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Du bonheur à l'état Brut - Club Alpin Francais - Albertville

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ceptation de la chute est là en permanencequi m’accompagne ; jene la redoute pas. Je grimpe enlacéavec elle mais sans jamais l’embrasser.Quel jeu exquis de la sentirm’attirer contre elle au détourd’une perte d’adhérence puis de larepousser in extremis en un rétablissementaudacieux. Je me vautrede tout mon être dans ce <strong>bonheur</strong>qu’est la vie quand elle est ressentiepleinement, dans cette prise derisque mesurée qui décuple messens, dans cette nature impartialequi ne fait pas de cadeaux et dontj’ai tant besoin. Je prends consciencedu potentiel de mon corps et jel’utilise sans retenue, tel un enfantqui joue et qui court jusqu’à tomberde fatigue. Mon cerveau peutfonctionner librement, allégé desblocages du quotidien par l’intensitédu moment. Quelques-uns sedemandent encore :-"Mais à quoi cela sert-il d’escaladerles montagnes ? "-" Mais à sentir que l’on est vivant,tout simplement ! "Puis j’arrive au relais et je lie temporairementmon destin à cettemontagne en mousquetonnantma corde. Dans un même temps,la bulle de mon imagination, danslaquelle je m’étais réfugié le tempsd’une « longueur » éclate, laissants’échapper toutes ces digressions.Alors que je me prépare à assurermon compagnon afin qu’il me rejoigne,tous ces moment intensesque je viens de connaître papillonnentencore autour de moi, puiss’éloignent progressivement, bousculéspar cette impatience de vivretout ce qui me sépare encore duprochain relais, bousculés par cetteimpatience de vivre.Philip. GimardStress et insomnie pour petit alpiniste: Face Nord des Courtes par lapente Nord-Est (Mont Blanc), avril2007.Le réveil va sonner très tôt, mais jeserai certainement déjà conscient.Il me libérera de cette mauvaisenuit où le sommeil n’aura été effectuéque par épisodes, aiguillonnésans cesse par cette pensée qui revienten boucle : " la rimaye risqued’être problématique ".Je vais m’habiller rapidement, sansfaire de bruit, l’esprit lent et confus,avec des gestes d’une imprécisiondéconcertante. Puis ce sera le petitdéjeuner, dernier moment deconvivialité face à face, dernier momentde confort avant la rudessedu monde extérieur. Sans faim, labouche pâteuse, je vais malgré toutmanger, car il faut bien s’alimenteren prévision des efforts à venir. Nousallons échanger quelques mots,Au passage cle d’une voiemes compagnons de cordée et moi,pour savoir si tout va bien. Nousallons même sûrement blaguerun peu, aborder un ou deux sujetssur le ton de la dérision, histoire derompre ce calme envahissant et pesantqui plombe la grande pièce dece refuge où nous sommes seuls,histoire d’oublier qu’il est deuxheures du matin, histoire de créer11

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