On voit que les principales variables <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s ressources humaines sontconcernées, et que les problèmes ne concern<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong>s catégories "marginales" dupersonnel. Il est clair égalem<strong>en</strong>t que dans une <strong>en</strong>treprise <strong>de</strong> ce type (services nécessitantun personnel hautem<strong>en</strong>t qualifié), les problèmes <strong>de</strong> personnel ont pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t un fortimpact stratégique.Le problème "gestion du personnel" pourrait apparaître simplem<strong>en</strong>t comme un problème"<strong>en</strong> formation" : les individus <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t progressivem<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ce,développerai<strong>en</strong>t séparém<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s interprétations locales, <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> ce que leurposition leur permet <strong>de</strong> constater comme symptômes, <strong>de</strong> soupçonner comme causes, etd'élaborer comme actions. Dans cette optique, M. FINANCE serait simplem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>avance sur les autres, et le problème <strong>de</strong>vrait être reconnu lorsque les consci<strong>en</strong>cesindividueIles y seront suffisamm<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibilisées.S'il est clair que les différ<strong>en</strong>ts dirigeants donn<strong>en</strong>t du problème une formulation avant toutlocale, il est tout aussi clair que le problème "gestion du personnel" n'est pas simplem<strong>en</strong>tun problème "<strong>en</strong> formation". Plus exactem<strong>en</strong>t, il semble que le processus <strong>de</strong> formulationsoit bloqué à un sta<strong>de</strong> assez peu avancé, interdisant au problème une reconnaissanceréelle, un accès à l'ag<strong>en</strong>da stratégique.Cette hypothèse est justifiée par le fait que le <strong>de</strong>gré d'élaboration, <strong>de</strong> "cristallisation" <strong>de</strong> laformulation du problème, n'a pas évolué s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t tout au long <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> étudiée,tout <strong>de</strong> même assez longue; et cela, alors même que se sont prés<strong>en</strong>tées <strong>de</strong>s occasionspour que les formulations locales se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t. Le problème a <strong>en</strong> effet eu une "chance"très nette d'accé<strong>de</strong>r à l'ag<strong>en</strong>da stratégique, une première fois, avec l'annonce <strong>de</strong>sdémissions simultanées, pour <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> carrière, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cadres <strong>de</strong>s servicesfonctionnels dép<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> M. FINANCE. Dans bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises, cela ne serait qu'unfait ordinaire, compte t<strong>en</strong>u du profil <strong>de</strong>s cadres <strong>en</strong> questions (juriste et fiscaliste <strong>de</strong> bonniveau et d'âge moy<strong>en</strong>). A la CSP, la démission <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cadres est un événem<strong>en</strong>texceptionnel par sa rareté. C'est <strong>en</strong> effet traditionneIlem<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>treprise où l'on faittoute sa carrière. Les démissions constituai<strong>en</strong>t donc un événem<strong>en</strong>t susceptible d'êtreinterprété comme "significatif', et <strong>de</strong> donner lieu, par exemple, à une discussion au sein<strong>de</strong> la DG. A travers cette discussion, les différ<strong>en</strong>tes formulations partieIles aurai<strong>en</strong>t puêtre exposées, être liées les unes aux autres pour former un problème "gestion dupersonnel" <strong>en</strong> voie <strong>de</strong> reconnaissance.En fait, l'événem<strong>en</strong>t, s'il a bi<strong>en</strong> été ress<strong>en</strong>ti comme tel, n'a donné lieu à ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> tout cela.Seul M. FINANCE <strong>en</strong> fait un symptôme grave d'un problème