12.07.2015 Views

quinte-curce - Notes du mont Royal

quinte-curce - Notes du mont Royal

quinte-curce - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong> <strong>Royal</strong>www.notes<strong>du</strong><strong>mont</strong>royal.comCeci est une œuvre tombéedans le domaine public, ethébergée sur « <strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong><strong>Royal</strong> » dans le cadre d’un exposégratuit sur la littérature.Source des imagesGoogle Livres


PAIUS. —MPftDIBaiB DB C. L. P. PAHCBOOOM.RM êm Mtsrlas a. i4>


HISTOIRED'ALEXANDRELE GRANDPÂAQUINÏE-CURCETHADUCTION NOUVELLEPAR MM. AUG. ET ALPH. TROGNONTOME TROISIEME.PARISC. L. F. PANCKOUCKE«EMU»* BU IMBU R@¥AL SI LA. iÉOiOjf D*iie»*£t?SÉDITEUR f RUE DES PCIITEVlît^ H° 14.M DCCC XXXIT.


A*-V.3


QUINTE-CURCELIVRE VIL488933


Q. CURTII RUFIDE REBUS GESTISALEXANDRI MAGNIHEGIS MACEDONUMLIBER SEPT1MUS.1. K HILOTAM sicut receotibus sceleris ejus vestigiis jureaffectum supplicio ceosuerant milites, ïta postquam desieratesse, quem odissent, invidia in misericordiamvertit. Moverat et claritas juvenis, et patris ejus senectusatque orbltas. Primus Asiam aperuerat régi, omniumpericulorum ejus particeps; semper alterum inacie cornu defenderat : Philippe quoque aote omnesamieus; et ipsi Alexandre tain fi<strong>du</strong>s, ut occidendi Attakiiïinon alio ministro uti mallet. Horum cogitatio subibatexercitum; seditiosaeque voces referebaotur ad regem; queis ille tiaucl sane motus, satisque prudens, otiivitia negotio discuti,edicit, ut omnes in vestibule regiae


QUINTE-CURCEHISTOIRED'ALEXANDRE LE GRANDROI DE MACÉDOINELIVRE SEPTIÈME.I. Oi les soldats, au moment où les traces <strong>du</strong> crime dePhilotas étaient récentes encore, avaient cru à la justicede son châtiment, il n'en fut plus de même lorsque l'objetde leur haine eut cessé d'exister f et l'animosité fît placealors à la compassion. Ils se sentaient touchés et de lagloire <strong>du</strong> jeune homme , et de la YÎeillesse, désormaissans appoi, de son père. C'était lui qui, le premier, a¥aitouvert au roi le chemin de l'Asie, et s'était associé àtous ses périls dans les batailles ; c'était toujours lui quimit commandé Faile gauche : il avait été plus qu'aucunautre cher à Philippe f et si dévoué à Alexandre lui*même, que le prince ne voulut se reposer que sur lui<strong>du</strong> soin de tuer Attale. Ces souvenirs agitaient l'armée;et l'on rapportait au roi des propos séditieux. Il nes'en laissa pas émouvoir, et sachant bien que les désor-


4 Q. CURTII RUFI LIB. VII.praesto adforent; quos ubi fréquentes adesse cognovitjin concïonem processif.Haud <strong>du</strong>bie ex composito Âpharias posta lare cœpit,ut Lyncestes Alexander, qui multo ante quam Philotasregem voluisset occidere, exhiberetur. A <strong>du</strong>obus indicibus,sicut supra diximus f delatus tertium jam annumcustodiebatur in wincolîs : eumdem Iîî Philippi quoqueeaedem conjurasse eum Pausania, pro compertofuit : sed f quia primus Alexandrum regem salutaYêrat,supplicto îiîâgis quam crimtni fuerat exemptus. Tuaiquoque Antipatri, soceri ejus, preces justam régisiram morabantur. Geterum recru<strong>du</strong>it soporatus dolor ;quippe veteris periculi meinoriam praesentis cura renovabat.Igitur Alexander excustodia e<strong>du</strong>citur ? jussusquedïcere,quamtoto triennio' meditatus erat defensïonem,haesitans et- trepi<strong>du</strong>s, pauca ex- iis, -quae composueral,protulit : ad ultimum non memoria solum, sed etianimens eum destituit. Nulli erat <strong>du</strong>bium, quin trepidatioconscienti» indicium esset, non memoriae vitium ; itaqueex iis, qui proxime adstiterant ? obluctantem adhuc obli-¥ioni lanceis confoderuot. Cujus corpore sublato, rexintro<strong>du</strong>ci jussit Amyntam et Siinmiam : nam Polemou,minimus ex fratribus, quum Philotam torqueri compe-


