PatrimoineBrochure touristiquedu début du siècle dernierDe nos jours tout est basé <strong>sur</strong> l’image ;notre mode de vie, de communication,d’apprentissage, de loisirs, tout passe parl’image. Il est intéressant de voir commentcommuniquaient nos aînés du début dusiècle dernier.40Chapelle Saint-GratL’origine de Saint-Grat se perd dansles brumes du passé ; il y aurait eu,apparemment, au moins deux Saint Gratrecensés, espacés l’un de l’autre deplusieurs centaines d’années.Ce Saint est particulièrement vénéré dansnotre région, en Suisse, Piémont et Savoie,alors qu’ailleurs il est quasiment inconnu.Saint-Grat est un Saint agraire, protecteurdes cultures contre les intempéries et les animaux nuisibles. Ilest le symbole fédérateur des paysans et des agriculteurs enquête d’une identité régionale religieuse forte.La chapelle Saint-Grat a été reconstruite à la place d’uneancienne église, dédiée à l’archange Saint-Michel et détruitepar la foudre au XIX e siècle. Après la reconstruction, la chapellefut consacrée le 7 septembre 1817, devant une importantefoule venue de tout le voisinage.Très attachée au culte de Saint-Grat, la population villefranchoisedes hauts quartiers, fédérée sous l’égide de l’association dedéfense des intérêts des hauts quartiers de <strong>Villefranche</strong>, a faitréaliser une magnifique statue de Saint-Grat, qui fut présentéelors de sa fête annuelle en présence de Gérard Grosgogeat, denombreux élus et d’invités de marque. C’est l’artiste Gostantoqui a sculpté cette œuvre, reproduisant fidèlement celle qui futvolée, il y a quelque temps ; la chapelle retrouve enfin son Saint.En ce qui concerne Saint Grat, le regretté André Cane seplaisait à rappeler la ferveur des Villefranchois pour lui.À l’époque où nos ancêtres labouraient une terre bellemais avare de ses richesses, tous se vouaient à ce Saint etrépétaient ce proverbe, en guise d’avertissement amusant :“Si tu es reconnaissant envers Saint-Grat, Saint-Grat serareconnaissant pour toi.Mais si tu n’es pas reconnaissant envers Saint-Grat, Saint-Gratse moquera de toi !”Les paysans mécréants qui n’honoraient pas la vénérablechapelle devaient se méfier…C’est ainsi que nous avons le plaisir devous présenter sous forme d’images unancien document de promotion touristiquede la Ville de <strong>Villefranche</strong>-<strong>sur</strong>-<strong>Mer</strong> quidate du début du siècle dernier. Il est trèsintéressant de voir l’évolution du conceptd’une telle publication en un siècle.Nous remercions chaleureusementJacques Poncin qui a aimablement mis à notre disposition cemagnifique document.à la découverte de nos chapellesPèr cen que tòca Sant Grat, bòn’ànima d’Andrieu Cane si plasìade remembrar la fervor dai Villafranquiers pèr éu. Dau tempsque lu nòstres antenats lauravan una terra bella mas avaradai sieu riquessa, toi si votavan en aquéu sant e repepilhavanaquéu proverbi, en manièra d’avertiment amusant :“Se siès grat ambé Sant Grat, Sant Grat serà grat pèr tu.Mas se non siès grat ambé Sant Grat, Sant Grat si graterà de tu !”Lu païsans mescreants que non onoravan la venerabla capèlasi devìon maufidar…(Le paragraphe qui clôture cet article, ainsi que sa traductionen Nissart, sont signés de la plume de Steve Betti, Conseillerdu Recteur de l’Académie de Nice chargé d’inspectionpédagogique Patrimoine, Langues, Cultures régionales).Restauration de la Madone dansla chapelle de l’Ange-gardienLa Chapelle de l’Ange-gardienhéberge une œuvre importantede notre patrimoine. Il s’agitd’une très belle Madone àl’enfant, située dans la crypte dela chapelle, et qui vient d’êtrerestaurée. Ce travail minutieux aété mené par François Scardina,adjoint technique des musées.Près d’une cinquantaine d’heures de travail ont été nécessairesafin de redonner toute sa splendeur à cette statue de plus dedeux mètres qui avait été victime du temps et de l’incivisme.L’humidité avait profondément détérioré le socle de la statue.Un nettoyage complet, ainsi qu’une restauration des élémentsbrisés ont été effectués.Cette Madone a pu êtreadmirée par le public,lors de la messe du5 octobre.AvantAprèsrestauration