plus vaste. Lesinterprétations <strong>de</strong>s autres dirigeants converg<strong>en</strong>t étonnamm<strong>en</strong>t: 1) ils connaiss<strong>en</strong>t tousbi<strong>en</strong> le contexte <strong>de</strong> ces démissions; 2) ils <strong>en</strong> minimis<strong>en</strong>t tous la portée (c'est local, c'est<strong>de</strong> la vie courante) ; 3) ils formul<strong>en</strong>t tous <strong>de</strong>s réassurances ("le moral est bon"). Leproblème n'a pas été évoqué <strong>en</strong> Comité <strong>de</strong> Direction Générale, sinon pour <strong>en</strong>visager leremplacem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s partants.La <strong>de</strong>uxième opportunité <strong>de</strong> ce type sera, à la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d'observation, le départ <strong>de</strong>M. FINANCE lui-même, qui suit quelques mois plus tard l'exemple <strong>de</strong> ses subordonnés.Le départ d'un dirigeant est un événem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core plus exceptionnel que le précé<strong>de</strong>nt. Lesconséqu<strong>en</strong>ces directes pour une <strong>en</strong>treprise <strong>de</strong> cette taille sont importantes. Pourtant, lemême schéma d'interprétation sera reproduit, et la même abs<strong>en</strong>ce d'effets généralisantssera constatée.Intéressons-nous à M. FINANCE: il est le seul membre <strong>de</strong> l'équipe dirigeante àm<strong>en</strong>tionner un "méchant problème <strong>de</strong> gestion du personnel" ; il représ<strong>en</strong>te donc lui-mêmeune <strong>de</strong>s forces qui aurai<strong>en</strong>t pu faire accé<strong>de</strong>r le problème à l'ag<strong>en</strong>da stratégique. En effet,M. FINANCE fait plus que m<strong>en</strong>tionner le problème: il le dénonce avec vigueur, et sedésole qu'il ne soit pas reconnu au sein <strong>de</strong> la DG. M. FINANCE i<strong>de</strong>ntifie un <strong>en</strong>semblecomplet <strong>de</strong> symptômes du problème, avance <strong>de</strong>s causes, propose <strong>de</strong>s actions. Il apparaîtcomme un "porteur" du problème, qu'il va chercher, sans succès, à faire accé<strong>de</strong>r àl'ag<strong>en</strong>da stratégique. Sa stratégie, cep<strong>en</strong>dant, sera peu efficace, ainsi qu'il le reconnaîtralui-même, pour plusieurs raisons:721. du fait <strong>de</strong> l'urg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s problèmes dans ses propres services (démissions), il apparaîtcomme déf<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> son propre domaine (les fonctionnels) plus que comme porteur d'unproblème concernant toute l'<strong>en</strong>treprise;2. parce qu'il redoute <strong>de</strong> ne pas être écouté du PDG avec lequel il a <strong>de</strong>s rapportsdifficiles, il ori<strong>en</strong>te son action ess<strong>en</strong>tieIlem<strong>en</strong>t vers le DGA, Administration, surestimantlargem<strong>en</strong>t le <strong>de</strong>gré d'ouverture <strong>de</strong> celui-ci; il ne cherche pas à mobiliser directem<strong>en</strong>t lesautres dirigeants (par répugnance <strong>en</strong>vers ce type <strong>de</strong> comportem<strong>en</strong>t, selon lui) ;3. au sein <strong>de</strong> la DG, il dispose d'un faible statut formel (il n'est pas membre <strong>de</strong> droit), etinformel (il est jeune, pas polytechnici<strong>en</strong>, même pas ingénieur) ; globalem<strong>en</strong>t, il dispose<strong>de</strong> peu <strong>de</strong> ressources pour promouvoir problème "gestion du personnel" ;4. son approche frontale est incompatible avec les mo<strong>de</strong>s habituels <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>la CSP.Ce <strong>de</strong>rnier point méritera un développem<strong>en</strong>t ultérieur. Précisons pour l'instant que lastratégie <strong>de</strong> M. FINANCE sur le problème "gestion du personnel" est frontale <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>squ'il souhaite un traitem<strong>en</strong>t officiel et global du problème. II estime que le problème<strong>de</strong>vrait être posé et débattu au sein <strong>de</strong> la DG. Une <strong>de</strong>s solutions qu'il avance serait <strong>de</strong>recruter un Directeur <strong>de</strong>s Ressources