QUINTE-CURCE, LIY. VU. 5dres nés de l'oisiveté disparaissent dès que les espritssoot occupes , il les convoqua tous devant le vestibulede sa tente. Dès qu'il apprit que la foule y était réunie,ils'avança au milieu de rassemblée.La, Apfaarias, jouant sans doute une scène arrangée d'avance, se mit à demander que l'on représentât AlexandreLyncestes, qui, long-temps avant Philotas, avaitvoulu assassiner le roi. Dénoncé, comme nous l'avonsdit plus haut % par deux témoins f il était, depuis troisans 9 gardé dans les fers : on savait aussi qu'il avait prispart à la conspiration, de Pausanias contre les jours dePhilippe; mais comme il avait été le premier à saluerroi Alexandre, on lui avait fait grâce <strong>du</strong> supplice, nonde l'accusation. Les instances de son beau-père Antipaterétaient encore un motif qui retenait la juste colère<strong>du</strong> roi. Mais son ressentiment assoupi se réveilla; lapensée <strong>du</strong> danger présent lui rendit le souvenir de celuiqu'il avait couru jadis.On amena donc Alexandre de sa prison; et Tordre luifut donné de prononcer sa défense, que, pendant troisannées, il avait méditée. Plein d'hésitation et de trouble,il ne dit que peu de mots de ce qu'il avait préparé ; età la fin ce ne fut plus seulement la mémoire ? mais laraison aussi qui l'abandonna. Personne ne doutait que sontrouble ne fût l'indice de sa mauvaise conscience, plutôtque le tort de sa mémoire; aussi, pendant qu'il luttaitencore contre ses souvenirs qui lui échappaient, plusieursdes gardes qui se trouvaient le plus près de lui lepercèrent à coups de lance. Après que son corps eut étéenlevé, le roi commanda que Ton intro<strong>du</strong>isît Amyntaset Simmias ; car Polémon , le plus jeune des trois frères,


6 Q. CURTII RUFI LIB. VILriss€t f profugerat. Omnium Pîiibia amicorum hi cârissimifuerant ; ad magna et honorata ministeria illïusmaxime suffragatiooe pro<strong>du</strong>cti : memineratque rex ,summo studio ab eo conciliâtes siM; née <strong>du</strong>bitabat, bujusquoque iiltimi consilii fuisse participes. Igitur, olimesse sibt suspectes matris suae litteris, quibus esset admonitus? ut ab bis salutem suara tueretur. Gelerum seiovitum détériora credeutem 9 nunc maoifestis inclîeïisvictum , jussisse viociri. Ham pridie quam detegereturPhilotae scelos, quin in secreto cum ipso fuissent, nonposse <strong>du</strong>bitari; fratrem vero, qui profugerit quum Philotastorqueretur, aperuisse fug* causam. Nuper praeterconsuetudinem, ofBcii specie, amotis longius ceteris ?admovisse semetipsos lateri suo, imita probabili causa :seque mirantem, quod non vice sua tali fungerenturofficio ? et ipsa trepidatione eorum perterritum ? strenoead armigeros, qui proximi sequebantur, recessisse. Adhoc accedere, quod quum Antiphanes, scriba equitum»Amyntae denunciasset, pridie quam Philotae scelus deprehensumesset, ut ex s m s equis more solito daretiis ? qui amisissent suos, superbe respondisse f IïîSI Îîîceptodesisteret, brevi sciturum, quis ipse esset. Jamlinguae violeotiam, temeritatemque verborum, qu» insemetipsum jacularentur, nihil aliud esse, quam scelestianimi indicem ac testem : quœ si vera essetit, idem


