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Javier Espejo Surós, « Auto-théâtralisation et folie dans le théâtre ...

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persuasif de ses paro<strong>le</strong>s (<strong>«</strong>Cuán presto he enlabiado aqueste pastor » (v. 197)). Ap<strong>et</strong>ito,âne insensé (<strong>«</strong> insipiente », v. 200) , est possédé par <strong>le</strong> mal <strong>et</strong> contredit l’impératifbiblique (Génesis 3 :19). Se croyant riche, sans effort ni labeur, aristocrate <strong>et</strong> mariérien de moins qu’avec Venus, il part changer ses vêtements pour d’autres habitsplus appropriés à son nouveau statut. Il revient revêtu d’un nouveau masque, irascib<strong>le</strong><strong>et</strong> guidé par la concupiscentia tout en employant un registre de langue qui nelui correspond pas <strong>et</strong> qu’il est loin de maîtriser. Mais c’est une illusion tragique.Le déguisement <strong>et</strong> l’imitation d’un registre verbal é<strong>le</strong>vé par ce rustre berger, ôcombien comiques en cela qu’ils sont peu réussis, consacrent en quelque sortel’assomption d’une figure autre, voire la création d’un personnage à l’intérieurmême d’un personnage qui, en fait, était d’origine une prosopopée.Face aux trompeuses apparences, l’evidentia finit par s’imposer. Mais pour s<strong>et</strong>irer d’affaire <strong>le</strong> berger a besoin de regarder avec <strong>le</strong>s yeux de l’âme (<strong>«</strong> con ojos delalma »). Ce mirage tragique requiert l’intervention d’un Ermite <strong>et</strong> de la Foi pourque <strong>le</strong> berger se tourne vers son salut.Le personnage allégorique de la Foi relate ce qu’il a fait pendant la journée, <strong>le</strong>15 août, fête de l’Assomption. La narration de la montée de la Vierge au ciel (v.624-856) est une stylisation littéraire d’une expérience de type contemplative. Ladescription du voyage interplanétaire de Marie contient des champs sémantiquesde la vue <strong>et</strong> de l’ouïe en abondance. Le voyage est décrit de manière si frappante,que l’Ermite <strong>et</strong> <strong>le</strong> berger croient la vivre. Il s’agit d’une figure rhétorique, l’hypotypose,que Fumaroli décrit ainsi :Ce n’est plus seu<strong>le</strong>ment un discours que l’orateur mime selon la vraisemblance, comme<strong>dans</strong> la prosopopée : c’est l’ensemb<strong>le</strong> d’une action, avec ces circonstances <strong>et</strong> <strong>le</strong> dialoguequ’el<strong>le</strong> comporte, rendue présente par la vertu mimétique du verbe (Fumaroli, 1968 : 115).Le caractère ekphrasique du récit se voit renforcé par la référence à un obj<strong>et</strong>,image, tab<strong>le</strong>au ou bien à une relique, qui renvoie au motif iconographique de laVierge au manteau (<strong>«</strong> e lu[e]go en l<strong>le</strong>gando <strong>le</strong> hizo vestir / un manto del lustre queacá nos embía ». v. 707-708) .L’iter ad Deum d’Ap<strong>et</strong>ito – <strong>«</strong> chemin », <strong>«</strong> voie », sont des mots réitères <strong>dans</strong> l<strong>et</strong>exte – à une va<strong>le</strong>ur tautologique. Il s’agit d’une expérience de reconnaissance. <strong>Espejo</strong> <strong>Surós</strong>, 2007.. La Vierge au manteau, illustration du Speculum humanae salvationis par exemp<strong>le</strong>, est un emblème deprotection traditionnel<strong>le</strong>. Cf. Llompart, 1962 : 299-310.http://umr6576.cesr.univ-tours.fr/publications/m<strong>et</strong>atheatreMÉTATHÉÂTRE – javier espejo surÓs 39

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