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À la racine - CEMEA Basse-Normandie

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veine de <strong>la</strong> fiction politique débridée mê<strong>la</strong>nt engagement politique féministe et engagement<br />

artistique déterminé, avec « Elle » autour de <strong>la</strong> figure de Cécilia ex Sarkozy.<br />

Obstinée et creusant son sillon féministe avec gaieté, elle propose aujourd'hui « <strong>À</strong> <strong>la</strong> <strong>racine</strong> », titre<br />

inspiré par <strong>la</strong> phrase de <strong>la</strong> militante noire Ange<strong>la</strong> Davis : « radical signifie simplement : saisir les<br />

choses à <strong>la</strong> <strong>racine</strong> ».<br />

En scène des personnages célèbres qui se retrouvent à <strong>la</strong> faveur d'un séminaire consacré au…<br />

féminisme. Outre Ange<strong>la</strong> (Nina Nkundwa), voici Sigmund (Elios Noël), Jésus (Yoan Charles),<br />

Shéhérazade (Julie Duchaussoy dont on avait déjà mesuré le talent l'an dernier dans « Le château de<br />

Wetterstein » de Wedekind, splendide spectacle de Christine Letailleur qui n'a scandaleusement pas<br />

tourné).<br />

Et puis, s'invitant malgré elle au séminaire, voici Ève (Bérengère Lebâcle). Ève ne sort pas du jardin<br />

d'Eden mais d'une nuit alcoolisée, dernier épisode d'une vie passablement déglinguée. La bande des<br />

quatre d'un jour <strong>la</strong> retrouve dans un fourré, endormie, les vêtements saccagés. Violée ? Ils lui posent<br />

<strong>la</strong> question, elle ne se souvient de rien.<br />

Plus qu'une comédie à thème, « <strong>À</strong> <strong>la</strong> <strong>racine</strong> » est une fantaisie qui entend parler drôlement de graves<br />

questions de société : <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des femmes, le voile et les révolutions arabes (Shéhérazade porte le<br />

voile et revient de Tunisie), les habits neufs et anciens du machisme, l'endettement des paumés, les<br />

pulsions de <strong>la</strong> violence sexuelle, <strong>la</strong> lutte finale du clitoris.<br />

Entre Ange<strong>la</strong> (militante féministe, communiste, noire et lesbienne) et Sigmund (<strong>la</strong> vérité est au bout<br />

du divan et un pénis qui part en sucette) ça n'arrête pas de se fritter. Shéhérazade fera vite alliance<br />

avec Ange<strong>la</strong> contre cet agité du babil qu'est Sigmund, avant de faire découvrir à Jésus les joies de<br />

l'éjacu<strong>la</strong>tion.<br />

Avant de raconter son histoire, Ève se révèlera, elle une redoutable mouche du coche.<br />

• à Sigmund qui veut qu'elle parle allongée sur un divan elle proposera un marché : « si je vous<br />

dis des choses, vous me donnerez un peu de fric ? » (elle est endettée)<br />

• à Jésus elle demandera qu'il multiplie (c'est un spécialiste) ses tubes de Lexomil<br />

• à Shéhérazade qui s'apitoie sur son sort comme les autres, elle répliquera « vous me faites<br />

chier, je vais fumer une clope ».<br />

Le rire du côté des féministes<br />

On entend des répliques comme « Mais utilisez un peu mieux votre potentiel révolutionnaire Jésus !<br />

(Ange<strong>la</strong>) ou “ Mon message de paix, de pauvreté et d'amour il n'a jamais vraiment marché ” (Jésus). <strong>À</strong><br />

super pénis Sigmund qui raconte un rêve tropical torride dans une forêt “ touffue, dense crépue ” où<br />

apparaît Ange<strong>la</strong>, son “ continent noir ”, <strong>la</strong> dite Ange<strong>la</strong> réplique :<br />

“ Si vous considérez les femmes comme un territoire à explorer, ou même à coloniser,<br />

c'est votre petite névrose, Sigmund… Moi je ne suis pas une métaphore, mon vieux. Je<br />

ne suis pas un corps sauvage et exotique, offert à vos rêves suintants d'inconscient<br />

raciste… ”<br />

<strong>À</strong> l'exception de quelques moments où le discours militant (féministe) prend le pas sur <strong>la</strong> fiction mise<br />

en p<strong>la</strong>ce, le spectacle mis en scène par l'auteur troque toujours le débat d'idées pour ce que l'on<br />

pourrait appeler des ébats d'idées. Les acteurs sont à <strong>la</strong> fête et nous aussi (on rit beaucoup), d'autant<br />

que <strong>la</strong> distribution ayant été faite en amont de l'écriture, c'est en pensant à ses acteurs (tous<br />

excellents) que Marine Bachelot a écrit “ <strong>À</strong> <strong>la</strong> <strong>racine</strong> ”. Un travail qui s'est fait par étapes entre<br />

l'écriture et <strong>la</strong> scène, allers et retours, accueilli en résidence sous l'aile bienveil<strong>la</strong>nte du théâtre de <strong>la</strong><br />

Paillette à Rennes. […]<br />

http://blogs.rue89.com/ba<strong>la</strong>gan/2011/11/17/festival-mettre-en-scene-les-ecritures-de-<strong>la</strong>zarebachelot-et-jolly-225746<br />

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