Mais ce qui se dégageait de cette lettre,c'est que la nécessité s'imposait de trouver ,juste l'exécution<strong>du</strong> vizir. Il envoya la lettre par son frère Man~oIÎr;et dès qu'Abot'! Mouslim eut achevé de la lire, il comprit·le désir de $affâl); il envoya alors une troupe d'hommes<strong>du</strong> Khoràsân, qui tuèrent Aboû Salama.1. D'nprès MAS'O~DI (Prairies d'or, VI, 134), c'est au contrllÎl'e Abolil\Iouslim qui écrivit au khalife pour lui conseiller de se débat'I'asserd'Aboù 5alama, en lui dévoilant ses . crimes et en justifiant sa mise àmOl't, Mais IBN AL-ATHln (Chronicon, VI, 394) confil'me le récit d'Ihn a~­TilJ~aqil et explique la contradiction apparente entre notre auteur etMas'oùdi en nous apprenant qu'il y eut deux lettres échangées, lapremière adressée par le khalife il Aboù Mouslim, la seconde étant unert'lponse de celui-ci approuvant les projets <strong>du</strong> khalife,


Alors le poète dit:HISTOIRE DES ()YNASTIES MUSULMANESLe vizir, le millisire de la famille de llfoubammad a péri.Que quiconque te déteste soit vizir t ?Le salut commence à luire, et souvent on devrait se ré-jouirde ce qui inspire de la répugnance'.Fin <strong>du</strong> vizirat d'Abol1 Sa/ama.249On n'est pas d'accord sur son successeur auprès de~affâb. On dit que ce fut AbolÎ-I·Djahm 3, d'autres 'Ahd ar­Rabmân. Pour Ahoti-I-Djahm, il fut vizir de ~alTâ~l un cetain temps; et lorsque le khalifat échut à Man!?ol'tr, lenouveau khalife, qui avait beaucoup de choses contre lui,lui servit de la pâte d'amandes empoisonnée. Quand ils'aperçut qu'il avait pris <strong>du</strong> poison, il se leva pour s'en~Iler. Cl Où vas-tu? lui dit Man!?oùr. - Où tu m'as envoyé,Emir des Croyants, » dit al.Djahm.Sotîli 4, prétend que $alTâb eut comme vizir, après AholiSalama, Khâlid, fils de Barmak.1. Ce distique appelle plusieurs observations. Tout d'abord, j'ai tra<strong>du</strong>itla fin <strong>du</strong> premier vers avec un sens optatif, en m'écartant sur ce pointde l'éminerit tra<strong>du</strong>cteur des Prairies d'or (VI, J3li): « Et tu fais ton vizirlie celui qui te ban! » D'autre part, le deuxième vers donné par l'Milionet tra<strong>du</strong>it ci-dessus, n'appartient pas au manuscrit; mais il fut ajoutépar une main étrangère, qui n'est pas celle <strong>du</strong> copiste, ni celle de rauteur.La compal'Ilison des écritures suffirait à le démontrer, si rODn'avait en plus le témoignage d'IBN AL-ATH/n, op, cil., VI, 345, que notreauteur a copié dans ce passage et qui ne donne que le premier vers.2. L'auteur de ces deux vel'S, d'après une note marginale <strong>du</strong> manuscrit·A (folio IH !Jerso) et d'après JaN AL-ATHi", op. cil., VI, 33(i, senomme Soulaimân, fils d'al-lIfouhâdjir al.Badjalf, sur lequel voy. DE HAM-MER-PURGSTALL, Lillerafurgcschichie der Araber, IV, 838. ,8. C'était l'un des principaux conjurés <strong>du</strong> Khorâsân, un des lieutenantsd'Aboù 8alama. Cf. ADOÛ-L-~A"lsIN, An-noudjor1m az-z(1hira, l, 355;MAs'oGnl, Prairies d'or, VI, 97; [Wüb al-aghdnr, IX, 25, 124; XIII,23IBN AL-ATHI", Chrofiicon, V, 313-314.4. AboQ Bakr Moub-ammad, fils de Ya~yâ 3l;l-$oùll, était à la fois histo-2 0


ÀnClIIvES MAROCAINESIIlSTOIRE DU VIZIRAT DE KHiLID, AVEC QUELQUESMOTS SUR SA YIECe Khâlid est l'aïeul des Barmékides ; et en ce temps-211 là il faut trouver l'origine de la lignée barmékide, quiprit l'expansion que l'on sait jusqu'à sa fin, sous le règnede Rachid. H:hâlid était un des hommes les plus marfluantsde la dynastie 'abbâside. C'était un homme éminent, considérable,généreux, ferme, vigilant. ~affâl.lle prit commevizir, et il ne lui pesa pas. Il portait le titre de vizir.On dit aussi pourtant que tous ceux qui furent chargés<strong>du</strong> vizirat après Aboù Salama évitèrent le titre de vizir,car c'était un mot de mauvais augure depuis l'histoired'Aboû Salama, et à cause de ce vers <strong>du</strong> poète:Ton vizir, le vizir de la famille de l\buhammad a péri. Quequiconque te déteste soit vizir 1 1 " i .Ainsi Khâlid 2, fiis de Barmak, remplissait l'office devizir,sans en pOl'ter le titre.rien, poète, littérateur. Un de ses arrière-grands-pères étaU, dit-on,'JIl'ince de Djourdj-"n. Il avait Jui-même une grande habileté ail jeu deséchecs, ce qui faisait rechercher sa société par les khalifes, notammentMouqtafi et Mouqtadir., 1\ composa plusieurs ouvrages sur leskhalifes 'abbàsides, sur leurs vizirs, sur les poètes,etc. Il ne nous est par,'enu qu'une petite partie de son œuvre. Il mourut en 335 (= 9461. Voy. labibliographie dans BROCIŒLMA:"lN, Gesch. der arab. Lill., l, U3. Sa biographieest donnée par DZAII.\Bi, Ta',-t/rh al-isMm, manuscrit ::Jl'3be de Paris,n" 158t, fo 177 vo. Cet auteur dit au cours de l'ouvl'::Jge (fo 162 vol que.sotili mourut en 336, mais il pl::Jce sa biog'-aphie dans la l'ection ni~crologÏfluede J'année 335. Cf. ION KHALLIKÂ:'1, Wafa!/dl, noUce mm. - L'ouvrngede $oùli, cité génér::J\ement par Ibn a!-Tiq!aqà, est celui que J'auleurcomposa sur les vizirs. On verra plus loin (p~ 39(\ <strong>du</strong> lexie ::JI-abe) qu'àpnrlir <strong>du</strong> momenl où il quille son guide, Ibn a!-Tiq!aqil., jusqu'alors siprolixe sur J'histoire des vizirs, ne donne plus (lue bien peu de rensei~nemenlssur ces fonctionnaires.1. Voyez plus haul, p. 2.I9.2. Une inlé,-essante notice sur KhMid le Barmékille est llonnée parI\nALÎL 10:'1 AIOAK A!i-$AFAol, Al n'dft bil-wafaydl, manuscrit de Pari!',n° 20H·I, fo t, vo.


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 2iHKhâlid jouissait d'une grande considération auprès deskhalifes. On rapporte que $affâl} lui dit un jour: «Khâlid,tu n'as été satisfait que lorsque tu as fait de moi ton serviteur?" Khâlid trembla, et dit: « Prince des Croyants,comment cela, moi qui suis ton serviteur et ton esclave! »Le khalife sourit, et dit: « Ma fille Raila t s'endort avec latienne; je surviens au milieu de la nuit, et je les trouvetoutes deux, et leur couverture 2 a gliss,é fI côté d'elles.Alors moi je rai remise sur elles. )) Khâlid baisa sa mainet dit :« C'est l'histoire d'un maître à qui son serviteur~t sa sèl'vante doivent une récompense! "Il Yavait foule d'al'rivants à la porte Je Khâlid, fi/sde Barmak;les poètes "enaient chanter son éloge, chacun avec lapensée de "ecevoir sa récompense; et ceux qui accouraientainsi auprès des puissants s'appelaient auparavant sou'âl,c'est-à-dire quémandeurs; mais Khâlid dit: (


ARCIlIVEi MAROCAINE!!Cosroës etd'employer à Baghdâdz ses matériaux. Le khalifedemanda là-dessus l'avis de Khâlid, fils de Barmak, quilui répondit: « Ne fais pas cela, Émir des Croyants;ce palais est l'emblème de l'Islâm; quand les gensl'aperçoivent, ils voient qu'une pareille construction nepeut être détruite que par une cause surnaturelle, et c'esten même temps l'oratoire d"All, fils d'Aboù Tâlib. Et ladépense de la démolition dépassera le profit qu'on entirera. » Mais Man~otîr répondit: « Tu veux, Khâlid, restertoujours Persan t. Il Puis Man~oûr donna l'ordre dedémolir; on n'en fit tomber qu'un morceau de pan, et ladépense dépassa ce que l'on en tira. Man~olÎr arrêta alorsla démolition, et dit: (1 Khâlid, nous nous sommes ren<strong>du</strong>sà ton avis, et nous abandonnons la démolition <strong>du</strong> Palais.- Émir des Croyants, répondit le vizir, je te donne à présentle conseil, moi, de le détruire, pour que les gensn'aillent pas dire que tu as été incapable de détruire ceque d'autres avaient édifié 2.)) Mais le khalife épargna'lePalais, et arrêta là la démolition.Certain poète écrivitces vers pour KhâIid, fils de Barmak,le jour de Naurotîz 3, alors que l'on faisait à Khâlid des ca·213 deaux, parmilesquels figuraient des coupescl'argentetcl'or:Je voudrais savoir si vous ne nous réservez pas quelqueaubaine, ô pl'ésents <strong>du</strong> vizir, le jour de NauroOz 1Cela ne compte guilre aux yeux de Khâlid, fils de Barmak, auchapitre des générosités, qu'un cadeau dont il fait cadeau ~ 1I. Les Barmékides ont été souvent accusés d'étre restés Persans decœur el de favÎ>l'Ïser secrèlemenl la religion des mages.2. C'est le !'tlcit donné par los AL~ATlltn, Chronicon, V, 438.3. C'est, comme on sait, le premier jour de l'année chez les Persans,et qui correspond à l'équinoxe <strong>du</strong> printemps. Les Musulmans adoplèrentcelle dale pOUl' le paiement de l'Impôt kharddj. Cf. MAs'oûot, Prairiesd'or, Il, 112; 111, "04, U3, 417. Sur la fixation de celle date 80U8 Moulawakkif,voy, Aooù HILA.L AL-AsKAnl, Kifdb al-all'd'il, manuscrit arabe deParis, n' 5986, folio 138 et Blliv. dont le récit confirme celui de BalAdzourl..J. lIépélition Imitée de J'amhe ~ .J!f.


HISTOIRE DES DYNASTIE'; 1tIVSUUIANES 253Que n'ai-je une coupe d'argent de tous ces présents, en dehorsde ce que le vizir voudra bien me donner lui-même 1Je la convoite pour le miel à y mélanger avec de l'eau (hydro.mel) et pas pour le pissat d'une vieille femme rAlors le vizir lui accorda tout ce qui était exposédevant lui, de vases d'argent et d'or, et tout cela atteignitune somme considérable.Lorsque Man~Olîr prit possession <strong>du</strong> khalifat, il lemaintint au vizirat; il le comblait d'honnenrs et recouraitil ses avis.Fin de l'administration des vizirs de Saffdl}, el en m~metemps fin de son règne.Il. - RÈGNE DE MAN$ÔUR (136 75lt-158 775).Son frère Aboû Dja'far Manfiloûr lui succéda. On luiprêta le serment de fidélité l'an 136 (= 754 de J.-C.)~ Disonsquelque chose de sa vie, et des événements et desbatailles qui arrivèrent sous son règne.Man~oûr fut, parmi les monarques, un des plusgrands, des plus fermes. des plus intelligents, des pluséclairés, des plusavisés et des mieuxinspirés. Il étaitgrave,plein de dignité, d'un bon caractère dans l'intimité, unhomme qui sait supporter très loin la plaisanterie et lebadinage t. Mais dès qu'il avait revétu ses vêtements 21ltroyaux, pour se rendre à l'assemblée publique, il chan-1. Le sens de ceUe phrase etU été un peu douteux sans Je récit d'IBNAL-ATH/R (Chronicon, VI, 14) où notre auteur a puisé ses renseignements.IBN AL-ATHiR dit que Man~oûr supportait avec beaucoup de patience lejeu deI! enfants, leurs gamineries.2 0 •


ARCHIVES l'of,\f\OCAINESgeait de visage, prenait un air redoutable 1, et c'était unhomme tout différent. Il dit, un jour, à ses fils: (1 Meschers fils, quand vous me verrez revêtir les vêtementsroyaux pour me rendre à la cour, que personne ne m'approche,on s'exposerait à recevoir de ma part quelque confusion.On raconte que l\fan~olÎr portait des vêtementsgrossiers, et il arrivait, dit-on, que sa tunique était quelquefoisrapiécée. Ce fut rapporté à Dja 'far 2, fils de Mou·llammad a~'$àdiq (que le salut soit sur lui !), et il s'écria:« Louange à Allâh, qui l'a fait pauvre au milieu de sonempire! ») On raconte aussi qu'on ne voyait pas dans lepalais de Man!]oùr de divertissement, ni de jeux, ni quoique ce fût qui y ressemblât. .Un de ses affranchis a raconté cette anecdote: Il J'étaisune fois debout à côté de lui, quand il entendit fairebeaucoup de bruit. Il me dit: (( Va voir quel est cebruit. )) J'allai voir, et c'était un de ses esclaves qui jouaitde la guitare au milieu d'une troupe de servant,S's q~iriaient en le voya.nt. J'allai, continue l'affranchi, raconterau khalife ce que j'avais vu. Il entra alors en fureur etme dit: f( Et qu'est-ce que c'est qu'une guitare? :1 Je luidécrivis alors la chose : « Et wi, me dit-il, qui t'a :tpprisce que c'est qu'une guitilre?,)) Je lui répondis:Émir des Croyants, j'~i vu cela en Khorâsân. )) AlorsMan~otîr se leva, se dirigea vers l'esclave; à la vue <strong>du</strong>khalife, les servantes se dispersèrent. Il ordonna de frapperla tête de l'esclave avec la guitare jusqu'à ce que la gui.tare fût brisée; puis il le fit sortir <strong>du</strong> palais et le vendit 3. »Man~oûr avait le plus vif amour pour son fils Mahdi.Chaque fois qu'il imposait à quelqu'un une amende, ouqu'il confisquait les biens de quelqu'un, il plaçait 'la1. Littéralement: Ses yeux devenaient rouges.2. Voyez plus haut, p. 229 el note 1.3. Ce récit me semble emprunté à InN AL-ATHIR, Chronicon, VI, 14 et.sq.


HISTOIRE DES DYNASTIES 1IIUSULlIJANESsomme dans le trésor royal: à part, en inscrivant dessusle nom de son ancien possesseur. Et quand il vit venir lamort, il dit à son ms Mahdi: Il Mon fils, j'ai mis de côtéséparément chaque somme que j'ai prise de mes sujets enamende, ou en confiscation, et j'ai inscrit sur chacune lenom de son maÎtl·e. Et quand ce sera ton tour d'ètreaupouvoir, rends-la à son possesseur, pour que tes sujetste bénissent et t'aiment.•1Yazid', fils d''Omar, fils d'Houbaira dit: Il Je n'ai pas vud'homme, dans la guerre comme dans la paix, plus habile,plus rusé, ni plus en éveil que Man~oùr. Ainsi, il medonna le siège neuf mois <strong>du</strong>rant, alors que j'avais avecmoi les meilleurs cavalieP!3 des Arabes; et nous fîmes tQUSles efforts possibles pour remportertIuelque avantage surses soldats; mais nous n'y parvinmes pas, à cause del'étroite cohésion qu'il avait donnée à son armée, et de sasurveillance toujours éveillée. Il me donna le siège, alorsque je n'avais pas sur là têle un cheveu blanc, et quandl'affaire se termina,je n'avais plus sur la tête un cheveunoir 2. »Sache que .Man~oûr est celui qui affermit les basesde la dynastie, qui organisa l'empire, mit en ordre lesprincipes, releva le prestige royal et inaugura bien deschoses.Parmi le nombre des choses qu'on lui doit, est le chevalde réserve; les princes avant lui ne le connaissaientpas. La raison de cette nouveauté sera racontée plusloin. On lui doit encore l'invention <strong>du</strong> ventilateur en ca-2tl)l. ·Ce Yazld, originaire lie la tribu de Fazâra, était gouverneur de l"lrllqpour l\Jarwiln Il, le dernier kh alire des Ouma)'Yades. JI eut à soutenir lechoc des 'Abbâsilles, qui enlevèrent enfin le pouvoir à la dYD3stierégnante. Cf. lCildb al-aghdnt, Index, p. 713 ; l\fAs'oûlli, Prairie$ d'or, VI,65,66; 169..Voy. une intéressante biographie de ce personnage dans IBNKnALLIK'\.N, lVafaydt, éd. Wüslenfeld, notice 828; IBN AL-ATn/n, Chronicon,VI, 20 et Intlex, p. 61;9.2. Ce récit est emprunté à IBN AL-ATllin, Chronicon, VI, 20.


266 ARCIIIVES MAnOCAI~ES216nevas 1 pour l'été; on ne connaissait pas cela avant lui;les Cosroës faisaient élever, chaque jour de l'été, une demeureen argile qu'ils habitaient une journée, et en faisaientédifier une autre pour le lendemain.Manr;;oôr était avaricieux, et son avarice était proverbiale.D'autres disent qu'il était généreux, et que,quand il fit le pèlerinage, il prodigua ses libéralités aupeuple <strong>du</strong> Uidjâz, tellement qu'on y appela cette année« l'année d'abondance ». La vérité est qu'il était unhomme ferme, qui donnait quand il y avait lieu de donner,et refusait quand il fallait refuser; mais que le fait derefuser lui était plus coutumier.Sous le règne de ce prince, il se pro<strong>du</strong>isit quelque chosede tout à fait curieux. Il s'agit d'une secte parmi leshabitants <strong>du</strong> Khorâsân, qu'on appelait les Rdwandites ~,qui croyait à la méte~psycose. Ces gens prétendaient quel'âme d'Adam était passée dans un leP, un de leurs chefs,que leur dieu, celui qui ·leur octroyait le manger et. leboire, c'était [le khalife] Man~ot1r. Ils soutenaient aussique [l'archange] Gabriel c'était un lei 4, c'est-à-dire unautre de leurs chefs. Quand cette secte apparut, cesadeptes vinrent jusqu'au palais de Manliloûr, autour <strong>du</strong>quelils firent des tournées processionnelles, en disant:1. Voy. sur la description <strong>du</strong> ~ l'article de Don, Supp., l, .17, Il. v.2. Sur cette secte, voy. notamment MAS'OODt, Pra;r;ell d'or, VI, 26, M,li8; IBN AL-ATH ln, Chron;con, 383-886.3. 'OthmAn, flls de NahAk, d'après IBN AL-ATHln, loc. cil. Cet 'OthmAnétait chef de la garde de Man~otlr el reçut de ce prince l'ordre de tuerAboO Mouslim, au meurtre <strong>du</strong>quel il participa effectivement. Voy. lerécit de cet événement dans MAS'OOD', Prairiell d'or, VI, 181-183; IBN AL­ATHln, Chronicon, V, 363-36•••• Haitbêm. flls de Mou'Awiya al-'Atkt, d'après IBN AL-ATldn, loc. cil.HalthAm, un des partisans·'llbbAsldes <strong>du</strong> KhorAsAn, Cut, en récompense de8e~ flervices, nommé par Man~otlr gouverneur de la Mecque et <strong>du</strong> TA'if.en l'année Hl. Cf. IBN AL-ATH'n, op. cil., V, p. 387. Il fut d'ailleurs des·titué deux ans plus tard, en U8 de l'Hégire. Ibidem, p. 889. Il fut ensuitenommé gouverneur de Ba~ra en 166 et mourut l'annèe SU\VllDte, 156, àBaghdAdz. Ibidem, VI, 2, 4, 6. Voy. une anecdote sur ce gouverneur dansKifdb al-aghdnt, III, l'il.


HlSTOUlE DES DYNASTIES MUSUUIANES 257« Voici le palais de· notre dieu. Il ~fan~olir fit arrêterleurs chefs et en mit deux cents en prison. Mais ceux quiétaient restés lihres entrèrent en colère et, s'étant groupés,ils ouvrirent [les portes] des prisons et élargirent leurscompagnons. Ils se dirigèrent ensuite vers Man!?olÎr etlui li'VTèrent un combat. Le khlilife sortit contre eux àpied, car, en ce moment-là, il n'avait pas de monture[attachéeJà sa porte.Depuis ce jour, on prit l'habitude d'attacher une Inontureà la porte <strong>du</strong> palais, où elle restnit constammentprête 1. Cela devint une règle traditionnelle pour les kha-. lifes et les rois qui vinrent après lui. Donc, Man~oÎlrétant sorti, on lui aniena Une monture qu'ilenfourchn, poursuivanttoujours les reheIJes jusqu'à ce qu'ils l'entourèrenten très grand nomhre et faillirent le tuer. C'est alors queMa'n 2, fils de Zâ'ida, qui vivait caché:) de ·peur de Manf?oÎlr,vint avec un voila sur le visage et, se plaçant devantle khalife qui ne le reconnaissait pas, comhattit devant luiavec acharnement et fit preuve d'Un grand courilge 4.Man~olîr était monté sur une mule, dont le licou était 247tenu par son chamhellan Rabi', mais:\Ia'n nccourut et,s'adressantà ce dernier, lui dit :« Ote-toi de là, car, en ce moment,je mérite plus que toi de tenir ce licou. - Il a ditvrai, r~pondit Man~oûr, remets-lui le licou. » Ma'n ne1. Littéralement: debout.2. Ma 'n, qui élait devenu sous M3n~oùr gOUVtlfneur <strong>du</strong> Khoràsân, 3laissé la réputation d'un homme d'une générosité inépuisable. Les poèteschantèrent ses louanges et composèrent, à sa mOI't, de belles élégies. JIfut assassiné par les [(ht1rédjifes en l'année 151 ou 152 ou M3 (= 768 ou769 ou 770), dans la province <strong>du</strong> Sidjistân dont il était le gouverneur. Cf.IBN KkALLlKAN, Wa(agdl, éd. Wiislenfeld, nolicei42; Hi/db al-agMnt,Index, p. 6(2; MAS'OUDi, Prairies d'or, VI, 168-170 et Index, p. 18!. Cf.SACY, Chrestom. arabe, 1, 146.S. Il s'était, en effet, attiré la colère de Man~oùr en prenant fait etcause pour Ya7.id, fils de 'Omar, flls d'Houbail'!I, !lui était. gouverneurdes deux 'IrAq pour Mar",:'n II, le dernier des Oumll)'yades. Cf. ION KIIAL­L1K1N, loc. cil. et ci-dessus, p. 255 et note 1.4. Ces trois derniers mols sont empl'untés au (loran, Vnl, 17.AnCIf. ~lAnoc. 17


ARGIIIVES :lIAROCAINEScessa pas de comhattre jusqu'à ce que la situation se fLÎtéclaircie et que les Rdwalldiles fussent vaincus. I( Quics-tu? lui demanda alors Man~ofJr. - Émir des Croyants;répondit-il, je suis celui que tu recherches l, Ma'n, fils deZâ'ida. - Allâh, reprit le khalife, t'a maintenant accordéla sé.curité pour ta personne, ta famille et tes hiens. Unhomme tel que toi Yaut qu'on se l'attache par des bienfails'.)l Il le comhla de faveurs et l'investit <strong>du</strong> gouvernement<strong>du</strong> Yémen ~.C'est ce khalife


II/STOlaE DES DYNASTIES lIJUSULl\IA:'lES 259ensuite une commission composée de savants intelliO"ents" 0et avel,tis, et leur ordonna de lui tl'ouver un emplacementfpour y bâtir une ville J. Ces savants lui choisit'entl'emplacementoù il fonda sa ville, qui s'appelle Madlnal-al­.lJfall~Ollr (la Ville de l\lanf;lolÎr), et qui est situëe sur larive occidentale [<strong>du</strong> TigreJ, près de la chapelle SépulcraledeMOllsd t et d'al"Djawdd 2 (sur eux soit le salut !).Alors, Manf;lotir se transporta sur les lieux, qu'il examinade nuit et de jour. Cet emplacement l'ayant satisfait, il rbâtit la ville.Parmi les choses curieuses qui advinrent dans cetteoccurrence est la suivante. Un des moines <strong>du</strong> monastère,connu actuellement sous le nom de Dair ar-ROIlm 218lon de Nahrawdn, est écrit par certains auleur;; Djardjard tout COUl't;mai!! il ne semble pas que ce soit là la bonnelef.:on. Cf. la note deWeijers dans Soyofql, Loubb al-loubdb, p. ';2; SACY, Chrelllom. arabe, l,327.}-2. Dans la citation que S. DE SACY (Chrest. arabe, l, 68) 3 faite de cepass3ge, cet illustre savanl a pris les deux personnes pour une seule, enconsidérant le deuxième nom (al-Djal/'11d) comme une épilhète appliquéeau premier. La vérité est qu'il s'agit de deux personnnges distincls, deuxim(1ms de la maison d'tAn. Le pl'emicl' e8t celui qui est connu SOul; lenom de Mot1sl1 al-l{(f;im fils de Dja'far at'-$Ildiq, et qui fut tué en Iwisonpar I1àroûn ar-Rachid, en l'année 183 (= 799) ou 186 (= 8(2). ,"or. plusloin la tra<strong>du</strong>ction correspondante il la p. 2';8 <strong>du</strong> lexte arabe: d'apl'èsInN KJlALLlIiÂN,. flui donne la biographie tle cel imilm (lra(aytU, éd.Wüslenfeld, notice 756), le motif qui poussa le khalife IIAroùn â tuerMoûsâ est dil II la jalousie. Cet auteu.' raconle qu~ lIàroûn a~'ant faitle voyage !J Médine pour visiler la tombe <strong>du</strong> Prophète, le salua il sonarrivée devant fll'ltombe en disant: " Salul sur loi, mon cousin." Il voulailainsi tirer vanité de sa pl'oche parenl.é avec Mahomet. l\Inis \"imàmMoilslt, qui açcompagnait Hâroùn <strong>du</strong>rant celle visile, ne put se contenir,et, s'opprochl1nt il son tour de la tombe <strong>du</strong> Pr?phète, son aleulmaternel, Il dit: "Salul sur loi, grand-père II. Le khalife en conçut unvif ressentiment et, à son l'etoUl', il fit jeter IIloùsà dans la pl"Ïson où ilmourut.Le" 2' imAm, :'!urnommé al-Djall't1d (le gênvreux), s'appelni! l\Iou1)ammad.Il était le peUt-JIIs <strong>du</strong> précédcnt. Né en 195 (= 810), il se mal"Îa pluslard avec la JIIle de M:l'moilJl. alol's prince hé"ilier, et mOOl'ul en 21!' ou220 (= 834 ou 83ii, à D!Jghd:it!z. sous le l'l-gn~ de, iI!ou'ta~!m. 1.1 fuienterré auprès de son grand-pcl'c, .J/oilsll, dont II n de question ci-dessu;:.ainsi qlle le dit dans sa biographie 18:'1 l"IALLlli;\:I", Wa{aydl,M. Wiisl.enl'elll, nolice 672. cr. IIIAS'oi"ol, Prairies d'or, YI, 309 el sq ; elMAQRlzl. lili'll; al-~Iunafd. éd. lIugo Bunz (19W), p. 6.


260 ARcmVES IIIAROCAINES(monastère des Roûm), demanda à un des hommes de~ Man~oùr quelle était la personne qui voulait Mtir uneville dans cet endroit. « C'est, lui répondit-il, l'Émirdes Croyants Man!;loCtr, le khalife de la nation. - Quelest son nom? demanda le moine. - 'Abd Allah, réponditl'autre. - N'a-t-il pas d'autre nom? demanda le moine.- Mon Dieu, non, dit l'homme, si ce n'est que son surnompatronymique t (/wunya) est Abod Dja'far el son1. Le surnom patronymique ou Icounya esl une appella\.ion respectueuseconsistant dans un nom propre, précédé <strong>du</strong> mot ~ , abiJd (pèrede...) pour les hommes et de il oumm (mère de.•.) pour les femmes. Cenom propre est le plus souvent celui <strong>du</strong> nts ou de la fille de ln personnei. qui appartient le surnom patronymique. Toulefois - el c'est le plusimpol'tant - il n'est pas nécessnire que celle personne ail un fils ou unefille. Un célibatnÏl'e, un enfant, ou toute autre pel'sonne sans enfanls peutavoir un surnom patronymique. Dans ce cas, il y a une espèce de corrélationétroite entre le nom de la personne et celui <strong>du</strong> ms qu'on lui suppose.A tel nom s'applique généralement telle kounya, encore que lapersonne n'ait jamais eu d'enfnnt de ce nom. Ainsi un homme qui s'appelleraitA~mad aurail généralement comme surnom palronymÏ


HISTOIRE DES DYNASTIES IIIUSULIIIANES 261surnom honorifique f (laqab) l\Ian~otîr (le Victorieux) 2,-- Eh bien, reprit le moine, va le trouver et dis·lui dene pas se donner la peine de hâtir cette ville, car noustrouvons dans nos livres qu'un homme <strong>du</strong> nom de MifJhî~bâtira ici une ville qui jouera un grand rôle, mais quetout autre que lui n'y parviendra pas, »L'homme alla trouver Man~oûr et le mit au courantde. ce que venait de dire le moine. Le khalife descenditalors de sa monture et se prosterna longuement, Puis ildit: « Vrai Dieu, je m'appelais bien autrefois Miqltl~3. Jefus connu, en effet, sous ce sobriquet qui tomba ensuite endésuétude. Il me fut donné dans les circonstances suivantes:il y avait, quand j'étais enfant, un voleur nomméMiqh\~, d'une renommée proverbiale, D'autre part, nousavions une vieille qui était ma gouvernante. Or, il arrivaque mes camarades de l'école vinrent un jour me trouveret me dire : «Aujourd'hui, nous sommes tes hôtes, )) Orje n'avais rien que je pusse dépenser pour eux, et commela vieille avait <strong>du</strong> coton filé, je le pris, le vendis moyennantl'argent que je dépensai pour mes camarades, Lorsquela vieille sut que je lui avais volé son coton filé, elleill'appela Miqltl~. Ce sobriquet devint le nom sous lequelje fus surtout connu, puis disparut, Maintenant, je sais quec'est moi qui construirai cette ville. "Un s:igeparmi les chrétiens attira l'attention <strong>du</strong> khalifesur l'excellence de l'emplacem~nt de Baghdâdz en luiJ, Comme son nom l'indique, le laqab est un surnom honorifique tel que,Djamdl ad·dln ('al~eauté de la ,'eligionl ou Yamtn ad-Daula (Je bras droittle l'Empire), etc. C'est par une espèce d'abus qu'on n nommé laqab dessobriquets injurieux. J'ai remarqut que le laqab non plus n'esl pas choisiarbitrairement et qu'il y a une corrélation entre lui et le nom. La questionest un peu trop longue pour (ltre exposée dan!! une note et je la"éserve pour une étude spéciale.li. Littéralement: celui qui est ren<strong>du</strong> victorieux.8. Cette anecdote, mais plus abrégée, esl rapportée par al-Kha!ib al·BagbdAdzf, ms, cil~, ,..20 v'. Seulement. d'après cet auteur, ce n'est pas IIIviflillr gouvernanle, mais la mère même de ManlfoOr qui lui donna cesobriquet. Cf, aussi IBN AL-AT!,'n, ", 426-421.


262 ARCIIJVES MAROCAI:"ESdisant Il J~mir des Croyants, tu te trouveras au nord <strong>du</strong>219 $(mil 1 entre le Tigre el l'Euphrate. Si un ennemi vientte faire la guerre, ces deux fleuves serviront de fossés à·la ville. En outre, les provisions te viendront par le Tigre,soit <strong>du</strong> Diâr-Bakr, soit de la mer, de l'Inde, de la Chineet de Ba~ra (BaRsora) et par l'Euphrnte, de naC/qa '1 et dela Syrie. Elles t'arriveront aussi <strong>du</strong> Khorâsân et des contréesde la Perse, par la rivière de Tâmarrâ 3. Toi-même,l~mir des Croyants, tu résideras entre deux fleuves, desorte que tes ennemis ne pourront arriver jusqu'à toiqu'en passant un pont de bois ou de pierre; en coupantle pont de hois ou en démolissant le pont de pierre, tonennemi ne pourra plus t'approcher. Tu te trouveras placéau milieu, entre l3a!;'lra, KoMa 1, \Yâsit", :Mau~il6 (Mossoul)1. C"est le canal (Nahr) qui limitait au sud la ville de l\fan!:,oùr sur larive droitc <strong>du</strong> Tigl'c, la séparant de Iïmmensc quarliel' de liarkh, quisel·\'3i!. de \'a",te HllII'ché comllll'rciai iJ loutes les caravanes 'lui a1...ivafentde l'Orient musulman. Dans la nouvelle Daghtl:\dz, il ne formait plusClue la limite d'un qUlll'licl', car la ville s'étendait sur l'autrc l'ive, Cf.rInlrodl1cl, lopograph. Ù l'hisl. de Baghdddz, trad. Salmon, pp. 38, 48 etpassim.2. Celle pelilc ville, située sur l'Euphrate, finit pal' en englober une autre,plus petitc. qu'on appelait Rd{iqa, fondée par l\t:m'f0lir. Du temps oùles deux villes étaient dislinctes, on disait ar-Raqqa1l1ni (Ie8 deux Raqqa),pour désigner Haqqa et Ilflfiqa. Voy. les référ. dans SACY, (;hresf, arabe,III, U. Ce récit e"t idenl.ique à celui d'IBN AL-ATIIÎII, t:hronico1/, V, 42/;'3, Grande rivièl'c ou-dessous de BaghdAdz et à l'est de celle ville. Elleprend !;:1 sOUl'ce dans les montBgnes de Challl'zoûr. Un des canions deBnghd:\dz elllpl'unlc son nom à celte rivière. C'est au-dessus de Tâmllrra'lue se trouvc la digue qui fait refluel' l'eau dans sept·canaux SUI' chacundesquels est situé un des canlons de Daghd:idz, Celle rivière se jeUedans le Tigre, ft plus d'un parasange en amont de Baghdildz. Confr. l'extrait<strong>du</strong> lIfard!lid al·it/iM' donné par SACY, Chi-eslom. ambe, l, 70. Y.lQoliTIJfou'djam, l, 812 et Il, ml8), dit que la l'ivière Tâmarril est celle-là mémequ'on appelle Nahr al-Khllli!l et DiYllM. l\(ais le Mart1$id al-ilfi/l/' (lac.cil,) précise, en disant que DidM est le nom Ilue porle le cours infél'Ïl'llr<strong>du</strong> T:\marrà qu'on appelle aussi al-J1l1' al-mdli1). (la Hivière saléel.Enfin lhn Sérapion dit que ces trois can:lUX sont différcnl!'. Voy. LI(STIIANnE, DesCription o{ Mesopolamia, 273 et 279; al-Kha!ib al-Daghdtldzl,Inlro<strong>du</strong>clion, trad, Sn!mon, pp, 37, lH.4-5-6. Ces IJ'ois "dlles sonl lrop connues pour qu'il soit besoin de leurconsacrel' des noIes. Tous les dictionnaires géographiques les mentionnent.


J1JS-rOlRE DES DYNASTIES 1\IUSUDIANES 263et le Sawâd t également proche <strong>du</strong> continent, de la me..et des montagnes. 1)Alors ~fan~otÎr redoubla d'efforts et de désir de construirecette ville, JI écrivit aux provinces limitrophes pourqu'on envoyât les artisans et les manœuvres. II donna ensuitel'ordre de choisir une commission; prise parmi leshommes connus par leUl' honorabilité, lem' intelligence,leur science, leur honnèteté et leur compétence en al'­chitecture, pour s'occuper <strong>du</strong> tracé 2 de la ville et de lamain-d'œuvre, JI fit commencel' les travaux en l'année H5(762 de J.-C.) 3, Aboli l;Ianifa\ Je fondateur <strong>du</strong> rite [quipOI'te son nom], était chargé <strong>du</strong> soin de compter;' les1. Le SU((',ld comprend Ioules les terres cul!ivées des environs dl~Baghrlâdz. On en est venu à le considérel' ]H'esque comme un nom COIIImun,pour dire la campagne. Un


264 ARCHIVES IIIAROCAI:."E8hriques séchées au soleil etles briques cuites au four. C'estlui qui, le premiel" imagina, pour accélérer l'opération,de compter les briques au moyen de la toise t [al- qa~ab].Manr;;ollr donna au mur d'enceinte cinquante coudéesà sa base et vingt coudées au couronnement 2. Ilposa lui-même de ses mains la première brique, en disant:Il Au nom d'Allah! Louange à Allâh! La terre est àAllâh, il la lègue à (lui il veut parmi ses serviteurs; la viefuture est ~ ceux qui [le] craignent 3 • »220 Puis il dit: Il [Maintenant], construisez. » Il en commençales travaux en l'année 145 (762) 4 et les achevaen l'année 1'.6 (763)~. Il bâtit son palais au milieu dela ville, pour être à égale distance de tout le monde. Ladépense pour Jaconstl'Uction de la ville s'éleva à quatremillions et huit cent trente-trois (lt.OOO.833) Il dirhems.1. Ce paSf'age a été en partie h'a<strong>du</strong>it, en pat'lie anal~'sé par S..l>E SAfY,Cfzresf. arabe, I, 69. Le qa~ab est un roseau de 6 aunes et demi dp. long.Les briques élont d'égale épaisseur ou à peu près, on les mettait sur unmême rang ct on les mesul'3it pour avoir le nombre. Cf•.\L-KIIATlo,op. cil., p, 84,2. Selon le récit, d'un témoin oculaire, d'un arcbitecte, rapporté parAL·KIIATlo, op, cil" p. 84, la ranKée de briques comptait à la base <strong>du</strong>mur 162.000 bri1lues; à partir <strong>du</strong> tiers de la hauteur <strong>du</strong> mur, la rangéen'en contient plus que 100.000 et seulement 140.000 depuis les deux tiez's<strong>du</strong> mur jusqu'à son couronnement. Ces chiffres ne semblent pas concOl'deravec les dimensions indiquées par AI-Faflhri, car, à son couronnement,le mur, Im'ge de 00 coudées à sa base, n'a plus que 20 coudées,c'est-à-dire qu'il a per<strong>du</strong> les 3 cinquièmes de son épaisseur, tandis quela rangée de hriques, qui comptait 162.000 à la ba'Se, compte, au couronnement,140.000, c'est-A-dire qu'elle n'a per<strong>du</strong> qu'un septième environ desa lal'geu!' déterminée pllr le nomb,'e des briques. On pourrait peut-êtreconcilier ces chilTl'es en supposant que le nombre des briques indiqués'appliquait à la base <strong>du</strong> mUl' il la surface <strong>du</strong> sol et que ce nomhre étaitencore beaucoup plus considé,'ahle au-dessous <strong>du</strong> !loI, dans les fondations.3. (Joran, VII, verset 120. Cf. aussi AL-KIIATlo, op. cil., p. 76.4. Voy. ci-dessus, p. 263, note 3. .o. Ho ans, 6 mois et 4 jours depuis ('Hégire. Cf. AL-KHAylo, op. cil.,p.71. Cependant le mur d'enceinte ne fut lerminé que plus tard, enl'année 149, ibidem. De mOrne le fossé.6. Les historiens ne sont pas d'accord sur ce chilT,·e. YÂQOÛT (loc. cil·l,citant ol.Kha~lb, donne 4.883.000 dirhems et il un autre endroit: 18 millionsde dinArs (YAQOÛT, I, 682, 683).


HISTOIRE DES DY:'IASTlES lIIUSULllfANES 265Lorsque les travaux furent achevés, Man~oùr régla lescomptes avec les directeurs des travaux, pour les sommesqui leur avaient été déléguées en vue de la constructionde la ville. Il les obligea au remboursement des soldes,au point qu'il fit payer à J'un 1 d'eux le solde accusé parles comptes et qui se montait à quinze dirhems.DES [DIFFÉRENTS] NOMSDE LA VILLE DE flAGIlDl\DZOn l'appelle Baghddd, <strong>du</strong> nom d'un lieu situé danscelle région, et qui lui fut donné j Ba,qhdàdz'l. (avec un dzàldiacritisé) j Baghdân 3 (avec le noûn); Z aWl'(i', parce quel'emplacement sur lequel s'éleva la nouvelle ville portaitjadis le nom de Zawrd', ou parce que la qibla de Baghdâdzn'est pas orientée exactement, de façon que celui quifait la prière dans la grande mosquée de celte ville abesoin de se tourner un peu <strong>du</strong> côté gauche"; llfadinalal-Man~0l11' (la Ville de Manr;;olÎl') et enfin, Ddr as-Saldm(la l\bison <strong>du</strong> Salut 5). C'est, dit-on, une ville bénie, favo-1. I\Mlid, fils d'M-Salt.. Cf. fBN AL-ATlIln, Chronicon, V, HO.2. AL-J


26r, .\IlCHlVES :\IAROCAINESrisée par le sort; il n'y est mOl't aucun khalife l, La villequi porte le nom de Afadinal al-Mansoar est l'ancienneDaghdâdz; quant à la ville de Baghdâdz actuelle, qui estsur la rive orientale, elle a été bâtie plus tard.C'est Man~oûr qui persécuta, comme on le sait, lesdescendants de IJasan 2. Il fit arrêter leurs chefs, 'AbdAIIâh:J (surnommé] al-Ma/pt (le Pur), fils de I;Iasan, filsde 'l)asan, fi.ls d"Ali, fils d'AboLÎ Tâlib (SUl' eux soit lesalut !), qui était le chef des Tâlibites à son époque, enmême temps que ses enfants, ses frères et ses neveux, les221 sayyids (seigneurs) des descendants de ijasan (sur euxsoit le salut !), ~t les emJlI'isonna chez l':li. Ils mOUl'urentdans sa prison..On raconte i que le chambellan <strong>du</strong> khalife sortit à la porte(<strong>du</strong> prétoire] et dit: cc Que ceux des descendants de HOllsainqui sont ici présents veuillent entrer. )) Les chefsdes descendants de ijousain (sur eux soit le salqt!)entrèrent. De nouveau, le chambellan sortit et dit:c( Que ceux des descendants de /Jasan qui sont ici présentsveuillent entrer. l) Et les chefs des descendants deJ:lasan (sur eux soit le salut!) entrèrent. On les con<strong>du</strong>isitdans une salle latérale, tandis qu'on faisait entrer desPocock: EUTYCIlIU,;, .tnnales,lI, il!m... Tum Dagda<strong>du</strong>m conditlit, quam:\Iadiuat ol-Salam (i. urbem pacis) appellavit. "1. C'est ce quc .Iit. aus>'i al-Khatlb, /nf"o<strong>du</strong>cfion, trad. Salmon, p.•n.2. Cr. MAS 'OI;Di, P"airies d'or, VI, 189 et 199 et sq.ll. La biographie de cet 'aUde est donnée pm' le /(ifc1b al-aghc1nC, XYIII,203, 209; voy. aussi l'index de cet ouvra~e, p. I:lii. On trouve aust"i uneintél'cssanle nolicc SIIl' ce personnage dans le manuscrit arabe de Pari!;,n· 201ilj, r. 3i! v· (Diction. biogl'aph. intitulé Al-WelfC bil-ll'afay.ll, pal'1\II.\LiL 10:'1 AlIl.\Ii A':I-~A"'Ani). Les autelll's ne sont pas d'accord sur lenom dc son grand-père. Les uns le nomment, ~la8an, comme dans leFakhrt, les auIre,; Uousain. li en est méTne comme l\fAs'ol:DI (PraÎl'ies(/'0", VI, 9il el .~eq. ct 1U7 el seq.) qui lui donncnt l'un ou l'aut!'e.nom dan,;différents passagcs <strong>du</strong> même ouvrage. La vél'ité est 'lu'i1 se nomlllait~lasan, eOlllmc cela f'C !t'ouve dans le manuscrit que j'ai cité ci·dessuset. cOlllme ra démontré Sac.\' (t:flresf. arahe, l, ilii, noIe Il, d'aprt'·,; un autl'emanuscrit. de la Bibliothèque naLionalc.4. Le l'écit 'lui suit. ,',4 cxt.rait d'InN AL-AnTin, f:flrollicolI, V, :I!17.


IIISTOIRJ!: DES DYNASTIES MUSULMArŒS26iforgerons par une porte. Le J,halife les fit charger de ferset transportel' dans la province de l''lrâq, où il les fitincarcél'er, jusqu'à ce qu'ils mourussent dans sa prisonà KoMa. Qu'AlJâh ne le rétl'Ïbue pas' en bien pour sacon<strong>du</strong>ite [à leur égard] !, Parmi les tmits curieux ({u'on raconte à ce sujet estl'anecdote suivante: un homme des descendants de Hasan(sur lui soit le salut!) vint se présenter devant :Man~oùl':(( Qu'est-ce qui t'amène? lui demanda le khalife. - Je.viens afin que tu me mettes en pl'Ïson avec ma famille,car je n'ai qne faire de ce has-monde nprès eux.) Man­!;lotÎr le fit jeter en prison avec eux. Cet homme n'étaitautre qu";\li l, fils de tlasan, fils de }Jnsan, fils de IJasan,fils d"All, fils d'Aboù 'l'Mib (sur eux soit le salut !).Parmi les '.\Hdes [qui fm'ent jetés en prison], il y avaitMouI.tammad, fils d'Ibhùhîm, fils de Basan, fils de Basan,fils d".\I1, fils d'.\hoù 'fâlih (sur eux soit le salut !).C'était un des plus beaux hommes pal' son physiflue; onl'appelait ad·Dîbcldj al-a;,:(ar'! (le Brocart Jaune) à causede sa beauté et de sa gri\ce.Man!?o(tr le fit comparaître et lui dit: « C'est toiad-Dibâdj al-


268 ARCHIVES IIlAROCAIi'ŒSDES MOTIFS QUI ONT DÉTERMINÉ MANSOÛR A AGIR COMME IL L'A222 FAIT A L'ÉGARD DES DESCENDANTS DE ~ASAN (sun EUX SOITLE SALUT!)Les enfants de IJi\chim - aussi bien ceux (lui descendai


IIISTOIRE DES DYl"ASTlES MUSUUfANES 269de Hâchim, tant 'Alides qu"Abbâsîdes, Parmi les descendantsd'Aboû Tâlib, J' prirent part : A~-Sâdiq l, dont lenom est Dja 'Car, fils de Moul)ammad (SUI' eux soit le salut !);'Abd Allâh. fils de ijasan, fils de Basan, fils d''Ali, filsd'AhotI TâIlb; les deux fils de ce personnage: MouJ)ammad,dit an-Na(s az-Zakiyga (l'Ame Pure) et Ibrâhîm 2,le mm'ly" de Bdkham,.â:); enfin, beaucoup d'autres personnagesparmi les Tâlibites. Du côté des notables 'abbiisides,il y avait ~afTâtl, l\Ian~oûr et d'autres membresde la famille d"Abhâs, Tout le monde fut d'accordpour reconnaître comme chef an-Nafs az-Zakiyya, saufcependant l'ùnâm Dja'far, fils de l\Ioul)amfnad, dit ar:;­~âdiq. Il dit, en elTet, au père <strong>du</strong> candidat, à 'Abd Allâh,dit al-Mabçl: « Ton fils ne l'atteindra jamais (il voulait direle khalifat); seul, l'homme à la robe jaune y parviendra. liIl désignait ainsi Man17otÎr, (lui portait en ce moment.là une robe jaune, (( Dès ce moment, raconte l'{an~o(}r. 223je désignai en moi-même mes [futurs] gouverneurs deprovinces, »Puis, les membres de l'assemhlée furent d'accortl pourprêter le serment de fidélité à an-Nafs az-Zakiyya, ce1. Dja 'far' dit a{l-$(1diq (le Véridique) étail le fil" Ile Moul)amllJfHl, dital-8(1qil', Ols d'Ali, surnommli Zain al-'dbidin (la grâce des adorateur~),qui élnit lui-même fils de Housain, ms <strong>du</strong> Jlhalife 'Ali. Il a laissé unegrande r{'pulalion d'alchimisle el cul, pOUl' disciple, le fameux Gt', bel'(Djnhh', /lIs de l.layyân). Né en 80 ou 83 (= 69\J ou 7()2 de J.-C.), i1mollrutà I\J{'tline en 148 (= 765), el fuI enlel'I'é au cimetière d'al-Baq!", dans Uncaveau où repusaient déjà SO/1 père et son grand-pèl'e. Cf. IRN !ÜIALLlld.!Il,lVa{ayf1I, éd. \Vlislenfeld, nolice 130 j [afc1b al-a,qhllnf, Index, p. 270;MAS 'olmi, Prail'Ïts d'QI', VI, 93-9H, 165; SACY, ClireslolJl, arabe, /l, !12, 95el. SUl'Iout298 el. seq.2. Voy, sur ce mnlheul'cux 'AI/de, le [(ilt1b al-aglrtlnê, XVIII, 109 etIndex, p. WB; InN KHALLII


2iOARCIIIVES lUAROCAI~ESqu'ils firent. Ensuite les vicissitudes 1 <strong>du</strong> sort firent passerle pouvoir suprême aux 'Abbâsldes, ainsi qu'il a été ex·pliqué plus haut. La royauté passa ensuite de $affâb à)Ianr;;oûr, qui dès lors n'eut pas d'autre préoccupation(lue de rechercher an-Nafs az-Zakiyya pour le mettre âmort, ou le déposel·. Ce qui l'y poussait, c'est que lepeuple avait une forte inclination pour an-Nafs a7.-Zakiyya,cn'qui il voyait <strong>du</strong> mérite, de la noblesse et les qualitéspropres il un chef. )Ianr;;Olli' réclama donc an-Nafsaz-Zakiyya il son père 'Abd AIlâh, dit al-Ma?uJ, quiétait un des notables et un des chefs des descendants deIIâchim. II voulut l'obliger il lui amener ses deux fils,Mou1}ammad, dit an-Nafs az-Zakiyya, et Ibrâhim '.1. cc Jene sais pas ce qu'ils sont devenus », répondit'Abd Allûh.Les deux enfants s'étaient, en effet, dissimulés, par craintede l\Janr;;Olir. Comme celui-ci insistait toujours auprèsde leur père 'Abd AlIâh, celui-ci s'écria: Il Jusquea à(Juand insisteras-tu: l Par AlIâh! si j'avais mes deux filssous les talons, je ne lèverais pas ceux-ci [pour les livrerJ.VI'ai Dieu! Je t'amènerais donc moi-même mes deux filspour que tu les tues! Il C'est alors que Man!;\oflr fitarrêter 'Abd AlIâh et les membre'sde sa famille, parmi lesdescendants de I:Iasan, et qu'ils furent traités conlIue ila été expliqué ci-dessus. Qu'AlIâh soit satisfait d'eux etleur accorde le salut!R1~C(T DE L,\ RÉVOLTE D'AN-~AFS AZ-ZAKIYYALe nom d'an·Nafs az.Zakiyya était Mou1}ammad 3, filsd"Abd Allâh, dit al·J1al.HJ, fils de Basan, fils de Basan,l. Le lexIe emploie le singulier ~.."..;.; l'expression me rami!. insoliteet digne d'~lre noLt\e. En tout cas .;~.."..;. est bien plus fréquent.2. Voy.I'Ï-c1essus, p. 26!I. noIe 2.3. \'oy. ci-dessus, p. 268. note 1.


HISTOIRE DES DY:"ASTIES lIIUSULlIIANES2i1fils d"Ali, fils d'Aboli Tùlib (sur eux soit le salut 1). Ilcomptait parmi les chels et les notables des Hiichimites,par le m'érite, III noblesse, la piété, la science, la hravoure,l'éloquence et les {Iualités qui font le véritablechef, ainsi que par la générosité et la capacité. Au débutde ces événements, le hruit s'était répan<strong>du</strong> dans le peuplequ'an-Nals az-Zakiyya était le Mahdi l, dont la venue était 22~annoncée [par le Prophète]. Son pèr'e llvait.travailIé il raffermircette idée dans l'esprit de certaines fractions <strong>du</strong> peuple.On racontait, en effet, ce ?wdtlh, d'après lequel le Prophèteaurait dit: « S'il ne restait au monde qu'un seul JOUI' à vine,Allâh le prolongerait jusqu'à ce qu'il envoie ce jour mêmenotre Afalzdf ou notre Qc1"im, dont le nom sel'a comme lemien, et le nom de son pèl'e comme celui de mon père. »Toutefois la secte des Imdmiles ? rapporte ce !wdUh sansles mots: et le nom de son père comme celui de mon père.'Abd Allah, surnommé al-:Mal.lçl, disait aux gens, enparlant de son fils Moul}ammad : (( C'est lui le Mahdi, dontla venue a été annoncée. C'est bien le )Ioul;wnunad, filsd".\bd Allâh. »Puis Allâhjeta l'affection pour :'\IoulJammadSUI' le peuple, qui inclina tout ~ntier vers lui. A cela.vint s'ajouter le fait que les nobles des IMchimites luiavaient prêté 'le sel'ment d'investiture et l'avaient choisicomme candidat pour la conquête <strong>du</strong> pouvoir; ils l'avaientainsi mis à leur tête 3. Son amour d'arri,oel' au pouvoir~',II ne !"llul'ail ~tre question. Il l'o.cc~si()n d'un: .nol~, d'indiquel' le,,;orlglllcs probables <strong>du</strong> mabdilisme, DI d exposel' 1blstou'e tic ce mouve °ment religieux dans rrslAm à travel's les siècles, encOI'e moins de pllrle.'(les secles qui ont. pullulé aulour de J'Islâm dil OI'thodoxe. Nous ne pouvonsque l'envoyer aux travaux de DARMSTETER, le Mahdi; E. DLOCIIET,les C"oyances messianiques, et subsitlillirement aux lravaux SUI' la ,",l'cff·des Ismaéliens, lels que ceux de DÉFRÉMEIlV, !lisloire de la serIe des assassins;PAUL CASANOVA: STANISLAS GUYAnD, elc., etc., et à un travail inlilulé: .Mahomel el la fin <strong>du</strong> monde, que 111. Casanova a annoncé commedevant parailre prochainement,2, Voy. ci-dessus, p.228, note 2. ..3. Ou préféré ci eux-méllles, Le rerbe i,),j lW('(' la pl'éposilion Je:. Il c('sdeux sens.


272 ARClIIVES MAROCAINESgrandit de la sorte, de même que l'amour <strong>du</strong> peuple pourlui grandit aussi. Depuis que le pouvoir échut aux 'Abbâsides,an-Nafs az-Zakiyya vécut constamment dans l'exil,par crainte des 'Abbâsîdes. Mais, en apprenant ce quiétait arrivé à son père et aux siens, il leva l'étendard dela révolte à Médine et se manifesta au grand jour. Lesnot~bles de Médine se rangèrent sous sa bannière, et ilne resta qu'un petit nombre de gens qui ne se soient pasjoints à lui. S'étant emparé de Médine, il en destitua,l'émir qui y gouvernait au nom de l\1an~otir,et y nommaun gouverneur et un qâC;li. Il brisa les portes des prisonset fit sortir ceux qui s'y trouvaient. Il se rendit aim1imaHre de Médine.Mais, dès que Moubammad, fils d'Abçl AllAh, se révoltaà Médine, un homFne de cette ville, nommé Aws l"Âmiritel, se mit en route vers Manr;;otir, chez qui il alTivade nuit, après neuf jours [de marche]. Il s'arrêtâ aux portesde la ville et se mit à crier jusqu'à ce que l'on s'aperçùtde sa présence et qu'on le fit entrer.225 Rabi' le chambellan [<strong>du</strong> khalife], lui dit: « Que veuxtuà cette heure-ci, alors que l'Émir des Croyants dort?- Il faut absolument que je le voie, répondit Aws. J)Rabi' entra et en informa Man~oùr. Ayant été intro<strong>du</strong>itpar Je chambellan, Aws dit: « Émir des Croyants, Mou­I}ammad, fils d"Abd Allâh, s'est révolté à Médine, et il afait ceci et cela. - L'as-tu vu toi-même? - Parfaitement.Et je l'ai vu de mes propres yeux sur la chaire(minbar) de l'Apôtre d'Allâh et je lui ai parlé. Il l\[an~otîrenferma l'homme dans une chambre. Puis les nouvellesde l'événement lui étant parvenues coup sur coup, il fit1. D'après InN AL-ATIlin (Chronicon, V, 405-406j, il s'appelait l.lousain,{ils de !fahllr, mais descendrait d'Aws (ou plutol Ouwais), IlIs d'Aboù Sm'"al-'ÂmÎl'Î. Ce q'li confil'me celle identification, c'est que plus loin (p. (06)fnN AL-ATHIII dit que" quelques ';OUI'8 apl'l's, quand la nou\'ellc fut vél'jfiée,Ic khalifc fit sorti.. al-Ouwaist (c'cst-à-dirc Ic descendant d'Ouwais) n.


1115TOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 2i3sortir Aws et lui dit: Il Je veux te récompenser t et t'enrichir.En combien de nuits [de marcheJ es-tu arrivé deMédine? - En neuf nuits, répondit-il. » Alors le khalifelui fit donner 9.000 dirhems.Puis, l\fan1?0LÎr fut très agtté, ne sachant que faire.l\faisle temps s'écoula, jusqu'au moment où les deux adversairess'adressèrent des écrits 2 et des messagers. Chacun d'euxécrivit il l'autre une lettre dans une forme rare, qui estcomptée parmi les plus belles <strong>du</strong> genre et dans laquelle ilargumentait et employait tous' les modes d'argumentation.En fin de compte, le khalife désigna son neveu (lefils de son frère) '1sâ) fils de MOlrsâ -\ pour combattre an­Nafs az-Zakiyya. 'Îsâ se mit en marche contre ce dernier, illa tête d'une nombreuse armée. Les deux partis en vinrentaux mains dans un lieu situé il proximité de Médine.La victoire resta aux troupes de Man1?oûr; :Mou~lammad,fils d"Abd Allâh, fut tué et sa tête portée au khalife. Cecise passait en l'année U5 (762 de J.-C.).Puis, le frère <strong>du</strong> précédent, Ibrâhîm, fils d"Abd Alhîh,dit le marlyr de Bdkhamrâ 4, se révolta il Ba~ra.1. Le texte dil. littéralement:


:?HAllCIIIYES ~1.\nOC.\I:"1ESJu',CIT ,\nTl~;GI~ DE LA ni~VOLTE D'IBn,\JIiM, FIJJS D"ABJ)226 ALLÂJI, A BA!?HA 1Pendant le temps qu'il vécut caché, Ibrâhim fré(luentaiten cachette les soldats de Mall!?oùr, et il lui arrivaitmêmeparfois de s'asseoir avec eux à table '1. Pendantce temps, ~Ian!?oùr le l'echerchait activement. Ibrâhim(Iuitta donc Madinat al-Manl?oùr et se rendit à lla$ra, où ilse révolta ouvel'tement et appela le peuple à lui. Unparti le suivit, et hientot ses partisans devinrent nombreux.Alors, le khalife ~Ian!?oùr envoya contre lui 'Îsû :J,fils de )'Ioltsà, après son retour de l'expédition où il tuaan-Nafs az-Zakina~. 'Îsû se dirigea donc contre Ibrâhim,à la tète de '15.000 combattants. Les deux partis envinrent aux mains dans un village nommé Bâkhamrâ, situéà pI'oximité de KoMa à. La victoire resta à l'armée de Mah­$0(11'; Ih/'iihim fut tué pendant la mêlée. Ceci se passaiten l'année HIa (ï62). Qu'Allùh le Très-Haut l'ait en pitié li!Le règne de ~[an$o()r fut une époque de troubles et derévoltes. Parmi ceux (lui se révoltèrent contre lui, il y eutson oncle paternel 'Abd AlIâh, fils d"Ali, que [le précédentkhalife] $affM.l avait envoyé combattre )Iarwân II, surnommél'Alle i, ainsi (lue cela a été expliqué précédemment.Puis, ~afTâl.l étant mort, )lan!?olÎr fut investi <strong>du</strong>1. La l'ilVolte d'IbrAhim eul lieu pend3nl. que :\13n,:,oflr était occnpé li lafon<strong>du</strong>llon de Bav:IHI:hlz. Cf. ION AL-AT"IIl, Chronicon, V, -128; G. 'Y'HL,Geschichle der cfwlil'en, !I,.pp. 03-55.2. Propremenl, le .1\.- simdt est une pièce tle cuh- sur laquelle onrange les plats. Cr. Do7.V, Supplément aux dicl. Q/'abes, f, 684, s. /J.3. Yoy. plus loin, p. 283 el suiv..J. Voy. ci-des,::u:" p. 2i3.5. A Hi parasanges de cette ville. Cf. ION AL-ATlIIR, C"ronicon, V, 43";YAQOÛT, Mou'djam, s. v. et ci-dessus, p. 2li9 et noIe a.6. Ce récit est rabrégé d'IBN AL-AT"IR, loc. cil.7. Voy. ci-dessus, p. 2a-l et suiv.


lIISTOJRE DES DY:\ASTlE"; lIUSUUtA:\ES 276khalifat et 'Abd Allflh, fils d".\Ii, était encore en Syrie l,Ce dernier convoita le khalifal et harangua le peuple, Cildisant: « $affàl,l a invité les descendants d "Abh:is il, combattreMat'wân et personne ne s'est ofrel't que /IIoi. Il m'a,dit: (1 Si tu triomphes de lui et que tn l'emportes la vic­'f( toire, tu seras l'héritiet' présomptif <strong>du</strong> tnine apt'ùs moi, IlUn certain nombre de personnes'! attesta. la. vf'racité de (~f)propos enfaveut' d".Ahd ,\llâh, .\Iors, le peuple lui prètale serment de fidélité. Quand la nouvelle en parvint ilMatl~olil', il en fut très agité..\Iol's .\IJOù ;\Jouslim al­KhoràsùnÎ lui dit: « Si tu veux, je vais l'amasser mesvètements dans ma ceinture et te servit" On biell, si tuveux, j'irai au .Khorllsfln et je felln'l'l'ai des troupes dc ren-10t,1. Enfin, ~i tu le pi'éfèl'es, jït-ai combatlt'c '.\hd .\Ilfth,fils d"AIi. Il Le J,halife lui ordonna d'allel' comhallt'e 'AbdAllâh. ,\bOCI )Jouslim se mit en marche il la tète d'une nOlllbt'euseal'mée il, Le temps s'écoula pendant plusicU\'s mois,à la fin des{Juels la victoire resta à l'arméc d'.\boli ~rouslim.'Abd .\.Ih\h, fils d".\lî, s'enfuit vers Ba~t'a et descenditchez son fl'èl'e Soulaimùn, fils d".\Ii, fils d",\bd AU.lh,fils d".\hhâs. Soulaimùn intercéda. en sa faveu\' aUpI'(\'lde ~Ian~olÎret demanda pour lui l'am:'in (la vie sauve). Lekhalife le lui accorda et lui éCl'ivit une lettre éloquente, oltil prenait envers lui loute sorte d'engagements. Mais,IOl'squ".\bd Allâh vint le trou,-et., il le jeta en prison,où il mourut. On raconte qu'il fit b:'itir pour lui lml~chambre, dans les fondations de laquelle il fit placer clttsel. Ensuite, aya'nt fait coulel' l'eau dans cette chambre 1,celle-ci s'efIondra sur ',\bd .\IMb qui fut tué.C'est ~Ian~oùr qui tua AbolÎ )Iouslim al-Khorllsl\nL'22ï1. Campé dans lin liell Jlomflli~ DOlllOlili. Cf. In~ AL-ATllill"Ch,'onicon, '-,3M. Sur celte localité, voy. SACY, Chl'I',ç!omal!lie aI'alle, III, p. IllU, note ~:J.2. Leurs nomB sont donnés par IIJ:'ï Al.-..\TII/R, loe, cil, Ce sont, en!reaulr'C'", Aboli Ghânim al-Tà '/ et. l\hnufM ,,(-;\1:\1'\\'31"'01\111./.a. Ce récit e,::t emprunté li 111:'1 AL-.\THin, U)f'ollkon, V, ,\:;;;.4. Plu!.ôt dans ,,~S fondation", Cr. F. \\'1"1.. f;f?schichle df?1' OI'IUten, II, p..t8.


