TABLE DES MATIERESARGUMENT Nouveaux symptômes Michel CODDENS 3SEANCE PLENIEREOUVERTURE Du symptôme au sinthome Michel CODDENS 7« Le symptôme de Freud. Et aujourd’hui ? » Jean-Jacques GOROG 11Le scandale de l’inconscient aujourd’hui Claire HARMAND 15affection corporelle Véronique SIDOIT 21ATELIERSLE BONHEUR OBLIGE DANS LE COUPLEOn s’est trompé d’histoire d’amour Anne-Marie DEVAUX 31Le parfait bonheur dans le couple : Hier un rêve,aujourd’hui un devoir Patrick DE NEUTER 35Homme et femme : moitié-moitié ? Elisabeth d‟ALCANTARA 41Le féminin est subversif, et ça fait désordre Danielle BASTIEN 43ENFANTS-ADOLESCENTSLa tentation de mort chez l’adolescent diabétique Pascal FAVERON 49Enfance asociale et psychanalyse Bernadette DIRICQ 53La demande d’enfant Marie-Françoise HAAS 57Pourquoi l’enfant concentre-t-il toute notre attention ? Sylvain GROSS 61CLINIQUE DE L‟EXTREMEJouir de la honte Brigitte HATAT 71Troubles de la con<strong>du</strong>ite alimentaire :la parole suffit-elle à les "guérir" ? André PASSELECQ 75Technologie moderne, métonymie <strong>du</strong> désiret inflammation de l’objet Pat JACOPS 79Un intrus dans le champ de l’hygiène mentale Manuelle KRINGS 81PERVERSION GENERALISEELa perversion comme norme :ce qui est permis devient obligatoire Yves BATON 89Enfin un père ? Michel CODDENS 93Post-modernité : déclinaison <strong>du</strong> sujet ? Didier MATHY 97Egalité et ségrégation Guillermo RUBIO 103CONCLUSIONQuoi de neuf ? Christian DEMOULIN 1111 Clé pour 2 (film court-métrage) Delphine NOELS2Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> lacanien de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 6 mai 2006ACTES
Michel CODDENSArgumentArgumentMichel CODDENSEcole de Psychanalyse des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> lacanienForum <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> lacanien <strong>du</strong> Brabant wallonDepuis quelque temps, la littérature « psy »décrit toute une série de symptômesautres que ceux auxquels nous sommesaccoutumés. Ce sont les troubles bipolaires, lesparaphilies, le syndrome d‟Asperger, les TOC, lesyndrome de fatigue chronique, c‟est-à-dire lesnouveaux symptômes que la sociétépostmoderne nous offre en pâture.La dysphasie, l‟hyperkinésie, le syndrome deGilles de la Tourette, le syndrome deMünchhausen, la spasmophilie, latrichotillomanie, la boulimie, … sont-ils vraimentnouveaux ? Et s‟ils le sont, en quoi le sont-ils ?La nouveauté ne réside-t-elle pas dans l‟abordqu‟en font la psychiatrie biologique et lesstatistiques et dans le harcèlement dont ils fontl‟objet de la part de psychothérapies ?Le symptôme dit nouveau peut-il devenir unequestion pour le sujet, et non pas simplementune « étiquette-réponse » qui le désignesommairement et l‟inscrit dans des statistiques ?Peut-il être tenu comme une tentative deguérison ? Obéit-il à l‟aphorisme lacanien quiveut que le symptôme est la façon dont chacunjouit de son inconscient en tant que celui-ci ledétermine ? Vient-il à la place d‟une satisfactionsexuelle ? Peut-il devenir un symptômeanalytique ? Comment ? Le sujet peut-il lesubjectiver dans la cure avec l‟analyste ?Bien sûr, on peut se laisser sé<strong>du</strong>ire par leschants de sirène <strong>du</strong> discours ultralibéral etentreprendre un « traitement » qui vise àéradiquer le symptôme nouveau de manièrerapide, efficace et peu onéreuse de sorte à être« opérationnel » et, ainsi, pro<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> travail etde la plus-value pour le discours <strong>du</strong> capitaliste.Tel que Lacan le théorise, le discours <strong>du</strong>capitaliste est dans ses manifestations (DSM,TCC, hypnose…) aux antipodes <strong>du</strong> discoursanalytique car il permet au sujet de ne pass‟interroger, puisqu‟il apporte une réponse toutefaite. Le symptôme y est vu comme unedéviation, un hors-norme. Les TCC, lesmédicaments comme la rilatine, et les« é<strong>du</strong>cateurs commerçants », pour citer Ph.Sollers, sont les serfs <strong>du</strong> capitalisme dontl‟argent reste le signifiant-maître. Ces praticiensrenouent <strong>du</strong> reste avec une des fonctions de lapsychiatrie <strong>du</strong> XIX e siècle : être les gardiens del‟ordre social.Aussi, ne peut-on pas imputer au discours <strong>du</strong>capitaliste la volonté de créer, à l‟instar <strong>du</strong>fascisme ou <strong>du</strong> communisme, un « hommenouveau » qui jouit de se plier à ses slogans ?En effet, comment interpréter autrement lesidéaux qui obsèdent notre société : être jeune,beau, mince, aux dents blanches, indivi<strong>du</strong>alistecertes, mais sachant communiquer, parler toutehonte bue de l‟argent, entrer dans la compétitionet éliminer le « maillon faible » avec aisance ;être un peu branché new age et spiritualité, maistout en restant sportif, etc. ?Se soumettre à ces mots d‟ordre, nous dit-on,promet le bonheur. La belle affaire ! Mais alors,comment expliquer l‟extraordinaireconsommation d‟antidépresseurs et autresomega-3 ?Quelle est la conséquence de ces pratiques quivisent la normalité, l‟adaptation etl‟uniformisation ? Le rejet des « laissés-pourcompte», de ceux qui refusent d‟une manièreou d‟une autre, de ceux qui ne se laissent pasdomestiquer ? Où l‟on voit une fois de plus quela ségrégation est la petite sœur de l‟adaptation.N‟est-ce pas Lacan qui voyait dans Auschwitzl‟aboutissement ultime de cette discrimination ?Une autre voie existe, celle qu‟a ouverte Freudet qu‟a continuée Lacan. Le sujet peut se faireentendre dans ce qui cloche pour lui, il peutdonner à entendre la manière dont il habite sonsymptôme. Ceci implique une démarche àl‟inverse de celle qui est proposée par le DSM,par exemple, qui prétend déterminer pour lesujet ce qui fait symptôme pour lui. Lapsychanalyse, qui considère que le sujet estresponsable de ce qui lui arrive, respecte sonrythme dans la mise au travail de son symptômeet dans son dépliement.Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> lacanien de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 6 mai 2006ACTES3