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La Porteuse de pain - Lecteurs.com

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cochers se montraient récalcitrants. Enfin l’un <strong>de</strong>ux consentit àmarcher. <strong>La</strong> <strong>de</strong>mie après minuit sonnait au moment où la voitures’engageait dans Alfortville.Le cocher s’orientait mal, tournait à droite quand il fallaittourner à gauche et perdait un temps précieux. L’ingénieur,impatienté, <strong>de</strong>scendit du véhicule et régla sa course en disant :« Je suis tout près <strong>de</strong> chez moi. »Et il s’élança vers sa <strong>de</strong>meure. L’eau ruisselait sur ses vêtements.Il arriva en face <strong>de</strong> la porte <strong>de</strong> l’usine, tira <strong>de</strong> sa pocheune clef, ouvrit, et sans s’arrêter traversa la cour pour serendre à son pavillon. Jeanne avait entendu la porte serefermer.« On est entré… murmura-t-elle. On marche dans la cour… »Déjà elle s’élançait vers la porte <strong>de</strong> sa chambre. Georgess’accrocha d’une main à ses jupes en criant :« Maman… maman… ne t’en va pas… J’ai peur…– Je vais revenir, mon mignon.– Non… non… j’ai peur… ne t’en va pas… Reste près <strong>de</strong>moi… »Et plus que jamais l’enfant se cramponnait <strong>de</strong> la main droiteà la robe <strong>de</strong> Jeanne, tandis que <strong>de</strong> la main gauche, il tenait soncheval <strong>de</strong> carton. M me Fortier le prit dans ses bras, <strong>de</strong>scendit,ouvrit la porte <strong>de</strong> la loge, et sortit dans la cour sous la pluie etregarda du côté du pavillon <strong>de</strong> M. <strong>La</strong>broue.Tout à coup une lueur rougeâtre et vacillante éclaira les ténèbres.Cette lueur venait <strong>de</strong>s ateliers. Jeanne, épouvantée, sedirigea en courant vers les bâtiments <strong>de</strong> la fabrique. Vingt pastout au plus la séparaient du pavillon, quand elle entenditd’une façon nette et distincte cet appel :« À moi !… Au secours. »Puis, immédiatement après, retentit dans le silence un criterrible, un cri d’agonie. À ce cri, une sorte <strong>de</strong> râle succéda,puis plus rien. Jeanne ne ralentit point sa course. Bientôt elleatteignit le seuil du pavillon dont les fenêtres à leur tours’éclairaient <strong>de</strong> lueurs ar<strong>de</strong>ntes. Une exclamation d’horreurs’échappa <strong>de</strong> ses lèvres. Elle apercevait dans le couloir Jacquesbrandissant un couteau et à ses pieds M. <strong>La</strong>broue, étendu inanimé,sanglant. <strong>La</strong> jeune femme laissa son enfant glisser <strong>de</strong>ses bras.46

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