QUINTE-CU1CE, LIV. VIL 7s'était enfui dès qu'il aYait appris que Philotas était àla torture. Philotas n'avait point eu d'amis plus chersque ceux-là; c'était sa protection qui les avait élevés àde grands et d'honorables emplois, et le roi se rappelaitle zèle ardent avec lequel il les lui avait recommandés.Aussi ne doutait-il pas qu'ils n'eussent pris part au derniercomplot. Il déclare donc que déjà auparavant ilslui étaient suspects, grâce aux avis de sa mère qui luiavait écrit de se tenir en garde contre eux. Mais, malgrésa répugnance à croire le mal ? il avait dû céder à despreuves plus manifestes, et les avait fait arrêter. Eneffet, il était hors de doute que la veille <strong>du</strong> jour où futdécouvert le crime de Philotas, ils avaient eu avec luiune entrevue secrète. Et leur frère, qui s'était enfui pendantque Philotas était à la question, n'avait-il pas assezclairement fait connaître le motif de sa fuite ? Dernièrement, contre l'usage et sous les apparences d'un zèleofficieux, ils avaient proBté de l'éloignement de ses autrescourtisans f pour se serrer à ses cotés, sans qu'aucuneraison plausible les y appelât ; et lui , étonné de les voir,hors de leur tour, lui rendre ce devoir f et effrayé dekur empressement même, il s'était replié en toute hâtesor ceux de ses gardes qui le suivaient de plus près. Outrecela, la veille de la découverte <strong>du</strong> complot de Philotas,Ântiphaoes, le fourrier de la cavalerie, ayant requisAmyntas de donner de ses chevaux, selon l'usage, àceux qui avaient per<strong>du</strong> les leurs, Amyntas lui avait fièrementrépon<strong>du</strong> que, s'il ne renonçait à sa demande, ilapprendrait bientôt qui il était. La violence de son langage,l'audace des invectives qu'il lançait contre sonroi, n'étaient-elles pas autant de révélations et de témoignagesde ses intentions criminelles? Si tout cela était


8 Q. CUETIi RUFI LU. VILmentisse eos f quod Phtlotam; si falsa, exigere ipsutn fut refellantPro<strong>du</strong>ctus deiode Antiphanes, de equis non traditis,et adjectis etiam superbe minis, indieat. Tum Amyntas,facta dicendi potestate: «Si nihil, inquit, interest regss 9peto, ut <strong>du</strong>m dico f vinculis libérer. » Rexsolvi utrumquejubet : desiderantique Âmyntae, ut habitus quoqueredderetur armigeri, laneeam dari jussit. Quametlaevaeomprehendit, evitato eo loco, in quo Alexandri corpuspaulo ante jacuerat :ce Qualiscunque, inquit, exitus nos inanet, rex f confitemur,.prosperumeventum tibi debituros, tristioremfortunae imputaturos. Sine prœjudicio dicimus causam 9liberis corporibus animisque; liabitum etiam, in quo tecomitari solemus, reddidisti. Causam non possumus;fortunam timere desinemus. Te quaeso, permittas mihiid primuni defendere, quod a te ultimum objectum est.«Nos, rex f sermonis adversus majestatem tuam habitioullius eooscii sumus nobis. Dicerem jam.pridem,¥icisse te ievidiam^ nisi periculum. esset ne alia.malignedicta crederes blanda oratione purgari. Ceterumetiamsi tnilitis tui, ¥el in agmine deficientis et fatigati,vel in acie périclitants, vel ie tabernaculo œgri, etvulnera curatitis, aliqua vox asperior esset accepta ? me-


QUINTE-CURCE, L1V. VII. 9vrai, ils méritaient le même supplice que Philotas ; si cen'était que faussetés, il "exigeait qu'ils les réfutassent.On amène ensuite Antiphanes, qui témoigne <strong>du</strong> refusdes chevaux et des menaces hautaines qui Font accompagné.Amyntas reçut alors la permission de parler : «Sila chose est indifférente au roi, dit-il, je demande à êtredélivré de mes chaînes, pendant que je vais parler. » Leroi les fait tous deux décharger de leurs fers ; et Amyntasayant même exprimé le désir que ses insignes d'écuyerdo roi lui fussent ren<strong>du</strong>s, Alexandre lui fit donnerune lance. Il la saisit de la main droite, et se détournantde l'endroit où, peu de temps auparavant, gisait le corpsde Lyncestes :eQuel que soit, dit-il, le sort qui nous attend, prince,nous déclarons que, s'il est heureux, c'est à toi que nousle rapporterons; malheureux, nous ne l'imputerons qu'àla fortune. Nulle prévention ne pèse sur nous, pendantque nous plaidons notre cause, puisque nous la plaidonsl'âme et le corps libres : tu nous as même ren<strong>du</strong> le costumesous lequel, d'ordinaire,' nous t'accompagnons.Notre cause ne saurait nous donner de crainte; la fortunecessera de nous en inspirer. Mais qu'il me soitpermis de répondre, avant tout, au dernier des reprochesque tu nous as adressés.«Prince, nous ne portons en nous la conscience d'aucuneparole prononcée contre ta souveraine majesté. Jedirais que, depuis long-temps, tu t'es placé au dessusde l'envie, s'il n'y avait.risque de te faire croire que jeveux, par la flatterie, justifier des propos outrageans.Et quand il serait vrai qu'un de tes soldats, au milieu desfatigues et de l'épuisement de la marche, ou parmi lespérils d'une bataille, ou dans sa tente enfin, malade


