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Qu'est-ce qu'un atelier santé » ? L'expérience des Comités d ... - Ipcem

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PRATIQUESSanté publique 2005, volume 17, n o 1, pp. 121-134« Qu’est-<strong>ce</strong> qu’un <strong>atelier</strong> <strong>santé</strong> <strong>»</strong> ?L’expérien<strong>ce</strong> <strong>des</strong> <strong>Comités</strong>d’Éducation pour la Santé<strong>des</strong> Pays de la Loire“Evaluating health workshops”:the experien<strong>ce</strong> of health education committeesin the Pays de la Loire regionP. Lamour (1) , L. LeHélias (1) , P. Berry (1) , A. Cubas (1) , P. Lombrail (2)Résumé : Les cinq comités départementaux d’éducation pour la <strong>santé</strong> (CODES)conduisent <strong>des</strong> projets d’éducation pour la <strong>santé</strong> <strong>des</strong>tinés à <strong>des</strong> participants endifficultés sociales, dénommés « <strong>atelier</strong> <strong>santé</strong> <strong>»</strong>. Ces <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> se déroulent surplusieurs séan<strong>ce</strong>s collectives pour un accompagnement et une reconnaissan<strong>ce</strong>attentive <strong>des</strong> besoins de <strong>santé</strong> de public ayant peu l’habitude de s’exprimer ou d’êtreentendu sur <strong>ce</strong> sujet. Une évaluation de 7 sur 47 <strong>atelier</strong>s est conduite par le CREDEPS-Nantes. Chacun <strong>des</strong> 7 <strong>atelier</strong>s bénéficie d’une préparation d’une durée moyenne de31 heures-personnes. En moyenne, 9 séan<strong>ce</strong>s, d’une durée de 2 heures trente, pendant32 semaines, sont organisées avec 8 à 9 participants. 85 % <strong>des</strong> participants sontsatisfait en fin de séan<strong>ce</strong>. La moitié <strong>des</strong> 37 participants, interrogés six mois après les<strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>, déclare que leur état de <strong>santé</strong> s’est un peu ou beaucoup amélioré depuis.L’évaluation montre qu’il faut mieux définir les objectifs opérationnels afin de clarifier lesintentions <strong>des</strong> intervenants vis-à-vis d’un public qui pourra d’autant mieux entrer dansun débat critique. Les <strong>atelier</strong>s répondent aux critères de définition d’un projetd’éducation pour la <strong>santé</strong> : négociation de la demande, participation <strong>des</strong> personnesbénéficiaires à divers sta<strong>des</strong> du projet, durée moyenne et petit effectif compatible avecl’accompagnement dans le temps du public. Même si l’évaluation <strong>des</strong> résultats et <strong>des</strong>impacts reste soumise à <strong>des</strong> difficultés méthodologiques complexes, <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>ssemblent avoir été très appréciés, par les participants comme par les demandeurs, avec<strong>des</strong> effets observés dans la vie de <strong>ce</strong>rtains, incitant à la poursuite de <strong>ce</strong> type de projet.Summary: The five health promotion and education committees (CODES) from the Paysde la Loire region are carrying out health promotion projects involving sociallydisadvantage people. These projects are referred to as <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> (literally meaning“health workshops”). These interventions are conducted over a series of participatory(1) CREDEPS, 85, rue Saint-Jacques, 44093 Nantes Cedex 1, Fran<strong>ce</strong>.(1) PIMESP, CHU de Nantes.(2) PIMESP, CHU de Nantes.Tiré à part : P. Lamour Ré<strong>ce</strong>ption : 18/03/2003 - Ac<strong>ce</strong>ptation : 18/07/2004


122P. LAMOUR, L. LEHÉLIAS, P. BERRY, A. CUBAS, P. LOMBRAILsessions, which creates a more supportive structure to guide people with difficultiesassisting them to better recognise and formulate their health needs, as they are normallypart of a population group which is neither accustomed to expressing their health needsnor to being heard on this subject.At present little is known about these projects; therefore the Inter-regional anddepartmental health education committee from Nantes chose to carry out an evaluationof 7 of the 47 existing “workshops”. Each one of the seven interventions required anaverage of 31 hours of preparation. Overall, there were 9 sessions organised with 8 to9 participants, each lasting for the duration of 2.5 hours, held over a period of 32 weeks.At the end of each session, 85% of the participants claimed that there were satisfied.When questioned six months after the end of their “workshop”, half of the 37 participantsreported that their per<strong>ce</strong>ived health status was a little or much better after having takenpart in the pro<strong>ce</strong>ss. The evaluation demonstrates that a more clear definition of theoperational objectives is ne<strong>ce</strong>ssary in order to promote increased input from theparticipants and to clarify the intentions of the project team towards a population groupwhich needs a means by which it can enter into this critical debate. The pro<strong>ce</strong>ss appearsto be in accordan<strong>ce</strong> with the criteria and goals of health promotion: negotiation of thecontent, participation of members of the target audien<strong>ce</strong> throughout various stages of theproject, and adjustment of the size and scale of the project being to involve a small totalnumber of participants in order to favour effective follow up. Although evaluating theeffectiveness and impact of such interventions is difficult and complicated by complexmethodological questions, these “workshops” seem to have been greatly appreciatedboth by those who requested them and those who participated in them, with encouragingresults having been witnessed in the lives of <strong>ce</strong>rtain participants, which all serves as anin<strong>ce</strong>ntive to pursue this kind of project.Mots-clés : éducation pour la <strong>santé</strong> - précarité.Key words : health education - instability - disadvantaged population.Introduction, objectifIl est admis qu’un quart de la populationen Fran<strong>ce</strong> est en situation deprécarité sociale [10] et les inégalitésen <strong>santé</strong> s’aggravent [13] dans unpays pourtant réputé pour l’ex<strong>ce</strong>llen<strong>ce</strong>de son système de soins.La prise de conscien<strong>ce</strong> <strong>des</strong> pouvoirspublics se traduit par différentes circulaires(dont <strong>ce</strong>lle relative à la loi n° 98-535du 29 juillet 1998 de lutte contre lesexclusions) et a conduit les décideursà introduire <strong>des</strong> Programmes Régionauxd’Accès à la Prévention et auxSoins (PRAPS). Les PRAPS visent àdévelopper <strong>des</strong> programmes de préventionen direction <strong>des</strong> populationsprécarisées par <strong>des</strong> interventions sur<strong>des</strong> problèmes ou <strong>des</strong> déterminantsde <strong>santé</strong> ou <strong>des</strong> actions de <strong>santé</strong> globales,en particulier au niveau <strong>des</strong>communes ou <strong>des</strong> quartiers. Dans larégion <strong>des</strong> Pays de la Loire, les quatre<strong>Comités</strong> d’Éducation pour la Santé(CODES) et le CREDEPS-Nantes ontsigné <strong>des</strong> conventions avec leurDDASS pour mettre en œuvre <strong>ce</strong>travail sous forme d’<strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>.À notre connaissan<strong>ce</strong>, il existe peude travaux publiés en Fran<strong>ce</strong> visant àdécrire comment un dispositif législatifnational, relayé par <strong>des</strong> programmesrégionaux, à l’origine d’appels d’offres,a été mis en œuvre à l’échelon localet <strong>ce</strong> qu’il a produit. Le but de <strong>ce</strong> travailest d’évaluer les moyens et lesprocédures de l’expérien<strong>ce</strong> qui a étémenée. Quarante-sept <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>répondent aux critères d’inclusionsuivants : être menés dans le cadrede conventions signées au titre d’unedéclinaison départementale du PRAPS,avoir débuté entre le 1 er janvier 2000et le 31 dé<strong>ce</strong>mbre 2001 et correspondreà une action menée au contactdirect d’un public en difficultés sociales.


