interviewinterviews croisées sur la mobilitéMa carrière dans l’ingénierieUne carrière dans l’ingénierie est synonyme de mobilité : une mobilité physique, avec tout ce quecela implique de déplacements géographiques et de contacts à établir avec d’autres cultures,une mobilité hiérarchique, avec la possibilité de grandir en responsabilités au fil des ans, mais aussiune mobilité entre grands champs de compétences scientifiques et techniques, que les sociétésd’ingénierie favorisent grâce à des méthodes de gestions RH efficaces.Le point avec Corinne Lemoine, Directeur du développement RH chez Egis,Mylène Boïk, Responsable RH chez Assystem et Alain Barbero, DRH adjoint chez Inexia.Qu’entendez-vous par « mobilité professionnelle » ?M. B. : Chez Assystem, la mobilité prend trois formes. Il ya d’abord une mobilité sectorielle, avec la possibilité d’évoluerau sein de nos différents secteurs d’activité : l’aéronautique,l’automobile, le nucléaire, l’énergie, les sciences de la vie, etc.Ensuite une mobilité inter-filières : management, projet, venteet expertise technique. Enfin, une mobilité géographique carnous comptons 40 agences en France et sommes présentsdans 15 pays dans le monde. Aucun parcours n’est figé, nossalariés sont acteurs de leur mobilité et les opportunités sontnombreuses au sein du Groupe.C. L. : Je fais la distinction entre une mobilité verticale,qui permet d’évoluer vers plus de responsabilités, unemobilité horizontale, qui fait passer par différents types deprojets ou d’enjeux, et une mobilité géographique, enFrance ou à l’international – que ce soit pour des expatriations,pour des missions courtes (moins d’un mois) ou pluslongues (3 à 6 mois). Au sein du Groupe Egis, ces différentstypes de mobilité sont une réalité.A. B. : La mobilité évoque pour moi l’idée de chemin, deparcours professionnel, à laquelle est associée celle d’enrichissementpersonnel. Pour la favoriser, il faut donner de la visibilité,montrer les possibilités d’évolution et accompagner lescollaborateurs sur le long terme.Corinne Lemoine, Alain Barbero et Mylène Boïk.En quoi cette « mobilité » est-elle importante, voirenécessaire dans une société d’ingénierie ?M. B. : La mobilité est inhérente à notre activité. C’est unevéritable seconde nature et elle est fortement encouragée.Parmi les exemples : lors de la crise automobile en 2009, lapriorité a été de préserver l’emploi pour chacun de nos collaborateurs.La diversité des secteurs chez Assystem a étéun atout qui a fait la différence. Les recrutements à l’externeont été mis sous contrôle et nous avons proposé un repositionnementen interne à plus de 350 de nos salariés vers dessecteurs comme le nucléaire ou l’aéronautique. Ainsi a étédémontrée la nécessité de privilégier l’intérêt collectif à l’intérêtindividuel et de s’adapter très rapidement à des situationsdifficiles. Il a fallu être créatif, avoir des idées novatricespour rebondir.C. L. : Elle est vitale. C’est elle qui nous permet d’être aurendez-vous des grands projets et de disposer des bonnescompétences au bon endroit, au bon moment. C’est le nerfde la guerre pour nous ! Nos métiers évoluent beaucoup : ilest donc prioritaire d’avoir des salariés très adaptables, trèsmobiles.A. B. : Inexia est une structure jeune, de 4 ans d’existence.Nous avons déjà, à ce jour, quadruplé nos effectifset c’est aujourd’hui que se pose réellement la questiond’une évolution, d’une mobilité vers un deuxième postepour les collaborateurs présents dès l’origine. 2011 est© Egis© Inexia© Assystem18 / ingénierie / QUELS MÉTIERS ? / N°83 / SEPTEMBRE 2011
ma carrière dans l’ingénierieinterviewdonc pour nous l’année dédiée à la mobilité. Ainsi, afin defidéliser nos collaborateurs et d’encourager leur parcourschez nous, nous lançons la Charte de la mobilité. L’ingénieriedes transports ferroviaires est un secteur extrêmementconcurrentiel, c’est pourquoi il est nécessaire d’être àl’écoute de nos collaborateurs en leur proposant des évolutionsintéressantes, qui leur permettent d’apprendre denouvelles choses. Si l’on ne fait rien, les potentiels les plusforts et les plus curieux risquent de chercher ailleurs…Pensez-vous que les salariés soient réceptifs etacceptent cette mobilité ?M. B. : C’est inscrit dans l’ADN de l’entreprise. À chacunde faire preuve d’imagination dans sa manière de conduiresa carrière chez Assystem et de rechercher les opportunitésde grandir en compétences et en expérience. On peutdevenir manager à 25 ans. On peut être une femme etconduire des projets internationaux liés à la sécuriténucléaire. On peut travailler chez Renault à Boulogne-Billancourtet 3 mois après, être en mission en Finlande pourAreva. On peut travailler à l’Île Longue, en Bretagne, et