10 Q. CCRTII RUF1 LIB. VILrueramus fortîbus factis, ut malles ea tempori nostroimpolare, quatn aeimo. Quum quid accidït tristius, omnesreï sunt: corporibos nostris f quae utique non odtmus,infestas admovemus manus; parentes, llberis si occurrant,et iograti et invisi sunt. Quum donis honoramur,quum praemïis onusti revertimur, quis ferre nos potest?quis illam animorum alaerïtatemcontinere? militantiumnec indignatio nec laetitia moderata est. Ad omnes affectasimpetu rapimur; vituperamus, laudamus, miseremur,irasciniur, utcunque praesens movit afFectio.Modo Indiam adiré et Oceanum libet; modo conjugum,et liberorum, patriaeque memoria occurrit Sed bas cogitationes, lias inter se colloquentium voees, signumtuba datum finit : in stios ordines quisque currimus, etquidquid irarum in tabernaculo conceptum est , inhostiutn effunditur capita. Utinam Philotas quoque intraverba peccasset î«cProinde ad id revertar, propter quod rei sumus.Amieitiam, quae nobis cum Philota fuit, adeo non eoinficiâs, ut expetisse quoque nos 9 magnosque ex eafruclus percepisse confitear* An vero Parmenionis, quemtïbi proximum esse voluisti, fîlïum, omnes paene amicostuos dignatione viucentem, cultum a nobis esse miraris?Tu hercule, si veruin audire vis, rex, hnjus nobis péri-


QUINTE-CUICE, UV. VIL 11el soignant ses blessures f eût laisse échapper quelque parôlepeu mesurée, n'avons-nous pas mérité, par tantd'actes de bravoure, que tu attribues ces indiscrétionsplutôt à la circonstance qu'à notre volonté? Dès qu'unmalheur nous arrive, tout en devient coupable à nosveux; nous portons sur DOS corps, que pourtant nous nehaïssons pas, une main ennemie; que des parens mêmes'offrent à leurs enfans, ils deviennent, pour eux, un objetd ennui et d'aversion. Sommas-nous au contrairehonorés par des présens, revenons-nous chargés de récompenses,qui peut alors nous supporter? qui peut contenirles transports de notre allégresse? Chez le soldat,ni l'indignation ni la joie ne savent se modérer; nousnous laissons aller d'entraînement à toutes nos passions;le blâme ou l'éloge, la pitié ou la colère, tout nous vientsous l'inspiration <strong>du</strong> moment Aujourd'hui , notre penséeest de marcher vers l'Inde et les bords de l'Océan ;demain nos femmes, nos enfans, notre patrie, nous reviendrontà la mémoire. Mais toutes ces pensées, tousces propos de conversation, le signal de la trompette ymet un terme ; nous courous chacun à nos rangs, et cequ on a amassé de colère sous la tente , va se déchargersur la tête de l'ennemi. Plût aux dieux que Philotas n'eûtété non plus coupable qu'en paroles !s Ceci me ramène au motif de l'accusation qu'on nousintente. Oui, nous avons été les amis de Philotas, et loinde le nier, j'avouerai hautement que nous avons cherchéa l'être, et que nous en avons retiré de grands avantages*Mais quoi! il était le fils de Parménion, de l'homme quetu as le plus rapproché de loi ; il surpassait en faveurpresque tous tes amis, el tu t'étonnes qu'il ait été l'objetde nos empressement! C'est toi, prince, c'est toi-même,