« QU’EST-CE QU’UN ATELIER SANTÉ <strong>»</strong> ?L’EXPÉRIENCE DES COMITÉS D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ DES PAYS DE LA LOIRE123Nous commen<strong>ce</strong>rons par décrire <strong>ce</strong>qu’est un <strong>atelier</strong> <strong>santé</strong> puis la méthoded’évaluation utilisée avant de rapporterles résultats de <strong>ce</strong>tte analysesur 7 sites et de discuter de l’intérêtde poursuivre <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s.Métho<strong>des</strong>Définition d’un <strong>atelier</strong> <strong>santé</strong>Il consiste à organiser une rencontreentre <strong>des</strong> professionnels de lapromotion de la <strong>santé</strong> et un public endifficultés sociales. L’<strong>atelier</strong> <strong>santé</strong>,qui se déroule sous forme de plusieursséan<strong>ce</strong>s collectives, vise à êtrele lieu d’une reconnaissan<strong>ce</strong> attentive<strong>des</strong> besoins de <strong>santé</strong> de publicsayant peu l’habitude de s’exprimer oud’être entendus sur <strong>ce</strong> sujet. Il a pourbuts principaux le renfor<strong>ce</strong>ment del’estime de soi, le développement<strong>des</strong> compéten<strong>ce</strong>s, <strong>des</strong> savoirs, savoirfaireet savoir-être. Il cherche à sensibiliserle public aux questions de<strong>santé</strong>, à développer une réflexion critiqueet <strong>des</strong> capacités à agir sur sa<strong>santé</strong> et son environnement. Cetterencontre est l’occasion d’échangesinformels, pouvant conduire à entreprendretous types d’actions créativessur un thème de <strong>santé</strong>. Les métho<strong>des</strong>d’intervention et le contenu <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>smises en œuvre sont multiples.Un <strong>atelier</strong> est organisé pour moinsd’une trentaine de personnes rencontréesdans <strong>des</strong> dispositifs de retourvers l’emploi, <strong>des</strong> Centres d’Hébergementet de Réinsertion Sociale (CHRS),<strong>des</strong> associations caritatives, voire <strong>des</strong>quartiers, ou en milieu pénitentiaire.Les moyens utilisés par les intervenantspour l’animation <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>ssont variés. Suivant les con<strong>ce</strong>ptsd’éducation pour la <strong>santé</strong> [2], il s’agitde prendre en compte les représentations<strong>des</strong> participants, progressivementperçues grâ<strong>ce</strong> à un climat deconfian<strong>ce</strong> créé au travers d’interventions,qui né<strong>ce</strong>ssitent un accompagnementdans la durée pour un nombreréduit de participants.Choix <strong>des</strong> terrains d’évaluationD’un commun accord entre leséquipes <strong>des</strong> CODES et le CREDEPSchargé de <strong>ce</strong>tte évaluation, sept <strong>atelier</strong>sont été choisis pour une évaluationde procédure. Il s’agit d’un foyerd’hébergement de femmes célibataires,d’un <strong>ce</strong>ntre social, d’un chantier d’insertion,d’une association caritative,d’un Centre Communal d’ActionSociale, d’un <strong>atelier</strong> d’apprentissagede lecture et d’écriture et enfin d’unchantier collectif associatif.Outils d’évaluationPour procéder à l’évaluation, nousavons élaboré quatre outils : une grilled’analyse <strong>des</strong> documents écrits, une« enquête-encadrant <strong>»</strong> auprès <strong>des</strong> professionnelsau contact quotidien avecles usagers, une « grille-séan<strong>ce</strong> <strong>»</strong> ougrille d’analyse de chacune <strong>des</strong>séan<strong>ce</strong>s d’un <strong>atelier</strong> <strong>santé</strong> et une« enquête-participant <strong>»</strong> auprès <strong>des</strong>personnes ayant bénéficié <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s<strong>santé</strong>. Celle-ci a été menée, par entretien,souvent « à distan<strong>ce</strong> <strong>»</strong> <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s,<strong>ce</strong> qui permet d’avoir une approchede <strong>ce</strong> que deviennent les effetsressentis pendant ou dans les suitesimmédiates de l’<strong>atelier</strong>. Au-delà dequelques indicateurs quantitatifs, <strong>ce</strong>soutils utilisent <strong>des</strong> questions semiouvertes et/ou <strong>des</strong> affirmations appréciéesselon une échelle de cotationsimple (0 : pas du tout, 1 : très partiellement,2 : en grande partie et 3 : entièrement).L’évaluation de la pertinen<strong>ce</strong> <strong>des</strong>objectifs est mesurée en comparantla façon dont sont conçus les objectifs<strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> par les intervenantset par les encadrants. Les pre-


124P. LAMOUR, L. LEHÉLIAS, P. BERRY, A. CUBAS, P. LOMBRAILmiers sont analysés au regard de7 critères identifiés par Cherbonnier [5]qui supposent qu’un objectif doit être :<strong>ce</strong>ntré sur les résultats, pertinent, réalisable,réaliste, défini dans le temps,visant une population précise etmesurable. Les seconds sont analysésen fonction de leur degré de cohéren<strong>ce</strong>et de complémentarité ou nonavec les premiers. Ainsi l’outil d’évaluation<strong>des</strong> documents écrits a permisl’analyse de 25 objectifs rédigés. Ellefait l’objet de deux analyses par deuxpersonnes différentes.L’évaluation <strong>des</strong> procédures <strong>des</strong><strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> a été analysée sousl’angle de leur préparation, du contenu<strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s, ainsi que de l’implicationou non <strong>des</strong> participants dans le montagedu projet et leur participation. Lerecueil d’informations sur <strong>des</strong> « phrasesclefs <strong>des</strong> participants pendant laséan<strong>ce</strong> <strong>»</strong> [16], permettent d’apprécierle déroulement <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>.L’évaluation <strong>des</strong> résultats et del’impact est <strong>ce</strong>ntrée sur le degré <strong>des</strong>atisfaction <strong>des</strong> participants. Ce travailn’a ni la possibilité ni les moyensd’évaluer les résultats de <strong>ce</strong>s interventionsen termes de bénéfi<strong>ce</strong>s objectifsà long terme sur la <strong>santé</strong> <strong>des</strong> participants,toute relation causale paraissantpar ailleurs difficile à établir. Cependantle recueil d’informations sur<strong>des</strong> événements marquants survenusdans la vie <strong>des</strong> participants entre deuxséan<strong>ce</strong>s ou six mois après, permet de<strong>ce</strong>rner quelques impacts.Au total « l’enquête-encadrant <strong>»</strong> aété utilisée auprès de 22 encadrants,soit 3 en moyenne par site. La « grilleséan<strong>ce</strong><strong>»</strong> a été utilisée par les 7 intervenantseux-mêmes. « L’enquêteparticipant<strong>»</strong> a permis de recueillir l’avisà distan<strong>ce</strong> de 37 participants, soit 60 %<strong>des</strong> <strong>ce</strong>ux qui ont bénéficié de <strong>ce</strong>s7 <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>. Sur les 37 participantsrencontrés, 60 % sont <strong>des</strong> femmes(comme pour l’ensemble <strong>des</strong> 47 <strong>atelier</strong>s)et 80 % ont entre 25 et 50 ans,50 % vivent seuls et 90 % d’entre euxn’ont pas d’activité professionnelle.RésultatsLes projets couvrent une périodemoyenne de 32 semaines, soit 7 mois.Un <strong>atelier</strong> dure moins de 3 mois et2 <strong>atelier</strong>s durent plus d’un an.Pertinen<strong>ce</strong> <strong>des</strong> objectifsTous les <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> étudiés ontfait l’objet d’une rédaction écrited’objectifs. Tous ont <strong>des</strong> objectifsspécifiques définis, 4 <strong>atelier</strong>s sur 7n’ont pas défini d’objectifs généraux,et 3 <strong>atelier</strong>s sur 7 les ont complétéspar <strong>des</strong> objectifs opérationnels.En référen<strong>ce</strong> aux 7 critères, on noteque les objectifs spécifiques définissont plus <strong>ce</strong>ntrés sur <strong>des</strong> activités quesur les résultats visés par les <strong>atelier</strong>s<strong>santé</strong>. Mais une lecture attentive montrequ’ils mêlent <strong>des</strong> objectifs très <strong>ce</strong>ntréssur les résultats attendus, comme parexemple : « développer une image de soipositive préalable à un comportementfavorable au maintien de sa <strong>santé</strong> <strong>»</strong> etd’autres qui décrivent une activité prévue,comme par exemple : « repérer<strong>des</strong> personnes ressour<strong>ce</strong>s à l’intérieurcomme à l’extérieur du foyer <strong>»</strong>. La plupart<strong>des</strong> objectifs spécifiques contribuent« en grande partie <strong>»</strong> ou presque« entièrement <strong>»</strong> aux buts poursuivis.Aucun n’est énoncé sans aucun rapportavec les buts poursuivis. La plupartparaissent « en grande partie <strong>»</strong> réalisteset réalisables. Aucun ne fixe delimite de temps et un seul <strong>atelier</strong> préciseexplicitement le public rencontrédans l’<strong>atelier</strong> <strong>santé</strong>. Les objectifs sontjugés « très partiellement mesurables <strong>»</strong>et, tels qu’ils sont rédigés, ils ne permettentpas de préciser sur quel critèrequalitatif ou quantitatif il seraitpossible de les mesurer précisément.


