Dialogue entre usagersL’identification claire de catégories d’usagers etd’interlocuteurs représentants de chaque catégoriesemble à même de faciliter la circulation desinformations et le dialogue.Au quotidien, ils le font, quand les agents deservice nettoient les salles. Mais chaque établissementtravaille avec des chefs de service qui vontêtre le relais, sinon tout le monde fait m’importequoi. Ils peuvent se parler sur ce qu’ils veulent,mais à partir <strong>du</strong> moment où il y a un impact sur lefonctionnement de l’établissement quel qu’il soit,le bon interlocuteur est le chef de service : le CPEpour la vie scolaire, le gestionnaire pour les questionstechniques et financières.Le dialogue informel permet aussi de prévenirl’apparition de certaines tensions : ainsi enseignantset agents d’entretien peuvent-ils se parlergrâce à des horaires de travail qui se chevauchenten début de journée.« Les agents, quand il y a quelque chose qui ne va pas, ilsmettent tout de suite les enseignants au courant. Quand ily a des tâches par terre, ça râle et <strong>du</strong> coup les enseignantsfont attention et surveillent quand même assez bien leursélèves. […] En général il y a une très bonne écoute. Lesenseignants ne se rendent pas forcément compte : il y avaitune personne qui calait les fenêtres en coinçant les rideauxdedans. »Muriel Moffroid, gestionnaire <strong>du</strong> collègeEn ce qui concerne les élèves, notre enquête acependant révélé qu’il existe un nombre non négligeablede sujets qui ne sont pas abordés avec lesa<strong>du</strong>ltes. Une enseignante décrit ainsi sa surprisesuite à notre entretien avec des élèves dans saclasse.« Même moi j’ai appris des choses : plein de choses surleur ressenti par rapport au collège, leur ressenti mêmepar rapport aux enseignants, je ne savais pas que [...] danstelle pièce il fait trop chaud, ça explique par exemple qu’ilsreviennent tout rouges. »Isabelle Villette, professeur d’espagnolLa principale, lorsque nous lui rapportonscertaines revendications des élèves (par exemple,l’interdiction de marcher sur l’herbe), déplorequ’ils ne saisissent pas les instances qui les représententpour les porter :« [Les élèves] ne font pas remonter [beaucoup de revendications],et c’est bien dommage ! [... Ils pourraient les faireremonter] à la CPE, parce qu’elle fait des réunions, [...] parle biais des délégués. Chaque classe a des délégués, il y a desréunions de délégués. [Les élèves] ont donc des instances,car ils sont représentés et leur voix compte au même titreque celle des a<strong>du</strong>ltes, donc ils peuvent tout à fait faire passerdes questions diverses, que je traite en conseil d’administration.Mais c’est vrai qu’ils ne s’en emparent pas. »Joëlle Nicolas, directrice <strong>du</strong> collègeAu-delà des espaces-mêmes, les règles de vieadoptées dans l’établissement exercent donc unepuissante influence sur l’usage. Elles sont largementintériorisées par les élèves, qui continuentde les observer quand bien même elles évoluent(comme l’interdiction de se rendre sur l’herbe).« Voyez, le fait qu’ils ne puissent pas faire de la musique,c’est qu’ils ne le demandent pas, parce qu’au contraire,j’apprécie ceux qui sont venus me demander pour aller fairede la musique là-haut. »Joëlle Nicolas, directrice <strong>du</strong> collège– 18 –
Il ne nous semble cependant pas que l’intériorisationdes règles, même forte, suffise à expliquerla non-expression de certaines demandesou opinions. D’autres facteurs sont certainementà prendre en compte, tels le fait que les règles,aussi bien que les espaces, sont souvent reçuescomme des données incontestables ; ou encore ladifficulté, pour des élèves inscrits en position dedominé dans la relation hiérarchique qu’ils entretiennentaux a<strong>du</strong>ltes, à formuler des demandesqui pourraient les mettre en porte-à-faux parrapport à eux.L’expression des demandes suppose l’acquisitionpréalable de savoirs : la capacité de remonterjusqu’à l’origine des problèmes (« qui a édictécette règle/aménagé cet espace ? ») et de lesformuler en proposant éventuellement des solutions.Il s’agit d’un exercice qui, pour les élèves,ne parait pas relever de l’évidence et devrait doncfaire partie des tâches incluses dans la constructiond’une maîtrise d’usage au sein d’un établissement.Les enquêteurs ne sont certes, à l’inversedes a<strong>du</strong>ltes dans l’établissement, pas situés dansune relation aux élèves hiérarchique et inscrite surle long terme, mais le travail d’explicitation qu’ilsont mené auprès des élèves en posant des questionssur des éléments précis de l’espace scolaires’est avéré un révélateur efficace. Peut-être unpassage en revue des espaces et/ou des momentset/ou des activités dans l’établissement permettrait-ilde faire émerger certains sujets au seinmême <strong>du</strong> dialogue entre usagers.Vue sur la cantine au nord, et l’entrée <strong>du</strong> jardin pédagogique séparé <strong>du</strong> parking par la noue / Photo URCAUE IDF– 19 –