Alain Marcom : "Le terre-paille est une technique inégalable en ...

d'associations professionnelles, pas de marchands qui font la promotion de matériaux, pasmême de journaux, et de toute façon personne ne sait lire. Il n'y a que le bouche à oreilles...Que s'est-il passé ? À mon avis, la raison est la suivante : le bois manque car il sert à tout, àfaire des charrettes et des outils, on l'utilise comme combustible pour faire à manger, et le peude fer ou de verre qu'on fabrique est fait sur un feu de bois… Or cette grosse consommationcoïncide avec une forte augmentation de la population. Mais, première question : comment a-t-on su que des murs en briques de terre de six ou sept mètres de haut allaient correspondreaux besoins, comment a-t-on su qu'ils allaient tenir puisqu'à l'époque aucun laboratoire nefaisait d'expériences ? Deuxième question : comment a-t-on su que cet investissement seraitproductif alors même qu'on ne dépensait qu'avec parcimonie ? Je n'ai pas la réponse à cesquestions. Mais elles sont pourtant d'autant plus importantes que nous sommes confrontés,aujourd'hui dans le bâtiment, à une révolution culturelle du même type…Notre terre-paille actuel est très comparable au torchis : structure en bois portante etremplissage de brins végétaux filiformes. Il y a cependant deux ou trois différencesfondamentales : la première réside dans le fait que notre terre-paille enrobe complètement lastructure bois ; on ne la voit plus, ce qui permet d'éviter les courants d'airs qui apparaissentpar la suite. La deuxième différence, la principale, c'est qu'il y a beaucoup plus de paille envolume que de terre : 90% de paille, pour un tiers ou un quart du poids ! Ce matériau est donctrès isolant et pèse cinq à six fois moins que le torchis : mille cinq cents kilos par mètre cubepour le torchis contre trois cents kilos pour le terre-paille. Avec le système de trempage oùl'argile est séparé du sable et des graviers qui se trouvent dans la terre, la matière obtenue est àla fois très cohérente, car elle est très collante entre les brins de paille, et très fractionnée, vula finesse des grains d'argile. Les calories mettent donc plus de temps pour traverser ce terrepaillequ'un matériau d'étanchéité équivalente qui serait monomatière avec un grain plusgros…"Des arguments massue !Alain se réjouit du grand intérêt que les autorités portent aujourd'hui à la technique du terrepaille."Un groupe d'ingénieurs du Centre d'Etudes Techniques de l'Equipement (CETE),explique-t-il, s'apprête à instrumenter, pendant toute une année, une maison en terre-paille quenous avons construite il y a cinq ans. Ils vont mesurer, de manière systématique, température,hygrométrie et gestion de la vapeur, évolution du CO 2 , etc. Nous pourrons ainsi savoir ce quise passe exactement dans la maison, tant dans les parois que dans l'atmosphère intérieure..."Mais que peut signifier une telle campagne de mesures ? "D'une part que l'administration sepose enfin des questions à propos du terre-paille, se réjouit Alain Marcom - quand on passe del'indifférence absolue à juste se poser des questions, c'est tout de même qu'il se passe deschoses - et d'autre part que les arguments massue que peut faire valoir cette technique, en cequi concerne la qualité environnementale du bâtiment, vont enfin être entendus !"Mais quels sont ces arguments ?"Nous estimons tout d'abord, poursuit Alain, qu'en Midi-Pyrénées le terre-paille estprobablement la meilleure des techniques possibles puisqu'elle combine l'inertie due à la terreà l'isolation due à la paille. Ce mélange assez léger permet d'avoir du frais l'été et du chaudl'hiver ; il reconstitue un écosystème très confortable à l'intérieur de la maison.