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Du bonheur à l'état Brut - Club Alpin Francais - Albertville

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Jadis la montagne...Jadis la montagne...Loin du désert humain que l'onpourrait imaginer pendant l'Antiquitéet surtout la fin de la Préhistoire,les montagnes alpinesétaient traversées, habitées etexploitées depuis l'époque néolithique; les fouilles archéologiquesy mettent au jour de plus enplus de sites remontant à 5000 ou6000 ans. Après la découverte extraordinaireà 3000 m, des restesl'Homme de Similaun dit "Ötzi.”,on sait maintenant presque toutde l'ascension dramatique, à l'Âgedu Bronze, de ce premier "alpiniste"connu. Mais ce n'est que depuisl'Antiquité gréco-romaine que nousdisposons de brefs documents historiquesqui font état d'une réellefréquentation : récits de voyageurs,de Polybe à Pline l'Ancien, étudesdes premiers géographes (Strabon)et de généraux (Jules César)au 1er siècle avant notre ère. Lesdécouvertes archéologiques montrentque des populations alpineshabitaient les vallées et les pentes,vivant chichement d'agriculture etd'élevage pastoral.De l'Antiquité à la Renaissance, lesvoyageurs, en route pour l'Italie àtravers les Alpes, impressionnéspar la montagne, ont donné lieu àbien des épanchements littéraires.À notre surprise, ceux-ci montrentbeaucoup moins de curiosité oud’admiration que de sentimentsd'appréhension, voire de répulsion.Alors que, de nos jours, la montagneinspire une admiration unanime,certes mêlée de quelque crainte,on voit que chez ces voyageurs,qui étaient natifs de la plaine, lesentiment d'effroi domine au pointd'exclure toute émotion esthétiquedevant des pics impressionnants etdes glaciers qui nous paraissentéblouissants.Pics et gouffres étaient des paysagesaffreux !Quant aux paysans qui, au coursdes siècles derniers, parcouraienttout l'été les alpages avec leurstroupeaux, seuls certains d'entreeux osaient se hasarder dans despentes rocheuses pour chasser lechamois. On ne pouvait pourtantpas parler chez eux de peur du vide,car combien fauchaient, encordés,des prés aux pentes effarantesd'où ils descendaient en hiver destraîneaux de foin retenus à dosd'homme. Mais s'aventurer pour leplaisir en haute montagne relevaitd’une conception qui leur était résolumentétrangère. À Chamonix,le fait même d'avoir à bivouaqueren haute montagne était réputé,jusqu'à la fin du dix-huitième siècle,entraîner une mort certaine !Aussi, en Vercors, la première ascensiondu Mont Aiguille en 1492par Antoine de Ville, seigneur de-Le Mont-Aiguille, première forteresse conquise en 1492.vant honorer son souverain CharlesVIII, relève à la fois de l'exploitsportif et du fait divers isolé.Il faut attendre 1741 pour voir lespremiers touristes anglais, précurseursà Chamonix des "Voyagesaux glacières de Savoie", Windhamet Pocoke, inaugurant l'ère touristiquedans les Alpes (d'après MaxBRUCHET, "La Savoie des anciensvoyageurs", Annecy, 1910), suivispar un savant genevois, H.B. deSaussure qui publie ses premièresdécouvertes scientifiques en 1760.La première ascension du Mont-Blanc suivra en 1786. Jusque là eneffet, ce sommet fascinant (qui lereste à notre époque) demeuraitchez les paysans de Chamonix,pourtant familiers de son voisinage,beaucoup plus inquiétantqu'attirant : le massifentier avait reçu l'appellationde Mont-Maudit,car c'est là qu'erraientles âmes des trépassés.Quant à ses glaciersqui, au seizième siècle,avaient avancé, il estvrai, de façon fort agressive,ils ne pouvaient recelerselon eux que desmaléfices, entendonsdes dragons, des vouivreset autres créaturesdiaboliques. Seules cesdernières avaient pu,croyaient-ils, entraînerla destruction de quatrevillages par la glaceet les inondations !L'évêque de Genève,appelé au secours parles paroissiens, devaitdonc venir sur placeexorciser ces menaces"sataniques" à grandrenfort d’eau bénite etd’invocations. La notion13

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