« QU’EST-CE QU’UN ATELIER SANTÉ <strong>»</strong> ?L’EXPÉRIENCE DES COMITÉS D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ DES PAYS DE LA LOIRE125L’analyse <strong>des</strong> objectifs expriméspar les 22 encadrants enquêtés montrequ’ils sont « en grande partie <strong>»</strong> cohérentspar rapport aux objectifs telsqu’ils étaient rédigés par les intervenants.Deux <strong>atelier</strong>s sont jugés « entièrement<strong>»</strong> cohérents. La cohéren<strong>ce</strong> sur2 autres est jugée « très partielle <strong>»</strong> auvu <strong>des</strong> déclarations <strong>des</strong> encadrantscomme : « faire prendre conscien<strong>ce</strong><strong>des</strong> risques qu’il y a à faire <strong>des</strong>excès <strong>»</strong> ou « travailler sur l’amélioration<strong>des</strong> conditions de travail <strong>»</strong>. Dansl’esprit <strong>des</strong> évaluateurs, la cohéren<strong>ce</strong>s’entend aussi en termes de complémentaritéou d’incompatibilité. Ainsion peut noter quelques objectifs pertinentsrelevés au cours <strong>des</strong> entretiensqui ne figurent pas sur lesdocuments écrits comme : « permettreà l’équipe encadrante de s’approprierune méthode et <strong>des</strong> supports pourpoursuivre l’action <strong>»</strong>, ou « changerquelques habitu<strong>des</strong> dans la vie dufoyer <strong>»</strong>.Préparation <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>Quatre <strong>atelier</strong>s sur 7 ont bénéficiéd’un comité de pilotage regroupanten moyenne 3 à 4 personnes. Lamoyenne d’heures consacrées parl’ensemble <strong>des</strong> intervenants et encadrantspour préparation, supervision,réunion de bilan en cours ou en fin deprojet est de 31 heures-personnes.Un <strong>atelier</strong> y consacre moins de10 heures et 2 <strong>atelier</strong>s y consacrentplus de 50 heures. Il n’y a pas de lienentre l’existen<strong>ce</strong> ou non d’un comitéde pilotage et le volume d’heures depréparation. Tous les <strong>atelier</strong>s ontinformé les participants de vive voix,que <strong>ce</strong> soit par l’intermédiaire del’équipe encadrante ou directementpar <strong>des</strong> rencontres entre les intervenantset les participants, avant lamise en pla<strong>ce</strong> de l’<strong>atelier</strong> <strong>santé</strong>, <strong>ce</strong>qui leur permet d’intervenir sur la préparation(cas de 3 <strong>atelier</strong>s).Déroulement d’un <strong>atelier</strong> <strong>santé</strong>Toutes les équipes ont réalisé lenombre de séan<strong>ce</strong>s prévues préalablementdans un protocole avec lesencadrants, soit 9 séan<strong>ce</strong>s en moyennepar <strong>atelier</strong>. Un seul fait ex<strong>ce</strong>ption :les 5 séan<strong>ce</strong>s prévues ont donné lieu à21 séan<strong>ce</strong>s, soit 4 fois plus que prévu,du fait de la création de sous-groupes.Du fait du fonctionnement atypique de<strong>ce</strong>t <strong>atelier</strong>, par rapport aux autres, iln’a pas été retenu dans les calculs suivants.En moyenne une séan<strong>ce</strong> dure2 heures 30. En dehors <strong>des</strong> temps depréparation de séan<strong>ce</strong>, il y a eu265 heures-personnes de con<strong>ce</strong>ptionet de suivi de l’<strong>atelier</strong> <strong>santé</strong> pour985 heures-participants, soit un rapportde 1 à 3,7. Un <strong>atelier</strong> comptabilise36 heures de préparation et suivipour 365 heures d’intervention, soit unrapport de 1 à 10, quand un autrebénéficie de 68 heures de préparationet suivi pour 50 heures d’intervention.Ceci inclut le temps de préparationindividuel de l’intervenant évalué enmoyenne à 1 h 30 par séan<strong>ce</strong>. Lenombre moyen de personnes pouvantpotentiellement bénéficier de <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>sau moment souhaité est de 8 à9 personnes pour 8 participants effectivementprésents. Il n’est pas observéde diminution du nombre de participantsprésents au fil de l’<strong>atelier</strong>.Animation <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>Six <strong>atelier</strong>s sur 7 ont pris l’avis <strong>des</strong>participants sur les thèmes pouvantêtre abordés au cours <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>ssous forme d’un débat collectif. Tousles <strong>atelier</strong>s ont utilisé <strong>des</strong> outils pédagogiquesprécis et ont adapté leurs interventionsau fur et à mesure du déroulementdu projet. Deux <strong>atelier</strong>s ontaussi partagé <strong>ce</strong>s adaptations avec lesparticipants. Cinq <strong>atelier</strong>s, ayant relevérégulièrement l’indicateur de participationdu public, permettent d’établirune moyenne globale jugée « bonne <strong>»</strong>


