eauLa présence de systèmes agroforestiers dans <strong>le</strong>s paysagesagrico<strong>le</strong>s induit un cheminement plus long et plus comp<strong>le</strong>xe dela circulation de l’eau. Ils segmentent la longueur des versantset réduisent ainsi la vitesse d’écou<strong>le</strong>ment de l’eau. Ils dériventsa trajectoire et forment ainsi des “réseaux hydrographiquessecondaires” pour <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>ments de surface. Ils sontassimilab<strong>le</strong>s, en quelque sorte, à des drains.Les racines des arbres décompactent <strong>le</strong> sol et augmententainsi sa perméabilité. Puisque la surface couverte par <strong>le</strong>sracines dépasse la seu<strong>le</strong> largeur des houppiers, <strong>le</strong>s capacitésd’infiltration de l’eau sont augmentées sur de larges bandes enamont et en aval des éléments arborés.De plus, <strong>le</strong> prélèvement additionnel des eaux en été augmente<strong>le</strong>s capacités de rétention des pluies automna<strong>le</strong>s. Leur transfertvers <strong>le</strong>s rivières est ainsi retardé d’un mois, voire davantage.D’une manière généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong> paysage agroforestier est plusrugueux qu’en l’absence d’arbres et cela emporte troisconséquences non négligeab<strong>le</strong>s : la réduction de l’intensitédes pics de crues et des phénomènes érosifs, l’amélioration dela qualité des eaux de surface et de la réserve uti<strong>le</strong> en eau.RipisylveSelon l’IFEN, 97 % des prélèvements effectués en 2002dans <strong>le</strong>s eaux de surface en France présentent destraces de pollution agrico<strong>le</strong>.46Réduire l’intensitédes pics de crueEn modifiant <strong>le</strong>s caractéristiques hydrauliques desécou<strong>le</strong>ments de surface sur l’ensemb<strong>le</strong> du versant, <strong>le</strong>ssystèmes agroforestiers permettent un meil<strong>le</strong>ur contrô<strong>le</strong> dudébit de la rivière en aval. Au cours d’une année caractériséepar des épisodes pluvieux réguliers, la présence d’un bocagepeut ainsi réduire de 50% la quantité d’eau arrivant à la rivière.Bien que l’action des systèmes agroforestiers soit minime faceaux crues milléna<strong>le</strong>s ou centenna<strong>le</strong>s, ils permettent néanmoinsd’éta<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> temps <strong>le</strong>s crues plus fréquentes. L’intensitédes pics de crue et <strong>le</strong>ur force érosive en sont de fait limitées.Gérer la réserve uti<strong>le</strong> en eau«La réserve uti<strong>le</strong> en eau est la quantité d’eau contenue dans<strong>le</strong> sol et qui est mobilisab<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s végétaux (el<strong>le</strong> remontepar capillarité et grâce à la forte succion des racines). El<strong>le</strong>dépend de la texture et de la structure du sol. Plus un sol estriche en humus plus sa réserve uti<strong>le</strong> en eau est grande. Lesarbres champêtres, par <strong>le</strong>urs apports en matière organique,mais aussi en protégeant <strong>le</strong>s parcel<strong>le</strong>s de l’assèchement,augmentent la réserve uti<strong>le</strong> du sol.» (AP 32)Réduire <strong>le</strong>s pollutionsdiffusesLimiter <strong>le</strong>s pollutions diffuses d’origine agrico<strong>le</strong> implique derecourir à certaines «bonnes pratiques» agrico<strong>le</strong>s (diminutiondes intrants, travail du sol…). Toutefois, el<strong>le</strong>s peuvent s’avérerinsuffisantes pour parvenir au bon état des eaux et auxexigences communautaires de la Directive européenne Cadresur l’Eau (DCE).En relation avec l’écou<strong>le</strong>ment des eaux sur l’ensemb<strong>le</strong> dubassin versant, <strong>le</strong>s systèmes agroforestiers ont la capacitéd’intercepter, de stocker et de transformer des substancespolluantes dissoutes dans <strong>le</strong>s eaux (nitrates) ou attachées auxMES (phosphores et pesticides) :• Le transfert du phosphore se fait principa<strong>le</strong>ment parruissel<strong>le</strong>ment. Les systèmes agroforestiers sédimentent <strong>le</strong>sparticu<strong>le</strong>s de phosphore.• Ils contribuent éga<strong>le</strong>ment à sédimenter <strong>le</strong>s pesticides,puis <strong>le</strong>s infiltrent dans <strong>le</strong>ur système racinaire, <strong>le</strong>s fixent etdégradent certaines molécu<strong>le</strong>s.• Ils participent enfin à l’épuration des nitrates, par absorptionpar <strong>le</strong>s plantes agroforestières qui en tirent des bénéficesavantageux pour <strong>le</strong>ur croissance ou par dénitrification(ripisylve).22Directive Cadre européenne sur l’EauLa directive 2000/60/CE, dite Directive Cadre sur l’Eau (DCE), adoptée <strong>le</strong> 23 octobre 2000 par <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment européen et <strong>le</strong>Conseil Européen , a établi un cadre pour une politique communautaire dans <strong>le</strong> domaine de l’eau.La DCE institue une ligne de conduite pour <strong>le</strong>s politiques de gestion des eaux et vise une protection des eaux continenta<strong>le</strong>s,souterraines et côtières. El<strong>le</strong> engage chaque Etat membre à parvenir à un bon état des eaux d’ici à 2015.En France, cette directive a été traduite <strong>le</strong> 30 décembre 2006 par la promulgation de la Loi sur l’Eau et <strong>le</strong>s Milieux Aquatiques(LEMA).