taQ. CURTII EUFI UB. VII.culi causa es. Quis enim alius efFeelt , ut ad Philotamdecurrerent, qui placere vellent tibi? Ab illo traditi adhune gra<strong>du</strong>m amicitiœ tu» asceedimus. Is apud te fuit ,cujus gratiam expetere, et iram; timere possemus.ccAnnon propemo<strong>du</strong>m in tua Yerba toi omnes, teprœeunte, juravimus, eosdem oos inimicos-amieosquehabituros esse, quos tu liaberes? hoc sacramento pietatisobstricti aversaremur scilicet, quem tu omnibuspraeferebas! Igitur si 'hoc crimen est, tu paucos innocenteshabes; immo hercule neminem. Omnes enim Philotaeamici esse voluerunt; sed totidem, quot volebantesse, non poterant: ita si.a consciis amicos non dividis,nec ab amicis quidem separabis illos ? qui idem 'essevoluerunt.a Quod igitur conscientiae affertur indicium ? ut opinor9 quia pridie familiariter et sine arbitris locutus estnobiscum? At ego purgare non possem f si pridie quidquamex vetere vita ac more mutassem. Nunc vero, si fut omnibus dtebus, illo quoque f qui suspectus est 9 fe-CIIîIIIS, consuetudo diluet crimen. Sed equos Anliphaninon dedimus? et, pridie quam Philotas detectus est,haec mihï cum Antiphane res erat? qui si nos suspectosfacerc vult, quod illo die equos non dederimus, semetipsum,quod eos desideravcrit, purgare non poierit. An-


QUINTI-CURCE, LIT. VII.si tu veux écouter la vérité, qui as été pour nous lacause de ce péril. Quel autre que toi,- en effet, a. faitcourir vers Philotas ceux qui voulaient te plaire. Soutenusde sa main, nous sommes <strong>mont</strong>és au rang quenous occupions dans ton amitié. Il était assez haut auprèsde toi pour que nous puissions souhaiter sa faveur etcraindre sa colère.«Ifest-ce pas entre tes mains, et presque sous tadictée, que nous tous, tes serviteurs, avons juré d'avoirtes mêmes amis et les mêmes ennemis que tu aurais toimême?et liés, comme nous étions, par ce saint engagement,nous nous serions détournés de l'homme que tupréférais à tous ! Certes, si c'est là un- crime, tu ne trouverasici que bien peu d'innoeens ; je dis plus, tu n'entrouveras pas un seul. Tous ont voulu être les amis dePhilotas ; mais quiconque le voulait ne pouvait pas l'être:si donc tu n'établis pas de distinction entre ses compliceset ses amis, entre ceux qui furent et ceux qui voulurentêtre ses amis tu n'en mettras pas davantage.s Mais quelle preuve apporte-t-on de notre complicité?c'est, je crois, que la veille il s'est entretenu avec nousfamilièrement et sans témoins ? Mais si y la veille, j'avaischangé quelque chose à mon traie de vie ordinaire, ceserait alors qu'il me serait impossible de me justifier. Si,au contraire, en celte journée si suspecte, nous n'avonsfait que ce que nous faisions tous les jours, l'habitudesuffit pour nous absoudre. Mais, ajoute-t-on, nous n'avonspas voulu donner de chevaux à Antiphanes? et c'estencore la veille <strong>du</strong> jour où Philotas a été découvert, quej'eus avec Antiphanes cette affaire? Si cependant celui-ciprétend nous rendre suspects, pour lui avoir refusé cei3


QU1NTE-CUECE, LIV. VILjour-là des chevaux, je ne sais comment il pourra se justifierlui-même de les avoir demandés. Entre celui quirxige et celui qui s'abstient de donner, le débat est douteux; avec cette différence toutefois, que garder son bienest plus excusable que de prétendre à celui d'autrui.s Le feit est, prince, que j'ai eu jusqu'à dix cfae¥aux:île ces chevaux, Antiphanes en avait déjà distribué huità ceux qui avaient per<strong>du</strong> les leurs ; il ne m'en restaitplus que deux : ce sont ceux-là que voulait m'enlever cethomme plein de hauteur ou <strong>du</strong> moins d'injustice dansses prétentions; et à moins de me résoudre à combattreà pied f j'étais bien forcé de les retenir. Et je ne me défendspas d'avoir parlé avec l'énergie d'une âme libre, àun lâche dont tout le service à la guerre est de distribuerles chevaux des autres à ceux qui vont combattre,puisqu'enfin je suis arrivé à cet excès de misère, qu'ilme faut rendre compte de mes paroles en même tempsa Alexandre et à Antiphanes !«Autre grief: ta mère nous a désignés dans ses lettrescomme tes' ennemis. Plut aux dieux que sa solliciludepour son fils fût plus éclairée, et que son esprit inquietne se figurât pas aussi de vaines chimères! Pourquoi, eneffet, n'exprime-t-elle pas, en même temps, le motif deses craintes? pourquoi ne cite-t-elle aucun témoignage,aucune parole ou aucune action de notre part qui l'aitdécidée à t f écrire des lettres aussi alarmantes? Tristecondition où je suis, de trouver peut-être moins de dangerà me taire qu'à parler! Mais, quoi qu'il en puissearriver, j'aime mieux avoir devant toi le tort d'une imprudentedéfense, que celui d'une mauvaise cause.« Et la vérité même de ce que je vais dire ne sauraitt'éeliapper. Tu te souviens, en effet, qu'à l'époque où tui5


