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La Porteuse de pain - Lecteurs.com

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– C’est vrai, monsieur, j’ai été faible <strong>de</strong>vant les prières <strong>de</strong>Vincent, j’ai cédé, j’ai désobéi, mais vous savez pourquoi, monsieur; à moins d’avoir un cœur <strong>de</strong> pierre, tout le mon<strong>de</strong> à maplace aurait agi <strong>com</strong>me j’ai agi.– Nous ne sommes guère faits pour vivre ensemble, madameFortier, dit l’ingénieur après un silence, et je le regrette. Cependantvous êtes digne d’intérêt… »En ce moment le caissier Ricoux entra dans le cabinet poursoumettre au patron <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> <strong>com</strong>ptabilité. <strong>La</strong> vérificationopérée, le caissier reprit ses pièces. Il allait sortir, mais sesyeux tombèrent sur la jeune veuve, et il dit :– Puisque M me Fortier est là, ayez donc la bonté, monsieur,<strong>de</strong> lui apprendre qu’il lui est absolument défendu d’introduiredu pétrole dans l’usine pour son usage particulier. »M. <strong>La</strong>broue bondit.« Du pétrole ! s’écria-t-il, du pétrole ici !– Oui, monsieur, répondit le caissier, M me Fortier se sertd’une lampe à huile minérale. J’ai senti hier, auprès <strong>de</strong> sa loge,l’o<strong>de</strong>ur du pétrole renversé.– Préten<strong>de</strong>z-vous ignorer, madame, que ceci constitue unedésobéissance formelle au règlement ? <strong>de</strong>manda l’ingénieur.– Je l’ignorais, monsieur.– C’est impossible !– Je ne mens jamais. À quoi me servirait d’ailleurs un mensonge? Je vois bien que la mesure est <strong>com</strong>ble.– Et vous ne vous trompez point, madame, répliqua M. <strong>La</strong>broue.À la fin du mois vous quitterez l’usine.– Ainsi, balbutia Jeanne qu’étouffaient les sanglots, vous mechassez !… Mon mari est mort dans votre maison, tué pourvotre service, à son poste, <strong>com</strong>me un soldat. Que vous importe! Vous me chassez ! Que <strong>de</strong>viendrai-je ? que <strong>de</strong>viendrontmes petits enfants ? Peu vous importe encore ! Ah ! tenez,monsieur, prenez gar<strong>de</strong>, cela ne vous portera pasbonheur !… »M. <strong>La</strong>broue regarda Jeanne fixement.« Qu’est-ce à dire ? <strong>de</strong>manda-t-il.– Malheureuse ! s’écria le caissier. C’est une menace !– Non, monsieur, répondit Jeanne qui sanglotait, je ne menacepas, je ne menace personne, j’accepte le malheur qui,coup sur coup, me frappe, et je gar<strong>de</strong> pour moi mon chagrin…24

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