PatrimoineChapelle Saint-Pierre,le temple mystique despêcheursElle est très ancienne. Son passé, effacé par letemps, est incertain. La chapelle Saint-Pierre estune bâtisse discrète, sans prétention. Mais l’œilqui s’attarde <strong>sur</strong> sa façade découvre soudainementquelques détails insolites : des formes peucommunes, des yeux qui nous observent du hautdes murs…La curiosité nous pousse alors à franchir la porte, etlà, nous découvrons avec émerveillement un universonirique ; l’univers de Jean Cocteau, qui signa ici sonœuvre la plus aboutie.C’est une symphonie picturale extraordinaire qui submergenotre vue. Elle mêle avec talent plusieurs figures et diversthèmes. On y côtoie Saint-Pierre reniant par trois fois sonSeigneur, des anges androgynes, des anges déchus, lespêcheurs Villefranchois, leurs femmes, les gitans des Saintes-Marie de la <strong>Mer</strong>, Francine Weisweiler et sa fille, les quais, lacitadelle, d’étranges personnages, animaux et créatures…En essayant de décrypter ces dessins, on peut y trouver milleet une interprétations. Notre esprit vagabonde et devientsoudainement très fertile. Et c’est là que Cocteau nous<strong>sur</strong>prend encore et toujours, car ce véritable jeu de cachecacheauquel il nous invite, peut nous mener loin, très loin.Notre imagination nous pousse à entrevoir unesubtile ode à l’amour, ingénieusement sous-entendueen plusieurs lieux de la chapelle. Ce sont desattitudes, des formes, des clins d’œil discrets del’artiste qui nous guident vers des interprétations<strong>sur</strong>prenantes ; fantasme ou réalité ?Plus loin, nous sommes tentés d’apercevoir desreprésentations codées, vouées à d’anciens cultespaïens de la Déesse-Mère, avec sa couleur bleue -signature qui a <strong>sur</strong>vécu au temps et au christianisme- et les cinq éléments qui lui sont associés : la terre,l’air, l’esprit, l’eau et le feu. Cocteau a-t-il préméditéces doubles, voire triples sens, ou est-ce le pur fruitdu hasard et de notre imagination ?Plus près du cœur de l’édifice, <strong>sur</strong> le mur de gauche,le Coq <strong>sur</strong> l’échelle illustre non seulement le passagebiblique bien connu du reniement de Saint-Pierre,mais peut représenter également la vigilance de l’esprit etles degrés de la compréhension, figurés par l’échelle. Cesmétaphores picturales laissent entrevoir les penchants de JeanCocteau pour l’ésotérisme et sa palette d’allégories.Ce jeu se répète encore et encore et, au fil de notredéambulation nous découvrons d’autres détails évocateurs,d’autres sujets de réflexion. La bâtisse semble nous transposer,le temps de notre visite, dans un espace-temps parallèle,dévoilant avec pudeur ses secrets cachés.C’est un merveilleux cadeau laissé par Jean Cocteau à laPrud’homie des pêcheurs et à tous les Villefranchois, un livremystique, adressé à notre inconscient. À nous de le décrypter…“Anao”, l’aventure sousmarinecontinueC’est avec plus de 11 000 visiteurs que s’achèvel’exposition “Trésors d’épaves”, les routesmaritimes de la Méditerranée, organisée au Muséede préhistoire régionale de Menton.Là, dans ce temple de la mer, mille et un trésorsarchéologiques ont été présentés pour la plus grandejoie de tous. Sous le patronage du Prince Albert II de Monaco,avec la participation du Musée océanographique de Monaco etdu Musée naval de Monaco, cette exposition a présenté pourla première fois l’ensemble des plus belles pièces d’archéologiemises au jour en rade de <strong>Villefranche</strong>-<strong>sur</strong>-<strong>Mer</strong> par cesarchéologues, protecteurs de notre patrimoine maritime.Depuis le mois de mars 2009, les premières formationsd’archéologie sous-marines ont été lancées sous les couleursde la Fédération monégasque d’activités subaquatiques et ellesont donné naissance aux six premiers diplômes délivrés par laF.M.A.S., membre fondateur de la Confédération mondiale desactivités subaquatiques C.M.A.S.Depuis le 1 er octobre, cette bande de passionnés estde nouveau au travail en rade, afin de mettre au jourde nouvelles petites merveilles vieilles de plusieurssiècles et de préserver les traces des civilisationsde la mer, qui restent encore enfouies sous la vaseet le sable de la rade de <strong>Villefranche</strong>. Ces travauxscientifiques sont organisés sous la responsabilitédu Département des recherches archéologiquessubaquatiques et sous-marine du Ministère de laCulture.Mais les pilleurs sont toujours là et, durant l’été, entre deuxchantiers, ces zones archéologiques pourtant classées sontvictimes du pillage qui détruit des pans entiers de notre histoiremaritime. Cet automne, les autorités de l’État seront alertées,dès les premiers dégâts constatés <strong>sur</strong> les sites archéologiquesde <strong>Villefranche</strong>, afin de mettre un terme définitivement à cefléau qui duredepuis desdécennies ence lieu béni desdieux.Eric DULIERE