18 Q. CUETI1 RUFI L1B. VILtur mea. Haec si défend i non potest, meurn crimen ait :horum ob id ipsum melïor est causa , quod ego, qui pro*fugi, suspectas sum. » At haec elocuto universa concioassensa est. Laerymae deïode omnibus inanare coopérant,adeo in contrarium repente mutatis, ut solum proeo esset, quod maxime laeserat.Juvenis erat primo aetatis flore pubescens, quem in teréquités tormentisPhilo'tae conturbatos alienus terrorabstulerat.Desertum eum a comitibus, et haesitantem interrevertendi fugiendique consilium, qui secuti eranl, occupaverunt.1s tum flerecœpit, et os suum converberare;mcBStus non suam vicem, sed propter ipsum periclitantiuinfratrum. Moveratque jam regem, non concionemmodo : sed unus erat implacabilis frater ; qui terribïlivultu iotuenseum : & Tum, ait, démens, lacrymare debueras,quum equo calcaria subderes, fratrum desertor fet desertorum cornes. Miser quo, et unde fugiebas? Effecisti,ut reus capitis, accusatoris uterer verbis. » Ulepeccasse se, sed gravius in fratres, quam in semetipsum,fatebaiur.Tum vero neque lacrymis, neque acclamationibus fquibus studia-sua multitudo profitetur, temperaYerunt.Una vox erat pari emissa consensu ? ut insontibus et fortibusviris parceret. Amici quoque, data misericordï»occasione, consurgunt, flentesque regem deprecanttir.


QUINTE-CURCE, LIV. VIL 19bler l'innocence de mes frères. Si c'est un crime inexcusable,qu'il m'appartienne tout entier. Leur cause n'enest que meilleure, si, pour avoir fui, moi je suis suspect,s L'assemblée tout entière applaudit à ces paroles.Des larmes commencèrent ensuite à couler de tous lesjetiï : un tel changement s'était opéré soudaià dans lesesprits, que ce qui parlait le plus haut en sa faveur étaitce qui d'abord avait le plus révolté.C'était un jeune homme dans la première fleur de l'âge :il se trouvait parmi les cavaliers qu'avait alarmés l'interrogatoirede Philota&j et s'était laissé entraîner parl'effroi des autres. Abandonné de ses compagnons, ilhésitait s'il reviendrait sur ses pas, ou continuerait à fiiir,lorsqu'il fut saisi par ceux qui s'étaient mis à sa poursuite.Alors il se mit à pleurer et à se frapper le visage,gémissant, non de son sort, mais de celui de ses frèresqui étaient en danger à cause de lui. Déjà il avait émurassemblée et le roi lui-même; son frère, seul entre tous,demeurait implacable, et le regardant d'un air terrible:« Insensé » lui dit-îl, il fallait pleurer alors que tu pressaisles flancs de ton cheval, déserteur de tes frères, etassocié à des déserteurs. Malheureux! où fuyais-tu? quifuyais-tu? Tu m'as ré<strong>du</strong>it, sous le poids d'une accusationcapitale, à prendre le langage d'un accusateur. »Polémon confessait qu'il était coupable, mais bien plusenfers ses frères qu'envers lui-même.On vit alors s'échapper sans contrainte et les pleurset les acclamations f témoignage ordinaire des sentimensde la multitude. Il n'y avait qu'un seul cri, comme uns€ul avis : c'était que le roi fit grâce à des innocens, àdes gens de cœur. Ses courtisans eux-mêmes, saisissant^occasion de faire éclater leur pitié, se lèvent, et, les