27GAIICIlIVF.S ~IAROC.\INESIII~CJT UU MEURTRE Il'ADO' MOUSLlJII AL-KIIOR.\SÂN'ÎDe longue date, Man1?oùr nourrissait dans son cœul'des sentiments de haine contre AboÎl Mouslim. Tous lesdeux se détestaient. l\[an!;loûr avnit même conseillé il sonpèl'e. ~a(fftl.l de le tuel', Celui-ci s'y refusa en disant:(1 Comment cela se pourrait-il quand on considèl'e le dévouementdont il a fait pl'euve pour notre dynastie, » Lors­


IIISTOIltE DES DY:"1ASTIES IIIUSULl\IA:'\ER 217tranquilliser. En même temps, il lui faisait de hellespromesses et l'invitait à se présenter devant lui. AhoùMouslim répondit: «Je suis toujours dans l'ohéissanceet je me rends ôans le Khol'âsân, Si tu te corriges, jemcmontrer'ai déférent et obéissant. Mais si tll veux seulementsatisfair'c tes désirs, je tlÎcherai de t1'ouvel', dans cccas, la situation où sem mon salut. )) Les cr'aintes <strong>du</strong>khalife augmentcrent et il fut irrité par c('s parolcs d'AholÎMouslim. Il lui écrivit alors une lettre ù peu ')l'ès dansces termes 1 : cc Tu n'es pas, il nos yeux, l'homme que luas dépeint. D'ailleurs, le cOUl'age que ln as déployé auservice qe notre dynastie te dispense de tenir' tin pareillangage. îlEn même temps, le khalife l'invitait ù comparaitredevant lui. Il dit, en outre, aux notahles des H:1chimitesd'écrire aussi, de leur côté, il AbOli l\Iouslim. Ilslui écr'ivirent donc, Jui exposant le tort qu'il aurait il désobéirau khalife et à se brouiller avec lui, et lui montrant 229les avantages qu'il aurait à venir le trouver et il lui p,'ésentel'ses excuses. :Man~OIirenvoya ces lettres ptlr'l'inlel'H1édiail'ed'un homme intelligent de ses amis:!, et lui dit: c( Va letrouver et tiens-lui le langage le plus doux dont tu sois capabled'entretenir ,quelqu'un. S'il revient à résipiscence,ramène-le avec toi jusqu'à ce que tu Je présentes;1 denmlmoi. Ma,issi, voyant qu'il persiste à vouloirse séparer de moiet qu'il demeure inébranlahle dans sa résolution de se rendredans le Khol'âsfm, tu désespères de lui fair'e ('ntendr'eraison, et {lue tu ne trouves pas d'autre moyen, dis-lui :1. LiUé"lllement; une leUre donl void le sens. C't;'st la formule donl I.}~Ambcs se ,:;ervcnt généralement. quand ils ne ,::ont pns à 111111111' de (':lpporl.ertextuellement les termes dll tloeumcnl, cité.2, Abot'! Houmaid al-i\f3l'wal'l'oùdzi, :'111' letlue! voy. IllN AL-,huiR, (;111'0­lIicQIl, V,360.3. L'édition arabe, p. 229, 1. 3,donne i.AA: avec le (.camma sllr fa deuxièmcl'adicole <strong>du</strong> verbe. Cette voyelle est inallmjssible avec le sens '1"C ceverbe Il dans noire passage. Il faut lire avec le (a/~lU, commc flllllrde i..li.


ARC11IVE:" ~'AROC"''''E!':« (fil Lei 1 te dit: « Puissè-je n'ètre plus com.pté parmi lesI( descendants d".\bbâs et n'avoir plus aucun lien a"ec« Mahomet, si, pel'sévérant dans la voie où tu fes engagé,« un autre flue moi se charge de te combattre! Et que je« sois tenu de ceci et cela, si je ne m'en charge pas moi­« Jnème ! »Le messager alla tl'OU\'('" .\bot, ~rouslim'! et lui remit lesIpttri~s. C<strong>du</strong>i-ci, les ~\\'ant lues, se retourna vers un ami àlui, appelé ~Iâlik ::, nis d'al-Haitham, et lui dit: « Qu'enpenses-tu? - 1\Ion m'is, lui rèpondit celui-ci, est que tu nereviennes pas auprès <strong>du</strong> khalife, car si tu retournais chezlui, il te tuerait; au contl'aire, si tu poursuis ton chemin,jusflu'iI cc (l',e tu alTivcs il Rayy", où se t,'ouvc ton armée,tu y demeureras en attendant que tu réfléchisses à ton~..raire, et tu aul':ls Jf' I\:horùsân derrière toi, dans le casoù il t'al'l'ive,'ait quelque accident. » Abot'! l\Iouslim adoptacette deruière résolution et dit au messager: « Ya di,~eil ton maître (Jue je ne juge pas il propos de me p,'éseuterdf'vallt lui et que je )]1(' rends dans le Khorfisfm, - .\boÎl1\Iouslim, lui dit le messager, tu n'as pas cessé d'êtrel'homme de confiance de la famille de l\Ioul.lammad; jet'adjure par ;\llfih (If' lie pas te marquel' toi-même <strong>du</strong>stigmate de .la désobéissance et de la révolte. :\ron avisest flue tu te fl"ésentes chez 1'1~lIlir des Croyants et quetu t'excuses auprès dc lui; tu ne troU"ems chez lui(lue ce qui te fem plaisir. - Depuis (luand donc, interpella1'\ bol', ~Iouslilll, me fins-tu un pareil langage:' -230 V,'ai Dieu! l'épondit l'hon'Hle, c'est toi-même qui nous asim"ités il "ecoJ\I1aÎt"e l'autorité de celte famille (les '.\bbâ­8îdcs) et il fail'f' t"iolllp1te,' leUl' cause, et tu nous as dit:1. l\I:lII~OÙI'. Gc"l tlne manière ,II' ",'exprimer' tout il fnil nmbc.2. Il étnH alors il lIouhnln. Cr. I,,~ AL-ATilin, Chrollicoll, Y. 360.3. AbOli Nm:


1IJSTOIRE DES I)Y;,\ASTIES MUSULMA:'\ES 279« Quiconque leur désobéit, tuez-le 1. Et maintenant quenous sommes entrés avec toi dans la voie vers laquelle tunous a appelés, c'est toi qui t'en retires et qui nous en faisun reproche. » Aboù Mouslim répondit: « C'est commeje te l'ai dit, je ne retournerai pas chez le J,halife 2. Tu n'aspas autI-e chose il. me dire? - Si, répondit le messager. "Et le prenant à part, il le mit au courant de ce qu'avaitdit .Man!?oûr..Aboù Mouslim garda le silence et, baissantla Mte, réfléchit un moment; puis il dit: « Je retourneraichez le khalife et lui présenterai mes excuses. » Ilconfia ensuite son armée à un de ses compagnons ~ et luidit: « Si ma lettre te panient scellée de la moitié de monsceau, c'est qu'elle provient réellement de moi; mais sielle est scellée <strong>du</strong> sceau entier, sache dés maintenant quece n'est pas moi qui l'aurai scellée. )) Et illlli fit toutes lesrecommandations qu'il voulut. Il se dirigea ensuite '-ers]\fan!?olÎr, qu'il rencontl-a il ~Iadâ'in (Ctésiphon). Dès quele khalife apprit qu'AbolÎ l\Jouslim arrivait, il ordonna il.toute la population de sortir à sa rencontre. En enh'antchez le khalife, .\holÎ ?llouslim lui baisa la main. 1\fan~oùrle fit asseoir auprès de lui et lui prodigua les marquesd'honneur. Il lui ordonna ensuite de retournel' à sa tente, .pour se reposer et prendre un bain, et de venir le retrouverle lendemain. Aboû :;\Iouslim se retira. Et le lendemainmatin, le messf'.ger de ManfJoùr vint le com·oquer. Pen·dant ce temps, le khalife avait aposté une troupe 4 de seshommes les armes à la main derrièl'e les rideaux de la tente.1. C'e;;t le "écille:<strong>du</strong>e\ .\'\n:-l AL-.\TIIÎn, Chronicoll, Y, H(i!.J2.....e lexIe :",ube porte ici un Jl.U qui inflirJlle gélll>l':I\ement un changement(le sujet, ce q~i metll':lil cett~e dCl'~ipre inlel'l'0!ffltion dan~ labouche <strong>du</strong> messager. Mm;; le contexte n autorise pas celte mtel'pl'él:lllOn,el il est évitlent que ("esl Aboù l\Iouslim qui conlinue ,le pfll'ler.3. Aboù N[l~I', dit IIJ"" AL-AT/tin, Cftronicon, Y, 362. Voy. ci-dessu;;, p. 2iBet noie 3.4. Sous les ordre,,; ""Olhm:În f115 de Nahik, dont il n ('Ié question cidcssu".Cf. flJ~ Al.-.\TUI", Chroni,:oll, Y, 361.


280 ARCIIlVES ~L\ROCAINESIl leur recommanda de sortir de leur cachette et de tuerAbo'" Mouslim, dès qu'ils entendraient le khalife frapperd'une main sur l'autre. Aboli :\Iouslim ayant été intro<strong>du</strong>itauprès <strong>du</strong> khalife, celui-ci dit: « Parle-moi des deux épées231 que tu as trouvées dans l'armée d"Abd AlIllh, fils d"Ali '.- En voici une, répondit AholÎ l\Iouslim », qui avait uneépée en main. l\lan/?oùr la l'rit et la mit sous le tapis, sontapis de prière '2. Puis, il se mit il admonester c\bolÎ Mouslimet il le réprimander sur chacune de ses fautes. AbotÎ Mouslimse disculpait do chacune d'elles par une excuse. Lekhalife lui ayant ainsi énuméré un grand- nombre de sesfautes, Abot'! Mouslim s'écria: « Émir des Cl'oynnts, unhomme tel que moi Ile mérite pas qu'on lui tienne un pareillangage et qu'on lui énumère de pareils griefs, aprèstoul. ce qlle j'ai fait [pOUl' les 'AhhâsidesJ. - Fils de femmepuante! lui répondit le khalife il'l'ité, est-ce bien toi quias fait tout cela? l'al' c\llah! s'il y aHlÎt eu il ta place u~eesclave noire, elle aurait fait la mème chose que toi. Et d'ailleurs,si Lu es nl'l'ivé au point où tu en es, n'est-ce pas grâceil nOlis et il la fortune de notre dynastie? - Qu'importe 3,répondit .\hoù ~Iouslim,le fait est que je me tl'ouve actuellementne plus craindre personne, en dehors d'Allûh~.')Alors, le khalife ayant fmppé d'une de ses mains SUl'l'autre, les hommes qui étaient apostés sOI·tirent [


HISTOIRE DES DYN,\STlES MUSULlIlA:"ES 281pour [que je ~ombaUe] tes ennemis. - Et quel ennemiai-je plus dangereux que toi? » lui répondit le khalife.Ensuite, celui·ci donna l'ordre de rouler [le cadavred']AbolÎ l\fouslim dans un tapis. 'Îsâ l, fils de l\folÎsâ, {luivenait d'entrer, demanda: (( Émh' des Croyants. où estAbolÎ Mouslim? - Le voilà, dans ce tapis, répondit lekhalife. - Tu l'as donc tué? - Parfaitement. - Nousappartenons à Allâh et c'est à lui que nous revenons2 !s'écria'ïsâ; [avoir une pareille fin] après le courage qu'il a déployé,tout ce qu'il a fait et la promesse de vie sauve qui lui a étéfaite! ') En ~ffet, l\fanl?olÎr avait promis la vie sauve àAboÎlMouslim,et 'Îsâ, fils de Moûsâ,s'en était portégarant.« Qu'AIIâh t'arrache le cœur! dit le khalife à 'îsil; parAllâh! tu n'as pas sur la face de la terre d'ennemi plusdangereux que lui. Aviez-vous: J jamais eu la souveraineté<strong>du</strong> vivant d'Aboû Mouslim ? nEnsuite Manl$oilr donna ordre de distribuer de l'argentaux troupes d'Aboil Mouslim, qui se disloquèrent~.Man- 232~oûr exerça alors son autorité dans le Khorâsân, et l'elaen l'année i37 (754).Peu ~lprès 'e meurtre d'Aboû l\Iouslim, un homme; appeléSounh:'\dz;;, leva l'étendard de la révolte dans leKhoràsân, pour venger AbOlI Mouslim le Khorâsânien.1. Voy. plus loin,p. 283 et suiv.2. C'est le verset 151 <strong>du</strong> chapitre Il <strong>du</strong> Qoran. On sait que les l\fusulmansrécitent souvent ce verset en présence d'un événement grave oucomplêtement inatten<strong>du</strong>.. C'est le pendant <strong>du</strong> no~., pi 1":1 « Béni soif .le Juge Intègre! " usité chez les Israélites de l'Afrique <strong>du</strong> Nord dans (lescirconstances semblables.S. Les 'Abbâsfdes.4. Tout ce récit <strong>du</strong> meurtre d'Aboli Mouslim esL visiblement copié (l'IONAL-ATItin, Chronicon, V, 358-366.5. Ce personnage esL nommé San(dd par MAs'oùoi, Prairies d'or, YI,188, mais voyez IBN AL-ATllin, Chronicon, V, 368.2 2


282 ARCHIVES 1II,\ROC.\INESm~clT ABRÉGÉ DE LA RÉVOLTE DE SOUNnÂDZDANS LE KHORÂSÂNCe Sounhâdz était un sectateur de la religion des mageset originaire d'un des bourgs qui dépendent de Nlsâho~ir.Il comptait parmi les compagnons t d'Aboù :l\Iouslimet était line des créatures 2 de ce dernier. Cet hommeapparut donc irrité par suite <strong>du</strong> meurtre d'Aboû Mouslim.Ses partisans devinrent nombreux, et la majeure partiede la population <strong>du</strong> Djibdl 3 entra sous son obéissance.Il s'empara d'un grand nombre de villes <strong>du</strong> Khorâsân.Quand la nouvelle de la révolte de Sounbâdz parvint à:Man~oùr, il envoya contre lui 10.000 cavaliers. La rencontreeut lieu entre Hamadzân et Bayy. Ce Sounblidzavait causé de graves dégâts dans le pays dont il s'étaitemparé: il avait emmené en captivité les enfants et mànifestaitl'intention de se diriger ~ers le I:Iidjâz et de dé,;.molir la Ka'ba. Sounbâdz s'était fait accompagner, aumoment de la rencontre avec les troupes de Manl;loûr, d'ungrand nombre de femmes musulmanes, qu'il avait faites1. Le meurtJ'e d'Aboù Mouslim avait soulevé toules les populations <strong>du</strong>Khorâs:in, Oll ce général avail. de très nombreux partisans. On en étaitvenu li le considérer comme une sorte de demi-dieu; on ne croyait pliS àsa morl, mais seulement li son absence, car il devait, d'après tles sectaleUl's,reparaître un jour pour les délivrer et régner sur le monde. Cetlesecte portl1 ilifférents noms et se fractionna en diverses branches. Cen'est. pas ici le lieu d'en parlel' en délail. ,"oy. l\IAS'OI~DI, Prairies d'or,YI. 186 el suil'. .2. Le manuscl'Ît A (f'159 reclo) pOl'te ici, d'une autre main, lu glose suivante~.)~ ....u ~4.)0"'" eSt ft c'est-à-dire un de ceux qu'il (Abolll\Iouslim) a élevés pour l'mnour de Dieu, autl'ement dit qu'il a été élevéplll' lui. ftH. D'apl'ès Yâqoùl (Cf. Diclionn. Géograph. de la Perse, )lm' BARBIER DE~IEYNARD, p. li))), le DjiMI ft comprend toul le territoire circonscrit entreIspah:)n Jusqu'à Zandjil.n, ainsi que Qazwln, Hamadzân, Dlnaw:lr, Qirmielnet RIl~'Y... C'est, Iljoute cel nuleur, le pays que les Pel'sans ont\'hllbitm\e de nommer 1'/,.


mSTOJIIE . DES DYNASTIES MUSULMANES 283captives, et qu'il amena à dos de chameaux. Il ordonnadonc de faire sortir ces femmes captives devant son armée.Elles sortirent sut' les chameaux, le visage découvert,et crièrent toutes ensemble: 0 MouJ.lammad ! » Leschameaux, effarouchés, s'enfuirent en retournant contrelestl'Oupes de Sounbâdz qu'ils dispersèrent, Les soldatsde :.\ralll;lOûrsuivirent les chameaux et entt'èrent derrièreeux fdans l'armée ennemie] qu'ils taillèrent en pièces etexterminèrent par le meurtt'e, Le nomhre des tués atteignitenviron 60,000 (soixante mille '),L'observation des faits montre que la plupart <strong>du</strong> temps 233celui qui crée un empire de toutes pièces n'en jouit pas.Le Prophète (que les bénédictions d'Allâh soient SUI' lui !)a dit, en effet: « Ne désirez pas le pouvoir, car vous enl;erez privé. " CeJui qui crée de toutes pièces une souverainetéjusque-là inexistante, a généralement, semblet-il,une arrogance et un sans-gêne tels que les l'unes desprinces ne peuvent le supporter. Plus son pouvoir s'étend,plus ils le détestent, jusqu'à ce (lu'enfin ils le perdent,C'est IVlanr:;oùr qui déposséda son neveu 'Îsâ, le fils de[son frét'e] MOIisâ, de son titre d'héritier présomptif <strong>du</strong>tl'ône, dont il investit son propre fils Mou.bammad al­)'lahdî,Cet'isi', qui exerçaitles fonctions de gouverneuI' à KoMa,était le fils de Motisâ, fils de Moul)ammad, fils d"J\Ii, filsd"Abd AlIâh, fils d"l'\hhâs. Il était donc le neyeu (le fils<strong>du</strong> frère) de Man~ollr,'Îsâ, fils de Moûsil, ayait été désigné comme héritier présomptif<strong>du</strong> trône après Man~oûr par l'imdm ,Ibrâhîm,f{ui présida en son nom la cérémoni~ d'investiture et reçutl. Toutcepm:sflge est conforme nu l'écU de ltlAs'Ol:'DI, el selllbll.'l'ait mt\meemprunlé à cet fluleur', (Cf. Prairies (/'01', VI, 1811), si l'emploi des ménies,expressions ne rflvél:lil pliS qu'il n élé copié d'18~ M.-ATlIIIl, r;hl'onicon, Y,;t68-369, "oy. aussi G. WEIL, Gesclrichle .der Cha/I(en, Il, 34. '


284 ARCUlVi:S MAnOCAI:"ESpour lui le serment de fidélité de la population. Mais lorsqueMahdi, le fils <strong>du</strong> khalife Man,?otlr, grandit, son pèreeut pour lui une très grande affection et voulut le fairer.roclamer héritier présomptif <strong>du</strong> khalifat. Il déposa donc'Isâ, fils de Motlsâ, dont il fit attester la déposition par té...moins, et fit proclamer héritier présomptif Mahdi, enlui désignant comme successeur 'Îsâ, fils de MoOsâ.RÉCIT DE LA DÉPOSITION D'''sÂ, FILS DE ~IOÛS.'234Les historiens sont en désaccord sur la manière dont'jsâ, fils de 1\Ioûsâ, fut dépossédé de ses droits. Selon lesuns, Màn,?oûr aurait sollicité de lui son ahdication. Auparavant,il lui prodiguait les marques d'honneur et lefaisait asseoir à sa droite, tandis qu'il plaçait Mahdià sa gauche. Mais lorsque Man~otlr entretint Îsâ i deson abdication, il lui répondit: Il Émir des Croyants,que ferai-je des serments qui pèsent sur moi et sur lepeuple f, et qui nous engagent [en cas de. violation) ilaffranchir nos esclaves, à répudier nos femmes, à accomplirle pèlerinage de La ~Iecque ct à faire l'aumône 2.1. Lit.lér:J1emcnt: «Que ferai-je des serments qui 1:0"t dans mon cou etdans les cous des gens •. .2. Ces peines ne sont pas applicables en vertu de la loi à tous les casde parjure. Ce sont plutôt des peines volontaires auxquelles on se condamned'avance pour le cas où l'on violerait son serment. Cette listen'a rien de limitatif et l'on peut s'imposer toule autre obligation commepeine volontaire <strong>du</strong> parjure (~ ltanlh). 1\Ials, à dMaut d'indicalion, la101 musulmane énumère les moyens d'e:rpialion (i..)~ kaffdra) auxquell;'on doit recourir en cas de pnrjure. Ce sont, au choix: 1· la distributionde dix vêtements à dix indigents; 2" l'affranchissement d'un esclave;3· la donation it dix pauvres d'une mesure (moudd ..u) de nourriture àchacun; 4 0 le jeùne de trois jours. Ce dernier moyen est subsidiaire etl'on ne doit y recourir que dnns le cas où l'on ne peut expier son parjurepar J'un des trois moyens pl'écédents, Voy. notl'e tra<strong>du</strong>ction de WancharIst,dans Archives marocainelf, t..XII, p. 176,


IIISTOUtE DES DYNASTIES lIfUSULJlIANES 285Il n'y a pas mo.yen d'abdiquer.» Depuis, Man~oôr changeade dispositions à son égard, et l'éloigna quelque peu.Il ordonnait de faire entrer avant lui Mahdi, et le faisaitasseoir aprés celui-ci. Il cherchait constamment àl'offenser. Parfoi~, 'lsâ, fils de l\foùsl\, étant assis, on semettait à percer le mur qui se trouvait del'fière lui et àlaisser la poussièl'e se répandre sur la tête d"Îsâ. Celui-cidisait à ses enfants de s'écarter et se levait ensuite pourpriel', pendant que la poussière continuait à lui tomberSur la tête. Enfin, l'autorisation d'entrer lui étant accordée,il pénétrait chez le khalife tout couvert de poussièresans la secouer 1. Alors le khalife lui disait: « 0 'Îsâ !personne ne se présente devant moi avec autant depoussière et de terre que toi; est-ce que tout cela pl'Oviendraitde la route? - Je le pense, Émir des Croyants)l,répondait 'Îsâ, sans se plaindre.Selon une autre version, .Man~oûr aurait fait prendreà 'Îsft un breuvage qui devait déterminer sa mort; il enserait tombé malade pendant un certain temps, puis enguérit. Il ne cessa pas d'être en hutte à ces mauvais traitements,jusqu'à ce qu'il finît par abdiquel' et par reconnaitreplahdlj comme héritiel' présomptif.Au rapport d'autres historiens, l\I.an~otIr soudoya 2les soldats, qui se mirent à insulter 'Isû, fils de Moùsâ~chaque fois qu'ils le voyaient, et à porter atteinte à sa con·sidération. 'Îsâ s'en étant plaint au khalife, celui-ci luiI. Li!", ~.' conll'3lrement aux deux éditions ct aux manuscrits quiont ~:, ce qui ne donne aucun sens satisfaisant tians ce passage, Lacor~clio~ est. d'ailleurs d'OI'tIre tout il fait paléographique et confirméepar Je texte ~I'lD:\' AL-ATIIIR, ChrollicolI, V, 4-12, auquel tout ce récit a étéemprunté textuellement.2, Comme on le ,"oit, le verbe c:: J ne signifie pas nécessairementft exciter, pousser quelqu'un li assassiller UII ,autre .. .!comme dans ~oZY, Supplém.aux (fiet. a/'abes, H, p. 816, 1. 17), mats aussI pousser quelqu UII contreun autre, le soudoyer contre lui.2 2 *


286 ARCHIVES MAROC.\INESdit: « .Mon cher neveu, je te jure par ~\llâh que je crainsces soldats pour toi-même et pour moi. Leurs cœurssont, en effet, entièrement gagnés à ce jeune homme(il désignait ainsi Mahdi). Si tu lui donnais la préséance1 ? » ;\IOI'S, 'Jsâ abdiqua et reconnut JIahdi commehéritier présomptif <strong>du</strong> trone. Un habitant de KoMa ayantvu 'Îsâ, après que celui-ci eut abandonné son tour à Mahdidans la suceession au khalifat, pour prendre rang lui-235 même après Mahdi, s'écria: « Voilà celui qui était demainet


HISTOIRE' DES Dy:i;,\STlES MUSULM.\:\'ES287MOTIFS DE LA CONSTRUCTION DE ROU!?ÂFAL'armée s'étant insurgée contre Man$otir, celui-ci dit ilQoutham l, fils d".\hbâs, fils d"Oubaitl ~\lIâh, fils (l".\hbûs:f( Tu vois l'esprit séditieux qui règne dans les troupes,et je crains qu'elles n'arrivent à s'entend:e contr'e moi. -KHALLlrdN, lVa(ayt1f, noUc(' 682, in fille, Celui dont il ('"l, lIucillion nu lexIen'était, à l'origine, qu'un qunrlier de IJl.lghdâdz. Cc f1u8rlie.· élnil "itué "u,'la rive gauche <strong>du</strong> Tigre et él.nil enlouré d'un mur d'enceinle et d'ulll'mosquée (Cf. IBN AL-ATH ln, ChrollÎcon, VI, p. 270). Il renfel'lflilÏl. le palai;;de Mahdi, la mosquée et un cimetiè"c, où furenl, enlclTés dans Ja suite lnplupart des khalifes, C'est là que plus tlml s'élevèrent le" plliais de;; sull'lnsRouy/des. C'esl au palais de Rou,ç


2R8AnClIIVES MAllOCAINESÉmir des Croyants, répondit Qoutl1am 1, mon aVIS estque tu fasses passer ton fils sur la rive orientale [<strong>du</strong>Tigre], que tu fasses passer avec lui de ce côté unefl'action des troupes et. que tu lui fondes là-bas lIne "ilte.De cette façon, il sera lui-même avec une partie de l'al'mée,dans une ville sur la rive orientale, et tu seras, toi, a"ec,l'autre partie de l'armée dans une ville sur la rive occidentale,Si quelque événement t'inspire des inquiétudes<strong>du</strong> côté de l'une des deux rives, tu pourras trouver uneaide dans l'autre rive. » Le khalife adopta la manière devoir de Qoutham et fonda la ville de Rou!?âfa. Celle-ci fut236 achevée 2 et, depuis, les khalifes prirent l'habitude d'yenterrer leurs morts. Il y conslruisirent de magnifiquesmausolées, qu'ils garnirent de très belles tapisseries etde meuhles somptueux, en quantité incalculable. Ils lesdotèrent d'un nombre considérable de fondations pieusesconsistant en domaines, plantations 3 et immeuhle!i. Sous1. IBN AL-AT"IR (Chl'onicon, V, 461--162) (lit qlle QouUmm commençad'abord par une l'use qlli mit la division enlre les dh'erses fl':ldions del'armée tic Manl/our. Celui-ci cl'aignait surtout une coalition de ses Iroupeseonlre lui. Mais Qouthrllll, pom' les opposer les unes llUX autres, imaginale moyen suivant: aH"l!. fait vcnil' un de sM esclaves, il lui ordonna devenir'se postel' le iendenHlin sur le ,',he~in que lui-même, Qout.ham,devait Iraverser pour art'iver au pillais <strong>du</strong> I<strong>du</strong>llife et IIi, en pl'ésence deIoule l'armée, l'adjUl'cr par Mahomel, par 'Ahbàs el. pal' le khalife de luidire quels étaient les Al'abes les plus nohles, eeux <strong>du</strong> Yémen 011 (,l'IIX del\foçlar, Le lendemain, les chn!'l~s S~ pa..s"renl, ('ornmn il élait COllv~nu,Le vénérahlevieillard rH semhlant un momenl de ne pas vouloil' "él'0ndt'e,puis à hauLe voix, de manière à êh'e enlen<strong>du</strong> de lou.., il affirma qne lalribu de 1\10\131" qui a donné le joUI' à ,Mahomet, est la plus noble detoute., les tr'ibus arabes. Les gens <strong>du</strong> Yémen, irrités, envoyèl'ent, un desleurs an'êler par der'l'ière la mule de Qoutham. l\Iais les J\fo~lal'ites prirentIII dMense de leur chaiMl et coupèrent le bl'3s au Yéménite filli rem·l'(~chail d'I)Vllncel'. A parIil' de ce mornenl, il y eut dalls rarrné~ llulantde partis que de tribus différenle" et Man",oùr n'eut plus il cl'nimlre leUl'coalition,2. En l'année liB ou 1r.9 de l'Hégire (= 770 ou 775), d'apri's les ll'adilionsrapportées ]laI' le Pl'édicalelll' de DaghdAdz. infro<strong>du</strong>clioll, Il'rul. Snlmon,p. 102.3. Le mol Ilinsi Il'3<strong>du</strong>it, est ~.JI, pl. de (\J, Cf. la dlalion d'Ibnl';hallilu\n dans Dozy, SlIpp. aux dicf. a/'abes, Il, p, 32:', ,~. P.


IIISTomE DEg DY"ASTIES MUSUI.:>!Ar'ES 289la dynastie des 'Abhâsîdes, nOIl~iifa l'lit cOllsidéJ'éecOffil;le un asile inviolahle. L'homme qui, ayant des sujetsde crainte, s'y réfugiait, trouvait la sécurité.Manl?oùr mourut en élat d'i?u'âm 1 à La Mecque, enl'année 158 (77& de J.-C.). Rahi' 2 tint. secrète la mort.<strong>du</strong> khalife, afin de faire proclamer 1\Jahdî. On prétendqu'il fit asseoir )e cadane de Maru:wlh, en le maintenant[par des coussinsJ et lui couvrit le visage d'Ilu yoilelôger, il travers lequel on pouvait voir la figure <strong>du</strong> khalife,sans rien comprendre à sa situation. Ensuite, HaM'donna ordre d'intro<strong>du</strong>ire les notables des Uâcl1imitefl.Ceux-ci entrèrent et se tinrent devant le khalife, croyantqu'il était vivant. Alors Rabi' s'approcha <strong>du</strong> khalife commes'il lui demandait quelque conseil, puis rednt vers lesHâchimites et dit: « L'Émir des Croyants vous ordonnede renouveler votre serment de fidélité à [son fils] Mahdi. IlTous les assistants prêtèrent alors )e serment.On raconte que )ors({ue "Mahdi apprit cc fait, il eut dnmépl'is pour Rabi' et lui dit: « La crainte respectueuseque t'inspirait l'Émir des Croyants ne t'a donc pas empêchéde le traiter ainsi:l?))DE L'ÉTAT DU YIZIRAT sous LE R1~GNE DE lIIANl?OÛRSous le règne de ce prince, le vizirat n'eut gllere d'importance,car il faisait tout par lui-même et ~e passait des1. 011 sail (lue ce mot désigne l'état de prépar:ltion pieuse flans lellUf'1~e met le pèlerin dès le moment ou il arrive SUI' le territoire saeré de LaMecrlue. .'2 Yizir de Mansoûl'. Voy. plu;; lorn, Il. 291 cl SUIV.3: Des deux versions qU'ION AL-ATlIiR (Chronicofl, VI, 22-2il) a doon(le!" dela mOI'l de Mrmsoùr et de la proclam:.tion de Mahdi, lIoll'l~ auleur Il IlI'éférécopiel' la seconde, celle !lui montre les 'Ahl!i\~id~s ,.;ou~ UII jourmoins favomhle, comme ay:ml obtenu par f'urJlI'I~e 1as..elliullent <strong>du</strong>peuple, L'lm!.re ver'sion, plus naturelle, est rapPOl'let' tonl lm loug plII'1DN AL-ATlliR, loc. cit.ARcn. MAlIoe.


290 .\RCIIIYES ~'AllOC.\I:XES{wh'es, comptant RU 1.' son l)l'olwe jugement et sa capacité.Cc (lui n'empêche pas qu'il demandait toujours conseildans les affaireR rpuLliflues]. Seulement, la crainte (.u'ilinspirait amoindrissait la crainte qu'inspirent les vizirs,Ceux-ci étaient constamment sur le qui-Yi,-c, il cause delui, et perpétuellement dans les tl'anses. Aussi n'eurentilsaucun éclat, aucune splendeur.YIZIR.\T n'ADoù AYYOÛn AL-J\lOÛRIYÂ~i,sous tE nt:GNE DE lIIAN!;\Oûn.:l/l)lirigr111 est un des hourgs d'al-Ahwùz '. Man~ot'lraya it acheté i\hoLÎ Ayyoùb al-l\IoùriytIllÎ encore enfant,a'-ant de panenir lui-même au khalifat, et le dressa. Or,237 il an'in qu'un jour :\Ian!;'olÎl' em'oya Ahoir Ayyotibaccompagné de présents yers son père f;)affâl.l, 'Iut étaitalors khalife. Lorsque ce dernier yit Aboû A)"J'olÎb, il futagréahlement surpris par son attitude, son éloquence etla heauté de son physi([ue. Alors il lui dit: {( Jeunehomme, à qui appartiens-tu? - Au frère de l'I~mir desCl'Oyants, répondit-il. - Non, dit le khalife, c'est à moique tu appartiens. » Il le retint donc chez lui et écrivit àl\Ian!;'où,', l'informant qu'il avait pris Abo'" Ay)'olih. Puis,il l'affranchit et en fit un de ses familiers <strong>du</strong>rant sonkhalifat. Dans la suite, la situation d'Aholi AYYOllb s'élevaprogressivement, et les bienfaits d'Allâh le comblèrent,1. C'est ce que dit aussi Y:\rlOùt (Cf. BARBIER DE MEYNARIl, Dictionn.géogl'aplt., ete., p. 548), sans "ien ajouter d'autre, De même IBN KIIALLlK,\N(Wa{ayr1t, éd. Wüstenfeld, noUce 275), qui donne la biographie de eevizir. On trouve aussi sur lui une inté,'essante notice dans le manuscritarabe, n' 2066 de \(l Bibliothèque nationale (Jll- Wd{C bil-wa{aydf, parKIIALiL inN AIDAK A~-~AFADi), f' 171 r·. Selon Ibn Khallikàn, al-l\loùriyAnisuccéda il Kh:\lid, fils de Barmak, aïeul des Barmékides. Il fuI disgràciéen 11)3 (= 770 de J.-C.) et mourut en 155. Voy. aussi I


IIISTOIRE DES DY;\"ASTlES MUSULMANES291si bien que Man!;'oûr finit par l'investir de la chargede vizir. Aboli Ayyolrb était d'ailleurs intelligent, bien aucourant des affaires publi'ques, doué d\m bon jugement,é,'eillé et d'un esprit pénétrant. C'était un homme supérieur,noble, pourvu en abondance des qualités qui caractérisentle vrai galant homme.TRAIT DE GÉNÉROSITÉ D'ABOU AyyoûnVoici ce qu'a raconté Ihn Choubrouma 1 : « Ayant mariémon fils moyennant u'ne dot de 2.000 dirhems (drachmes)[qu'il devait payer] 2, je me IH'is à réfléchir à


292 ARGIlIVES ~'AROGAINESnÉCIT' DE L'ARRESTATION j)'ABOÛ AYYOÛn SOl:LAIMÂNAL-MOÛnIYÂNÎ, YlZIR DE M,\:"l?Otll~3R .\holÎ ~\yyolilJ aimait amasse.' leI'; richesses pour regagnerla fflvem' de Manl?Ollr, toutes les fois qu'il avait lieudoc le Cl'aindre, Un joUI" le khalife lui dit: ({ Voif;·tu lasituation de mon fils ~âlil.ll qui n'a pas de domaine rural?- l~mir des Croyants, répondit ,\11011 Anollb, il y a dansl'Ahwftz des terrains de culture inexploités (lui demanderaienttrois cent mille drachmes (300.000) pour êtremis en v;:Ilem' et qui rapporteraient de beaux revenu!';, »Le khalife lui or'donnança alors la somme de 300.000 dl'fIchmesen lui ordonnant d'exploiter lesllits tel'l'ains pOUl'le compte de SOli fils $âlil.l..\boll '\HOllh prit l'arw'ntsans rien fai,'e dans ledit donwine, Chaque flllJlée, ilfaisflit porter [au fils <strong>du</strong> khalife] une somme de 20.000 drachmes,en disant (llIe c'était le revenu <strong>du</strong> nom-eaudomaine, La chose demeura ignorée de Man~oùr penl.Ifl~ AI.-ATllin, V, 466, lionne un "ècit tout dilTét'enl SUI' le" nmses cie\:1 dis~n\('e d',\hoù Ayyoùh al-~IHil";lànl. O'npl'ès cel :lllleUl', l\I:lIl,:,ollrln'nit l'ait dnn,; ,.:a jl'une,;sll un voyag-e il ~Io,.;;;oul, Ù l"épOll'le oiJ ,'ëgnllient(mCOI'e les Oumayy",les, Li, il se m:ll'Ïa il\"ec une femme originail'e deL\z


IIIRTOJRB DES DYXASTIE'i ~IUSULMANES , 293dant un certain temps. Mais, hielltOt, les ennemis d'Abo'"AyyofIb trouvèrent dans ces agissements le moyen d'intriguercontre lui. Ils en informèrent donc Man~olÎr, quise rendit lui-même vers l'endroit où se trouvait le domaine.AbolÎ Ayyoùb ol'donria aussitOt d'éle\'er des constructionssur le rivage, d'y planter de la vigne et demeUre de la ver<strong>du</strong>re tout autour. Dès qu'il elÎt fait cela,Man~oùr passa par là et AbofI Ayyoùb lui dit: « Voilà ledomaine. li En voyant les constructions et la ver<strong>du</strong>re, lekhalife faillit s'y tromper; mais les ennemis d'Abot'JAYYOllb le mirent au courant <strong>du</strong> subterfuge, et l\1anf}otlJ',remontant en selle, se dirigea lui-même, avec les guides(IU'il prit avec lui, et fit le tour <strong>du</strong> domaine. Il le trouvainexploité, ne contenant ni construction ni plantation. Ilcomprit alors tout ce qui s'était passé, et son attention futainsi attirée sur la malhonnêteté d'AboLÎ Ayyotib. Ille disgracia,mit à mort ses proches et confisqua tous leurs biens.C'est alors que le. poète, de Kotifâ, Ibn l;Ioubaibât l, dità ce sujet:~ous voyons que les rois se montrent jaloux de celui à qui ilsremettent volontairement les rênes uupouvoir.Dès qu'ils le voient mâllre des ordres et des interdictions, ilslui font goùter les dé,:;agréments de leur méchanceté.Soulai,mân 2'a bu la coupe d'amertume après Har~ 3, et lnmain <strong>du</strong> sort s'est retournée contre lui.Tandis que Khâlid, fils de Barmak, y a éc~appé, puisque,après avoir été \'izir, on ne le nomma plus que l'Emir.Le plus Inalheureux de l'univers auprès des khalifes est celuiqui porte le litre de secrétaire d'Étllt (kdtib) ou de vizir'.239J. Je n'ai trouvé aucun ren!'leignement SUI' ce poète, s3uf, toulefois SOlinom véritable qui serail Yazld, fils de Khâlid al-Kolil1, d'3Pl'ès le m~nu­Bcrit arabe de Paris, n" 5986, fo 178 1" (Aboli lIilâb al-'Askari : Kildb alart'd'ill.2. C"csl le nom <strong>du</strong> vizir Aboù A)")'Ollb.3. Il s'agit d'Aboù Salama al-Khalh\l dont le }Jctit nom était Har". Vm;.plus haut; p. 245 et suiv. ' .4. Abot' Ayyoùb s'3ttendniltoujoUl's {lU malheureux SOI" qu'il Il eu, 011


29! ARCIIl\'ES lIAROC.\I:XESVIZIfIAT DE RAni', FILS DE YOÜ:'WCS l, SOUS f~EDE MAN~OÛnni'Gè'ECc vizil' sc nommait .\hoù-I-Fa


llISTOIRE DES DYXASTIES. ~I{iSl"L~IAi\"ESle directeul' de la clwucellerie, se plnisail il faire l'emonlel'sa généalogie à Fa~lI, fUs de !lnb!'. Je suis loulil fait surpris de cette idée de la pnl't d""\Ià' ad-Dîu.Comment un homme aussi éminenl el nussi plein de mél'Îtesque lui, et qui connaissail les biographies el l'histoire,a-t-il pu être satisfait de rattacher sa généalogie ilFa{.!l, fils de Rahi'. Car si '.\1'" ad-Din s'est attrihué iltOl't celte généalogie, c'est un déshonneut' évident. Si,au contraire, c'est la vérité, un jugement sain auraitcommandé de cacher une pareille origine, car il ne s'entrouve pas de plus déshonol'ante, ni de plus basse. l'ontd'abord, parce que Fa{JI, fils de Hah!', n'était pas unhomme d'honneUl'; il passait pour avoir des maunlÏsesmœurs, On prétend qu'il avait un jeune homme qui ln-aitdes rapports avec lui, et qu'on appelait l'élalon de Fac;ll.Les poètes ont même composé des vers sur lui à ce sujet;en voici un échantillon::'U.ûLa sodomie <strong>du</strong> J,halifc est CCl'les chose étonnanle; mais plusétonnante encore est la débauche <strong>du</strong> ,-izÏr.Si encore/ils se contentaient l"un de l"nulre; ils y gngneraicnlau moins lal:Jiscrélion.En second lieu, parce que Bahr, tout en étant linhomme considérable et fOl't capable, était d'urie originedouteuse. Tantôt on disait qu'il était un enfant trouvé,tantôt enfant naturel'. La meillelll'e origine à laquelle ilpuisse prétendre. ce serait que sa descendance d'Abot!Farwa, l'aO'ranchi d"Othmi\n, fils d".\/!'ùn, 1I'It nulhentiqne. Or c'est Jà la plus grande honte, cal' _\ bot'I Farwnétait d'une très basse extl'action et il était escJ:we delJ:\rith, Je fossoyeUI' de Ln )Iecquc, ]1'{lue! Ihlrilh étaitaO'nmchi d"Othmàn, fils d''.\f!':ln, De 50rte f(lI'.\bolÎ1. Li;;I~z tj avec lIlI fies/'(/ ,:;ous ln premic"J'(' Jellre. Ln '"(J,velle de l'éditioll(',,( l'nulin'.


296 ARCIUVES atAROCAI:'lESFal'wa était l'esclave de l'esclave d"Othmân, C'est à cesujet qu'un poète a dit:Certes, les droits de patronage de KaisAn' appartiennent àHill'ith qui fut, pendant longtemps, chargé de creuser leslombes à Yalhrib 2.2ldAboo. Farwa s'était révolté contre 'Othmân le jour dela Maison 3, Cet acte, à défaut d'autres, suffit pour lecouvrir d'opprobre, Peux-tu imaginer une origine plusbasse et plus vile. Mais ce qui est encore plus étonnantque la manière de voir <strong>du</strong> vizir 'AIâ' ad-Din sur ce point,c'est qu'il ne se soit trouvé, auprès de Son Excellence,personne qui connût la vérité pour l'en avertir.Rabi' était un homme considérable, très respecté, énergiqueet qui inspirait la crainte. Il était éloquent, capable,ferme, intelligent, éveillé, et joignait à une connaissanceapprofondie <strong>du</strong> calcul et de l'administrationdes finances, une grande habileté dans le maniement desaffaires publiques. Il savait discerner les actes qu'il devaitfaire ou éviter; enfin, il aimait faÎl'e le bien.On raconte que Man~oo.r fit venir un jour en sa présenceun homme, qui se serait, d'après le rapport fait aukhalife, insurgé contre un fonctionnaire qui gouvernaitune province au nom de l\Ian~our. I( Malheureux, lui ditle khalife, c'est toi qui t'es révolté contre le gouverneurUll lei? Par Allâh! je ferai sauter de ta chair [à coups debâton] plus de fragments qu'il n'eri restera d'adhérents àtes os. Il L'homme, un vieillard décrépit, répondit d'unevoix faible, en récitant ce vers:Peux-tu refaire le caractère de ta femme, quand elle est déjà1. C'est le nom d'Aboll Farwa.2. Yathl'ib, comme on le sait, est un autre nom de la ville de Médine.Ibn (l~-Tiq~aqà disait plus haul, page 295, del'nière ligne, que c'est à LnMCC1IUC que t'Arith était fossoyeur.3. Voy. ci-dessus, p. 157 et suIv.


lIISTOIRE DES D\'NAS'flE5 ~IUSULMA:'ŒS29iaUeinte de décrépitude? C'estpeine inuLile de vouloir disciplinerun vieillard que l'Age a brisé.« Que dit-il, ô Rabi' ? » demanda :\Janl;loÎlrà son vizir.Celui-ci répondit: « Il dit:Je suis votre esclave et mon sort est enLre vos mains, [Dnigneras-tu]détourner de moi, aujourd'hui, ton chAtiment?2h2Il Nous lui avons pardonné, dit le khalife; qu'il s'enaille. liUn jour, l\Ian~oùr remarqua dans son jardin un petitarbuste de saule d'Égypte de l'espèce dite khildf (ce motsignifie: désaccord). Ne connaissant pas cette plante, ildemanda: (1 Quel est le nom de cet arbuste, Rabi' ? -:­Unanimité et accord », répondit le vizir, parce qu'il luirépugnait de dire: désaccord (khiIAf). Manf;loûr admirason esprit d'à-propos et il fut satisfait de sa réponse.Rabi' demeura vizir de Man/?oÎlr. Il travailla ensuiteà faire proclamer khalife Mahdi, dans les conditionsci-dessus expliquées t; il fut le dernier vizir de l\fan­!;lO{\r.Voici le motif pour lequel Hâdî le fit mettre à mort. Ayantdonné, en présent, une très belle esclave à Mahdi, filsde Manf?otLr, ce khalife la donna lui-même à son proprefils MotLsâ Hâdî, qui, éper<strong>du</strong>ment épris d'elle, la renditmère et eut d'elle tous ses enfants.Lorsque Hâdi devint khalife, les ennemis de Rabi' lecalomnièrent auprès de lui en lui disant : « Toutes lesfois que RabI' voit vos enfants, il ne manque pas dedir~ : « Par Allâh ! je n'ai jamais placé entre moi et la terr'e« une femme plus exquise que la mère de ces enfants."Le khalife, ses enfantsèt aussi sa concubine en furentindignés. C'estalors que HAdî offrit une coupe remplie de1. Vor. ci-dessus, p.289.2 3


AHCIllYES :\\.\ROCAI:"ESmiel empoisonné ù .son vizir, qui, l'nynnt hue, mourut lejour même, Cet événement eut lieu en l'année 170/786\., 1Fin <strong>du</strong> règne de JI(Jll~alll' el de l'his/ail'e de ses vizirs.III. - ni~GNE DE ~L\HDÎ ('158/7ïlt-1ô9/ï8ij\,2lc3Apl'ès ~[an~oûr régna son fils ~[oul.lammad ~Iahdi, dontle nom complet est ;\boù 'Abd .\llàh ~Io(JI.lammadMahdi,fils d'Aboù Dja'far )Ian~oÎlr.Sa généalogie a. été donnée plus haut, Il fut proclamékhalife ù La ~Iecque, en l"nnnée la8 (77f! de J.-C,).~Inhdi étnit un prince énergique, éveillé, généreux, terriblepOUl' les mounzidiles 1 et les zindîqs '!. Il déplbya ildétruire ces sectes un zèJe il l'abri de tout reproche, Pnr'le désordl'e, les calamités et les insurrections, son règneressemblait il celui de son péf'e. ~Iahdi tenait som"eut nudiencel'altI' rendre lui-même la justice. On raconte quelorsqu'il tenait ces nlldiences, il disait: « Fnites entrer enma présence les "cldis, car si je ne m'appli(Juais il redl'esserles griefs que par défél'ence pour cés mngistrats,ce serait encore une garantie suffisante 3. »On rapporte 't aussi (lue ce khalife, faisant une prome .nade a\'ec un de ses fmniliel's nommé '"\mr", s'ëcarta deson escorte. tout en chassnnt. Comme il a\"ait fnim, il dit à1-2. Voy., SUI' ces hétérodoxes, un mémoi,'e de )(. Clémenl Ihwrl. intitulé:les Zindbls en droit musulman ,dans .Ides


IIISTOIRE DES D'ï",\STIf:S ~H'SUUL\.'ES',\1111' : « )' a-t-il quel(llle chose il mange\' ? - Je vois, dit'.\JllI',une,cabHlle. » Ils s'y dil'igèl'cnt et y Lrouvèl'('111 UIINahatl;en"propriétaire d'un petit potage,'. Ils le snluèl'('nl,l'uis lUI d('mandèrent s'il disposait de que1(lue nOUI'l';­tlll'" : ...rai, répondit-il, <strong>du</strong> poissoll salé 1 I,c'esl Ull(' SIII'II>de hors-d'œltvre fait de petits poissons!; j"ai aussi dllpain d'orge. - Si tu as avec cela un pell d'huile, Illi dit.\Ia"di, III nous Iluras fait une hospitalJLé '! padaite. ­Oui, dit Il' paysan; et j'ai aussi <strong>du</strong> poil'eau Il, ('t il Il'11''appoI'ta ces pl'O\'isions qu'ils mangèrent jusqtÙ\ Se rassasiel',-'/ahdi dit nlors à ';\Illr: « ItnpI'ovise I[llchlues \('l'Sde circOllslance.)) '.\mr impl'ovisa cellx-ci :CclIIi 'fui SPI'!. il ses hùles <strong>du</strong> poisson salt'~ llVCC de l'hui/p, t'l dllplli" d'Ol'g"C a\'('c <strong>du</strong> poireau,MC;"ite, pOIII' SOli mauvais pl'océtM, UIlC clallll


800 ARCIIIYES 1IIAIiOCAI:'iESqanna' 1 (l'Homme au Masque) dans la province <strong>du</strong> Khorâsân.Voici le récit de cet événement.Mouqanna' était un homme borgne, de petite taille;il habitait Marw. Il s'était fait un masque d'or, qu'il mitsur son visage pour le cacher et il prétendit être Dieului·même. Il disait: (( Dieu a créé Adam et s'est incarnédans sa personne, puis dans celle de Noé, et ainsi desuite jusqu'à Abo(l Mouslim Khorâsâni 2. Il Il se donnale nom de Hâchim, et il croyai,t à la métempsycose. Beaucoupde gens à l'esprit égaré lui prêtèrent le serment defidélité et, dans quelque pays qu'ils se trouvassent, ils seprosternaient dans la direction de l'endroit où résidaitMouqanna'. De même dans les combats, ils criaient : « 0Hâchim! accorde-nous ton aide! )1 Un très grand nombrede partisans vinrent se grouper autour de lui.Mahdi ayant envoyé contre lui une armée, Mouqanna'se réfugia dans une citadelle 3 (qara) située dans ..cetterégion. Les troupes <strong>du</strong> khalife lui infligèrent un si longsiège, (Ju'il se lassa ainsi que ses partisans, dont la plupart"demandèrent l'dman (la paix avec la vie sauve). Il neresta plus avec lui que clueIque'S personnes, et il continuaità être bloqué dans sa forteresse. Alors, ayant alluméun énorme bûcher, il y jeta tout ce qu'il y avait dans laforteresse : bêtes, vêtements, et objets mobiliers. Puis,réunissant ses femmes et ses enfants, il dit à ses compa-1. M. Derenhourg, dans son édition, p. 2"", a lu al-Moqna'. Mais voyezd'abord le Tl1dj al-'aroùs, V, 488, qui dit: ft ce mot est sur le paradigmede rli.... mou'aua"" puis IBN KUALLIKAN, 'Wa{aytlt al-a'ydn, éd. '''lislenfeld,notiee 186, p. 128 et spécialement notiee 431. Le nom de cet hérétiqueserait 'A!â ou I.Iaklm; cf. InN KUALLlKb, loc. cil.2. Voy. ci-dessus, p. 220 et sq. et Cf. IBN KIIALLldN,loc. cil.3. D'après InN KIIALLlK1N, loc. laud., qui cile YâqoOt, le nom de celleciladelle était Sandm. Elle était située dans la Tr:msoxiane (M<strong>du</strong>rardnnahr),près <strong>du</strong> bourg de [(eelleh, sur lequel voy. BARDIER DE MEYNARD, Dictionnairegéographique de la Perse, p. 488. .4. Treille mille d'après InN AL-ATlJlR, Chronicon, VI, 34.


1. D'après le récit d'Io~ KHALLlK~N, l-Va(aydl al-aydn, lac. laud., Mou-qanna' et sa famille se seraient donné la mort en absorbant un violentpoison. De même IBN AL-Andn, loc. cil.2. Voy. ci-dessus, p,. 176 et suivantes.3. D'llpt'ès lequel ils touchaient leur pension ou solde.4. Cc. MAs'oùol, les Prairies d'or, éd. et trad. BARmER DE MEYNARO,V, 21, notamment les deux vers qu'il cite:« Cet'Ies ZiyAd, NAO' et Aboù Bakra sont pour moi ce qu'il)' a de plusétonnant au monde.2 3 ..oIlISTOJOE DES DYNASTJES MUSULMANES 301gnons: Il Que quiconque d'entre vous désire monter au cielavec moi, se jette dans ce feu. » Il s'y jeta 1 ensuite luÎmêmeavec ~es enfants et ses femmes, pal' crainte que soncadavre ou ses femmes ne tombassent entre les mains desennemis. Quand le feu les eut tous consumés, les portes dela forteresse furent enfoncées, et les troupes de Mahdi yentrèl'ellt,mais la trouvèrent dévastée, complètement vide.En montant sur letrone, :\Iahdi rounit la question dela destitutio,n de 'Îsâ, fils de l\foîtsâ, et de la proclamation deses pl'Opres fils Moûsâ al-Hâdl et Hâroûn ar-Hachid commehéritiers présomptifs <strong>du</strong> trone. Nous avons raconté précédemmentde quelle manière 'fsâ avait déj~\ été dépossédéune première fois, sous le règne de l\[an~oûr, qui fit passeraYa~t lui Mahdi. Celui-ci, en montant sur le trone,voulut faire pour ses enfants ce que Man~oûr avait faitpoùr lui-même. En conséquence, il demanda à 'Îsâ, filsde :\IOllSâ, d'abdiquer lui-même ses droits. Mais ce dern'ierrefusa. Mahdi employa alors les menaces et les promessesjusqu'à ce que, 'Îsâ ayoant accepté, il fit constater son abdicationpar des témoins et proclamer ses propres fils,Hâd! et Hachid.'Mahd!, comme autrefois son père (:\Ian!?,oÔr), avaitl'habitude d'examiner minutieusement le détail des questions.C'est ainsi qu'en montant sur le trône, il donnaordre de rétablir la généalogie de la famille de Ziyâd ibnAb/hi ~ en la rattachant à 'Oubaid ath-Thaqafl et de lesrayer <strong>du</strong> registre généalogique 3 de Qoraich. Il ordonnaaussi de rétablir la généalogoie de la famille AbotI Bakra &2lt5


302 ARcmVES lIIAROCAIè'lEi;2lt6en les rattachant à la clientèle <strong>du</strong> Prophète (SUl' lui soientles bénédictions d'Allûh et son salut !). Il en fit dresser deslettres patentes, et sa décision fut effectivement exécutée.Mais, dans la suite, les gouverneurs se laissèl'ent corromprepar les descendants de Ziyâd et les rétablirent surle registre de Qoraich., ~Iahdi fit, à diverses reprises, des expéditions contrel'empire IJytantin et demeura toujours maitl'e de la victoire.Il mourut à l\Iâsabadzân l, mais J'on est en désaccordsur la cause de sa mort.Selon les uns, dans une de ses parties de chasse, ilpoursui,-ait une gazelle, lorsque celle-ci pénétra par laporte d'une masure. Le cheval de Mahdi s'y engageaalors derrière elle, etle linteau de la porte de cette mnsure,ayant broyé le dos <strong>du</strong> khalife, détermina sa mort sur-Iechamp..D'après une autre version 2, une de ses jeunes estlavesayant mis <strong>du</strong> poison dans un plat qu'elle destinait ~ uneautre esclave, Mahdi, qui n'était pas au courant, en mangeaet y trouva la mort. Cet événement eu lieu en l'année169 (785 de J.-C.).Le poète 3 Aboù·l-'AtâhiYJa a dit, en décrivant les jeunes" Voilà trois hon;mes formés dans le sein de la même mèl'e et dont lag~néalogie est différente. L'un se dit Qoraichite, l'autre affranchi el letroisième se donne pour Arabe! "Voyez aussi ION AL-Antin, Chronieon, VI, 81-32.1. Ville de la p.'ovince <strong>du</strong> Djibéll. Cf. BAnolER DE MEYNAnD, DieUol/­naire géograph. de la Perse, p. 510, )J'après Yâqoùl, c'esl à Raddz,bourg silué il quelques parasanges de I\IAsabadzân, qlie se trouve letombeau de Mahdi. Cf, op. laud" p, 2,j9, elles Prairies d'or, de l'flAs'oûDi,YI, 225 j IBN AL-AnJin, Chronieon, VI, 54.l!. Celte vel'sion est donnée par les Prairies d'or, éd. BAnBIER DE MEY­NARD, VI, 223 et ION AL-ATHiR, Chronieon, VI, 0!-55.3. Ce poèle, dont le nom est Ismâ'll, ms de Qàsim, était surnomméDjarl'dr (le marchand de jarres), parce qu'il aWlit exercé ce méfierdans sa jeunesse. Né dans le 1;IÎfljàz en 148, il mourut en 828. Sa poésie,comme on le sail, esl plulùt de la morale mise en vers. Yoy. la biblio·graphie dans DIIOCKEUIANN, Gesehiehle deI' arab. Lilier., l, 77-78. CL.HUAnT, /lisl. de la Mil. ar.,.p. 7! el suiv. ; l\iUlb al-aghl1ni, III, ]26-]28.


ItISTOIRE ots DYXASTŒS 1IIUSVLMA:"ESeschn'es <strong>du</strong> khalife, (Jui étnient sorties, après sa mort,Yétues de cilices:Hicr encore, eUcs élaient Jans la soie, et les voilà aujourd'huiCOuycrtes de cilices.Tont bélier (ou taureau) vigoureux esl appelé à être un jourterrassé "Tu n'es pas immor'Lel, dût la vic sc prolonger aulanl que celle


30! ARCIlIVES MAROCAINESbUt les bases de l'administration.. C'était Ul1 homme d'Étatde premier ordre, et nul ne pouvaitlui être comparé sousle rapport de l'habileté, de la science et de la connaissanceprofonde des affaires. Voici, d'ailleurs, un aperçu de sabiographie.267 VIZIRAT D'ABOÛ 'OUBAID ALLÂH MOU'-ÂWIYAH, FILS DE YAS..\R,sous LE RÈGNE DE MAHDIIbn Yasâr descendait d'un affranchi d'al-Ach'ari 1. Ilavait rempli les fonctions de secrétaire et de gérant deMahdî 2, avant son avènement au khalifat. C'est Manl?oûrqui l'attacha au service de son fils. Il avait même penséle prendre lui-même comme vizir, mais il préféra sacrifierson propre intérêt en le donnant à son fils l\Iahpî. Ildominait complètement celui-ci, qui ne lui dèsobéissaiten rien. D'ailleurs, l\Ian~oûr ne cessait jamais de le recommanderà son fils et lui ordonnait constamment de seconformer à ses conseils. Après la mort de l\Ian~otir,)fahdî étant monté sur le trône <strong>du</strong> khalifat, donna pleinspouvoirs à Ibn YasAr pour gouverner l'empire et lui confiales diwâns. C'était un maître dans son art; on lui doit uncertain nombre d'innovations, eutre autres le remplacemëntde l'impôt foncier (kharddj) par la mouqdsama ou impôten nature, consistant dans une quote-part de la récolte.Auparavant, le souverain percevait sur les récoltes unimpôt foncier déterminé, sans participer au partage de larécolte. Mais lorsqu'AbOli 'Oubaid Allâb fut inycsti <strong>du</strong>vizirat, il réglementa la question <strong>du</strong> partage en naturel.. Dont le nom est 'Abd Allàb. cr. IBN KIIALLlK.tN, ll"a{aydl al-a'ydn,éd. WOstcnfeld, noUce 840, p. 88.2. Ce point est confirmé pm' les Prairies d'or, VI, 232, qui consacl'enlen tout quatre lignes à ce vizir.


HISTOIRE DES DY~ASTIES MUStJLlIIA:'IES 305avec le lisc, et frappa de l'impôt (kharddJ) les palmierset les arbres à tige ligneuse. Depuis, ce système a étésuivi jusqu'à ce jour. Il composa, sur l'impot foncier (kharddj),un livre, où il indiqua les règles légales auxquellescet impot est assujetti, tous les détails de son application,ainsi que les principes de son organisation. Il est le premierauteur((ui ait écrit un ouvrage sur cette question.Depuis, il a été pris comme modèle par d'autres personnes,qui composèrent des ouvrages sur l'impôt (klzarddj) 1.Ibn Yas~r était très orgueilleux et très fier.On raconte (lue lorsque RaM' arriva de La Mecque,après la mort de Manl]ollr et la pl'oclamation de Mahdi,il se présenta, aussitôt arrivé, à la porte d'Ahoû 'OuhaidAIlâh. Fal;U, fils de Rabi' [qui accompagnait son père], luidit: « Comment, père, nous commençons par Je viziravant de nous présenter devant le Commandeur desCroyants et avant d'aller chez nous?- Parfaitement, moncher enfant; c'est le favori de cet homme 1[<strong>du</strong> khalife] etHIe domine entièrement. ))Arrivé à la porte <strong>du</strong>' vizir Aboû 'Oubaid Allâh, Rahi'attendit un moment la sortie de l'huissier, (lui ren- 2lt8tra demander pour lui l'autorisation de se présenterdevant le vizir. Celui-ci ayant accordé cette autorisation,Rabi' entra, mais le vizir ne se leva même pas audevant'de lui. Il,, lui demanda ensuite des renseignementssur son voyage et sur sa santé. Rabi" lui ayant1. Parmi ceux qui ont composé des ouvrages sur cette matière, il yen a trois dont l'œuvre nous est parvenue. Ce sont: 1° le célèbre ImàmAboO I,Ianffa (t 182 = 193). Cr. GOLDZIHER, Muhammedanisch. Siudien, Il,n; BnocKEUIANN, Ge.ch. der arab. Litt., l, 111; 2° Yal,tyâ ibn Adam-)1 (l'homme), qui a été rejclée ennote dans l'édition.Ancn. ~UROC.:/lI


306 ARCJIIVES lIJAROC.\JNESrépon<strong>du</strong> sur ce point, commença ensuite à l'entretenir dece qui s'était passé à La ~fecque, de la mort de Mau!?oftrel des efforts qu'il avait dft lui-même déployer pour faireproclamer Hâdî. :Mais Je vizir lui coupa bruslJuement laparole en lui disant: « Je suis au courant;il n'est pas nécessaired'y revenir. Il Rabi', très fâché, se leva et sortit:(1 l'uissè-je être tenu envers Dieu de ceci et cela, dit-il à sonfils Façll, si je n'emploie pas toute ma fortune et toutemon influence à lui nuire et à briser son bonheur! »Babr alla trouver ensuite le khalife :Mahdi, qui le pritcomme chambellan et en fit un de ses intimes, commeil l'avait été avec son père (~lan!?011r). Dès ce moment,Rnbî' commençn à intl'iguer contre Aboû 'Oubaid c\!­lâh par tous les moyens possibles, mais il n'obtint mlcunrésultat. C'est alors (lue, prenant à part un des ennemis<strong>du</strong> vizir, il lui dit: « Tu as vu de quelle manière Abo(\'Oubaid Allâh s'est con<strong>du</strong>it à ton égard (ce vizir l'av;til eneffet persécuté)et aussi envers moi; n'aurais-tu pas quelquecombinaison pour nous venger? - Par AUâh ! non, réponditl'homme,je ne trouve aucun stratagème qui puisse réussircontre lui, car c'est l'homme le plus chaste que je connaisse,celui dont la main et la langue blessent le moins sessemblables. Sa ligne de con<strong>du</strong>ite est droite, son habiletédans son art estau-dessus de tout et sa capacité est telle quetu sais. Son fils, au contraire, a une mauvaise con<strong>du</strong>ite etune vie déplorable, de sorte que les mauvais rappol'ts surlui ont de gl'andes chances de l'atteindre 1. Si donc il yavait un moyen d'atteindre indirectement le vizir par la voiede son fils, peut-être y réussirions-nous. Il Rabi' embrassason intel'locuteur entre les deux Jeux, et entrevit dèslors l'intrigue à ourdir contre le vizir. En conséquence,il accusa son fils, auprès <strong>du</strong> khalife Mahdi, de toutesI. C'cstainsi que j'entends 111 locution ~I t J ...... JyiJI J • que ne donneaucun didionnnil'c à ma cOllnnissance.