126P. LAMOUR, L. LEHÉLIAS, P. BERRY, A. CUBAS, P. LOMBRAILpar les intervenants. Quatre <strong>atelier</strong>ssur 7 ont utilisé <strong>des</strong> grilles de satisfaction<strong>des</strong> participants au cours d’aumoins 2 séan<strong>ce</strong>s ; 18 séan<strong>ce</strong>s sur 43en bénéficient et le taux moyen de réponses« à connotation positive <strong>»</strong> <strong>des</strong>participants, quelles que soient lesquestions, est de 80 %. Ces donnéesont été complétées par la lecture <strong>des</strong>nombreuses notes prises par les intervenantsau fil <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s. Les pointspositifs se partagent entre <strong>des</strong> remarquestant sur le fond : « expressiond’intérêts très personnels par les usagers<strong>»</strong> ou « meilleure compréhensionde <strong>ce</strong>rtaines attitu<strong>des</strong> liées à laconsommation de toxiques <strong>»</strong> que surla forme : « qualité de la participation ;variété <strong>des</strong> points de vue entendus ;beaucoup de respect dans le déroulement<strong>des</strong> débats <strong>»</strong>. Sur la forme, ilstémoignent d’une évolution positiveau fil <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s : « <strong>ce</strong>rtains s’exprimentplus concrètement sur leur étatde <strong>santé</strong> ; forte croissan<strong>ce</strong> du groupe ;prise en charge spontanée par le grouped’un <strong>ce</strong>rtain nombre de démarches(courrier, contacts téléphonique, etc.) ;le public n’hésite plus à interpeller lesintervenants sur leur propre con<strong>ce</strong>ption<strong>des</strong> sujets ; nette amélioration de« l’image de soi <strong>»</strong> <strong>des</strong> participants quise traduit concrètement (coiffure,tenue vestimentaire, maquillage) <strong>»</strong>. Lespoints négatifs se partagent entre <strong>des</strong>remarques tant sur le fond : « <strong>des</strong> problèmestrop personnels sont exprimés; le manque de vocabulaire de<strong>ce</strong>rtaines personnes limite l’exerci<strong>ce</strong>du débat ; une personne ne s’y retrouvepas du tout… <strong>»</strong> que sur la forme :« méthode utilisée peu adaptée ; séan<strong>ce</strong>trop courte pour avoir réellementun impact ; public peu intéressé par ladélivran<strong>ce</strong> d’une information « toutefaite <strong>»</strong>, ou témoigne d’une évolutionnégative au fil <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s : « attentionà l’habitude qui s’installe au fil <strong>des</strong>séan<strong>ce</strong>s <strong>»</strong>. Le tableau I liste quelquesexemples de faits marquants survenusau cours <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s que les intervenantsont noté ainsi que <strong>des</strong> phrasesclefs prononcées par les participants.Impacts attribuablesaux <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>Des faits marquants ou <strong>des</strong> effetsattribués aux <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> ont étérecueillis auprès <strong>des</strong> 22 encadrants<strong>des</strong> 7 <strong>atelier</strong>s évalués (tableau II). Ilssemblent témoigner globalement del’instauration d’une dynamique collectivefavorisant la prise de conscien<strong>ce</strong>voire <strong>ce</strong>rtaines initiatives individuellesde participants relevant du soin ouplus largement de déterminants de la<strong>santé</strong>.Les 37 participants interrogés sixmois après les <strong>atelier</strong>s gardent <strong>des</strong>souvenirs précis : 90 % d’entre eux serappellent le nom de l’intervenant(e),97 % peuvent citer <strong>des</strong> thèmes abordéset se rappellent le nombre de personnesprésentes, 95 % gardent unbon ou très bon souvenir de l’expérien<strong>ce</strong>.La plupart ont une « bonne <strong>»</strong>appréciation globale <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s (95 %,dont 46 % « très bonne <strong>»</strong> pour les femmescontre 35 % pour les hommes :52 % de « très bon souvenir <strong>»</strong>). Ils lesjugent utiles (90 %), peuvent citer uneou deux choses utiles apprises pendantles séan<strong>ce</strong>s (82 %) même si <strong>ce</strong>rtainsdéclarent qu’il y a eu aussi <strong>des</strong>choses inutiles (37 %). La moitié d’entreeux en ont parlé à leur entourage et lamajorité (85 %) est prête à proposer<strong>ce</strong> type d’<strong>atelier</strong>s à <strong>des</strong> personnesqu’elles connaissent. « Apprendre <strong>des</strong>choses nouvelles <strong>»</strong> et « rencontrer <strong>des</strong>gens <strong>»</strong> sont les 2 priorités <strong>des</strong> participantsavant « mieux comprendre <strong>des</strong>choses qui vous intéressent <strong>»</strong> et« pouvoir parler de questions qui vouspréoccupent <strong>»</strong> (figure 1). « Qu’il sachevous écouter <strong>»</strong> est la première qualitéattendue de l’intervenant, sans différen<strong>ce</strong>entre les hommes et les femmes(figure 2). Sur l’utilité d’autres <strong>atelier</strong>s


« QU’EST-CE QU’UN ATELIER SANTÉ <strong>»</strong> ?L’EXPÉRIENCE DES COMITÉS D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ DES PAYS DE LA LOIRE127Tableau I : Exemples de propos recueillis par les intervenants con<strong>ce</strong>rnant les participants.◆ Faits marquants repérés par les intervenants lors <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s– beaucoup de questions profon<strong>des</strong> sur la relation mère/fille, sur l’image de soi– apport très personnel de quelqu’un sur sa propre consommation de médicaments– le jeu <strong>des</strong> photos comparatives « enfan<strong>ce</strong>/aujourd’hui <strong>»</strong> démontre l’ampleur de la dégradationphysique subie par <strong>ce</strong>s usagers– une femme déclare que <strong>ce</strong>la « ne lui apporte rien du tout <strong>»</strong>– une femme explique « son déclic <strong>»</strong> dans la compréhension du stress◆ Phrases clefs <strong>des</strong> participants prononcés lors <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s– « <strong>ce</strong> que vous faites est très bien, même si j’étais un peu réservé au début… <strong>»</strong>– « <strong>ce</strong> qui se passe dans la tête, c’est important et plus difficile à régler qu’un problème de <strong>santé</strong> <strong>»</strong>– « nous n’avons pas à régler <strong>des</strong> petits stress, mais <strong>des</strong> choses très graves <strong>»</strong>– « les <strong>atelier</strong>s me servent à apprendre <strong>des</strong> choses, à m’exprimer mieux, à dire <strong>ce</strong> que je pense <strong>»</strong>– « maintenant qu’on a abordé <strong>ce</strong> sujet, je peux en parler, sinon, non <strong>»</strong>– « c’est bien d’avoir <strong>des</strong> documents, c’est mieux de rencontrer les gens <strong>»</strong>Encadré : Exemples de propos recueillis auprès <strong>des</strong> participants.◆ <strong>des</strong> avis positifs sur leur <strong>santé</strong> globale– je me sens mieux dans ma peau– je me sens mieux car j’ai pris conscien<strong>ce</strong> de la vision négative que j’avais sur moi-même– j’ai appris <strong>des</strong> choses aux autres, <strong>ce</strong>la m’a redonné confian<strong>ce</strong> en moi◆ <strong>des</strong> compéten<strong>ce</strong>s acquises au cours <strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s– j’ai appris à lire <strong>des</strong> noti<strong>ce</strong>s (alimentation)– j’ai appris <strong>des</strong> choses sur la famille– j’ai mieux appris à équilibrer un repas– j’ai compris comment m’affilier à la CMU et renouveler ma carte◆ <strong>des</strong> avis mitigés sur leur <strong>santé</strong> globale– j’ai appris <strong>des</strong> choses sur le sommeil mais je ne dors toujours pas mieux– j’ai appris <strong>des</strong> choses mais que je ne peux pas appliquer à la maison◆ <strong>des</strong> arguments avancés pour convaincre d’autres personnes de participer :– on apprend beaucoup de choses– on a <strong>des</strong> réponses sans être pris pour <strong>des</strong> idiots– c’est différent de <strong>ce</strong> qu’on a d’habitude. Il n’y a pas de bourrage de crâne– <strong>ce</strong>la fait réfléchir◆ Exemples de facteurs explicatifs avancés par <strong>ce</strong>ux qui pensent que leur état de <strong>santé</strong>s’est « beaucoup <strong>»</strong> ou « un peu amélioré <strong>»</strong> depuis <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> :– j’ai changé ma manière d’être– <strong>ce</strong>la m’a permis de connaître d’autres personnes– j’ai un meilleur moral, j’ai plus d’envies– je mange mieux et j’ai meilleur sommeil– je fume moins et je fais <strong>des</strong> efforts sur mon alimentation– je fais plus attention à mon hygiène de vieune seule femme pense « qu’il n’estpas utile d’organiser d’autres <strong>atelier</strong>s<strong>santé</strong> sur le même modèle con<strong>ce</strong>rnantd’autres sujets <strong>»</strong>. Parmi les 31 réponses,les thèmes proposés relèvent dechamps très vastes : biomédical(can<strong>ce</strong>r, sida, vaccins, dépistage), habitu<strong>des</strong>de vie (alcool, tabac, sommeil,stress, alimentation, sexualité, risque),vie sociale (délinquan<strong>ce</strong>, problèmes <strong>des</strong>ociété, enfants, pollution, handicap,difficultés de vie en général, travail),vie personnelle et familiale (vieillissement,« look <strong>»</strong>, problèmes familiaux,relations parents-enfants). Leurs propossur les questions ouvertes « en quoi les<strong>atelier</strong>s ont-ils été utiles ou inutiles <strong>»</strong>,« quels seraient vos arguments pourconvaincre d’autres usagers de venir <strong>»</strong>ou « Si votre état de <strong>santé</strong> s’est amélioréou dégradé, pouvez-vous expliquerpourquoi ? <strong>»</strong> sont portés dans l’encadré.


