Les Echos de l'AFB 2006-2007 (document pdf 4,0 Mo) - Athénée ...

Les petits riensLe 24 avril dernier, les élèves de 4e année de la sectionsciences économiques ont eu le plaisir de découvrirl’ASBL Les Petits Riens à Ixelles. Unplongeon dans une dimension de l’économie peu ou pasassez connue du public : l’économie sociale. Ce secteurvise à combler les lacunes des biens et des servicesproposés par le secteur privé (les entreprises) et lesecteur public (l’Etat et les pouvoirs publics). Les unesvisent à augmenter leur profit et l’autre à satisfaire lesbesoins collectifs. Entre ces deux pôles, un troisièmesecteur cherche à faire de l’économie AUTREMENT, enplaçant l’homme au cœur des préoccupations del’économie et non l’inverse.Voici ce que l’on peut lire sur le site Web de l’ASBL :Depuis leur création, LES PETITS RIENS ont collecté lesobjets de seconde main les plus divers, dans le but depermettre aux personnes qu'ils hébergent de sereconstruire elles-mêmes en participant à cette activité,d'en aider d'autres également dans la difficulté, en leurpermettant d'acquérir ces objets gratuitement ou à bonprix, de dégager, par la vente d'une partie de ces objets,des moyens financiers indispensables à la réalisation desprojets sociaux de l'association.L'objectif environnemental a pris aujourd'hui del'importance. Une seconde vie est donnée aux objetsrécoltés, évitant ainsi le gaspillage et réduisant lesdéchets destinés à l'incinérateur. Cette activité derecyclage permet de proposer des emplois à denombreuses personnes pour la plupart peu qualifiées, ainsique des stages de réinsertion rémunérés à despersonnes sous contrat des CPAS.Plus qu’un texte et de jolies formules, ce sont des visagesainsi qu’une conception de la vie que nos élèves ontrencontrés. Ils ont pu percevoir, palper le sens du mot« solidarité ». Ils ont pu rencontrer des gens qui, las deservir les intérêts des actionnaires de grandesentreprises, ont changé de cap pour investir leur énergiedans l’aide de leurs semblables.« C’est fou, Madame, ce gars-là, il a quitté un job bienpayé dans une entreprise pour venir travailler avec dessans-abris ?! »« Je suis impressionnée, l’équipe qui dirige cetteassociation est très jeune (+/-30 ans) ! ».Ces hommes dans le besoin ne sont pas de lointainshabitants du Tiers-monde à qui l’on tend ponctuellementla main via l’une ou l’autre association caritative, non, cesont des gens d’ici, qui vivent parmi nous, qui ont étévictimes d’accidents de la vie : un licenciement, undivorce, une rencontre « privilégiée » avec un dealer, unpenchant pour l’alcool, un problème de santé…« Je ne comprends pas pourquoi certains abandonnent…alors que tout est pourtant mis en place pour leurapprendre un métier et les aider. »Eh oui, ce paradoxe sème le trouble dans les petites têtesblondes, bouscule les préjugés. La misère, le rejet oul’infortune ne transforment guère les gens en anges, envictimes innocentes ou en écoliers modèles avides deconnaissances et de normes à intégrer.Le principe des Petits Riens est de remettre le pied àl’étrier de ces hommes qui sont tombés et qui souhaitentse relever. On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux.Il ne s’agit pas de charité mais bien d’encadrer des êtreshumains qui ont construit un projet, celui de réintégrer lacommunauté.« Arriver à l’heure à l’atelier ne leur paraît donc pasnormal ? »Bien sûr, la tâche est ardue ! Certains pensionnaires ont« désappris » à vivre selon des normes sociales. La resocialisationest un travail quotidien et de longue haleine.L’ASBL encadre cette réinsertion et en assure le suivi.Le revers de la médaille est qu’il est difficile de quitterce cocon : l’autonomie peut paraître effrayante à celui quia perdu ses repères, à celui qui se sent dépassé par lerythme de la société.Cette leçon de vie, nos élèves l’ont intégrée. Car le butde cette visite n’était pas tant de provoquer desvocations (quoiqu’elles fussent les bienvenues !) qued’éveiller des consciences à ces multiples et complexesfacettes de l’être humain. En outre, nos élèves ont puapprocher l’organisation multifonctionnelle del’association, apprécier l’utilité d’accorder une secondevie aux objets et percevoir la nécessité du recyclage desdéchets.Peut-être n’auront-ils pas la volonté d’orienter leurcarrière ou leur éthique de vie dans cette voie, ils sontd’ailleurs totalement libres de le faire comme de ne pasle faire ! Mais au moins sauront-ils que cela existe. Aumoins, penseront-ils à ces hommes (ceux qui aident etceux qui ont besoin d’aide) lorsqu’ils passeront devant lespetites guérites qui récoltent nos anciens vêtements auxcoins des rues. Et peut-être y déposeront-ils quelquesaffaires le moment venu. En rangeant ou en déménageant,peut-être appelleront-ils les Petits Riens pour leur fairedon de meubles, de livres ou de vaisselle. Pas comme d’unservice de déchetterie gratuite, non, mais avec la réelleenvie de faire profiter d’autres de ces objets encoreutiles... et peut-être ferez-vous comme eux.Olivia GrilloPour plus d’informations : http://www.petitsriens.beASBL LES PETITS RIENSRue Américaine 101, 1050 Bruxelles. Tél. : 02.537.30.263