Humaines, un "expert" qui mettrait <strong>en</strong> place unepolitique, <strong>de</strong>s systèmes, <strong>de</strong>s procédures, toutes choses ignorées <strong>de</strong> la CSP dans cedomaine. Sa manière d'abor<strong>de</strong>r le problème est assez nettem<strong>en</strong>t rationnelle, voirerationaliste.Au final, le problème ne serajamais abordé comme M. FINANCE le souhaitait. II ne serajamais inscrit sur l'ag<strong>en</strong>da stratégique, et les seules actions m<strong>en</strong>ées seront <strong>de</strong>s mesuresponctuelles, pilotées discrètem<strong>en</strong>t par le DGA, Administration.La non-reconnaissance du problème "gestion du personnel" révèle donc bi<strong>en</strong> plus qu'unesimple phase d"'éveiI". Si ce problème ne trouve pas <strong>de</strong> formulation générale ni d'accès àl'ag<strong>en</strong>da stratégique, s'il reste, indéfinim<strong>en</strong>t, semble-t-il, dans une phase <strong>de</strong> lat<strong>en</strong>ce, c'estqu'il ne peut être reconnu par les dirigeants. L'analyse <strong>de</strong>s discours t<strong>en</strong>us par lesdirigeants (à l'exception <strong>de</strong> M. FINANCE) lorsqu'ils expos<strong>en</strong>t leurs formulationspartieIles du problème montre qu'une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur p<strong>en</strong>sée est ori<strong>en</strong>tée non pasvers la recherche d'actions <strong>en</strong>visageables, mais au contraire vers la discréditation <strong>de</strong>solutions possibles. On pourrait repr<strong>en</strong>dre la liste ci-<strong>de</strong>ssus et mettre <strong>en</strong> regard le refusexprimé par les dirigeants <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> solutions "natureIles". Est ainsi discréditéd'emblée, par exemple, le recours à la formation externe (le PDG explique ainsi que lacomptabilité <strong>de</strong> CSP est trop particulière pour qu'une formation externe apporte quoi quece soit à qui que ce soit). Les solutions traditionnelles sont souv<strong>en</strong>t avancées commeseules concevables, bi<strong>en</strong> qu'elles ne sembl<strong>en</strong>t plus suffisantes. Par exemple, aurecrutem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cadres expérim<strong>en</strong>tés qui pourrai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir les cadres supérieurs etdirigeants dont manque cruellem<strong>en</strong>t la CSP, on oppose la solution traditionnelle :sélection précoce <strong>de</strong> jeunes embauchés.A l'analyse, on s'aperçoit que c'est l'<strong>en</strong>semble du système traditionnel <strong>de</strong> la CSP qui estremis <strong>en</strong> cause par ces formulations partieIles. Une formulation globale amènerait à<strong>en</strong>visager <strong>de</strong>s actions qui ne sont pas acceptables aux yeux <strong>de</strong>s dirigeants <strong>de</strong> la CSP,parce qu'elles violerai<strong>en</strong>t les règles traditionnelles <strong>de</strong> la CSP. Reconnaître le problème"gestion du personnel", ce serait introduire <strong>de</strong>s questions vis-à-vis <strong>de</strong>squelles lesdirigeants <strong>de</strong> CSP sont sans réponse. On va montrer que la source <strong>de</strong> ce refus est dansl'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> CSP, telle qu'eIle est vécue par ses dirigeantsl é. Par la nature <strong>de</strong> soni<strong>de</strong>ntité, la CSP ne peut frontalern<strong>en</strong>t abor<strong>de</strong>r le problème : ce serait toucher auxcomposantes fondam<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> son imaginaire et <strong>de</strong> sa culture, et par conséqu<strong>en</strong>t à son18 L'étu<strong>de</strong> suit le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s dirigeants. Chaque fois que l'on m<strong>en</strong>tionnera l'i<strong>de</strong>ntité CSP, il s'agira<strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité telle qu'elle est vécue, portée, par les dirigeants <strong>de</strong> CSP ..73