aoQ. CURTI1 RUFI LIB. VIL111e silentio facto : « Et ipse 9 inquit, Amyntam mea sententiafratresque ejus absolvo. Vos autem . juvenes, malobeneficïi mei ©blivisci, quam periculi vestrï meminisse.Eadem fide redite in gratiam mecum, qua ipse vobiscumrevertor. Nisi, quae delata essent, escussissem, valde dissimulatiomea suspecta esse potuisset. Sed satius est, purgatosesse, quam sospectos. Cogitate, neminem absolviposse, nisi qui dixerit causam. Tu, Araynta, ignosce fratrituo : erit hoc simpliciter etiam mihi reconciliati animttui pignus. »Concione deinde dimissa ? Polydamanta vocari jubet.Longe acceptissimus Parmenioni erat, proximus lateriin acie stare solitus. Et quanquam cooscientia fretus inregiam venerat, tamen, ut jussus est fratres suos exhibera,admo<strong>du</strong>m juvenes, et régi ignotos ob aetatem, fi<strong>du</strong>ciain sollicitudinem versa trepidare cœpit, saepius quaenocere possent f quam quibus eluderet, reputans.Jam armigeri, quibus imperatum erat f pro<strong>du</strong>xeranteos; quum exsanguem metu Polydamanta propius accederejubet; submotisque omnibus : ce Scelere ? inquit, Parmenionisomnes pariter appetiti sumus ? maxime ego actu.; quos amicitiae specie fefellit : ad quem persequen-'<strong>du</strong>m punien<strong>du</strong>mque (vide quantum fidei tuae credam)te ministro uti statui: obsides, <strong>du</strong>m hoc peragis, eruot


QUINTE-CURCE, LIT. VII. 21larmes aux yeux, supplient le roi de pardonner. Dèsque Ton eut fait silence : « Et moi aussi, dit Alexandre,dans mon opinion, j'absous Amyntas et ses frères. Pourvous, jeunes gens, je désire que vous mettiez en oublicette faveur, plutôt que de garder le souvenir de votrepéril. Revenez à moi avec la même confiance que je retiensà vous. Si j'eusse laissé sans examen les rapportsqui me sont parvenus, on eût pu me soupçonner dedissimulation. Mais il vaut mieux, pour vous, d'avoir .eu à vous justifier, que de rester sous le poids <strong>du</strong>-soupçon.Songez que nul ne peut être absous s'il n'a plaidésa cause. Et toi, Amyntas, pardonne à ton frère: ce seraun gage de plus <strong>du</strong> retour sincère de ton affection pourmoi. sAyant ensuite congédié l'assemblée, il commanda quel'on fît venir Polydamas. C'était de tous les hommes leplus agréable à Parménion, celui qui se plaçait à sescôtés dans toutes les batailles. Il éiait entré dans le palais,sûr de sa conscience; lorsque, cependant, il lui futordonné de faire paraître ses frères, tout jeunes encoreet inconnus au roi à cause de leur âge, sa confiance sechangea en inquiétude, et il commença à se troubler,plus occupé de ce qui pouvait le perdre que des moyensqu'il avait de se justifier.Déjà les gardes, qui en avaient reçu Tordre, lesavaient amenés : le roi commande alors à Polydamas,glacé d'effroi, de s'approcher da¥antage. Congédiantensuite tous ceux qui étaient là :ce Le crime de Parménion,lui dit-il, nous touche également tous, mais toiet moi plus que personne, puisqu'il nous a trompés sousle masque de l'amitié. Pour le poursuivre et le punir(vois quelle est en toi ma confiance) , c'est de ton bras


aiQ. CUETII EUFI LIB. VILfratres tui. Proficiscere in Mediam, et ad praefectos meoslitteras scriptas manu mea perfer. Velocitate opus est fqua celeritatem famae antecedas : uoetu pervenïre illucte volo ; postero die, quae scripta erunt, éxsequi. Ad Parmenionemquoque epistolas feras.; unam a me, altérantPMlotae îïOfiîîiîe scriptam : signum annuli ejus in meapotestate est ; sic pater credens a filio impression, qoumte Yiderit, nihil metuet. »Polydamas , tanto libérâtes metu , impensius etiatn ,quam exigebatur, promittit operam; collaudatusque f etpromissis oneratus y deposita veste, quam habebat, arabicain<strong>du</strong>itur. Duo Arabes, quorum intérim conjuges acliberi, vinculum fidei, obsides apud regein erant, daticomités. Per déserta etiam ob siccitatem loca camelis,undecima die, quo destinaverat, perveniunt. Et priusquam ipsius nunciaretur adventus, rursus Polydamas¥€stem macedonicam sumit, et in tabernaculum Cleandri(praetor hic regius erat) quarta vigilia pervenst. Kedditisdeinde litteris, constituerunt prima luce ad Parmenionemcoire : namque céleris quoque litteras régis attulerat.Jam ad eum ¥enturi erant, quuoi Parmenioni Polydamantavenisse nunciaverunt; qui <strong>du</strong>m laetatur ad*ventu amici, simulque noscendi f quae rex ageret, avi<strong>du</strong>s(quippe longo intervallo nullam ab eo epistolam aece-


