• La législation n’a attribué aucun rôle formel aux communautéslocales et aux ONG malgré la notion manifestede « gestion participative » dans tous les débats etdiscours politiques.• Le rôle des organisations internationales (particulièrementde conservation) n’est pas détaillé : ce rôle estdavantage un rôle de co-gestionnaire des aires protégéescontrairement à ce que l’État a exprimé dans sapolitique. Au final, les « projets » se substituent à lagestion que l’administration est supposée assurer. Lemalaise latent constaté sur ce thème mériterait de fairel’objet d’une politique claire et de protocoles d’ententetypes avec les organisations internationales.• Le découpage des unités forestières d’aménagement(UFA) et des unités forestières d’exploitation (UFE)a été réalisé de façon réactive pour régler les problèmesd’approvisionnement de l’in<strong>du</strong>strie, alors qu’àl’origine, la notion de planification forestière étaitvisée. Récemment, l’opération de redécoupage établissantles nouvelles conventions n’a pas été planifiée demanière appropriée. Le concept des superficies utilesn’est apparu qu’en 2003 pour des questions de poidsfiscal.• Une plus grande efficacité et une plus grande transparenceexigent l’établissement d’un système de contrôlequi permettrait d’établir de façon centralisée des opérationsconformes dans chaque UFA.• La procé<strong>du</strong>re d’émission des autorisations annuellesde coupe semble désormais maîtrisée. Sachant qu’elleconstitue une référence essentielle en termes de contrôle,de fiscalité, et de suivi des aménagements, unsystème de gestion moderne permettant la disponibilitéen temps réel des informations de gestion (données etcartographie) pour tous est nécessaire.Le Code <strong>forestier</strong> a défini les rôles et responsabilités desdifférentes parties prenantes, entraînant une réforme institutionnelleet aboutissant à la création <strong>du</strong> MEF mais égalementde l’Inspection générale de l’économie forestière(IGEF), <strong>du</strong> Service de contrôle des pro<strong>du</strong>its forestièresdestinés à l’exportation (SCPFE), de la Société générale desurveillance (SGS), <strong>du</strong> Fonds <strong>forestier</strong> (FF) et <strong>du</strong> Centrenational d’inventaire et d’aménagement des ressourcesforestières et fauniques (CNIAF).En dépit de la mise en place de ces structures et del’adoption des normes juridiques, l’efficacité <strong>du</strong> contrôlede l’application de la loi forestière au Congo est confrontéeaux problèmes relevés par la mission d’appui à la mise enœuvre d’un observateur indépendant (REM, 2005) et quisont les suivants :• Le contrôle <strong>forestier</strong> souffre d’un manque de coordinationentre les différentes structures en charge quise tra<strong>du</strong>it par une fragmentation et un manque decohérence des organes chargés <strong>du</strong> contrôle des activitésforestières (les directions départementales et leursbrigades sur le terrain, l’inspection générale, le SCPFE,etc.) ;• Remise en cause structurelle de l’impartialité relativeaux activités de contrôle des directions départementales(à la fois juge et parti de l’impact de certaines de sespropres activités) ;• Les canaux de communication entre les principalesbranches <strong>du</strong> ministère chargé des activités de contrôlene sont pas fluides <strong>du</strong> fait de leur complexité hiérarchiqueet d’un manque d’intérêt évident dans le partagedes informations et des analyses à certains niveaux ;• L’absence de cycle cohérent de planification, de synchronisation<strong>du</strong> contrôle, de collecte d’informations etd’analyse des résultats freine l’efficacité <strong>du</strong> contrôle ;• Les méthodes et outils technologiques actuels – Systèmesd’informations géographiques (SIG), les outilsde positionnement (Global Positioning System, GPS) etles moyens de communication et informatique appropriés- ne sont que partiellement disponibles et difficilementaccessibles au sein <strong>du</strong> ministère. Leur usage etleur diffusion ne sont pas promus de façon générale ;• Les problèmes de trésorerie et les procé<strong>du</strong>res administrativespeu souples rendent difficile l’accès auxmoyens de transport et aux moyens financiers pourréaliser des contrôles en temps utile. À cela s’ajoutentune baisse des capacités <strong>du</strong>e à un personnel vieillissantde même qu’une diminution des effectifs d’agents assermentés;• Si l’on comprend la cause des difficultés économiquesauxquelles l’État est confronté, le cadre réglementairede mise en œuvre <strong>du</strong> contrôle <strong>forestier</strong> dépend d’agentsen charge <strong>du</strong> contrôle ne pouvant en aucun cas concurrencerles moyens logistiques <strong>du</strong> secteur privé. Cecicompromet sérieusement l’efficacité et l’indépendance<strong>du</strong> contrôle.2 ATLAS FORESTIER INTERACTIF DU CONGO (version 1.0): Document de synthèse