Disposition selon <strong>le</strong>scourbes de niveauCul de sac hydrauliqueCasier d’éta<strong>le</strong>ment descruesRipisylveTalusFossésBandes enherbées aupied des arbresLes projetsagroforestiers col<strong>le</strong>ctifsd’aménagement duterritoire constituentun moyen efficace pourparvenir au bon état deseaux et réduire <strong>le</strong>s coûtsde traitements.localisationMaîtriser la circulation de l’eau grâce aux systèmesagroforestiers consiste à structurer, selon <strong>le</strong>s contraintesphysiques du site à aménager, un réseau de barrages filtrantset de drains naturels :• La protection du réseau hydrographique grâce à une ripisylveconstitue l’armature première du réseau. Au niveau des zoneshumides, son rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s processus de dénitrification estessentiel.• Il est éga<strong>le</strong>ment nécessaire de disposer des haies ou desalignements d’arbres en travers des talwegs qui formeront descasiers d’éta<strong>le</strong>ment des crues en dressant des barrières faceà la montée des eaux.• Les haies ceinturant <strong>le</strong>s bas-fonds délimitent <strong>le</strong>s zoneshydromorphes des zones plus sèches.• Positionner, parallè<strong>le</strong>ment aux courbes de niveau, des haiesà l’aval des parcel<strong>le</strong>s ou des alignement d’arbres sur desbandes enherbées à l’intérieur des parcel<strong>le</strong>s.• Les haies dans <strong>le</strong> sens de la pente forment des “réseauxhydrographiques” secondaires .• Il s’avère pertinent de piéger l’eau et de contraindre soninfiltration en constituant des “culs de sacs” hydrauliques.• Lors du positionnement des entrées de champs ou de trouéesdans une haie, veil<strong>le</strong>r à ne pas <strong>le</strong>s positionner dans une haieperpendiculaire à la pente à l’aval d’une parcel<strong>le</strong>.composition• Coup<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s haies à un talus, voire un fossé, renforceconsidérab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur action anti-érosive.• Une banquette enherbée disposée au pied des haies et enamont par rapport à l’écou<strong>le</strong>ment des flux permet de trier <strong>le</strong>smatières en suspension et <strong>le</strong> phosphore attaché en fonctionde la tail<strong>le</strong> des particu<strong>le</strong>s. Cet our<strong>le</strong>t herbeux au pied de lahaie constitue éga<strong>le</strong>ment un premier filtre avant que la filtrationactive des arbres intervienne.• Positionner <strong>le</strong>s alignements d’arbres intraparcellaires surdes bandes enherbées est indispensab<strong>le</strong> pour garantir <strong>le</strong>urefficacité hydraulique.• Chaque plante ayant des prélèvements différenciés dans<strong>le</strong> temps, il convient de diversifier <strong>le</strong>s essences si l’on veutgarantir la stabilité de la barrière biogéochimique durant toutela saison de végétation.• Dans la plupart des cas, une ripisylve d’une dizaine de mètresde large est nécessaire pour protéger efficacement la rivière.• La largeur des haies dépend de la vulnérabilité des milieuxà l’érosion (nature des sols, intensité des pentes, pratiquescultura<strong>le</strong>s).gestion• Une haie ou une ripisylve à la végétation clairsemée verra ses fonctions hydrauliques limitées, tant du point de vue de lasédimentation que pour l’infiltration. Etoffer la formation arborée s’impose alors.• Les prélèvements de bois ne posent pas de problème dans la mesure où la coupe “à blanc” n’est pas pratiquée. La coupe desarbres représente au contraire une exportation d’azote. De plus, <strong>le</strong> recépage relance la vigueur végétative donc l’action purificatricedu système agroforestier. Les jeunes arbres poussent effectivement plus rapidement que <strong>le</strong>s anciens.• Un entretien annuel des zones enherbées est préconisé avec une hauteur de coupe d’environ 15 cm pour favoriser la sédimentationdes matières en suspension• Introduire plusieurs cultures d’hiver dans <strong>le</strong>s rotations cultura<strong>le</strong>s permet un enracinement plus profond des alignements d’arbresintraparcellaires. Cela conduit à renforcer l’efficacité du fi<strong>le</strong>t de sécurité dressé par <strong>le</strong> systèmes racinaires des arbres contre <strong>le</strong>spollutions diffuses, mais éga<strong>le</strong>ment un meil<strong>le</strong>ur partage de la ressource en eau.23