128P. LAMOUR, L. LEHÉLIAS, P. BERRY, A. CUBAS, P. LOMBRAILTableau II : Propos tenus par <strong>des</strong> encadrants lors de l’enquête sur site.◆ Effets positifs con<strong>ce</strong>rnant l’ensemble <strong>des</strong> participants– les participants ont retrouvé confian<strong>ce</strong> en eux, beaucoup ont changé et durablement– l’<strong>atelier</strong> leur a permis de mieux développer leur projet personnel– <strong>ce</strong>la a permis de mettre à plat de fausses idées– les participants ont appris <strong>des</strong> choses qui leur sont très utiles en pratique– il y a eu beaucoup de prises d’initiatives dans les suites de <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s– <strong>ce</strong>la ouvre pour <strong>ce</strong>rtains <strong>des</strong> perspectives personnelles d’avenir comme <strong>des</strong> envies de formation,de projet de travail, etc.– les <strong>atelier</strong>s ont suscité globalement un fort intérêt et un haut degré de satisfaction– les <strong>atelier</strong>s ont créé une cohésion positive du groupe au sein de <strong>ce</strong>tte structure collective– les <strong>atelier</strong>s sont un moteur de décision individuelle de soin, de meilleure hygiène– <strong>ce</strong>rtains ont travaillé chez eux pour faire avan<strong>ce</strong>r le projet au sein de l’<strong>atelier</strong> <strong>santé</strong>– il y a eu <strong>des</strong> mises en valeur de leurs savoir-faire– <strong>ce</strong>rtains thèmes sont maintenant plus faciles à aborder comme leur consommation d’alcool– les résidentes ont sévèrement critiqué l’alimentation du foyer dans les suites de l’<strong>atelier</strong> <strong>santé</strong>– les participants <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>s en ont beaucoup parlé à <strong>ce</strong>ux qui ne pouvaient pas y participer◆ Effets positifs con<strong>ce</strong>rnant <strong>des</strong> participants en particulier– une participante a totalement changé d’image (tenue vestimentaire, coiffure, etc.)– une participante s’est longuement exprimée sur le problème de l’alcool– une femme a entamé <strong>des</strong> démarches de soins en lien avec un thème abordé lors d’un <strong>atelier</strong>– une femme a moins mal au dos et fait <strong>des</strong> exerci<strong>ce</strong>s de souffle lorsqu’elle est stressée– deux femmes, ayant refusé le frottis du bilan de <strong>santé</strong>, l’ont ensuite ac<strong>ce</strong>pté grâ<strong>ce</strong> aux <strong>atelier</strong>s– deux personnes ont trouvé du travail depuis…◆ Effets négatifs con<strong>ce</strong>rnant l’ensemble <strong>des</strong> participants avec <strong>des</strong> effets globaux– globalement <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s ont eu peu d’impact– les hommes n’ont pas beaucoup apprécié <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s– il y a eu <strong>des</strong> problèmes de gestion de groupe et d’animation– les informations ne sont pas mises en pratique– <strong>ce</strong> n’est pas tellement que les femmes mangent mieux, elles savent qu’elles mangent mal, c’est laseule chose qui a changé…– les femmes connaissent les lieux de soins, mais elles n’y vont pas pour autantpouvoir parler de questionsqui vous préoccupent54mieux comprendre <strong>des</strong> chosesqui vous intéressent67rencontrer d’autres gens79apprendre <strong>des</strong> choses nouvelles81Figure 1 : Attentes <strong>des</strong> participants (28 participants répondent à la question : « Pourriezvousclasser, par ordre d’importan<strong>ce</strong>, <strong>ce</strong> qui vous semble le plus important lorsque vousparticipez à un <strong>atelier</strong> <strong>santé</strong> ? <strong>»</strong> (De 4 pour le plus important, à 1 pour le moins important).


« QU’EST-CE QU’UN ATELIER SANTÉ <strong>»</strong> ?L’EXPÉRIENCE DES COMITÉS D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ DES PAYS DE LA LOIRE129qu’il sache vous accompagneret vous encourager69qu’on le comprenne facilementlorsqu'il donne <strong>des</strong> informations70qu’il connaisse bien les problèmesdont il parle77qu’il sache vous écouter91Figure 2 : Qualités attendues <strong>des</strong> animateurs (26 participants répondent à la question :« Quelles sont pour vous les qualités les plus importantes de l’animateur de <strong>ce</strong>t <strong>atelier</strong> ? <strong>»</strong>(De 4 pour le plus important à 1 pour le moins important).DiscussionLimites méthodologiquesLe champ d’analyse de <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>ss’est restreint à 7 sur les 45 ayant eulieu à la même période. Ils n’ont pasété tirés au sort, mais choisis par lesintervenants de terrain, afin d’atténuerla per<strong>ce</strong>ption de « contrôle normatif <strong>»</strong>habituelle dans <strong>ce</strong> type de démarche.Cependant les caractéristiques principalescomme nombre de personnes,sexe, nombre de séan<strong>ce</strong>s et durée<strong>des</strong> séan<strong>ce</strong>s de <strong>ce</strong>s 7 <strong>atelier</strong>s sontidentiques à <strong>ce</strong>lles de l’ensemble <strong>des</strong>47 <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> menés dans la régionà la même période.La subjectivité de <strong>ce</strong>rtains critèrespeut également être discutée. Ainsil’intervenant est parfois invité à apprécierlui-même le « degré global de participation<strong>des</strong> bénéficiaires <strong>»</strong> à la séan<strong>ce</strong>ou indiquer son « degré de satisfactionpar rapport au déroulement global <strong>des</strong>a séan<strong>ce</strong> <strong>»</strong>. Dans la pratique, l’autoévaluationpar l’intervenant lui-mêmed’un <strong>ce</strong>rtain nombre d’observationsdonne souvent une bonne indicationsur le déroulement de <strong>ce</strong>lles-ci. Il enest de même pour l’évaluation <strong>des</strong> objectifs,qui ont fait l’objet d’une cotation« subjective <strong>»</strong> de la part <strong>des</strong> évaluateurs.Cette méthode ne prétend àaucune justification « scientifique <strong>»</strong>mais a révélé <strong>des</strong> appréciations quiont beaucoup interrogé et fait progresserles intervenants de <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s.Quelques indicateurs quantitatifs ontété recueillis. Chacune de <strong>ce</strong>s informations« brutes <strong>»</strong> a peu de sens isolémentet indépendamment du contexte.Ainsi une séan<strong>ce</strong>, qui a réuni 5 personnes,peut paraître un échec dansune résiden<strong>ce</strong> qui accueille 200 personnes.Ce n’est pas un échec dansun foyer d’hébergement d’urgen<strong>ce</strong>d’une dizaine d’usagers particulièrementmarginalisés. C’est l’évolutionde <strong>ce</strong>s paramètres entre différentesséan<strong>ce</strong>s au sein d’un même projet ouentre 2 projets proposés dans <strong>des</strong>lieux différents qui est intéressante àanalyser. De même le taux de personnesattendues par rapport aunombre de personnes effectivementprésentes traduit mieux l’intérêt ounon d’intervenir.Les effets perçus à distan<strong>ce</strong> par lesparticipants ont été appréciés en menant<strong>des</strong> entretiens. Des difficultés