système <strong>de</strong> pouvoir. L'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> CSP mainti<strong>en</strong>t ainsi un "couvercle" sur le problème"gestion du personnel".En effet, parler <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources humaines, c'est admettre l'hétérogénéité <strong>de</strong>smembres <strong>de</strong> l'organisation. C'est reconnaître l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> catégories différ<strong>en</strong>tes, dotées<strong>de</strong> caractéristiques spécifiques, prés<strong>en</strong>tant <strong>de</strong>s besoins spécifiques et égalem<strong>en</strong>t légitimes.C'est introduire la nécessité <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ciés (<strong>en</strong>tre catégories, <strong>en</strong>tre individus),et donc installer une concurr<strong>en</strong>ce interne, pour les ressources, les statuts, les territoires,et finalem<strong>en</strong>t pour la domination.Or la CSP a d'elle-même une image unifiée, pacifiée, presque fusionnelle. Cette imageest organisée autour d'un c<strong>en</strong>tre i<strong>de</strong>ntitaire traditionnel: les services. Cette activité estl'unique source <strong>de</strong> légitimité <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s pratiques. Ce c<strong>en</strong>tre est prolongé dansl'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> l'organisation par la prés<strong>en</strong>ce d'anci<strong>en</strong>s prospecteurs sé<strong>de</strong>ntarisés auxpostes <strong>de</strong> responsabilités dans presque toutes les fonctions. Il n'y a donc pas, dansl'i<strong>de</strong>ntité CSP, diverses catégories <strong>de</strong> personnel. Il y a les ingénieurs et technici<strong>en</strong>s <strong>de</strong>sservices (ou issus <strong>de</strong>s services) et les autres.L'<strong>en</strong>jeu du problème "gestion du personnel" est donc important: il s'agit <strong>de</strong> redéfinir lanature, l'ét<strong>en</strong>due et les modalités <strong>de</strong> la domination <strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>s prospecteurs, <strong>de</strong> redéfinirla distinction <strong>en</strong>tre le c<strong>en</strong>tre et la périphérie, et <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> la périphériepar le c<strong>en</strong>tre. Parler <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources humaines, c'est notamm<strong>en</strong>t reconnaîtrel'irruption <strong>de</strong> catégories nouvelles, telles que les spécialistes fonctionnels (financiers,juristes, fiscalistes) ou les informatici<strong>en</strong>s, au sein d'une communauté d'ingénieurs <strong>de</strong>terrain ; c'est faire du métier <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la CSP un métier comme un autre, parmid'autres. C'est donc banaliser ce métier, et par là briser l'image d'unicité et d'originalitéprofon<strong>de</strong> que la CSP a d'elle-même.Pour les ingénieurs, c'est l'image même <strong>de</strong> leur métier qui est touchée. Ainsi, uneapproche <strong>en</strong> terme <strong>de</strong> "gestion du personnel" aboutirait nécessairem<strong>en</strong>t à mettre à jour,expliciter et par là remettre <strong>en</strong> question les critères d'excell<strong>en</strong>ce dans le métier. La CSPtraditionnelle n'explicite pas ou peu ces critères. Ils sont cont<strong>en</strong>us dans une épreuveinitiatique, qui est le passage sur le "terrain" (comme prospecteurs, réalisant les étu<strong>de</strong>sdans les déserts, les montagnes, les jungles, les océans ...) <strong>en</strong> tout début <strong>de</strong> carrière. Ilssont résumés dans un "esprit pros"19, acquis sur le "terrain", qui est fait <strong>de</strong>débrouillardise et <strong>de</strong> camara<strong>de</strong>rie virile, et qui perdure bi<strong>en</strong> au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s missions,véritable co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s comportem<strong>en</strong>ts légitimes. Ils sont sanctionnés par une l<strong>en</strong>te accessionaux responsabilités. Cela ne peut surpr<strong>en</strong>dre, au regard <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> ces critères: ledévouem<strong>en</strong>t, la disponibilité, la confiance qu'on vous fait, touch<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>s qualités qu'onpeut difficilem<strong>en</strong>t évaluer sur une fiche par une note <strong>de</strong> 1 à 5.Par bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s aspects, la CSP se rapproche <strong>de</strong>s "clans" décrit par OUCRI (1980) : lescarrières à vie, la