HISTOIRE DES DYNASTIES lIIl"SUUI,\:\ES SOiSortes de calomnies. Tantôt il l'accusait d'entretenir uneintrigue amoureuse avec une femme <strong>du</strong> (wrem royal, tantôtil prétendait qu'il était zindfq 1.Or, Mahdi était terrible contre les mouillidiles et leszindîqs, qu'il épiait constamment pour le~ fail'e périr.Aussi, dès que son esprit fut convaincu de la culpabilité<strong>du</strong> fils <strong>du</strong> vizil', HIe fit mander et lui demanda [de réciter')quelque partie <strong>du</strong> Qoran sublime. Le jeune homme ne sutrien. Alors, le lihalife, s'adressant au Yizir, qui était présent,lui dit: « Ne m'as-tu pas dit que ton fils savait parcœur le Qoran. - Parfaitement, J~mil' des Croyants,répondit le vizir; mais il m'a quitté depuis longtemps,et il l'a ouhlié. - Eh bien, reprit le khalife, lèye-toi etoffre son sang à Allâh.» Aboû 'Oubaid Allâh se leva, trébucha,puis tomba à terre, secoué par un tJ'emblement detout son COI'P·S. Il Émir 'des Cro\'ants >l, dit 'Abhâs '!,, "filsde Moubammad, oncle <strong>du</strong> khalife, qui assistait à celtescène, Il si tu crois pouvoir dispenser ce malheureux vieil.lard de tuer lui-même son fils et confier cette besogne àun autre [je t'en prie], fais-le.» Alors, Mahdi ayant ordonnéà. l'un des assistants de meUre il mort le fils <strong>du</strong> vizir, cethomme lui trancha le cou :1. Quant à son père, il continuaà remplir son service comme auparavant, mais la tristesseétait peinte sur son visage. Les bons sentiments deson cœur s'altérèrent, de même que les sentiments deMahdi il son égard. Un jour, en entrant chez le I,halifepour lui soumettre des lettres arl'Ïvées des pays étrangers,celui-ci donna ordre d'évacuer' le prêtoil·e. Toutesles personnes qui s'y trouvaient sortirent, sauf RabI'.Ma.is Aboû 'Oubaid AlIâh ne donna lecture d'aucune deces lettres et demanda que Rabi' SOl'tit également. Le2lt91. Voy. ci·dessus, p. !!l8, note 1-2.2. SUI' ce personnage, voy. le Ki/db al-aghdnf, HHlex, p. 430; InN AL­ATuiR, VI, 36.3. Cf. les Prall-les d'or, VI, 2:;3.


308 ARCIIlVES lIlAROCAINESkhalife lui ordonna de sortir, mais Ràbt' recula un peuseulement. Il Ne t'ai-je pas ordonné de sortir? lui criale khalife.- Émir des Croyants, répondit-il, commentpuis-je sortir et te laisser tout seul et sans arme, avec un250 Syrien, <strong>du</strong> nom de Mou'ûwiya, de qui hier encore tu astué le fils et dont le cœur bouillonne de colère? Commentsortirai-je en te laissant seul avec lui dans ces conditions?» L'idée fit impression sur l'esprit de Mahdi.Toutefois, il répondit: II 0 Rabi" j'ai confiance dans AboO'Ouhaid Allâh dans toutes les circonstances. Il Puis,s'adressant au vizir, il lui dit: Il Soumets-moi tout ceque tu veux, je n'ai pas de secrets pour Rahi'. ) Quelquetemps après, Mahdi dit à Rabi': « .le suis gêné devantAboO 'Oubaid Allûh,par suite de ce


mSTOIRE DES DY;";ASTlES MUSUI.MAXES 309fils de Sanârl, gouverneur <strong>du</strong> Khorâsân. Ya'qoûb, fils deDàoud, était chfife et, au début de sa carrière, il avaitété partisan 2 des fils d"Abd Allâh, fils de IJasan, fils deI:Iasan, et eu toutes sortes d'aventures 3 à ce sujet. Dansla suite, l\fan17oÔr craignant, de la part des fils de I;fasan,quelque entreprise à laquelle il serait impossible de re.médier, se mit en quête d'un homme de l'intimité des filsde I)asan pour le leur opposer~. C'est alors que Rahi'lui désigna Ya'qoàb, fils de Dâoud, à raison de l'amitié quiles unissait et pour renverser <strong>du</strong> pouvoir le vizir Aboir'Oubaid Allâh l\Iou'âwiya. Mahdi, l'ayant fait venir, s'entretintavec lui, et vit (,ue c'était un homme d'une rareintelligence et d'une con<strong>du</strong>ite irréprochable 5. Ille prit en 251grande affection et en fit un de ses intimes. Il le pritensuite, comme vizir et lui confia le soin de diriger lesaffaires de l'empire 6•Selon une autre version, le motif de l'arrivée de Ya'qotrb,fils de Dâoud, au vizirat est tout différent. Il aurait promisà Rabi' 100.000 dinârs, s'il parvenait à lui faire obtenirle vizirat. Alors, Rabi' se mit à faire son éloge à Mahel;chaque fois qu'ils avaient un entretien en pàrliculieJ'.Mahdi demanda à le voir j lors(fu'il se présenta devant Jekhalife, celui·ci lui trouva des (!uaHtés morales et untalent des plus distingués. Dans la suite, il dit lui-mêmeau khalife: « Éinirdes Croyants,.. il y a dans l'empire desaffaires qui ne parviennent pas à ta connaissance; si tu1. C'est ce que confirme IJIN KIIALl.fKÂN, Wa(aydf, éd. WÜslenfeld,notice 8~0, p, 87. Voy. aussi l'fAS'OlTD!, Prairies d'or, VI, 232; Ki/db alaghdni,Index, p. 718. Sur NIl~r, voy. ci-dessus, p, 230, note 3.2. Il a même été secrétaire d'Ibrdhlm, fils d"Abd AIIllh. Cf. InN KUAL­L1KÂN~ loc. cit.. 8. Il avait été notamment jelé en prison en lU ou en 146, par ordrede Manlj\oùr. cr. InN KIIALLIK.\N, foc. cil,4. LiUéralement: pour lroUl'er en lui une aide contre (eUl' entreprise.n. Littéralement: et vit le plus parfait des hommes sous le rappoI't deIïnlelligence et le meilleur d'entre eux, au point de vue de la con<strong>du</strong>lle.6. Voy, dans InN AL-ATOIR (Chronicon, VI, 25) le l'écit des débuts deYa'l)oùb, flIs de Ddoud.


:HO _\RCIIIVE5 MAROCAINESme chargeais de te les soumettre, je déploierais tOlltmon zèle pOUl' te donner les conseils les plus !'\illcères.» Le khalife l'admit dans son intimité et en (it SOliconfident; et Ya'qotlh lui soumettait, chaque jour. desrélol'mes utiles, des questions importantes et (les avis dictéspal' une grande sincél'ité, que le khalife n'avait jamaisrc~~us auraI'avant. C'est alors qu'il fit de lui son ami intimeet fit dl'esser des lettres patentes où il le déclal'ait sonfrère 1 en .\Illih (qu'il soit exalté n. Ille prit comme vizir etlui confia toutes les atr.lires de l'empire. Il lui donna aussila haute main Sur tous les hureaux de l'administration;J,,'ef, il lui donna la première place dans l'empit'e, au poillt


IIfSTOIRE DES DYNASTIES )IIUSULMANI,S aIl.


;\12 ARCIIIVES ~l.\nOCA):"ESauprès de lui; il était dans un pavillon placé au milieud'un jardin; les branches des arbres, chargées de fleursde toutes sortes, se courbaient jusqu'au niveau de la terrede ce pavillon, qui était ten<strong>du</strong> de tapis roses. Il avait, visà-visde lui, une jeune esclave d'une beauté telle que jen'ai jamais vu plus heau visage. Il 0 Ya'qoitb, me dit-il,(1 comment trouves-tu ce pavillon? - Tout ce qu'il y a de« plus beau, répondis-je; qu'Allâh en fasse jouir, dans la(1 quiétude, l'Émir des Cropnts! - Eh bien 1 je te le« donne, me dit-il, avec tout ce qu'il contient, et je tel( donne, en plus, 100.000 drachmes et celte jeune femme,« pour que ton bonheur soit complet. » Comme je formais253 des vœux pour lui, il me dit: « Mais j'ai un service à te« demander et je désire que tu m'en promettes l'accomplis­(1 sement. - Émir des Croyants, lui dis-je, je suis ton« esclave, obéissant à tout ce qu'il te plait d'ordonne)'. ,)Alors, il me remit entre les mains un 'AUde, en ajoutant:I( Je désire que tu m'en débarrasses, car j'ai peur qu'il(1 ne se révolte contre moi. - Tu seras obéi, répondis-je.« - Il faut me le jurer», reprit-il. Alors je lui jurai parAllâh que j'accomplirais ses désirs. Ensuite, on transportachez moi tout ce qu'il y avait dans le pavillon, ainsi quela jeune esclave. Ma joie de l'avoir était telle que je laplaçai dans une pièce contiguë à celle où je me tenaismoi-même, n'étant séparé d'elle que par un léger rideau.Puis je fis entrer l"AUde auprès de moi, et je m'aperçus,en l'entretenant, que c'était un homme d'une rare intelligence.Il 0 Ya'qoith, me dit-il, tu veux donc paraitt'eII· devant Allâh en ayant mon sang sur la conscience, alors« que je suis le descendant d"Ali, fils d'Aboit Tâlih et de« Fâtima, et que je ne me suis ren<strong>du</strong> coupable d'aucuncrime« à ton égard? - Non, par Allâh! lui répondis-je; prends"lI cet argent et sauve-toi. Il Pendant ce temps, la jeuneesclave écoutait tout. Elle envoya à Mahdi un émissairesecret, qui le mit au courant de l'affaire. Alors,•


HISTOIRE DES DYNASTIES IIIUSUUfANES~fahdt fit occuper les rues par des soldats et parvint àarrêter l"Alide. Ille plaça dans une pièce voisine de sonprétoire, puis me fit mander.« Lorsque je me fus présenté, il me dit: « 0 Ya 'qotrb,« qu'as-tu fait de l''Alide?)) Je répondis: « Allâh en a« débarrassé l'Émir des Croyants. - Il est donc mort?« reprit-il. - Parfaitement, répondis-je. - Tu le jures« par Allâh ? insista-t-il. - Je le jure par Allâh, fisf(je. --,. Eh bien, dit-il, mets ta main sur ma tête et jure 2M« par elle.)) Alors, raconte Ya 'qotrb, je plaçai ma mainsur sa tête, et je jurai. Mais le khalife, s'adressant à unde ses esc.laves, llii dit: « Amène-nous la personne qui« est dans cette pièce. » L'esclave amena l"AlIde. Dès queje le vis, je perdis l'usage de la parole, et je restai perplexe!(1 ÜYa'qoOb, me dit alors Mahdi, j'ai mainte-« nant le droit de verser ton sang. Puis [s'adressant aux« gardes], amenez-le à la prison <strong>du</strong> Moutbiq 1. " - Je fus,continue Ya 'qoftb, descen<strong>du</strong> par une corde dans un puitsobscur, où je ne voyais plus la lumière <strong>du</strong> jour. Chaquejour, on m'apportait de quoi me nourrir, et j'y demeuraipendant un temps que je ne pouvais pas apprécier. Jeperdis la vue. Mais, un jour, on me descendit une cordeet l'on DIe dit: « Monte, la délivrance est arrivée. ) Alorsje montai. Mes cheveux et mes ongles étaient devenuslt'ès longs. On me .fit entrer au bain, et après m'avoir faitma toilette et m'avoir habillé, on me con<strong>du</strong>isit dans unesalle, où l'on me dit: « Salue l'Émir des Croyants. " Je1\ dis: Salut sur toi, Émir des Croyants. - Quel prince« des Musulmans salues-tu? me demanda-t-on. - Mahdirépondis-je. Aussitôt j'entendis quelqu'un, dont la "oixvenait <strong>du</strong> bout


314 ARCHIVES MAROCAINESdes Croyants. - Lequel des émirs des Croyants salues-tu?- Bâdî, répondis-je. De nouveau, j'entendis quel{fu'un,dont la voix venait <strong>du</strong> bout de la salle, dire: Il Qu'Allâh aitIl Bâd1 en sa miséricorde! J) Enfin, on me dit, une troisièmefois, de saluer, et je saluai. Et quand on me demanda quije saluais, je répondis: L'Émir des Croyants, Hâroûn ar-255 Rachid. Aussitôt, celui-ci me répondit: Il Et que le salutC( soit sur toi, ô Ya'qoftb, ainsi que la miséricorde d'Allâh(C et ses bénédictions! Je suis très affecté de ce qui t'est(1 arrivé.» Alors, après avoir absous la mémoire de Mahdi,j'adressai [à Allâh] des vœux pour le bonheur de Rachid,et je le remerciai de ma délivrance. Ensuite, le khalife medit: Cl Que désires-tu, Ya'qolÎb ? - Émir des Croyants,II n'pondis-je, il ne reste plus en moi la force de jouir de laC( vie ni aucune capacité, et je désire aUer vivre à La ~Iec­C( que. Il ~\lors Bâroûn ar-Rachid ordonna de me pourvoit,de tout ce dont j'avais besoin 1. » Ensuite, Ya'qolÎb se rendità La Mecque, où il demeura dans le voisinage [de lamaison d'Allâh]. Il ne vécut que peu d~ temps après etmourut dans cette ville en l'année 186 2-(802).VIZIRAT DE FAl1?, FILS D'ABOU l;lALl~{,. DE MAHDisous LE RÈGNECe vizir était de Nîsâboùr. Sa famille, originairementchrétienne 3, entra au serYice des 'AbbâsÎdes et se con-..1. Je lis J~; (;, qui me semhle commandé plll' le sens de la phrase.IfailleUl'S, si c'était l'impératif, (:omme cela se lI'ouve flans l'édition (lutexle arabe et dans le manuscrit, l'élif aur: I\:HALLII{A:s, l.Vafaytll, notice 8-10, p. 111,in fille.


mSTOIRE DES DY:"lASTIES MUSUUIA;'o/ES 315Yel'tit il l'islamisme. Fail} fit son é<strong>du</strong>cation sous la dvnastie'abbâside. Il acquit une bonne culture et des t;lentstout il fait supérieurs. Il était généreux, très libéral, donnantson argent sans compter. Il joignait à sa grandegénérosité la noblesse <strong>du</strong> caractère, l'ambition et unegrande fierté et même de l'orgueil, au point {Jlùm poètea dit de lui:o Aboû Dja 'far', nous étions venus vers toi pour solliciterla générosité; mais nous n'avons trouvé chez loi ni don, nivisage souriant.Jamais on ne voilluire, dans le nuage [Je la génél'osiléj, unéclair promeUeUl' donl on puisse espérer quelques goulles dela Iibél'alilé.D'ailleurs, tu nous donnerais de quoi combler nos désirsel au delà, que cela serail glUé par Lon arrogance el lOIl orgueil.On raconte que Yal}yâ, fils de Khâlid le llarmékide,avait coutume de dire, lorsque quelqu'un s'étonnait de sagénérosité et de sa libéralité : « Si vous aviez connuFaiçl, ce que je fais vous paraHrait bien peu de chose. »Le poète AholÎ-I-Ousotid 2 al-~Iimmâni a fait l'éloge 256de Faiçl dans les YCI'S suivants:l. C'efi't le surnom pab'onymique (kouniga) <strong>du</strong> viz.ir f'ai\l.2. L'édition. <strong>du</strong> lexle ar:tbe porte,)r 'Yl ,'oyellé Al-.Iswad, nom l"èsrépan<strong>du</strong> et qui semble ici COl'I'l'cl. Ccpendant nous avons ,'ejel.é cettetectU/'e,pa"'~e que le I(iftlb al-aghdnt, qui donne dans le t. XU, lU,la biographie de ce poète, lui attribue, comme surnom pall'onymique(lioQniya), A6011-I-A~ad (le père <strong>du</strong> lion), 1/ pal'ail donc plus logiquede lh'e ici .1borl·f·Ousodd (le père des lions), au lieu d'i\l-Aswad. L'emploi<strong>du</strong> plU/'iel au lieu <strong>du</strong> singulie" n'a rien de sUI'prenant, On !J'ouve souvent,'chez les auteurs arabes, un mémepel'sonnage dé"igné lanlùt. pllrAiJolÎ.l-FI1I{" (le l'ère de la "ictoil'e), I:mlùl pal' Al!ol!-l.Fou{oû{t (le pèl'edes vidoit'cs). e'e,;;! ain,;;i que le fameux "izir d'Egypte ~)jI'gh:1m (voy.HARTWIG DERENDOURG, ne d"Oumara <strong>du</strong> Yémen, p, lUI el passim) avaitP?ur hounigd: AboO-f-Achbdf (le père des !i?nceaux), et je me souvIen;;avoir l'encontré ce méme pel'sonnage, deslgné dans les mss, al'ab,,;;de Paris sous le nom d',tiJo/l·elJ·chibl (le pêl'c <strong>du</strong> lionceau). fUN QOTAIRA(Liber po'es;in el poe/arum, éd. de Goeje, p, 12) cite noire poèle à l'occasion


316 ARGIIIVES MAROCAI:"ES.J>-Une femme l'a reproché. Ô Fai~, ta grande générosité. Je luiai répon<strong>du</strong>: « Les reproches ne peuvent rien 1 contre la mer. IlElle a voulu détourner Fai~ <strong>du</strong> chemin de la générosité. Maisqui donc peut. empêcher les nuages de déverser leurs eaux?Dans chaque pays les lieux où tombe la bienfaisance deFai~ sont [favorisés] comme les lieux déserts où se déverse l'eaudes nuages.Qn dirait que la foule des solliciteurs de Fai~, en se transportantchez luit est arrivée dans la Nuit <strong>du</strong> Destin 2.Fai«J, fils d'AbotÎ ~âli1}t vaquait un jour, dit-on, à sesoccupations, lorsqu'il fut rencontré par un de ses amis.des quatre vers que donne Al-Fakhrt et le nomme ,A...":YI'y-' Abot1-I-Asad.Mais par une colncidencfl'remarquable, d'une part, un des mss. de M. deGoeje pOl'tait ,)r ":YI'y-1et, d'autre part, le Kildb al-aghdnl, dan~ la longuenotice qu'il consacre à ce poète, dont le nom y est cité plus de dix fols, lenomme une seule (oi. ,)r ":y'.Y-' ct, cela précisément à l'occasion~ desquatre vers cités dans Al-Fakhrt.1. Le poète joue sur le sens <strong>du</strong> mol c.~ « le reproche ne peul bdllreson briquet dans la mer ».2. On sait de quel respect les Musulmans enlourent celte nuit, dont ilsne connaissent cependant pas la date exacte; on sait seulement que c'estune des cinq dernières nuits Impaires <strong>du</strong> mois de Rama'.fân, c'est-à-direla 21', la 23", la 20', la 27' ou la 29" de ce mois. C'est dans celte nuit quele Qoran a été révélé en entier à Mahomet; que les arraÎl'es de l'Univel'ssont fixées et résolues pour toute l'année, que les anges descendent <strong>du</strong>Giel pour bénir les fidèles, que toutes les pl'ières sont exaucées. Danscette nuit, les mers perdent leur salUl'e, la prière <strong>du</strong> croyant équivaut àtoutes les pl'ières qu'il fCl'ait dans mille nuils consécutives et il s'y Pl'O<strong>du</strong>itIIne foule d'nult'es mit'aeles. A défaut de date plus certaine, on lacélèbre le 27 de la lune de Rama!;lân. C'est une des sept nuits bénies derannée. Les six autl'es sont: 1° la nuit de la naissance de Mahomet(12 RabI' premier) ; 2" la nuit de la conception <strong>du</strong> Prophète (l" vendredide Radjab) ; 3 0 la nuit <strong>du</strong> voyage nocturne de Mahomet au ciel (27 Radjab); ..' la nuit où 'Azrâ'jJ (l'ange de la mort) r~çoit les registres où sontinscrits les hommes qui doivent mourir dans l'année (15 Cha'bdn); 0 0 lanuit de la fète de la rupture <strong>du</strong> jcùne (la veille <strong>du</strong> l~r chamwd/) ; S' lanuil de la fète des immolations (10 Dzot1-1-1).iddja). Sur la nuit <strong>du</strong> Destin,voy, la sOUl'ate 97 <strong>du</strong> Qoran et les comment·aires <strong>du</strong> Qoran; W. LANE,Manners and CUllioms o( the Modern Egyplianll, li' éd., 1842, Il, 2115;O. HOUOAS, l'Islamisme, 2' éd. 1908, p, 1011, et notre lra<strong>du</strong>ction d"AI-\Vanchal'Isl,dans 11'8 Archivell <strong>marocaines</strong>, t.. XII, p. 136, note 1. VO)', aussiBOKlIÂlll, $a~lth, tra<strong>du</strong>ction Houdas et l\Iarçais, l, 640-643.


JUSTOfRE DE.'; DYNASTIES MUSULMANES 317Ayant demandé à son ami où il allait, celui-ci lui répondit:(( Le gérant de la princesse Oumm Dja'far Zoubaida(Zobéfde) a mis en prison Un lel pour un solde de créancese montant à 100.000 dinârs. Or Un lel (il voulait direle détenu) est mon ami et aussile tien. Je vais donc chezledit gérant pour intercéder en sa faveur. Veux-tu m'accompagneret m'aider à faire cette bonne action? - MonDieu, oui Il, dit Faiçl; et il partit avec lui. Ils se présentèrentalors chez le· gérant d'Oumm Dja 'far Zoubaida etintercédèrent en faveur <strong>du</strong> détenu. « La décision dans 257cette (Iuestion, leur répondit le gérant, appartient il Zouhaida.Je. ne puis, par conséquent, mettre votre ami enliberté que sur son ordre à elle. Néanmoins je vais lui enpader et tâcher de la persuader qu'il est bon de mettre cethomme en liberté. )1 Il lui écrivit donc quelques mols à cesUjet, mais Zoubaida lui fit répondre qu'il fallait absolumentpoursuivre le recouvrement intégral de cette créancesur le débiteur, et qu'il était impossible d'accepter aucuneintercession sur ce point. Le gérant les. pria de l'excuser,en leur montrant le billet (de Zobéïde]. Alors l'ami deFaiçl lui dit: « Lève-toi, allons-nous-en; nous avons faitnotre devoir. - Non, pal' AIIâh, répondit Faiçl, nousn'avons nuUement fait notre devoir. On dirait que nousne sommes venus ici que pour faire confirmer la détentionde notre ami. - Que veux-tu que nous fassions alors?répondit l'autre. - Eh hien! dit Faiçl, <strong>du</strong> moment qu'ilnous estimpossihle de le délivrer par ce moyen, nous allonspayer pour lui cette somme de nos propres deniers, en ycontribuant chacun de nous pour la moitié. 1)L'autre ayant accepté, ils demandèrent au gérant quelétait le montant de sa créance sur leur ami: (( C'est100.000 dinârs, répondit-il. - Nons les prenons à notrecharge, dirent-ils, et voici une reconnaissance signée denous deux. Amène-nous maintenant notre ami. - Voilàencore une chose, dit le gérant, que je ne peux pas faire2 4 *


318~ARCHIVES MAROCAINESsans en référer d'avance et immédiatement à Zoubaida.- Eh bien ! mets-la au courant », lui dirent Faif) etson ami. Le gérant lui écrivit alors un billet, où il l'informaitde ce que venait de dire Faif) et de la manière dontles choses s'étaient pass,ées '. 'Aussitôt, l'esclave de laprincesse vint apporter ces paroles: «Je ne permettrai pasque,FaiQ soit plus généreux que moi. Je fais remise entièreau débiteur 'des 100.000 dinârs. Remets-le à ses amis. »Alors FaiQ et son compagnon prirent leur ami avec eux ets'en al1èl'ent.Les qualités de Fail] avaient été vantées à ~fahdi aumoment où il avait décidé de prendre Ya 'qolÎh fils de Dâoudpour vizir. Aussi, lorsqu'il arrêta celui-ci, il fit mander Fail],le chargea <strong>du</strong> vizirat et lui confia entièrement les affairesde l'empire. Quand l\fahdi mourut, Fail] occupait encorele vizirat. Mais, en montant sur le trone, Hâdî ne leconfirma pas dans sa charge. Fail] vécut ainsi [loin


HISTOIHE ilES D)'NASTlES MUS(JL~J,\NESd'un càI'actère chatouilleux, mais il était génél'eux, énergique,rohuste, très violent, dUId, très maître de lui,brave, résolu, et d'une grande fermeté.Voici ce qu'a raconté 'Abd AlIâh, GIs de MâIik, qui étaitpréfet de police sous ~[ahdi~. « Ce khalife, dit-il, m'ordonnaitde flageller' les compagnons d'orgies et le chanteur[de son fils] Hâdî, et même de les emprisonner, pourle présen'cr de leur sociéte. J'exécutais les ordres qu'ilme donnait. De son coté, l1âdî m'envoyait demander deles traiter arec douceur, ce que je ne faisais jamais.Aussi, il la mort de J[ahdî, IUdi étant monté sur le trône,étais-je slÎr que j'allais périr. Le khalife me fit venir unjour de\'ant lui. En entrant, je le b'ouvai assis sur untrône, ayantde"ant lui le sahre et le tapis de cuir circulaire,1.Je le saluai, mais il répondit: « Qu',Allâh ne fac­« corde pas de salut! Te l'appelles-tu le jour où je fai1 « envoyé quelqu'un au sujet d'AI-I,Ial'l'ànî 4 et de la flagel­« lation il laquelle il était condamné? Tu n'as pas vouluIl accepter mon intercession. Tu as agi de même dans lel( cas d'un tel et d'un tel (et il passa en revue tous ses com­« pagnons de plaisirs) ; jamais tu n'a pris en considération« mon intervention. - C'est nai, répondis-je; mais me« permets-tu de présenter ma défense? - Oui. - Eh bien!(1 je t'adjure, par AUâh, de me dire, en supposant que tuI. ~J1 ~tS...r.--. j'avais pcnsé que cela signifiait, hardi, courageux,mais je trouve dans MAs'oùnt, Prairies (for, VI; 262 (passage relatif aucaractèl'e de cc khalife), notre expression rcmplacée par ~I ~l;,2. El aussi SOli" IMdl et I!;lro(m ar-Haddd. Voy. les Prairies d'or, VI,310-311: Ialtl6 al-agfu1ni, Index, p, H,i. L'index de l'édHion arabe quia sel'vi lie base il cette tra<strong>du</strong>ction l'em'oie, pour cc nom, il la page 3:i8.C'e,St. une elTeUl' typogl'aphique.•. "3. SUI' lequel ont lieu les execuhons capllales. "oy.. .sa descriptIOndans nE SLANE Irad, d'IBN KUALLlI(ÂN, IV, 203, note 4.l. Il s'agit d'ibrâhlm, fils de Dak \v,ln AI-l.larl'àn!, qui devint plus I/mlvizir <strong>du</strong> khalife Hàdi. Voy, plus loin la tra<strong>du</strong>ction ~or,resp?nd?nle auxpages 262.263 <strong>du</strong> texte arabe, Vo~·. une anecdote ou ri a JOlie un rùledUlls [{ildb al·aghâni, XVU, 17.


820 ARCIIlVE!! MAROCAINES(1 m'aies chargé de la même tâche, que tu m'aies donné les(( mêmes ordres que j'ai reçus de Mahdt, et qu'tin de tes« enfants m'ait envoyé dire de faire le contraire, si tu auraisIl été content de me voir suivre ses ordres et désobéir aux(1 tiens. - SLÎrement non, me répondit-il. - Et c'est de cette« façon, repris-je, que je te sers, et que j'ai servi ton père. »Alors, il me fit approcher de lui, etjelui baisai la main; après259 qUOI, il me fit donner des robes d'honneur et medit: «Je t'in­(1 vestis de la charge que tu occupais auparavant; continue(( à tecon<strong>du</strong>ire avec droiture. »Je ~'en aUaien réfléchissant tà la situation <strong>du</strong> khalife et à moi.même, etje me dis: Il C'est« un jeune homme 2 qui boit; d'autre part, les personnes, auIl sujet desquelles je lui ai désobéi, sont ses commensaux,« ses vizirs et ses secrétaires. Je les vois déjà, au moment« où il est gagné par le \Tin, le dominer et le persuader qu'il« a intérêt à me faire périr~ » J'étais donc assis chez moi,ayant à mes côtés ma petite fille et devant moi un fourneau,des galettes et de l'assaisonnementau vinaigre, dans lequelje les trempais j je les chauffais ensuite sur le fen; j'en mangeaismoi-même et j'en donnais aussi à la petite. Tout ilcoup, j'entendis un grand bruit de sabots de chevaux, aupoint que je crus qu'il y nait un tremblement de terre.( Voilà, me dis-je, ce que j'appréhendais. » Mais voici que laporte s'ouvre et que les eunuques entrent, avec le khalifeau milieu d'eux sur sa monture. Dès que je le vis, je melevai et je lui baisai la main et le pied, et je baisai aussi lesabot de son cheyal.: « 'Abd AllAh, me dit-il, j'ai réflé-J. Je lis \.,,(:4.. au lieu de'fi, d'abord A cause <strong>du</strong> sens général dela phrase et ensuite parce que la leçon de l'édition me parait grammaticalementimpossible. Le verbe~, gouverne l'accusaUf et son participelIcur se construit avec J. Si c'est bien ce verbe que l'auteur entendaitemployer, il aurait écrit ~.r'i 'fi. Je trouve au dernier momentque celte conjecture est confirmée par IBN AL-ATHIR,


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 321le chi 1à ta situation et je me suis dit: (e Peutcêtre va-t-il pen­Il sel' flu'une fois que j'aurai bu, ayant ses ennemis autour(( de moi, ceux-ci me feraient perdre la bonne opinion que« j'ai de lui, et il se tourmenterait. Alors je suis venu che~« toi pour dissiper tes appréhensions et te faire savoir (lue« la rancune que j'avais contre toi est totalement disparue.I( Donne-moi à manger de ce que tu avais devant toi, pOUl'Il que tu saches que je m'interdis de te faire <strong>du</strong> mal, ayantIl mangé de ta nourriture. De cette-façon, ta crainte dispa-« raitra. » Alors, lui ayant servi une partie de ces galettes 20,6etde l'assaisonnement,il en mangea, Puis lekhalife[s'adressantà ses esclaves, leur] dit: Il Donnez ici ce qlle noul';« avons apporté pour 'Abd AIlâh. ,) Aussitùt, je vis enirerquatre cents mulets lourdement chargés d'argent ctd'autres richesses. « Tout cela t'appartient, me dit le kha-« lile, et avec ces richesses tu auras de quoi t'aider 2 il« vivre. Garde ces mulets chez toi; peut-être en aurai-je« un jour hesoin pour quelque \'opge, » Puis le khalifes'en alla, »Parmi les helles paroles prononcées par ce prince, oncite celles qu'il a adres~ées à Ihrâhim, fils de l\fouslim, filsde Qotaiba:l, qui venait de perdre un fils, Hâdi, qui l'es-1. d-r-I J..:.".JJ; c'eRt le pendant de tS-r-1J ~ que nOll~~vons vu cl-deffSUS, p.lJ20, note 1. La correction (Juej'ai proposée me paraitmaintenant indispensable. L'auteur de l'anecdote a voulu montrer, en1lITel, la coïncidence qui a fait rêRéchir le khalife et son préfet de policeà la même quesUon, au même instant. L'emploi <strong>du</strong> mème verbe, dan"!les deux passages, était pour ainsi dire de rigueur.'2. Je lis ~I,;, impératir de la di:dème forme (le ~~. La leçon tlel'Milion est bien celle <strong>du</strong> manuscrit, mais elle me parait impossible,car le verbe ~1 se construit avec ~ et non je.; voy. le texle arabe(p. 260, ligne 3). Je trouve la confirmatron de cette conjecture dan_"! "INAL-ATldR, Chronicon, VI, 71, où notre auteur semble avoÎl' copié tout(le passage.3. l\fouslim fils de Qotaiba était un alTranchi des Dnnoù Jhirhim. Au moment<strong>du</strong> meurtre de ~Iousain, lUs d'Ali, il compos3 ulle tdste élégie, lJjlCARcn. MAROC. 21


ARCHIVES ~L\ROCAINEStimait beaucoup. vint lui-mème lui présenter ses condoléances,en lui disant: « 0 Ibrâhîm! t.on fils te remplissaitde joie, quand il était 1'0111' toi un ennemi et unésé<strong>du</strong>ction, et maintenant il te laisse dans la tristesse, mais~IJ))'(:-s être devenu bénédiction et misél·icorde. -l~mirdesCl'oyantfJ, dit Ibrâhîlll, il ne reste plus en mon âme unepartie, autrefois l'emplie de deuil, flui ne soit maintenantremplie de consolation " liC'est sous le règnp de ce khalife qu'cut lieu la ré~oltede l'homme de Fakhkh '.1, qui se nommait I.lousain, filsd"Ali, fils de I,Iasan. fils de l,Iasan, fils d"Ali, fils d"Aboù ---Ftlib.1H~ClT DU COMBAT QI:! EUT LIEU A l"AKlIKIlI,Iousain, fib d"AH, était un des hommes les plus import.antsdes Banoù lIùchim, Il était compté parmi les homml'sles plus marlJuants de cette famille et pat'mi leurs meilleurschefs. Ayant résolu de lm'cr rétendard de la révolte, ses·vues furent partagées pal' un grand nombre de notahles desa famillp, Pendant cc temps, le gouyerneur: 1 de ~Iédine'ayant commis une injusticc envel'S un 'AUde, les Tâlibitessaisirent celte occasion pour sc révolter, et virent segrouper autour (reUX heaucoup d'hommefJ. Ils se dirig('rentalors vers le palais <strong>du</strong> gouverneur, qui s'y étaitréfugié. Ils ])l'isèl'(.'Ilt lesrportes des] prisons et donnèrentcÎlpn\' les historiens nrahe.. : n'y. notamment les Prairies d'or, V, ltlj...H7;·Aïftî', al-aght1IlÎ; III, H, 45 ; XYIII, l:U;,1. Ced e",r cllll'l'Unlé il ln" AL-ATIlill, op. cil.• VI, fi. 71.2. Fllkhldl est un lien si\.ué il li milles de La l\Iecflue, cr. les Prairiesd'o/'. VI, 26(;. \1 y avait Iii un puits où le;; caranllles vcnant dc La]\fec1lues'alTèlaipnt. Cf. Ililfib al-agI1l1111, YI, il.B, C"élilit 1111 dc:O'centlant <strong>du</strong> khalil'e 'Olllur. Il !:;'nppclail 'Omm', msd"Ahù al-'A:r.iz, lil!'- d",\hdallah, IIIs d"Olllar le Id13lifc, Cf. IIJ~ AL-.\Tllin,Clll'onicolI, VI, m el !'oui \'.


IIIS"fOIRE DES DYNASTIES 1I11'SIJLMANES 323la liberté à ceux qui s'y trouvaient. I.Iousain, fils d" Ali (surlui soit le salut 1), fut proclamé khalife. Leur influenceayant grandi, le khalife IIâdi envoya contl'e eux MOIll.lammad,fils de Soulaimân f ou, selon d'autres, SouJaimân,fils de Man/?oùr 2, il. la tête d'une armée a. La rencontre eut 261lieu dans un endroit appelé Fakhkh, situé entre Lal\lecque et Médine. Les deux partis se comhattirent ayecacharnement. IJousain, fils d"AII, fut tué et sa tête portéeau khalife. Quand elle fut placée devant lui, Hâdi dit ilceux qui l'avaient apportée: Il On dirait que VOliS apportezla tête d'un mécréant quelconque q. Le moindre châtimentClue je puisse vous infliger est de vous pl'Îvel' de touterécompense. » Et il ne leur donna rien.1)ousain, fils d"Ali, l'homme de Fakhkh, était bl'a\'eet généreux. Étant venu VOil' une fois Mahdi, ce khalifelui donna bO.OOO dinârs; I-;lousain les distribua aupeuple à Baghdâdz et il. KaMa. Quand il quitta cette ville,il n'avait plus pour tout vêtement qu'une fournIre, sanschemise en dessous ;'. Qu'Alh'ih l'ait en sa clémence et luiaccorde le salut!Hâdî ne' vécut pas longtemps~ Selon une YCI'sion, samère, Khaizour!\n (i, avait ordonné à ses jeunes ser­"antes de le tuer. Celles-ci s'assil'ent alors sur le visage<strong>du</strong> khalife, jusqu'à ce qu'il rendît l'âme. On n'est pasd'accol'd sur la raison de cet assassinat. Selon les uns,1. C'était un pllrent <strong>du</strong> ré\'ollé, étllnl lui-même H:\chimÎle, M,'l.S'OI'()i(Prairies d'or, YI, 26fllie nomme parmi ceux qui onl pds parI il celte expédition.2, i\ltime observation qu'à III note précédenle, n'apl'ès les Prairies d'or,ces deux personnages ~. ont élé ensemMe. Notre auteur' a suid le rédtd'luN,AL-ATlJiIl, op. cil., VI, p, 1;2. 'a, De qua"'e mille ca"llliel'S, sUÎ\'anlles Pl'airies d'or, loe. laud,4. Les Prairies d'or, plus explicites, disenl : « La INe c1'un Turf' ou c1'unDeilémile ".:J, C'esl le "écil d'Inx AI.-ATUill, C"ronicon, VI, la,6. La biographie de celle jl1'inœs>'e e51, c10nnée p:,r 1\1I.'1.J.Ï1. 1Il:oi AIIJ,'l.I':A~ :;;.u,'AlJi, Al-n'd('- bil-lI'a(ay


ARCIIIVES MAROCAINESKhaizouràn jouissait d'un pouvoir absolu 1 sous le règnede [son fils] Mahdi; elle édictait des ordres, des prohihitions,obtenait la grâce [des coupahles], prenait desdécisions irrévocables et en infirmait d'autres. Matin etsoir, les équipages se pressaient autour de sa porte. Maislorsque Hâdî, qui était très jaloux de ses prérogatives,monta,sui' le trône, il fut peu satisfait de ces interventionsde sa mère et lui dit: Il Que signifient ces équipages qui,<strong>du</strong> matin au soir, assiègent, me dit-on, ta porte? N'as-tupaf> un fuseau pour t'occuper, un Qoran pour te faireméditer, une chambre pour te dérober il ces obsessions?Par AlIàh ! puissè-je être exclu de la parenté <strong>du</strong> Prophète,262 si je renie le serment que voici: Si ,j'apprends encore qu'unde mes généraux ou un homme de mon entourage s'estprésenté à ta porte, je lui couperai le cou et confisqueraises hiens. 1) Puis, le khalife, s'adressant aux personnes cieson entourage, leur dit: « Qui a droit il plus de respect;ma mère et moi, ou vous et vos mères? - Toi et la mère,lui répondit-on. - Quel est celui d'entre vous, continuale khalife, qui trouve plaisir à ce que des hommes mêlentconstamment le nom de sa mère dans leur conversation,en disant: « La mère d'Un lei a fait ceci, ou a fait cela» ? ­Aucun de nous n'aime cela, répondirent-ils. - Pourquoialors, demanda le khalife, allez-vous trouver ma mère etla mêlez-vous constamment à vos conversations? » Dès(lU'on entendit ces paroles, on cessa d'aller importunerKhaizourân. Le khalife envoya ensuite à sa mère un metsempoisonné, mais elle n'en mangea pas. C'est alors qu'ellele fit assassiner.D'après une autre version, la raison pour laquelle Hâdtfut assassiné est qu'il voulait déposséder son frère [Hâroûn]ar-Rachid de ses droits au trône et proclamer son1. cr. :\lAs'ovDI, Prairies d'or, VI, 268 et suiv.; h'N AL-ATHiR, lac. cit.,p.68.


HISTOIRE DES D\'NASTlES ltIUSULlIfA:'iES 325propre fils Dja'far. Khaizoul'ân, qui aimait Hâroûn, conçutdes alarmes pour lui. C'est alors qu'elle fit à IIâdi ce quel'on sait '.Hâdi mourut en l'année '170 (786 de J.-C.). Dans la mêmenuit où. il mourut, se placent la mort d'un khalife, l'avènementau trône d'un second khalife et la naissance d'untroisième. On disait depuis longtemps qu'une telle nuitdevait arriver. Le khalife qui est mort celte nuit est Hâdi,celui qui y est monté sur le trône <strong>du</strong> khalifat est [Hâroùnlar-Rachid, enfin celui qui y est né est Ma'mofm.HISTOIRE DU VIZIRAT SOUS LE RÈGNE DE HÂDÎEn montant sur le trône <strong>du</strong> khalifat, Hâdi prit commevizir Hahi', fils de Yo1inous. Nous avons donné précédemment'!un aperçu de sa biographie et de sa généalogie.Après lui, il confia le vizirat il Ibrâhim, fils de Dakwânal-~Iarrânl ;1,VIZIRAT D'IBRÀHÎl\I, FILS DE DAKWÂN AL-I.IARR,\Ni,sous LE RÈGNE DE HÂJ>i263Ibrâhim avait fait la connaissance de IIâdi pendant sajeunesse. Il entl'ait chez lui avec un préceptem qui faisaitl'é<strong>du</strong>cati~n de ce prince, qui le prit en affection. Ils'habitua à lui au point de ne plus pouvoir se passel' de1. Ce récit est conforme et peut-Illl'e même empl'llnté à InN AL-ATHio,Ch,'onicon, VI, 68-69.2, Voy, ci-dessus, p, 272, 289 et surtout 294 et sq,a. Voyez ci-dessus la tra<strong>du</strong>ction correspondante à la page 2MI <strong>du</strong>texte arabe. C'est le Cameux compagnon de plaisir de Il:1dl, IOI'.~quecelui-ci n'él.'lit encore qu'hél'itiel' présomptif <strong>du</strong> trône, Voy. aussi /li/abal-aglldnt, XVII, 17; IBN AL-ATH/n, ClIronicoII, YI, 711 el 73.


IIISTOIRE DES DYl\.\STIES MUSUUIA~ES;327V. - KHALIFAT DE IL\ROÙN AR-RACHÎDIIârqùnar-Rachid fut reconnu Idl:llife en l'année 170{= 786 de,J.-C.) et il est compté au nomhre des khalifes(lui se sont le plus distingués par lem mérite, leur éloquell'Ce,leur science et.leur générosité. Pendant toute la<strong>du</strong>rée de son règne, il se passa peu d'années dans les- 264quelles il ne s'acquittât <strong>du</strong> pèlerinage de La Mecflue, oune fît la guerre aux infidèles.On dit qu'il priait chaquejour 100 rak'as 1 et qu'il fit le pèlerinage à pied, ce que n'apratiqué aucun autre J,halife. Quand il s'acquittait <strong>du</strong> pèlerinage,il se faisait accompagner de 100 jurisconsultes etde leurs fils; et lorsqu'il ne s'en aC{fuittait point lui-mème,il le faisait faire par 300 personnes qu"il hahillait richement,et qu'il défrayait généreusement. Sa con<strong>du</strong>ite, l~ngénéral, ressemblait beaucoup à. celle <strong>du</strong> khalife Man~Olh',sauf sur le chapitre de la générosité'! : on ne vit jamaisun khalife plus généreux. Aucune bonne action ne denicurait,avec lui, sans récompense, et la récompense ne sefaisait jamais attendre longtemps. Il aimait la poésie et lespoètes, et avait heaucoup d'inclination pour les hommesqui cultivaient la littérature et la jurisprudence. Il détestaitles disputes en matière de religion. Il aimait à être loué,surtout par des poètes d'un talent supérieur, et il les lmrétrihuait généreusement.1. Là rak'u, comme on le sait, esl une ;:érie de mouvements, ~omll1'~ 13station dehout (al-qiydm), la pl'oslernalion (as-soucljol1d), l'inclinaison <strong>du</strong>corps (al'-rollkofl') accompllgnés de la récitation de passages qOI'aniques.Deux ou plusieurs de. ces ruTr'as, selon les cas, composenl une 11I'i'~re.Voy. not.re tmd. de lVancharisl dans .t!rchit'es mm'ocaines, t. XII, p. 33.Cf. SACY, Ch,'esfomalhie arabe, l, p. 34, nole 3.2. i\fan~oùr était, comme on sail, d'une llvarice sOl'dide. Voy, ci-de~sus,p. 93 el not.e 2.


328 AIlCJI\VES MAIIOCAINE82l.i5A!?l1HI'î 1 raconle le fait suivant. Hachid donnait un jour·un grand festin, et avait fait ornel' magnifiquement lessalles destinées à cette fête: pendant le festin, il fit venirh' poèle Ahoù-I"Atâhiyya '1 et lui ordonna de d~peindre en·vers celle·scène voluptueuse. Le poète commença ainsi:Vis longlemps au gr(~ de tes désiJ's cl dans une sanlé parfaite,à l'ombre des palais les plus élevés.li Fort hien ! s'écria Hachid : vo)'ons la suite. » Le poèlecontinua:Que, le malin el le SOil', lout ce qui l'entoure s'empresse àsatisfail'P les désirs.Il ~\merveille! dit le khalife, conlinue. » Le poète reprit:Au jour, cependanl, Oil les hoquels et le l'Ille de la mortrelentiron!. avec elrorl entre les parois dl~ ta poilrine oppressée.Hélas! tu ne connallras que lrop que toules ces jouissanc~sn'étaienl qu'une illusion.Hachid fondit en larmes, ce que yoyant Fa


mSTOIRE DES DY;,\;ASTIES IIfUSULMAXES 329l'eau sur les 'mains et lui dit: « Aboù l\Iou'âwiya, sais-tuquel est celui qui t'a versé l'eau sur les mains. » II lui réponditqu'il l'ignorait. Rachid lui ayant appris que c'étaitlui-même"Aboù l\fou'âwiya lui dit: « Émir des Croyants,c'est sans"doute pour faire honneur à la science que vousagissez de la sorte. - Tu as dit vrai », lui répondit Rachid.Ce fut sous son règne qu'arriva la révolte de Yal)yâ i,fils d"Abd AUâh, fils de l)asan, fils de ~Iasan, fils d"All, filsd'AboÎl Talib, que nous allons raconter. Yal)yâ, fils d"Abd­AUâh, avait conçu de vives alarmes de la fin tragique deses deux frères, An-Nafs az-Zakiyya (c'est-à-dire l'AmePure) et Ibrâhim 2, dont le dernier avait été tué à Bakhamrâ3, et il s'était retiré dans le Dailem. Les habitantsde ce pays, ayant cru trouver en lui toutes les qualitésqui caractérisent un imâm, le reconnurent comme khalife.Une grande foule de gens se rassemblèrent de différentesprovinces auprès de lui, et sa puissance devint considérable.Rachid, alarmé de ces mouvements, fit marchercontre lui une armée de 50.000 hommes et mit à leur tête 26'6Faf;ll, fils de Yabyd, auquel il donna le gouvernement <strong>du</strong>Djordjân, <strong>du</strong> Tabaristân, de Rayy et d'autres contrées.Faf;ll partit avec son armée; mais il mit en œuvre, pourgagner Ya1)yâ, ijls d"Abd AUdh, les caresses et les menaces,la crainte 'et l'espérance. Yab)'â consentit à faire lapaix, exigeant seulement pour sa slÎreté des leUt'es desauvegarde écrites de la main <strong>du</strong> khalife, et souscrites parles qâc).fs, les jurisconsultes et les personnages les plusconsidérables parmi les descendants de Hâchim. Rachidconsentit avec joie à tout ce qu'il demandait: il écrivit, desa propre main, un sauf-con<strong>du</strong>it dans les termes les plu~J. Sur ce personnage, voy. Kifdb al-aghdnt, XII, 17-18; XVII, 43; XX,72; MAS 'OtiDI, Prairies d'or, VI, 193, 300-301. Cf. SACY, Chreslomaliearabe, l, 31i-31l; IBN AL-ATHIR, Chronicon, VI, 85, 119.2. Voy. ci-dessus, p. 269, nole 2, el p. 274 el suiv.3. Voy. ci-dessus, p. 269, note 3.2 5


330 ARCHIVES 1tlAROCAINERforts, le rit souscrire par les qâç1.is, les jurisconsultes etles principaux des Hâchimites, et le lui envoya cn l'accompagnantde riches présents. 'Yal.lyâ se rendit à lacour avec Fa(.1I ; et Rachid le traita d'abord avec toutesorte d'égards et de marques de bienveillance; maisensuite il le tint prisonnier près de lui et consulta lesjurisconsultes pour savoir s'il pouvait enfreindre la sauvega'rdequ'il lui avait donnée. Les uns 1 soutinrent quel'acte était validé et devait être exécuté; mais le khalifedisputa contre leur avis; les autres" le jugèrent nul, et enconSé(jUCllCe Hachid l'annula, et fit mourir Yal.tyâ, malgréun grand prodige qui eut lieu en sa .faveur. Voici quelfut ce prodige.Un homme de la famille de Zoubail', fils d"Awwâm:l,étant venu trouver Hachid, lui fit de mauvais rappol'tscontre Yal.lyâ ; il l'accusa d'avoir conspiré de nouveau etcherché à se formel' un parti, depuis l'amnistie que lui av~itaccordée le khalife. Ce prince, i'yant fait tirer Y31.1yâ <strong>du</strong>lieu où il était détenu, le confronta avec son accusateur,d le ((uef'ltionna sur la vérité des crimes {lu'on lui imputait.Yal.lyâ aSSUl'a que cela était faux; et comme le dénonci3teurpersistait à souteriir sa llénonciation, Yal.lyâlui dit: « Eh hien, si ce ((ue tu dis est Hai, jure-le. » L'accusateurcommel1l:a à


HISTOItlE DES DYNASTIES MUSULMANES 3:l1coupables et qui les punit infailliblemcnt... » et il allaitachever la formule de serment, lorsque Yal.lyâ l'interrompit,et lui dit: « Laisse-là cette formule de serm~nt;car AI/dh ne se hâte point de punir l'homme qui le glorifie.Mais jure devant le khalife par le serment de renonciationt,)) C'est 11Ile sentence redoutable qui cOJlsistedans ces mots, que dit celui qui jUl'e : " Je renonce ilavoir aucune part au secours de la puissance et de la fOl'ced'AlI:îh, et je veux être laissé à ma propre puissanceet il mes propres forces, si telle chose est comme ceciou comme cela. ») Le dénonciateur frémit en entendantcette formule: « Quel serment extraordinaire est-ce là ! lidit-il; et il refusa de le prononcer. « Que signifie ce refus,lui dit Hachid, et que peux-tu craindre de cette fOl'1llUlede serment, si ce que tu dis est vrai? ) Cet homme scdétermina, en conséquence, il prêter le serment requis;mais, il peine était-il sorti de l'audienée <strong>du</strong> khalife,qu'ayant heurté <strong>du</strong> pied contee quelque chose, il se tua.Quelques auteul'S disent seulement clu'il mourut avant lafin de ce jour-hl, On l'emporta pour l'enterrer, et on descenditle corps dans la fosse; mais quand on voulut lacomhlel' en y rejetant la terre, on n'en put venir il hout,la terre se retirant d'elle-même il mesure qu'on la jetait.On reconnut que c'était un prodige surnatlll'el, et l'ons'en aUa après avoir fait au-dessus de la fosse une espècede toit. Le poète Aholl Firâs:1, fils de IJamdân, a fait allu-26ï1. D'nprès une sentence alll'Ïbuée il l'{nlt/nt 'alide Dja'flJl' a~-S:ldiq. celuiqui se Bel"! <strong>du</strong> serment cie renoncinlion, mème pOUl' al'lh'mel' lu vérilé,Dieu ser'a en colère conIre lui penchmt qual'anle jours, Cf. le pOilsag-e cluLivre des I>l'Uzes, cilé par' S. DE SACY, Chrestomalhie lll'UfJe, 1, 37, note 1;;.2. Cc poèle élait Je musi" <strong>du</strong> célèb.'e pl'inee d'Alep, Snyf atl·Daula, illn com' <strong>du</strong>quel vivail le famellx poèle Moulnnabhi. Ahoù Fir:)!" fuI nomlllégouvcrncUl' de l\fanbidj par f;on cousin. Né en :120 (= !1:l2), il mourul en3i;7 (= Uli8). Voy. la bibliographie dons BnocIiELMANN, Geseh. del'aral••Lift" l, 89; CL. HUART, Hisl. de la Lill. arabe, p. lU ; /)/> IIAmlEll-l'uRlO­STALI., Lill, Gesch. der llrabe,', V, 49 et 731; lùuUI. /liN .\IIlAIi A~-.),\f·.H>i,,u- Wd{f bil-wa{aydl, manuscrit arabe de la BihliolhètlUe n


ARCHIVES MAROCAI;'o(ESsion à cet événement dans son poème rimant en mime,en disant:o toi qui t'efforces de jeter un voile sur lous les crimes desdescendants d' 'Abbâs, comment déguiseras-tu la perfidie donlHachid a usé envers Y!l~yâ ?Le coupable descendant de Zoubair 1 a reçu le jusle prix deses calomnies, et les soupçons elles calomnies qu'il avait jetéssur le fils de Fâ~ima ont été entièrement dissipés.Malgré un prodige si frappant, Yal}yà fut mis à mortd'une manière cruelle dans le lieu où il était détenu.Le règne de Rachid est assurément un des plus beaux:jamais l'État ne jouit de plus de respect, de splende~r etde prospérité, et les bornes de l'empire des khalifes nefurent jamais plus reculées. La plus grande partie de l'universpayait les impôts à ce khalife; le maUre de l'Égypten'était qu'un de ses lieutenants. Jamais la cour d'aucunkhalife ne réunit un aussi grand nombre de savants,268 de poètes, de jurisconsultes, de lecteurs <strong>du</strong> Qoran, deqâcJ1s, de gens de plaisir et de musiciens. Rachid lesrécompensait génél'eusement,et les comblait tous de bienfaitset de distinctions. Ce prince lui-même était un hommede beaucoup de talent, bon poète, versé dans la connaissancede l'histoire, des antiquités et des monuments dela poésie qu'il pouvait citer à l'occasion: il avait un goûtexquis, un discernement sllr, et se conciliait le respect detous, grands et petits.1. Ce descendant de ZoubaÏl' ne serait aul/'e que son arrière-pelit-lUs,'Abd AllAh, lUs de Mou~'ab, lUs de Zoubair. Cf. le pas8age d'un manuscritsur la généalogie des 'AUdes, cité pal' SACY, Chrestomathie ara1Je, 1.36-37, et MAS '0(;01, Prairies d'or, VI, 2116. D'aprés ces deux auteurs,l"Allde qui fut lué dans ces circonstances, fut non pas Yal,Iyâ, mais sonfrère Moùsâ, surnommé Ilt-Djaun l'lt ms comme lui d"Abd AlIllh al-MaM(te Pur). Le nom de Moùs{\ a donné lieu li une aulre confusion. Le personnl'lgede ce nom a été pris pour un autre I\loùsâ, fils non pas d"Abd Allâhnl-Mal,I.}, mais de Dja'fal' A!.l-~!\dlq eL sUl'nommé AI-f{â~im. Cet 'AUde al\lé aussi lué par Rachid, ainsi (Iu'on le velTa plus loin.


lUSTOJRE DES DY~ASTIES lIlUSULMANESCe fut Rachid qui fit prendre l\foûsâ f, fils de Dja'far,et (lui le fit con<strong>du</strong>ire à Baghdâdz dans une litière couverte,et renfermer dans l'hôtel de Sindl, fils de Châhik. EnsuiteMoûsâ y fut mis à mort, et Je khalife fit courir le bruitqu'iJ avait fini ses jours d'une mort natOl'elle.RÉCIT DU MEURTRE DE MOÛSÂ, FILS DE DU 'FAnMotlsâ, fils de Dja'far, avait été desservi auprès de RachId.par un de ses proches, qui avait conçu de l'enviecontre lui: cet homme dit au khalife que certaines genspayaient à MoÎlsâ le quint de leurs' biens et le regardaientcomme le légitime imdm, et que MoÎlsâ lui·mêm·eavait formé .le projet de lever l'étendard de la révolte.Ces discours souvent répétés firent sur Rachid une im·pression fâcheuse et lui donnèrent quelques alarmes. IlFécompensa le dénonciateur en lui accordant une somme,dont le paiement fut assigné sur la recette des provinces.Mais ce malheureux ne jouit jamais <strong>du</strong> fruit de soncrime; car, avant que les fonds sur lesquels il devait êtrepayé fussent arrivés, il fut atteint d'une maladie violentedont il mourut. Quant à Rachid, il fit cette année mêmele pèlerinage de La Mecque,etquand il fut venu à Médine,il fit prendre MOÎlsâ, fils de Dja 'far, et le fit con<strong>du</strong>ire dansune litière couverte à Baghdâdz. Là MoÎlsâ fut détenuprisonnie~.'dans la demeure de Sindi 2 , fils de Châhik.1. C'est l'imAm qu'on appelait Mor1sd al·Kd?im. La biographie de cemalheureux 'AUde est donnée par IBN KHALLIKAN, Wa(aydl, éd. Wiistenfeld,'notice 1156; cr. aussi Kildb al·aghdnt, XVIII, 29 et 61 ; MAS'ollDf,Prairies d'or, VI, 1109 et suiv.; VII, 1115, 111; IBN AL-ATHln, Chronicon, VI,112. D'autres historiens prétendent que i"Alide qui fut tué est Moùsâ, msd"Abd Allah, AC-Malp/., surnommé AC-Djaun, ou encore Val.IyA, frère <strong>du</strong>dUMollsâ. La vérité, comme le raconte AC·Fakhrt, est que Hâroùn ar-Rachidflt tuer Ya~yt1 et Mol1st1 al-Kd?int. cr. cl-dessus, p. 332 et la noIe, et voy.SACY, ChresJomathie arabe, 1,86-37, note 14.2. Cet officier est celui-là même qui, lors de la disgrâce des Bal'mékide,s,2 5 .. .


33! ARcmVES I\IAROCAI:'lESRachid, qui était à Haqqa, donna ordre de le faire mOUl'ir,ce qui fut exécuté secrètement. Ensuite, on appela uncertain nombre de notaires 1 à Kat;kh 2, pour leur faireVOil' son corps, feignant qu'il était mort de mort naturelle.(Que les hénédictions et le salut d'Allah soient surlui!)2ü!.1 Raçhid moul'ut à 'l'oùs. Il était en marche pour soumettreHùtr \ fils de Laith, fils de Sayyâl',qui avait secouéle joug de l'obéissance, s'était emparé de Samarcande,avait tué le gouvel'lleur de cette ville, et avait acquis parceUe COn([111\te une augmentation de forces qui le rendaitfOI'midahle. En conséquence, Hachid s'~tait déterminé àmarcher en personne contre lui, mais la mOl't le surprit à'l'otis en l'année 193 (= 808 de J .-C.).fnl (:harg':~ pat' I!ùroùn ar-/laehid de meUre en pl'i,


IlISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 33i).HlSTOlm: DU Y1ZlRAT SOUS I,E HÈG~EDE 11.\1l0Û:-; An-n\ClliI>llachid, (;tant devenu khalife, conféra la ('h:lI'ge de vizil'il Yal.1)'â, fils de Khâlid, IIIs de Barmak : Yal,l)'â lui servaitde secrétaire avant son avènement au tl'ône; ce futlit le point de déptll't de la gl'ande fortune de la maisondes Barmékides, dont nous allons raconter les COlUn\('Il-·cements et la lin [tl'agifpICI.La famille des B:ll'lnékides faisait orïginail'emenl profession<strong>du</strong> magisme: fluelfJues-uns d'entre eux ayantembrassé l'islamisme, ils furent, depuis ce temps-lit, bonsMusulmans. Nous ayons parlé <strong>du</strong> ministèl'e de leul' aïeulKh:iIid, fils de Bal'mak, en traçant l'histoire <strong>du</strong> règne deMant;;oûr, et nous allons nous occuper ici des ault'es pel'­sonnes de cette même famille qui exercèrent la charge devizir. )Iais, avant d'entrer dans ce délail, voici quelquesmots propres il faÎl'e connaître en général l'excellence decette maison.Sache flue la famille des Bal'mékides fut, il son siècle, cequ'est une tache Manche f au front [<strong>du</strong> chevall, une couronnesurla tète. Leu J'S actions généreuses passèrenten pl'on~rhe;on se rendait de toutes parts il leur cour; toutes les espérancesreposaient SUl' eux. La fortune leur prodigua sesfaveurs les plus rares 2 et les combla de ses dons. Yal.1)"âet ses fils .étaient comme des astres brillants, des océansdébordants, des talTeuts auxf{uels rien ne résiste, despluies hienfaisantes, Auprès d'e~xles marchés (les Jwlleslettl'csétaient bien achalandés, et les hommes de mél,;t"J recevaient un accueil distingué. Le monde fut IH'ospiol'Ü2ïQ.lit an~c raison HM!', fill'! ,le IItll'thlllJW, 'lui fui tué, :lJlI'ès plulOicul"'" ré\"011 l'''.en 281 (= 89; de J.-C,), Cf. l\IAS'Ot-Di lui·mème, ""', 180 el "", ::1::.1. Sur celle image, vO~'ez ci-dessus, JI. n, noIe 2,2. LiIl"'I':l\elllenl: les fl'agmcnll'! (le 8es ('nt.l'1liJ.ll's. SII/' f"t'Ile 1':'\I)J'cssioll,VO)', la 1I0le dl' SACY, Chrestomathie II/'abe, l, p, 12, 1I0le 21.


