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Bordeaux Magazine Mai 2009

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18ÉVÉNEMENTVisite guidée des sallesPour construire l’espace dans la durée, lesscénographes ont travaillé à mettre aupoint une sobriété concrète.Intitulée « <strong>Bordeaux</strong> au XVIII e siècle : lecommerce atlantique et l’esclavage », l’expositionaborde deux questions à la foisliées et pourtant bien distinctes. « La traiteet l’esclavage sont des faits historiques qui s’alimententmutuellement. Pourtant, aussi liéssoient-ils, ce sont deux phénomènes distincts,occupant des durées, des lieux et des histoiresdifférentes », analyse l’historien ÉricSaugera 1 . L’esclavage était plurimillénaire,et il lui survécut plusieurs dizainesd’années dans les colonies. De fait, lessalles explorent, par leur nombre (4), leurarticulation et leur thématique, les tenantset les aboutissants de ces questions.Salle 1 : La fierté d’une villede pierreConsacrée à la ville de <strong>Bordeaux</strong> auXVIII e siècle, la première salle reconstituele contexte local en mettant en exergueson statut de ville grandiose à l’architecturemonumentale. « L’utilisation d’un rougefoncé et d’un brun dans cette salle évoque lecontexte historique du XVIII e siècle et sert d’écrin àla mise en scène des façades », commenteFrançois Payet. Au centre, une grandemaquette en arc de cercle reprend les voûteset les pilastres de la place de la Bourse.« Autour de là, nous avons décliné plusieurs thèmes,explique François Hubert. Cette grandemétropole contrôle un arrière-pays très riche,dont les denrées sont acheminées par la Garonne.Nous évoquons aussi la vie sociale et culturelledu XVIII e siècle, les dynasties parlementaires etmarchandes, mais aussi l’explosion démographiqueet les réseaux commerciaux avec d’autrespays européens, tels que l’Angleterre et laHollande. »Le choix du XVIII e siècle s’explique quant àlui par la fréquence du commerce triangulaire.À partir de 1729, les voyagesdeviennent plus réguliers et la traite bordelaiseatteint sa vitesse de croisièreentre 1782 et 1792 avec 207 expéditions.Salle 2 : <strong>Bordeaux</strong> porte océaneCette richesse de <strong>Bordeaux</strong> et de sonarrière-pays est lourde de conséquence :<strong>Bordeaux</strong> occupe la seconde place dansle trafic négrier (11,4 %), loin derrièreNantes (41,3 %) 2 . Au total, environ 500navires bordelais ont déporté environ150 000 Noirs d’Afrique occidentale versles Antilles. Si <strong>Bordeaux</strong> a vécu du systèmeesclavagiste, il n’en demeure pasmoins qu’il ne représentait que 5 % del’activité portuaire. Les 95 % restantsvenaient du commerce en droiture, commele démontre cette 2 e salle. « <strong>Bordeaux</strong>privilégie le commerce direct avec les Antilles,écrit l’historienne Danielle Pétrissans-Cavaillès, elle amène aux îles (Guadeloupe,Martinique, St-Domingue…) vin et produitsruraux en échange de produits coloniaux café,cacao, tabac, épices, bois tropicaux et surtout lesucre, responsable, par son exigence en maind’œuvre,de l’appel progressif à l’esclavage africain…» 3 . Les objets exposés expliquentce commerce, mais parlent aussi de larencontre avec l’autre et les rapports avecles Antilles. Traversée de très beaux objets(maquettes, cartes), la salle est plus sombre,de couleur chocolat, pour faire jaillirces pièces rares. Pourtant, d’autres objetssont là pour restituer la violence du commerceatlantique : chaînes d’esclaves,fusils, monnaie d’échange pour les esclaves(perles de Murano, cauris…), carnetde bord d’un navire négrier, plongent levisiteur dans la réalité historique. De bellesmaquettes de bateaux forment alorsun passage vers la 3 e salle, allégorie d’unetraversée de l’océan pour rejoindre lesAntilles.<strong>Bordeaux</strong> magazine / 364 / mai <strong>2009</strong>

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