ensuitepartir en Inde. On peut construire sa carrière chez Assystemquand on se montre créatif, motivé et autonome.C. L. : Ils sont réceptifs et demandeurs. Un récent baromètreinterne à révélé une réelle attente de leur part entermes de mobilité : nos collaborateurs veulent apprendre,prendre des responsabilités et diversifier leurs expériences.La taille de notre Groupe, la diversité de nos domaines d’activitéset nos implantations en France et à l’internationalconstituent un contexte particulièrement favorable pour leurproposer des opportunités très attractives de développementprofessionnel. Face à des propositions sur des projets éloignés,il peut en revanche y avoir une certaine frilosité – maisc’est en général lié à la situation familiale. Les jeunes nedemandent qu’à bouger ; après, c’est souvent plus compliqué; et l’on retrouve le même appétit de mobilité chez lescollaborateurs plus âgés. Mais dans tous les cas, on constateaussi que ceux qui ont pris l’habitude de bouger le font beaucoupplus facilement ! Il faut donc leur en donner le goût.A. B. : Ils sont certes réceptifs, mais ils ne l’acceptent pastous. Chez Inexia, la mobilité est cependant toujours proposée,jamais imposée. L’important est de donner de la visibilitéà ceux qui souhaitent évoluer.Que mettez-vous en place pour aider les salariés àconstruire leur parcours professionnel ?M. B. : Toute l’organisation de notre service RH vise àfavoriser la mobilité. Nous avons développé un managementdit « de proximité », avec des mobilités qui sont toujoursconcertées, reposant sur un lien très fort entre le collaborateuret son manager. Il y a des responsables RH au sein dechaque business unit, afin de détecter et d’accompagner tousles souhaits d’évolution. Et nous nous appuyons sur unservice dédié, le service Mobilité et GPEC 1 , qui a une vueglobale de tous les postes et mouvements au sein du Groupe,pour répondre à ces souhaits. Nous avons par ailleurs dresséune cartographie des filières, montrant les passerelles transversaleset hiérarchiques existantes. Des entretiens annuelsd’appréciation et de développement, où chacun peut fairepart de ses souhaits, ainsi que des revues de personnel pouridentifier et accompagner les hauts potentiels, ont été mis enplace. Enfin, nous avons une politique de formation ambitieusequi représente plus de 3 % de notre masse salariale autravers de dispositifs variés, tant en interne qu’en externe.C. L. : Des efforts très importants ont été consentis ence sens ces dernières années par le Groupe Egis, même siun certain nombre de mesures existaient déjà. Le déploiementd’une démarche GPEC a, notamment, conduit àmettre en place des entretiens de parcours au sein des différentessociétés, afin de définir et d’accompagner des évolutionsà moyen terme. Cela nous permet de détecter lessouhaits d’évolution et les compétences en interne. Nousavons aussi mis en place des revues de personnel, auniveau des sociétés mais également, de façon plus transversale,au niveau du Groupe. Un poste de responsablemobilité a été créé cette année pour faciliter la réalisationdes projets de mobilité... Afin d’aider les salariés à mieuxconnaître les métiers du groupe et les passerelles existantes,une cartographie de nos métiers ainsi que des référentielsde compétences par métier ont été élaborés. Plusrécemment, le Groupe a créé une Université « EgisCampus » qui ouvrira ses portes l’année prochaine et dontl’une des ambitions est de développer des parcours professionnelsgrâce à des cycles de formation orientés vers lemanagement, le commercial, l’expertise et l’innovation. Jesignale enfin que la mobilité est pour nous un enjeu essentiel: nous valorisons, sur notre intranet et dans nos supportsde communication, des témoignages de collaborateurspour faire connaître et partager leurs expériences demobilité réussie.A. B. : Dans le cadre de la Charte de la mobilité lancéeen 2011, nous déployons une démarche GPEC avec, notamment,la refonte de l’entretien individuel d’appréciation,enrichi d’une grille de co-évaluation « collaborateur-manager». Cela a pour objectif d’aider le collaborateur à faire lepoint avec son manager sur ses compétences et ses possibilitésd’évolution. À partir de là, il peut y avoir un entretiend’évolution professionnelle mené avec la DRH. Un responsablede mobilité, ainsi qu’un conseiller carrière ont éténommés au sein de notre service RH pour accompagnercette dynamique. Enfin, nous lançons dès octobre 2011 uneBourse de l’emploi interne sur notre intranet, affichant tousles postes qui sont à pourvoir. Une initiative qui contribueau renforcement de cette visibilité indispensable pour favoriserla mobilité.ingénierie / QUELS MÉTIERS ? / N°83 / SEPTEMBRE 2011 / 19