836 ARCIIIVES MAROCAJ:'lESsous leur administration, et l'empire porté au plus hautpoint de splendeur. Ils étaient le refuge des affligés,l'abri des malheureux, et c'est d'eux que le poète AboÎJ.Nouwâs 1 a dit:Lorsque le monde vous aura per<strong>du</strong>s, ô fils de Barmal(, oncessera de voir les routes couvertes de voyageurs, au lever del'aurore et au coucher de l'astre <strong>du</strong> jour.VIZIRAT DE YAI;IY'\, FILS DE KIIÂLlD, SOUS LE RÈGNEDE RACHiDEn montant sur le trône de l'empire, Rachid prit pourvizir Yabyâ 2, fils de Khâlid, fils de Barmak, qui l'avait servi,avant son avènement au trône, en qualité de secrétaire, delieutenant et de vizir.•Yabyâ, chargé de tout le fardeau <strong>du</strong> gouvernement,apporta, dans l'exercice de son ministère, les talents et lessoins les plus distingués: il mit les frontières en état dedéfense, et répara tout ce qui manquait à leur sÎJ.reté; ilremplit le Trésor public, fit prospérer les provinces,augmenta et porta au plus haut point l'éclat <strong>du</strong> trône;enfin, seul, il fit face à toutes les affaires importantes del'empire. C'était un homme d'État au style éloquent, sage,instruit, d'un jugement sûr et d'un bon conseil; habileadministrateur, qui savait tenir avec fermeté tout ce quidépendait de lui, et se rendre supérienr aux affairesdont il était chargé. Par sa générosité et sa libér3lité, ilrivalisait avec les vents bienfaisants (qui amènent lesnuages, dont les eaux fécondent la terre) : son éloge était1. Sur ce poète, voy. ci-dessus, p. 29, note 2.2. La biographie de ce vizir est donnée avec beaucoup de détails inléressantspar ION KIIALLlKÂN (Wa{aydt, éd. Wilstenfeld, notice 816), qui adû puiser il la mème source que notre auteur, c'est-A-dire li l'Ristoire desviûrs, de ~OtiLI.


HISTOIRE DES DYN.\STIES MUSULMANES 337dans toutes les bouches. Il joignait à la douceur et à unecon<strong>du</strong>ite pleine de vertu une gravité et une dignité quicommandaient le respect.Un poète à dit â son sujet :Jamais on ne me verra meUre la main dans celle de Ya~yll:si je le faisais, je perdrais tout ce que je possède.Qu'un avare touche seulement la paume de la main deYal,lyâ, son avarice aussitôt se changera en une générosité sansbornes.Rien ne fait mieux connaJtre la sage prudence de 271.Yal}.yâ, que l'avis qu'il donna au khalife Hâdt. Ce princeavait résolu de priver son frère Hâroûn de la successionau khalifat qui lui avait été assurée, et de faire reconnaltreson propre fils Dja 'far pour son successeur immédiat.Yal}.yâ, qui était alors secrétaire de HârolÎn, avaitespérance de deven-ir vizir de l'empire si son ma1tre parvenaitun jour au khalifat.HâdJ, l'ayant pris à part, lui donna 20.000 dinârs d'oret lui fit part de son projet. Yal}.yâ lui répondit: « Émir desCroyants, si tu agissais ainsi, tu donnerais à tes sujets lafuneste leçon d'enfreindre leurs engagements et de mépriserleurs serments, et ils pourraient s'enhardir au pointd'imiter ton exemple. Si au contraire, ajouta-t-il, tu conservesà ton frère Hâroûn son droit reconnu au khalifat,et que tu te contentes de déclarer Dja'far pour successeurau trône après HârolÎn; la disposition que tu auras faite enfaveur de ton fils sera plus solide, et son exécution pluscertaine. )) Hâd! abandonna pour quelque temps sonprojet; mais, ensuite, l'affection paternelle l'emportant, ilfit appeler de, nouveau Yal}yâ, et lui demanda encore unefois ce qu'il en pensait. (( Émir des Croyants, lui dit Yal))'â,si, aprè~ avoir dépouillé ton frère de son droit au troneet lui avoir substitué ton fils Dja'far, tu viens à mourir,laissant ce prince encore enfant et hors d'état par s6nARCH. IIAROC. 22


AnclIlVES MAROCAINESâge dc gouH'rner, cl'ois-tu que la possession de la couronnelui soit bien a8SIll'(;e, et que la famille de Il:\chimconsente il l'a"oir pour souverain ct le reconnaisse pom'Idlalife:' - Non pas, ditllâdi. - Eh hien! reprit Yal.tyft,laisse dOliC lit ces projets, pour mieux aSSUl'el' l'exécutionde tes VŒUX. Quand m(~llIe ~(ahdi n'alll'ait pas appelé autrllne ton fl'ère Il:hoùn, tu devrais le faire reconllaitl'e toi·mêmè pOlll' ton successeur, afin que l'empiI'e ne sortepoint de la maison de ton père '. )) Ilùdi approuva SOliconseil; et Hachid regarda toujours cette action de \'al.lY:\comme un des senices les plus signalés qu'il en ('Î1tl'eçus.Passons aux traits de la générosité de Yal,IJâ.272 Lorsque Hachid disgracia les Barmékides et elltrepritd'anéantir jusqu'à lem' nom, il fit défendre, dit-on, àtous les poètes de cOlllposet' des élégies sm' leur disgl'lÎce,et ordonna que l'on punit ceux (pIi cOlltreviendraient ,àcette défense. Un jour, un des soldats de la garde, passa~tauprès de quelques édifices ruinés et abandonnés, nper~~utun homme debout qui tenait à la main un papier: c'étaitune complainte sur la ruine des Bat'mékides, que cethomme récitnit en versant des larmes. Le soldat l'anêtaet le con<strong>du</strong>isit devant Hachid auquel il raconta toute l'm'enture.Le khalife se lit aruener le coupable; et après s'êlt'cconvaincu, par son IH'opre aveu, de la vérité de la dénonciation:1(:Ne savais-tu pas, lui dit·il, quc j'avais défen<strong>du</strong>de réciteI' aucune complainte sur les Barmékides: certes,je te traiterai comme tu le mérites. - ]~mir des Croyants;répartit cet homme, si tu le per'mets, je te conterai monhifltoirc ; q lIand tu l'auras enten<strong>du</strong>e, agis comme bon tef;elllhlel'a. Il l1achîd lui ayant permis de parler', il dit:« J'étais un defl moindres commis de Yal,lyâ, fils de Kh:\lid;1. Ce J'éci t. f'emhle copié textue/lenH'nt d'ln"; AL-ATllill, f.'1rrollicoll, YI,65 el oouiv. Cf. I~ réf'it .Ie )IA"'Ol'Di, P,'airies d'OI', YI, 2EO el suiv.


HISTOIRE DES OYN.\:"TIES Ml'SUUIAXES )339un JOUI', il me dit: « Il fnut ((Ile tu me donnes l'hospitalihS« chez toi. - SeigtH'ul', lui répondis-je, je suis bien au­« dcssous d'un si grand hOIlIlOIll', el ma maison n'cst pas« propl'e il vous recevoir, - Il faut ahsolument, dit Yal.IJ:i,« (lue cela soit ainsi. - En ce cas, rl'pl'is-je, vous voudl'ezI( bien m'accol'der «(Ilelque délai pOUl' que .in pl'(~nne lesIl al'l'angelllenls convenables et que je disposl' ilia maison;(l ap"ès «uoi, \'OIIS rCI'/'z re qu'il vous 1'1:1ira, .. \l Lù-dessus,il \'01l11ll savoir qllel dl'[ai je dl;sil'ais; je lui (kmalldaiIl'nbol'd lin 1111; el ce (It-I"i lui Ilyant parll excessif, je lepriai dll m'accorde,' quelques mois. fI .r consentit; daussitôt je m'occupai il disposer ma maison et il 1)1'(' pal'l'"lout ce qui


3iOAItCI1IVES ltlAnOCAINES« trm' dans la maison de ses voisins, quand AlIâh a« commandé de respecter les droits <strong>du</strong> voisinage! - N'im­(( porte ", dit-il; et quand le maçon eut fait l'ouverture, ily passa a"ec ses fils. Je les suivis, et nous entrâmesdans un jardin délicieux, bien planté et arrosé par desjets d'eau: dans ce jardin étaient des pavillons et dessalles ravissantes ornées de toute sorte de meubles et detapis, et sel'vies par des esclaves de l'un et de l'autresexe, le tout d'une beauté parfaite. « Cette maison, me dit« alors le vizir, et tout ce que tu vois est à toi. "Je m'empressaide lui baisel' les mains et de faire des vœux pourlui. En cherchant à me rendre compte de ce qui s'étaitpassé, je sus que, <strong>du</strong> jour même où il m'avait proposépour la première fois de le recevoir chez moi, il avait faitacheter les propriétés voisines de mon logis, y avaitfait construire une belle maison et l'avait fait meubler etorner de toute sorte de choses, sans que j'en susse rien..Je voyais bien que l'on y bâtissait, mais je croyais que27/1 c'était quelqu'un de mes voisins, qui faisait faire ces travaux,YaJ.lyâ, adressant ensuite la parole à son fils Dja'far,lui dit: « Voilà bien une maison et des domestiques; mais« avec qUQi fournira-t-il à leur entretien?-Jelui donne, ré­« pondit Dja'far, telle métairie avec toutes ses dépen­«


IIISTOIRE DES DYNASTIES IIIGSUUIANESje jouis encore aujourd'hui. Aussi, Émir des Croyants,je n'ai manqué, Allâh le sait, aucune occasion de chanterleurs louanges et de faire des vœux pour eux, afin de satisfaireil ce que je dois à leur générosité; mais jamais jene pourrai m'en acquitter entièrement. Si tu crois devoirme faire mourir pour cela, fais ce qu'il te plaira. Il Rachid,attendri, le laissa aller et rendit à chacun la liberté depleurer sur la fin tragique des Barmékides.Rachid, dit-on, fit une fois le pèlerinage accompagnéde Yabyâ, .fils de Khâlid, et des deux fils deYal.lyâ, Fa4}1et Dja 'far. Quand ils furent arriv'és à Médine, le khalife ytint une audience publique avec Yal.tyâ, et ils distribuèrentde l'argent au peuple. Les deux fils de Hachld, Aminassisté de Falens ne convient pa!'! id el que le poète fait visiMementallusion :lUX voiles.


312 ARCIIIVES 1I1AROCUXESall>'l"ncc]; tUlIdis (lue la nuil, qui chel. nous couvrail la Villesailite, devicnt radieuse gràce à ces trois lunes resplendissantes '.Leurs mains n'ont été créées que pour répandre des bien~l'ails, cl leurs pieds que pOUl' èl re l'levés sur les chaires de nostemples.. dll''l'onom eompI'Ïs implicitement dUIl": \~.2, L'auleUl' de f:es ,-er's, flui sonl dl/lIll"'S m-ec d'autres pm' le Kiltlb al­Ilu'uini, X\'.II, 25 el p"r I/lx l\uALL"'.~N, ll'afa!/t1l, l'II. "ïi"'tenfeld,,wlice S11i, sc nomme Ill'i !\louxÂnzlIl. Voy. St/l' ce poète l\illill al-aghtinl.JlJ!. !1-30; IIIN QOTAm,\, Lille,' poesis el poelarum, f'P. 553-fi55.


mSTOIRE DES DYNASTIES IIleSUI.Mt\Nr.:Shomme ne m'a adressé la ,parole que je n'aie éprouvé pourlui un sentiment de respect; son discours fini, mon respects'est accru, ou s'est entièrement évanoui, » Il disaitaussi: {( Les promesses sont les filets des hommel'> généreux;elles leUl' servent il s'assurer les louanges des gensd'honneur, » Lorsqu'il devait monter ù cheval, il pl'éparaitdes bourses qui contenaientchacune deux cenIs drachmes;et il les distribuait à ceux qui se présentaient il sa rencontre,BlOGRAPlIJE DEFADL', FILS DE YAI!\'.\Fa(,lI fut dislingué entre tous ses contemporains par salibéralité, et doit êtl'e compté parmi les hommes les plusgénéreux que la tel'l'e ait portés.Il avait été allaité par la mèl'e 2 de Hachid, ct Hachidavait sucé le lait de la mère de FaeJI, ce qui a donné lieu aupoète Mar"'ân:l, fils d'Abot'! I.Iaf~a, de lui adreSSCI' ces vers: 276Il ne le faul point d'autre gloire que d'avoil' lélé le sein de laplus noble des femmes, qui de l'autre sein a nOUlTi le lillalire,Tu es en tous lieux J'honneur de Ya!I~'â, comme 'l'ahy:l rendiIluslre en lous lieux le nom de Khûlid l .1. Voy. llussi III nolke que lui consacl'e IIIS 1\IIALLlldN, Wa/ayât,notice 538, el. IWl1b ul·aghtlnf. Index, 5t1l-Mi.2. Khail.Oul'dn, VO)·. ci-dessus, p. a2:l et note H.3. Ce poète étoi! d'ol'igine juive, l'oHe eslilllé il I3nl!hd:i.lz. il l'xcellnildans lnlouange. Sc;; élégies en I1IOnneul' de FII~ll.fllsde Yaf.ly:i n(-lIarrnnk 1.et de 1\13 'n, lils de Zà'ida, étaient trèô; goùléc8. !\lai>: il élllit "'ulle 1wal"ice)II'o\'er!Jiale, et ses biographcs l'appol'lent il c.c sujet d'omusnnles flIWt;­Iloles.. Né en lUa (= 721), il fuI étrnnglé cn 181 (= jUil. Vo~. la hihliographil'dnns BflOCIŒLMAN:'l, Gesell. der urub. LiU.. 1. il. Cf. au;:si CL. HUA liT.llisl. de la Lill. arabe, l, pp. tlR-fit!: DE H"mmn-Pl'IU;ST.\LL. Lillcralllr!/,·sdi.dei' Arab., 111,5,,1: liiltlb al-a!/tlllnf, IX, ali, iH: AUO!'·-L-FID.t. .tllllalc.~ .Ifl)~lemid.Il, i7: SACY, Clle,~tomathie ul'Ube, l, 4,,··41;: l\L\s'ot'"ni, Prairies d'or.Ind.-'x, p. HI:l: ID:-l QOTAIIJA, Liber J1oe~is el poetarlllll, pp. 481-4l:'t.4, Le )H\I'e de Yal.lF\' VO)·. ci-dcssus, p. 2;;0 cl "ui\'. Ccs dcux \"t'l'" ,:OU\donnés pal' IDN 1\11.\LLIKÀ:'\, \l'a(aydt, é.1. \\'iisteuf,"d. toc. cit.


SHAllcmVES 'MAROCAINESRachid lui ayant donné le gouvernement <strong>du</strong> Khol'âsân, lepoète Aboù-I-HauIt, qui avait fait auparavant des poésiessatiriques contre lui, vint le trouver et lui réciter desvers, dans lesquels il chantait ses louanges et s'excusaitde sa faute.La colère de Façll s'est avancée vers lui, semblable à un nuageépai,s qui, au milieu des ténèbres de la nuit, roule un abtmed'eaux prêtes à fondre sur les têtes, el renferme dans ses flancsles foudres et les éclairs.Quel sommeil peut goùter le malheureux qui a placé sacouche auprès <strong>du</strong> lieu qu'habite un lion aux crins fauves 1Je n'ai pas commis contre Façll, fils de YaQyâ, des fautesde nllture à me faire appréhender la haine de ce fils de Khâlid.Fais-moi don de les bonnes grâces; je ne le demande pointd'autre bienfait. Quant aux faveurs auxquelles lu m'avais accoutumé,tu peux après me les accorder ou me les refuser, commeil te plaira. li;,« Je n'entends point, lui répondit Façll, que tu séparesmes bonnes grâces de mes bienfaits; ces deux chosessont inséparables; si tu veux les recevoir conjointement,je te les accorde; sinon, renonce aux unes comme auxautres. )) Ensuite il lui fit des présents et lui rendit safaveur.Voici un trait singltlier, rapporté par Isl}âq 2 Ma u!;ii,1t,1. SACY (loc. cil.) dit n'uvoh' trouvé aucun renseignement sur ce poèle.En dehol's tle la cilalion d'InN KIIALLlKÂN (Wa(aydt. notice 538), queSacy a connue, toules les rechel'ches que j'ai faites moi-même soht restées.vaines. Je me demande s'il ne s'agit pas plulôt ici d'Aboù-I-Ghotil,qui vivait aussi à celte époque et' qui esl cité par MAS 'oûDl, Prairiesd'or; VI, 361-362, comme étant un des panégyristes des Barmékides. Surce poète, on peut voir ioN QOTAIDA, Liber poesis et poe/arllm, 256-257;Ki/db al-aghtlnt, V, 171; DE HUUIEn-PURGSTALL, Litleratllrgeschicll/e de,'Araber, Il, 586, Cf. aussi l, 493, \2. SUI' ce fameux musicien, voyez la longue et intéressante noUce <strong>du</strong>l


"lSTOIRE DES DYNASTIES MUSUL~fANES 345fils d'Ibrâhlm. « J'avais élevé, dit·i1, une jeune fille d'unegrande beauté; je lui avais donné toute SOl'te de talentset l'avais fait instruire avec beaucoup de soins, en sortequ'elle était parvenue à un rare mérite. Je l'offris alors àFac;U, fils de Yal,yâ, qui me dit: « Islp'\q, il est venu unIl ambassadeur <strong>du</strong> vice-roi d'Égypte pour me demanderIl quelque (:hose ; j'exigerai de lui qu'il me fasse présent del( cette fille: garde-la donc chez toi; je la lui demanderai et 2ïï« je lui diraique je veux absolument l'avoir. Sans doute, il« ira te trouver et la marchandera: garde-toi de la lui donner« à moins de 50.000 dinârs. » Je retournai donc chez moiavec cette fille, et l'ambassadeur <strong>du</strong> vice-roi d'Égypte vint,en effet, me la demander. Je la lui fis voir, et, quand il l'eutvue, il m'en offrit d'abord 10.000 pièces d'or et sur monrefus do'ubla ensuite la somme; comme je refusai, il m'enoffrit 30.000, Je ne pus me contenir quand j'entendis cetteoffre et j'acceptai le mal'ché.. Je lui livl'ai la fille, et il mecompta la somme dont nous étions convenus. Le lendemain,j'allai trouver Fac;ll; et, dès 'qu'il me vit, il medemanda combien j'avais ven<strong>du</strong> mon esclave, «Trente mille« pièces d'or, lui répondis-je. - Ne t'avais-je pas défen<strong>du</strong>« précisément, me dit-il, d'accepter de lui moins de50.000?»Je lui répondis: Il Certes, puisse la vie de mon père et de« ma mère te servir de rançon 1 Mais, par AllAh! quand« j'ai enten<strong>du</strong> prononcer le mot 30.000, je n'ai pas pu tenir« bon plus longtemps. - Eh bien! me dit-il en soudant,Il l'empereur grec m'a aussi fait demander quelque chose« par son ambassadeur; je lui imposerai de même la condi-Il tion de me donner cette esclave, et je lui indiquerai ta« demeure : prends-la donc et recon<strong>du</strong>is-la chez toi;Il mais, quand il viendra faire prix avec toi, garde-toi hienIl de la lui livrer à moins de 50.000 dinârs.» Je m'enretournai donc avec la fille, et l'ambassadeur d'e l'empereurgrec étant venu pour en traiter avec moi, je lui en demandaile prix convenu avec Fa~II. Il se récria, disant f{u~26'


lH6ARCIUVES MAROCAINESc'était beaucoup trop cher, et m;en orfl'it 30.000 pièces d'OI'.Par Allàh, dès Clue j'entendis prononcer le mot 30.000, je2ï8 ne pus me retenir et lui répondis aussitôt : « Je te lavends. » .Je livrai l'esclave et en touchai le prix. Le lendemain,Fal.!l me voyant entrer chez lui, me dit: Il Qu'as-tu« fait, IS~lftCl' pour combien as-tu ven<strong>du</strong> la fille? » et sur la.réponse (lue je lui lis que j'avais donné mon esclave pour30.000 pièces d'or, il s'écria: « Vrai Dieu, ne t'ai-je donc« pas dit de ne pas la céder à moins de 50.000? » « Seigneur,« lui dis-je, C1u'AIMh daigne détourner sur moi tous les« malheurs qui pourraient menacer tes jours! Mais, en« vérité, au mot 30.000, toutes mes fOl'ces m'ont aban­« donné 1. » Il se mit il rire, et me dit: «. Reprends encore(( ton esclave et emmène-la : démain tu verras venir« l'ambassadeur <strong>du</strong> souvel'ain <strong>du</strong> Khorâsàn; tâche de faire« honne contenance, et ne la lui donne pas pour moins(( de 50.000 pièces d'or.» Je pl'is donc la fille et m'enretoul'l1ai chcz moi, et l'ambassadeur étant venu marchtin:­der mon esclave, je lui demandai les 50.000 pièces tI'or.« C'est trop cher, me dit-il, je t'en donnerai 30.000. »)POlll' cette fois, je me fis yiolence et refusai ses offres..\lors il m'en proposa hO.OOO. Je pensai devenir fou dejoie, et je ne pus m'empêcher de lui répondre: « J'accepte.»Il me compta l'argent~t reçut de moi la jeune fille, Lelendemain, je me présentai devant Façll, qui me demandades nouvelles de mon marché. I( Seigneur, lui dis-je, j'ai« \"Cn<strong>du</strong> mon esclave hO.OOO dillârs. Au nom d'Allâh, en« lII'en entendant offrir hO.OOO pièces, peu s'en est fallu que« je ne deYÎnsse fou. J'ai maintenant encaissé - puisse« ilia "ie racheter la tienne - 100.000 pièces d'or : je n'ai':!ïn « plus l'il'Il il souhaitcr; qu'Allah te l'éeompl'Ilse comme tu« le mérites! ;) .\Iors Fal.U se lit ameneJ' cette fille, et me laprésentant, il me dit: « Prends ton esclave et emmène-la. »)J. Lillérn[emen[ : Tou;: mes lIIelllhl'l's sont lombés en défaillance.


1J15ToJIRE DES DYNASTIES 1I1U5ULl\IANES347Je dis alprs .:« Cette fille êst une source incomparahl~ de« bonheur. )lEn conséquence, je lui donnai la liberté, et jel'épousai; ct c'est d'elle que j'ai eu mes enfants 1. l)On l'apporte encore de Fa


348 ARCIIIVES lIIAROCAINESlendemain, il courut, de grand matin, chez son bienfaiteur280 pour le remercier. 'Il apprit que Façll s'était .ren<strong>du</strong> lui·même de honne heure au palais de Rachid : il alla l'ytrouver; mais Façll, instruit de son arrivée, sortit promptementpar une autre porte, et se rendit chez son père.)Ioubammad l'y suivit bientôt; Façll lui échappa encoreen sortant par une autre porte et retourna à son hôtel.Mou1}.ammad y alla aussi, et, ayant enfin trouvé Façll, illui témoigna sa reconnaissance, et lui dit qu'il s'était empresséde sortir dès le matin pour le remercier de sonbienfait. « J'ai pensé, reprit Façll, à ta situation, et j'airéfléchi que la somme que· j'ai fait porter chez toi hierpourra bien payer tes dettes, mais que, tes besoins serenouvelant, il te faudra en contracter de nouvelles, etque tu en seras bientôt accablé comme auparavant; celam'a fait prendre le parti d'aller trouver ce matin l'l~mirdes Croyants; je lui ai exposé ton état, et. j'ai encot'eobtenu de lui t pour toi un autre million de pièces d'argent.Lorsque tu t'es présenté à la porte <strong>du</strong> palais de l'Émir desCroyants, je suis sorti par une autre porte; et j'en aiencore fait autant quand tu es venu chez mon père, parceque je voulais que l'argent fùt remis chez toi avant dete rencontrer; en ce moment, cette somme est portée àta demeure. - Comment, lui dit alors Moubammad,pourrai-je reconnaitre tant de bienfaits? Je n'ai aucunmoyen de te témoigner ma gt'atitude; tout ce que je puisfaire, c'est de m'engager, sous les serments les plusgraves, et sous peine de répudier mes femmes et d'affranchirmes esclaves, et d'être obligé à faire le pèlerinage deLa Mecque, à ne jamais faire ma cour et à ne demander{Iuelque grâce que ce soit à personne autre que toi. IlMoul)ammad prit, en effet, cet engagement sous les ser-1. Lisez ~,[conformément au manusc/'jf A et au texte adopté parSACY, Chrestomathie arabe, l, p. 21 de ln partie al"3be. La somme de100 millions, comme le voudrai!, l'édition, serait exagérée.


HISTOIRE DES DY~ASTIES MUSULlIIANES3i9ments les plus inviolables; il en fit un acte, qu'il écrivitde sa propre main et fit souscrire par plusieurs témoins,et par lequel il promettait de ne faire jamais la cour àpersonne autre que Fa


350 ARCllIVHS MAROCAINESdance <strong>du</strong> palais <strong>du</strong> khalife, et depuis ce temps on l'appela,comme son frère, (( le Petit Vizir >J.Hachid dit un jour il Yal.Jyâ : (( Je voudmis ùter le ministt~re<strong>du</strong> sceau 1 à Fa(.l~ pOUl' le donner à Dja'far; mais jen'ose lui écrire il ce sl;jet; écris-lui donc toi-même. II Yal.ryâécrivit en conséfl'H~nce il son lils Fat.ll, en ces termes:« L'l~mir des Croyants, dont ,.:\lJdh daigne augmentel' lnpuissance, t'ordonne d'ôtet· ton anneau de la main droitepOUl' le mettre à la main gauche. II Fa..1l lui fit cette "é-"S", L. - ponse: (( J') ai 0 Jéi il 1'ol'dre «ue le prince m'a donné ausujet de mon frèl'e. Je ne crois pas être privé d'une CaveUl'lorsqu'elle passe à mon frl're, ct je ne pense pas avoirper<strong>du</strong> une place quand il en est investi, ,; Dja'far [il la vuede cette réponse] g'éCI'ia: « Dieu soit loué <strong>du</strong> mérite qu'j1a accordé il mon fl'(~l'e! Quelle finesse d'esprit! Que lesmarques de sa supériorité sont evic1entes; il est douéd'une raison exquise, et il s'exprime avec une élégal\Cesans pal'eille. )), On raconte de Dja'Car, fils de Yal,lyf\, l'aventure sninmte'! :Voulant un jour se divertir et passel' le temps il hoire,il avait résolu de sc tenir enferlJlé chez lui, ct avait asscmhléses camarades de plaisir aH~C lesqueh il vivait familièrement.Ils étaient donc réunis dans Ull(' salle )Ji('udécorée, ct tous V(~tus 'd'habits de dill'él'cntes couleurs;cal' ils avaient coutume, quand ils étaient en débauche,de pl'l'ndre des habits rouges, jaunes ct vel'ts. Or, Dja 'faravait dO"'H~ onll'e au chamhellan de son htHel de ne laissel'entrer qui que ce Cùt, excepté un de ses compagnons dl'plaisir, qui n't;(ait point arrivé en IlH\me temps fille lesautres ct ([ui se nommait '.\hd al-~Ialik, fils dl' ~illil.. ::. Ils f'('1. SUI' 0' IIliIlÎ,..lè'I'C, voy, ci·d.'ssus, p. li:l.2. Celte :mcnlo(e csl l'rH~OIl((~e ,111l1s Je Aïfrl/) tll-a"/uilll. ", lIs- JI!'. dl':!I' ln:" 1\\LI.t1'À:", n'Urrl/l,il, t,li. "·jj;:!,,"r..I,!, lIolh'c 131, p. ai.a, Fils de \(11.11';;11, dit. Ill:" I\UALJ.lIi,\:", loc, cil,


IIISTOIRE DES DYN.\STIES :\IUSUUI.\NES 351mirent alors il boire; les coupes pleines


352 ARCIIlVES MAROCAINES« Faites-moi grâce d'un second, car je n'ai pas l'habitudede cette boisson;)) puis il continua à prendre part librementà la: conversation et au badinage des convives, jusqu'àce


lIISTOIllE DES J>Yè"ASTIES ~IVSUUL\:'iI;SIl Ya,-ait, dit-on, entl'e Dja'lm', fils de Ynl.1Jâ, et le vice-roid'Égypte, une inimitié réciprOlIue, et chacun d'eux évitaitd'avoir aucun rapport avec l'autre. Dans cet état dechoses, un particulier s'avisa de contl'eraire, sous le nOIllde Dja'Cm', une lettre adressée au gouverneur d'J~gyple,dans laquelle Dja'far lui disait que le porteur de celtelettre était un de ses meilleurs amis qui avait voulu seprocurer le plaisir de voir l'I~gypte, et (Iu'en conséquenceil le priait de lui f~il'e l'accueil le plus favorahle. Cetterecommandation était conçue en termes tres pressants.Muni de cette lettre, l'homme se rendit en I~gypleet la présentaau gouyerneur de cette pl'ovincc, (lui, l'ny:mt lue, enfut fort sUl'pl'is et en eut un.e extrême joie. Cependnut, ilne laissa pas de concevoir {IUelques doutes et d'ayoir dessoupçons sur son authenticité. Il fit donc au pOl'teur de laleUre l'accueil le plus gracieux; il lui assigna un magnifiquehotel pour son logement et eut le plus I{rand soin 285de fournir à tous ses besoins, mais, en même temps, ilenvoya la lettre à son chargé d'aflàires il Bnghdddz, en luidisant qu'elle lui avait été présentée pal' un des amis<strong>du</strong> Yizir; que, néanmoins, doutant (Iu'eHe (ùt yét'itahlementécrite par le vizir', il voulait qu'il l'dt là-dessus desinformations et qu'il s'assUl'â t si l'écriture de la leUre ét:litefl'ectivèrnent cene <strong>du</strong> vizir Dja 'far. La préten<strong>du</strong>e JeUrede Dja'far était jointe il cene <strong>du</strong> vice-roi. Quand l'hommed'aO'aires <strong>du</strong> gouverneur les eut reçues, il alla tl'ouverl'intendant <strong>du</strong> vizir., lui conta l'aventttl'e et lui fit voil' lalettre. Celui-ci, l'aJant prise de ses mains, la porta il Dja '_far, à qui il rit part, en même temlis, de ce qu'il veunitd'ap.prendre. Dja 'far la Iut, et reconnaissant l'impostUl'e,il montr'a la lettre à un cel'tain nomhre de pel'sonnes de saconr et de ses subalternes qui sc trouvaient chez lui etleur dit: « Est-ce là mon écriture? » Après l'avoir considél'ée,ils déclarerent tous qu'ils ne la reconnaissaient pointet que c'était une lettre contrefaite sous le nom <strong>du</strong> vizit.ARC". ~BROC.


AItCIIIVES l\IAnOCAI;';ESAlors, il leur conta toute l'affaire, leur dit que l'auteur decelle lettl'e était en ce moment auprès <strong>du</strong> vice-roi d'i~gypte,et que celui-ci 'ùlllendait qu'une réponse pOUl' savoir àquoi s'en tenir sur son compte; puis il leur demanda quelétait leur a\'is, ct comment ils pensaient que l'on dÎlt traitercc faussaire, Les uns fu l'ent d'avis ((U'il fallait le fail'e moul'il',pour coupel' court à une pal'cille pel'fltlic et empêcher quequi 'que ce fCrt osât suhTe son exemple; d'autres voulaientqu'on lui coupùtla main dl'oite qui avait commis ce faux;quelqueS-Ulis opinl~I'ent flu'i1 suffisait de lui faire donnerune honne hastonnade et de le laisser allel'; enfin, cellx286 dont l'avis était le plus modéré voulaient qu'on se contentât,pOUl' toute punition, de le fl'ustl'el' <strong>du</strong> fl'uit de son crime;qu'on insll'uisit le vice-roi d'l~g)'pte de son imposture,pOUl' qu'il n'eOt aucun égal'd à la préten<strong>du</strong>e recommandation:il serait, disaient-ils, assez puni d'avoir fait levoyage de Baghdâdz en I~gypte, et d'être contraint, aprèsun si long trajet, à revenil' sans en avoiî' tiré aucun profit. (luand ils eurent Il ni de parler. n ja'far leur di t: « GrandDieu! n'y a-l.-il donc parmi vous pel'sonne qui soit capablede disccl'llement? Vous savez l'inimitié et l'oppositionmutuelles que le vice-roi d' I~gypte et moi nous avionsl'un po11\' l'autl'e, et vous n'ignorez pas qu'un sentimentde hauteur et d'amoUl'-propre nous empêchait respectivementde fail'e le premier pas pour une réconciliation;Allâh a lui-même suscité un homme qui nous a ouvertles voies d'un accommodement, nous a pl'ocuré l'occasionde lier une correspondance eta mis fin à cette inimitié.Faudra-t-il que, pour récompense <strong>du</strong> seniceimportantqu'il nous a l'en<strong>du</strong>, nous lui fassions suhil' les peines quevous proposez? » En même temps, il prit sa plume et écrivitau vice.,.roi d'Égypte, SUI' le dos de la lettre: Comment,Grand Dieu, avez-vous pu douter que ce flit là mon écriture?Cette lettre est écrite de ma main, et cet homme estde mes plus chers amis: je désire que vous le combliez de


lIlSTOIRE DES IlYNASTIES lIIUseUL\NESbienfaits et que vous mc Il' l'cnyoyicz promptement; cal' jesoupire après son retour, et sa présence ici m'est nécessait'c.» Le vice-roi d'Itgypte ayant reçu la lettre aycc laréponse <strong>du</strong> vizir, qui était écrite au dos, ne se sentit pasde joic : il n'oublia rien de ce qui pouvait ètl'e agréahle àCet homme, lui donna une grande somme d'argent et lecomhla de riches présents. Cet homme étant donc retoul'll(~à Baghdâdz, dans la situation la plus brillante, se présentaà l'audience de Dja'far, fils de Yal}yâ, et baisa la terre enpleurant. « Qui es-tu, mon ami? lui demanda Dja 'far. - 287Seigneur, lui répondit-il, je suis ton seniteur, ta créahll'e; je suis ce malheureux faussaire, ce menteur impudent.')Dja 'far, connaissant qui il était, le reçut d'un ail,gracieux, le fit asseoit, devant lui et lui demanda des nouyellesde sa situation et combien il avait reçu <strong>du</strong> vice-roid'Égypte; et sur la réponse qu'il lui fit qu'il en a,-ait re~'u100.000 pièces d'or (dinârs), il lui témoigna <strong>du</strong> regret dece qu'il n'avait pas reçu davantage, et lui dit: « Demeureavec moi, jusqu'à ce que je double ceUe somme. » En effet.cet homme s'attacha au senice de Dja'far pendant qUl'Iquetemps, et y amassa une somme égale à celle qu'il avaitgagnée datisson voyage d'i~gypte.La gloir~ de la famille des Barmékides alla toujoUl's enaugmentant, et elle ne cessa de prendre de nouveaux accroissements,jusqu'à l'instant où la fortune les ahandonnaentièrement. Voici une anecdote qui fut comme le premierpronostic de leur chute; elle a été rapportée par le médecinBakhtichoû", qui s'exprimait en ces termes: (, J'('ntraiun jour, dit-il, dans l'appartement de Hachid; il était alorsassis dans le palais nommé Qa!;lr-al-Khould 2, à Baghdâdz; les1. Nou,:: avons transcl'il ce nom d'après III ,'ocillisalion <strong>du</strong> manlli"el'ilal'(J!Je. SUI' le personnage, vo~'ez plus loin, p, 356, noie 2, L(J prononcinliollrégulière '::C1'ail Dokhl \"f~eho\ï.2. Le Paillis dt' 1lJ~lërnilé, Cc nom Ini Il él(' llonné pm' imilalion Ilunom <strong>du</strong> Pllradis DJannaf al-/illould (le Jal'din de l'f.lernil(·', Cf. 001'(1)1.XX'-, 16 el XLI, 28.. Il fuI Mii p3l' le khlllife 1\1(111':'0111', sur' i(l·"i\"(' ',Il'oitl'


:liili A[lCJl1VBS ~I.\ROC.\I""ESBat'méki


HISTOIRE DES DYNASTIES ~1U8ULMANES 3.ii(Jans la disgrâce, ce qui arriva e(l'ectiv~mentpeu apr'ès cela.))Voyons quelles furent les causes de cette catastrophe,et de quelle manière elle arriva, Les historiens sont en désaccordsur le motif de cet événement. Suivant un premierrécit, Rachid ne pouvait se passer un instant de la com·pagnie de sasreur 'Abbàsa 1, ni de celle de Dja'far. (Comme,cependant, la bienséance ne permettait pas (lue le vizir vîtla princesse]; Rachid résolut de la lui faire épouser, pour'qu'elle plÎt honnêtement se trouver avec lui sans ètrevoilée, mais à condition qu'il ne prétendmit jamais userenvers elle des droits d'un époux, Ce mariage ainsi fait,Dja'far et 'Abbâsa se trouvaient fr'équemment ensemble;ils étaient jeunes l'un et l'autre; et comme il ar'rivait queRachid les quittait et les laissait seuls, Dja 'far ne se renfermapas dans les bornes que Rachid lui avait prescrites2: 'a 'princesse devint enceinte et mit au monde deuxjumeaux 3 , Elle eut beau tenir la chose secr'ète, Rachiddécouvl'it le mystère ; et ce fut là la cause de la l'uine desBarlllékides.D'autres attribuent cet événement tragique il unecause bien difl'érente. Le khalife, dit-on, avait chargéDja 'far de faire mourir un descendant d'Abou Tâlib 4....288nuscrit arabe de Paris, n' 2066, f, 301 "celo; S,-\CY. Chrcslom. arabc, l, p, 53,note 50.1. Sur ceUe princesse, voy. le f(ill1b al-aghdnt, XV, 79, el XX, :l2-:l:~;IBN KHALLII{lN, \lla{aydl, éd. \Vilstenfelrl, notice I:l!; l\fAS'Ol)Di, Prai,'iesd'or, VI, 387-391 et 393. Une intél'essanle biogmphic de ceUe princesseest. donnée par IÜIALiL lB!'! AInAK A~-~.\FADi,.-lt- Wd/1 l>il-wa{aydf, manuscri!IIrabe de Paris, n' 20(16, fu 13 l'••2. On sait avec quelle ardcUl' 111:'1 KIIALDOÙ:'l, dans ses Prolégomènes,a essuyé de détl'ui.'e cette légende, (lue rl1pportcnt c


351l.\hCIlIVES :MAROC.\IXESDja 'far, ne pouvant se résoudre il. s'acquillet' de cettecommission, laissa aller ce malheureux, Rachid, (lue desmalveillants instl'uisil'ent de la con<strong>du</strong>ite de Dja 'fal', luidemanda ce qu'il avait fait de cet homme. Djafar réponditqu'il était en prison. « En ferais-tu serment surma vie? Il demanda Rachid. Dja'far devina qu'il était tl'ahi,et répondit au prince: Il Non, certes; le vrai est que jel'ai laissé aller, parce que j'ai reconnu qu'il n'est pasdangereux.» Hachid dit alors il. Dja'far: Il .J'approuve ceque tu as fait»; mais quand celui-ci fut. sorti, il dit:« Qu'Allâh m'extermine, si je ne te fais mourir! )) Peu detemps après arriva la disgrâce de cette maison '.Enfin, il .r a d'autres historiens (lui disent llue les ennemisdes Barmékides, et enlt'e autres Fal"l, iils de Rabi' '!,ne cessaient de les dessenir auprès de Rachid: ils rc\'enaientsans cesse à la charge, et lui disaient (lue toute l'autoritéétait concentrée entre leurs mains, et {IU'ils aUi.'aiêntil. eux loutes les richesses de l'État; ils firent tant qu'il enprit de l'ombrage et les extermina. On atlt'ibue encoreleur ruine aux manières fières et orgueilleuses de Dja 'far etde Fa(,ll, fils de Yal.l)"â, manières que les rois ne sauraient289 supporter. On dit aussi que Yabyâ, fils de Kh,ilid, faisant unjour le tour de la Ka 'ba, on l'entendit faire celle prièJoc :« Mon Dieu! si c'est ton bon plaisir de me dépouiller detoutes les faveurs dont tu m'as comblé, de mes gens, demes biens, de mes enfants, fais comme il te plaira; je n'excepteque Fa


1JJ8TOlllE DES DYNASTIES Ml'Sl'UIANES 359parl de Hachîd. Dja 'far fut Lué, et tons ses parents fUl'entarrêtés de la Hlnnièl'e que nous allons raconter.Hachid avait fait, cette année-Iù, le pdel'inage de La~Iecq"e; à son retour, il se rendit dans des navires deIIira il Anhâr, Dja 'far, de son coté, monta ù cheval pour'prendre le plaisir de la chasse 1 : lanlôt il s'amusait àboire, tanlôt il prenait d'autres divertissements; et cependantil recevait, pendant toute la route, des p['ésents(lue Rachid lui envoyait. Il avait près de lui le médecinBakhticholÎ '2, ainsi que le poète AboÎl Zakkàl' 3 l'aveugle,qui le divertissait en chantant. Le soir étant venu, Rachidappela l'eunuque l\lasroùr 4, qui était ennemi de Dja'far. etlui dit: « Va trouvel' Dja'far et apporte-moi sa tête: net'avise pas de me faire aucune objection. >l ~Iasro1Îr vintdonc trom'er Dja'far et entra brusquement auprès de luisans s'être fait annoncer. En cc moment-même, AboliZakkâr chantait ce vers:1. L'édilion <strong>du</strong> lexte l.1rabe pOl'lé ici une grave laeune qui détruit entièrementle sens de ce plls8nge, Le manuscril A porte il ce! en(lroil, nprè8le mol, na'Jire,etc. i.)~· ~ ~_


360~\nCIIIVES~L\ROCAINES. Ne t'éloigne pas; il n'est point d'homme que la mort neVJenne visiler le soir ou le matin 1.2HOMasroùl' étant entré, Dja 'far lui dit: « Ta visite me faitplaisir, mais je vois avec peine que tu sois entré sans mapermission. - Le sujet qui m'amène, lui dit Masroûr, estplus troublant: soumets-toi à ce que l'Émir des Croyantsexige de toi. IlDja'far tomba aux pieds de MaSl'ollr et les embrassa endisant: « Hetourne, je te prie, vers l'I~mir des Croyants;c'est le vin qui lui n fait donner cet ordre; laisse-moi,ajouta-t-il, rentrel' chez moi, etfaire mon testament. - Ren·trer chez toi, reprit Masroûr, est une chose impossible;pour ton testament, tu peux Je faire comme tu le jugeras àpropos. » Dja 'far ayant donc fait son testament, l\Iasrollr lecon<strong>du</strong>isit aupl'ès <strong>du</strong> lieu où était alol's Rachid; puis il entraavec lui dans une tente, et lui ayant coupé la tête, il lapOl'ta sllr un boucliel' à Rachid; il lui porta aussi le COJ'lpSenveloppé dans un morceau de cuir. Alors Rachid envoyaquelques-uns de ses gens pour arrêter le père et les frèresde Dja'far, tous les gens de sa maison et ses amis; il lesfit enfermer à Raq


I/ISTOIRF.: DES DYNASTIES ~n'SlJL"'\:"ES :llilmots: « Pour une robe d'honneur 1 donnée il Dja'far, liIs« de Ya1).yâ, ftOO.OOO pièces d'or» i et flu'étant retourné,peu dejours après, dans le même bm'eau, il avait lu dansle même registI'e, au-dessous de cet article: « Naphte et« roseaux pour brûler le COI'PS de Dja'fal', fils de Ya1)Y[Î:dix qlrâls 2»: ce qui lui avait causé une grande slll'[H'ise, "Hachld confia ensuite le vizirat à Fa(Jl, fils de Habi', quiétait chambellan de Hachid,VIZIRAT D'ABOû-L- 'ABO,\S FAQL, FILS DE It.\oi'Nous avons parlé ailleurs de Rabi', père de Fa~11. POUl'Fa~lIt il avait excl'cé la charge de chambellan sous leskhalifes )Ian~ol'Ir, ::\Iahdi, IIâdi, et aurl'ès de Hachid luimême.Quand ce prince eut l'enversé la maison des Bat,­mékides, il mil Façll à leur place. C'était un hommeadmit, et qui connaissait pal'faitement tout ce qui con- 291cerne les rois et la manièl'e de les servir. Quand il futdevenu vizir, il se livra avec passion il la culture des lettres:il rassemhla près de lui un grand nombre de savantset acquit en peu de temps les connaissances qu'il désiraitavoir en ce genre. Au nomhre des poètes (pli lui étaiententièrement dévoués, se trouvait AbOli Nouwâs il,Voici un VCl'S de ce poète sur la famille de Habl' :'Abbâs \ lorsque le loyer de la guerre est allumé, est un lionquestion ci-dessus, et aussi un :lUtre ouvrage inlilulé: a:-:all'


362 ARCHIVES MAROCAINESau rE\gard menaçant; Fa~l 1 eElt la vertu même; Rabi' 2 est leprintemps dans toute sa (raicheur.Fa


IIISTOIRE DES DYNASTIES MUSn.Mi\NES 363mentionné l, » Suivant un autre historien, ce fut un hommeéloquent, grand orateur et d'un caractère excessivementgénéreux.Un poète composa un poème à sa louange et fit contreson frère Mâ'moûn une allusion satirique:Amin ne doit point le jour i\ une m(~re qui ait connu les vendeurssul"le marché [aux esclaves].Non certes. Jamais, non plus. il ne fut ch:Hié; jamais il n'acommis de pl'ofanation; jamais il n'est tombé dans une vilenie.292Le poète faisait ainsi allusion 2 à Mâ'moùn, car Hâroùnar-Rachid ayant surpris son fils )Iâ'moùn en causeriegalante avec une jeune fille, ou en train de boire <strong>du</strong> vin,mais je n'en suis pas sùr, lui avait infligé la flagellation. .Harotin ar-Rachid, en proclamant Amin son successeurimmédiat, avait assuré le trône à Mâ'moùn aprèslui. Des lettres patentes sanctionnant l'investiture furentdressées et souscrites par des témoins. Une copie de ceslettres avait été envoyée dans toutes les provinces etprincipalement à La :Mecque, où elle fut affichée dans letemple de la Ka'ba. Enfin, le souverain s'était appliquéà publier cet acte solennel par tous les moyens possibles :1.Quand IIât'oùn mourut à loùs, Ma'moùn résidait dans1. La cillltion est exacte; elle se lt'ouve <strong>du</strong>ns ID:>! AL-ATlI!n, Chl'onicon,éd. Tomber'g, VI, p. 207.2. Cher'!JonneulI (J. •t. P., avril 1841;, p, 30.;), n'a~'ant pas compr'i,; Je sensde uD.......... a donné de cette phrase une tra<strong>du</strong>ction que rien dans letexte arabe ne justifie. Il a tra<strong>du</strong>it: q Ce ql1i a motilJè celte critique mordanle,c'esl ql1e... n. Cepenllant Je sens Ile iff' raire une allusion, l'iserindirt'cternenJ, est assez fréquent; voy. notamment J'avant-dernier' ver's<strong>du</strong> poème de Ndbigha DzobydlJi, apud SACY, Chresl. arabe, 2- êdil., Il,pp. 409 et US de la partie arabe.3. Cher'bonneau (J. A. P" avril HW;, 32!') ne semble pas lIVOil' bien sai"ile sens de la locution J:.- ~\ lA ~ en tl'8<strong>du</strong>isant: Sur lou" les pain/"imparlanls de l'empire musli/man.


:l61 AIlCI/I\'ES ~IAROC"I:"ESle Khoràsân, ayant avec lui un cel'tain nombre de grandsgénéraux, et son vizir était Façll, fils de Sahl l ; lors de cetévénement, Amin demeUl'ait à Baghdâdz, Quant il l;'a.I.lllion, quelle quc soil. d'aillcurs la valCUI' que "on llUl'Ïbue an mol4. La trlll1uclion de Cherbonncall (J. A. P., aVl'il 18-lfl, p. :l30) • Tellefllila cause de ... " c;;l incxade.


IJI~TOInE ilES IlYNASTlE~ ML"l"UI.\'iES Bt;/)[conrtisans) persuadèl>ent il ;\mÎn qu'il avait intérèt il({épouiller son frèl'e de son edoutn la colère de ~fa'molÎn [qu'il avait trahi], en amenantil AmÎn tout le matériel de l'armée, au mépris <strong>du</strong>testament verbal, pat' lequel (J;\rofm al'-nachîd, en présencede témoins, Je léguait à ~fa'mo(m. C'est pourquoi,craig'nant que ~'fa'n~oùn. ell montant sur le trône <strong>du</strong> khalifot.ne lui ('endit le mal pOUl' le mnl, il persuada il AmÎnqu'il avnit intér(~t à dépouiller SOIl frère de son dl'Oitéventuel au tronc et à proclamer' SOIl propre fils ~roflsâhél'Ïticr J>l'ésomptif. Un grand nombre [de cOllI,tisans 1fUl'ent, i, ce, sujet. <strong>du</strong> même avis que Fnf.ll, et l\minfut enclin il. les suivre~. Il consulta ensuite les hommesles pllls écIaÏl'és de son enfoUl'age. qui cherchèl'ent li ledétourner de son projet, en lui faisant craindl'e le chf.timentimmanent CJui atteint ceux qui se rendent coupablesd'injustice' et violent les pactes et les engagements. Ilsallèrent jusqu'à lui dire: ( Ne donne p::lS aux officiers de1. cr. 1\hs'oùnl, p,.ail'Îe~ d'O/', VI, .f:JO-.f39.2, C'cst-ù-dire: cclIIi qui n'oune la bouche que pOlir dire la vél'il{~.3. Tout cc passage est \.l'lllluit. pm' Chcrbonneau (/oc. cil.) avl'" IIne sigl'llIIde Iiber'lé, qu'on a de la peille à s'y retrouve,', quand 01\ le ('OIIlIHII'(>IlU texte arahe, 'Iu'il dépa!"se cerlninemcnt cn .\I{~gance, mais tlu'il ne"'\lit pas.2 7 •


ARClHVES MA nOCAINE5l'armée [par ton exempleJl'audace de violer la foi juréeet de déposer un prince, car ils te déposeront bientôt toimême.Il Mais le khalife n'accorda aucune attention à leursreprésentations et suivit l'avis de Façll, fils de Rabi'. Enconséquence, pour tromper Ma'moîm, il commença parl'inviter à se rendre à Baghdâdz; mais celui-ci ne se laissapas tomher dans le piège, et lui répondit par une lettred'excuses. Les lettres et les messages se succédèrent entreeux, jusqu'à ce que Ma'moûn, se laissant fléchir, résolutd'abdiquer ses droits au trône et de l'econnaître [commehéritier présomptif] son [neveu] :MoîISâ, fils d'Amin. Maisson vizir, Façll, liIs de Sahl, le prit à part" l'encourageail la résistance et lui garantit le khalifat, en lui disant:(( J'en fais mon affaire. » Alors, Ma'moûn résista aux solli·29~ citations de son frère. De son côté, FaeJI, fils de Sahl, semit à travailler pour ~Ia'moîm,lui gagna les populations,fortifia les fl'ontières et donna aux afJ'aires une organi~ationsolide. Dès lors, l'inimitié s'accrut entre les deuxfrères, j\mln et Ma'moûn, les communications furentinterrompues entl'e Baghdâdz et le Khorâsân, les lettresfurent om'el'tes, et la situation devint gl'ave.AmÎn retrancha le nom de son frère de la !tholba (sermon<strong>du</strong> vendredi) et fit emprisonner ses délégués.!\1a'tnoîm usa de repré~ailles chez lui au I\horâsân. Alorsleur inimitié s'envenima davantage. Autant Ma'moûn avaitde fermeté et de constance, autant Amin montrait d'indolence,d'impéritie et de négligence.Voici un des traits les plus frappants de la stupidité etde l'ignorance d'Amin.Il avait envoyé, pour combattre son fl'ère, un desvieux généraux de son père, nommé 'Ali, fils d'''lsâ, fils deMâhân, à la tète de 50.000 hommes. On dit même qu'avantcette époque Baghdàdz n'avait jamais vu sortir de sesmurs une armée plus nombreuse. Après avoir muni sestroupes d'une quantité d'armes et de richesses'considéra-


IIISTOlRE nES DVN,\STIES .llfUSULMANES 367bles, il les anlit accompagnées jusqu'en dehors des portesde la ville pour leur fail'C ses adieux 1. Cette expéditionétait la première qu'il dil'igeait contre son fl'ère. 'Ali, filsd"Îsâ, fils de Mahân 2 , semit donc en marche ayec ces forcesredoutables. C'était un vieillard vénérahle, un des piliers<strong>du</strong> gouvernement et d'un extérieur majestuenx,Il rencontra, sous les murs de Ray'y, Tâhir, fils de IJousuin,dont l'armée montait il. environ '•. 000 hommes ùecavalerie. Le combat fut acharné et la victoire se décida~nfin pour Tâhir. 'Ali, fils d"Îsâ, périt [dans la mêlée] etsa tête fut portée auvuinqueur, qui écrivit à son maîtreMa'moîm une lettre conçue en ces termes (après les complimentsd,'usage):« Voici ce que j'écris il J'Emir' des 295Croyants (qu'Allâh prolonge son existence !): La tèle d''Ali,fils d"Îsâ est tombée en 'ulOn pouvoir; son anneau estil mon doigt 3 et ses troupes sont sous mes ordres. Salut. II Ilfit porter la missive à Ma'malÎn' par un courrier, qui parcouruten tl'ois jours un espace de 250 parasanges. Mais. lorsque la mort d"Ali, fils d"Îsâ, parvint à AmÎn, ils'amusaità pêcher: Il Laisse-moi tranquille, dit-il au messager, carmon affranchi Kauthar a déjà pris deux poissons, tandis


ARCIIIVES lIJMWCAI:"ES29Hmon fils ct l'unique objet de ma tendl'esse l,les revers et leshumiliations qui pourraient atteindre 'Abd Allâh (elle désignaitainsi Ma'moûn) touchent mon cœur et je suis trèsalarmée par les dangers auxquels il est exposé. Mon filsest roi et il n'y a entre lui et son frère qu'une dispute pourune question de pouvoir 2. Aussi, respecte en 'Abd Allâh lesdroits que lui donnent sa naissance et sa qualité de frère :1.:\fénage-le dans tes paroles, parce que tu n'es point sonégal. Garde-toi de le traiter <strong>du</strong>rement comme un esclaveou de l'humiliel' en le chargeant de fers et d'entraves.N'éloigne de son service ni femmes, ni esclaves. Quandvous serez en route, il ne faut ni le hrusqucr', ni marcheril ses côtés, ni te mettre en selle avant lui ". Ton devoir estde lui présenter l'étrier lorsqu'il montera à cheval; et, s'illui arrive de t'adresser des injures, supporte-les avec patience.»Ayant ainsi padé, Zoubaida remit au général une ch~ined'argent, puis elle ajouta: Il Dès que ce prince deviendraton prisonnier, c'est avec cette chaine que tu l'attacheras. Il':\li, fils d"Îsâ, répondit :11 Tes ordl'es seront accomplis. liCependant, les habitants de la ville croyaient fermement" Cf. l\1.\s'oùDl, Pl'airies d'or, VI, 482; Ki/db al-aghc1ni, IX, :;3; X, 12.t,12li; XVIII, 117; ION AL-ATuin, Chronicon, VI, 165 -170, d'où le ,"(-cit de noIreauteur li él é copié texluelJemenl.2, Cherbonneau (J. A. P., avril 18.t6, p. 334) tra<strong>du</strong>it ce pnss2ge d'unemnnièl'e qui ne me pamiL pas trl's exacte. « Mon {ils, tout roi qu'il est, aIliolê l'êquilê en le dépossêdant de la succession au lrône, .. Cf. le lexieaJ'lIhe, p. 2!15, 1. li, d'en has.3. Cherhonnellu (loc. cil.) s'est éh'angement mépris sur le sens de 13locution J> .J J..r=-' et i1a tra<strong>du</strong>it: .. Apprends à 'Abdallah quels droilslui donnent sa naissance et sa parenté. ..-1. Cherbonneau (/oc. cil.) tra<strong>du</strong>it ~ 0 ':J pal':« JI ne (aut paspOllsser ta monllll'e en avant de ta sien:e. " Pour que eelle tra<strong>du</strong>clion ftifexacte, il eùl fallu ~ -\.:. ~ ou "-0 L. 1. D'ailleurs la suite rlu r.!cil. monl.r'ebien qu'il s'ngissail. tic ne pas monlel' à che\"al avant le Jlrince. Cf. IIIN Al.­ATH!Il, op. cil., VI, 161;'


HISTOIRE DES DYNASTIES 1IIllSUJ.MANESUu triomphe de ce général, tant ils avaient une haute opinionde seF, talents et de son armée, tant ils méprisaient lestroupes que lui opposait Ma'mofm. Mais les décrets d'Allâh,décidèrent le contraire de ce qu'ils croyaient, et l'issue·de la bataille fut ce que l'on sait 1.Ce règne fùt une époque de troublesetde guerres civiles.~Jousain1, fils d"AU, fils d"Îsâ, lUs de Mahân, un des géné­!'aux d'Amin, se révolta contre lui. Après l'avoir détrôné,il le jeta dans les fers et fit' proclamer khalife Ma'moOn.Une partie des troupes suivit 2 son exemple. Mais bientôt unnutre groupe se forma dans l'armée, et on y tint le discourssuivant: «Si l;Iousain; fils d"Ali, entendgagner 3 la faveurde Ma'moOn par le service qu'il lui a ren<strong>du</strong>, èh bien! nousaussi tâchons de gagner la faveur de notre khalife, Amin, enbrisant ses chatnes,en le délivrant et en le replaçant sur letrône 4. » Alors ily eutentre eux une bataille, dans laquelleles partisans d'AmIn, maltres de la victoire, pénétrèrentdans la prison, d'où ils l'arrachèrent pour le replacer SUi'le trône <strong>du</strong> khalifat. Ils eurent ensuite un combat où~Iousain, vaincu et fait prisonnier, fut amené en présence,d'Amin. Le l{halife lui 'adressa d'amers reproches, maisl, 0~1.....r')l1 c.r 0(,. Cherbonneau (loc. cil.) tra<strong>du</strong>it: « L'issue de la·balaille f;,l telle qu'Al/ah l'avait décrétée, " -La ré"olte de l;I.ousain es\racontée avec d'intéressants détailspar ION AL-ATlJIH, op. cil., VI, pp. 179­181.2. Cherhonneau (loc. cil.) tl'a<strong>du</strong>it: « Une partie des troupes se rangeasous ses drapeaux. " Je crois que le texte ne dit pas cela, mais qu'une.partie des troupes reconnul aussi Ma'moùn comme khalife.3. Lisez ..t>~. . .... Tout ce passage a été bien mal tra<strong>du</strong>it pal' Cherbonneau (loc. cil,),~qui a été dérouté par la locution ~J ..t>1 dont il n'avait pas saisile sens. Il a tra<strong>du</strong>it: " Le reste [des troupes] déclara unanimement·que, puisque Hocein-ben-AIi·ben-Aïça s'éloi! prononcé ouvertement(~J ..t;..1)roul' .4.1·;\Iâmoun, ils resteraient fidèles à leur souverainlégitime, e\('. " .Allen. ~1.\1I0C.24


370 AnCJJlVES I\I.\ROCAINESil prêta une oreille favorable à ses paroles de repentir etlui pllrdonna. Et même il lui fit revêtir une robe d'honneuret lui confia le commandement en chef de l'armée~Mais à peine ce général, chargé de combattre Ma 'molÎn,fut-if sorti de la ville, qu'il prit la fuite. Amin détachaà' sa pour'suite la troupe qui l'atteignit et le massacra. Satête fut apportée au khalife '.Cependant, les hostilités ne cessaient de croitre et ledésaccord d'augmenter chaque jour:l, lorsque Ma'moûnenvoya Harthama 3 et Tl.\hir, fils de l.Iousain, deux de ses297 meilleurs généraux, à la tête d'une armée nombreuse pourassiéger Baghdâdz et présenter la bataille à Amin.Pendant plusieurs jours, la capitale de l'empire fut blo­(Iuée, et les généraux, à la tête de leurs troupes, combattirentavec acharnement 4. Enfin, les deux armées ad\"erse~se livrèrent de nombreux combats, dont le dernier laissala ~ictoire aux soldats de Ma'moûn. Amin fut tué et sa t~tefut portée à son frère Ma'moi'tn dans la province <strong>du</strong> }(horâsân.Cet événement eut lieu en l'an 198 (813 deJ.-C.):"Quant à l'histoire <strong>du</strong> vizirat sous le règne de ce prince,[elle est bien courteJ. Le seul ministre qu'il ait eu futFaf)l, fils de Rabi', autrefois vizir de son père [Hârolm ar­IlachidJ et dont la biographie li a été donnée en partie1. Rêcit d'ION AI.-ATIIln, Chronicon, VI,180-181.2. ""'• ...t. J )t:> Y,.". Cherbonneau (loc. rit.) tra<strong>du</strong>it celte phl'aRe, par:• Des engagement!'! meurtrie.'s se succédaient sans interruption.•3. Sur ce fameux général, voy. l\lAs'ol:ui, Prairies d'or, H3 et suiv, ;/iii


IIISTOIRE ilES OYNASTIES )IlJSl:LM.\NES anprécédemment, en parlHnt de son vizirHt sous le rt~gne deflâro(m.Fin <strong>du</strong> ,'ègne d'Amin,VII, -RÈGNE J)"ABD 1\ LLAu l\fA'~IOt"N(198/813-218/833)Apt'ès Amin, régna son frère 'Abd Allâh l\Ia'moùn, quireçut l'investiture publique à Baghdâdz en l'année 198(813 de J.-C,), C'est un des princes


372 ARCIIIVES MAROCAINESLe khalife et Yabyâ l, suivis d'une foule d'habitants,sOl,tirent'2 tIc la ville. Le convoi était disposé avec faste etmagnificence. Ma'moùn fut agréablement surpris de voirtant de richesses. Les spectateurs, non moins éinerveillés,s'en réjouircl1t 3 • Alors le khalife prononça ces paroles:« Ce serait une honte pour nous de retourner au palaisavec toutes ces richesses, tandis que le peuple s'en iraitchez lui les mains vides. » Puis, il ordonna à son secrétaired'assignel' à l'un un million de drachmes, ~ un autreune somme égale, à un autre une somme plus considé·l'able, jusqu'à ce qu'il eût distribué 2'. hillions 4 sans descendrede cheval :'. Le l'este, il l'abandonna à l'intendantgénéral de l'armée pour l'entretien des troupes.Sache que Ma'mofm fut un des plus gr"ands khalifeset un des hommes les plus intelligents. Il fit de nombreusesinnovalions dans son empire. Par exemple, il estle premier khalife qui se soit intéressé aux sciences phiJlosophiqueset qui, en ayant fait venir les ouvrages, les fittra<strong>du</strong>ire en arabe. Il les fit connaitre dans son empire. Ilexpliqua Euclide et appt'ofondit les sciences des anciens;il discuta les questions médicales et il appela à sa cour lesphilosophes.C'est l\fa'mofm qui fixa à deux cinquièmes <strong>du</strong> pro-L1KAN et les auteurs cités à la note précédente. Cependant l'auteur <strong>du</strong>Tddj al'-arot1s, IX, p. 40, 1. 1 et suiv., dit que la prononciation Aklam estégalement soutenue et qu'elle a trouvé un défenseur résolu dans la personned'AI-Khafâdji. Il ajoute que la prononciation Aklham est bien plusrépan<strong>du</strong>e.1. Chel'bonneau (loc. cil.) a remplacé le nom de Yallyâ, par» le vizil' »;mais les historiens nous apprennent que Yal}yâ fut seulement grandqâl.li.2. Il vaudrait mieux lire ~,;.J conformément au texte d'IBN AL-ATHiR,op. cil., VI, 304..3. Cherbonneau (loc. cil.) tra<strong>du</strong>it ~ ~.A=-I par» le félicitèrent hautement».4. Cherbonneau (loc. cil.) : millions.5. Littéralement: ayant toujours le pied dans l'étrier.


llISTOIhF. DES IlYN.\STfES MUSULMANES<strong>du</strong>it brut la quote-part que les populations <strong>du</strong> Sawtiddevaient payer au trésor, tandis qu'ils payaient habituellementlamoitié',Il obligea les Musulmans il. professel' que le Qoran avaitété créé; et cette doctrine se répandit sous son règne 2.AIJmad, fils de f.Ianbal:J, et d'autres soutinrent des con· 200tro\'erses il. ce sujet 4, En mourant, ~ra'moÎlll recommandaà son frère Mou'tal';lim de soutenir celle doctrine, Quandce dernier.Ulonta sUl'Je trone, il confirma la doct.I'ine émisepar son pl~édécesseur et fit frapper de verges AI,lmad, filsde I.fanbaI. C'est ce que nous raconterons en son lieu etplace. C'est aussi Ma'moÎlll qui lit passer la couronne dela famille des 'Abhâsides dans celle d"AIi (sur lui soit lesalut!) et qui fit adopter la couleur verte il. la place de lacouleur noire. On dit que c'est la couleur des vêtementsque portent les élus dans le paradis,Voici l'explication de ce fait politic{ue, }[a'mofm, aplltréfléchi il. la destinée <strong>du</strong> khalifat après sa mort, avait v(lulule transmettre à un homme qui en fût digne, afin de dégagersa responsabilité:i, Du moins il le prétendit li. Il aUl'ait1. M. Cherbonneau /lac. cil.) a tra<strong>du</strong>it ce pas!13ge ainsi: " Al-Ml/mounfixa d deux cinquièmes la pal'! de.~ 'Abbassides tandis qu'auant lui ilsavaienldroit d la moi/ié. » On ne voit pas ce que les 'Ahbi\sldes viennent fail'edans celte phrase, où ils ne sont même pas nommés.2. On snit combien cette question pa5sionna les esprits au temps d·,.\I­Ma'moùn. C'est sous celte forme bizarre CJue fuI posée, li cette époque,la question philosophique. Voy. les nombreux détail;; 'lue lionne 111:01 Al­ATHlR, op, cil., 297, 301.3, L'lmàm <strong>du</strong> rile qui porle son nom et qui se disting-ue, comme 011le snit, par son excessive riguelll'. SUI' ce gl'anrl lhéologien, né en lHl(= 780). mOl't en 2U (=855); voy, les l'éfél'ences dans BROCli~;l~IA:":'l, Gesell.der arab. Litt•• 1. 182 ; CL. HUART, Utl. arabe, pp, 238-240; DR HAmmR,Lill. Gesch., III, llO-161 ; IV, 114,4. '6".r!-J ~ 0! ...l..>\~J1jJ,l\I.Chel'llonneau(loc. cil.) lnl<strong>du</strong>it:" C~pendant AI,lIn('d ben Hanlml protesta 10.,'). 4.:.0'; !r.=l. Cherbonneau (10('. cil.) lra(\uit: • [il un homme ('[IptlhleJdOllt ia bon;é (oi rép(j/l(/fl à ses de,~$('in.~. "Il, Cherhonneau (loc. cil.) a saulé ceLle pl,lI'ase, mUis dall>; la tra<strong>du</strong>clionseulement. . .


