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numéro 27 - Faculté de musique - Université Laval

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32RECHERCHE EN ÉDUCATION MUSICALEcontenue dans la fable. C’est, en d’autres termes, la morale qui illustre le conte, c’est leconte qui sert directement <strong>de</strong> modèle au sensible. Son horizon <strong>de</strong> sens tient alors à un« socle affinitaire » sans signification précise (il n’y a pas « d’essence » du socle) :simplement une inclinaison, un penchant (neigung), un geste du vivant qui inscrit larelation au cœur <strong>de</strong> l’expérience esthétique (l’esthétique visant alors à la sensibilité <strong>de</strong> soidans le mon<strong>de</strong>). Cette épiphanie profane permet ainsi d’éviter à la fois la « religion <strong>de</strong>l’art » (Goethe vomit cet aspect du romantisme) et le basculement vers toute solutionhégélienne où l’art est limité dans le temps et suppose un dépassement par la religion.Il y a bien là un vrai problème éducatif, déjà planté par Goethe à travers son plaidoyer pourles chants, les chœurs et les danses rythmant le travail et les moments <strong>de</strong> la journée,opposé à sa condamnation féroce <strong>de</strong> l’insertion pédagogique <strong>de</strong>s comédiens et <strong>de</strong> la poésiedramatique dans la parabole <strong>de</strong> la province pédagogique <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> voyage du WilhelmMeister.Curieux entêtement que celui <strong>de</strong>s pédagogues à ne pas vouloir se saisir <strong>de</strong>s paradoxes <strong>de</strong> cemessage. Par exemple, dans l’entrée « Goethe » du Nouveau dictionnaire <strong>de</strong> pédagogie etd’instruction primaire édité par Ferdinand Buisson (1911), et après avoir vanté les mérites<strong>de</strong> son modèle horticulturel <strong>de</strong> l’apprentissage 17 , James Guillaume nous explique qu’on n’aque trop disserté (mais, heureusement, en Allemagne !) sur cette parabole pédagogiquerefusant tout pouvoir éducatif à l’art dramatique, parabole qui ne mérite pas tantd’honneurs car c’est là simplement l’effet <strong>de</strong> « la déca<strong>de</strong>nce d’un grand esprit atteint déjà<strong>de</strong> faiblesse sénile et brûlant ses anciens dieux », esprit qui, à l’âge <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> soixante-dixans en était arrivé à une nouvelle conception <strong>de</strong> l’art privilégiant l’allégorie et lesymbolisme, conception dont Guillaume doit seulement nous informer, tout en rappelantqu’il aurait « bien <strong>de</strong>s réserves à faire [s’il <strong>de</strong>vait] apprécier les doctrines et les procédéssouvent étranges qu’il [va mettre] sous les yeux du lecteur ».A-t-on progressé <strong>de</strong>puis dans la compréhension <strong>de</strong>s tensions relatives aux vertus éducativesdu chant quotidien et <strong>de</strong>s productions spectaculaires ? Comment pense-t-on aujourd’hui, entermes didactiques, la relation entre l’œuvre à réchauffer, le sujet à construire et cesentiment investi d’une fonction sociale ? Comment préserver ce <strong>de</strong>rnier dans sa dimensionéthique, son expérience intime foncièrement pratique, et sa localisation externe dansl’œuvre ?17 Cherchant à tirer <strong>de</strong> ce fonds primitif qui existe dans l’individu le meilleur parti possible, privilégiantl’action à la parole (<strong>de</strong> surcroît si celle-ci est accomplie avec plaisir).

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