socialisation int<strong>en</strong>se par le "terrain", la solidarité interne, la confiancepersonnelle, etc. De manière un peu simplificatrice, on pourrait dire qu'un clan ne gèrepas ses hommes : il les aime. L'idée même <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources humaines estintrinsèquem<strong>en</strong>t contradictoire avec une culture clanique, avec la force <strong>de</strong>s <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsréciproques, avec l'int<strong>en</strong>sité <strong>de</strong> la foi <strong>de</strong> l'individu <strong>en</strong> l'organisation, et <strong>de</strong> l'organisation<strong>en</strong> l'individu. Gérer les ressources humaines, c'est nécessairem<strong>en</strong>t introduire unedistance <strong>en</strong>tre l'organisation et les hommes, sous formes <strong>de</strong> calculs ("combi<strong>en</strong> vautUntel ?") ou <strong>de</strong> règles (règles <strong>de</strong> promotion, <strong>de</strong> carrières... ). C'est introduire dans leclan <strong>de</strong>s mécanismes relevant du "marché" ou <strong>de</strong> la "bureaucratie", pour repr<strong>en</strong>dre lescatégories <strong>de</strong> OUCHI, c'est-à-dire <strong>de</strong>s logiques qui lui sont étrangères. Les règles <strong>de</strong> lagestion du personnel à la CSP sont <strong>de</strong>s règles informelles: on les accepte quand onintègre le clan et parce qu'on intègre le clan. Ce ne sont pas <strong>de</strong>s règles bureaucratiques,qui appell<strong>en</strong>t une adhésion rationnelle, c'est-à-dire <strong>en</strong>core une forme <strong>de</strong> calcul.Rev<strong>en</strong>ons sur les <strong>en</strong>jeux <strong>de</strong> pouvoir. Le système <strong>de</strong> domination <strong>de</strong> la CSP estremarquable par sa stabilité, son homogénéité, et son rôle capital dans la reproduction à19 "Pros" vaut pour "prospecteur" ; prononcer "presse".74l'i<strong>de</strong>ntique et pacifique <strong>de</strong> l'organisation: le groupe dominant est composé <strong>de</strong>Polytechnici<strong>en</strong>s, âgés, anci<strong>en</strong>s prospecteurs, hommes du pétrole; ce groupe préparelongtemps à l'avance son r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t (IO ans à l'avance pour le PDG). Ce systèmeest m<strong>en</strong>acé par certains <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> personnel qui ont été étudiés. Par exemple, lerecours au recrutem<strong>en</strong>t externe équivaudrait à introduire directem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nouveaux critères<strong>de</strong> légitimité, avec le double risque, qu'ils ne soi<strong>en</strong>t pas acceptés par la "base", ou bi<strong>en</strong>qu'ils soi<strong>en</strong>t acceptés au point <strong>de</strong> remettre <strong>en</strong> question les critères traditionnels. Plus quele groupe dominant actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place, c'est la reproduction <strong>de</strong> ce groupe qui estm<strong>en</strong>acée. Or la stabilité du groupe dominant et son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction sont <strong>de</strong>sgarants <strong>de</strong> la stabilité d'une organisation par ailleurs soumise à <strong>de</strong>s aléas <strong>de</strong> conjoncturequi pouv<strong>en</strong>t mettre l'équipe <strong>de</strong> direction générale à ru<strong>de</strong> épreuve. Derrière ce système <strong>de</strong>domination se profile égalem<strong>en</strong>t le système relationnel traditionnel <strong>de</strong> la CSP (univers dupétrole, public, parapublic et privé, économique et sci<strong>en</strong>tifique) : l'adéquation jusque làmaint<strong>en</strong>ue serait mise <strong>en</strong> question par la modification <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux termes.C'est donc tout un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> facteurs liés à l'i<strong>de</strong>ntité qui bloque l'accès du problème"gestion du personnel" à l'ag<strong>en</strong>da stratégique. Par sa nature même, le problème estlargem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'ordre du tabou. Par les actions possibles qu'il évoque, il heurtedirectem<strong>en</strong>t les fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité CSP. Et <strong>en</strong>fin, les processus qui sont à l'oeuvresur ce problème sont eux-mêmes largem<strong>en</strong>t conditionnés par l'i<strong>de</strong>ntité: ainsi, le faiblestatut du seul porteur <strong>de</strong> problème (M. FINANCE), qui par sa position marginale peut"percevoir" le problème et souhaiter <strong>en</strong> faire un objet <strong>de</strong> débat, mais qui est <strong>en</strong> mêmetemps trop marginal pour le faire efficacem<strong>en</strong>t; ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core, le profil du Directeur duPersonnel, qui est incontestablem<strong>en</strong>t un obstacle <strong>de</strong> plus à la reconnaissance duproblème. On aura <strong>en</strong> effet remarqué que cet acteur pot<strong>en</strong>tiel est étrangem<strong>en</strong>t abs<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ces processus. Ce fait est significatif, et d'une certaine manière résume l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>sforces qui s'oppos<strong>en</strong>t à la reconnaissance du problème "gestion du personnel". Selon latradition CSP, le Directeur du Personnel est un anci<strong>en</strong> prospecteur. Sa nominationréc<strong>en</strong>te est égalem<strong>en</strong>t un élém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce non-accès du problème à l'ag<strong>en</strong>da: la question duchoix du titulaire <strong>de</strong> ce poste amène nécessairem<strong>en</strong>t la question du type <strong>de</strong> gestion dupersonnel que l'on souhaite avoir. Ce choix respectueux <strong>de</strong> la tradition réaffirme que lesprospecteurs sont le personnel, que les autres catégories doiv<strong>en</strong>t accepter d'être géréespar un prospecteur, et vraisemblablem<strong>en</strong>t selon les critères, logiques, règles, appliquésaux prospecteurs. Notons <strong>en</strong> outre que la discrétion <strong>de</strong> la personne choisie conforte cettetradition.La fin <strong>de</strong> l'histoire du problème "gestion du personnel" laisse <strong>en</strong>trevoir cep<strong>en</strong>dant que ceproblème puisse être traité, d'une certaine manière. Le successeur <strong>de</strong> M. FINANCE est lefutur PDG <strong>de</strong> CSP, le "dauphin" du PDG actuel, puisqu'à la CSP, on recrute leremplaçant d'un PDG dès que celui-ci accè<strong>de</strong> à ses responsabilités. M. DAUPHIN aclairem<strong>en</strong>t une vision large du problème "gestion du personnel". Cep<strong>en</strong>dant, à ladiffér<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> M. FINANCE, il ne scandalise pas <strong>de</strong> son caractère tabou. Il <strong>en</strong>visage uneapproche très incrém<strong>en</strong>tale du problème: selon lui, <strong>en</strong> effet, la crise s'éloignant, lareprise d'un recrutem<strong>en</strong>t régulier <strong>de</strong> personnel nouveau permettra <strong>de</strong> modifierprogressivem<strong>en</strong>t les pratiques. Ilinsiste cep<strong>en</strong>dant sur le fait que l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> CSP estson atout principal, et qu'elle doit être préservée. "On ne peut pas avoir le beurre etl'arg<strong>en</strong>t du beurre", dit-il.4. LE PROBLEME GEOSYSTEMS.Le problème GEOSYSTEMS fait contraste avec le problème "gestion du personnel" parbi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s aspects. Le trait le plus frappant est qu'il s'agit d'un processus beaucoup plusmarqué et visible, puisqu'il pr<strong>en</strong>d un caractère <strong>de</strong> crise et génère <strong>de</strong> l'action rapi<strong>de</strong> etdrastique.GEOSYSTEMS est une filiale <strong>de</strong> la CSP, correspondant à un projet <strong>de</strong> diversificationimportant. GEOSYSTEMS a pour vocation <strong>de</strong> concevoir, fabriquer et commercialiser <strong>de</strong>s"stations <strong>de</strong> travail intégrées et interactives". Une station <strong>de</strong> travail est un <strong>en</strong>semblecohér<strong>en</strong>t <strong>de</strong> matériels et logiciels informatiques qui permet l'interprétation <strong>de</strong> données <strong>de</strong>natures diverses concernant <strong>de</strong>s sites pétroliers <strong>en</strong> exploration ou <strong>en</strong> production. Elle est75
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