3aARCIIIYES lIlAROCAINESexaminé, affirme-t-il l , le mérite des personnages les pluséminents des deux familles: la famille des 'AbbdsÎdes etcelle des 'AUdes. Dans les deux familles, il n'aurait pastrouvé une pel'sonne plus honol'able, plus distinguée, plusintègre etpluspieusequ"AIi, fils de ~lof1sâ ar·HiQ.â 2 • En conséquence,il le nomma son héritier présomptif et confit'mace choix par un acte écrit de sa main. Ensuite, il voulutobtenir l'assentiment de HiQ..â. Celui-ci, après quelquesdifficultés, finit par accepter. Il écrivit sur la chal'te deMa'mofm: « Je m'engage à me conformer à cet ordre, bienque le Dja(r 3 et la Djâmi'a ~ indiquent le contl'8ire. Il1.?\ ~\,J-J.j. Chel'honneau (lac. cif.) tra<strong>du</strong>it. : " Or il pensa qu~ildevait jeter ses vues sur les pel'sonnages, elc. »,..-C'esl une mépl'ise sur lesens de,) ~, qui esl pris ici dans son acception ol'dinnil'e : dêclarer,2, SUI' cet [fi/dm, "oy, a,fAs'oùol, Prairies d'or, Vlfl, Index, p. 217; r/lNKIIULldN, n'a(ayl1t, éd. WOslenfeld, nolice -l3t; l\iMb al-agh4,lnf,lnde.'C, p. ,199; ION AL-ATllln, Chronicon, VI, 229 elsq.; 2,15 ct sq.3-t. Chel'bonneau (Journal asiatique de Paris, n' d'3\'1'i1 18,16, p. 339) alI'a<strong>du</strong>it.: « Dien que la per;;peclive <strong>du</strong> puits ct de la corde me conseillede faÏ/'e le conlrail'c '. Le djafr el la djdmi'a sont deux livres sacrésdes 'Alldes. Je ,'ais Il'anscl'i1'e ici le pass3ge où M. Casanova, dans unel'emarlluahle note sur un manuscrit de la secle des Jissassillil (.1. A. P.,n" jan\'iel'·fé\'l'ier 18!18, p. l;iI et ;:uh·. J, a fail ju;;lice de cetle erreur deChel'honneau et lIlontré, de la manièl'e la "lus ingénieuse, la parenlé dl'.ces oUVl'ag.~s avec ecux de;: F/"i!/"I!s de la Purl!tê, " Le carac!Ï'I'e j;:mnïlil'nde la dj,imi'at étant bien établi, il n'est pas sans intérêt. de rappdel' queles 'AUdes POs;:éd:lient deux Une;; sacl'és: le dja(,' et la djdmi'ul. Ainsil'imâm 'Ali ibn Moùsil al' Hi~lâ, désigné pat' le khalife ahb..lssidc al­Mn'moün, comme hériliel' lwé":OlllllUf, accepln en disant: Cependant ledja(r et la dj!irni'at m'indi'luent le contl'aire. " l;Iadji Khalfn, il l'arUcle~ ~, l'envoie il-* el donne en eITet, FoOUS ce del'niel' Iill'c, un long etcUl'ieux article SIII' les dcux, at'Uele 'lui pal'ail avoir échappé aux savanls(lui onl parlé <strong>du</strong> dja{r, comme Silvestre de Sacy, de 813ne, GU~'llI'd, deGoeje, Goldziher. M, Goltlziher n(lUS a donné, en revanche, un cUI'ieuxpassage de l'auteur lll'ahc NOI)r AII:\h : c'était un livre de 70 coudée;: delong, que le PI'ophHe avait dicté il 'Ali.• Par Dieu 1 On y trouve lout cedont les hommes ont besoin jusqu'au lever de l'heure, c'esl-li-dire jusqu'àl'apparition <strong>du</strong> Mahdi. Le djafl' esl fort connu et toutes les bibliothèquesen possèdent dc;; ,'xeml'!:dl'e;: Illus ou moins authentiques: il ,'oule SUI'des comhinaj,;;ons cllbali,,:tiques de lelll'es et de chi/T1'cs Il''i /lerlllelle,,'de pl'MiI'e tous les événements.• De la djl1mi'at, il n'existe àma connaissance aucune copie. II~' n hi un


mSTOIRE DES DYNASTIES MtJSULMA~ES 3ii;Acte en fll.t pl'is à leur égard par des témoins.C'était FaQI, fils de Saltl, le vizir de ~Ia'moûn, qui avaitconseillé cet acte et qui avait persuadé le khalife de sonopportunité 1. Le peuple prêta alol'S le serment de fidélitéà 'Ali, fils de Moftsâ, comme successeur de ~Ia'mOlîn,et il fut surnommé Hiçlt\ l'Élu d'entre la famille de Mahomet(sur lui soient les bénédictions d'Alldh 1).1\la'moûn ordonna aux gens de quitter les vêtements 300noirs et d'adopter le vert.Ces événements se passaient dans le Khorâsân. Aussi,lorsque les 'Abbâsldes eurent appris à Baghdâdz queMa'moûn avait transféré le klla/iral de la dynastie 'abbâsideil la dynastie 'allde, et qu'il avait remplacé la couleurde ses pères et de ses aïeux par la couleur verle,. ils ledésapprouvèrent, puis, l'ayant déposé, ils prêtèl'ent le sel'.ment de fidélité à son oncle lbrâhim, fils de Mahdi. quiétait un homme supérieur, poète, éloquent, cultivé, chanteurhabile et doué d'un esprit pénétrant 2. C'est à lui quefait allusion Abo1i Firâs, fils de ~Iamdân3, dans son poèmerimant en mim, au vers suivant:rapprochement très instl'uclif, je crois, l'Iant donné le c31'aclèt'e my;;lérieuxel profond cie Il! cljdmi'at d'après les deux nwnuscl'its (lue j'aicités. Affirmer que la djdmi'al des Imi\ms 'alides, qui lui demandaienlconseil aux heures critiques, est la méme que cell,e des Frères de laPurelé serail peut-être, en l'état actuel de nos connaissances, un peutémérail'e, !\lais il y a là plus qu'une simple coïncidence, et c'est, à mesyeux, une preuve de plus de l'identit.é absolue des doctrines philosophiqueschez les Ismaïliens et chez les Frères de la Pureté. Il Cr. aussiSACY, Exposé de la religion des Druzes, Inlrod. j InN KIIALDOÙN, Prolégomènes,n, 205 â 225, et IUN KIIALLlldN, Biographical Diclionary, Il, ISS­184; III, 207; St. GUYARD, Fragments relatif.~ à la doctrine des lsmaéli.~, tir,à part, p. 116; DE GOEJE, Mémoire sur les Carmalhes, 2' édit., p. 116.GOLDZIllER, Materialen zur f(enntniss der Almohaden!Jelt'egung, dan!'Z. D. M. G., XLI, p. 123 et suiv.; Lillel'alurgeschichle (1er Sl'a, p. 55. Sacya connu le passage des Prolégomènes d'luN KlI.UDOlï'l et en a donné latra<strong>du</strong>ction dans sa Chrestomathie arabe (2' édilion, Il, p. 298 (lt suiv.).1. Cberbonneau (loc. cil.) tra<strong>du</strong>it: ft Qui en avait favorisé i'e:réculion Il.2. ChCl'bonncau rend J,;t> pal': .. Doué par-dessus tout d'un espl'it supt!-rIeur Il.3. Bur ce lJOèl.e, vo)'ez ci-dess\ls, p. 331, note 2.


MlCIIIVES 1I1.\ROCAINESEst-ce de votre famille ou de la leur qu'est issue 'Oulayya I?Est-ce à eux ou à vous qu'appartient Ibl'âhim, le cheikh deschanteurs?Cette époque fut féconde en trouhles, en révoltes eten guerres, En apprenant l'émeute de Baghdàd7., Ma'­moûn entra dans une violente colère 2 , Façll, fils de Sahl, futassassiné, puis, après lui, mourut 'Ali, ms de Moûsft, d'ulle[indigestion] de raisin.On prétend que l\Ia'moùn, voyant que la population deBaghdàdz le désapprouvait d'avoir fait passer le khalifatdans les descendants d".\li, qu'elle regardait Façll, fils deSuhl, comme l'instigateur de cet l'lcte, et ayant nI, d'autrepart, éclater la guerre civile, soudoya des gens qui tuèl'entFac).l, HIs de Sahl, au hain. Ensuite, Mam'oûn les fit arrêteret amener pour leur trancher le cou. Mais ils lui dirent:«Commcnt,c'esL Loi qui nonsas ordonné ce meurtre et maintenanttu veux nous mettre à mort! - Je vous condamne ilmort, leur l'épondit-il, sur votre anu ; tandis que votre301 allégation conLre moi, d'après laquelle je YOUS aurais ordonnéce meurtre, c'est une prétention qui ne s'appuieSUI' aucune preuve. » Puis il les fit décapiter et porLerleurs têtes il Uasan, fils de Sahl, il qui il écrivit ses condoléanceset qu'il in,-estit (<strong>du</strong> viûrat) il la place de son frère.A cet événement se rattachent d'autres faits, dont nousparlerons à l'occasion <strong>du</strong> récit sur le vizil'at de Fac).1.Puis, Mam'ofm lit servir traîtreusement à 'AH, fils deMofIsù, <strong>du</strong> poison dans <strong>du</strong> raisin. Comme '.\11 aimait beaucouple raisin, il en mangea une grande qua~tiLé et mourutsur-Ie-champ:l,l. Stem' de lIàroùn ar-Rachid. Sut' cel.le pl'Ïncessc, \'OJ'CZ la longuenotice <strong>du</strong> Kift1b al-ayhâni, IV, 83-95; InN 1\rIALLfI'.tN, n'aral/dl, nolice 131,p. 42..Elle monrut en l'année 210 de rH~girl', âgée de 50 ans. r.r, In:vAL-Antin, Chronicon, VI, 283.2. LiUél'alemenl: il se leva el s'assit.3. IlIN AL-ATllin (Chronicon, VI, 248) ronsillère comme invraisemblable


I1I8TOlRE DES DYNASTIES MUSUUBNES :\77Le khalife écrivit ensnite aux 'ALMsîdes de Baghdâdz,'en leur disant: « Ce clue vous désapprouviez dans l'affaired"Ali, fils de Mo1Ïsâ, n'existe plus, car l'homme est mort. »:\Iais ils lui adressèrent une réponse des plus sévères.Fagl, fild de Sahl, s'était emparé de l'esprit de Ma'­mofin et avait employé de nombreux moyens pour gagnersa confiance t, en sel'vant sa cause et en déployant tous sesefforts pour le faire parvenir au khalifat. Il empêchait lesnouvelles d'arriver jusqu'à lui, et lorsqu'il apprenait(I\l'un personnage quelconque était entré auprès de}[a'mo(m ou lui avait communiqué une nouvelle, il s'appliquaità lui nuire et le châtiait 2. Aussi, les gens s'interdit'ent-ilsde' communiquer avec Mâ'molÎn \ de sOl'le queles nouvelles demeul'èrent entièrement ignorées de lui. 'Aussi, lorsque la révolte éclata à Baghdâdz et queMa'motin fut déposé, lorsqu'Ibrâhîm, fils de Mahdi, futpl'oclamé khalife et que les 'Abhâsides eurent désapprouvéla con<strong>du</strong>ite de Ma'mo1Ïn, Fagl lui cacha pendantquelque temps ces événements. :\Iais 'Ali, fils de MOl'isâHiJ.2. Cherbonneau (loc. cil.) t1'al!uit .wlc. J par: «El provoquai! sa condamnationà la peine capitale >J. • .,-3. Chcl'honneau (loc, cit.) tra<strong>du</strong>it:.0yll.l iY\J 0A vU1 ~li = ils'appliquait à interdire aux homme., d'Etat toute commullication.i, Je cl'ois que c'est lui et non ~Ia'moùn, qui Il! venir' les '1t1ïds. Voy.le texle arahe, p. 302, 1. l, où rien n'indique un changement. d,~ Rujet.Dans la phrase suivante, au contrail'e, l'auteUl' a nommé M:t'tlloùn, pouréviter toutll é'IUivo'lue. f:herhonneau (loc. cif.) a compris le ('(mlrail'e.2 8


ARCIIIVES MAROCAINESvenir devant Mà'mofm une partie des qdids pour lui con·firmer celte nouvelle. :Mais q~and Ma'moûn les questionna,ils gardèrent le silence, puis dirent: Il Nous craignonsFac).l, mais si tu nous garantis contre le mal qu'ilpourrait nous faire, nous te mettrons au courant. ))l\Ia'mofm leur assura sa protection et leur donna unesauvegarde écrite de sa main. Les qdids l'informèrentalors de l'état des choses et lui firent connaitre la perfidiede Fa(]ll, qui lui cachait les nouvelles et le maintenaitdans une complète ignorance des affaires. Ils ajoutèrent:« Notre avis est que tu te transportes en personne àBaghdâdz et que tu préviennes l'anéaD:tissement de tonautorité. Sinon le khalifat t'échappera des mains. )) Ce futpeu de temps après cet entretien que Fac).1 fut tué et queRic).â mourut, ainsi qu'il a été expliqué plus haut.En conséquence, Ma'moûn partit à marches forcéespour Baghdâdz. Quand il yarriva, Ibrûhim, fils de ::\Iah4î,et Fac).l, fils de Rabi'. avaient déjà pris la fuite'. En entrantdans la ville, l\Ia'moûn fut reçu pal' les '.\bhâsides, (luil'entretinrent de leur désir de quitter la couleUl' vertepour reprendre la couleur noire. Zainah' 2, fille de Soulaimàn,fils d"Ali, fils d"Abd Allâh, fils d"Abbâs, eut uneentrevue avec lui; elle était alors considérée autant quel\fan!;'olÎr 3.Les enfants d"Abbâs avaient pour elle une haute considération4, et c'est d'elle que les zainabiles tirent leur1. Selon AI-Mùldn (llill/oire des Sarrasins, p. 132), ce fut ~Tarth:una ihnA '~'nn qui dénonça à ,Ma'moùn la trahi.-;on de Façll, fils de Sahl (notede Chcl'bonneau, loc. ci!.).2. SUI' cette IJI'incesse 'de la mai"on d".\lIb/\", VO)'. I\fAs'oùDi, P"aidesd'o,', VI, 23", 23fi, 239, 231), cr. aussi lliMb al-aghdnf, Index, l" 3Hii.a. Chcl'bonneau (J. ,1. l'., ani! l~t6, lU:!) tra<strong>du</strong>it.).."..41 ~j .. Dusang d'Al-Man~oilr"; (',e qui me parait complètement inexact..J. Cr. l\lAs'oùnl, P"(liries d'O/·, VIII, SllS, 3S5. ION AL-ATltln, Chronicon,YI, 310. ,le ne me soU\'iens plus dans quel otl\'I'agll j'ai III que les 'AbM.­- !"ldes considémient l\Ianll'o\ir comme le plus grand homme de lellr dynastie,ct juraienl SIII' 81.1 tête, Ils l'nppelaient le chaikll tout courl.


HISTOIRE OES DYNASTIES MUSUl.1IfANF-S 3ï!!nom 1. Elle dit à Ma'moùn : l( Émir des Croyants, quelmotif t'a déterminé à faire passer le khalifal de ta maisondans celle d' 'Allo - 1\Ia tante, répondit-il, j'ai vu 'Ali,pendant son khalifat, faire <strong>du</strong> hien aux enfants d"Abhâs,nommer 'Ahd Allâh au gouvernement de Ba~ra, 'OubaidAllah à celui <strong>du</strong> Yémen, et Qoutham 2 à celui de Samarqand; mais je n'ai Vu aucun des princes de ma maison, 303quand le pouvoir lem' est échu, agir avec alltant de générositéà l'égard des descendants d"Ali. C'est pourquoij'ai voulu lui rendre le hien pour le bien 3. » ZainaL luirépondit: Il tmir des Croyants, tu es plus à même defaire <strong>du</strong> bien aux descendants d"l\li, alors ()lIe tu es aupouvoir, que s'ils r étaient eux-mêmes. »Ensuite, Zainah lui demanda d'abolir le port de lacouleur verte. l\Ia'moLÎn le lui accorda 4 et ordonna à. sesgens d'abandonner la couleur verte et de reprendre lenoir.Ma'molm pardonna, dans la suite, à son oncle Ihrâhlm,fils de Mahdi 5, et, loin de lui adresser des reproches, ill'entoura de faveurs, et Ibrâhim fut admis au nombre deses familiers.C'est de la même façon qu'il traita Fac;ll, fils de Habi'.l\fa'mofln, en elTet, était doué d'une grande douceur decaractèl'e et disait: Il Si les gens savaient combien j'aime1. Ceci a éré mal compl'is paI' Cherbonneau (loc. cil.), qui a lu ~ àl'aelir au lieu <strong>du</strong> passir. En effet, il tra<strong>du</strong>it: « El c'esl d'elle que les 'Abbassides(oni descendre les Zaynabiles •• cr. le texte arabe (éd. Derenbourg),p. 302, 1. 5 d'en bas,2, Cherbonneau (J. A, P., avril, p.IH3) h'anscl'jt à tort: Koucham,a.Ce passage a été l'en<strong>du</strong> plU' Cherbonneau (loc. t'il,), ",:L.:.-\ Je. ~I(\,par: " J'ai t'oulu m'acquilter envel's sa mimoit,l', en les com1Jlan' de faveurs . ..-1. Chcl'bonneau tI'a<strong>du</strong>it ~,; JI ~l:o--Ij, "le lui promit ".5. Sur la demtnde de Boùrân, I1l1e <strong>du</strong> vizir ~lasan, IlIs de SaltJ, etépouse de !\IU'lIloùn. Elle demanda la ,?l'ike d'lIJl'àhim JI' joUI' méme Ileson mariage. VO~'. Iu~ AL-ATltln, Cflronleon. VI, 279.


ARGI\IVES 1IIAROCi\IXESà pardonner, ils se rapprocheraient de moi en commettantdes crimes '. ))C'est sous le règne de ce prince que se révolta, à La:Mecque, Moul~ammad 2, fils de Dja'far a~-~âdiq(sur lui soitle salut !). Il fut proclamé khalife et reçut le titre d'Émir desCroyants. Certains membres de sa famille l'avaient engagé:là faire ce coup d'l~tat, quand ils ont YU les nombrensesdissensions et les troubles dont Baghdàdz était le thé:itre,et aussi les révoltes des [aulrédjiles.:\Ioul~ammad,fils df~ Dja'far, était un des docteurs de lafamille d'Aboù Tàlih, et l'on étudiait la science sous sadirection. Il avait tl'allsmis de nombreuses traditions f(ttïltenait de son père (sur lui soit le salut!).Il résida un certain temps à La Mecque, et ce furent sonfils et un de ses cousins 4 qui pri"rent en mains la directionde ses aOaires. Mais leur con<strong>du</strong>ite ne fut pasdigne d'éloges:"1. C'est ain8i que je comprends '-:'j ..u~ JI I-,~ y4:l. Voy, le texte:tmlJe, p, 30:{. La tra<strong>du</strong>clion de Cherhonneau (l~c. cil.): « Chacun lJiendraitme con{esser ses {aules n, me semble tout il fâit inexacte.2. Sur ce personnnge el les circonstances dans lesquelles eut lieu sonélévation au khalifat, voy. fUN AL-ATII!Il, Chronicon, VI; 219-220. Il moul'nIen J'année 203 de l'Hégire. Ibidem, p. 2,;2. MAS'OÛDl (Prairies d'or,YII, ;;6-i>7) mentionne aussi cel 'Alide et lu! donne pour grand ·père:\Ioul.13mmad, tandis qu'Ibn al-:\Ihit' nomme son grand-pèl'e 'Ali, ce quiesl une el'I'eur: Dja'far a~-~âdi(1 èl,ait, en eITet, le fils de Moul.lllmmad.Voy. ci-dessus, p. 24;9 noie 1.3. Chel'bonne:lIJ (lac. cil.) ne me semhIe pas avoir <strong>du</strong> toul compris cepassage, quand il tra<strong>du</strong>it ç1}.).j~ ~I ~ 0(,' par: " Une grandepartie des populations soulllises à son autorité avail appuyé sa rétlolte".Le ,:;ens de ~ il 132" forme esl donné par Dozy, sous celle racine;cependlmt le mol approuver par lelluel il le tra<strong>du</strong>it lie me semble pnsindiquer exactement la nuance que j'ai l:1ché de rendre dans ma tra<strong>du</strong>ction.Ce ver'he signifie: engager quelqu'un à (aire une chose en lui en montranlles avanlages.... Son fils se Ilommait 'Ali et son cousin Bousain, fils d"AIi, dit al­Aftas. Ce del'Oier fut nommé gou\'el'Oeur de La Mecque pllr l\Ill'mOtln enJ'année 19!/ de l'Hégire. SUI' ces deux personnages et leur dépravation,voy. InN AL-ATlliR, Chl'onicon, VI, 214-216; 218-2111.1;. Cherhonne::m (.1. Il. P" anit UWi, 34,;;, en h'a<strong>du</strong>isant ~..r.:- ~_ ~


lIISTOIRE DES DYNASTIES MUSUUIA~ES 3811\Ia'mot'r1l envoya contre eux une armée, 'lui l'emporia lavictoire. Moubammad tomba au pouvoir de l\fa'moùn, quilui pardonna.Sous le ('ègne de ce prince, Aboû-s-Sarâ.yâ 1 se réyolta,et, sa puissance s'étant affermie, il invita les populationsà se rattachel' à la cause d'un des membres de la famille[d'Ali]; mais l;Iasan, fils de Sahl, lui livra une bataille; lavictoire resta à l'armée de l\Ia'1l1011n et Aboû-s-Sar~Jâfut tué,Après ces événements, le règne de :\la'moîm devint pluscalme et les guerres intestines s'apaisèrent.Ma'molÎn se chargea lui-même <strong>du</strong> fardeau <strong>du</strong> khalifatet de l'administl'atiori de l'empire avec les qualités quicaractérisent les plus fermes et les meilleurs d'entl'e lesrois. Vers la fin de son règne, il se rendit à la citadellede Tam~oils, où il mourut en 218 (833 de J .-C.).C'est il ce sujet qu'un poète a (lit:30hNous n'avons pas vu que les astres aie'nt protégé Ma'moOo,{luand il était à l'ombre de son royaume si bien gal'dé !Ils l'ont laissé 2 à TarasoOs, comme il ont jadis laissé son pèn'il Tofts 3.)lai': • Comme il les dirigeait mal ", montre 'lu'il n'a pas compris laphrase. IUN AL-ATlliR (loc. cif.) et ies autres historiens témoignent quele malheureux Moul)ammad ne dirigeait guère son fils et son cousin, maisqu'il était leur jouet.1. Ce khârédjite se nommait as-Sal'l, IlIs de ManI?Oùl·. Sa révolte estracontée tout au long par IBN AL~ATHIR, Chronicon, VI, 212 et suiv. Il~gissait pour le compte de l"Ailde Mou!;lammad, dit Ibn Tabùtabil, unancêtre de l'auteur de ce livre.2. Cberbonneau a confon<strong>du</strong>.),)~ avec.)~, ou peut·être avec l'aulreBens .de la S' forme, et il tra<strong>du</strong>it: • Ils l'on/trahi... comme ils ont Irahison père" (loc. cil.).3. Allusion il la mort de Hâl'oùn ar-Rachid il Toùs. Voy. supra, l" ;liH.2 8 ..


382 ARCHIVES IIIAROCAINEHHISTOIRE DU VIZIRAT SOUS LE nÈGNE DE MA'MOÜNLes premiers vizirs de ce prince furent les Danoû Sahl,dont le vizirat resplendit au front <strong>du</strong> temps comme unetache blanche [au front <strong>du</strong> cheval], comme une perlebrillante dans la raie des cheveux de l'époque. Ce futcomme un abrégé de la dynastie des Barmékides, dontils étaient d'ailleurs les créatures. Le premier d'entreeux qui devint vizir de Ma'morm fut Façll, fils de Sahl'.VIZIRAT DE Dzoû-R-m,L


IlISTOIRE DES DY;';ASTIES J\lUSULJ\lANESFa~U était hienfaisant, nohle, l'émule des BarméJddesen générosité; aussi rigide daus le chatiment que promptà compatir, il était plein de mansuétude, éloquent, aucourant des procédés en usage avec les rois, fertile enressources, d'une très vive intelligence et grand amassenrde richesses; on l'appelait généralement le Vizir-J


38-1 ARCHIVES MAROCAINESleur. » En lIlème temps, il ordonna de lui remettre30.000 drachmes et le nomma· surintendant de laposte de DjoUl'djân, où il acquit une fortune considérable,Avant de parvenir aux grandeurs, l'ambition de Ozoftr-Hiâsatainétait, dit-on, considérable. Un jour, sous lerègne de Hâroûn ar-Rachid, le précepteur de Ma'mollndit ~ Façll : « Le prince royal est bien disposé en ta306 faveur, et je suis presque convaincu (lue tu gagnerasavec lui un million de drachmes. » Façll se mit alorsen colère et lui dit: If As-tu donc de la haine contremoi? T'ai-je fait <strong>du</strong> mal? - Non, par Allâh! dit le précepteur.Mes paroles ne sont inspirées que par l'affectionque je te porte. - Eh bien, alors, reprit Façll, tuviens me dire: tu gagneras avec lui un million de drachmes,alors que - j'en jure par AlIâh! - je ne me suispoint attaché à sa personne pour acquérir plus ou moinsde fortune, mais bien pour que l'autorité de ce sceau(lue tu vois à mon doigt) s'étende à la fois sur l'Orientet sur l'Occident. » En effet - par Allâh ! - il ne sepassa guère longtemps qu'il n'atteignit l'objet de sesvœux. Façll, fUs de Sahl, fut assassiné dans les conditionsrelatées plus haut, et cela en l'année 202 1 (818 de J.':C.).C'est de lui que le poète 2 a dit:Fadl, fils de SahI, a une main que l'on ne saurait comparer àrien d'aussi beau.1. Cherbonneau (J. A. P., avril 1846, p. 3-181 donne 203, qui ne se t1'oUl'epas dans le mi'. A, dont il s'étnit servi.2. Ce poète est IbrAhim, fils d"AbbAs aljl-,solÎli, d'après le témoignaged'InN KIIALLlKÀN (Wa{aydt, éd. Wüstenfeld, notice MO, p.26), qui donne cestrois vers. Ses poésies, dit un de ses biographe!!, sont de toiltes petitespièces de q.uelques vers, rarement plus de di.x. Il ~ourut en.. 243 dl'l'Hégire, à SàmarrA. Cf. InN I


IIISTOIllE DES DYXASTIES ~I{;SUL:\IANESt'intérieur de celle main est le siège Je la générosité, ct Jedessus est le rendez-vous des baisers [respeclueux].Quand il l'étend, c'est pour rnrichir; quand illa lève, c'estpour exterminer'.VIZIRAT nE ~IAK\N 2, FILSDE SAIIL, FRÈRE DE FAI!L,SOUS LE nÈG~E DE )L\')lOlr:'lMa'moùn le prit comme nzu' ~lprès son .frère Fnçll. Illui témoigna de la sympathie et chercha à le calmer, enle consolant de la douleur que lui avait causée l'assassinatde son fl'ère, et il épousa sa tille BOÎlrân a. Le khalifese rendit avec sa famille, sa cour, ses soldats et scsémirs à Fam a:


ARCIII\'E!'i ~1,\"OC"I:"lES<strong>du</strong> faste et de l'ahondal)('(', il. tel point que :\Ia'moùntr'aita son vizir de proclig'lle. On clit (lue les sommesdépensées par l,Iasan, fils de Sahl, <strong>du</strong>rant la fête de Famaf?-~oull.) se montaient il 50 millions de drachmes 1.J,Iasan, fils de Sahl, avait fait étenc1r'e pal' terre, il. l'intentioncie JIa'molln, une natte t1'essée de fils d'or, et SUl'laclt~elle il ':! jeta 1. ,000 (lel'Ies de la pl'emièr'e gl'Ossem'.En voyant cela, Ma'moûn s'écria: « Qu'Alhih comhatteAbolÎ Nouwâs! On dirait qu'il avait assisté il notre réunionC(uand il composait ce vel'S :On dirait que les plus petites ou les plus grnndcs:J de sesbulles ~ sont dcs graviers de pet'les sur ulle terre d'or.On rappol'te {Iu'un indivi<strong>du</strong> se (u'ésenta il la porte del,Iasan, lils de Sahl, cherchant il bénéficier de sa libéralitéet sa bienfaisance. Le vizir l'esta cl'le!clues instants sansfaire attention il lui. Alor's celui-ci lui éc.;i,·it /les VC1'S spi­"antsJ:La for'lune cl la rnison sonl ou nombl'c des a"antages {lui permettentde l'tatiolllH''' :i tlevantla porle des princes.Or, tu venas que je n'ai ni l'llOf: IIi l'null'c, lül'sque III m'auras,'('gardé, ù descendant des nobles SC'igllCllI'S persans.1. ChilTl'e l'IDI'''unl(, Ï\ Ills AL-ATIlin, IIIc. dl.2. D'apl·il,.; 11l~ u-:\Tllin (op. cil., YI. lli!I), c'cst la gl'[l[ld-mèl'l' palcl'nelle,le Bulil';! Il, c'esl-;!-dil'c III lIIèl'e <strong>du</strong> '·izil', (lui j,'ln le!:' I.O(MI gl'o:'lses pCl'les>'lll' 1\Ia'moilll:lli mOIll.. 111 de !Ion l'III rée dan;.; la salll'. 1\Ia'lIIoilll IIUI'ailf:til l'IIIII:t>:,.;,',' ces pCl'lef; et les om'il ,'II ,~ade:tll Ù Bofll'lll1. C·..sl il l'elleuCI'a"ioll 'llw Boim\1I d,'mandl' el ohlinl la ~I':kc d'llIl':ihim, nt" deMahdi. ,lolIl il li Mé 'lue"lion ('j-d('S>'II",il. CC \'l'I'S a élé niU'lué l'lll' le,.; gl·allllll:.il'Ïen8 araIles, à l':lII;.:e de!""lIIllloi <strong>du</strong> SUI}...·I:"if ill'cussi,,"d'III>' III l'el'Ie <strong>du</strong> 1>/ollyerll' tle flal'fri, nplld S. ilE SACY, ,llll/lO/o!!ie !!ram..p. 82), "':li,.; l'e n'....1 pas 111. dl' Saer 'lui :1 C1'ilillllé le n~r·"'. l'omlllt' Il'...·o,YaiL Ch..I'lJOnlleall (J. il. P •• aVI'i1 18"6, p. lW'). cr. nu>'si III~ 1\:IIALLII\.b',h':,,1. de Slnlle, l, 13i; éd, \\ïistl'nfl'Id, 1I0liee IHI.L Le,; lIull.,s 'lui t''' (""l'lIwnt t'ur III "oul'e ,'emplie de Yin.li. C'esL comlllc cd:t Il"1' je l'Omlll'elldK le 1I1\1l ru:.. CI 11'1'11011 Il1':11I iJIIC.l'il.) "'n.luil: f, Qui clOIIIlClI1 tle l'ill;Jlol'llllla ". LI' l('xle al'allc 111' IIIC :;:emlll ...l':'" t'lIsl'I'JILihle de' Cl'Ul' Îlllel'llI'élalioll, HI~·ez-lc, p. 30i, :!' 1. d'clI has.


lIlSTOIRE DES DV:-iASTIES MUSUUL\:"ES :187EsL-ce que mes habits ne l'indiquenl l pas ilia misùre? Est-ce 308{Ille mon visage ne le diL pas que je suis le roi des fons?EL AlIâh sail assu'rément (lue, dans l'empire, tu es le seulhomme qui puisse assurer le bonhenr ici-bas et maintenir lareligion 2 •J.Iasan ordonna de lui rcmettre 10.000 dl'achmcs eLécridt SUl' son placet [les deux yel'S suivantsl:Tu nous as pressé; aussi la pl'écipitalion de noire bienfaisancene I.'a olTerL qu'un lll'éscnt modique; mais si lu nOlis avaisnLLen<strong>du</strong>, le pl'éscnL n'etH pas été modique.Prends donc le peu [que nous l'oll'l'Onsj, et figure-Loi que lun'as rien llemandé. De notre côlé, nous nous considél'cl'onscomme n'ayanl poinl été sollicité 3.J.Iasan, fils de Sahl, était l'homme qui occllpaitla situntionla plus considérable auprès de ~Ia'moflIl, qui aimaitbeaucoup s'entt'etenir avec lui; lorsqu'il avait audienceauprès de lui, le. prince prolongeait il plaisir lellrenlr'etien,et chaque fois qu'il manifestait le désir de s'cn aIlet',il l'en empêchait. Si bien que ~Iasan y perdait tout sontemps 4. Cette assi<strong>du</strong>ité lui devint pénihle:' aussi négli-L L'emploi <strong>du</strong> fuhu' ft monlrcront Il ;Chel'lJOnnc:lll, loc. cil.) l';;l id impossible.2. Ces vel's on~ pOUl' nul.çm' le poHe Aboù Ch:mi'a, donl le vél'Ïlablenom est Al;lIIllld, IlIs de .Moul.llllllnllld. Le Kilrlb al-aglHllli (XX. pp. :I,j-12), quicile ces vel's dnns la longue nolicl' qu'iI {'on":H'I'e li ce poèle, dil qu!' lapersonne (IU'Aboù Chara'a sollicilait élail. non II' \'izÎl' l;1n5:ln, fil" deSahl, mois Basnn, IlIs de Rndjù, qui pllI'ni\ avoir étè gouvel'llcur de provinœdans' le Fàrs (cf. I\fAs'ol'oi, Pl·airie.~ d'ol', "II, l,j2, cl Killll) alaf/hllnf.Index, p. 2!Jli). Sur ce poèlE', voy. encore Il.DDIEn-PUlH;s''.\I.L. Lilleraf(/('{/eschit'hledeI' ,traber, ilL 182.•:1. ~.a désinvollure ~vec: laqucllè !es a~II!'u!'s araflcs n!"'ihucnl le" 110é­SlcS a des po


ARCIIIVE5 ~I.\ROC.\INESgeait-t-il de se l'enclrc aux audiences tenues par :\Ia'­mOlln et déléguait-il un de ses secl'étaires, COIHme Abmad,fils d'.\bolÎ Kltâlid 1ou M,lluad, fils de YoùsouP, ou d'autresBientôt, il fut atteint d'hypocondl'ie, dont la cause fut lechagl'in qu'il conçut il la mort de son frère. Il se retiraalors dans sa maison pOUl' se soigner, et vécut dans unecomplète J'etraite, ne recevant personne. Cependant, iln'eri demeura p:lS moins le plus haut dignitaire de l'État..:\lors,~rà'mollll confia le vizirat il Al.uuad, fils d'AhoÎlKhâlid, flui ne manquait à aucun moment d'aller semettre au senice de l.Iasan, fils de Sahl. Et lorsque ce dernierse rendait au palais <strong>du</strong> khalife, il était traité commele plus haut dignitaire [de la cour]. A l'époque où il seretira dans son palais, un poète composa contre lui cetteépigramme::W!)Hasan 3, fils de Sahl, a quitté le pouvoir sans que j'aie humeclùmon gosier de sa rosée l.Ne regrctte pas son époque; el qu'AllAh fasse pleUl'er [élernellemcnt]Ics yeux de qui le pleure.l.Iasan, fils de Sahl, mOUl'ut en 236'1 (850 de J.-C.), sousle règne de ~lolJtawakkil.VIZIRAT n'.U.IM.\D, FILS n'ABOY KHÛLID LE LOUCHE,SOUS l.E nÈG;\f~ DE MA'l\Ioi'lNC'était un esclave af1'l'anchi, d'une haute valeur et comp-1. cr. Pl'Uiries d'or, YII, a, 6l. Dans les deux paBsages, le nom n'esl(l:t"! donné de la même façon. C'esl (rls d'AbOI} Khdlid qui pat'ait pluspxael, comme dans le Fa/rhr; el dans le Kitdb al-aghdnl, IX, 61 : XIV, 37.2. Vol" plus loin, la \t',Hluclion correspondant aux pages 311 et suiv.<strong>du</strong> texle arabe. .a. Cherbonneau (loc. cil.) lra<strong>du</strong>itl..o~ I.f. ~\ ~J.) ..:.J.i:" La familled'Al-Uasan a cluillé, el.c. "-1. C'e;;l-ù-dire sa générosité,li. Chel'honne:m (J• •1. P., octobre 18l6, p. 351) a lu 286.


· J1JSTOIRE DES DYN.\STlES MUSlJLMANE~389tait parmi les hommes les plus intelligents, J~cl'Ï"ainhabile, il était ferme, éloquent, judicieux, bien au comantdes affaires [politiquesJ.l\Ia'UlOtln lui dit: « J:Iasan, fils de Sahl, s'est retiré eom...piètement chez lui et je veux te confél'er la charge <strong>du</strong>vizirat. » AQmad chercha à é\'Ïter cet honneur en disant:I( Émir des Croyants, fais-moi la grâce seulement de nepas prendre le titre de vizir et exige de moi tous les servicesqu'on peut exiger d'un vizil'; fais qu'il y ait aussientre moi et le peuple une haute situation que mes amisme souhaitent et où mes ennemis craignent de Ille yoil'arriver 1 ; car quand on a gravi les sommets <strong>du</strong> pouvoir,on ne peut plus que déchoir. )) l'la'moûn goûta fort saréponse et lui dit: « Il faut que mon vœu s'accomplisse.» Et il lui confia le vizirat.Au moment de confier à 'fâhir, fils de I;Iousayn, le gouvernement<strong>du</strong> Khol'âsàn, Ma'moûn avait consulté AI.lInad 2,fils d'AbolÎ Khâlid, qui approuva le projet de nominationde 'fâhir. (( Je crains, cependant, lui dit 1Ia'moün, (,u'il neme trahisse, qu'il ne se rende indépendant et ne secouele joug de l'obéissance. - Je prends sur moi la responsabilité3 de ce choix," Alors, Ma'molÎn nomma 'fâhir1. Chel'bonneau (J. A. P., oel.olwe 18·lIl, p, 352) ne f;cmble pm; avoir bicncompris c.e pnssage, quand il l'a Inl<strong>du</strong>il pm': « Fais-moi grâce de nc pointm'appeler nu vizirat el de Ile pas m'imposei' l'obligalion d'en prendre les{onctions; accOI'de-moi seulemenl une position au-dessus <strong>du</strong> vulgaire, uncpo,~ilion felle (lue mes ennemis soient forcés de me craindre." \'0". letextc arabe, p, 309.2. Sur ce vizir, vOJ·. ci-dcssus, p. 385 et sq. el OF. ILulmm-Punr.sTALI.,Lifferaturgeschichle der Araber, Ill, 58.3. Le d.;,) est un terme easenliellemcnt jlll'idirlue; c'csl le recours encas defrouble ou d'ét'icfion. Le l'ole joué pal' A1.tmad. fils d'Aboù Khâliddans la nomination de Tr\hir au gouvemement <strong>du</strong> Khorâsân cst racontépar InN AL-ATuln, Chro;,icon, vi, pp, 255-256. D'après cet auteur, un jourque l\fa'moùn élllit en h'nin de boil'e, 'fâhir vinl le lrouver. En Ic vo}'antle khlllife éclata en sanglol;;. TâhÏl' lui demanda la l'Bison de ce chagrin:mais le lihalife ne consentit point il satisfnire sa cul'iosilé. Pal' conIJ'e ilse montra moinsl'ésel'vé vis-à-vis dc son jeune esclave, f;tousllin, (lui iuivel'sail li boil'e et lui dit: Cl Quand j'ai vu TaIl il', JI' ml' ",ui;; rall'pelé llloll'


3!1() ,.. nCIIIYES M,\nOCAINESgouvernenr <strong>du</strong> Khol':Îsân, ~Iais an bout de qne1flue temps,mécontent de sa con<strong>du</strong>ite en certaines questions, il lui310 écrhit nne leUre remplie de menaces, 'rahir répondit au'khalife pal' une lettl'e insolente et supprima la mentionde son nom <strong>du</strong> prône (k!zoll/ba) trois vendrellis de suite..\ra'moùll, informé de cet acte de désobéissance, dit àAI,lIllad, fils d',\hoù Khûlid :« C'est toi qui m'as conseillé denoulmel' Tâhir, en te portant garant des fautes qu'il pOIll'­rait commettre l, Maintenant, tu vois ce qu'il a fait, ensupprimant mon nom de la k!lOtI/ba et en sortant del'obéissance. J'en jure par AlIâh, si tu ne t'ingénies pasà trOllyer une solution favol'able à cette affaire, que tu asgâtée, je te ferai trancher le cou, » ,\I)mad lui répondit:(1 ltillir des Croyants, tranquillise-toi, avant peu de joursle courrier de la poste t'annoncem la mort de Tâhil'. II Eneffet, le vi7.il' envoya à Tùhil' des l>l'ésents, parmi lesquelsse trouvaient des assaisonnements Ikawdmikhs) empoisopnés.Tùhil' aimait les /mwc1mikhs: il en mangea et mourutsOl'-le-champ.Selon d'autres, lorsque Tùhil' fut nommé gouverneur <strong>du</strong>Khoràs:in, .\I.tmad, nIs d'.\bolÎ I,hftlid, ne manqua pasde prévoirce qui devait arrivel' par la su~te \ et, en conséquence.il donna en pl'éseut à T:\hir un esclave, auquel il remit<strong>du</strong> poison en lui disant: {( Lorsque T:\hil'suppt'imel'a le nomfrère 1\I0utiammad Amin el le,; humilinlions qu'il a suhie;; : le;; san~lol8m'onl !;elTé la gorge, et je me suis soulagé en vl'I'sant des I:-.rmes, Tâhirne lIlanlJuel'3 pas de recevoiJ' Ile moi le c1uHiment flu'i1 l'edoute, " 'f:\hh',mis 3U cOUl'anL par le jeune esrlnv('. vint Il'ouvel' le "izÏl' AI,,"lad, Ill>!d'Abotl I\lullid, qui s'entremit pOUl' le foh'e nommel' Rouvel'ncur <strong>du</strong> I\hol'Ilsllnel réloigllel' :Iin~i de,.; yeux de Mn'moùn, 1\ rer:;ul, dit-ofl. 10 millinnlOde T:\hh' POÙI' prix de rc Fel'vicc,1. Ce del'nier memhl'c de l'hl'llse n'n pu,.; été compl'je pm' Ch('l'1lonnl'nu(J. il, P., oclohl'e 1846, p, 1152), qui ll'll<strong>du</strong>il : " C'est toi... flui l'es portligarant de mon choix, "2. Encore une locution quI' Chel'IJOnneau (J. il, P., octohl'c 1846, p, 11;;:~)fI'upas bi('n ren<strong>du</strong>e; il n "·n<strong>du</strong>it....,L.:.JI \..v. .....-> pm' • il imoyina celleperfidie ",. . .


III;;TOIRE: DES DYN.\STlES ~I(;S(;DI\;\ESde Ma'motîn de la khollfba (prône), mets-lui ce poIson dnll8un de~ mets (IU'il aime le plus. II Et, en effet, le jour oùl'àhir retrancha le nom de l\Ia'motin de la kllOu/iJa, l'esclavelui mit le poison dans <strong>du</strong> kdmikh. 'Phil' en mangeaet mourut (/Uelques jours après.La nouvelle de sa mort parvint il )ra'Illo(m pal' Je coU/'­l'icI' de la poste. Cet événement fut une des causes quiaugmentèrent la puissance d';\l.unad, fils de Khülid, quimourut de mort naturelle l'HU 210 (82;"»).VIZJJUT ))',\I,I:\I.\D, FILS DE YO' SOl'F, FILS DE Q,\SDI " 3'11soUs LE nb;NE DE 1\1.\')101":--;Ahmad , était un esclave afJ'l'anchi. Habile dans le stde ,épistolairc, il avait d'éminentes qualités, et était, en outre,cultivé, poète, perspicace, parfllitpment au courant tlc:'\règles <strong>du</strong> gouvel'llement ainsi que des procédés eu usageavec les l'ois.On dit qu'à la mort d'.AI.unad, fils d'AhOli Khâlid, )Ill'mollDconsulta ~Iasan, fils de Sahl, pour savoir à qui il confieraitla chm'ge dn vizirat. J:lasan lui désigna Al;llnad, fils deYoùsouf, et Ahot'! 'Ahhàd, fils de Yal}y~i, en ajoutant: « Cesont les deux hommes qui, mieux que personne, connaissentle caractère de l'Émir des Croyants. - Eh "ien! dît 10khalife, choisis pOUl' moi l'un d'eux. » I:Iasan ayant choisi..'Hlmad, Iils de Yolisouf, Ma'moîm lui confia le viziratCe khalife demanda un jour il. Al}mad, fils de YOÎlsouf, sonavis SUl' un homme. 1\l,lma


392 ""CIIIVES MAROCAINESl'epl'Ït: « C'est parce que ma positIOn il ton égard resgembleà ce qu'a dit le poète:Je le paie suffisamment des bienfails dont tu m'as comblé, enle disant la v{'l'Ïlé sm mes amis comme sur mes ennemis "Et. 2 en te préférant à moi-même, chaque Cois que tu Cais appelil moi pour une affaire.Ge vizir est l'auteur de beaux vers, dont ceux-ci :Mon cœur L'aime, ô toi, désir de mon cœur, el déteste ceuxqui t'aiment,Parce que je voudrais être seul il t'aimer. Phit au ciel que jeeonnusse I~s dispositions de ton cœm 13'12 Un jour de TzaUl'OllZ (premier JOUi' de l'an), Al,Imad envoyaà ~ra'moùn un présent de la valeur d'un million dedinilrs, accompagné de ces deux vers:L'eSc!3ve a des devoirs à remplir. Il doit s'cn acquitter, qudleque soit 13 grandeUl', quels que soient les mérites de son matfre.Ne vois-tu pas que nous oITrons à Dieu des choses qui lui appartiennent:1 ct qu'il daigne les accepter, lui qui n'en a guèrebesoin?Ma'lllOlîn dit ù cette occasion: « C'est un homme d'esj,ritqui a fait un cadeau avec grâce \. ))1. Cc premicl' vers est donné par InN AL-ATltiR (Cllronieon, YI, 288) avecnn


JIISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 393Voici la cause de la mort d'AI.lmad :UiI jour qu'il était venu voir :Ma'molm au momentoù celui-ci se parfumait avec une cassolette allumée, lekhalife sortit la cassolette de dessous ses vêtements etordonna de la placer sous les vêtements <strong>du</strong> vizir, pour luifaire honneur. Mais les ennemis d'AI}mad rapportèrent aukhalife qu'il avait dit: « Que signifie cette économie deparfums? Ne pouvait-il donc pas m'offrir un peu de nouveauparfum J ? » Ce propos mécontenta Ma'moûn, quis'écria: « Eh! quoi, il m'accuse d'avarice, lui qui pourtantsait que ma dépense de chaque jour se monte à 6.000 2dinârs! Je n'ai pas eu d'autre intention que de lui fairehonneur en lui offrant une cassolette qui était sous mespropres vêtements. » Une autre fois comme Al}tnad entraitchez le khalife, au moment où il se parfumait, celui-ci dit àses esclaves: (1 Jetez des morceaux d'amhredans une gt'andecassolette que vous placerez au-dessous de lui, en ayantsoin del'envelopper d'une couverture qui empêchela fuméede l'encens de s'échapper 3. » L'ordre fut exécuté. Abmadsupporta tout d'abord, mais bientôt, n'en pouvant plus, ils'écria: « Je me meurs! je me meurs! » Les esclaves ledécouvrirent ", mais le vizir avait per<strong>du</strong> connaissance.[Quand il eut repris l'usage de ses sens], il retourna chez 313les cadeaux avec gr


ARCHIVES MAROCAINESlui, où il demeura plusieurs mois, souffrant d'un asthme,qui détermina sa mort.Suivant un autre récit, il aurait été banni de la com', pourune maladresse dont il se rendit coupabl~, et serait mOl't


IIISTO(RE DES DYN,\STIES MUSUL'M.\:'\ES 395ment serais-je il l'abri des épigl'ammes d'un homme (lui aosé satil'Ïsé Abolr 'Abbâd? En d'autres termes: Commentcelui qui a osé cl'itiquer Aboù 'Abbâd, malgré son emportement,sa' fureur et sa promptitude il punir, craindraitilde lanéet contre moi les tt'aits de la satire, connaissantla douceur de mon camctère et mon amour de laclémence? IlAboù 'Abbâd était très emporté ct irascible. Il lui al'l'il'aitsouvent, quand il se mettait en colère eontl'e une personnequi était devant lui, de lui lancer son encl'ier li latête et de l'accabler d'injures et d'outrages,Cn jour', le poète Al-Ghâlihi Yint le trouver et lui récita ~Uces vers:Lorsque nous CImes arrêter nos montures auprès dn vizir pournous meUre à l'abri de sa générosité, il nous fil des présents.La meule de l'cmpir'c de l'lmâm 1 s'est raffermie en s'appupntsur Thi\bi~3 qui a fait déborder slIr nous la justice et la bienfaisance.n accueille ceux qui viennent se soumettre, avec un visagesouriant et une grande libéralité; mais les rebelles, il les reçoita'·ee les lames indiennes et les lances. .C'est un homme qui ne fi'est pas lassé d'être pour se!; semblablesleI un gl'as pâturage. C'est un homme qui n'a jamaiscessé rI'ouvrir soncœllr à la gé/le'rosiié el. d'être secourable,Quand le poète arriva aux 1II0ts li la générosité, il s'ar'­l'êta, sa langue s'embarrassa aet il se mit à répétel' plusieUl'sfois: fi la générD.'lÎlé, li la générosité; si hien


AHCHlVES IIIAlIOeAIl'lES',\hbâd, impatienté, s'elllpol'ta et dit: « Eh bien! cheikh,dis cocu\ ou claqué 2, et laisse-nolis la paix! »Tous les assistants partirent d'un éclat de rire tel, quele vizir, oubliant lui-même son dépit, se mit à rire avecles autres. Alol's 1\1-(; hâlibi:l acheva de rimer son vers parle mot secourable et reçut <strong>du</strong> vizir un présent.YIZIHAT D'ABOû 'AnD ALL.\H 1\I0t:lLA.l\ll\IAD, FILS DE YAZD.\D,FILS DE SOUAIn, sous LE m~GNE DE l\IA'MOÛNMoul.HlIlIIuad, fils de Yazdàd, fut le dernier des vizirs de~Ia'moûn. Ses parents, originaires <strong>du</strong> Khorâsân, étaient dela religion des mages, mais ils emlwassèrent ensuitel'islamisme, et entrèrent au serYice 4 des khalifes.Souaid fut le premier d'entre eux qui se conyeI,tit à l'islamisme.Ayant pel'<strong>du</strong> son père dès son enfance, sa m~rele conna à un fonctionnaire de l'administration de la Perse.Il fit bientôt de grands progrès et acquit une foule deconnaissances dans les sciences des Perses. Il s'applifluaensuite à travailler assidlÎment au diwdn de l\larw.Un jour qu'il pleuvait, le diI'ecteur <strong>du</strong> diw(În arriva,31;) mais les secrétaires et les chefs de bureaux n'y étaientpas venus. Seul Souaid, le grand-père de Moubammad,était présent. Le directeur <strong>du</strong> diwdn ayant eu besoin defaire un calcul", il n'y avait là, à sa disposition, aucun secrétaire.Alors il se mit lui-même à faire le calcul et commençal'opération, dont il écrivit une partie. Bientôt, sesentant pris d'une envie de dormir. il se retourna et apel'­~~ut Souaid. Il lui remit alors le compte et lui dit: «Garde-1-2. Chacun de ces deux mols, en al'llbe, rime avec le vel's précédent.3•.Je n'ai pu Irouver aucun renseignemenl sur ce poète.... \~\. Chel'honneau (loc. cil.) h'a<strong>du</strong>il: " Parvim'elll aux emplois lesplus élevés sous les Tifwli(es. n5. Ou un compte.


JIISTOIRE DES DYNASTIES "USUDIA~E:S :i97le jusqu'nu moment où je me l'éveillerai. » Puis le directeuI'<strong>du</strong> diwûn s'endormit. Souaid examina alors lecompte, l'acheva et le mit au net, dans une belJe copie,de sa plus belJe écriture et avec un très grand soin. LedirecleUl' <strong>du</strong> diwân s'étant réveiIJé demanda le compte ilSOJll1id, qui·le lui remit. En le voyant terminé, selontoutes les règles de ln comptabilité et dans la formela plus parfaite, il dit: c( Jeune homme, qui est-ce flui ftfait ce compte? - C'est moi, ['épondit Souaid. - Tusais donc bien écrire? - Oui )J, dit Souaid. Alors ledirecteur <strong>du</strong> diwdn lui ordonna de se charger de la corbeilledans laquelle il mettait ses comptes, les souchesde son administration, et, en général, tout ce qu'il devaitgarder avec soin, et il lui assigna une pension alimentaire.Souaid occupa successivement diverses fonctions 1 jusqu'ùce qu'H parvint à une fortune considérable et à un rangéminent.Après lui, son fils MoulJammad reçut une bonne é<strong>du</strong>cationet acquit une grande habileté en tout. Ma 'motin leprit pour vizir et lui confia toutes les affaires <strong>du</strong> royaume.Moubammad était poète et parlait très correctement. Voicides vers de sa composition :FatoCm :1 a troublé les cœurs par sa prunelle; et elle a trahien amour un homme qui ne trahit point.Elle prétend ((ue fen aime une autre qu'eHe. Comment [celase pourr~it-iJ], mes yeux ne l'ayant point quittée.o toi dont l'amour est caché et embusqué dans mon cœur, àla place de mon âme r.o loi qui prétends que je suis infidèle (et cela est impossibleà celui qui t'aime) 1Prends mon engagement de mes yeux et de mon regard, ctcela te suffit comme garant, car je suis digne de confiance.'. 1. Cherbonneau (loc. cil.) tra<strong>du</strong>iti.kJ1 J J,4:; pal':


398 ARCHIVES IIIAROG.\INESA la mort de l\Ia'molln, Moul.Iammad, fils de Yazdâd,occupait encore le vizirat.Fi" <strong>du</strong> rè!Jfle de Jfa'moûll el de 1'I1isloire de ses (Jizirs 1.VIII. -nÈGNE DE l\10U'TA$IM ABOÙ ISl:L\Ql\10UI:IAMMAD (218/833-227/8!J'!.)l\:loul,lammad fut reconnu khalife le jour où mourutl\Ia'moJm. L'année où eut lieu cet événement a déjà étéindiquée plus haut t. Ce prince étnit doué d'un hon jugementet était d'une force remal'quable. Il levait de terreun poids de 1.000 livres pesant et le pOI'tait à plusieu1"Spas, Il était réputé pour sa hravoUl'e, On lui a donné le SUl'­nom de IIuitainier, il cause de onze particularités. Ainsiil était le huitième des enfants d"Abbâs; il fut le huitièmekhalife de sa race et monta sur le trône il l'âge de trentehuit3 ans, Il régna huit ans et huit mois, Né en cha'Mn,(lui est le huitième mois de l'année, il mourut il l'fige de1. IIIX I\IL\LLII{,\X ("Wafaytll, éd. \Vüslenfeld, noUce ,318) donne la !Jlo­I!l'nphie d'un auh'e vizil' de I\la'moùn llu'il appelle 'Amr, fils de :\Ia"'ada.Mais je pense 'lu'i1 s'agit ici, non pas IIu n'ai vizil', mai" Il'un sou;;-;;ecrélaired'Elnt, cal' il est à remarquel' 'lue les I,halifes ont eu cOIH'Url'Crnmentdwcun phl;;ieul'c; minisll'es, chm'gés Iles différenls "el'vice,; : mai;; c'estle pl'cmicl'. le dlef <strong>du</strong> gouvcl'l1ement, (lui seul porlail le titl'e dl' vizil',Le;; nuh'es sont l'estés IIans rombl'e, el c'est à peine si les hi;;tOl'iens le,.;nommenl quelquefois,2. Voy. eÎ-de"sus. p. ilSl.3. Les édition,.;. Ile même que le manuscril A dnnt ('Iles !,l'of'éden!. donnentdi,r-hui! nllS, Ccla esl imp0f;sihle, puisqu(~, d'npl'i'!! ln ;;lIile dll"édt, ce Idllllifc /lI0Ul'Ul, à l':)ge de ·Hl ans cm"iI'on. 111"'';8 lin règne de8 ails et, 8 Illoi",; il nvait donc environ 38 ans en monlnnl 8111' Ic tnim',Cela esl COllfOI"llW à Ill:"! AL-ATHI" ,Ch,.onicon, VI. p. :173), 01" Ilol.'e aulm.ll'Ille "l'mille avoil' puisé cc", l'cn,,,cigncmcnts. Cf, l\1.\,;'t)l'DÎ, J>l'ail'ie,~ (/'01',YII,102,


IIISTOllŒ DES UV:-;ASTŒS Mt:SUUIANl-;Squarante-huit ans, laissant huit enfants mûles et huit filles.Il commanda en personne huit expéditions et laissa dansle trésor 8 millions de drachmes.Le règne de Mou'taf?im fut illustré par des guerres etdes conquêtes. Ce fut lui qui s'empara d"Ammoi'trya 1(Amorium);et voici pour quel motif. L'empereur des Grecs(Théophile), ayant fait une incursion dans le pays desl\Iusl1lmans, .s'était emparé d'une de leurs places fortesappelée Zibatra 2, avait fait prisonniers les femmes et lesenfants et passé au fil de l'épée tous les hommes en étalde pOl"ter les armes. On tlit (lue, parmi les captives, setrouvait une femme de la famille de Hâchim, et qu'on 317l'entendits'écrier : «Au secours, ô Mou 'taf?im!» Lanouvelledes cruautés exercées par l'empereur des Grecs sur lesMusulmans lit frémir d'horrelll'ie khalife, et, lorsqu'on luirapporta les plaintes de la dame hâchimite, il s'écria aumilieu <strong>du</strong> Conseil: cc Je vais à ton secours! je vais à tonsecours! » En même temps, il se leva et cria dans sonpalais : cc Partons !partons! » Puis il monta à cheval, aprèsavoir fait attacher derrière la selle une entrave, un pieude fer et un sac qui renfermait ses provisions. Puis ilsortit pOUl' Re mettre en route et ordonna aux troupes des'y préparer. Jamais, sous les khalifes précédents, onn'avait YU des préparatifs de guerre aussi formidables.Lorsque Mout'a~im fut disposé à partir et que les préparatifsfurent terminés, il convoqua les qâ


400 ARCIIIVES ~IAROCAINESpour ses proches, et le dernier tiers pour ses affranchis.Ensuite il se mit en campagne. Un Gl'ec était tombé enson pouvoir; il lui demanda cJuelle était la ville la mieuxfortifiée, la plus considérable et la plus importante aux yeuxdes chrétiens. Le Grec répondit qu' 'Ammol'rrya était laplace la plus importante de l~ur empire. Mou'ta~im sedirigea avec, son armée entière SUl' ce point, assiégea laville ét l'emporta d'assaut. Il porta le (el' dans 'Ammolîryaet la contrée environnante, après avoir l'é<strong>du</strong>it à la captivitéune multitude d'habitants.·-La fureur dont il étaitanimé le porta même à détruire 'AmmoLÎrya do fond encomble et il effacer jusqu'à la trace de cette cité florissante.Il enleva une de ses portes qui était toute en fer etd'un volume prodigieux; puis il la fit transporter àBaghdâdz, où on la voit encore de nos jours à l'une desentrées <strong>du</strong> palais <strong>du</strong> khalifat. C'est la porte <strong>du</strong> peuple.(Bàb al-'A mma t).iLOI'S de cette expédition, Mou 'ta~im avait parmi sasuite Aboù Tammâm aVfâ't 2, qui a composé à sa louange318 un poème rimant en bd et qui commence ainsi 3:1. Celle pode se nommait aussi Porte d'Amorium (Bâb 'Ammoflriya).Elle était munie d'un crochet de rel' pour les exécutions. Cf. Anot-L­FlDA, Gcogr., tnld. Stanislas Guyard, l, 67. C'est là qu'on brùla publiquement,sous le règne de Nâ!?h', les traités théologiques et astronomiquesde Roukn 'Abd as-Salâm. Cf. DUGAT, Histoire des philosophes et Ihéologiensmusutmans, p. 194. Voy. aussi SAUlON, Intro<strong>du</strong>ction lopographique àl'histoire de Baghdtldz, pp. 58 et 136. C'est là aussi que fut exécuté, sousMou 'ta"1im, le général turc Afch!n, qui était autrefois à son service.Cf, l\lAs'oûDi, Prniries d'or, VI, 139.2. Ce célèb\'e poète était, comme on le sait, d'origine chrétienne. Néprès de Tibériade en 807, il mourut à Mossoul vers 846. C'est grâce sur·tout à sa magnifique Anlhoto!/ie des poètes arabes que son nom est passé.'i la postérité. Voy. de nombreuses l'éférences dans BROC1ŒUIANN, Gesell.der arnb. Lill., l, 84-85; CL. HUARD, Hist. de la Lill. arabe, p. 8l'; DEIIAMMER, Lill. gesch. der Arab., III, 967.3. Le vers en queslion a été tl'a<strong>du</strong>it par S. DE SAGY, dans sa C!lreslomnlhiearabe, l, 88 el Cherbonneau (J. A. P., octobre 1816, p. 329) a adoplécelte tra<strong>du</strong>ction de la façon suivante: " ... C'est à son Iranchant qu·e.~fct/aché le succès, soit qu'il agisse sérieusement, soil qu'il badine.» Je necrois pas que tcl soil le sens de ce vel's et la tra<strong>du</strong>ction de ..w\ (laI' lesuccès me semble illlpossihie.


HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 401Le glaive est plus fidèle dans ses récits que les livres; sonlranchant sépare )a réalité <strong>du</strong> badinage.On lit encore dans ce poème les vers suivants, adressésà l\Iou'ta~im :Vicaire d'AlJllh, qu'AlJâh récompense le zèle que lu déploiespour faire respecter l'arbre de la religion, de l'Is)âm el de )ag-loire [<strong>du</strong> pays] !Tu as compris le bonheur suprême, et lu as YU que l'on nepeul y alleindre qu'en traversant un pont de fatigue.Parmi les vers qui ont trait à l'acharnement avec lequel~Iou'ta!]im comhattit et extermina les défenseurs d'Amorium,je citerai le suivant:Ce jour-là, le soleil, en se levanl, n'éclaira pas un seul père defamille, et, quand il disparut à J'occident, il ne restait plus unseul jeune homme.Dans le passage où ·le poète décrit l'animosité qu'ilavait contre les Grecs, on lit encore ceux-ci:La demeure d~ Magga l, autour de laquelle circule Ghai­Mn 2, loute vivante qu'elle est, n'est pas si pilloresque què lademeure dévastée.El les joues de Mayya animées pal' l'incarnation de la pudeUl'ne sont pas plus attrayantes à mes yeux 'que ta joue ternie parla poussière (de tes ruines),La bataille d'Amorium eut lieu en l'année 223 (= 837).I. Mayya est le nom de la bien-aimée <strong>du</strong> poète GIlailàn, dil Dzod-rllollmma,qui l'a chantée dans de heaux vers. Voy. la note suiyante.2. Ghlli/:in, ms d"Ouqba, fils de !\las 'oùd, est le nom <strong>du</strong> poète Dzoù-r­Roumma, flui mourut dans le" envÎl'ons de 107 de l'Hégire (= 119). Lepoète Farazdaq ne partageait pas l'admiration de ses contemporain~pour la poésie de Dzoli·r-Roumrna. Il lI'ouvait qu'il abusait de la dC8-l'iption des carnpernent~ abandonnés, de l'oiseau qa!tf et des chameaux.SUI" Dzoù-I'-Roumma ct ses arnoUl'S, voy. le f{i/db al-nglldfll, XVI 1W­135 ct Index, pp. 3l8-3t9. Pour la bibliographie, cf. DnocKELMANN, Gesell.deI' arab. Litt., 1.58-59; CL. HUART, Hisl. de la LW. arabe, ,;J: DE IfAmlEn­PCRGSTALL, Lifferafurges('h., If, 401. .ARCH. MAROC.2ti


402 AHCIIlVES :\L\ROCAINESFO:'\DATION DE SOlJRRA-MA:\'-Il.U OU S.\At.\IlIlACAUSES ET IlÉCIT DE CETTE FONDATION319 Baghdtidz avait été le siège de la royauté et la résidence<strong>du</strong> khalife depuis Man~oùr. Hâroün ar-Rachid, préfét'antHaqqa en Syt'ie, y fixa son séjoUI'. Cependant, cette villen'était pour lui (lu'un lieu de plaisance, tandis qu'il avaitses palais, ses trésors, ses femmes et ses enfants àBaghdùdz, dans le Qa~r-al-khould (palais de l'éternelledemeure)', Les successeurs de ce khalife, se fixèrent àBaghdâdz. En montant sur le trone, Mou'ta~im se méfiade la milice (lui en formait la garnison. N'ayant aucuneconriance en cette milice, il ordonna qu'on lui choisit unemplacement, pour y bâtit, une ville et établir son camp.« Si les tl'oupes de Baghdâdz, dit-il, venaient il me donnerquelque inquiétude, je serai moi·même à l'abri et j'auraile pouvoir de l'attaquet' par terre et par eau. )) Son choixs'arrêta sur l'emplacement où il fit hâtir Sâmarra et s'ytransporta. On dit que ce prince avait un si grand nombl'ede mameloliks, que Baghdàdz ne pouvait plus les contenir.BientOt les habitants eurent à SOUfft'il' de leur insolence.Ils les gênèrent même dans leurs maisons et attentèrentà l'honneur de leUI's femmes. Chaque jour était signalépar une multitude de massacres.·Un jour que )Iou 'ta~im se promenait à cheval, un vieillardvint au-devant de lui en criant: « 0 Aboli Is1)âcf'!! IlLes gardes voulurent le frapper, mais le khalife les arrêta,en disant :. « Vieillard, que veux-tu? - Qu'Allâh ne terécompense pas, répondit l'homme, pour ton voisinage.Tu as été notre voisin depuis quelque temps et nous n'avons320 jamais eu de plus mauvais voisinage. En installant au1. Voyez ci-dessus. p. 3iin nol.e 2.2. C'était le nom patronymique, /iollnyd, <strong>du</strong> khalife.


J/ISTOIRE DES DYN.\STJES lIfUSUL)I.\:'I"ESmilieu de nqus cette lourbe errl'énée d'esclaves turcs, tnas ren<strong>du</strong>, par leurs mains, nos femmes veuves et nosenfants orphelins. Au nom de Dieu! nous te combattl'onsavec les flèches <strong>du</strong> point <strong>du</strong> jour t. » Par ces mots, levieillard voulait dire l'imprécation..\près avoil' enten<strong>du</strong>ce discoUI's, l\Iou'ta!;lim rentra dans son palais, et l'on nele vit plus sortir il cheval, qu'une année après, Ù p:H'eiljour 2 • Il fit la prière en public et célébra la fèle (le secondBeïram); puis il se l'endil il l'emplacement de Sâmarra, oùil fit bâtil' cette ville, et cela en l'an '221 de l'Hégire :1.Lors


101 ARCIIIVES 1I1.\ROf:.\II'>E5Car la vie est le hien le plus doux que J'homme puisse regretter!Il faul que l'affligé chel'Che à oublier son mal.En rendant le dernier soupir, l\Iou'ta~im se prit à dire:Il n'y a plus de ressource6, il n'y a plus aucune ressom'ce!» Puis il rendit le dernier souffle. Sa mort m'rival'an 227 de l'Hégire (= 8ft1 de J.-C.).RÉCIT DU YIZIRAT sous LE RÈG:.\"E DE J\>IOU'TM;Hl\I;~:H.Le premier qui fut vizir de ce prince lui avait servi desecrétail'e anmt son avènement au trône; c'était Façlll,fils de Marwfm, natif de Baradân:!. Il était illettré et joignait,au manque d'instruction et à une profonde ignorance,des mœurs dépravées, et ne connaissait rien aumaniement des affaires. Un poète <strong>du</strong> temps a dit à sonsujet:'.Tu fais le Phal'aOll, ô Fa~l, fils de l\larwân 1 !\lais prendsexemple sur lc pass{~, CHI' avant loi J'on a vu passer au vizirat1"a(!I, Fa"l cl Fa~II,Ces trois grands prrsonllag"CS on\. disparu; Irs chalnes, laprison d le meUl'lre ont mis fin à lem' puissance 3.L MAS'OÙOÎ (l',.airies d'or, VII, 3 et HH) dit qu'il a été également vizirsous le l'l~gne de lIla'moùn, mais d'une manièl'e pour ainsi dire off!­cïeuE'e. VO)', d'ault'es anecdotes SUI' ce vizir dans le Ki/db al-auh{1nf,XVII, 38, 178, 182 et XXI, 4;;. La biographie de 'ce vizir est donnée pal"InN IÜIALLm.\!'i, lFa{aydl, éd. V\'listenfeld, notice 5H. Cf. IBN AL-ATHiR,Clll'onicon, VI, 320-:121.2. (;('Uc localité ('"t située cn amont de Baghdâdz, à .. parasanges deceltc ville, sul' le Tigre. C'est là qu'aboutit le canal dit Nahr al-[(hali{l,qui part de BâdjÏlm\ sur le TOlllal'rd. Cf. G. SU'IOX, [nlrodllel. lopograplliqueà l'his/oi/'e de Baghddd:, p. 37. Lorsque Mou 't.a~im résolut de quittel'Ballhdùdz fi c<strong>du</strong>se de l"a milice (voy. ci-dessus), il campa d'abord àBarnd:in, mai", il <strong>du</strong>t bienlôt la quiller, ne la tJ'ouvant pas assez salubre,IIi al"SCZ vaste. Cr. l\lAs'olloÎ, Prail'Ïes d'or, YII, 119; voy. aussi ID:'! AL­A'min, Chl'ol/icOII, VI, 320; Anot'L-FID,\, Géographie, éd. Reinaud-Slane,Il' !l5.il. Ces vcr", sonl donnés pm' InN KIlALLlK,\N (loc. cil.), qui ajoute: .. AI­Mat'1.OuMII!, dnns son J)iefiol/naire des poèles (:\Iou'djam ach-chou'arâ'),


III~TOIRE DES DYN.\STfES ~IUSUDL\:-;ESLes trois vizirs aux(!uels le poète fait allusion sont Fal,Il ,fils de Yal.lyâ, fils de Khfllid, Fal.lI, fils de SUI]hJ, et Fa~l.l, filsde Rabi'. Quand à Fa~ll, fils de :\Iarwàn, comme il jouissaitd'un grand crédit à la cour de Mou'tHf?im, il ne putéchapper aux traits de J'envie. Le khalife le destitua, confisquases biens et l'éloigna de so personne. Ré<strong>du</strong>itpendantJongtempsà exercer successivement difl'érentes fonctionspubliques, il mourut sous le règne de :\Jousta 'in t.VIZIRAT D'A~I~IAD, FILS D"Al\IMÀR, FILS DE CIIÂDZI',sous I.E RÈGNE DE MOU'TA~m.,L'homme aU


40GAIlCHIVES IIIAIlOCMN);!'Louang'c à Dieu, le CI'éateur, l'AlItl'lIl' dc l'univers 1 Tu esd('v~nu vizir, ô fils d' 'AmmlÎr,Toi qui Mais meunier, sans boutiquc ni maison, obligé depousset' dc\'unt loi une mule,.Je nierais le destin, ~i lu n'avllis pas d{opass(: en cela toutesI('~ limites.AJ.unad, fils d"AmUl:l}', resta quelque temps nu vizirat,jusqu'au jour où le khalife ayant rel,'U d'un gouverneurune lettre dans laquelle celui-ci parlait de la fertilité de laprovince et de l'ahondance <strong>du</strong> !.:a/tl, demanda au vizir ceque ce mot signifiait. Le vizir ne snI que l'épo)}(h'e. ,\IorsMou 'talj\im fitvenir ~[oul.13mJ11ad,fils d" Abd Hl-~Ialikaz-Zay­)'1\t. un de ses familiers. Interrogé il son tour sur la signification<strong>du</strong> mot kaM, ~Ioul.Hlmmad répondit: « La premièrel'ousse de la planle s'appelle bmll; on la nomme kald(Iuand elle commence il gt'andit" et ?wcMclz IO"squ'elleperd sa sève et devient sèche. 1) Le khalife dit alors ~Al}mad, fils d"Alllll1


JIISTOIRI!: DES DY:".\STmS l\!l'SUUIANES 407tion et la pénétt'ation. Il excellait dans le style épistolaire,comme dans la poésie et la littérature. Il étaitparfaitement au courant des pt'incipes <strong>du</strong> gouvernement et 323de la politique des rois. Enfin, lorsque 1\Iou'ta!?im monla surle trone l, il le prit comme vizir, ainsi qu'il a été expliquéplus haut. Ibn az-Zayyât porta le fardeau <strong>du</strong> vizil'at avecune habileté ((u'aucun vizir n'avait eue avant lui, C'étaitun homme hautain, orgueilleux, <strong>du</strong>!', cruel, d'un accès dif·ficile, détesté de tout le monde.A la mort de )Iou'ta!?Îm, il remplissait enCOl'e les fonctionsde vizir. Le khalife avait accol'dé ft son fils 'Yâthiqllne somme d'argent, dont il ordonna, le paiement parIbn az-Zayyl.H j celui-ci s'y opposa eL conseilla au khalifede ne rien donner il 'YtHhiq, )Iou'ta~im accepta sa fa~~onde voir et revint sur le don qu'il avait m'donné en faveurde 'Yàthiq. Alors celui·ci écrivit de sa propre mainun acle où il jurait, pal' le pèlerinage, l'affranchissementet l'aumône:2, que, s'il devenait khalife, il fel'ait moumourirIbn az-Zayyât de la mort la plus cl'uelle. )1011'­ta!?im étant mort, 'Vâthiq monta SUI' le trône <strong>du</strong> khali-1. Cherhonneau (J, A. P"octolll'e 1846, p. 33.;) nesemhle pa;;a\'oirbien sai"ile sens de ce passage, quand il a h'a<strong>du</strong>it d'un seni Irait : " En oulre il nvni!approfondi {es sciences poliliqul's el les devoirs de,~ ,'ois jusqu'nu "ègne d'AI­Mo'lnsem qui lui conféra la chm'ge de vizi,', " Cela ,,;emblc dh'e qu'Ibnaz-Za)'yâl avait C1pprofondi les sciences en question en étudiant la con<strong>du</strong>itede" l'ois jusrlue et ,- compri" Mou 'ta!;'im, 011 cncol'e qll'il n'a l'a"cessé de les éludier jusqu'au règne de ce prince, Je ne nois pas 'luetelle soH la pensée de l'auleUl', c.5>- a ici Ic sens de L..J.i, \"0)'0le lexIeoralJe, p, 323, l, 1.2, Cela signifie qu'en cas de violation de I-'on ";('1'111('111, c'e,;I-i1-dire dan!'!le f:as où il ne ferail pas mOUl'ir Ihll az-Zayy:\l, il jlll'oit d'accomplil' le"èlel'ino~e il La l\Iecflue, d'alTJ'anchir 1111 csdave cl de fain' IIne aumôneflui consi;;le généralement li donnel' il dix piHl\Te.'; lIll mOlldd (modius)de nOUl'l'ilure à chacun. C'esl ce qu'on appf'\le la {((Indra, " expiaI ion ",Voy., pOlll' 1'1118 df' délails, noire oll\'l'age, la Pierre de lOI/che des Frl/l/'//sd'.\lulAD AL-WANSCHARlsl, 1. l, pp. lï5-liH pl'chives <strong>marocaines</strong>. vol. XII),C'e,,1 le sens de PqUf' Chf'I'bonnf'au n'a pas biell l'en<strong>du</strong>, commc 011If' ""l'l'Il plus loin,


408 ARCHIVES MAROCAJ:"ESfat. Il se rappela alors l'affaire d'Ibn az-Zayyât et voulutse hâter de le mettre à mort; mais il fut arrêté par lacrainte de ne pas trouver un homme de son mérite.En conséquence, il dit au chambellan: « Intro<strong>du</strong>isauprès de moi dix secrétaires [<strong>du</strong> diwânJ. Ceux-ci ayantparu auprès <strong>du</strong> khalife, il examina leUI's capacités; il nes'en trouva aucun qui le satisfit. \Vàthiq dit alors auchambellan: « Fais entrel' celui dont le J'oyaume ne peutse passer, MouJ.lammad, fils d'az-Zayyât.) Le chambellanl'ayant intro<strong>du</strong>it, Ibn az-Zayyât demeura debout et trem·blant devant le khalife. Celui-ci dit alors à un esclave:« Apporte-moi tel écrit. )) L'er;:clave lui apporta l'actequ'il avait écrit de sa propre main et où il avait juré defaire mourir Ihn az-Zayyût. "'ûthiq le remit à Ibn a1.­Zayyàt en lui disant: « Lis cet acte. 1) Apl'ès l'avoir lu,Ibn az-Zayyùt répondit: « Émir des Croyants, je suiston esclave; si tu me punis, tu en es maître; mais situ daignes expier 1 ton serment pour m'épargner, ce sera32ft plus digne de toi. - Par Allâh ! reprit \Yâthiq, je net'épargne que parce que je crains de priver l'empire d'unhomme tel que toi. Oui, j'expierai 2 mon serment, carje trouverai le moyen de réparer la perte de mes trésors,tandis que je ne trouverai jamais le moyen de remplacerun homme tel que toi. Il Puis \Vfithiq expia son serment,prit Ihn az-Zayy:H comme vizir, lui conféra les plus hautesdignités et lui conna les intérêts <strong>du</strong> royaume.Ibn az-Zayyàt était un poète habile. Dans une poésie où ilregrette :;\Iou'ta~imet fait l'éloge de V"'âthi(l, on lit cesvers :J'ai dit, lorsqu'ils l'ont enfoui 3 dans la terre, et que [désolés·,1. Cherbonneau (J. ,1. P., oclobre 18-16, 33i) tra<strong>du</strong>il parlout le vel'l,('pà la 2' forme par « violer' ", ce qui ef;l une erreur. Cela signifie, auconlrait'e, expier la violalion d'un serment.2. Voy. la nole 1.3. Cherbonneau (loc. cil.) ne me semble pas a voit' sl1isi le sen,,; de\~, qUl1nd il If' 11'11<strong>du</strong>il. par: « lis t'ont per<strong>du</strong> ".


HISTOIRE DER DYXASTIES l\IL"RUUIANES ~09ils frappaient leurs mains trempées dans l'eau et dans laboue:Adieu! 1 oh! le bon protecteur que le monde trouvait en loi!oh ! le bon protecteur pour la religion!AllAh ne guérit un peuple de la pel'te d'un homme tel que toiqu'en lui donnant un homme comme Hâl'oQIl 2.l\foul)ammad, fils d"Abd al-:\Ialik az-Zayyât, demeuravizir de Wâthiq pendant toute la <strong>du</strong>rée de son khalifat,et ce prince n'eut pas d'autre vizir que lui. Mais, à lamort de Wâthiq, son fl'ère, :'IIoutawakkil, étant monté surle trône, fit arrêter et meUre à mort Ihn az-Zayyât.On raconte (lu'lhn az-Zayyât avait fait construire lincylindre en fer, garni de clous à l'intérieur 3, pour y torturerceux qu'il voulait fair'e soulfl'ir, et qu'il y fut luimèmele premier ~ enfel'mé, pendant qu'on lui disait:1. ~~I àl'impérntif a ici le sens d'une inteljeclion. Voy, Dozv, Suppl.,s. v.2. C'e"t le nom de Wâthill, Ces trois l'ers sont donnés au""i par }"" .\L­ATtilA, Chronicon, VI, pp. 313-374, sans variantes importante,;, La seulequi pal'aisse pt'ésenter quelque inlérèt est ~~\ à la fin <strong>du</strong> 2' vel',,; maisc'est plutôt un mauvais choix de l'éditeur, qui a rejeté la bonne leçon ennote.3. L'édition pot'te, conformément au manuscrit, A, L. J ll...l.o•..\.:>.j"15'..r.;", lesdel.lx derniers motsétant au génitif sous la dépendance de la 11I'éposition~. Je pense que le 15' <strong>du</strong> premier mot est inUtile et qu'il fautlire ~~~ j-t avec le sens que nous avons adopté dans la tra<strong>du</strong>ction cidessus.Celle hypothése ~'appuie sur le texte de MMi'Oùlll (op. cil" "U,19!),qui donne ~~.kJl~, ee qui ne laisse ,'lueun doute. l'\atul'ellement,celle conecUon entralne la lecture de ~L.J nu nominatif.4, Tel n'est pas le t'écit d'lml AL-ATIIln, ChrQnicon, VII, 2,:;. J)'ap,"\s cetauteur, le vizir s'était dé,là servi de son instrument de supplice, " yalll'aitenfermé un certain Ibn Asbât nl-Mi,?,'l, dont il aurait conllsqué les hiens.Cet auteur donne (toc. cil.) une longue description de ce cylindr'(' (propl'ement:fourneau), et ajoute,contt'~ireme~tà Mas'oùdl et ù Ibn a!-TilJ!aqd,que le cylindre était en bois, mais garm de clou;; en fer et ù rint\~I'icur:3 0


410 AHCIIIVES MAROCAINESIl (;'olÎte ce que tu voulais faire got'tter aux autres 1. ))Ici finit l'histoire de l'époque de Mou 'ta~im et de sesvizirs.l~. - nÈGNE DE HÀnOÛN \IVÂTHIQ BILLÂH(227/8,.1-233/8,.7)Après 1\lou 'ta~im régna son fils Hflrofm 'Vâthiq. Il reçutle serment d'investiture en l'année 227, (SU). Ce fut undes meilleurs khalifes 'abbâsîdes 2. C'était un homme325 distingué, intelligent, éveillé 3, éloquent et poète. Il ressemblaità Ma'moûn, dans ses mouvements et dans sespauses, LOI'S(fll"i1 arriva au trône, il se montra ]'ienveillantpour ses cousins, les descendants d'AbolÎ Tâlib, et1eR combla de bienfaits ft. Il ne se pro<strong>du</strong>isit gnère sousson règne de grandes conquêtes ni d'événements mémorablesdignes d'être consignés [dans les annales del'histoire]."'àlhiq mourut dans l'année 233 (8"7).HISTOIRE DU VIZ\JUT sous LE RÈGNE VE w' TIIIQ"·ùthi(1 n'ent pas d'autre vizir que ~Ioul}ammad, filsd"Abd al-~Ialik az-Zayyât, qui avait été vizir de son pèr'e.1. Nom; ne pouvons, dan,.: de,. noles, raconte!' loule III vie de ce llIal·heut'eux vizir. Les document,; sonl nombl'clIx cl nou,.: l'envoyons nol.amlIIenlaux longues notice,.: que lui onl con"acrées Ill" KII.\LLlld", ~a(aydl,n' 706; mM') al-ag/H1n1, XX, 46·06 cl Index, p. 605; Ill" AI.-A'I'III R, Chronicon,VII, 22-26 cl, pa~silll ; 1\1.\,,;'ol:ol, Prairies d'or, VII. 1-16-.1-1101, HI-l·l!17.2, Lillél'lliemenl, un de leUl's meil/euI's ',hali(es, Le chl'i1isme de l'lmleurl1ppal'ail, pour ainsi dirc, à dlaque ligne.a. Cherholllleau (J. JI. P., févriel' 1847, JI. Hl) "'ll<strong>du</strong>il: spil'iluel.4. C'e,.:t cc que IIit Ill" AI.-ATllin. ChronicolI, VII, 21-22,


lilsTolnE DES DYNASTIES MUSUL~rANE~HlNous avons donné plus haut un fragment de la biographiede ce p,ersonnage. Lorsque \Vâthiq mourut, Ibn az·Zayyâtoccupait encore le vizil'at.Fin <strong>du</strong> T'è,qne de lVâlhiq.X. - HÈGNE DE DJA'FAH l\fOUTA"\VAKKIL(233/8lt7-2lt7/8Gl)Après "·:ithiq régna son frère, Dja'fal' MoutawalddLCe prince était très hostile à la fnrnille d"Ali (SUl' lui soitle salut!) et il fit passer, comme on sait, la charrue sur lemausolée' de IJotlsain (sur lui soit le salut !). C'est(lU'Allâh voulait (IU'il ne manquât rien à l'auréole del:Ioùsain 2.Ceux des historiens qui cherchent à justifiel' :\Ioutawakkil,affirment qu'il pUl'tageait l'affection de son frèreet de l\Ia'molÎn pour les descendants d" Ali (sur lui soitle salut !), mais qu'il était entouré ·d'un groupe de COUl'­tisans, ennem~s de la famille des 'Alides (sur eux soit lesalut!), et qui ne cessaient de le pousser à la persécuter..\[aisla première vel'sion est la plus Haie; et iln'est point douteux que :'lIoutawakkil se montra hostile àcette famille, et ce fut précisément pour cela que sonfils i\Iollnta~ir, poussé par les sentiments de la vengeanceet de l'honneur, lui al'l'acha la vie 3.1. Ce mausolée était dans 1:1 pll1ine de Km'hala. YOJ. ci-llossus p. 183 elsuiv,2. Cherbonncall (J. Jl. P., févrici' 18-17, p. 143) Il hion donné CI'''I' plmlsI'<strong>du</strong>ns le lexl.e m'ahc, IIIl1is il l'n ouhliée d.ulIs 111 \t'llt\ndioll. Lll loeulil'lIelle-Olèlllc esl. eOlI"'ulIl{'c nu QOI'11 Il , IX, 112,3. Le;.; hi;.;loriens ne "i"enl nullcllIent 'lue c·c;.;l. pOUl' "engf'l' les 'AIi"{'s


412 ARCUIVES )UROCAINESRi~CIT ABRÉGÉ DU J\lEURTRE DE MOUTAWAKKILIl existait entre ce khalife et son fils ?\Iounta1?ir un senlimentde répulsion, et chacun d'eux détestait l'autre etle persécutait. ~Iounta~il' se concerta avec une partiedes éluirs pOUl' tller le khalife, ainsi


IIISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 413Puis il prit pOUl' secrétaire d'État, sans cependant luidonner le titre de vizir, un personnage d'entI'e sesscribes, nommé Abo"'-I-VVazîr f. Celui-ci demeura enfonction pendant peu de temps et fut disgracié à sontour. Le khalife lui confisqua 200.000 dinârs, et appelaensuite au vizirat AI.Djardjarà'î 2.VIZIRAT D'ABOÛ DJA'FAR MOUI!AMIItAD, FILSD'Af..-FAfiL AL-DJAnDJARÂ'J:1C'était un vieillard spirituel, tI'ès cultivé et célèbrepar ses talents dans la musique. Moutawakkil l'ayantpris en amitié, lui confia le vizirat pendant quelque temps.Les mauvais rapports sur son compte s'étant multipliés,Moutawakkil le destitua, en s'écriant: « Je suis las desvieillards; il me faut un jeune homme pour vizir. » On luidésigna alors 'Oubaid Allâh, fils de Ya1)yâ, fils de Khâqân.1. Ce pel'sonnage est appelé AI)mad, fils de Khàlid, par lu" AL"ATuln(Cllronicon, VII, pp. 22-23), i'i toutefois le passage n'est pas interpolé, cal'MAS'O(lDl (Prairies d'or, VU, 148-1-19, l!1i) le nomme seulement Ahoû-I­Wazir. Peut-êtl'e l'a-t-on nommé ainsi pour ne pas le confondre avecAl}.mad, fils d'AIJoû Khâlid, le vizir de Ma'moùn; vo)'. ci-dessus, p. 388. In"AL-ATlliR (op. cil., p. 7/I'aconle qu'en l'année 229, Moulawakkil condamnala plupart


ARCHIVES IIIAROC.\lNESVIZIRAT D"OUBAID .\LLÂII, FILS DE YAI;IYÂ, FILS DE KIf.\Q1N'Oubaid AlIàh 1joignait à une belle écriture la science dela comptahilité et des finances; mais il était fantasque. Ilavait beaucoup de chance, de sorte que sa bonne étoile.327 éclipsa,it ses imperfections. Il était généreux et doué d'unbon caractère, et sa générosité faisait passer inaperçus laplupart de ses défauts..A.u demeurant, c'était un hommehonnète.On raconte que le vice-l'oi de l"Égypte lui envoya, à titI'ede présents, 200.000 dinflrsettrente ballot!, remplis d'étoffesd'Égypte.Lorsque ces objets furent apportés devant lui, il dit aumandataire <strong>du</strong> gouverneur de l'Égypte: « Non, par AlIâh !je n'accepterai pas ces cadeaux; je ne voudrais pas lui êtresi onéreux. Il Puis il fit ouvrir les ballots et y choisit un jjoli mouchoir, qu'il mil sous Sa cuisse. Quant aux sommesd'argent, il Ol'donna de les faire porter au Trésor, où ellesfurent enregistrées. Ensuite, il les employa à l'achat demaisons pour le compte <strong>du</strong> gouverneur de l'Égypte 2.La manière de gouverner d'loOubaid AlIfth était douce;aussi était-il aimé de l'armée. Au .moment de la révolutionqui accompagna l'~ssassinat de l\IoutawakkiJ 3, il con-]. Il ne faIllirait paf; confondt'e ce vizir avec f;on petit·ms, également'Ouhaid 1\1 \;\ h, qui, fiO nns plus lal'II , (Ievint vizit' <strong>du</strong> khalife Mouqltllli,·(voy. plus loin la Irmluclion correspond:mle ù la page 367 <strong>du</strong>texle l1l'3be).Celle confu,;ion n'a l'as été évitée par le8 édilell1's de Mas'où,1i el d'Ibn al­Alhh'. C~ qui pet'met de distinguer les deux pel'sonnage,;, c'est InliOunya:œlle <strong>du</strong> gl'llnd-pèl'e élnit Aboù-I-I.{a,,:on, celle <strong>du</strong> peUl-fil,; Ahoil-I-Q:\sim.2. Le mol \..)J.3 e!';l d'une leclut'e douteuse. Je l'ai néanmoins acloplé'faule de llIeillClll'e leçon, CHERIlO:'oi:>;IU.U (J. A. P., févl'icr 11117,p. l/5\ Illu \ jJ..) et t1·a<strong>du</strong>it..: .. C(';; présent" lui clonnèt'ent (au vizir) la mesure (11'8disposition,;


mSTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES 415çut quelques alarmes; mais les soldats se pOl'lôrent enfoule devant la porle de sa demeure et lui dirent: Il Tunous as témoigné de la bienveillance pendant le COU1'S deton vizirat; notre devoir le plus élémentaire nous commandede le protéger et de te garder pendant une révolutioncomme cene-ci. En conséquence, ils fit'ent constammentbOline garde devant sa porle et le IH·otégèrenl.A la mort de )Ioutawakkil, 'Oubaid Allùh était encore vizir.Ici finissent le règne de ~Ioutawakkill et l'histoire deses vizirs.XI. - RÈGNE DE :\JOUUA:\DlAD :\IOUNT~\$In '2(2~ Î /861-2/18/862)Après l\loutawakkil régna son fils l\Ioul.lammad Mounta~ir,qui reçut le serment de fidélité le lendemain malinde la nuit où son père fut assassiné. Ce prince étaiténergique, téméraire, sanguinaire. Lorsqu'on apprit qu'ilavail assassiné son père, les gens disaient qu'il ne luisurvinait pas longtemps. On le comparnit au fils de Cos- 328roës, Chiroùyéh (Sit'oès) 3, qui assassilln son père, maisne jouit guère longtemps" <strong>du</strong> trône après lui.1. InN KII.\LLIK~N ("'a{alllll, éd. "ïislcnfelll, n' 13iJ) l'on",aCI'C une !lU"­slanlielle notice à ce khalife. Cf. aussi DE H.Ulmm-PURt:ST.\LL, Lilleralurgeschichleder Arabl'r. VI, i'l.2. Noticc spéciale sur ce prince dans .11- Wt/rt' bil-warayc1l, 1'111' IÙIALiLIIlN AIOAI{ AfI·8A"'ADi. manuscrit de l'oris, nO ;;8IiO, f' 'lli1 v'. Cf. DE IlA~l­MEn-Pt!n(JST.~L·L, LilleralurrJe.~chichfe de,' Arabe/', IV, :m.3. " SIr'oès élnit Je Ill,.; ainé Ile CosI'oi1s 11. roi de Perse. Ce princeayant Ilispol"é de la COIII'onnl~ en favcU!' d'un cndet, Siro!),:" inilé, llIil.Son père en prison el le nt lIlolll'ir 'Iuinzc jour,; opr!'s, avec I.ou,.; l'I''''enfanls. Cc fnit 3l"'ivn l'an de .1.-C. 1;28. Siro",.; 1ll0Ul'uI lui-lIll'ml' peu deIcmps oprè,; (noIe de CIIEllllONXE.\U. op. cil.. p. l·lfj). Cf. NÜLHElŒ, Gescllichfeder P("·.~er und Aruba, p. l/i/i; lIhs'I}l;lJi, Prairie.ç d'or, II,2;12.23iJ;VII, 2!lO-291 ct aussi VI. 124·12i; IUN At-ATllin, l, SfiO ct suiv.4. Huit mois. cr. lox AL-.\T1Jin, loc. cil.


416 ARCIIIVES lIIAROCAINESOn raconte que lorsque Mountal;lir t\la son père et(IU'il fut proclamé khalife, il s'assit sur un tapis tel qu'onn'en avait jamais vu de pareil. Ce tapis était orné d'unemagnifique inscription persane, Le khalife, en l'apercevant,la contempla avec plaisir, et dit aux personnes quiétaient présentes: « Est-il quelqu'un de vous qui comprennele sens de cette inscription, » Les assistants serécusèrent, en disant: Il Nous n'y comprenons rien. »Alors l\Iountal;lir fit venir un homme originaire de laPerse [qui se trouvait à Baghdâdz] et lui ordonna delire l'inscription. L'étranger garda le silence; mais lekhalife insista, en disant: « Parle, il ne te sera fait aucunmal; car il n'y a point là de ta faute. » Alors, l'étrangerrépondit: « Il est écrit sur ce tapis: Il Je suis Chi­« roflyéh (Siroès), fils de Kisra (Cosroès); j'ai assassiné« mon père, et je n'ai joui de la couronne après lui que« pendant six mois t. » Le khalife tira un mauvais présage,de cet incident et quitta la salle <strong>du</strong> Conseil, tout houle­"ersé 2, Six mois n'étaient pas encore révolus, qu'il mourait,en l'an 2lJ8 (862),lIISTOIRE DU VIZlIUT socs LE RÈGXE DE J\IOUNTA~1RLorsqu'il fut proclamé khalife, ce prince prit pourvizir son secrétaire AI.lmad, ms d'al-Kha~Îb3,VIZIRAT D'AlpIAD, FILSDED'AL-KII.\!?io, SOCH LE nÈGXE]\fOC~T.\l;lmAI.lmad était un homme incapable de remplil' ses fonc-1. Voy. ei-dessus, p. 415, note 3,2. Celle anecdote est.'aeontée aussi Pal- !\!As'oûol, P,-airies tl'or, "".290-291 ; de même d:lIls le l\'igiaristân, Marigny, III, p. 314.3. Ilhs'oûoi (Pra;,-ies d'or, VII, 296) dit que le khalife ne tarda pas il serepentir de ce maunlis choix.


1118TOIRE DES DYl\ASTIES MeSla.MA:\"ES 417tions, et on le trouvait peu intelligent. Il avait cependant<strong>du</strong> caractère, mais il était emporté et étourdi. Pour peuqu'on plÎt supporter ses bizHlTeries, on obtenait de luitout ce qu'on voulait. Un solliciteul', l'ayant rencontré,mit tant d'insistance il. le priel' que, marchant trop près Jelui, il alla jusqu'à lui pres3er le pied dans l'étrier. Emportépar la colère, le vizir retira son pied de l'étrier, etJe lança en plein dans la poitrine <strong>du</strong> solliciteur '. C'est à 329ce sujet qu'un poète a dit de lui:Dis au khalife: « 0 cousin <strong>du</strong> Prophète! mets des entraves àlon vizir, car il rue 2.Il Il a déjà porté alleinle il noIre honneur avec sa langue. etmaintenant il nous lance des coups de pied dans nos poil.l'Ïncs, IlLorsque l\Iountn!?ir moul'Ut, Al,uuad, fils d'al-Kha~jh:l,était encore au vizirat.Ici finit le règne de Mounta~il·.XI I. - nÈGNE DE ~IOUSTA'iN " (2lt8/8G2-252/86G)Après ~founta~irrégna Moustaïn. Il se nommait Al.lJlInd,fils de Moul;tammad, fils de .Mou'ta~im.l. MAS 'otJoi (Pr:airies d'or, VII, 2!}6) ajoute que le solliciteur en mOlll'lIl.)Iais u.n aut/'e ms, des Prairies (/'01' dit qu'il fuI seulement l'enYCI'Fé. Laconfusion entre ",tA! et UA! l'sI assez facile.2. Ce premier vers se trouve dnns MAs'o(;ni (lac. l'if,) avec d'aulresanecllotès, caractéristiques snI' cc méme vizir, .3, Sous le règne de 'VâU'Î(I, AI,IInarJ, fils d'al-Khaslb, oecnpa déjà ,lesfonctions importantes au diwim. C'est à celte époque (229 de I1lègil'e)qu'il fut condamné par le khalife à payel' une amende d'un million Iledin:1,,;;. Cr. InN AL-ATlIlR, Chl'oniCOIl, VU, p, (;; llilf1b a[·agh(lnÎ, XXI,p.253. .-1, l\!As'oùnl, Prairie" d'or, Vif, 193 et suiv, • lu:'! AL-ATllin, "11, p, 7H etsuiv.Alll:n. ~rAnOI:,


Lorsque ~Il)unla~ir mourut, les émirs et les gl':mds(l'enIre les IIJalllcloùb; se n;unirent et dirent: « QWllldnous aUl'ons inn~sti <strong>du</strong> pouvoir un (les enfants de :l\Joula,,'akkil,il nous n;clamcra son sang et nous fera péril', ))Ils se mirent alors d'accol'cl pour (ln\tel' le sel'ment d'in­YeslitUl'e Ù ~Ioustalll, en disant: (' Tl est le petit-fils deIlotre seiglleul' M)u'la~im. En lui pn\tant le SCl'ment d'inycstiture,lto khalifat ne sel'a pas sOl,ti des cnfanls dei\lou'la~illl, » En consélJl1Pllce, ils le reconnurent khalifeeu l'aIllH;e :Y,S (Hn~\.Celte époque ful une époque de guerres ch'iles, deguel'res politiques, de l'("Hl!LC des Khftrl-djites. Parmi ceuxqui levèl'elll l'étt'IH\aJ'(1 de la révolte il celte (;poCJue, estrIlOlllllH' t\l('~ Ù Chùhi, ,\hot't-I~JJousainYal.lyâ 1, fils d"(hnar,lils (le Yaby;), (ils dt' l.Jousayn, lils de Zaid, fils d"Ali, filsd~ lJousaill, lils d"c\li, fils d',\hoù Tùlil, (sur eux soit lesalut !).E,l"Jlo,


II1STOIRE DES DY:".\STIES )\USUL)!'\:'iESIl!1pendant un certain temps, clans une situ;ltion l'cu satisfaisante,par suite de sa pauvreté. Il était - .\II"h lui fassemisél'Ïcorde! - pieux, vertueux, très prati(luant desbonnes (l'uyres, d'une helle con<strong>du</strong>ite. J~tant revenu uneseconde fois à Sâmarra, il pada de sa situation à l'un 1des émirs de ~Ioutawakkil, qui le tI'aita avec <strong>du</strong>reté etlui dit : cc Pour (Iuel motif donnerait-on il un hommecomme toi? >, Il revint alors il Jlaghd:idz, descendit de làjusqu'à KoMa, et im-ita les populations il suine l'élude la famille de l\Ioul,willmad. Cn certain nombre des habitantsde KoMa, parmi les Chi'ites décidés, le suivirent,airlsi que quelques Arahes. Il se jeta sur' Koùfa, s'elllparade ce qu'il y a,-ait dans le t"ésor public et le distl'Ïhuail' ses compagnons_ Il lit sortir ccüx qui .jtaient dansles pI'Ïsons et chassa de I\oÎIfa le gOUH'l'IlelIl' de celteville. Ses troupes devinrent alors nombreuses.L'émir de Baghdâdz, qui se nommait ~Ioul,lHmnHHl, lils({"Abd Allàh, fils de Tàhir, envoya alors contre lui unearmée, La l'encontre eu lieu i~ Chfthi, qui est un bour'go ilproximité de KoMa. L,a victoire resta il l'armée d'HmT:\hir. Quand la poussière sc dissipa, Yal,IY:\. fils d'Omar',était tué. Sa tête fut nlors portée il Monl,lamlllad, fils cl"AbclAllùh, fils de Tâhir, il Baghd:\dz. Celni-eÏ tint audiencepom' )'ccc"oir les félicitations. Les hommes entrèrent alorsaup,'ès de lui par tr'oupes nombreuses le félicitant. Parmieux était un hommc 2 de la postérité de Dja'fal'. lilsc1'Aholl-T:\lib (sur eux soil le salut !). Il dit all g-OIlYI')'_nellr: Cl 0 émir'! tu reçois des félicitations il I"oct:asion<strong>du</strong> mcurtre d'un homme pour lequel le l'l'0l'hèle, s'il était 3;HYiyant, .a\ll·ait l'eçu des condoleances. » ~Iolll.lalIlmad, filsd"Abd AIl:ih. baissa la t(\te et les JCux n~l'S le soll'enclant1. r.·esl 1.. !!J':lnd émir \Ya,;,ir, 'lui joua un ,·"Ie Iri'" illlptll'tanl SOli" l,'"('glle de :\Ioulawllkkil, cr. 1,,:,> AL-ATllin, loc, cit.2. Cet homme ;:c nommai! .\hol" lJùd,im DÙwolld. /il" dt' Hllilhllm nlnja'rari.I,,~ AL-.\T1IÎn, t:hI'OllÎt.·Oll, YII, 81.


420 ARClIln:s ~L\ROCAI:"IESun moment, puis se leva et congéllia l'assistance', Lespoètes pleurèrent Yal.lj'â, Cils (("Omal., dans des élégies.Parmi ces poètes est Ihn ;]r-noùmi 2, qui composa sur luiune élégie rimant en djtm, dont voici le commencement:Devant toi, rcgarde lequel de tes dcux chemins (,U dois suivre;- ce sont 'deux routes bien difl'érentes: une droile et une tortueuse.De cette élégie sont encore les deux vers suivants:Salut, ll1yrthe, repos el miséricorde SUI' loi! ct que sur tors'éLelHle une douce ombre!Que SUl' la terre, dont tu es le voisin, palpite sans cesse lacamollli11e l;c\OS('.C'est une 'l"."ida tl'ès violente, dans laquelle il a lllJurleles '.\hhâsides, en des tet'mes que nous avons omis, pOUl'ne priS en user, La l'encontre de Chùhi eut lieu en l'anllée250 (Sil").D'autres ',\lîdes: 1 se révoltèrent contre )Iousta'in,mais, dans toutes ces guen'es, la victoire resta au khalife.Et sache que )Iousta'in était l'egardé COlllme faihle dejugement, d'intelligence et de discel'llernent dans lacon<strong>du</strong>ite des ~Irail·e:,;. Son époque fut remplie de guerresciviles, et SOli Hutol'ÎLé fOI'tement éhr'unlée, Il n'avait pasd'autl'es


IIISTOIRE DES DYX\STIES JlIUSlJD1.\l'mS 421Lorsque Mousta'in prit possession <strong>du</strong> pouvoir, il main- 332tint Abmad, fils d'al-Kha!;iih l, dans sa dignité de vizil',pendant deux mois. Il pl'Ït ensuite comme vizir, après lui,Aboû $t\lil} 'Abd AIlâh, fils de Moubammad, fils de Yazdiid.VIZIRAT V'ABOÛ I?ÂLII.I 'ABD ALLÂll, FILS DE 1IIOVHAMMAD,FILSDE YAZD,\ D 'lC'était un homme lettré, supérieur. Ses réponses auxplacets et ses lettres étaient pal'mi les plus helles <strong>du</strong> genre.Du nombre de ses réponses est la suivante, adressée à unhomme: « Il ne t'arrivera aucun mal, tant qu'il n'arriverade toi aucun mal. Il On raconte que lorsqu'AboLI $illil), msde Yazdâd, devint vizir de Mousta'in, il mit l'ordre dansle.s finances. Cela fut pénible aux émirs de l'empire, étantdonné qu'il les avait mis à l'étroit. Ils le menacèrentalors de le tuer, et il <strong>du</strong>t fuir 3 • Puis, les événements se.succédèrent, l\fousta'fn prit, tour à tour, Moubammad, filsde Façll al-Djardjarâ 'i et Choudjâ', fils de Qiisim, commesecrétaires. Mais aucun d'eux n'eut le titre de vizir. Cetteépoque; d'aiIJeurs, ne fut pas longue, EUe fut marquéepar des guerres civiles, des guerres politiques ct ungrand désordre.Fin <strong>du</strong> règne de Mous/a'În el de l'administrationde ses vizirs ~.1. Voy. èi-dessus, p. 416 et suiv.2, Ce vizir me pOl'ait éh'e le fils lie Moul,lammad, flIs de YllzIMd, vizil' IleMa'moùn (voy, ci·dessus, p. 396 et DE H.HUfER-PUIlGSTALL, Lillel'aturgeschichieder Araber, III, 60). Cela me parait d'autant plus vraisemblableque le vizir de Ma'moùn avait pOUl' /(ollllf/a : Aboù 'Abd AlIllh (le pi-red"Abd_llld/z)etquele vizir de :\Ious!a 'in se nommait précisément 'Abd AII;}h,3, A Baghdlldz. IUN AL-ATlIiIl, YII, 81.4, D'apl'ès MA 'soùol (PI'ab'ies d'Ol', Vil, 324 et 3(9), Mousla 'in l'II!


AIICIIlVES MAnOCAI:\"ESXIII. - nÈGNE DE l\IOU"L\ZZ 1 (252!866-2558fiS) ..Après ~Ioustaïn régna ~Iou'tazz hillùh, dont le lIomest Ahoù ..\hd ~\llùh ~Ioul.lammad, fils de }(outawakkil. Ilreçut le serment (l'inyestiture comme khalife en l'année252 (Sn(;I, il la suite de la destitution de )Iousta'in.~Iou'la7.z l~tait heau de physique, hien fait. Il n'y avaitdans sa con<strong>du</strong>ite, dans son jugement et dans son intelligencel'j('n il reprocher, )[ais les Turks s'étaient emparés<strong>du</strong> pouyoil' royal depuis (lue )Ioulawakkil aY:lit été tué, etméprisaient les khalifes. En sorte que le khalife fut entreleurs mains comllle l'esclave qu'ils maintenaient ou destituaientou tuaient selon lem' gré.Lorsflue )Iou'tazz s'assit sur le trône <strong>du</strong> khalifat, ses333 intimes tinrent séance, firent yenil' les astrologues et leurdirenl: « Voyez combien il vivra et combien il restera àla tète <strong>du</strong> khalifat. » Or, il y avait dans l'assistance unhOllliuc sl'il'iluel, (lui dit: « ~Ioi, .ie sais mieux (Ille cesastrologues quelle sera la <strong>du</strong>rée lie sa vie et de son khalifat.- Comhien crois-tu, dirent les assistants, qu'ilvivra et régnera? -.:.. Tant que les Turks le voudrontbien! » répondit l'homme. Il ne resta pas alors Ulle personnedans l'assistance ([ui n'éclatùt de rire.Sous le règne de i\Iou 'tazz, apparut Ya 'qoùb, fils lIeLaith a~-$


IlIfiTOIllE DES DYNASTIES }!USl:DIANES 423nOmbl'eliSeS troupes, et )Ioll'tazz ne put lui tenir h~te.Puis, les Tul'l-:s assaillil'ent )Iou'tazz et lui l'éc1ami'rcntune somme d'ugent. Le khalife leur présenta ses excusesen leur disant qu'il n'y ayait rien dans les caisses. ;\lors,les Turks tombèl'ent d'accord pour le destituel' ct le tuer.En conséquence, ils se présentèrent à, sn porte et luienvoyèrent dire: « Sors nous trouyer. » Le khalife (Ionnacomme excuse qu'il avait bu une médecine...\lors, les Turksl'assaillil'cnt, le frapp&l'cnt avec leurs massues, mirentsa tuni(l'lc en lambeaux et le firent l'ester debout ausoleil. Illcvait alors un pied et posait l'autre, tantlc soleilétait ardent. Un 'des TUI'ks le souffletait, tandis que lui scgarantissait avec la main. Puis, ils le pIncèrcnt dans unechambl'e, dont ils bouchèrent la porte, jusqu'à cc qu'ilmourrit, ct cela après avoir fait constater pal' témoins ftson enconll'e (IU'H avait ahdiqué 1. Cela se passait enl'année 255 (868).DE L'ÉTAT DU VIZIRAT sous LE nÈGNE DE IIIOU'TAZZLe premier de ses vizirs fut Aboù-I-Fa(JI Dja 'far, filsde ~lal.llllOùd al-IskMi.VIZIRAT D'IBN AL-)SIc\Fi, sous U; RI~G~E DE )IOU'TAZZCe vizil'~ n'a"aitni instruction, ni CU/tUI'(', mais il gagnaitles Cll'lll'S pal' les largesses et. les donations. :\Iou 'tazzle détestai!, et les gens l'accllsaif'nt de ehl'ilislll


424 ARCII1YES IIIAROCAINESfraction le détestait. Une révolte ayant éclaté à cause delui, l\lou'tazz le destitua.VIZIRAT D'ABOÛ IIIOÛSA 'îs,\, FILS DE FARRoUlm.\N CH.\II,sous LE RÈGNE DE I\IOU'TAZZCe vizir 1 était genereux. On a raconté, à son sujet,


lIISTOlRE DES DYNASTIES MUSUDIANESVIZIRAT D'ABOÛ DJA 'FAR AIJMAD, FILS D'ISnÂ'iL AL-.\NUÂRÎSOUS LE RÈG"'E DE MOU'TAZZCe vizir était un homme d'État habile et intelligent. Ilretenait de mémoire, dit-on, tous les comptes pécuniaires,recettes et dépenses. On a raconté qu'une fois, un compteayant été per<strong>du</strong> <strong>du</strong> diwdn, il l'établit de mémoire. Puis,le compte ayant été retrouvé, il était conforme à ce qu'avait 335dit Al.unad, sans plus ni moins. Les Turks ayant assaillipal' la suite Al,Imad, fils d'Jsrd'n, se saisil'ent de lui,le frappèrent et lui enlevèrent tous ses biens. Mou 'tazzet sa mère intercédèl'ent en sa faveur auprès <strong>du</strong> chefdes Turks, qui se nommait $âIil,ll, fils de vYal?if. Maiscelui-ci, sans les écouter, le mit en prison, Je frappa ensuite,sous le règne de :\Jouhtadi, jusqu'à ce (IU'il mourût.Après que $âlil,I, fils de vYal?Îf, eut ainsi agi enversAl.unad, fils d'lsrâ'i1, il fit venir Dja'far, fUs de l\Ial,Imotîdal-Iskâfi, et le nomma, une seconde fois, vizir de l\Iou'tazz.Ce vizir a déjà été mentionné plus haut 2. Lorqu'il prit pos- .session <strong>du</strong> vizirat, la deuxième fois, un poète composales vers suiyants:o mon âme 1cesse de prendre plaisir à démentir 1 Berce, aucontraire, mon cœur de douces promesses.Espère! maintenant que tu as YU ce qu'AllAh a donné à Dja '­far, fils de Ma~moûd 3.Fin <strong>du</strong> règne de Mou'lazz el de l'adm inisIra lionde ses vizirs.J, Voy., sur ce personnage, MAS'OÙDI, Prail'Ïes d'or, VII, 37!l, 3!lG-3!Jï ;VIII, 3 à 8; [(jMb al-aghdni, XIV, 1I3 ; 1Il:'l AL-ATHÎIl, Clrronicon, VII, 127et suiv.2. Voyez ci-dessus, p, 423.3, La disgrâce d'Al,lmad, fils d'lsrà'i1, et l'arl'ivée de Dja'Tal', fils IleMal)moùd, au vizirat pour la seconl\e fois, sont ,'acontées pal' IIIN AL­ATHÎR (ClrronicQn, VII, HB) dans des termes identiques'. D'apl'ès cetauteul', ces événements eurent lieu en l'année 25,5 (= 862 de J,-C,). '3 1


426 AHCIII\"ES )IAROCAI:\ESXI\'. - RÈGNE DE ~IOl'HT.ADi \2j;)/SGS-25G jS69) ..\près ~Iott'tazz, régna ~Iouhtadi hilJâh, qui se nommait~\boù 'Abd "\lJàh ~Ioul)all1nJad, fils de "·ùlhiq.~Iouhtadi 1. elait un des meilleurs khalifes quant il sesopinions religieuses, un de ceux qui anlient la plus hellecon<strong>du</strong>ite, la plus helle vie, enfin un de ceux (l'Ii 1II0ntrèl'entle plus de vertu religieuse, et qui furent lesplus prali(luants. Il sc companlÏt volontiers il •o IIIal', lilsd"Abd al- 'Aziz (ïLi-ï:!O), et disait: « rai honte que lesOumayyades cOlllplent un homme tel que lui, sans que les'.\bhàsides aient un homme semblable [il leur opposel']. l)33(} Quant il siégeait au criminel, il rendait la justice d'unemanière dont les gens étaient satisfaits. Il apportait!,eaucoup de modération dans sa noul'I'iture et son n\te~ment.Certain Ilùchimile'! a raconté: « J'étais auprès de~Iotlhtadi dUl'ant une nuit. de l1amalJùn. ~rélant levê pOli l'pal'lil', il m'ordonna de m'asseoir. Je m'assis alors jusqu'ilce


lI/STOl/lJ:: DES Dy:qSTIES ~J{;SVUI.\;'\ES42;jeùner demain, alors? - Comment non, répondis-je,quand demain c'est ·Ie mois de Hanu\(Jùn ? - Ehbien! alol's, mange et (inis ton souper, l'a", ici, il n'y apas autre chose ((ue ce qU,e tu ,-ois. » Je fus étonné el' jelui dis: « POltl'((uoi cela, Emil' des Croyants, quand .\1­HII a éten<strong>du</strong> lar'gelllent SUl' toi ses favelll's et t'a POUl'\"Uabondamment tIes moyens d'existence? )' Il me répondit:« Les choses sont, en elfet, telles que tu les dis, et j'Cilrenùs g"ùce à .\I(ùh, ~Iais il me "épugne ((uïl y ait, parmiles OumllYJüdes, un honune tel (lu"Owm' fils lI".\ bdal-'"\ziz, sans (lue (es '.\bl)(isides comptent parmi eux unhomme cOlllme lui. »:'Ifouhtadi avait rejeté loin de lui les di,-e"tissements, etinterdit le cItant et la boisson. Il défendit il ses compagnons1 l'injustice et l'exaction.Sous le règne de )Iouhtadi eut lieu la révolte del'homme des Zandj, dont le récit viendra sous le règne de)Iou'tamid .~, si .\lIùh le Très-llaut le veuL:\Iouhtadi, ayant mis il mort un esdnc afrl'anchi (unmoUd) 3, les Turks se révoltèrent contre lui, s'indignèrentet le firent ellptif. Ils le LorLu"èrent pOUl' (Iu'il abdifplM, 337mais il ne le fit pas..-\Io,'s, ils le destituè,'ent eux-IlH\mes,puis il mOlll'llt cn l'année ~,}(j .869).l. InN .\L-t\'rHin (lor. cit.! dit I.I\'CC plus dc l'ni~on: " Le.ç compagnons <strong>du</strong>Sullan ".2. Voy. plu,.; loin la lra<strong>du</strong>elion cfII'l'cspondonlc nux l'ng.·,; 'lH '" sUÏ\',<strong>du</strong> lexIe al'abc,il. Le" :\101105, L'umme on le sail, l'l'mpli"",aient il la COUI' de,,: khalife"de Baghdùdz dcs ;.:et·'·kes, pat-rois Il'l's impol'lalll-:, qui fai"niell' d'(,ux despel'sonnngc" consj.léJ'ables. Le .110Uel, dont il l'SI ici


428 ARCHIVES ~I.\ROCAI:SESEXPOSÉ DE L'ÉTAT DU VIZIRAT SOUS LE nÈGNEDEMOUTHADILorsqu'il reçut le serment d'investitUl'e comme khalife.il maintint Dja'fal', HIs de .Mal,Imoud al-Iskâfî 1 dans s~dignité de .vizir. Ensuite, il le destitua et prit comme vizirSoulaimân, fils de vVahb.VIZIRAT DE SOULAIMÂN, FILS DE WAHB, FII.S DE SA'lü,AU SERVICE DE l\IOUHTADÎLa famille de ce vizir est originaire d'un village de laprovince de "Tâsit. Ils furent d'abord chrétiens, puisembrassèrent l'Islamisme, et servirent dans les diwâns,jusqu'à ce que leur fortune les fit parvenir au point où ilsparvinrent.Aboft Ayyoftb Soulaimân, fils de Wahb, était un des meilleursécrivains <strong>du</strong> monde, un de ses chefs par sa supériorité,sa culture, sa connaissance de l'art d'écrire les acteset de tenir les registres publics 2. Il était un des hommesles plus intelligents de l'univers, un de ceux qui étaientdoués de jugement 3. Son fils "Oubaid Allâh a raconté:( Voici ce que mon père m'a raconté: « Le début de ma for.1. Voy. ci-dessus, p. 423 et 425.2. C'est ainsi que je nois compl'entlre les termes techniques : ~t:..r"J..,.:..-JJ\J (.J JJ\ employés pa~ l'auteur. Le kafilJ ad-dardj emprunte sonnom au genre de papier dont il se servait ordinairement. Cf. QUATRE­MÉRE, lIfamloalcs, l, l, 175, II, n, 221 ; Don, Suppl., l,4tH.3. La biographie de Soulaimân est donnée par InN KIIALLIKAN (Wafaydl,noUce 276); par le manuscrit arabe de Paris, n° 206.{, fu 184 (1\lIALIL rnxAIDAK AIlI-SAPADI, Al-",df' bil-wafaytlll. Voy. aussi I\fAS'OÙDI, Prairies d'or,VII, H9; VIII, 10,39, 6'{; InN AL-ATllfn, ChroniclJn, 6, SI et passim; DEHAMMER-Punr.STALL, Lil/el'alUl'geschichle der Arabe,', IV, 433,581.


