ToponYMie14de phénomène naturel n'effleuraitpas encore les esprits.Les seuls audacieux qui se hasardaient,non sans risque, sur lessommets rocheux étaient les chasseursde chamois et les cristalliers.Sinon, la montagne, là commeailleurs, avait toujours inspiré lapeur, d'ailleurs à juste titre ; avalanches,éboulements ou crues dramatiquesla justifiaient amplement.On ne s'y aventurait que pour desraisons vitales, donc en cas d'absoluenécessité.Et cependant, les grands cols transalpins,Petit et Grand-Saint-Bernard,Mont-Cenis, Montgenèvre,avaient été régulièrement franchisdepuis plus de 6000 ans par desmigrants provenant d’Italie donton retrouve les haches, les silex oules parures. Les recherches archéologiquesrécentes nous montrentqu'au Néolithique (- 4000 à - 2000),à l’Age du bronze et celui du Fer,les hautes vallées de Tarentaise etde Maurienne étaient habitées pardes pasteurs exploitant les alpageset les gîtes métallifères. Au 7èmesiècle av. J.C., certaines sépulturesdes Belleville et des Arves recèlentmême une belle richesse. Ce milieudifficile n'était donc pas répulsif.Mais, à en juger par la fréquencedes gravures rupestres contemporainesde cette époque, visibles parexemple en Haute-Maurienne ouau Mont-Bégo (Alpes Maritimes),ce milieu montagnard hostile inspiraitdes craintes légitimes qu'ilfallait conjurer par des représentationsrituelles, cupules surtout,méandres, rouelles, corniformes…,toutes encore énigmatiques.Référons-nous une fois encore àl'histoire, en rappelant que la traverséedes Alpes, depuis l'époqueLa pierre à cupules de Chantelouve àLanslevillard.romaine jusqu'à la Renaissance,nous a laissé des récits peu portés àl'admiration et souvent épouvantésde la part de ces gens de la plaine: l'auteur latin Ammien Marcellinnous décrit ainsi "l'horreur de sesneiges éternelles, ses vallées béantes,ses perfides espaces, ses précipicescachés par l'accumulation desnévés, où bêtes et gens tombent àla descente, ainsi que les véhicules"(d'après Max BRUCHET, ouv. cit.).Les Romains qui avaient construità grand renfort de main-d'œuvrelocale quatre remarquables routestransalpines, craignaient la montagne,n'y passaient que hâtivementet se gardaient bien d'y habiter. LesGaulois Allobroges, des guerrierscourageux, s'en écartaient euxmêmesle plus possible : la partiepréalpine de leur domaine reste unquasi-vide archéologique.La traversée des Alpes par l’arméed’Hannibal à travers les neigesd’octobre, en 218 av. J.C., reste unexploit inouï relaté par l’historiengrec Polybe qui refit le périple 68ans après pour le vérifier : mais sesimprécisions géographiques incitenttoutes les vallées alpines à enannexer l’itinéraire !Jules César, en route pour la guerreen Gaule, réinaugure un longue séried’expéditions militaires alpinesallant jusqu’à celle de Bonapartepar le Grand-Saint-Bernard enneigé.Au Moyen-Age, on sait qu’en dépitde leurs craintes, les montagnardspassaient l’été en alpage, pratiquantmême la transhumance versl'Italie par des cols à 3000 m devenusinfranchissables de nos jourspar des troupeaux, comme ceuxde l’Autaret ou d’Arnès en Haute-Maurienne ; plus tard, d'autresparcoururent la montagnecomme colporteurs. Commepour les voyageurs enroute pour l'Italie, il s'agissaitd'ascensions vitales,non d'explorations pourle plaisir ou la beauté dessites.À l'époque de la Renaissance,les descriptions desvoyageurs parlent encorede "gouffres hideux, demontagnes sauvages, d'habitantsfrustes et primitifs". Quantà leurs dégringolades hivernales ducol du Mont-Cenis sur des "ramasses",sortes de traîneaux grossiersguidés par des "marrons" virtuoses,elles avaient affolé bon nombrede voyageurs. Cependant, certainsrares audacieux y trouvaient unplaisir excitant, tel l'abbé Ruccellai,émerveillé de "faire en moins d'unquart d'heure avec une rapiditéincroyable une descente de quatremilles environ" (d'après Max BRU-CHET, ouv. cit.), ou Michel Montaignequi en parlait comme d'un"plaisant badinage"! Cependant,au 18 ème siècle encore, même lagrimpée de la modeste chaîne del’Épine (985 m) inspirait la peur.Bien des siècles après, admirant– par beau temps, il est vrai – cespaysages de montagne largementhabités et fréquentés, il nous semblenaturel de n’en exalter que lepittoresque, la beauté ou le grandiose.Admirer depuis de bellesroutes ou des pistes de ski bien entretenuesces paysages aimableset familiers en fait oublier tousles dangers et on estime les avoirapprivoisés, même si côtoyer desprécipices n'exclut pas quelque appréhension.Mais que survienne lamoindre tempête de neige et nousvoilà replongés dans les peurs