130P. LAMOUR, L. LEHÉLIAS, P. BERRY, A. CUBAS, P. LOMBRAILtechniques n’ont pas permis deretrouver l’ensemble <strong>des</strong> participantsà <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s « à distan<strong>ce</strong> de l’intervention<strong>»</strong>. Par définition, <strong>ce</strong> public aété rencontré dans <strong>des</strong> dispositifs particulierstransitoires (foyer d’hébergement,chantier d’insertion, etc.). Lesencadrants sont souvent tenus à undevoir « éthique <strong>»</strong> de ne pas communiquerles adresses où vivent les participants,quand ils les connaissent… Iln’y a aucune donnée précise sur les40 % de non-répondants dont on peutpenser qu’ils font peut-être partie <strong>des</strong>plus vulnérables. Enfin les réponsesobtenues sur les questions ouvertessont souvent « pauvres <strong>»</strong>, parfois absentes,sans doute par<strong>ce</strong> que l’interviewet/ou l’écrit sont <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> decommunication difficiles avec <strong>ce</strong>rtainspublics. Il existe aussi une tendan<strong>ce</strong>générale « à la réponse positive <strong>»</strong>, car ilest plus difficile de critiquer <strong>des</strong> intervenantsqui ont sans doute su créerune relation positive et de confian<strong>ce</strong>avec le public, même si les interviewsn’ont pas été menées par eux.Affinement <strong>des</strong> objectifsLes objectifs sont jugés « très partiellementmesurables <strong>»</strong>. Cette limiteest fortement relativisée dans la littérature[6] en Éducation pour la Santéquand il s’agit d’évaluer <strong>des</strong> actionsde promotion de la <strong>santé</strong>. La viséenormative d’évaluations relevant detechniques quantitatives n’a que peu derapport avec le cadre d’interventionproposé par les <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>. Il est<strong>ce</strong>pendant difficile d’identifier <strong>des</strong>critères qualitatifs à partir <strong>des</strong> objectifsspécifiques, tels qu’ils sont rédigés.Ces oublis ou la faiblesse <strong>des</strong> objectifsau regard de 3 <strong>des</strong> 7 critères suggèrentque les promoteurs de <strong>ce</strong>sactions doivent tenter de préciser <strong>des</strong>objectifs opérationnels en correspondan<strong>ce</strong>avec leurs objectifs spécifiques.Cet exerci<strong>ce</strong> leur permettraitde mieux clarifier leurs intentions visà-visd’un public qui pourra d’autantmieux entrer dans un débat critiqueque <strong>ce</strong>s objectifs auront été précisés.Il est possible que l’absen<strong>ce</strong> de précisiontienne au souhait de <strong>ce</strong>s équipesde rendre le public réellement partenairede leurs interventions et donc dene pas « enfermer <strong>»</strong> leurs <strong>atelier</strong>s dansun schéma trop prédéterminé. Il s’agiraitalors de se garder une marge demanœuvre pour faciliter la participation<strong>des</strong> bénéficiaires à la définitionmême <strong>des</strong> objectifs de l’action etd’adopter le principe, dès le début duprojet, que <strong>ce</strong>s objectifs ont vocationà évoluer. Il serait alors intéressantd’analyser les objectifs opérationnelstels qu’ils ont été formulés à l’originedu projet et <strong>ce</strong> qu’ils sont devenus aufil du temps. Enfin, il existe une bonnecohéren<strong>ce</strong> dans l’expression <strong>des</strong> objectifspar les encadrants par rapport à<strong>ce</strong> qui a été écrit. Ceci témoigne de laréalité d’une approche en éducationpour la <strong>santé</strong> qui prend le tempsd’analyser une demande (qui est souventrévélée par les encadrants avantd’être formulée par les participants) etqui propose <strong>des</strong> objectifs d’interventionqui ont été compris et intégrés par<strong>ce</strong>ux qui accompagnent le public auquotidien. L’existen<strong>ce</strong> fréquente d’uncomité de pilotage et <strong>ce</strong>lle de documentsécrits sur tous les sites d’interventionsemblent témoigner de la réalitéd’une étape de dialogue et denégociation avant la mise en pla<strong>ce</strong> <strong>des</strong><strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>. Cette étape, souventabsente dans les projets d’interventionen <strong>santé</strong> publique, est pourtant ungage de réussite et permet aux uns etaux autres de clarifier leurs intentionset leurs possibilités d’intervention.Préparation et déroulementLes <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> sont préparés. C’est<strong>ce</strong> que l’on peut conclure de différentsindicateurs. Comme l’ont montré les ré-


« QU’EST-CE QU’UN ATELIER SANTÉ <strong>»</strong> ?L’EXPÉRIENCE DES COMITÉS D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ DES PAYS DE LA LOIRE131sultats, <strong>ce</strong> taux moyen n’est pas proportionnel,au nombre d’heures personnespassées avec les participants. Ce quipeut s’expliquer par le fait que <strong>ce</strong>rtains<strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>, totalement nouveaux,vont demander plus de préparationqu’un <strong>atelier</strong> ayant déjà été expérimenté,que les métho<strong>des</strong> de préparation nesont pas standard d’un <strong>atelier</strong> à l’autre etdépendent <strong>des</strong> intervenants. Enfin lapréparation d’un <strong>atelier</strong> est la même qu’ily ait beaucoup ou peu de participants.Tous <strong>ce</strong>s paramètres font l’objet de discussionsserrées avec les finan<strong>ce</strong>urs.Les publications ne <strong>ce</strong>ssent d’insister[7, 12, 17, 20] sur l’importan<strong>ce</strong> de laparticipation faute de quoi il ne s’agitpas véritablement d’un programme« d’éducation pour la <strong>santé</strong> <strong>»</strong>. On saitque sur le terrain <strong>ce</strong>tte participationest difficile, « gênée <strong>»</strong> par diversescontraintes (comme l’obligation perçueou réelle d’assister aux <strong>atelier</strong>s).Celle-ci semble avoir été systématiquementrecherchée et l’assistan<strong>ce</strong>aux séan<strong>ce</strong>s particulièrement élevéeet régulière.Les résultats <strong>des</strong> différents indicateursquantitatifs mesurés (duréemoyenne d’une séan<strong>ce</strong>, nombremoyen de séan<strong>ce</strong>s, la durée moyennetotale d’un <strong>atelier</strong> et le nombre moyende personnes présentes) vont biendans le sens d’un projet d’éducationpour la <strong>santé</strong>, qui repose sur lacon<strong>ce</strong>ption d’un accompagnementdans la durée facilitant la rencontreentre l’éducateur pour la <strong>santé</strong> et la personne,peu compatible avec de grandseffectifs, à l’inverse d’un projet de« transmission de connaissan<strong>ce</strong>s <strong>»</strong> quiest compatible avec <strong>des</strong> interventionscourtes devant un plus large public [4].La qualité du déroulement d’uneséan<strong>ce</strong> a pu être appréciée grâ<strong>ce</strong> aurecueil d’informations écrites qualitativesdont se remémore l’intervenantà la fin de chaque séan<strong>ce</strong>.Quand elles sont présentes, l’analysede <strong>ce</strong>s notes écrites rappelle que <strong>ce</strong>sinterventions sont avant tout <strong>des</strong> rencontreshumaines, <strong>ce</strong> qu’illustre <strong>ce</strong>tteremarque « C’est bien d’avoir <strong>des</strong> documents,c’est mieux de rencontrer lesgens <strong>»</strong>. Il semble qu’un <strong>atelier</strong> jouepleinement son rôle quand il sait allierun débat de fond sur <strong>des</strong> questions,qui laissent la pla<strong>ce</strong> aux savoirs etsavoir-faire <strong>des</strong> usagers, et qu’il saitaussi s’enraciner dans <strong>des</strong> apportsconcrets pour la vie quotidienne <strong>des</strong>participants. Ainsi, par exemple les<strong>atelier</strong>s, qui au travers d’un travail surl’image de soi font découvrir <strong>ce</strong> qu’estle maquillage à une femme qui n’avaitsans doute jamais abordé <strong>ce</strong>la avant, ouun <strong>atelier</strong> qui donne quelques « re<strong>ce</strong>ttesconcrètes quotidiennes <strong>»</strong> pour diminuerles stress (exerci<strong>ce</strong> de souffle, etc.)après avoir évoqué le mal être, ont étéparticulièrement plébiscités par les professionnelscomme par les participants.Résultats et impactLes <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> ont-ils<strong>des</strong> résultats mesurables ?L’évaluation <strong>des</strong> résultats obtenuspar les <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>, comme pourtoute démarche d’éducation pour la<strong>santé</strong>, bute régulièrement sur la critiquede ses limites méthodologiques.Comme le rappelle un travail ré<strong>ce</strong>ntmené par l’INSERM, [11] « il ne fautpas confondre la conclusion « aucunedifféren<strong>ce</strong> n’a pu être observée entre<strong>ce</strong>ux qui ont bénéficié d’un programmede prévention et <strong>ce</strong>ux qui n’en ont pasbénéficié <strong>»</strong> avec « le programme n’estpas effica<strong>ce</strong> <strong>»</strong>. Il faut distinguer le fait« de ne pas être évaluable <strong>»</strong> avec le faitde « ne pas être effica<strong>ce</strong> <strong>»</strong> [18]. Un <strong>ce</strong>rtainnombre d’actions de promotionde la <strong>santé</strong> reposent sur <strong>des</strong> hypothèsesvalidées. Des programmes expérimentauxont permis parfois defaire la preuve qu’ils obtiennent auprèsde <strong>ce</strong>rtains publics, <strong>des</strong> résultats