II/STOJRE DES DYN.\STlES MUSULMANES 4290« tune, dit-il, fut que je me trouvais, alors (lue j'étais jeune« homme,auservice de Moul,lammad, fils de Yazdl\d,le vizil~« de Ma'moùn (813-833). Nous étions quelques gens à son« service; IOl'squ'il s'en retoumaitle soir chez lui, l'un de« nous passait la nuit au palais de Mâ'mofm, à tour d.e ràle,.« en prévision de quelque atl'ail'e importante survenant« pendant la nuit.(( Quand vint mon tour de passel' la nuit, un serviteur [<strong>du</strong>« palais] sortit et dit: H Y a-t-il ici un des lieutenants de« }(oul,lammad, fils de Yazdâd? - Par'faitement, lui dit le" chambellan; le voici», et il m'intro<strong>du</strong>isit vers ~(a'-« motln. « Prépare, me dit le khalife, un brouillon dans tel 338« sens, laisse un hu'ge intervalle entre les lignes, et pré-« sente-le, afin «ue j'y corrige ce (lue je dèsirerai y corri-« gel'.» Je sortispromptement,j'écl'ivis lalettre sans !>rouil-« Ion, je la mis directement au net et je la Itli présentai.(C ~1'aY;'I11t aperçu, il me dit: ( Tu as ëcritle brouillon?-c( Bien mieux, répondis-je,j'ai écrit la lettre. - L'as-tu miseIl au net, demanda-t-il? - Parfaitement, répondis-je. » IlIl se mit alors à me regarder davantage, comme étonné de«( moi. LOI'squ'illut la lettre, je reconnus la satisfaction surIl son visage. Il leva la tête ver's moi et dit: « Que c'est bien,« ce que tu as écrit, jeune homme! mais je désire que tu« avances cette ligne et que tu reculescette autre» ; et illes(( marqua toutes les deux d'un trait de son 'lo/am. Je pris la« lettre et, sortant dehors, je restai à l'écart, puis j'effaçaiCt les deux lignes, exécutai ce qu'il désirait et lui apportai( la lettre. 01.', il avait cru quej'annulerais cette leure et en« écrirais une autre. Aussi, la lut-il et, n'ayant pas reconnu« l'endl'oit eflacë, il en fut satisfait et me dit: « JeuneIl homme! je ne sais quoi le plus admirer, de l'hahileté·« de ta manière d'effacer ou de la promptitude de ton« intelligence, ou de la heauté de ta calligraphie, ou enfin« de ta rapidité. Qu'AIIl\h te bénisse! »« Alors, je lui baisai la main et sortis. Ce fut le premier3 1 *


AnCII"'ES M.'ROCAI:"ES« dewé de l'élévation de mon rang. Dèpuis, il ne se pré­« sentait jamais quehJue chose d'impol·tant sans que ~ra'­« moùn dît: « Amenez-moi Soulaimân, ms de "·ahb. IILorseJlle cet événement al'l'iva il Soulaimân, ms de "'ahb,un poète lui écridt les deux '"ers suivants:TOIl père l t'a imposé ulle lourde lâche, de même que jadis ilSI' l'HaiL imposée.Xc récollanl pas d'éloges si tu l'égales, et ne trouyant pasd'C'xcuRe (si Lu ne l'égales pas), élaut prt·cédé par un tel pl're, nereste pas nu-dessous de la tâche.339 Soulaimân, fils de "'ahb, avait, dit-on, de l'amoUl' pourIhrfthim, fils de Maimotrn"!. Celui-ci, de s~n cOté, aimait unechanteuse répondant au nom de Khalâ~ a. S'étant réunistous les tl'ois pOUl' une pa/tic de vin, I1H'ûhilll s'enÏ\Ta. AlorsSOlllaimân, fils de 'Yahb, se pencha SUl' lui, l'embrassant::;III'la bouche et le su~'ant, pendant que Khalà~ le regardait.Lorsqu'Ibrâhim revint de son in'esse, J\halâ~ l'in~forma de ce que SOlllaimân lui avait fait, el elle ajouta:1. Le pi"'c d., SOllf,1illl!tn sc IlfIllllllnil ,\lIoù-J-lIllsan 'Ynhll, (ils dl' Sn'ir/.Il fut secrélnil'e de;; "izir" nal'lIIé1iides, nnlammenl de Lljn'fm'. fil,; dl'Ya1n:\. Après ln di,.;gri\ee de,:: IJal'lIIé1iide. I\IIALLIK.\", \I,a{aytll al-a'Ylll1, éd. \\ïhilenfl'Id. n" 2.li..'2. Ccl indil'i<strong>du</strong> S'81'1'f'!llil l'iulol "m'hlm, fil" dl' ~i1\\',,":\r, III,.; d,' 'IniI11O!ill.L'lme('(lole esl 1'8I'POl·I.11' dam; le liihîIJ al-agl"ll1f, XX. 'in..\ el' propos,je >'igllal.. 'Iue l'auleur de I1ndex hislol'Ïflul' d,' LlgI"II1i, il!'!!. J. Ii. dit'Ille la pot'si'- qll'on lira plus loill a élé' cOlllpOSt~e P(ll' ~oullliIlHin. "hi de'\"allll. l'II I"II"on:"e il unI' !'tltil'C "'lIJ1";ilrirn. /fi,.; df' S:nnntr. IiIs dl' '1:1ÎIlIOlin.Allcun "'xII' "el'l'lIdalll Ile cill' eelh' "tllire, dolll il Il'1',.;1 1\If'ml' '[lIe>'lionnulle par·1. En Ille l'l'porlalll ,Ill texte de LIU'H1nl, XX, .0, I. 21. je lt'o""e,comllle d,llIs le Falih,.i. ~~ Ihl'ùhim ce.isa de voi,. SOlllnimltll. .le pen,.;eqlle l'tluleui' n dù lin- ~~, maj,;: celle ll'clure sl'l'ait conlredite 1':11'3' yel'S de ln pot-sil' de Souillilll,in. VO~'. 1.. lexie :lI'


mSTolllE DES IlY:X.\STfES ~1l;St:UIA:XES 431« Commenlmon cœUl' pOU''I'a-t-il t'app'lI'tenil' sans al'l'it-rcpensée,quanll tu es robj~t llc pareils agisscmcnts. )).\lors Ihràhim cessa toutes relations ayec Soulaimùn et"l'strl fùché contre lui, C'est alors que Soulaimàn lui écri­"it les yers Sllinlllts :Dis il celui dont les amoureux n'ont aucun espoir de llt"li·yrallce 1 :« Est-cl' l'm'ce IJlIe Klw\;)s m'a apel'c.:ll (J1lf1l1d jl' l'clnbrnssaisSlll' la !touche" Que tu m'as fui? qu'insulte et humiliatIOn m'ont nUeint·?« j\oll'c hl'Ouille Il réjoui des gpns, qui, sm' noll'c compte, forgentdes mensonges 2.{{ Des calomniatcurs Ics ont aidés, des calomniateUl's ayides denous nui.,.{{ Tiens! Exerce le talion "UI' moi, car les hlessl\I'es sont pnnissables<strong>du</strong> talion, IlYoid ce qu'a raconté .\1.1I11all, fils d'al-~Ioullahhir:1« Nous étions, dit-il, cn prison, pnrordre de 'Yâthiq(8'12-8'11 , moi, Soulaimùn, fils de "'ahh, et "\I.lIllflll, filsd'Isl'à'i1, tellus il raison de sOlllmes d'argent. l'n JOUI', Soulaimùn,fils de "'ahh, nous dit: {{ J'ai YU en songe comme« si qle1


482 ARCHIVES IIIAROCAINES3ll't« que notre sang n'aura pas été versé. » Il conçut une peurterrible flue cette nouvelle ne se répandît sur notre compte..Je comptai, ajoute Ibn al-Moudabbir, trente jours à partirde ce jour-là, et lorsque fut le trentième jour, Al.lmadfils d'Isrâ'il' me dit: Il Où est donc la preuve de la vérité( de la chose et de la réalité <strong>du</strong> songe? )) C'est qu'il avaitcalculé 1 la date et compté [les jours], sans que nous lesachions. «. Le songe, lui répondit Soulaimàn, fils de« \Vahb, tantôt se réalise, tantôt ne se réalise pas.» Lorsqu'arrival'heure de la dernière prière <strong>du</strong> soir, on frappaviolemment à notre porte, pendant flue quelqu'un criait:« Bonne nouvelle! Bonne nouvelle! Wâthiq est mort; allez'!« où vous voudrez. )) Al.lmad, fils d'Isrâ'il, se mit à rireet dit:« Levez-vous, le songe s'est réalisé, et la joie consolatrice« est arrivée. - Comment pourrions·nous marcher à pieds,« dit Soulaimân, fils de Wahb, nos demeures étant éloi­« gnées; mais, envoyons chercher des montures que« nous enfourcherons. ») Abmad, fils d'Isrâ'il, se mit alorsen colère et la mélancolie s'empara de lui, car il étaitd'un cal'actère morose et difficile. Aussi, répondit-il ilSoulaimân, fils de Wahb: ( Malheur à toi, ô Soulaimân !« tu veux attendre l'arrivée de ta jument, jusqu'à ce« qu'un autre khalife prenne possession <strong>du</strong> pouvoir; alors« on lui dira: Il y a en prison quelques secrétaires [dl!« diwdnJ, et il répondl'a : « Qu'on les laisse en l'état,« jusqu'à ce que nous examinions leurs· affaires. ») Nous« resterons alors encore plus longtemps en prison, et« cela pour que tu te rendes monté vers ta demeure, es­« pèce de gredin, de chenapan! )) Nous nous mîmes à rire,et nous sortîmes à pied pendant la nuit. Nous hîmes unanimementd'avis d'aller nous cacher chez un de nos amis,L Lisez~ ou lieu de ..).à.>. Texte orobe, p. Y' { ••2. Lisez 1~.J> li, id.


lIISTOIRE DES IlYNASTlES MUSULlIIANI;S ..aajusqu'à ce que les nouvelles soient vérifiées. Or, parAJJâhl nous rencontrâmes sur nob'e chemin deux hommes,dont l'un disait à l'autre: Il Ce nouveau khalife a été(1 mis au courant de la situation de ceux des secrétaires et(1 des criminels qui sont incarcérés; il a répon<strong>du</strong>: (1 Qu'on« ne relaxe aucun d'eux avant que j'examine sa situation. »Nous nous cachâmes alors, jusqu'à ce qu'Allâh - qu'ilsoit exalté! - nous elÎt touchés de sa faveur dans un trèsbref délai. A lui est <strong>du</strong>e la louange! liVoici des vers composés par AI.lmad, fils d'al-~Iolldabbir:Lcs malheurs <strong>du</strong> temps m'ont corrigé, el, seul, l'homme cultivése laisse averlir.J'ai gotUé le doux el J'amcl' : la vie de J'homme est égalcmentdiverse,JI ne s'est passé aucun malheur, aucune voluplé. salls que jen'en eusse eu ma part.Les DanotÎ 'Vahb étaient des hommes dignes de la premièreplace, capables, supérieurs, génél'eux. Lem' famille:au pouvoir était brillante, leur ;époque 'éclatante; de leurtemps, les foires des belles-lettres étaient florissantes, etles marques de générosité étaient évidentes. Quand Mouhtadifut destitué, Soulaimân, fils de 'Vahb, était son vizir.Fin <strong>du</strong> règne de Mouhladî el de ['adminislralion de ses vizirs.XV. -RÈGNE DE :i\IOU'TAl\IID 1 (256/869-2ï9/892)Après l\fouhtadf régna Mou'tamid 'alâ-Allâh, (lui se1. MAs'oùnl, Prairies d'or, VIII, 32 et suiv. ; IBN AL-ATHiR, Ch,'onicon,VII 162. Une notice spéciale sur ce prince est donnée "al' le manuscritn° 2130 de Paris, Co 92 (Hisloi"e de Baglldddz, pm' l\(oUl.1l1l1l AD-Dl:-< 111:\A:-o-NADJDJ1R).ARen. MAROC.


lalAIlCIIJ"ES l\fAOOCAINESnommait Ahoù-l-'Ahbàs .\I.nnad, fils de ~[outawakkil. Ilreçut le serment dïnvestituJ'e en l'année 2j(j (S6n}. ~'ou'­tamil! étaitl'egardé comme faihle, et c'est son frère, ~'ou..waITaq Jall.la an-Nà~ir, qui l'emportait sur lui. Le l'ègnede ~[ou'tal1lid fut un J'ègne d'un caractère étrange.3[,2 }[ou'lamid et son fr'ère, ~Iouwatraq TaIl.la, étaient conlllledeux associés au khalifat; il ~Iou'tanlid appartenaientla kholl#)(l (prùnei , le droit de bottre la monnaie et le th'oitde portel' le titl't' d'J~Jllil' des Cl'oyants; il son fl'èl'eTaIl.lrl, le droit d'ordonner et de défendre, la con(luite destroupes, l'exercice des hostilités contre les ennemis, lagarde des frontières, l'installation des viziJ's et des émil's.)Iou'talIIid dait distrait de tout cela pnr ses pirtisil·s.A celte époque eUJ'ent lieu les événements <strong>du</strong> chef desZandjs.lIl~TOH\E UU CHEF DES Z.\~lJ.,s, DE SA GI~Ni~ALOG'EET DE CE IJUI SE TnOuv.\ sous SES ORDtlESSous le l'ligne de )Iou'tamid, npparut un hoiulIIe appelé'AH " fils (le '~Joul,lUmnHHI, fils d'AlJmad, fils d"is~, fils deZaid, fils d"Ali, /ils de I-;Iotlsain, fils d"AII, fils d'AboûTàlib. Quant à sa gënéalogie, aux yeux des hommesversés dans cette science, elle n'est pas authenti(Iue;ils le mettent au nomhre de ceux dont la généalogie estsuspecte. Quant à sa situation, c'était un homme supél'icllI',d'une éloquence claire et persuasive, intelligent, lfui gagnales cœurs des esclaves Zundjs 2 à lla~ra et dans ses enYÏ-1. cr. MAS'lll:DI, P,'airies d'or, VIII,31, 404.2. IBN AI.-ATIIÎn (Cltro/licon) donne beaucoup de délails sU\" les ZandJ';cl le" troubles auxl(uels il;: prit'ent part. L'abondance deg renseignemenl!'!a, comme loujour,;, cmpèché tbn a!-Til(l{llJ1\ de "ui\"l'c le rédl dc songuide: il a préfét'é Ic r{~,",umcr en quelflues mots, Cf, le l. VII, p. 231; elsuiv,; hl.\s'ol1DI. Prairies d'or, VIII, 31 et sel(, Déjù sous le règne de',\bd al-Malik, Cil l'année 75 (= (95) il Y a eu un soulèvement d'e,,;c1aves


IIISTolRE DES llYN.\STIES MlISlJUL\t"ESl'ons. Il se réunit il lui, parmi ces esclaves Z:1ndjs, beaucoupde monde, ainsi que des gens d'une autTe PI'OVCnance.Son importance grandit et sa puissance s'accrul. ,\ udébut de ,sa carrière, il était paune, ne l'0ssédallt qlletrois sabres, au point


43tiAIlCIII\'ES MAROCAINESIl a été dit précédemment que c'était le frère de Mou'­tamid, Mouwan'aq, qui détenait en fait le khalifat. C'étaitlui qui destituait les vizirs et leur donnaï't l'invcstitLtJ'(~.VIZIRAT J)·.\RoiH.-~I.\S.\:-< OCBAlD ALL.\II, FILS DE \".\1.1\",\.FILS DE KIJ.\Q.\è'l, AU SERVICE DE 1I1OU'TAMlDLorsque l\lou'tamid pl'it possession <strong>du</strong> khalifat, lesavis tombèrent d'accord sur la personne de 'Ouhaid Allàh,fils de ·Yal.1)';\, fils de KlHlqân. En conséquence, il fut mandéct investi <strong>du</strong> vizirat, ahsolument contre son gré et en dépitde ses en'orts pour y échapper et s'en défendre. 'OubaidAllûh était bien au courant de l'état des sujets et desaITaires, bon achninistrateur des finances. Il a, d'aillems,été mentionné précé(lellllllent, sous le khalifat de :\loutawakkil(Slt7-S61) 1.VIZIRAT DE I.IASA~, FILS DE l\fAKHLAD, AU SERVICEDE MOUT'AlIIIDUasan, fils de ~lakhlad,devintvizir de :\Iou 'tamid, lorsCJ uemourut 'Oubaid Allâh, fils de Yal.l)'â [fils de Khâqân].Mou'tamid investit <strong>du</strong> vizirat l;:Iasan, fils de ~Iakhlad,alol'sclu'il était secrétaire de son frère l\Iouwafl'aq. En sorte(IU'il cumula la qualité de vizir de Mou'tamid avec cellede secrétaire de Mouwafl'aq. ~Iasan, fils de ~Iakhlad, étaitl, Voy. ci-dessus, p. 414, et cf. InN AL-ATllin, C/lI'onicon, VII, 63, 66 elsuiv.; !\fAS'OÙDi, Prairies d'or, VIII, 39, 1211.


HISTOIRE DES DYNASTIES IIIUSUL~J,\;'I/ESol'lglllail'c dc Dair-Qounnâ'. Son père était, dit-on, hatclier,et cependant son fils devint ce que l'on sait. I.lasanétait un des vizirs les plus capables de ce monde. Ilavait, dit-on, un petit carnet, qu'il tenait lui-même, et danslequel figuraient les ressources des provinces de l'empireet leurs importations, avec leUl's dates. Chaque soir, ilne dormait pas, jusqu'à ce qu'il eltt lu ce carnet et qu'ilen eùt appris in<strong>du</strong>hitablement le contenu, en sOl'te que,s'il était int«;lrrogé, le lendemain, sur n'importe quoi dece qui S'} trouvait,' il répondait de mémoil'e,. sans hésitation,ni recours à un registre.« J'étais une fois, a raconté I;lasan 2 , fils de Makhlad,debout en présence de Mouwafl'aq, fils de l\1outawakkil; jele vis alors palper de sa main son vêtement, puis me dire:Il 0 I}asan! cette étoffe m'a plu; co'mbien en avonsnousdans les niagasins? 1) Alors, je sortis sur-le-champde ma bottine uri petit rouleau, où figuraient les totauxdes marchandises et des étoffes qui se trouvaient dansles magasins, exposés dans leurs détails. Je trouvai alors6.000 p'ièces de l'espèce de ce vêtement. (1 0 Basan!« me dit 'Mouwafl'aff, nous voilà nus; écris au pays de« [provenance] pour qu'on fabrique 30.000 pièces de cette« espèce et qu'on les expédie dans le plus bref délai. »Mou '~amid le destitua :', par la suite, et investit <strong>du</strong>vizirat Soulaimân, fils de 'Vahb, dont nous avons donnéplus haut { une partie de la: biographie. Depuis celte3M1. Ville située sur Je bord <strong>du</strong> Tigre, dans Je canlon de Nahrawân, enaval de Bagbdâdz. cr. YAQOÛT, MOIl'djam, 8. v.; SACY, Chreslomafllie, l,327-328; I\lAs'oûDl,Prairies d'or, Il, 300,453; ID~ AL-ATHiR, Chronicon, V,310.2. Sur ce khalife, voy. aus",i 1\hs'oûoÎ, Prairies d'or, VJI, 245-246 j VIII,39; ID:'; AL·ATltiR, Chronicon, VII, 215.3. En réalité, cen'esL pas le khalire 'lui desULua son vizir Ibn Makhladjmais celui-ci prit lui-même la fuite 10l'sque le génél'al de la milice turque,l\Ioù;;A, flIs de nogM, vint de Sàmana à Baghdâdz, eL cela en l'année 21;3de l'Uégire. r.r. ID~ AL-Antin, Chl'onicon , VII, 215. Il revint au pouvoirrannée suivante, 264, pOUl' pl'endl'e la fuite de nouveau, quelques moisaprès. Ibidem.4. Voy, ci-dessus, p. 428 et suiv.


438 AnCIllVE~ )IAROCAI:'>ESépoque, la maison des fils de "'ahb commença il s'élever.Y1ZIRAT D'ABOÛ-!;,-:;\.\QR IS)IAIL, FILS DE BOl:LBOUL)Ioum,"'aq Je nOIllIlHl yizir de son fl't>"c )rou'tami


H1STOIIIE DES TJYXASTIES :\lI:SULl\IANES t3!1Ce sonl. ùe tendres nUllenux de saule porlant des fmils il perpôtuilé, el. cependant les fruits ne sont pas dc ce que porle habi­1uell{'meùtle $aule,Les gen~app(llèrentce poème Ddr al-bafpklz « le marchéau melon», il cause <strong>du</strong> grand nombre des fl'llils (lui ysonl mentionnés. Or, l'endroit où se vendaienlles fruitss'appelait « 'le marché au melon »1.De celle qa:


440 AIlCIIIYE8 MAROCAIr;ESsonne avant toi, dans un panégyrique! J) Mais Aboù-!?­$:\((1' ne voulut pas prêtel' l'oreille, demeura convaincuqu'Ihn ar-Hoùmî a enten<strong>du</strong> lancel' contre lui une satire;et il éloigna le poète. Alors Ibn ar-Roûmî composa contrelui des épigrammes et en fit de tI'ès méchantes. De cenombre est Je distique suivant:L'on s'étonne qu'Abol1-!?-~aqrait été invest.i <strong>du</strong> diwc1ll, aprèsavoir été un domestique à gages;C'est que la fortune a la vertu chimique de métamorphosertout chien qu'clle touche en homme.De même ces vers:Doucement, Aboll-~-~aqr! Que de fois l'oiseau t tombe gisantaprès uvoir plané dans les airs 1Tu as été marié à une félicité 2, dont lu n'étais pas digne 3;qu'AlIâh la présel'vc par une répudiation 1Point de b,\nlldictions à uue félicité dont tu l"es drapé 1 Qued'arg-umenls y lrouverait un manichéen 1Pal'mi les épigrammes curieuses qu'Ibn ar-Hoùmi composaà son sujet, est le distique suivant:Quelle présomption, de la part d'un petit oiseau dont le pèreest un chétif rossig-nol, de se sUl'llommer « père <strong>du</strong> fal1(~on Il,oh 1 dites, vou~, les hommes des diwâns 1Enlevei-Iui·1 cc sUl'llom qui ne lui convient pas: on nommeIl père <strong>du</strong> faucon " celui 'lui est fils de faucon: i •l, Allu!"ion nu nom <strong>du</strong> yizÎI' : fi Pt'.'e <strong>du</strong> faucon fi.2, [Jans l'index (p. 485) de l'édition arabe 'lui a servi tle base à ceUetra<strong>du</strong>ction, le mot U"""; Il {élicilé fi a été pris pOlir un nom propre defemme et c111ssé comme lei dans l'index.3. l'OUI' comprendre ce ,'el''', il e"t néces",aire de ..nvoir qu'en droitmusulman, le mari Iloit'éh'c de condition égale à celle de la femme; c'esLI:e qu'on nppelle le ~/. L'inob"cl'vation de celle condition peut donnerlieu au divorce prononcé pm' le juge.4. Je Iisl'jrnpél'3Lif, contrait'eruent à l'édition 11J'abe qui a le parfait. Le manuscritn'a pas de vo)'elle (f· 2:J4 v·, ligne dernièrel·o. D'autres satires contl'c ce vizir sont rnpportées par MAS'Oùoi, Prairiesd'or, VIII, 2,18, 209.


IlISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMA:'\ES HlMou'tamid fit arrèter ce vizil', l'emprisonna, le fl'àppa 3117d'une peine, puis le tua dans son cachot et confisqua tousses biens.Et sache que ces vizirs de Mou't:)mid, comme I.Iasan,fils de Makhlad, Soulaimân, HIs de "Yahb, et Aboù-!?-$acl",fils de Boulboul, devinrent vizirs et furent destitués àdiverses rep"ises, deux et même trois fois,VIZIRAT D'AI;IMAD " FILS DE ~ÂLllI, FILS DE CIIÎRZ.\DAL-QOUTROUBOULLi, AU SERVICE I>E MOU'TAMIDC'est Mouwaffaq qui le nomma vizir de son frèl'e,Mou'tamid, Abmad était bon écrivain, éloquent, supérieur,sachant ce qu'un homme de sa condition doit savoii',écrivant bien en vers et en prose. Il a décrit une femmecalligl'aphe en çes termes: « Son écriture est aussi belleque son physique. Son encre est comme la noirceur deses cheveux, son papier comme l'épiderme de son visage,son qalam. comme l'extrémité d'un de ses doigts, sonéloquence cQmme le charme 2 irrésistible de sa prunelle,son couteau 3 comme l'œillade langoureuse de son regal'd,enfin son ivoire 4 comme le cœur de son amant. »1. Al;1.mad occupa déjà le vizirat "ou;; l\Ioustà 'in jusqu'à la destitutionde ce prince. Cf. ftlAs'oûDI, Prairies d'or, VII, 32t et 369 in fine. Ibn a!-Tiq!aqàne mentionne pas <strong>du</strong> t.out ce vizir par'mi ceux qui ont occupé ccs h:mtesfonctions sous Moustà'in. Voy. ci-ùessus, p. -lI7 et suiv. ; mais voy. ID~AL-ATltlR,Chronicon, VII, 87, 92.2. Mahomet a déjà dit que l'éloquence est une véritable magie, dansune phrase qui est devenue proverbiale I..J~ 0YI ~ 0\. Sur lescirconstances. ùans lesfluelles Mahomet prononça ces mots, voy. MAID.-\NI,ProIJerbes, éd. de Boulâq, l, p, 6; QASrALLANi, Commentaire SUI' Bou­Ithdrl, VIII, p. 408. Cf. DOUTTt, Magie el religion dans l'Afrique <strong>du</strong> Nord,p.l08.3. POUl' taillel' les qalams.4. Le morceau d'ivoire ou d'os qu'on appelle..k4.., et sur lequel onapplique le roseau taillé pour en couper le bec, avant d'écl"ire. NlIturellement,il est toujours tailladé.3 2


ARCHIVES MAROCAINESA1pnat1, fils de ChÎl'zâd, demeura vizir environ un mois;il tomba ensuite malade et mourut. Cela se passait en l'année2(j;j (8ï9).VlzmAT D"ounAID ALLÂH, FILS DE SOULADlJ\:'\, FILS DE W,\lIn,AU SERVICE DE ]\JOU 'TAMID'Oubaid Allùh, fils de Soulaimân, fut <strong>du</strong> nombre desgl'ands vizirs et des ITwîtl'es des hommes d'J~taL Il étaittout ù fait supérieur dans son métier, capahle, habile,intelligent, gl'ave.3',8 )Iou'ta


· IIISTOmE DES DY:"ASTIES MUSCDL\:"lES 413on yoil rcculèr les deux pénétranls pal' cxeel1ence : l'épéc ct leJeslin.Lorsque nous éc1ait'enl les lnmières de son visage, on \'oits'éclipser les deux grands luminaires: le soleil ct la lune,Quicon(JlIe n'a pas passé la nuil dans !:l crainte de son nssalllimpHlIeux, ignore encore cc quI.' sont les deux inquiétants:l'en'roi ct la cl'3inle.C'est un homme (lui an'in pal' la supposition à el' que laconslatation \'isuelle est impnissunle à fail'e connailre, elles d('uxlémoins de cc que j'aYUIlCC, c'cst l'homme lui-même ct sa rl'putalion,'Ouhaid ~\Ilàh mOlll'lIt en l'année 288' I!/OOI.Fill <strong>du</strong> règlle de MOlll((l/Iid el de l'adminisfl'ofiollde ses "izirs.XYI. - HÈG:\'E DE MOU'L\QID ~ (279/892-289'P02).\près :\Iou'lamid, régna son neH'lI, :\I()u'ln~lid, (l'list' nommait l\hoù-l-'Abhùs ~\I.lInad, fils de ~I()uwal1'a(1Tall.HI, fils de :\Iolltawakkil.:\Iou'la(.lid était énergi(Iue, intelligent, supél'ieur. Sacon<strong>du</strong>ite fut jugée digne d'éloges, Quand il prit possession<strong>du</strong> pouyoil', toul était en ruines et les fl'ontières ahandonnées.Il s'occupa alol's d'U1H' manièl'e satisfaisante ';11";- 3/,9flll'Ù ce quI' SOli empil'e de'-illlllol'issllllt, "uÏ\'.: 1,,:1' .\L-ATuil:, r:III'onicoll. \JI,31.'9 ct >"'1.


4HARClIIVES MAROCAINESpour les partisans <strong>du</strong> désordre. Il savait mettre un termeà l'avidité de ses troupes s'exerçant au détriment des sujets,et faisait <strong>du</strong> bien à ses cousins de la famille d'Aboi,Tâlih. Son règne fut une époque de calamités et de révoltesde nombreux Khârédjites, dont 'Amr, fils de Laitha~-~affâr 1. La situation de cet homme devint considérableet son pouvoir prit une grande importance. Il s'emparade la lüajeure partie des pays de la Perse. Il avaitcoutume de dire: « S'il me plaisait de jeter sur lefleuve de Balkh un pont en or, je le ferais. Il Sa cuisineétaittransportéesur six cents chameaux. Il a fini, cependant,dans les liens, la captivité et l'humiliation.:\Iou'taçlid s'occupa de réparer ce qui était gâté dansson empire, de maintenir l'équité entre ses sujets, jusqu'àce qu'il mourllt, laissant 2 dans le Trésor plus de 10 millionsde dinârs. Sa mort eut lieu en l'année 289 (902).DE L'ÉTAT DU VIZIRAT sous LE RÈGNEDEMOU'TAJ;lIDCe prince maintint dans son vizirat 'Oubaid Allâh, filsde Soulaimân, fils de V\'ahb 3 , dont une partie de sa biographiea été donnée plus haut. Puis, lorsque 'OubaidAlIâh mourut, Mou'taçlid résolut d'exterminer ses enfantset de confisquer tous leurs biens. Mais Qâsim, fils de 'Ou-1. C'est le deuxième prince de cette petite dynastie des !?afTi\l'ldes, qui,'égna avec lin certain éclat sur une grande partie de la Perse, de l'année2ù-l (= 868) jUsqll'à l'année 290 (= 903), époque à laquelle elle fut l'envel'séepal'Ies Samanldes. 'Amr, fils de Lailh, régna 22 an>;, de 2r.o (= 8i8)à 2117 (900), apl'ès son frère Ya'qoùb. Cf. STANLEY LANE-POOLE, The MohammadanDynasties, pp. 129-130 ; MAS 'oùDI, Prairies d'or, VIII, 200 el suiv. ;voy, allssi l'Index, p, Ill. Voy, aussi la lrès inlél'essanle notke d'IONKIIALLIKÂN, Wa(aydf, éd. Wlislenfeld, n' 838, pp. 53 à 76; 1liN AL-ATlIla, Ch,'onicon,VII, p. 290 et. sui\'.:l, Mou'tar.Jhl a laissé la r('pulation d'un prince li-ès avare, Cf. IIlN AL­AnJiR, Chronicon, VII, 3;;6.3, Voyez ci-dessus, p. 412.


IIISTOIIlE DES DYNASTIES ;I\lJSULMANES H5baid AlJâh, se présenta, fit appel à l'aide de Badr al-~Iou'-ta


Hl;AnCIlIVES IIIAROCAIl"ESLorsque lu vois les Banoû \Vahb dans un local, lu ne sauraisdistinguer, parmi eux, l'homme de la femme;. Car chez eux la chemise de la femme esl découpée par dcyunl,landis qne les chemises des hommes se découpent par derrii're '.Quand Mou'ta


IIISTOIRE DES DYNASTIES MUSUUI.\NES Hivo)'a contre eux des troupes nombreuses, leur livra COIllbatet tua un Je leurs chefs.C'est Mouktafî qui bâtit le Tâdj l, à l'endroit appelé at/­dû,. ac/z-c/u1tyya 2 (la maison riveraine), à Baghd:idz,Le décès de ~Ioüktafî eut lieu ell l'année 296 (908).DE L'ÉT/n DU VIZIRAT sous 1.1> R1~G~E DE )IOUKT,\FÎLorsque mourut ~Iou'l~l(Jid, ~Iouktafî était à Raqf[a.Le vizir Qâsim, fils d"Ou~aid Allâh, se chal'gea alors derecevoir le serment J'illvèstiture au nom de Mouktafî,d'une manière sat.isfaisante. Il lui écrivit pour l'en informer,et lui adressa le manteau et le sceptre. Mouktafi vin talors à Baghdâdz, maintint Qâsim, lils d"Oubaid Allâh,dans son vizirat et lui conféra des sumoms honorifJquef'.Le pouvoir de Qâsim gl'ant1it sous le règne de Mouktafi etsa situation devint considérable. Lorsqu'il fut àu momentde mourir, il conseilla à ~Iouklafi [de prendre comme \"Ïzir]'Ahbùs\ fils de Basan, ~[ouktafi le prit alors comme vizil'.VIZlI\AT D"ADO,\8, FILS DE I,IASAN~oùli a dit: ( Parmi les vicissitudes <strong>du</strong> sort et lesrevirements. des choses, les plus étonnants auxquels j'aie1. Sur ce palais et l'emplacement SUI' lequel il a été construit, voy. lesrenseignements recueillis par M. G. Salmon dans sa thèse SUI' ta topogra·phie. de BaghdAdz: lnll'o<strong>du</strong>cfion topographique à l'hiRtoire de Baghdddzpar GEORGES SAUlON, p. ;;2 et sq. et p. 130 (Fasc. 148 de la Section desSciences histol'iques et philologiques de l'Ecole des Hautes Ellide;;).2. Ce palais appartennil pl'écédcmntent à Dja'far, fils de Yal,1)':1 le 1331'­méki,le. Apl'ès la IHsgràce et la conll8cation des hiens de cette faluille,le khalife Bât'oùn 3r-Hachid le ,(onnu à son fils l\la'rnoùn,


418 ARCHIVES MAROCAINES352 assisté est la scène suivante: J'ai vu 'Abbâs, fils dë I;fasan,au début <strong>du</strong> mercredi, avant la mort <strong>du</strong> vizir Qâsim,fils d"Oubaid Allâh; il s'était présenté à la maison decelui-ci et embrassé la main de son fils. Puis, à la fin dece même jour, Qâsim mourut, et :Mouktaft ayant été revêtudes insignes et nommé vizir, 'Abbâs, fils de .f:Iasan, lefils <strong>du</strong> vizir Qâsim, fils d"Oubaid Allâh, vint et lui embrassala main. »'Abbâs, fils de I;fasan était fin, rusé, très cultivé, maisil était faible dans le calcul. Sa con<strong>du</strong>ite ne fut pas digned'éloges. Il était absorbé par ses plaisirs, pendant queles affaires étaient à l'abandon. Il avait coutume de direà ses lieutenants dans les provinces: (1 Moi, je vous envoiemes ordres scellés i mais vous, faites ce qui estavantageux. 1) Les affaires ne cessèrent pas d'être endésordre sous son administration, jusqu'à ce que I;fousain,fils de J:lamdàn t et un groupe de soldats l'assaillirentet le tuèrent, et cela sous le règne de Mouqtadir(908-932)2. .Fin <strong>du</strong> règne de Mouklafî el de l'adminislralionde ses vizirs.XYIII. -,-- RÈGNE DE MOUQTADIR (295{908-320{932)Après Mouktafî régna Mouqta(lir billâh, qui se nommaitAboû-I-FaÇlI Dja 'far, fils de Mou'taÇlid. Il reçut le1. cr. MAs'OûDI, Prairies d·or, VIII, 2-18-249; InN AL-ATHiR, Chronicon,VIII, 1(1-13.2. I\fAs'oûDi (loc. cU.) donne la date exacte: onze jours avant la On deRabi' 1 de l'année 2tl6 (= 90S).·


lIISTOIRE DES DYNASTIES l\lUSl'LlIIANES 419serment d'investiture <strong>du</strong> khalifat en l'année 295 (908 deJ.-C.) l, à l'âge de treize ans 2. l\Iouqtadir était bienfaisant,généreux, très dépensier. Il rétablit la pompe, les traitementset les payes élevées, l'abondance des cadeaux et desprésents, qui caractérisaient le khalifat. Il y avait dans samaison 11 .000 esclaves eunuques, grecs et nègres. Legarde-meuble des joyaux était, sous son règne, remplide pierres précieuses. Il y avait, entre autres, le chatonen hyacinte, que Rachid acheta pour 300.000 dinârs, et« la perle orpheline» (unique) (fui pesait 3 milllqd/s 3,ainsi que d'autres pierres précieuses. Il distribua tout celaet le dilapida en un très court délai.Sous son règne, fut tué AI-f;Iallâdj ".RÉCIT DE CET ÉVÉNEMENT. - AI-f;IaJlâdj, dont le nomest f;Iousain, fils de Man~otîr, et la kounya Abott-I-Ghaith,était mage d'origine, de la population <strong>du</strong> Fûrs. Il grandità Wâ~it, ou selon d'autres à Toustar. Il fréquenta les~oufls et se lit le disciple de SahP at·Toustari. Il vintensuite à Baghdâdz et rencontra AboÎl-I-Qâsim Djounaid6. AI-f;Iallâdj variait constamment: lantùt, il portait la3531. cr. les Prairies d'or, VIII, 248.2. Ibid.3. cr. DZAHADî, Ta'rlkh al-islc1m, ms. de Pari;;;, n' ]58], f· 58 V' 1. ]i;.4. SUI' cet héréUllue, voy. InN KlfALLII(AN, Wafayal, éd. 'VOstenfeld,notice ]86.; DZAIfABi, Ta'rikh al-isMm, ms. de Paris, n' ]58], r·· 1 v', .. v'.8 v', et 37 ro ; L. MASSIGNON, La Passion d'Al-Hallddj el l'ordre des Ila11l1­djiyya (dans Mélanges Derenbourg, Paris, ]909, p. 311 et suiv.). 1\1. ~Inssignonh'availle à lIne monographie SUI' AI-}JallâdJ, où l'on Il'ouvel'a réunistous les passages des auteurs arabes qui ont trait à la question.5. Ce mystique était un des pl'incipaux élèves de Dzoù-n-Noùn al-l\fi,;,ri,le fameux ~aint musulman de l'Égypte, né en 200 ou 201 1= 815 011 816de J.-C.); il mourut en 273 ou 283 (= 886 ou 896), ft Bn~ra. Sa biographieest donnée par IBN KIlALLlKÂN, Wa{aylfl, notice 280; KIlALiL ibN AIDAKA~-$AFADI, ms; de Paris, n' 2065, r· 113 r.6. 8111' ce fameux mystique, né dansl"h'Aq ct mort en 297 (= 910), voy.C. BnocKEuIANN, Gesch. der urab. Lill. l, 199; CL. HUART, Hisl. de laLill. arabe,2fi9; HAMMER, Lill. Gesch. der Araber, VII, ]243; IBN KHAL­I.IKÀN, Wafalfdl, éd. Wüstenreld, notice 143; enfin on trouve une intéressantebiographie de ce my!'lique dans le manuscrit arabe de Paris,Il' 2133, r· 149, v· (Supplémenl à l'hisl'Jire de Baghdlldz, par InN AD-Dol!­IlAITnl AL-WAsl1·l.)Allen. MAROC. 29


-l50 .\nCIIIYES ;\I.\HOC.\I:'\ESlaine' et les cilices, tanl.ùt les Yêtements teints, tantôt legl'antl tu l'ban et la dourrrl'a t, talltât lu qabrl':\ ct le costumedes sold.ats. Il pal'coul'ut les pays, puis al'I'iy a, crilin de compte, il Baghdùdz et y hùtit une maison. Lesgens curent, il son sujet, de,;; opinions et des cOllYictionsdiffél'cntcs. rI mOlltl'a un mdange de hons ct de mauyaispl'Încipes. Il passa d'un rite à un autre et chel'cha :"\ éga-'l'CI' le peuple pal' des imposhll'es (ou des jonglerh's)auxquelles il recoul'ait délihérément. ,\insi, il cl'eusaitun trou dans le hant d'un chemin et y plaçait une ouh'ecOlltenant de l'eau; puis il faisait un tl'OU dans un aulreendl'Oit et y plaçait de la noul'I'itul'e. Ensuite, il passe pal'cet endroit, ayant avec lui ses adeptes; alOI's, f1uand ilsoal besoin d'eau lit-bas, pour boire et fail't~ leUl's ahlutions,il s'avance, lui, vers r('nell'oit {IU'il a pl'écédemmcnt cl'euséet y fouille a'"ec un hùton muni d'un fel' pointu. Alors l'eausort, et lui et ses amis boivent et font leurs ablutions. Ilagit ensuite de même il l'autre endroit, fluand ils ont failli,35h et fait sOI,til' la noul'l'itllre <strong>du</strong> sein de la tcne, leur faisantaccroil'cqu'il s'agit là. de mil'ac1es


HISTOIRE DES DYNASTIES .MUSULMANESMais, lorsque la coupe eut eil'culé, il fil appOl-LCl' le lapis de.cuir f et le sabre 2.Tel est le sort de celui qui, en été, boille vin avec le Dragon.On eut t1ne telle passion et un tel engouement pour lui,que le vulgai,'e cherchait la guérison dans son urine. Ildisait il ses adeptes: « Vous êtes ~Ioïse, Jésus, )Ioul)ammadet Adam; leurs âmes ont passé en vous. .» Lesravages qu'il commettait ayant pris une grande extension,)Iouqtadil' ordonna à son vizir ~.h\llIid, fils d"Abbâs \de le faire compal'aître et de le sou.mettre il une controverse.En conséquence, le \'izir le fit comparaitl'e, réunitil son intention les qâ(Jis et les illlâms, et la controverseeut lieu. Il reconnut alors certaines choses, flui rendirentsa mise il 1ll00,tobligatoire. Il reçut 1.000 coups de lanières,dans l'intention qu'il en mourrait. l\Iais il ne mourutpoint. On lui coupa alors les mains et les pieds, on luitrancha la tête et on hrt'tla ~on tronc. Au moment de samise il mort, il dit il ses adeptes: « Que cela ne vous effraie 3;;5point, car je l'eviendrai vers vous dans un mois. »Avant sa mise à mort, il récita, dit-on, les vers suivants',:J'ai cherché le pal'adis dans tout pays, maIs Je n'ai vu pourmol, dans aucun pays, un lieu de repos.. J'ai obéi à mes désirs, ils m'ont alol's assel'vi; si j'avais étésobre, j'aurais conservé ma liberté.Cet. événement sc passa en l'année 309 (~)2f i '-'. Le tOlll-1. SUI' ce lapis cil'culail'e destiné il l'ecueillir le snng <strong>du</strong> supplicié, voy.InN' KUALLII;.\~, lrl1d. de Slanc, IV, 20:1, nole .. ; Don, Supplément, Il,883,s. v.2. Pour' le suppliee.3. Sur ce vizil', \·o~·. plU!; loin, p. afi;; <strong>du</strong> lexIe BI·nlle. Il fut nOllllllé viziren 3tH; (= 918). Gf. Les Prail'Ïes d'or, YIII,2ï3el Ta'l'ŒII al-isldm de DZAIIAllim",. de Pal'Ïs, n° 11;81, fo -1 1'0 qui donne dïnlér'l''''",anl", délnils. '4. Ces VÇI';; ;;onl donné,; pal' DZAIL\lli, manllSCI'j{ dlé, f' fol \".5. Celle date e;;l confil'mée par DZAtlADi, ms. cité, loc. lalld.


-IJ2ARCIIlVES ]l1.\ROCAJ~ESbeau d'AI.Hallâdj est il Baghdâdz, sut'Ia l'ive occidentale,près de la chapelle élevée sur le tombeau de Ma'roM al.Karkhl t ('lu'AlIâh soit satisfait de lui 1)2A cette époque, les Qarmates arrachèrent la piet·r~·noire, qui resta entre leurs main!? pendant plus de vingtans, jusqu'au jour où elle fut restituée par l'entremise <strong>du</strong>charif Yal,lJâ,3, fils de f:lousain, fils d'Abmad, fils d"Omar,fUs de Yabyâ, fils de 1;Iousain, fils de Zaid, fils d"AH, filsde fJousain, fils d"Ali, fils d'Aboù Tâlib (sur eux soit lesalut !).Sache que le règne de JIouqtadir fut un ('ègne pleinde désordre, il cause <strong>du</strong> jeune lige <strong>du</strong> souverain et del'empire que sa mère, ses femmes et ses serviteurs avaientsur Jui, pendant que lui-même était absorbé dans lavolupté. Aussi, sous son règne, l'cmpil'e fut-il en ruines,le trésor vide, le désaccord général. Mouqtadir fut destitué4, puis restauré, puis tué.356 A cette époque, apparut la {lynastie Fâ~imide" au:\Iaghreb.I. Li,'e ~•./;j\, f.:8n,:; "':" conh'airernenl :lUX éditions. fi s'agit ici nonpas <strong>du</strong> p3l'licipe pas;:if JJ~, qui exige 3pt'ès lui l'emploi de la [lI'éposiUon"':""mais d'urt nom propre, ,",uivi d'un ethnique et qui nOn <strong>du</strong> pMficipepa;:f',if que la forme. JI' doi;: lljoutel' que le mènul;ct'it (fa 201U, rerto;n'a pas le "':'" Mn'roM étnit un fameux dévot de Baghdâdz, où i111ccoroplil,dit-on,de nombreux mil'acle8. Son lombellu y estlrès vénéré, JI e"t enll',...éau cimetière dit de nAb ad-Doit' (porte <strong>du</strong> Couvent). Cf. SADIOI'I, Intro<strong>du</strong>clionlopographique li l'hisloire de BoghdI1d:, p, 168 et passim. l\fa'rOlif N:litd'origine e1u'étienne. Mais il refu"a d'accepter le dogme de la Trinité elmême de lll'ononcer seulement le chjfTl'e I,'ois, Finalement, il se conyet'li!.à l'islamisme et finit par y convertir ses parents, cr. IBN KlIALLIK.ÂI'I, lVa­(aytlt, nûlite 739; IIAmllm-PCIl(;STALL, LilferutuI'gesrhicflfe der Araber, III,23~,2. Cf. le récit d""N AL-ATHÎIl, Chronicoll, \"111, \12-9",3. Cf. l\f..\s 'o':n(, P"(Ii"ies d'or, "", 75; 1111'1 AI.-ATIIIII, op. ci/., VJ, !llO (ils'agit ici de t;lm "i,;aïeul).~. En l'Imnée 317. cr. 1111'1 AL-J\Tllin, Chl'oniron, VUI, tH.5. En dellol's des Hisloil'es glmél'ales, on peut consuller sur l'eUe dynnslie:John Nicholson, An Aeeount of Ihe cstablishmenl of the FafimUe dl/nos-


HISTOIRE DES D\'NASTIES MUSULMANES4,,3HISTOIRE ABRÉGÉE DE LA DYNASTIE'ALÎDE,DE SES nÉnUTS ET DE SA FINCette dynastie eut un vaste empil'e et une longue <strong>du</strong>rée.Ses déhuts coïncidèrent avec l'apparition <strong>du</strong> Mahdi auMaghreb, en l'année 296 (908) ; elle prit fin en l'année 567(H71).Peu s'en est fallu que cette dynastie n'ait exercé' unempire universel et que les peuples ne se soient trouvéssous sa domination.C'est à elle que le charif Riçla al-MolÎsâwi t (qu'AlIâhsanctifie son âme !) fait allusion dans les vers suivants:Pourquoi reslerai-je dans l'humiliation quand je possède unelangue acérée él un nez fier;Quand mon orgueil me fait planer bien 16in de l'oppression,comme un oiseau sauvage plane dans les airs?Pourquoi supporterai·je l'injustice dans le pays des ennemis,alors qU'à Mi~r règne le khalife 'AItde (Fâ~imide)"Celui donUe père esl mon père, dont le déCenseur est mondéfenseur, lorsque je suis opprimé par un ennemi, même leplus éloigné.Notre origine à tous les deux se confond dans les deux seigneurs2 de Loulle genre humain, l\fou~ammad et 'AIr.Vivre abaissé dans ce pays-là esl pour moi enCOl'e un honneur,el y souffrir de la soif m'esl aussi doux que reau en abondance.tic in Afric, Tubingue and Bristol, 1S40, in-S" ; F. WÙSTENFELD, Ge8chichleder Falimiden Cha/i{en; DE GOEJE, Mémoire Bur les Carmales <strong>du</strong> Bahrainel Bur let Fatimides, Leide, 2" édition, 1890; PAUL CASANOVA, les DerniersFatimides, dans les mémoires publiés par les membres de la Missionarchéologique française au Caire, t. VI, pp. 4lli-Uo; MAQRlzI, Ki/db itti'd;al-I}unafd bi-a1rJlbdr al-aïmma al-1Chula{d (Fatimidengeschichte), éditionHugo Bunz, 1909.1. Sur ce poète, voy. ci-dessus, p. 208, note 2. Sur ln formule quiaccompagne son nom, CH. CLERMONT-GANNEAU, Recueil d'archéologie orien·tale, VII, pp. 200-201.'2. Lisez le <strong>du</strong>el I~. cèUe correction est d'ordt"e tout à fait paléographique,l'altf <strong>du</strong> <strong>du</strong>el disl18raissant très souvent devant celui de l'article.D'ailleurs le ms. porte cette correcl.ion de la main de "autenr. .


-tG-tAnCHIVES MAROCAI:\"ESDhlUTS DE LA DYNASTlE'F'\TlllliDE. - Le premier khalifede celte dynastie est ~Iahtlî billf\h, qui se nommait ,\hOlIMouJ.Jalllmad 'Oubaid Allûh, fils d'Al.JInad, fils d'Islllâ'il, hitroisième <strong>du</strong> nOlll, fils d'AIJntad, fils d'lsmâ'H, le deuxième<strong>du</strong> nom, (ils de MoulJammad, fils de Isnulïl al-.\:'radj IJeboiteux), fils de Dja'far al?'~âdiq (sm' eux soit le salut !).Leur généalogie a été quel


lIIHTOIRE DES DY:-;ASTIES ~1t.:SULMANESapl'ès l'autl'e, jusqu'ù ce qlle le tour arrivât ù '''(.lid " ledel'nier khalife fùlimîde, et (pli f;'aplH'lait Abot'! ~Iou­I)anunad 'Abd AlIâh, fils de n~lIIil' Yot'!souf, fils d'I.I:Hi


456 ARCIJIVES IIIAROCAINESvoir, et sa famille l'ayant rejoint, il leur donna les plusbeaux fiefs. Il écarta les' partisans d"Agid et garda seulle pouvoir 'A(Jid tomba malade, et ses maladies furentbien longues; puis il mourut en 367 (H71 de J.-C.). Lesgens s'abstinrent de désigner celui qu'on proclameraitkhalife sur les minbars (chairs). Lorsqu'arriva le vendredi,un homme. persan gravit le minbar, fit la khollfba(prône) et mentionna le khalife MoustacJi. Personne neprotesta contre lui, et l'on continua, à :Mi!;!r, à· faire la.khaufba (prône) au nom des 'Abbâsldes. La dynastie tlesFâtimîdes s'éteignit dans ce p.ays, et 1;ialâl,I ad-D'n Yolisouf,fils d'Ayyoûb, devint le souverain indépendant del'ltgypte, sans compétiteur. Il mit en prison ceux desproches d"Âçlid qui s'étaient tenus à l'écart et fit mainbasse sur les trésors et les richesses, au nombre desquellesse trouvait Il la montagne de jacinlhe )) l, dont le poidsétait de 16 milhq(lls. « Je l'ai vue, dit l'historien Ibn al·Athir, et je l'ai pesée. » De ce nombre était enCOl'e unmanche de couteau en émeraude, d'une longueur de quatre359 doigts sur une largeur d'une phalange 2. On trouva aussiun tambour près de l'endroit où restait 'Âgid, et l'on crut(IU'il a été fabriqué comme objet d'amusement. On raillaalors 'Â


IIISTOIRE DES DYNASTIES MUSUDIANES ,Hi1L'un d'eux le jeta alors de sa main et le hrisa. Et l'ontrouva que le tambour avait été fait pour [soulager] dela colique. On se repentit alors de l'avoir bl'isé.Ces événements se passèrent sous le règne <strong>du</strong> khalife'abbâsîde Moustac.li '. Les bonnes nouvelles annonçantla conquête de l'Égypte et la célébration de lakhoutba en son nom dans ce pays parvinrent au khalife.Il manifesta publiquement sa joie, il. Baghdâdz, et lespoètes le complimentèrent. ~{oustac.lî adressa à ~alâl~ ad­Dln le diplôme d'investiture <strong>du</strong> sultanat avec pleins pouvoirs2 et délégation générale 3, Gloire à celui qui donnele pouvoir à qui il veut, et qui l'enlève à (lui il lui l'lait4!Revenons à la fin <strong>du</strong> khalifat de Mouqtadir.Mouqtadir fut destitué et 'Ahd Allâh, fils de Mou 'tazz\reçut le serment d'investiture. Celui-ci demeul'a un seuljour khalife; Mouqtadir l'emporta sur lui et, l'ayant pl'is,le tua. 'Abd AlIâl), fils de Mou'tazz, ne fut pas compté aunombre des khalifes, à raison <strong>du</strong> peu de temps pendantlequel il fut investi <strong>du</strong> pouvoir.Il y eut entre Mouqtadir et Mou'nis al-Mou?-affar n,l'émir des troupes, une dispute, qui amena une guerre,dans laquelle Mouqtadir fut tué. Sa tête fut tranchée et portéedevant Mou'nis al-Mou?-affar, et son cadavre demeuragisant sur le haut de la route. On raconte qu'un homme, 360marchand de fagots d'épines, passant auprès de lui, vitsa nudité à découvert et jeta alors sur lui un fagot d'épinesdont il le couvrit. Cet événement eut lieu en l'année 320 i(932 de J .-C.).1. Voy. plus loin, p. 428 <strong>du</strong> texte arabe. ..;;2-8. Termes, empruntél:l à la langue juridique, au [iqh4. Qoran, III, 25.5. En dehors des traités d'histoire, voy. d'uut.r·es références sur cekhalife d'un jour dans nROCKELMANN, Geschichle der araliischen Lilteraful',1, 81, et notamment la monographie de 1\1. O. LOTIJ, Uebcr Leben undWerke des 'Abdaflah ibn al Mu'tazz, Leipzig, 1882.6. Sur ce fameux eunuque, voy. l\f.o\s'oùof, Prairies d'or, \"l1J, 2i4 etsuiv. et Index, p. 210j IBN AL-.\TJJfIl, Chronicon, VIII, 123 et suiv.7. Au mois dr. Chawwdt, le mercredi 27 (= 31 octobre 932). cr. les3 3


AIICJII\'ES 1\I.\1I0CAINESmSTOIRE DU VIZIRAT SOUS LE nÈGNE DE 1II0UQTADIRLorsque Mouqtadir s'assit sur le trone <strong>du</strong> khalifat, ilmaintint 'Ahbâs, fils dè f:lasan, le vizir de son frère~Iouktafi, dans son vizirat. LOI'squ'Ahbâs, fils de Basan,fut tué et que la guerre eut lieu entre Mouqtadir et 'AbdAllâh, fils de Mou'tazz, Mouqtadir triomphant fit venir Ibnal-l'ourât et l'investit <strong>du</strong> vizirat,vlzmA.. D'IBN AL'FounÂT 1et la générosité, Son époque fut une série de fètes« La famille de ce vizir, dit ~Oj'llj, est originait'e de ~arjfjll2, dans la province de DoudjaiI. Les Banoù-l-f:oUl'âtétaient <strong>du</strong> nombre tIes hommes les plus distingués, parle mérite, la générosité, la capacité, le respect de la paroledonnée, la grandeur d'âme. » Aboû-I-f:lasan 'Ali, fils d'al­FOUl'àt, dont il est ici question, était un hOlllme des plusdistingués, des plus éminents par la noblesse <strong>du</strong> carach~J'epour le peuple.Lorsque Mouqtadir f~t victime de la révolution et des-Prairies (for, YIII, pp. 248 cl 2;4. DZAHADi, Ta'rtkh al-lsldni, ms. de J'a1'i!',n" 1581, r" !la, l'" v· cl, ;:ul'lout le;: folios 58 et 59, où cel événement c!'I raconléavec de nomlu'cllx détails. Ill:'" AL-ATItiR, ChronicolI, Vrrl, I7H el suiv.1. Sur ce vizil', voy, unc inlél'e,;:sanle notice dans InN I\HALLII\,;':", l1'a­("!lm n° ~98. Sur' CCfl disgl'1icc,.; succcssives et finalement S3 mOl't;IJZAIIA/li, Ta'rtkh al·/shlm, IlIS. cHé, l'" 51 V O 52 r O , Les P,'airies d'ol' nedonnent alleun di~t3i1 SI1I' ce gl'and viziI' el se bomenl il rappelel' qu'iloccupa lt'ois fois le pouvoÏ!'. cr. t. YII I. p, 2ï3. !\lai,;: voyez, pat' conll'e, denombreux détails ùan,.; 10:-; AL-ATllin, Cfll'onicolI, YIII, pp. S, 4;, ij), ;2,81,lOI, 109.2, Deux boul'gs portent ce nom, l'un dont il e!'1 question ci-dessus. "Huép"ès de Baghdildz, l'aulre près de 'Yilsi!. Cr. SuyofTi, Loubb al-LoIIMb,p. 161; YAQoùT, lIfoll't1jal/l, 8. Y.


IIISTOIRE DES DYNASTIES ~fUSUUI,\NEStituë, tandis qu'Ibn al-mou'tazz recevait le serment d'investiture,dès qu'il triompha de son adversaÏI'e et quïlse fut affermi dans son khalifat, il envop un message ilAboù-l-l;Iasan 'AH, fils d'al-Fourât, le fit venir, l'investit <strong>du</strong>vizirat et lui en remit les insignes. Cc vizir s'occupa alOl'sd'apaiser la guerre civile, de la meilleUl'c façon, mit l'OI'dredans le gouvernement en un seul jour, posa les principesfondamentaux, se concilia la population et ne passa pointcette nuit que tout était l'entré dans l'ordre en faveur de 36)l\louqtadir, dont l'empire se trouvait en parfait état.C'est à ce sujet qu'un poète <strong>du</strong> règne de~Iouqtadirdit:Tu as mis, en une heure, l'ordre dans un empire. qui umailpériclité " enlJ'e les mains d'un autre que loi, pendant des mois.Ibn al-Fourât fut im"esti <strong>du</strong> vizirat à trois l'epl'Îses, etau sCl'vice de ~Jouqtadir. Quand Ibn al-Fourùt, dit-on,prenait possession <strong>du</strong> vizirat, la chandelle, la neige et lepapier augmentaient de prix, à cause <strong>du</strong> gr:!nd usage ({ui enétait fait à cette occasion. En effet, aucune personne, quellequ'elle fût; ne buvait chez le vizir, pendant les trois saisons2, si ce il'est de l'eau glacée~. De même personne nesortait de'chez le vizir, après le coucher <strong>du</strong> soleil, sansêtre précé~lé d'une grande chandelle fine, qu'il s'agit d'lIlljeune ou d'une grande personne. Enfin, il y avait dans lamaison <strong>du</strong> vizir un cahinet, connu sous le nOIll d(' (( cabinet<strong>du</strong> papier ll, où toute personne qui entrait chez le viziret avait besoin de papier prenait ce qui lui était nécessaire.On a raconté, au sujet de cevizir, qu'il aurait dit: ( .Je1. Je crois qu'i1 "aut mieux, tluns le eus présenl, eonsidél'cr le '-:'" commeindiquant l'instrument, plulùt lJue rendant IJ'an,,:i1if le veJ'lJc (plÎ le préeède:~. Voy. le texte arabe, p. ~".2. Printemps, été, automne.3. Cf. InN KIIALLII"l:"l', op. cil., notice 498, p. !J5.


46Ô . ARCIllVES MAROCAINESn'ai jamais vu, il ma porte, une personne ayant besoin dequel(lue chose, sans que ma préoccupation de lui faire <strong>du</strong>bien fût plus forte que la sienne. » .Avant d'être investi <strong>du</strong> vizirat, il avait coutume demettre à la disposition de ses compagnons et de ses COIllmensaux,des coussins sur lesquels ils s'appuyaient. Lorsqu'ilfut investi <strong>du</strong> vizirat, les valets de chambre n'apportèrentpas' ces coussins aux commensaux et aux compagnons.Le vizir désapprouva leur con<strong>du</strong>ite et ordonna362 d'apporter les coussins. Il ajouta : I( Allâh ne me verrapas m'élever en dignité par rabaissement <strong>du</strong> rang de mesamis. ))Lorsqu'eut lieu la révolte d'Ibn al-Mou'tàzz et que,ayant triomphé, Mouqtadir eut investi <strong>du</strong> vizirat Aboû-l­I)asan, fils d'al.FourAt, on présenta au vizir des placets éma·nant de quelques-uns des gl'ands de l'Empire, indiquantleur.sympathie pour Ibn al-Mou'tazz et leur éloignementd'al-Mouqta dir. Un des assistants conseilla au vizir d'ou_vrir ces placets et d'en prendre connaissance afin de savoirdistinguer, par ce moyen, l'ennemi de rami. Mais Ibn al­FourAt ordonna d'apporter un brasero contenant <strong>du</strong> feu,et quand on l'apporta, il y mit ces placets en présence 1des assistants, sans en lire quoi que ce soit. Il dit en·suite aux assistants : Il Ces papiers émanent des grandsde l'Empire; si nous en avions pris connaissance, nosdispositions à l'égard de ceux qui les ont écrits se seraientaltérées, de même que leurs intentions à notre égard. Etalors, si nous les punissons, nous ferons périr des hommesutiles au gouvernement, et il en résultera une très grandefaiblesse pour le royaume. Si, au contraire, nous les laissonstranquilles, nous les aurons laissés, alors que, dechaque côté, les intentions se sont altérées, de sorte quenous ne pourrons plus nous servir d'eux. »1. Lire~. "


fIlSTOIRE DES DYNASTIES MUSI.ILMANES 461Ibn al-Fourât ne cessa pas de revenir au vizirat jusqu'àla troisième fois, où il fut pris et Ulis à mort, et cela enl'année 312 (924 de J.-C.).VIZIRAT n'AL-KHÂQÂNiIl s'appelait Abo!', 'Ali Moubammad, fils d"Ouhaid AIIâh,fils de Yabyâ fils de Khâqân '.Lorsque Mouqtadir arrêta Ibn al-Fourât, lors de sonpremier vizirat'!, il fit venir AI-Khâqânt, (lui craignait Ibnal-Fourât, le rassura, le prit comme vizir et lui remit lesinsignes <strong>du</strong> vizirat.Al-Khâqârll était d'une con<strong>du</strong>ite et d'une adrninistra- 363tion déplorables. Il abusait des nominations et des desti·tutions, Ilnomma, dit··on, en un seul jour, dix-neuf gouver'neUl'spour la ville de KoMa, et reçut de chacun d'euxun cadeau. Ils se mirent en route l'un après 'l'autre,jusqu'à ce que, s'étant réunis à un point de la route, ilsse dil'ent : « Comment allons-nous faire?» L'un d'eux dit:« Si vous voulez agir selon l'équité, il convient que seulse rende il KoMa le dernier d'entre nous qui a vu levizir, C'est lui dont l'investiture est valahle, car personnen'est venu après lui. » Ils se mirent alors d'accord làdessus,et l'homme qui était arrÏ\'é le dernier se dirigeaVel'S Kotîfa, tandis que les autres revinrent trouver levizir, qui les répartit dans un certain nombre de fonctions.Les poètes composèrent contre lui des épigrammes.Voici ce qu'on a dit contre lui, entre autres choses:Depuis que lu es arrivé au pouvoir, les bureaux se lamentent1. La biogl'aphie de ,ce vizir est d?n~ée, d'après ~olÎli, pal' DZAluni,Ta'/'f/rh al-fglt1m, ms, cllé, C· 66 V" et mCldemmenl C· 52' l'•. InN AL-ATH!R,C!rronicon, VIII, p. 47 et suiv.2. Celle première disgrâce eul lieu en 299 (= 911 de J .-C.). CC. les Prai.ries (['or, VIII, 272 el DunA"!, op. laud" C. 66 v· i InN AL-ATn!n, Chronicon,VIII, p. 47. .3 3 •


ARCIIIVESMAROCAI:'(ESel. les l'CCCIles <strong>du</strong> khardàj sont atteintes d'une longue maladie "LOl'sque les g-raves affaires te visilenl., elles sont reçues par I.on801 2 jugement. ell.a pauvre intelligence.Si vous 3 avez pu engr'aisser par la pertidie el l'injuslice, rappelez-vousque la hauleUJ'~ s'accompagne d'un COl'pS maigre.Yoici ce qu'on a dit encore contre lui:36!1.C'est un viz.il' qui ne se lasse pas d'NI'c impudent: il nommeil une fonction, puis en destitue une heme après.-Il l'approche celui Jonl il a reçl1 de l'argent cl éloigne celui(lui l'implore au nom de l'inlel'cession <strong>du</strong> Prophète;;.Lorsque les porlems de cadeaux corrupleurs arrivent auprèsde lui, le plus considél'é panni eux est celui.donl le cadeau estle plus riche.)Iouqtadir le (il IU'l'êtel' et meW'e en prison 6, et investit<strong>du</strong> vizirat 'Ali, fils d'Îsâ, fils de bjarrâl) 7,1. IB:'of AL-ATllin (C/zrollicoll, VII l, p, -18) l'uconle, en cITe!', que ce YizÏl'IIC lisait jnmai,;: III cOl'l'cspondanee flui a1Th'ail au diwl\ll el s'occupaiimcdiocl'elllcllt de la l'elltl'ce des impùt,;:.2. LiUél'alement: nwiY"e, cllélif. Mais vo~·e7., a"ec le sens que nous:",ons a<strong>du</strong>pté, le mol ::..l.:i. chez Do7.Y, 5iupplélll/'111 aux DicliOllllair/'sarabes.3. L'auleul' emploie indilTél'cmmenl tanlM le singulier, !,anlù!' le plurielde la 2' pel';;onne; c'est un délail aUlJuel on ne l'egal'de pas trop l'II:lI'nbe,4, Il l'nul entendl'e ce mol au pl'opl'e cl au ngul'é..;. Ce "el's manque tian,; Ill:\' AL-ATllin, Cltrolliroll, VIII, p, 4H.fi. Le 10 moul.lmTlIIn :101 (= li aotH 913 de J.-C.). Cr. IIlAs'ut':nÎ, les P,'oiriesd'ol', YlI, 272; DZ.\UAIlÎ, "l(/1lI1,~c,'il cilé, r· l!6 "', lignes lfi-HL Il moul'uten Rllhi' 1 312 (= juin lI:!!. cr. DZAltAIli. loc. cil. La hiogl'l\phied"AIi nt"d"ls:\ esl donnée pat' DZ,\IIAUi. ti la tlale tic sa 1ll0l'tl33t = !115 de J.-C.)lU;;, cité Co 173 1"-\''',7, Ce premicl' vizil'at d'Ihn 1:1\'1)';a 1'1':\1) eullieu le mm'di 11 mol)31Tl:lmHOI (= 18 uuùl !1l3:', le lendemain de ln tle"LiIulion d'.\I-li:h:Jrlùni. Cr. lesPmi/'ies d'or, '"111,272, in (ine, ~Iais scion 1J7..\IIAIlÎ (Ta'rili al-lsMm, manusc!'Ïtcité, f' 6l! v'), 511 nomination cul lieu le jouI' mème de la deslilulionde ;;011 successeur" c'est-ti-dil'e le 10 mo\'ulI'\,nm 1= li aOlit 913}. Il avnit,~té mandé expl'es;;élllcnf dl' la "ee'lue où il ,,1' Imm'ait. (;f. fil:'! AL-ibnin,Cill'OllicOll, VIII. 51. IYa1'1'01" cclallleut', c'c,.:1 l'eullufJue Mou'lIis 'lui ,Ii'chlllde sa nominatiun, !junnt nu khalife, ,..un inlcnlion était alol's de rappell'I'Ihn al-FoUl'à!.


mSTOIRE DES DVXASTIES MUSULlIIA:"ESnZJRAT D"ALÎ, FILS D'ÎS,\, AU SEn VICE DE MOl1QTADIR'.\li, fils d"Îsâ, était un mail1'e comme homme d'J~tat.C'était un homme supérieur, religieux, scrupuleux,menant une Yie d'austérité et d'abstinence. « Je ne sachepas, a dit ~oùli, que les ';\bbùsîdes aient eu un vizil' quil'essembl:it il ..\li, fils d'lsâ, quant il son abstinence, sachastetê. sa· connaissance p~\l' cœUI' <strong>du</strong> Qoran, sa science<strong>du</strong> sens intime de ce livre, son habileté comme écrivainet comme calculateur, ni llui ait fait autant (l'aumônes et


ARCHIVES MAROCAINESles griefs depuis l'auhejusqu'à l'heure <strong>du</strong> 'asr l • Il se hornaà la nourriture la plus frugale et au vêtement le plus365 grossier. Il fut investi <strong>du</strong> vizirat, au service de Mouqtadir,à diverses reprises, Lui et Ahoû-l-l:Iasan 'Ali, filsd'al-Fourât, se succédaient à tour derMe au vizirat, tantôtcelui-ci, tantôt celui-là 2. 'VIZIRAT DE ~AMID, FILS D"AnnÂsl:Iâmid s'était toujours occupé de l'administration finaficière<strong>du</strong> Sawâd; il n'avait aucune expérience de la compiah,ilitéfinancière de la capitale. Il était généreux, trèscharitable, magnifique, d'un commerce agréable, maitrede lui, très galant homme. Il était, par contre, d'un cœur<strong>du</strong>r pour extorquer l'argent, peu persévérant, prompt àperdre patience et à s'emporter, mais sa générosité faisaitpasser tout cela inaperçu.On a raconté à son sujet qu'il entra une fois au palaisde Mouqtadir, et l'un des courtisans <strong>du</strong> khalife lui ayantdemandé de l'orge pour ses montures, le vizir pritl'encrier et lui signa un hon pour 100 kourr 3. Alors, unautre courtisan lui dit: 1( Moi aussi, j'ai besoin d'orgepour mes montures. » Et le vizir de lui signer un bonde 100 kourr. "Les courtisans <strong>du</strong> khalife ne cessèrent pasde lui demander l'un après l'autre, et lui de signer, jusqu'àce qu'il eut distl'ibué 1.000 kourr en une heure. Aussi,I. Entre 3 â 4 heures de l'apl'ès-midi, selon la saison. C'est à ce momentque s'accomplit la 3' prière de la journée, en rtuatre rak'a.2, C'est ici que se place le second vizirat d'Ibn al-Fourât, qui occupacelte deuxième fois le p(luvoh' le 8 Dzoù-Hlitldja 304 (= 1" juin 917), lejour même de la destitution de son prédécesseur. 1\ fut destitué luimêmeenviron deux ans apl'ès, en Djollmddd l, 306 (= octobre 918}. C'estalors que IJàmid al'riva au pouvoir. cr. les Prairies d'or, VIII, 273.DZAIJAIlI, ms. cité, r o , 3 VO el· 4 ro; InN AL-Anlin, Chronicon, VIII, 72-73 et81-83.3. Mesure de capacité pour les matières sèches, en usage dans l''Jràqérluivalenle à six chm'ges d'tlne.