Situation actuelle <strong>du</strong> domaine<strong>forestier</strong> au CongoS’étendant de part et d’autre de l’équateur, le domaine<strong>forestier</strong> de la République <strong>du</strong> Congo couvre une superficiede plus de 22 millions d’hectares, soit plus de 60 pour cent<strong>du</strong> territoire national ou 11 pour cent <strong>du</strong> couvert <strong>forestier</strong>d’Afrique Centrale (FAO, 2006). Près de 75 pour cent dela forêt <strong>congo</strong>laise, soit plus de 15 millions d’hectares,appartient au domaine de pro<strong>du</strong>ction, dont 11,6 millionsd’hectares actuellement attribués en concession forestière.La tradition de conservation de la faune et de la flore estbien ancrée dans le pays avec la création de grands parcsnationaux ainsi que de réserves ou de sanctuaires de fauneet de chasse. La couverture totale des aires protégéesreprésente plus de 3,6 millions d’hectares, soit plus de 11pour cent <strong>du</strong> territoire national.Le domaine <strong>forestier</strong> est composé de deux grands ensemblesnord et sud très contrastés qui jouissent d’unegrande variété de types de forêts et qui sont séparés par lessavanes des plateaux Batéké et de la vallée <strong>du</strong> Niari (cf.Carte 1).Le premier ensemble situé au sud <strong>du</strong> pays et couvrant unesuperficie de cinq millions d’hectares comprend le massif<strong>forestier</strong> de la zone montagneuse <strong>du</strong> Mayombe (1,5millions ha) et le grand massif <strong>du</strong> Chaillu (3,5 millionsha). Cet ensemble se caractérise par l’abondance de deuxessences phares que sont l’okoumé (Aucoumea klaineana)et le limba (Terminalia superba), très recherchées pourleurs caractéristiques technologiques et dont la facilitéd’approvisionnement dans les zones moins enclavéesproches de la côte est à l’origine de leur exploitationdepuis plus d’un demi-siècle. Les grandes éten<strong>du</strong>es desavanes <strong>du</strong> centre <strong>du</strong> pays séparent nettement ces massifs<strong>du</strong> domaine <strong>forestier</strong> <strong>du</strong> Nord, vaste éten<strong>du</strong>e de plus de 15millions d’hectares de forêt équatoriale. Cet ensemble estconstitué pour plus de la moitié (9 millions ha) de forêtssur terre ferme dominées par des essences de grande valeurcommerciale, telles que le sapelli (Entandrophragmacylindricum), le sipo (Entandrophragma utile), le wengé(Milletia laurentii) ou le padouk (Pterocarpus soyauxii).Les forêts marécageuses impraticables en couvrent presqued’un seul tenant l’énorme espace restant au niveau de lacuvette <strong>congo</strong>laise et de la Sangha, soit près de six millionsd’hectares.Le potentiel ligneux national est estimé à plus de 150 millionsde m 3 en volumes commerciaux en croissance : 130millions dans les massifs <strong>du</strong> Nord Congo, 20 millions dansles massifs <strong>du</strong> Sud. La capacité annuelle de pro<strong>du</strong>ction estactuellement estimée à 2 millions de m 3 sans pour autantcompromettre le potentiel de régénération de la forêt(PFBC, 2006). À ce potentiel naturel s’ajoutent 73 000hectares de plantations d’eucalyptus, de pins et de limba,localisés dans le sud <strong>du</strong> pays, correspondant à un volumesur pied de quatre millions de m 3 .Ces deux grands ensembles connaissent des conditions climatiques,floristiques et anthropiques radicalement différentes.La région Nord présente une plus forte pluviosité etune saison sèche atténuée. Le phénomène de défrichementy est minime <strong>du</strong> fait de sa faible densité de populationrurale, à l’exception de la périphérie des grands centresurbains. Les défrichements affectent essentiellement le sud<strong>du</strong> pays où la population est nettement plus nombreuse(avec un taux d’urbanisation de 60 pour cent). La dégradation<strong>du</strong> couvert végétal est liée aux passages successifs enexploitation forestière, aux cycles de l’agriculture et auxincendies criminels dans un climat moins humide, avecune saison sèche <strong>du</strong>rant de un à trois mois.En outre, le Congo a été affecté par trois conflits armésentre 1993 et 1999. En l’espace de six ans, ces conflitsont occasionné des déplacements de populations et desdestructions matérielles touchant tous les secteurs (administration,pro<strong>du</strong>ction, services ou infrastructures) ayantsurtout affecté le Sud et se sont tra<strong>du</strong>its par la désorganisationde l’économie. C’est pourquoi les sociétés forestièresperformantes ont été contraintes de fermer définitivementleurs portes. En revanche, le Nord a été moins perturbé parles évènements et les entreprises ont pu poursuivre leursactivités, en particulier grâce à des options alternativesd’évacuation de leurs pro<strong>du</strong>its <strong>forestier</strong>s, principalementpar le Cameroun voisin (OIBT, 2001). Suite à ces conflits,les difficultés conjoncturelles et structurelles <strong>du</strong> Congo ontconstitué un frein à l’économie nationale et au développement.Jusqu’en 1972, le bois a été la première ressource <strong>du</strong> payset représentait plus de la moitié des exportations. Il adepuis été relégué au second plan par le pétrole et contribueapproximativement à sept pour cent <strong>du</strong> PIB. Lesrécents programmes de relance économique <strong>du</strong> Congo ontmis un accent particulier sur le développement <strong>du</strong> secteurde la transformation des bois et confirment que le secteur<strong>forestier</strong> en général constitue un important facteur devaleur ajoutée et de création d’emplois (PFBC, 2006). En2004, la pro<strong>du</strong>ction de bois rond atteignait 1,3 millions m 3 ,soit presque le double de la pro<strong>du</strong>ction de 2001 (869,000m 3 ).ATLAS FORESTIER INTERACTIF DU CONGO (version 1.0): Document de synthèse3