ancestrales.La fascination pour la montagnequi nous semble aller maintenantde soi n'apparaît cependant dansl'histoire qu'à la suite d'une évolutiontardive, remontant seulementà la fin du dix-huitième siècle : celle-cisuit de peu la vogue nouvelledu sentiment de la nature, apparuedans la "bonne société". Celle-ciavait montré certes jusque là ungoût manifeste pour les parcs etles compositions végétales, mais àcondition qu'ils soient domestiquéset ordonnés, comme par exempledans les jardins à l'italienne ou àla française. Depuis la Renaissanceitalienne, on sait que les peintresavaient le goût d'introduire à l'arrière-plandes portraits ou de scènesreligieuses, des échappées paysagèrestoujours idéalisées, voireartificielles, comme les paysagesmontagneux presque "dolomiti-
Une cascade du Jura qu’au18ème siècle, on aurait trouvéesublime, donc délicieusementeffrayante.ques" qui agrémentent les scènesbibliques de Raphaël ou de Léonardde Vinci.Dans cette mode nouvelle où, au dixhuitièmesiècle, commence à poindrel'admiration quelque peu naïveou bucolique des paysages naturels,Jean-Jacques Rousseau apporte unecontribution personnelle, sans allercependant jusqu'à fréquenter lamontagne.Et encore, cette admiration ne restet-ellepas sans ambiguïté : l'attraitnouveau ou, dirait-on plutôt, l'irrépressiblefascination devant des ro-chers, des torrents bouillonnants etde sombres sapinières, suscite unsentiment d'angoisse mêlée de plaisirqui est le propre du "sublime",alors à l'honneur. Celui-ci se distingued'ailleurs à l'époque nettementde l'impression de beauté, alorsqu'actuellement nous qualifions parfoistelle beauté de sublime pour desraisons purement esthétiques, voirepar effet de mode. Dans les milieuxchics du dix-huitième siècle, on doitdonc frissonner devant les "sublimeshorreurs" (les cascades des Alpes !)ou les "hideuses glacières" de Chamonixqui, d'ailleurs, stationnent auxportes du village : point n'est besoind'escalader les glaces et les rochers,exercice jugé ridicule et effrayant.Cet engouement pour la nature"sauvage" et ces extraordinaires "glacières"qui, à Chamonix et dans leValais, ont envahi les abords mêmedes villages, attirent de nombreuxartistes, essentiellement genevois.En voisins curieux, que ces phénomènesinquiétants ne menacent pascomme les Chamoniards, ils sontanimés par un goût nouveau pour lepittoresque et l'observation réalistede la montagne, autant que par lesouci du témoignage.Jean <strong>Du</strong>bois, Samuel Birmann, Baclerd’Albe, Jean- Antoine Linck et biend'autres ne montent pas sur les glaciers,ni sur les pics, ils les peignentavec précision et talent. Aussi, leursœuvres resteront-elles pour nous desdocuments précieux sur le Petit Âgeglaciaire finissant (1550-1860). Maiselles vont également contribuer àpopulariser les glaciers et la hautemontagne auprès des conquérantsdes cimes.D'autres voyageurs, moins poètes etpas du tout horrifiés, vont montreren revanche une attirance remarquablepour l'escalade de ces sommetsinconnus et fascinants : Des Chamoniardsd'abord, comme JacquesBalmat et Michel Paccard, un savantsuisse tel que Horace-Bénédict deSaussure réussissent les deux premièresascensions du Mont-Blanc en1786 et 1787. Le récit de ce dernier aun grand retentissement. Peu après,deux femmes à l'énergie hors ducommun, Marie Paradis et Henrietted'Angeville, parviendront même ausommet – en costume d'époque !– performance jugée jusqu'alors inconcevable.Puis viendra le tour desAnglais, infatigables explorateurs etalpinistes qui vont populariser lesvieux noms de sommets.Henri Barthélémyà suivre :"La toponymie de nos montagnes".Assurances :Les garanties d’assurance MAIFliées à la licence CAF 2007/2008sont acquises jusqu’au 30 septembre2008. Exceptionnellement,vous conservez vosdroits jusqu’au 31 octobre 2008,uniquement afin de permettrele renouvellement votre licence.N’attendez pas le dernier momentau risque de rompre le contrat. Paranticipation, les nouveaux adhérentsseront couverts dès le 1erseptembre 2008, année de leurpremière adhésion. Dès lors que lalicence est renouvelée, ce sont lesnouvelles conditions d’assurancequi s’appliquent.Le glacier des Bois et le portail de l’Arveyron vus par une peinture deBacler d’Albe au début du 19ème siècle."Glaciers du Mont Blanc" R Vivian, Ed. La fontaine de Siloé.Pour les sociétaires MAIF à titrepersonnel, la FFCAM a négocié desgaranties complémentaires auxcontrats RAQVAM ou/et PROXISdans le but de tenir compte desspécificités des activités pratiquéestelles que le ski-alpinisme,l’escalade, etc.Plus d’information sur :www.ffcam.fr15