IIISTOIRE nES nYN.\STlES MUSULlIIANE:; 465lorsque Mouqtadir connut le peu d'intelligence de I-;Iâmidet son manque d'expérience des affaires <strong>du</strong> vizirat,il fit sortir, pour lui, de la prison 'Ait, tils d"tsâ, filsd'al-Djarrâb. ét le lui adjoignit, en fais.ant de lui une espèced'assesseur <strong>du</strong> vizir t. En sorte qu"Ali fils d"Isâ, parsuite de son expérience, était le principal; tout ce qu'ilconcluait se réalisait, et tout ce qu'il dénouait cessaitd'avoir aucune force. Nominalement, le vizirat appartenaità I-;Iamid et, effectivement, à 'Ali, fils d"fsâ, au pointqu'un poète a dit:Dis au fils d' 'Isâ une pamle qu'accepterait Ibn Moudjâhid 2 lui- 366même:1( C'est toi qui es le vizir; et l'on s'est simplement moqué dela barbe de I;IAmid.(IOn L'a placé auprès de luP pour cacher [son incapaciLél etpOUl" remédier il une chose en mauvais état.1( Si tu en doiItes, demande-lui combien un et un font-ils. "Ijâmid portait le vêtement noir 4 et s'asseyait sur lecoussin <strong>du</strong> vizirat, tandis qu"AIt, fils d'·'lsâ, s'asseyait devantlui comme un assesseur, sans porter de vêtement noirni rien <strong>du</strong> costume des vizirs; mais, en réalité, c'était luile vizir. C'est ce qui a fait dire à un poète!':Plus étonnant que tout ce que nous avons vu est la présencede deux 'vizirs dans une même ville.1. Cf. les pralril's d'or, VIII, 273, lus Al.-ATHln, Chl'onicon, VIII,83.2. Tl'aditionniste célèbre par son exactitude scrupuleuse, mort vel's Hi~= 735) Cf. LoUIS CIIEIKIIO S. 1., Mddjdnt; VII, p. 659.3. Je lis lS.J..~


ARCIIIVES MAROCAINESCelui-ci esl un coslume noil' sans vizir, el celui-là esl un vizirsans coslume noir "l:Iâmid fut ensuite deslitué, et MOtHJtadir prit comme vi.:zir, après lui, 'Ali, fils d'al-Fourùt, auquel il remit l'ancienvizir, 'Ali, fils d'al-Fourilt, le tua secrètement~,,',\ ( AVIZIRAT Il ABOU-L-QASIM ounAID ALLAH, FILS DE 1II0qI.UDL\D,FILS .,'·OCBAID ALLÂn, FILS DE YA~l'd,}-'/l,S DE IUL\Q.hSon vizirat ne fut pas long, et il n'eut pas une histoiI'eméritant d'êLt'e relatée, ni .mise pal' écrit. Les événementsayant été plus forLs que lui, il fut contt'nint de payer unecertaine somme, puis destitué. Il mourut en l'année 312(92 11);~,367 VIZIRAT O'ADOÛ-L-'ADnÂs AI,IMAO, FILS O"OUBAlD ALLÂtI, FILSD'A~IMAD, FILS D'AL-KIIA!?În, AU SERVICE DE MOUQTADIRCe vizir ft avait une bonne culture intellectuelle; il étaitd'une intelligence supérieUl'e, bon calligraphe, éloquent,et citait de jolies anecdotes et de jolis vers, La cause de1. Ce "el's e"l h'a<strong>du</strong>il d'une manihe plu!": libl'e, dans Bozy, op. cil., 1, 6H9,2. C'est le lroi"j(\me vizirlll d'Ibn nl-FourM, 'lui commença en Rabi' Il311 (= juillet !lt31. Ct'.lo:'i KIIALLI"ÀN, Wa(aydf, notice -I!lS, p, !Jil, C'eslle HIsd'Ibn al-Fotmit 'lui (un I.làmid, ainsi llue cela est raconté ell délail pal'DZAIlAni, Ta',.;/i/r (I1-1sMm, manuscl'it cité, r· 5t l" el. surtout fo. 61 1'''·62 l",où l'on trouve une intél'l,,.snnte noticc sur f.Iâmid, Voy. aussi III:"! AL-ATlliR,Chronicon, VIII. pp. 81 el 101 et suiv.3. IYapl'f\s DZAlI.\lJi, m,,;. cité, [0 53 V' 1.. ln, Ibn 1\h(\(lân ne mourut pasà celle date, rnnis en Hndjnb au (=septembre !):!Ii), Depuis 313 (925) il élailcn prison, dans l'on domicile par ol'dl'C d'Ibn al-Kha~ib, SOli successeur.::;11 biogruphie e:"l tlonn(\e' par DZ..HI.\1J1, f" 72 V", " Y e>:il nommé 'Ah,la!lùh.Ue même dans les P,'airies d'or, VIII, 27, et fox AL·A'rHiR, C/rronicoll, VIIl,110 el suÏ\'. eL ilfi,4. Il l'ul appelé :lU vizil'at en 313, iJprè!" ln 1I1':"lilulion d'Al-I\:Jlli'I:\nl, lluifuI remi,; en!J'e se,:; mains el eul à soulTl'Ïl' de se,:; mauvais trailements.cr, UZAIlADi, Ta'ril"'l al-lsMm, ms. cilé, l" 52 v', 1. 2 ; III~ AL-ATlliR, (;/r,·onienTl,VIII, Il. lili, SOli gl'anlf-père :l été également vizÏI' de Mounta!7ir.Voy, ci·de"sus p. H6 ct cr. l'lAs 'oeuf, Prairies d'or, VII, 2%-299, 302.


IIISTüIRE DE" IlY",\STIFS )1t"SI1UI.\:\ESson arrlvee au pouvoir' fut.unp circonslancc 10llt l'xl 1'(101'­dinaire, dont voici le récif. Aboli-l· 'Ahh:is SIISIIOlllmè faisaitla COUI' aux amis dt, Mouqta


4(;8 .\ RCII/VES MAROCAI:\'ESVIZlllAT n'ABOO 'ALi I\IOUl1.\MMAO Jn:'l MOUQLA,AUSEIWICE DE l\IOUQTADIR tCe vizit, est l'auteur de la belle écriture hien connue,et dont la beauté est devenue pt'overbiale. C'est lui qui,le premier, inventa cette écritUl'e et l'emprunta ail s)"stèmekol1fiqlle pOUl' en faire le système actuel 2. Il futensuite suivi par Ibn al-Bawwâb :J •.\u début, il tTavaillait dans un des bureaux administl'3­tifs, moyennant six dinârs pat' mois. Ensuite, il s'attachaà "\hoû-l-l;lasan "Ali, fils d'al-Fourât~, le vizir, et devintson intime. Or Ibn al·Follràt était comparable il la mel' enbienfaisance, el en générosité. Il éleva donc son rang etaméliora sa position. Ibn 'Mouqla demeura alors à son service,lui présentant des placets ayant trait à des affairesimpol'tantes intél'essant la population, et tirant .lui-mêmeprofit de ce chef. Ibn al-Fourilt lui ordonnait de pel'cevoit,des taxt'ls de ce côté, dans le désir de le faire gagner.Il ne cessa pas d'êlt'e ainsi jusqu'à ce que sa situations'élevât et que sa fOI'lune augmentât. Lorsqu'Um al·Fourâtfut investi <strong>du</strong> vizi['at la seconde fois, Ibn ~Iouqla pritpied solidement dans son administration, sa positions'éleva et son influence g['andit. Satan jeta ensuite la dis·\. Ce vizir ne succétla pas immédiatement à Ibn al-Kha~Îh, mais après'Ali ibn 'Îs;', qui occupa une deuxième fois le vizirat, ainsi rlue cela est'signalé d'un mot par MAS'OIlOi, !'l'air'ie,ç d'or, VIII, 278 in fine, et pllrDZAIIAUi, op. lmld., f· 52 vo,·1. 16. Ail ibn 'Îsil. demanda lui-même à êtrerelevé de ses fonctilms en 316 (= 928 de J.-C.). DZAHADÎ, op. cil., r o 54 "0,1. 20-21. C'est alors qu'lhn l\fouqla al'l'iva au pouvoir. Voy. Ill!'! AL-ATllin,Ch/'onicon, VIII. 119 et 133.2, Voy. sur c'elte question PHILIPPE BERGER, Hisloire de i'écrilUl'e dansl'antiquité, p. 2!Jl.:1. Ce célèbl'e calligr3phe, mort en Ha de l'Hégire, est trop connu pOUl'(lu'i1 soit besoin rie donner ici. sa hiographie. Voy, IBN KIIALLlKÀN, Wa­(ayrll al-a'yân, éd. 'Vüstenfeld, notice 468; HAMMER-PURGSTALL, Lille/'aIUI'geschichle (IcI' Araber, III, 470; V, 4!16.4. Voy. ci-dessus, p. 458 et suiv.


IIISTOIHE nES nY:"ASTIES MUSUUIA:"ES 41i!1corde entre lui et .\.boù-I.I~asan ',\II, fils d'nl-Four'M, etchacun d'eux devint méfiant à l'égard de l'autre. IbnMouqla renia le. bien que lui avait fait Ibn al-Fourât, etentra dans l'ensemble de ses ennemis et de ceux quiintriguaient contre lui, jusqu'à ce que la disgrâce elltatteint Ibn al-Fourât. Aussi, lorsqu'Ibn al..:Fourât revintau vizirat, il fit al'rêter Ibn )Jouqla et le contraignit aupaiement de 100.000 dinârs, que sa femme, qui étaittrès riche, paya pour lui. Ibn Mouqln était un écrivaintres habile, versé dans le style protocolaire. Ses réponsesaux placets n'étaient pas mauvaises dans leur genre, Il estaussi l'auteur de poésies, dont voici un distique:Le sort m'a mis Ir l'épreuve de ses revirements; mais je n'aipoint faibli devant ces changements,.Je me suis habitué à ses deux jours 1 ; que de fois l'on snfail à une chose à laquelle on n'était pas habitué!3GHAboù'l 'Abd Allâh AI}mad, fils d'Ismâ'il, qui est connusous le nom de Zandjl, secrétaire d'Ibn al-Fourât, a ra·conté: «Lorsqu'Ibn Mouqla fut disgracié et mis en prison,je n'entrai point aupres de lui dnns sa prison; je p.e lu;écrivis point, et ne lui témoignai aucune compassion pom'sa douleur malgré l'affection et l'amitié sincère qui existaiente.ntl'e nous deux. par crainte d'Ibn al-Fourât. Puis,son épl'euve s'étant prolongée, il m'écrivit un billet contenantles vers suivants:Est-ce que les leUres ont été défen<strong>du</strong>es entre les amis'!Explique-moi, Ou bien E"st-ce le papier qui esl devenu tropcher?Quel mal y -aurait-il eu, si tu nouS avais demandé commentnous nous portions, alors que nous avons été sUI'pris par unmalheur, et quel malheur!1. Celui <strong>du</strong> bonheur et celui <strong>du</strong> malheur.2. Cette anecdote est également racontée par DzAII .... ni. To'rtkh al-lsMm,ms. cité, (. Hl v·, 1. 20 et suiv., d'après le même narrateur. -


4iO AIlCIfIVES MAROCAI:"ESTon vrai ami cst celui qui a des égards pour toi dans touleaù,ersité " cal', fJualld lu es dans f'aLondance, lu vois tout Icmonde l'entourCI' d'l'gUl'ds,Suppose mêmc quc lu sois mon ennemi ct non mon ami, eh,bien, j'ai vu 2 les enncmis compatir à leurs eunemis.370 De sa poésie, sont enCOl'e les deux vel's suivants, qu'ila adressés à 130n fils, qui était tombé malade:Que ton Seigneur l'accorde bonne sanlé et salul, el qu'il lepréserve, en m'exposanl il la place, des coups <strong>du</strong> sorl?On m'a annoncé la maladie, landis que j'avais mon verre enmain, je le mélangeai 3 alors de mes larmes, à la place de l'eau.Les ùeux vers suivants sont également de lui 4 :Je ne suis point humilié lorsque le sort me fl'appe, ni fierlorsqu'il m'est fa vora bIc..J e suis un feu qui prend l'envieux à l'endroit oi! monle sarespiration, une eau coulanle avec les amis.:.\fouqtadir prit Hm Mouqla comme vizil' et le revêtitdes insignes <strong>du</strong> vizirat, en l'année 316 (928) ;'. Il se chal'­gea seul <strong>du</strong> fardeau <strong>du</strong> vizirat, tant pour les ordres quepOUl' les défenses, et il donna, pour en être im"esti, unesomme de 500.000 diuâl's. Il fut ensuite destitué et arrêté,puis rappelé au pou\"air. Et il ne cessa pas d'être ballottél. D1.AIl.\lli \loc. cil.; donn,' lu YllI'iante (~~.2. DZAIL\1l1 (loc. cil.) donne ti lu On <strong>du</strong> lll'emiel' hémistiche ~..); el aucommencement <strong>du</strong> ;:econd: I$,:)lt;.'YI ,:)~. Les leçons <strong>du</strong> Fa/;/I/'; sontmeilleul'es.3. Métonymie, où le conlenant est IJI'is pOUl' le contenu..J. Ces deux ,'el'S sonl ·données pal' Dun.url, lac. cil.5. Celle date est conOrmée pal' IDI'l I\HULIKb lFa(lIydt, (nolice 708) etpar J)ZAIIAlli (Ta'rikh al-lûâ1l1, ms. l'Hé, f o ' Hl ,,0-H3 vol. Celte deJ'llièrenotice esl fort intél'es;;nnle. On lI'om'e aussi une bonne nolice sur cemalheureux \'izÏJ' chez lm: .\n-Doun ..\lTIII (-j- fi:H-12!J9 de J.-C. Cf. BnOCKEL­MA:'olN, Gesch. der ,Irab. Lill., l, 330), Ta'r;kh Baghd/1dz (SlIpplément auTa'r(/,h d'Al-l(/H1!ib). manuscrif de Paris, no 2133, r· -19 v o , Voy. aussi IIIN..\L-ATIIIR, Chl'onicon, \'111, 23-1 et 2;;8,


IIISTOIRE DES DYNASTIES MUSt:I.~I.\;';ES 4ilpar le sort jusqu'au moment où HÙ


ii2 ARCHIVES MAROCAINESIl n'y a aucun plaisir à vivre après la disparition de sa maindroite: ô ma vie 1 ma main droite m'a quitté, quiLLe-moi 1 !C'est à ce sujet qu'un poète a dit:Si on l'a amputé d'une de ses deux mains, parce qu'on redouteses qalams (plumes) el non ses épées lranchanles.On ne l'a pas privé 2 de son intellig'enee, qui, lorsqu'il lui faÏtdécrire des moulinets, le fait voir la mort entre les lueHes elleslarynx.Lorsque Râçlî coupa la main d'Ibn Mouqla, celui-ci écrivitavec la main gauche comme il écrivait avec la droite.Il attacha ensuite un qalam sur son bras 3 dont la poignéeli été coupée et écrivit avec; on n6' put pas distinguerentre son écriture faite avant l'amputation de sa main etcelle faite après.Parmi les coïncidences extraordinaires, on a remarquéqu'Ibn Mouqla fut investi <strong>du</strong> vizirat à trois reprises, fittrois voyages ", et fut entei-ré trois fois. Il fut enterré aupalais <strong>du</strong>, khalife, quand il fut mis à mort, et cela peu detemps après l'amputation de sa main. Puis, les siens ayantdemandé qu'il leur ft'rt remis, on l'exhuma et on le leurremit; ils l'enterrèrent à leur tour. Puis, sa femme l'ayantrecherché, l'exhuma, puis l'enterra dans sa maison 5.1. Entre le premier et I~ deuxième vers, InN KHALLIKÂN (loc. cil.) etDZAIIAlli (ibidem) intercalen! le vers suivant:~~~ ~ rr'~.) ~~~.) ~ ~li.) ~Y?" .J'ai sacrifié pour eux ma religion afin de jouir des plaisirs de cemonde, mais ils m'en ont privé après m'avoir fait perdre ma religion.•2. Liliéralement: amputé.a. Cf. lux AL-ATlIÎR, Chronicon, VIII, 258-259; DZAIIAni, manuscri! cité,ibidem ; In~ KIIALLlK,~N, loc. cil.4. Deux fois à Chlrflz, où il aurait été exilé par ordre <strong>du</strong> khalife et unetroisième fois à Mossoul, <strong>du</strong>rant son vizirat. Cf. InN AL-ATIIiR, Chronicon,VIII,260.o. InN AL-ATlliR (loc. cU.) ajoule une troisième particularité: Ibn MouqlaDlII"ait eu trois serviteurs spécialement attachés à sa personne.


llISTOIRE DES DY~ASTIES 1IIUSULIIIAXES


474 AnCIII\'ES MAIlOCAINESVIZIRAT n'ABOÛ-L-QÂSI1\J (OUOAIO AI...I..ÂU, FILS DE l\IOUnAl\I~IADAL-KALW.\DZÂNl, AU SERVICE DE l\IOUQTADIRSon vizirat ne fut pas long 1 et il ne put arriver à sesdésirs. Les confiscations se multiplièl'ent sous son administration.L'armée se révolta contre lui et les soldatsl'insultèl'ent' el: lui lancèrent des pierres, alors qu'il étaitdans une barque. Il jura alors qu'il n'entrerait plus désormaisdans la charge de vizir. Il se retira dans sa maisonet ferma sa pOI'te. Son vizirat eut une <strong>du</strong>rée de deuxmois.VIZIRAT DE I.IOUSAIN 2, FILS DE QÂSIM, FILS DE'OUBAID ALLÂH,FILS DE SOULAll\IÂN, FfLS DE WAIIB, AU SERVICE DE 1I1OUQTADIR3ï3On appelait ce vizil' Aboll-I-Djamâl (le Père de la Beauté)~Il est, dit-on, celui des hommes dont les racines plongentle plus profondément dans le vizirat. Lui·même était yizirde l\Iouqtadir; son père, Qâsim 3 , vizir de l\Iou'taqid et de~Iouktafi ; son aïeul, 'Oubaid Allâh 4, vizir de l\Iou'taqicl,I./flanrma sur le IAm. Cf. SOYOÙT1, LOl/bb al-louMb, éd. Welh, p. 22-1. KalvàdzAest en elTet un pclit village situé SUt' le Tigre, tOUI près de 8aghdihh.Cf. YÂQOl'T, /lfol/'rijam, s. v, ; Ill:" HAUQ.-I.L, éd, de Goeje, p. 165.1. Il dma deux mois, Ce vizir avail été imposé à l\Iouqladir pal' lefameux eunuquc lIIou'ni!'!, Dè;; quc les rllppOI'''' de cclui-ci uvec le I,halifes'altét'èI'enl, MouqlutJil' cn pl'ollla pOlit' se déburl'u8"er <strong>du</strong> vizil', Cf.DZAIIADI, malll/.çc/'i/ cité, fo 57 l'o, Ce viziI' fnl de!llilué cn 3191= !Iill), loc.cil,; IIlN AL-ATttln, Cfll'onicon, VIII, pp. 1611 et 1611.2, Déjà, au moment (le lu disgl'àce d'Ibn Mouqla, le khalire MoufJladir!


IIISTOIlll' liES DY:,\ASTIES Ml'Sl'UL\:'\ESel son bisaïeul, Soulaim:'\n, fils de \Yahb', vizirdeMouhtadi.C'est à ce sujet que le poète lui dit:o vizir, fils de vizir, fils df' vizir, fils de "izir1Toule lIne série, comme des perles, IOI'sl{u'elles sont enfilées{)ans un colliel' ornant les COLIS des belles.f,Iousain, fils de Qâsim, n'était pas remarquable danssa profession, et sa con<strong>du</strong>ite, dans sou vizirat, ne fut paslouée. Il ne se passa pas longtemps pOUl' lui qu'il se mon­H',a ail-dessous de la tIl.che·2 et que les événements furentplus fOl'ls que lui.'Ouhaid .\llâh, ftls d"Abd Allâh, fils de T:îhil', le louaen ces tel'mes:Si je L'o/l're des; l'crs, c'esl que je suis moi-m~me fils d'unefamille 3 à qui on offre des vers.Mnis je le "ois d'une famille [plus noble que la mienne]. Or,il n'J fi aucune houte pour l'homme à avoir des seignelll's.Parcontre, DjaJga"lança contre lui l'épigrammesuivante:Lorsque dans une ville le vizir se nOlllmeelle mO~llasib:; .\d-Dâniyâli 6,Aboù-l-Djamâl,1. vO~', d-r\cssns, [1. -t28 1'1 snh',2. :'ions pensons IIUïl vaut mieux Iil'e ~ (l"cc le ra{~a sUr la 2' \'(\-dicale, au lieu de~ avee le l,l!lamma, leçon adOI)léc [laI' l'éditeUl' el lluisignifiel'llit le e"t lle"enu Yil"uX ". ,a. C'est en cITe1 un de"cendaul de T.\hir', le fameux général de !IIa'/lIoùn,qui fonda la dJna,;:lie des Tàhil'Îlles,•. ChanteUl' el poèle, de la lignée des Barmékldes, Voy. SUl' luiIhMMEn, LiU. gt'Re!l. der Arab" IV, mlO; [(j{db a{-aghdn(, \', 32, 161: IX,Ge: MAS'oùol, Prairies d'or, VIII, 262-263. Djalga mourul CI) 324 ou 321lde l'Hégire 1= lia:; ou 1137) à \Vùsi!. Cf, ID~ KHALLldN, '.Faraydt ai-a'ydll,éd. \Vii8Ienfeld. notice M; (nN AL-:\Tuln, ellrollieon, VlIl, p. 2·lii.5, Le mol,II:fsih est, comme on le s:lit, une e"pëce de [lréf('I, chargé dela policc des marché" ct tles J'ues. ,"oy. les l'en''cignemenl,,; que dOllllentSUI' ce ronctionnaire, :\. VON KIlEMEIl (Cultur'gesrllicllle des O"it'Il{S) el "'tII'­tout BE"N~AVER (JouI'nai asiatique dt' Paris, lSfiO, Il, pp, Il!!-\!JO, 3H-392et 1861, l, p, lW). On peul,,je crois, mppr'ochcr' ce fonctionnait'c de l'édilecUJ'ule à Rome, Leurs fondion;; pa1'3issenl. identiques, Cr. l'Al;L-F1II':OÉIIICGIRAno, Manuel de {iroil rOlllain, ." édilion, p. :;62 el ,;niv,6. Ge Dàni)àli l'sI un pel'sonnage loul à fait cul'ieux, ;;lI!' ICllllcl ,je- n('


-H6 ARCIIIVES IIIAROCAINESLaisse derrière loi cefle ville, car, sons peu, lu y verras lesjours transformés en nuits.La gallé est finie, dispame, et tout le reste annonee sonprochain départ.37laLorsqu'apparurent clairement à Mouqtadir l'insuffisanceet l'incapacité 1 <strong>du</strong> vizir, il le fit arrêter et le contraignit 2 parla torture à payer des sommes d'argent. Il demeura ainsijusqu'au règne de Râdî et fut ensuite éloigné de l"lrâq.Puis, lorsqu'Ibn Mouqla fut investi <strong>du</strong> vizirat, il ordonna samise à mort, et dépêcha vers lui quelqu'un qui lui tranchala tête. Sa tête fut pOI·tée au palais <strong>du</strong> khalifat dans unpanier en feuilles de palmier. On plaça le partier dans letrésor, car c'était leur habitude en pareil cas.On a raconté que lorsqu'eut lieu ta guerre civile, àBaghdâdz, sous le règne de Mouttaqî3, on sortit <strong>du</strong>trésor un panier contenant une main coupée et une têtecoupée. Sur la main était une étiquette collée, portantécrit: « Cette main est la main d'Aboû 'Ait ibn Mouqla,et celle tête est la tête de ijousain, fils de Qâsim. Cettemain est celle-là même qui a écrit l'ordre de tranchercette tête. » Les gens en furent alors saisis d'étonnement.tl'ouve de renseignements que dans IBN AL-ATlliR (Chronicon, VIII, p. 16!!et suiv.). C'était un habi-le faussaire. qui parvint à une grande richesseen fabricant des documents soi-disant très anciens, où les faits les plusimpol'tants <strong>du</strong> khalifat étaient prévus. Il attribuait ces documents auprophète Daniel, d'où son nom de Dâniyâli. C'est par un faux de ce (ZenreIlU'i1 parvint à convaincre le khalife de la nécessité de confler le vizirat à':Iousain, fils rie Qâsim, l'homme prédestiné d'après un livre de préclictionsde Daniel. ~Iousaill, une fois nommé vizir, n'oublia pas ses service~et le nomma mohlasib.1. Mouqtadir avait pris ce vizir pal'ce qu'il lui avait promis de verserannuellement une somme d'lin million de dinârs. Cf. DZAIIABi, Ta'rlkl,


mSTOIllE DES DY:,\ASTIES Ml'SULMA:'\ES477VIZIRAT D'ABOÛ-L-FAJ;lL 1 DJA'FAR, FILS D'AL-FOURATSon vizirat ne fut pas long, et il n'eut pas une con<strong>du</strong>iteque la tradition ait transmise. Mouqtadir fut tué, alors({u'il était encore son vizir. Il se tint alors caché.Fin <strong>du</strong> règne de lllouqtadir et de l'administrationde ses vizirs 2.XIX. - REGNE DE QAHIR (320/932-322/933)Après Mouqtadir régna son frère Qâhir. Il se nommaitAboLÎ :Man~oLÎr Moubammad, fils de l'Iou'ta


47tlAllcmVES MAROCAINESIl la (it suspendre par un pied, la iêle en bas, et lui illlli-375 gca de cruelles variétés de coups et d'humiliations, et luiextoTfjua 130,000 dinttl's 1. Elle ne vécut ensuite que peude jours. Elle succomba au chagl'in que lui causa la mortde son fils et aux tortures qu'elle avait subies.En l'année 322 (= 933), Qàhir fut déposé, La cause decette déposition fut que son vizir Ibn l\Ioukla s'était cachépar cl'ainte d.u· khalife, et lui aliénait les cœurs des soldats 2et les mettait en défiance il. son égard. Sur ses conseils,ils se précipitèrent sur Qàhir, le dépouillèreut del'autorité suprême ct lui crevèrent les yeux, de manière(IU'ils lui tombèrent sur les joues:J. Puis on l'incarcéra'dans le palais royal et il demeura ainsi quelque tempsen prison. On l'en fit sortir ensuite lorsque les circonstanceschangèrent. Et tantôt on le l'etenait en prison, tantôton l'élargissnit l • Un jour, il sortit et s'étant mis deboutpI'ès de la mosquée de ~Ian!?ol'n'", il demandait l'aumône1. DZAIIAlli (loc. cil,) tiit seulement cinquanle mille, et ajoute {f" 102 1'°'{Iu'on ne Il'ouya, à la mort de celte princesse, que cent trente mille din:hs,2, HUIIAlli, loc. cil, ; ln:'! AL-ATnin, C/ironicon, VIII, 208, d'où ce récit al'It', certainement extrait.3. Voy. nolamment les Prairies d'o/', VUI, 287, et DZAlIADI, ms, cité,f .. 103 "°.4, Tout cc pnssage se trouve pl'esque mot l'ouÏ' mot chez DZAIIAni, Ta'/'f/rllal-bltîm, ms, cité, fo H)t 1'0. Ccl. auteur cite Mas'o"di à ce sujet, et commele pnssage ne se tronve P[lS ,dans les Prairies d'or, il faut cl'oit'e queDZAIIAIII l'a copit', danll l'lIisloire moyenne (al-asaO de PofAs'oùDI. où IbnAf-Tiq!aqa aUI'::tit. également puisé,i>. Celte mosqllée u él é construite par le khalife l\l:lIJ~OÙI' dan!! 111 villequ'il fonda, ad/nal Mal-Ma/lt/0ill', et à cùté de son pl'Opre palais, Qasr adzdzahab(le f'lIllli!'1 de l'or), Elle aurait eu, au débul" 21.HJ coudées de ('harluecùté, lIàroùn al'..R:H;hid la nt démolir puis reconsh'uir'e avec des briques(:l1ites 3U fCII, en l'an 1!I:l ou 19~. Devenue élroite !J0III' contenit' lous le"IiIINes, clic fui de /lUIII'Cau démolie el, ngra/ldic Cil 280, sous le ri'~IIe Ile~Iou 'Iaf.lid, Cr. AL-lùIATill .U.-DAGIID.\DzI, lnlr'odl/clion lopogr'oplliqlle àl'Msloir'e de Bahgd(1d:, r'd. Salmon, p, Hi> ct ,:uiv. M. Gt\" LE STIlANGE(llrlUhddri f!u";/lfl lhe abl/(Î,ç;d Calip/rale, Oxford, lVOO, in-8°) pen,:c {I"C df~sfouilles ell'eclut,les :i ('elllplllcemenl de ceUe mo,:quée melh;aicnl â jourloulou parUe Ile ('cl é,lince, Ali qualo!'zii-mc !!iioc\e, In:'\ BA'{Ot'TA (l'o!Jage,ç,"·url. Defhillll'''Y ('1 Sallgllilletli, 1/, pp. 107, JOli el. 11113 VII {'('lie 1111)";­qllfle eIlCOI'(- dehoul ainsi qlle sept aulre!!, l'r'lHll'lies SUI' 1(',.: dellx ril'(~':1111 Ti~,.c..\ 1.-1\ IIA1:Ï11 AI.-BAf;lIlJ.h>7.i (op, cil., p. HU) fait mcnlion d'une


IIISTOINE DES DY.'i,\STIES MUSUU/'\.'iESaux gens: Son intention était par là de couvrir d'opprohreMoustakfi. Un des lIâchimites i le vit, l'cn empêcha et luidonna 500 2 dirhems. Et il ne se passa pas sous son règned'aucun d'événement fameux qui mérite d'être conté 3.: " ." 1.HISTOIRE DU YIZIRAT sous LE REGNE DE QAHIR'Il l'dt pour vizir Ibn ~Iouqla, vizir de son frère. Ce futle second vizirat d'Ibli Mouqla. Nous avons donné précédemmentquelques détailS' curieux sur sa vie, et il n'estpas nécessaire d'y revenir. •Il investit ensuite <strong>du</strong> vizirat Moul.Htmmad, fils de Qàsim,fils d 'Ouhaid Allâh, fils de Soulaimflll, fils de vVahh. Ce vizi,'n'eut pas une grande autorité et ne demeura pas longtempsau pouvoir. Le khalife le fit arrêter et le" révoqun.Peu apI'ès, il fut pris de coliques dont il mourut. Ici finitl'histoire de Qâhir et de ses vizirs.3i6DYNASTIE BOUYÎDECe fut à cette époque qu'apparut la dynastie des BotÎyides5 (descendants de DOllwaih).inscription pla(~ée li J'extél'ieUl', au-dessus de la porte ùe la mosquée, dileporte <strong>du</strong> f(hordsdll el porlanlle nom <strong>du</strong> khnlife Il;1rol1n ar-Raehid, l'ol'tlrequ'il avail donné l'e.lalivemen!. Il la construction de celle mosquée, lenom de J'tll'chilecte, <strong>du</strong> chnrpentier el. la dale.1., Il s'appelait Aboli 'Abd AlliJh. IIIs d'.\blll1 l\toù"à al-lIâchimi. Cf. IhA­11A/lI, m.~. ci/" fo 10-1 l'O.2. Ou mille. DZ,\IIAIlI, lor. ri/.a. C'e>:!. \111 des ('('glles (IU'lhll a!-Ti/f!a(l:l a, pOUl' Ilinsi dire escllmotè",.Il y a eu as",t.'z d'én:'ncmt'nls mé,.i/afll (rélre l'dalés, "HIis il lIIépl'Ïse t'cspetits khalifes 'Ahb:\sitlml et n'en l'ailmenlion que pOUl' ne pas snule,' linchainon lie celte dynastie. Voy. d'inléres,;anls dèlails SUI' ce ri'gne dansDZAIIAlli, ms. cilé, f'" ltll V o fi 104 r O elluN AL-ATllill, Clll"onicon, VIII, 180et suiv,4. Qùhil' mourut en Djoumùttù 1 amI (= 9t!J de .J .-C.), ligé de ;;3 auE'.Cf. DZAIIAlli, mall/lsc/'il cité, fo. lM 1'",1. 9 et Hi;; \,0 el VO.5. Voy. nus"i. >:'Ul'Ies déhllis tic ('eUe dyna':\tie, un passage de DUIIAUI,Ta'rl'li" al-/sh/m, lIlanuseril dlé, fu 102 ,." el vu,


480 ARCHIVES MAROCAINESIIISTOIRE DE LA DYNASTIE DES BOUyIDES, SES DÉBUTS ET SA FINPour ce qui est de leur généalogie, elle remonte depuisBouwaih en passant successivement par tous· les rois desPerses, jusqu'à Juda, fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham,l'Ami d'AlIâh, et ainsi de suite jusqu'à Adam, pèrede l'humanité. Les membres de cette famille, sans êtl'eoriginaires <strong>du</strong> Dailam, furent surnommés Dailamites"parce qu'ils séjournèrent dans cette région.Pour ce qui est de son commencement, c'est une dynastiequi prit naissance d'une manière absolument inatten<strong>du</strong>eet contrairement à toutes prévisions des hommes.Plus tard, elle abaissa les nations et domina le monde.Son autorité s'étendit sur le khalifat même. Elle déposaet éleva des khalifes, elle créa des vizirs qu'elle destituaensuite. Ses princes soumirent à leurs décisions lesaffaires de la Perse et celles de l"Irâq, où d'un communaccord les grands <strong>du</strong> khalifat leur obéirent. Et tout celaaprès que cette famille avait eu à souffrir de la gêne, lapauvreté, l'humilité, la misère, les douleurs <strong>du</strong> hesoin etde l'oppression, car leur grand-père Aboli Choudjâ' Bouwaihainsi que son père et son grand-père étaient desgens <strong>du</strong> commun, de pauvres habitants <strong>du</strong> Dailam. Bouwaihétait pêcheur et Mou'izz ad-Dalila, après s'êtreren<strong>du</strong>maître de tant de pays, reconnaissait de quelles faveursAlIâh l'avait comblé et disait: (( J'étais autrefois nn blÎcheronportant ses fagots SUl' la tête! " Le commencement377 de leur grandeur fut tel que l'a rapporté Chahriâr l , filsde Roustoum le Dailamite, en ces termes: Abou-Choudjâ'llouwaih, à l'origine de sa fortune, était un de mes amis1. Je ne trouve pas de "enseignements sur ce personnage. IBN AL-ATlliRtChronicon, VIII, p. 197) le nomme seulement une fois et lui fait tenir lemème récit qu'ici. Il est probable qu'Ibn at-Ti(HaqA lui a emprunt.é toutce passage.


HISTOIRE DES DYXASTIES MUSUUIAXES 481intimes. J'entrai chez lui un jour. Sa femme venait demoul'Ïl', c'était la mère de ses trois fils qui s'emparèrentde tant de pays. Ces trois fils étaient 'Imâd ad-DaulaAboùl-~Iasan 'Ali l , Houkn ad-Dalila AbolÎ 'Ali fJasan 2 et~lou'izz ad-Daula Aboù-l-tlousain Al.lmad 3. La douleurque ressentit AbOli Choudjù' Bou ",aih de la perte de safemme fut violente.« Puis je le consolai et calmai sa peine et l'emmenai chezmoi. Je lui présentai à manger' et rassemblai auprès delui ses trois fils, et tandis qu'ils ëtaient chez moi, voilà quepassa devant la porte quelqu'un qui criait: « L'astronome!« le magicien! Celui qui explique les songes, qui écrit les« formules magiques et les talismans! )) ~\boÎI Choudjà'Bouwaih l'appela et lui dit: « J'ai eu hier un songe,« explique-le-moi. Il m'a semblé que j'urinais et que de ma« verge sortait un grand feu qui s'allongea et s'éleva si haut« qu'il touchait presque le ciel. Puis, ce feu se divisa et« forma trois branches j de ces branches en naquirent un« cel'tain nombre d'autres et le monde entier resplendit de« ces lumières. - C'est là un songe de gl'ande importance,« dit l'astrologue, et je ne te l'expliquerai que si tu me« donnes un vêtement et un cheval. - Par AIlâh, répon­« dit Bouwaih, je ne possède {fue les nîtements que j'ai1. C'e;;t l'nlné des trois fils de Bouwaih. Il est regal'dé comme le ,"él'ilaMefondateUl' de eelte dynastie. Il mourut, âgé de 57 oU üS ans, en 33Sou 339, il Chir'3z. après lin règne de 16 ans environ. Cf. III:,{ KHALL\liÂ:-',op. cil., notice 491, et DZAIIA"I, Ta','lkh al-Islt1m, ms. cité, fos 182 uerso etaus"i 163 recto, I. 1. Cet autelll' le fail mourÏl' en 338 (= 949\. Cf. SU:-'I.F.YLA~Œ-POOLE, The MO~lam"'adall Dy"asties, p. Ul.2. La biogl'llphic de ce l)rincl' est donnée par III:,{ 1\lIALI.mÂ~, "'a(dl/al,éd. 'Vü;:tenfeht, notice 175. Il mOllrut en 3(;6, il Ran, âgé de 1\2 ans l'nvironct après un l'ègoe de -l4 aos. Cf. JlZAIIAUi, Ta'rilch al-I,~l


t82AIlr;'IlYES M,\ROCAI:-;ES:1iH « SUI' le corps pt, si je te les donne, je r(~stp"ai nu. Il L'astrologuedit: « Eh bien! 10 dinfll's. - Pal' AlIfth, répondit« Bouwaih, je ne possède pas deux dinâ"s, comment t'mi"donnel'nis-je JO.» Enfin il lui domw une hagntdle etl'astrologue lui dit: « Sache que tu auras tl'ois enfants qui1(, posséderont la tC'Te et ses hahitants, el dont la gloirel( s'élève,'a aussi haut que s'est élpvée cette Oamme. Et« ils a'"'ont pou,' fils des rois aussi nomb,'eux que ces« l'anu'aux dp lIamme (lue tu a YU Sc sépare" les uns des« aul.l'cs. - Ne rougis-tu pas, lui dit alol's Bouwaih, deI( t,e mOflller de 1I0US? Je suis un hOlllllle rl-<strong>du</strong>it il la der­1( uière misère, ct Illes enfants que voici SOllt pamTes et(1 malheureux; qu'y a-t-il de COllllllun entre eux ct la« royauté. >l L'astrologue reprit: « .\pprends-moi il quelle« date 1 est né chacun de tes rHs. >l BOllwaih le l'enseigna àce sujet.« L'astrologlle se mit à regardel' son astrolahe et sestables astronomiques, puis, se levant, il baisa la main de'huâ


HISTOIRE DES OY>;ASTIES ~I1JSUL~IA>;ESsituation de 'Imâd ad-Daula devint prépont1él'anl.e, Il futpl'OUlU au gouvernement de Karadj 1, que lui confia Mal'­dâwitlj ~. Puis il passa au gou\'ernemellt J'une autre ln'ovinee,au point, qu'il finit pal' réunir sous son autoritéplusieurs tel'l'itoires <strong>du</strong> Fâl'S. Dans la suite, son pOl1\oil's'étcnditlellement qu'il écl"Ïvit au khalife flâ,,li, le IH'jantde lui donner comme apanage les dish'icts tin Fdl's ri(~hm'ge pOUl' lui de faire portel' ch(lflue année ail palaismême <strong>du</strong> khalifat, ouil'c les impôts e[conll'ifmliOllS ordillaires,une somme de huit cent milliuns de dJrhems,LeIdlalife devait lni envoyer le manteau d'honneur <strong>du</strong> sultanat-et le diplùme d'investiture, HÙI,li, en effet, les lui envoyapar un messager qu'il lui dép,kha et auquel il recommaudade ne remettre il 'Imâd ad-Daula le manteau d'honneur etle diplollle qu'après avoir reçu de lui la somme entière.Le messager al'l'ivé auprès d'Imad ad-Daula, celui-ci lell'ompa et lui enleva le manteau d'honneur doltt il se l'evêtit.Il prit aussi le diplùme, dont il donna lecture auxprincipaux assistants. Son audace gl'llndit. Il lH'omit l'al'­gent au messager et usa envel'S lui d'aterllloiements :1. Lemessager mourut chez 'Imàd ad-Daula, elles airail'es (lukhalifat fment boulevel'sées. 'Imtld, ad-Daula suspendit, tout paiement et se rendit tout à fait indépendant. Il futle premier roi


AIICIIIVES ~L\ll.OCAINEScessa de Cl'oitre jusqu'au moment où l'ordre de succes-380 sion amena au tl'Ilne 'In ad-Daula, fils de Djalùl ad­Daula 1 AboI'! Tùhir. Il se pro<strong>du</strong>isit entre celui-ci et Abo!'1K:\lidjùr ~, des guerres qui fOl'cèrent 'Izz ed-Daula il fuil'deYan~ son "iva1. Il se fixa li Chit'ûz et mourut l'an Md .•\ S:l mort, le pou,"oil' ,'oyal prit fin dans leur famille.xx. - n~:GNE DE nA QÎ (322/93't-329/9f,O)."'près Qùhir régna son frèl'e Rftglc Ilh;;olue. Voy. la biographie de cc khalife dans DZAIIAIJÎ,mOlll/scrif cifé, r· H7, r'·vo, el dan;; KIIALÎL IIlN AIIJAK A':' $Af'Aol, Al- U"û(ibif-ll'a!/a{m, 'IIS. de Paris, nO ;,8fiO, f' 2Hi V".


II\";TOIllE DES DY:,\A";T1ES MUSUDI.\:'\ES 485relnent ayec dm; commensaux 1 et qui se soitl'cndll accessibleaux savants; enfin, ce fut le dernier chez qui les dignités,les gratifications, les divers emplois des domestiqueset des chambellans aient été réglés suivant lesp"incipes des anciens khalifes.Ce fut sous son règne, en l'année 322 (93 / 1 de ,J.-C.I,que l'autorité de ~iardâwîdj ~ prit une grande extension àIspah:în 3. Ce fut un homme qui se ré\'olta dans ces l'égionset on l'aconta qu'il voulait s'emparer de Baghdùdz,transporter l'empire en PCI'se et détruire la dynastiearabe, ~Iais sous le règne de HillJî la nouvelle arriva queles pages de ~Ial'dâ\V;dj avaient conspiré contl'e lui etl'avaient mis à mort.Et ce fui encore sous le règne de HiIlJ; que s'éleva 3tHl'autorité d'AbotÎ-I-ljasall 'J\li, fils de Bou\\'ajh~, et, sousce même règne de Râc;lî, l'autorité <strong>du</strong> khalifat 'abhàsides'affaiblit. La Perse était aux mains d'Ali, fils de Bou\\'aih,tandis que Hayy, Ispahân et Djabal étaient au pouvoi,' deson frère Basan, fils de Bou\\'aih j, et Mossoul, Diàr-Bakr,Diâr Habi'a et Mouç1ar aux mains des J.Iamdanidcs ",l'I~gypte et la Syrie aux mains de Moul)ammed, fils- de Toughdji, p~is nux mains des Fatimides, l'Espagne aux mains1. Cf. DUIlAIlI, manuscrit cité, f. 110, r".2. Voy. d-de"su>" p, -183, noie 2.3. Ced e"t raconté :lll>'si pm' DZAnAui, Ta'rtkh al-Islrlm, mantlSCl'il cité,r. 102 no in {tne elIII!'! AL-ATnIR, Chronicon, VIII, p. 213.-l, Voy. (~i-desslls, p. -181, note l, et ION AL-ATnIR, Chronicon, VIII, p. 2M.5. Voy. ei-dessus, p. idem, note 2.fi. Celle dynaslie oecupa Ic POllVOÎl' de l'année 317(= 929 deJ.-C.),.i",;qu'ù'alln"'c ,l9-1 (= 100.1 de J .-C.). Cf. STA:"ILEY LANE-POOLE, The lofo/lOmmadanDYlla.~lies, pp. 111-113. Voy. :lll""i le,; Pl"Oiries ({'or, VI Il,3-11">-850 et passim.7. Ce Ill'inçe est plu,; connu SOU" le nom d'Aboù Bakr I\Ioul)"lllnHlIl ALlImcnioz,le fondateur de la t1~'na",tie Ikhcbidzile. Il demeura au pOllvoil'de :123 (= 935 de J.-C., à 33-1 (= 9-11; de J.-C.l. Voy. !'la biogl'"phie dml'; IONKHALL1KÀN, 'Vafaydl, notice 7110; DZAluni, Ta'rf/ch al-lsldm, mantlsel'itcité, fo 174 r", Cet auteur fait cOllllllencei' 80n l'ègne en EgJpte t1epui,; 321selon une vCI'sion que rapp(wle également Ibn I


48H AIlCIIIYES MAROC.\I!".;Sd".\b(l m'-l\al.I/lI:ln', fils de MOII!,Jammed l'Oumaypde, leI\:horasan el les pays orienlaux dans les mains de Na!?r \fils d'Al.lInnd le Sama/lidc. - HfuJi mOlll'ut cn l'année 320(9110 de .J.-c.).IIISTOIIIF. IJ(; YIZIR.\T .\e TEMPS DE Il.\~,iLe p,'cllliel' vizir (IU'iI l'ut fui .\bo'" '.\li, lHs de l\Iollqla ::.Cc ful lit le troisième des ,-izi,'nts d'Ibn ~Iollqla. Il dépellsa,l'0l\!' ohrcnil' ce Yizit'at, ,100.000 dillât's, si hien qlleHlÎIJi le nOHlnHl vizir. Ellsuile les Irollpes sc mulinèrentet IIlIe sédilioll se (ll'O<strong>du</strong>isit,


II1:3TOIll EllES 0 Y:\ASTIES )lUsULMA:\ ES -l~7(ils d"(St\ '. Le khalife h~ tit ,"cnil' et l'illveslit <strong>du</strong> ViZirat,et 'Abd al'-nal.llnùn monta ù cheval et fit la pl'Ol1Icnade solcnnel/e,précédé par tout le cortège officiel. Les joursde son vizil'at furent courts. Les afl'aires prenant pOUl'luitlne mauvaise loul'nUl'c, il demanda il l~trc d(;chal'gé desfonctions de vizil'. n:\(Ji le fit alors arrêtCI'~. La \"Îe de cevizi.· n'offre ('ien qui mél'ite d'êll'e l'appül'fé.YIZlH,\T J)',\BOÛ J)J.\'F,\I\ ~IOUI,IAM~l.\D, FIL~ DE QA~Il\l.\L-KAlUml, sous LE H1~GXE DE IIAni llILL,~1lLOl'sque Il:hJi cul fait al'I'I~ter '.\bd a1'-Hal.lll1ùlI , filsd"Îsâ, il nomma vizil' .\bot'! Dja'fal' }(oul.lammad, fils deQàsim al-Kal'khî 3. C'était un homme tl'ès court de taille,d'ulle petitesse si excessÎ\'c qu'on fut forcé de l'Ognel' dequall'e doigts les pieds <strong>du</strong> ll'one <strong>du</strong> khalifat pou!' Ilu'il devintpossible au \'Ïzir al-Karkhî dl' s'enfl'etclIil' avec le Idlalife.Les gens tirèrent de ce fait de f;\cheux allglll'l'S etdirent: « C'est là l'indice de la destruction de la dvnastie. Il"Et il en fut comllle ils l'avaient dit. Ce vizil' sc vit accahlépal' le désordl'c el la confusion,


.\RCIllVES M.\flOCAI:'ôESd'une grande jatTe de telTe et s'assit à l'intél'ieul'. CelleJane fut ensuile transportée au dehors comme si ce n'eùtété (lu'uue jatTe et rien de plus, mais le vizir était cachédedans. Il demeura ainsi jusqu'au jour où, s'étant montré,il fut contraint de payer de l'argent au TrésOl', puis libéré.Y1ZIlUT ilE SOIJLADI:\:'J, FILS DE ~I\SA:"i, FILS DE 'L\KIIL.\I',SOI.'S LE I\I~G~E DE R.\nî 1111.1..\.11.\l-Karkhi ayant lité incapable 1 de soutenil' le fardeau3Hil <strong>du</strong> vizirat et s'dant caché, )1:\(.11 bill:\h manda aup"ès delui Soulaimtlll, fils de I~asan, fils de )Iakhlad, l'illYeslit<strong>du</strong> vizirat et le ,'evètit des insignes <strong>du</strong> vizirat. ~Iais cevizil' fut bientùt impuissant 2 à gOll\'el'l1er, à cause de laprépondémnce absolue que les soldats avaient dans legouvernement. Alors, le khalife nù~li voyanl l'impuissancede son vizir Soulaimàn, fils de Hasan, fils de ~Iakhlad,envoya chercher Ibn HùÏq :1, (lui était le plus gmnd émir,Il chercha à le gagne,', lui confia les affai,'es, le nommaémir des émirs (Emil' al-Ollmal'd \) et le chargea <strong>du</strong> gouvernementde l'empil'e, Les chefs de l'armée fi"enl causecommune avec lui. El, se réunissant en une seule bande,se présenti.~"entdevant le khalife. Celui-ci les fit asseoi,' à1. .Je préfère Iil'e:~ 'adjaza ; voy. le lexIe lImbe.2. l\fème olJ"l'l'vnlion qu'à la note 3.3. Ce granll émit', Emir ill-Oumard, dont Ip. nom eRt Ab.où Bakr Mou­1.13mmad, étniL devenu loul-puissanl il Ra~hd:\dz, où l'autorilé '.Ies khalifesétaiL loul illusoire. SOllsle khalifal de R:\~Ii, il fuI le vél'ilable mailrede l'empire. Voy, noLammentl'exceIlente nolice d'Ill" KIIALLIIi,\:V, \l'a(aydl,éd. Wüstenfeld, notice ·!!tS (et nUf:8i 70S); Il'ad. DE SL.\NE, III, 267-2il ;111:"1 AL-ATllin, GhrtJnicon, YIII, Index, pp. Ii-l5-5-l6; MA>,,'ot"ni, Prai1'Ïes d'Ol',VIII, 207-208; IX, 2H-27; :n..a:l; DEFnt:~lEnY, ;Ilé'moire sur les émil's at·omé/'a,dnns les Mémoire.5 présentés par divers savanls à l'Acad. des [nscript. el B. L.,Il, lU, 115; 121, 1:1I, I6::l: n. WEIL, Gesch. der GIll/li(en, Il, fjlm-fi,;" elpa.5sim.4. Voy. le mémoil'e (le Defl'{~mery cilé à ln note pl'écé,lente.


IIISTOIRE DES DY:'IASTlES MUSUL.M,\:,\ES 489tlne place plus élevée que celle <strong>du</strong> vizir', Ibn Hù'i(J, émir 1{les émirs, revendiqua pour lui seulles affair'es <strong>du</strong> gOllverneJncllt.Il nomma les gouver'neurs et les fonctionnaires,c'est il lui que fut déférée la cOl'l'espondance del'État. La décision de toutes les affaires fut remise il sonjugelnent et il ne resta au vizir que le titre de vizil', sansautorité et sans pouvoir 2••\ partir de cette époque, le khalifat 'abbâsîde fut enbutte aux entl'eprises violentes, Le pouvoir lui échappa etles étl'angers, les émirs, les hommes d'épée se rendirentmaîtres <strong>du</strong> pouvoir au détriment de la dynastie. Ils firentrentrer les impôts et, écartant des atraires la main <strong>du</strong> khalife,lui assurèrent peu de chose et uùe petite pension alimentaire,et depuis ce temps-là 1'3utorité <strong>du</strong> khalifat demeuratrès faible.VIZIIlAT D'Anoû-L-F.\Tr.1 FAI!L, FILS (JE DJA 'FAR, FILSn'AL-FOU(ÜT, AU sEnYlCE DE nÀ~i DlLL/\1JLorsque l'émir' des émirs Ibn Rà'iq s'empara <strong>du</strong> pouvoir,il conseilla à Hùç!î billûh de conférer le viZIrat il Fal,Il, filsde Dja'far, fils d'al-Fouràt 3. Il pensait que celui-ci feraitrentrer il son profit l'arg-ent de l'impôt. Hà(}î le fit doncappeler et l'investit <strong>du</strong> vizirat.Aboti-l-J.las31l TMbit.., fils de Sinân, a raconté ce fail,38ft1. 1\ faut lire le mot émir nu nominatif, comme apposition. Le ral1}adonné pnr l'édition se "'ouve tians le manuscrit., rnai!'\ il est injuslinnble.2. Le même rédl e>,l. donnt' Jllll' DZAIIAlli, manuscl'il cité, r· 107 v·.3. Ce vizil'llt. d'Ibn al-Foul':it date de 325 (= \l:lflj, Cf. DZAIIAlli, manuscritcité, r· 108 l'., in {ine. Ibn al-Fourâl mOlll'ul en 327 (= lI38). DZAHAlli,op. laud., r· 13l! verso,,l, L'édition el le manuscrit portent Aboù-I·I.laslln fils de Th:Jbil., mni",il faut supprimer le mot {ils de. Th:lbit est en eO'et le lIom même <strong>du</strong>fameux médecin et annaliste, comme son grand-pi're Thftbit, IIIs de Qourl'3,et mourut en 365 (= 973). Cr. BnocIiELMANN, Gesellicille der aralJischen Lilteralur,l, 324; 11l:-l AL-QIHÎ, Ta'ri/rf! aHlOukanlll, (·d. Lippert, pp,lOU-l!l;IIJ:-l KIIALLIIC\:'1, ll'aray,lI, éd. \Viisl.enfeld, notice ]28; !t'aIl. ilE SUNE, l,3 5


AIlCIIIVES IIlAROCAINES«u'il lenait d'.\hoù-l-Uousain ',\li, fils de lliehàlll i :« LorslJue Fat.ll, fils de Dja 'far, fils d'al-Fourât, fut investi<strong>du</strong> vizirat"ie lis la rencontre d'Ibnl\louqla, qui, dépossédéde son emploi, en était ré<strong>du</strong>it à se cacher. « Tu as tort, lui« dis-je, de !unlel' ainsi à aller voir ce ministt'e etü lui pré­« senter tes félicitations. » Il me répondit: « Je me défie de« lui et je n'ai pas besoin de me rencontl'er avec lui. » Jelui dis alors: ;( Il convient que tu lui écrives un billet dans« Icc/uel tu ,'excuses de n'être pas allé le voir et dans lequel« tu lui présentes tes félicitations. Ce billet suppléera ainsi« ta présence auprôs <strong>du</strong> vizir. » Il me répondit: (\ Je crains« qu'il ne me fasse une réponse telle flue cela nécessite« ilia pl'ésellce. » EL il me récita ces vel'S de sa composition:Combicn de femmes m'ont dit: 1\ Tu as per<strong>du</strong> en négligeantce nouveau vizir. ))El moi je lelll' ai l'épon<strong>du</strong> : 1\ Puissiez-vous vivre toujoUl's dansla joie, et nc jamais rien dire qui ne soit ju:;(e !1\ Est-cc qu'un homme tcl que moi peul se l'ésoudre à sc monh'crhumilié, sol1iciLeur. »:!8!1-2!)"; Doct.eul' L. LECJ.EIIC, Ilisloi,.e de la médecine a,.abe, l, p, 3fiS;ILul~IEII-PIJIl(;"T,\J.J., Ulle,.alu"geschichle de,' A,.abe,., IV, JI, ai,:!; V, pp. iHil­:;U; l\[;\",·oùni. l'rail'ie,~ d'f)r, Ill, Hi!; IV, ,;ù; Ill:\' AI.-ATllilt, C!lrollicon,Vlll, p, HG; Il.\ItTWIf; IJEnl:':'OlOUIlG, [.'1/ passage ll'ol/qué <strong>du</strong> Fa!;!l/'t, dansII/'Ïenlalisc!le Sludiell T!leodol' Niildelce Will sielJzigsten GetJfl/'slufJ, l, p. 195,JI. 2 <strong>du</strong> liragc il pnl'l), 1I01c 2. Il J'aut cOI'I'igcr dans ecUe dernièl'c lIole 3fi3dale Sup"o~t'e d(~ la mort de 1hlibil, IIIs de Sin:ln, cn 36ù, conformément;111 lexlc d'Ihll al-Albi:-, loc. /alld.1. LIl biogl'Il(lhie de œ tl':l


H'STOInE ilES OY:'oiASTlEs MUSULMA:\ES4!11VIZIJIAT lJ 'ABOÙ •,\Ill) AJ.L\J( AL-BAllÎlli, SOllS LE ni,GNEDE I\,\~Î BILLÂII 1C'êtait lin homme d'un car'acti'r'e tlHllérail'e, alllhitiellx~plein de noblesse d'ùme, plein de préoccupations élevées.11 passa successivement d'emplois en emplois et sa for'­tllTW suhit de gTandes vicissitudes. ,\près avoir' été tour iltOllr mallwureux et heUl'eux, après avoil' connu les extor'­sions el. les destitutions, son ambition, sa force d'ùme etson amoUl' des grandes pensées l'amenèrent il l'assemhlerdes soldats et il aO'l'Ont(,l' les (langer·s. Il s'empara ensuite ;~1)5(les p,'ovinces <strong>du</strong> Khoùzistan et (le Ba~ra. Ce fut alor!'> quen,h.li le nOlllma vizir. Dans la suite il le destitua 2 el. domiale vizirat il Soulaimân, fils de f:lasan, fils de Makhlad.Nous en avons déjà parlé: 1 et il n'e!'>t pas hesoin d'y reveHi,·.Ce fut le der'niel' des vizil's de Hù(;li.Fin da "ègne de Rr1~li billdh, fils de J{ollf/tadi,.et de l'administration de ses vizirs.1. c .., illlilulé III' "'., ll'ouve IHl'" dan" l'édilion, ni danR le 1I1:1f11l""'I·il. Ildoil tlIl'P IljoUlé, cm' le ,.,Idl 'lui ""il Ile "'l' l'lll'pol'le pas li 11111 111-1"0111'111.IlIai", :i "011 ~'HIf'Ce,","'elll', AI-Baridl. Ct'. I\I.\S ·o....li. Il'''; Prairies d'or, VIlI. HO!! ;1., Ul'I'C de l'Ar!el'lisumelll, 494 ; vov. lH,,,,,,,i DZ,\IIAni. mallu.~r";l dlé, r. 110"1'1'10, 1. IIi. Il'nlll'i'''' ce pn",,;;nge, 'Ie' nom dll "izit' "'l'l'nit .\ho.:i '.\h


492 ARCHIVES MAROCAINESXXI. - Hl~GNE DE MOUTTAQÎ LU,LAu(32njÛfJO-333/9flll)Après nâ~li régna son frère Mouttaqî lillâh AbolÎ Isl.lùqIhrùhîm, fils de Mouqtadir billâh. Il fut proclamé khalifeen l'an 329 (!:Jltû de J.~C.) '. Son histoire n'offre rien quimérite d'ètre raconté. Les événements furent plus fortsque lui, et un des émirs <strong>du</strong> Dailam s'empara <strong>du</strong> pouyoiril son détriment. Cet homme s'appelait TOlÎzoùn 2.Alors Mouttaqi, avec son fils et sa famille, s'enfuit il Mossoul.Il craignait pour lui-même, au cas d'un conflit dansBaghdâdz. Dans ces temps se pro<strong>du</strong>isirent des guerres etdes séditions. Le palais <strong>du</strong> khalifat fut liné au pillage eton s'empara de tout ce qu'il contenait. Puis ToLizoim écri·vit à MouUaql pour chercher à le gagner, il lui fit degrands serments, lui jurant qu'aucun mal de sa part nel'atteindrait. ~louUaqî se laissa prendre à ces promesseset, descendant le fleuve de Mossoul vers Baghdôdz, paryintà Sindiyya:3, au confluent <strong>du</strong> Nahr 'Îsù 4. TotÎzoùnsortit à sa rencontre avec toute la population de Baghdâdz.TotÎzoîm, aussitôt qu'il nperçut le khalife, baisa la terre.Il avait recommandé secrètement à une troupe de ses fa-1. 1\ avait en ee moment ,JI ans. cr. DZAHAnl, manuscrit cité, f· HO v' etslliv., où \'on trouve ll'intére;;81mts détails sur le règne de I:e prince.2. Voy. le" Prairies d'or, VIII, 31(; et suiv., Toùzoùn mourut. en :!:Il (9tii)à lIn. cr. DZAIIAnl, ms. cité,}HO vo; In:>1 AL-ATlliR, Chronicon, VIII,2!16-299 el.index, p. l!)(i.3. C'est une pelite hourgade située l)I'ès de Nahr '1611 (voy. lu noIe ciaprès),vis-à-vis de Tibq, dans le district. de BMOlh·ya. Cf. ltlAs'o(:Di,Prairiesd'or, VIII, a77 ; DZAJlABi, Ta'rlkh o/-Isldm, ms. cité, fo 159 vo,1. 19;YÂQOÛT, Mou'diam, 6. V.4. Le cunal qui pOl'I.e ce nom limitait. la vieille Baghdi\dz ("Iadinal a/-Man­§oflr) au sud. Il fOl'mail. l'exll'ème Iimile <strong>du</strong> quartier de /{arkh. Cf. G. SAL­~ION, l'lnlro<strong>du</strong>ction lopogl'aphique Il l'histoire de Baghdûd:, p. 48, et. f1glll'e 1.1).37. GUY LE STRANGE, Baghdtldz dUl'ing Ihellbbasid Calipha/e, apud Salmon.


HISTOIRE DES DY:';"ASTIES :\IUSUT..M.\:'\ESmiliel's d'entourer le khalife; ils l'entourèrent donc et lefirent entrer dans la tente de. Toùzoùn. Ensuite, celuici,ayant fait arrêter le khalife, lui arracha les yeux. Puisle déclarant déchu <strong>du</strong> khalifat l, prêta l'hommage d'investitureà ~Ioustakfl. MouttaflÎ mourut en l'année 350 (= 961de J;-C.).HISTOIRE DU VJZm.\T sous LE nt~GNE DE MOUTTAQÎ38GIl confirma Soulaimân, fils de Basan, fils de Makhlad 2,dans son vizirat. ~Iais, quatre mois après, il appela auxfonctions de v