132P. LAMOUR, L. LEHÉLIAS, P. BERRY, A. CUBAS, P. LOMBRAILobservables sur leur <strong>santé</strong> [15]. Pourtantla plupart <strong>des</strong> auteurs s’accordentpour reconnaître que dans le domainede la promotion de la <strong>santé</strong> « <strong>ce</strong>tte incapacitéà prouver la relation de causeà effet se retrouve dans l’évaluation : siun programme de prévention est menéauprès d’une population donnée, onne peut être sûr qu’il va se traduirepar une amélioration de l’état de <strong>santé</strong>.Si l’état de <strong>santé</strong> de la populationauprès de laquelle intervient une équipede prévention s’améliore, on ne peuten déduire que <strong>ce</strong>la est dû aux actionsmenées et n’est dû qu’à elles. <strong>»</strong> [16].Ainsi, vouloir rapporter, dans un liendirect de causalité, <strong>des</strong> effets de <strong>ce</strong>sinterventions en terme d’améliorationde la <strong>santé</strong>, est très aléatoire. De nombreusespublications soulignent le caractèremultifactoriel de la <strong>santé</strong> [19],bien au-delà de seuls facteurs biomédicaux[3], sur lesquels un seul programmene pourra jamais agir exhaustivement.Elles soulignent les difficultésd’une évaluation de résultats[14], ne serait-<strong>ce</strong> que du fait de la sensibilité<strong>des</strong> instruments utilisés ou ducontrôle problématique <strong>des</strong> variablessus<strong>ce</strong>ptibles d’intervenir sur le phénomèneévalué, sans parler de la taille del’échantillon permettant de mettre enéviden<strong>ce</strong> <strong>des</strong> différen<strong>ce</strong>s statistiquementsignificatives. Ces auteurs qualifientde <strong>ce</strong> fait « les schémas expérimentauxclassiques d’inappropriés <strong>»</strong>.Impact sur la vie <strong>des</strong> participantsAu-delà <strong>des</strong> questions éthiques soulevéespar l’évaluation quant aux choix<strong>des</strong> informations à recueillir [21],quant à la production d’un jugementde valeur et aux prises de décisionsqu’elle engendre [8], nous avons fait lechoix de recueillir <strong>des</strong> remarques et<strong>des</strong> propos, tirés <strong>des</strong> rencontres avecles encadrants au contact quotidienavec les participants ayant bénéficiéde <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>, ou issus <strong>des</strong>notes écrites à la fin d’une séan<strong>ce</strong> parl’intervenant ou tirés <strong>des</strong> enquêtes àdistan<strong>ce</strong> auprès <strong>des</strong> participants. Cesdonnées n’ont aucune valeur statistique.Le poids d’une remarque n’engageque la personne qui l’a faite etn’a pas plus ni moins de valeur qu’uneautre. Le nombre plus important deremarques positives est à relativiserpar le fait que <strong>ce</strong>rtains intervenantsont pu passer sous silen<strong>ce</strong> <strong>des</strong>remarques particulièrement négativessur leur séan<strong>ce</strong>. De même le nombreimportant de non répondants parmiles participants peut faire craindreune auto<strong>ce</strong>nsure de l’opinion <strong>des</strong> personnesinsatisfaites par <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s.Ces remarques sont <strong>ce</strong>pendant lereflet de <strong>ce</strong> que <strong>des</strong> témoins privilégiés,les encadrants, ont observé pendantet après les <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>, de <strong>ce</strong>que les acteurs principaux, les intervenants,ont retenu de l’animation deleur séan<strong>ce</strong> et de <strong>ce</strong> que les principauxintéressés, les usagers, ont tiréde <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s-<strong>santé</strong>. Il en ressort uneimpression globale de satisfactionconfortée par la constan<strong>ce</strong> de la présen<strong>ce</strong><strong>des</strong> participants au fil <strong>des</strong> <strong>atelier</strong>set les taux élevés d’items positifssur les évaluations proposées dès lafin de <strong>ce</strong>rtaines séan<strong>ce</strong>s. Ces évaluations,même si elles ne mesurent souventque le degré de satisfaction « àchaud <strong>»</strong> et donnent peu d’indicationssur le bénéfi<strong>ce</strong> réel que vont tirer lespersonnes de <strong>ce</strong> travail, gagneraientà être plus systématiques. Le côtérépétitif, à chaque séan<strong>ce</strong>, peut fairebaisser la motivation <strong>des</strong> participantspour le remplir, mais <strong>ce</strong>la reste un outiltrès utile pour renfor<strong>ce</strong>r la constructionde pensées critiques et autonomes<strong>des</strong> personnes y compris sur le travailauquel ils participent.Les réponses positives de l’enquêteauprès <strong>des</strong> participants, que <strong>ce</strong> soitle bon souvenir qu’ils en gardent, unsentiment d’utilité pour leur <strong>santé</strong>ou le fait d’être prêts à conseiller à


