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La Porteuse de pain - Lecteurs.com

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Jeanne allait et venait, rangeant à droite et à gauche. Tout àcoup une idée lui traversa l’esprit.« Ah ! murmura-t-elle, il ne faut pas que je laisse ce mauditpétrole dans le bidon qui appartient à l’usine. Je vais le transvaserdans <strong>de</strong>s bouteilles que j’emporterai en partant. »Sortant aussitôt <strong>de</strong> la loge, elle alla droit à la resserre. Le bidonà pétrole était sur une tablette, à côté <strong>de</strong> quelques bouteillesvi<strong>de</strong>s. Jeanne se mit en <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> transvaser le contenu.Elle achevait <strong>de</strong> remplir la première bouteille quand un coup<strong>de</strong> sonnette retentit. Elle ouvrit. C’était le caissier.M. Ricoux entra, referma la porte <strong>de</strong>rrière lui et passa <strong>de</strong>vantJeanne, qui lui dit bonjour et qu’il salua légèrement. Toutà coup, il s’arrêta en face <strong>de</strong> la réserve ouverte.« Cela sent encore le pétrole, madame Fortier, dit-il.– Cela n’est point étonnant, monsieur, répliqua Jeanne d’unton sec, je mets dans <strong>de</strong>s bouteilles celui que contient le bidon.Il est à moi ce pétrole. Je l’emporte en m’en allant. On n’auraplus peur que je mette le feu à l’usine. »Ricoux murmura entre ses <strong>de</strong>nts :« On a toujours raison d’avoir peur. Il y a <strong>de</strong> méchantes gens.Il y a <strong>de</strong>s gens haineux qui font le mal pour le mal. »Jacques, en ce moment, aborda le caissier.« Je vous ai vu entrer, dit-il, et je viens à vous. »<strong>La</strong> voix du contremaître fit retourner Jeanne. Elle regardaGaraud, qui lui parut fort calme. De son côté, tout en parlant,Jacques l’examinait à la dérobée.« Je veux vous avertir que la femme <strong>de</strong> Vincent est mortehier au soir. Il m’a fait prier par un mécanicien <strong>de</strong> lui envoyerl’argent qui lui est dû, en ajoutant qu’il ne reviendrait pas àl’atelier et qu’il allait retourner dans son pays.– Voyez-vous ça. Il aura eu vent <strong>de</strong> son renvoi, et il prend unprétexte pour n’avoir pas l’air d’avoir été congédié.– Voici son <strong>com</strong>pte que j’ai fait.– Cinquante-quatre heures à quatre-vingt-dix centimes ? fit lecaissier. Total : quarante-huit francs soixante… Venez avecmoi, je vais vous remettre cette somme. »Tandis que s’échangeaient ces paroles, Jeanne achevait <strong>de</strong>transvaser son pétrole, ensuite elle plaça les bouteilles sur latablette <strong>de</strong> la réserve, avec le bidon vi<strong>de</strong>. Le contremaître39

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