24BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2002, N° 272 (2)DOSSIERREPLANTATION / REHABILITATINGPeuplement d’Araucaria rulei en cours de<strong>des</strong>truction par l’exploitation minière.Stand of Araucaria rulei being <strong>des</strong>troyedby mining.Photo O. Voisin.Impactde la minesur la végétationOn observe en Nouvelle-<strong>Calédonie</strong>une flore riche de plus de 3 000espèces de végétaux à fleurs. Leniveau d’endémisme est exceptionnelpuisque les deux tiers <strong>des</strong> espècesn’existent que sur c<strong>et</strong> archipel. Cinqfamilles sont propres à la Nouvelle-<strong>Calédonie</strong>. La richesse en gymnospermesest inhabituelle ; ainsi, onrecense quinze genres, dont troisendémiques, <strong>et</strong> quarante-troisespèces (Jaffré, 1995). Par exemple,treize espèces d’araucaria sur les dixneufque compte la planète sont néocalédoniennes.C’est en Nouvelle-<strong>Calédonie</strong> que se trouve la seulegymnosperme parasite au monde,Parasitaxus ustus, qui vit au détrimentd’une autre espèce de la mêmefamille <strong>des</strong> podocarpacées, Falcatifoliumtaxoi<strong>des</strong>. Une telle variétéconcentrée sur un p<strong>et</strong>it espaceentraîne une grande vulnérabilité.Des espèces disparaissent avantd’être recensées, ou même étudiées.En tout, 1 137 espèces sont à la foisendémiques du territoire <strong>et</strong> <strong>des</strong> terrainsminiers.Sur les sols formés à partir deroches ultrabasiques (péridotites <strong>et</strong>serpentinites), se développe une formationvégétale arbustive appeléelocalement « maquis minier ». Elles’est formée aux dépens de la forêthumide détruite en partie par l’exploitationforestière <strong>et</strong> surtout par lesfeux. Aussi, d’après l’Union mondialepour la nature (UICN), 32,4 % <strong>des</strong>espèces de la flore du maquis présententun risque plus ou moins fortd’extinction. Même s’il existequelques réserves de faune <strong>et</strong> deflore, la gestion d’un tel patrimoinedépend donc essentiellement <strong>des</strong>mesures de protection que lescentres miniers prendront à l’égardde c<strong>et</strong>te végétation.La reconstitution de la floredétruite est difficile car elle s’effectuesur <strong>des</strong> sols qui ont une faible fertilité(carence générale en phosphore,potassium <strong>et</strong> azote) <strong>et</strong> une gran<strong>des</strong>ensibilité à l’érosion. De plus, lesteneurs en fer, chrome <strong>et</strong> cobalt sontélevées. La richesse de ces sols ennickel <strong>et</strong> manganèse les rendtoxiques pour les plantes. Le déséquilibrecalcium-magnésium aggrave lescontraintes chimiques. Le processusnaturel de recolonisation <strong>des</strong> espacesdégradés est excessivement lent <strong>et</strong>peut même être inexistant. Malgré laprésence aux alentours de nombreusesespèces pionnières, la reconquêtevégétale est compromise parles conditions de stress – vent, ensoleillement,pluies cycloniques maisaussi sécheresse prolongée – qui prédominent,<strong>et</strong> surtout par le manquede matière organique. A fortiori, lesgraines d’espèces forestières, placéesdans ces conditions, n’ontaucune chance de survie.Aussi, au-delà d’un simplereverdissement pour assurer unecouverture végétale <strong>et</strong> protéger lessols contre l’érosion, paraît-il nécessairede demander aux sociétésminières d’œuvrer à la restaurationécologique durable <strong>des</strong> terrainsdégradés par leurs activités.La rechercheLes premiers essais ont commencéil y a une trentaine d’années,dans le sud de la Nouvelle-<strong>Calédonie</strong>,avec le soutien financier <strong>des</strong> sociétésminières. Le CTFT a travaillé dans unpremier temps sur les espèces introduitescar, en termes financiers, lestechniques faisant intervenir <strong>des</strong>semences d’espèces commerciales,ligneuses ou herbacées, sont lesmoins coûteuses. Mais les essaismenés avec ces plantes n’ont pasdonné les résultats escomptés. En cequi concerne les essences ligneuses,ni les acacias australiens, ni les eucalyptusn’ont pu s’adapter aux conditionsde pauvr<strong>et</strong>é chimique <strong>et</strong> à latoxicité <strong>des</strong> sols (nickel <strong>et</strong> magnésium).Seuls les pins ont relativementbien survécu, mais il leur est reprochéun port trop éloigné <strong>des</strong> essenceslocales (pollution visuelle), une tendanceà l’envahissement <strong>et</strong> une litièredéfavorable à la régénération naturelle.Trois espèces de pins tropicauxont été testées (Pinus caribaea, P.oocarpa, P. elliottii), ainsi que denombreuses légumineuses de la