« QU’EST-CE QU’UN ATELIER SANTÉ <strong>»</strong> ?L’EXPÉRIENCE DES COMITÉS D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ DES PAYS DE LA LOIRE133d’autres d’en bénéficier et de souhaiterl’organisation d’autres séan<strong>ce</strong>s, renfor<strong>ce</strong>ntl’hypothèse que <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>ssont ressentis par les participantscomme intéressants et utiles.Aux effets positifs individuels notéspar les encadrants (tableau II) sur <strong>des</strong>faits parfois minimes (« il y a eu beaucoupde prises d’initiatives dans lessuites de <strong>ce</strong>t <strong>atelier</strong> <strong>»</strong>) correspondent<strong>des</strong> remarques <strong>des</strong> participants (encadré)qui traduisent la réalité d’effetsdans leur vie quotidienne (« savoir respirer,je refais souvent ses exerci<strong>ce</strong>schez moi <strong>»</strong>). Cela peut faire penserque d’autres « détails <strong>»</strong> non déclarés,ont pu aussi « bouger <strong>»</strong> dans leur vie.Quelques effets positifs sur <strong>des</strong> faitsde plus grande importan<strong>ce</strong> ont éténotés par les encadrants (« une personnea entamé <strong>des</strong> démarches <strong>des</strong>oins en rapport avec un thèmeabordé lors d’un <strong>atelier</strong> <strong>»</strong>). Ces événementssont plus rares mais justifientpleinement l’intervention pour <strong>ce</strong>uxqui en ont tiré un tel bénéfi<strong>ce</strong>.Le fait que les femmes et les hommesattendent principalement <strong>des</strong> intervenantsqu’ils « sachent les écouter <strong>»</strong>,confirme l’hypothèse, sur laquellerepose l’éducation pour la <strong>santé</strong>, quetout individu a <strong>des</strong> compéten<strong>ce</strong>s avantd’être quelqu’un à convaincre [1, 9].La diversité <strong>des</strong> thèmes que lesparticipants souhaiteraient voir abordéslors de prochains <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>confirme l’intérêt d’une approche globaleet pas seulement bio-médicale<strong>des</strong> thèmes de <strong>santé</strong>.Il reste <strong>ce</strong>pendant difficile aux participants,comme peut-être à <strong>ce</strong>rtainsintervenants, de mieux préciser « enquoi <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s ont été utiles <strong>»</strong> ;même si <strong>des</strong> participants déclarentque leur état de <strong>santé</strong> s’est « beaucoup<strong>»</strong> ou « un peu <strong>»</strong> amélioré depuis<strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s. Mais comme l’exprimaittrès bien l’une <strong>des</strong> femmes rencontrées,« Il s’est passé beaucoup dechoses plus importantes dans ma vieque <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> depuis qu’ilsont eu lieu <strong>»</strong>.Impact sur les encadrantsCes <strong>atelier</strong>s ont un impact sur lesstructures où ils se sont déroulés.Souvent, <strong>ce</strong>s effets sont soulignésgrâ<strong>ce</strong> à l’apport « extérieur <strong>»</strong> quereprésentent les intervenants <strong>ce</strong> quipose le problème de la pérennité de<strong>ce</strong>s interventions et de leur capacitéde transfert vis-à-vis <strong>des</strong> personnesressour<strong>ce</strong>s <strong>des</strong> lieux où elles ont étémises en pla<strong>ce</strong>.ConclusionConstruire un projet autour de la <strong>santé</strong>,dans la durée, avec la participation <strong>des</strong>personnes en difficultés sociales et <strong>des</strong>professionnels qui les accompagnentn’est pas simple. Évaluer les objectifs,les procédures et les résultats de <strong>ce</strong>sprojets né<strong>ce</strong>ssite du temps et <strong>des</strong> outilsappropriés qui sont encore àconstruire. Cette évaluation conduitedans les Pays de la Loire est un premiertravail qui montre que les projetsd’<strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong> se sont déroulés enconformité avec les principales caractéristiquesd’un projet d’éducation pourla <strong>santé</strong> : temps de préparation etd’analyse d’une demande, participation<strong>des</strong> bénéficiaires, accompagnementdans la durée, impact sur l’environnementet la vie <strong>des</strong> participants. Mêmesi l’évaluation <strong>des</strong> résultats reste trèsrelative quand on prend conscien<strong>ce</strong>de la diversité <strong>des</strong> déterminants de la<strong>santé</strong>, il n’en reste pas moins que <strong>ce</strong>travail incite, selon les auteurs, à lapoursuite de <strong>ce</strong>s <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>.


134P. LAMOUR, L. LEHÉLIAS, P. BERRY, A. CUBAS, P. LOMBRAILREMERCIEMENTSLes auteurs adressent leurs sincères remerciements à : R. Daigneau, C. Daviet, C. Fouache, M. Huteau,C. Priat, A. Rocard qui ont animé chacun les <strong>atelier</strong>s <strong>santé</strong>.BIBLIOGRAPHIE1. Arwidson P. Le développement <strong>des</strong> compéten<strong>ce</strong>s psychosociales. In : Sandrin-Berthon B. Apprendrela <strong>santé</strong> à l’école. Paris : ESF éditeur, 1997 : 73-83.2. Brixi O, Sandrin-Berthon B, Baudier F. La charte d’Ottawa : quelques repères en éducation pour la<strong>santé</strong>. La Santé de l’Homme 1996 ; 325 : 10-5.3. Bruchon-Schweitzer M. Psychologie de la <strong>santé</strong>. Modèles, con<strong>ce</strong>pt et métho<strong>des</strong>. Paris : Dunod,2002.4. Bury J. Éducation pour la <strong>santé</strong>. Con<strong>ce</strong>pts, enjeux, planification. Bruxelles : De Boeck Université,1992. (Collection Savoirs § Santé).5. Cherbonnier A. Agir en promotion de la <strong>santé</strong> : un peu de méthode. Question Santé 1997.6. Deccache A. Pour mieux choisir son évaluation : définition et rôles <strong>des</strong> évaluations en éducationpour la <strong>santé</strong>. Bruxelles : APES, 1989.7. Deccache A, Lavendhomme E. Information et éducation du patient. « Origine et histoire <strong>»</strong>. Bruxelles :De Boeck Université, 1989 : 14-26. (Collection Savoirs § Santé).8. Demarteau M. Évaluer : une question d’éthique. La Santé de l’Homme 2000 ; 345 : 36-8.9. D’Ivernois JF, Gagnayre R. Apprendre à éduquer le patient. Paris : Vigot, 1999.10. Haut Comité de la Santé Publique. La progression de la précarité en Fran<strong>ce</strong> et ses effets sur la<strong>santé</strong>. Rennes : Éditions ENSP, 1998.11. INSERM. Éducation pour la <strong>santé</strong> <strong>des</strong> jeunes. Démarches et métho<strong>des</strong>. Paris : Éditions Inserm,2001 : 99-133.12. Institut Théophraste Renaudot. Pratiquer la <strong>santé</strong> communautaire. Paris : Chronique Sociale, 2002.13. Leclerc A, Fassin D, Grandjean H, Kaminski M, Lang T. Inégalités et disparités sociales en <strong>santé</strong>.Paris : Inserm-La Découverte, 2000.14. Liesse A, Vandoorne C. L’approche expérimentale est-elle adaptée à l’évaluation <strong>des</strong> actions d’éducationpour la <strong>santé</strong> ? Éducation Santé 1999 ; 143 : 5-8.15. Michaud PA, Klaue K. La recherche rend-elle la prévention effica<strong>ce</strong> ? Dépendan<strong>ce</strong>s 2001 : 8-12.16. Nock F. Petit guide de l’évaluation en promotion de la <strong>santé</strong>. Paris : Mutualité Française, 2000.17. Oberlé D, Laurent Becq A, Lothon-Demerliac C. La démarche communautaire en <strong>santé</strong>, un étatd’esprit. La Santé de l’Homme 2001 ; 351 : 13-40.18. Rada J, Ratima M, Howden-Chapman P. Éviden<strong>ce</strong>-base purchasing of health promotion : methodologyfor reviewing eviden<strong>ce</strong>. Health Promot Int 1999 ; 14 : 177-87.19. Renaud M. Pour un nouveau paradigme de la <strong>santé</strong>. Prévenir 1995 ; 28 : 37-49.20. Société Française de Santé Publique. Développement social et promotion de la <strong>santé</strong>. La démarchecommunautaire. Vandœuvre-lès-Nancy : SFSP, 2001. (Collection Santé et Société).21. Vandoorne C. Entrer dans l’évaluation par les enjeux. Priorités Santé 2002 ; 3 : 14-5.

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