Un voyage au cœur des opéras de Jean-Baptiste Lully

monarque jeune encore, à peine différent du jeuneroi en armure qu’a peint, quelques années avant, LeBrun.Du premier acte aussi (« Voyages et métamorphoses »),résolument baroque, avec ses incursions dans desrégions aussi reculées et diverses que les désertsglacés de la Scythie et les brûlantes forges de Vulcain.Une façon de rappeler, en même temps, que sans le« chœur des Trembleurs », traité dans un mode, il estvrai, plus pittoresque que pathétique, Purcell n’eûtpeut-être pas imaginé sa tragique « Scène du Froid »du King Arthur. Que déjà, bien avant les Nibelungen,les mondes souterrains ont retenti, à l’opéra, duferraillement des marteaux sur l’enclume.Dans ce premier acte, j’ai voulu insérer aussil’intégralité du divertissement situé au IIIème actedu même opéra, théâtre dans le théâtre (dans latradition spécifiquement baroque dont L’Illusioncomique de Corneille reste l’archétype), véritablemise en abyme de la tragédie elle-même, puisque,pour faire diversion, et détourner les cent yeux duredoutable Argus de sa prisonnière, la malheureuseIo, Mercure imagine de faire voir au geôlier lareprésentation d’autres amours à l’issue tragique,celles de Pan pour la nymphe Syrinx.‘La Renommée’) which celebrates the glory of a stillyoung monarch, scarcely changed from the youthfulking in armour painted by Le Brun a few years earlier.From the same source comes the first act (‘Voyageset métamorphoses’), resolutely Baroque, with itsincursions into regions as distant and as different asthe icy wastes of Scythia and the burning forges ofVulcan. This act also offers a timely reminder thatwithout the ‘chœur des Trembleurs’, admittedlytreated in picturesque rather than pathetic mode,Purcell might perhaps never have conceived the‘Frost Scene’ in King Arthur – and that, long beforethe Nibelungs, subterranean worlds had alreadyresounded, in the opera house, with the clang ofhammers on anvils.I also wished to insert in this first act the completedivertissement from the third act of the same opera,which presents a theatre within the theatre (in thespecifically Baroque tradition of which Corneille’sL’Illusion comique remains the archetype), anauthentic mise en abyme of the tragedy itself, since,to create a diversion and distract the hundred eyesof the fearsome Argus from his unfortunate captiveIo, Mercury devises the ploy of showing the gaoleranother love affair with a tragic outcome, Pan’spassion for the nymph Syrinx.Isis, l’opéra des Métamorphoses. Celles d’Ovide,auquel le livret de Quinault emprunte ses sources.Celles de toute une Cour, puisqu’on a voulu voir enJupiter amoureux le Roi lui-même (chose sommetoute assez banale), en Io, la nymphe aimée,persécutée par la jalouse Junon, la favorite dumoment, Mademoiselle de Ludre, Fille d’honneurde Madame, en butte à la jalousie non point de laReine « habituée désormais à ses infidélités » (Primi-Visconti), mais de la toute puissante favorite en titre,Madame de Montespan. Cette dernière finit partriompher et la trop jeune rivale, après avoir connula plupart des avanies de la nymphe, son double, nedeviendra point comme Isis, déesse à tête de vache.8Isis is the opera of metamorphoses. The work ofthat name by Ovid, in which Quinault’s libretto hasits sources. But also those of the whole court, forthe amorous Jupiter was identified with the kinghimself (a fairly banal notion, when all is said anddone), and Io, the nymph he loves and who ispersecuted by jealous Juno, with the current royalfavourite, Mademoiselle de Ludre, maid of honourto ‘Madame’ 1 , who was exposed to the jealousynot of the queen, ‘used by now to his infidelities’(Primi-Visconti), but of Louis’ all-powerful officialmistress, Madame de Montespan. It was the latterwho triumphed in the end, though her all too youngrival, despite suffering most of the same snubs as her