QUlffTE-CURCE, L1V. VII: %3que j'ai résolu de me servir : tes frères, pendant quetu m obéiras, me resteront en otages. Pars pour la Médie,et porte à mes lieutenans des lettres écrites de mamain. Il faut de la promptitude, afin de devancer le volrapidede la renommée. Je veux que tu arrives là définit,et que 9 le lendemain, tu exécutes ce que porteronttes instructions. Tu auras aussi des lettres pourParménion; Tune de moi, Fautre écrite au nom de Phiiotas, dont le sceau est entre mes mains ; le père croirale cachet apposé par son fils, et, en te voyant, n'aura,aucun soupçon. »,Polydamas, revenu d'une si grande frayeur, promitses services au delà même de ce qu'on lui demandait :après avoir été comblé de louanges, et accablé de promesses, il quitta l'habit qu'il portait et prit le costumearabe. Deux Arabes, dont les femmes et les enfans demeurèrenten otage auprès <strong>du</strong> roi, comme gages de leurfidélité, lui furent donnés pour compagnons. Après,avoir traversé, sur des chameaux, un pays que sa sécheresserendait désert, ils parvinrent, au bout de onzejours, à leur destination- Polydamas, avant que Ton annonçâtson arrivée, reprit l'habit macédonien; puis, à laquatrième veille, il se rendit dans la tente de Cléandre,l'on des généraux <strong>du</strong> roi. Lorsqu'ensuite il eut remis leslettres dont il était chargé, ils arrêtèrent ensemble dese trouver réunis chez Parménion, à la pointe <strong>du</strong> jour:car il avait aussi apporté des lettres pour les autres lieutenans\Ils allaient s'y rendre, lorsqu'on annonça à Parménionl'arrivée de Polydamas. Plein de joie de la venue de sonami, et empressé de savoir ce que faisait le roi dont iln'avait reçu depuis long-temps aucune dépêche, il or-


a4Q. CURTI1 RUFI L1B. VILperat), Polydamanta requiri jubet. Diversoria regionïsillius magoos recessus hâtent, amœnosque nemoribusmanu consitis^ ea praecipue regum satraparumque voluptaserat. Spatiabatur in nemore Parmenion médiusinter <strong>du</strong>ces, quibus erat imperatum litterïs régis ut Décidèrentragend» autem rei constituerant tempus, quumParnienion a Polydamante litteras traditas légère ccepïsset.Polydamas procul veoiens^ ut a Parmenione conspectusf vultu laetitiae speciem praeferente ? ad complecten<strong>du</strong>meum cucurrit; mutuaque gratulatione functi,Polydamas epistolam ab rege scriptam ei tradidit. Parmenionvinculum epistol» solvens, quidaam rex ageret frequirebat. 111e ex ipsis litterïs cogniturum esse respondit.Quibus Parmenion lectis :ce Rex, inquit, expeditionemparât in Aracbosios : strenuum hominem, et nuncjiiâiîîcessantem ! Sed tempus saluti su» tanta jam parlagloria parcere. » Alteram deinde epistolam, Philotae nominescripiam, laetus, quod ex vultu notari poterat,legebat. Tum ejus latus gladio faaurit Cleander, deindejugulum ferit; ceteri exanimem quoque confodiunt.Et armigeri, qui ad aditum nemoris astiterant, cognitacaede î cujus causa ignorabatur, in castra perveniunt,et tumultuoso nuncio milites concitant. Illi armatiad nemus, in quo perpetrata caedes erat, coeuet;cl, ni Polydamas, ceterique ejusdem uoxae participes de-


QUINTE-CUECE , LIV. VII.donne que l'on fasse venir Polydamas. Les habitationsde ce pays sont environnées de grands parcs qu'embellissentdes bois épais plantés de main d'homme : c'étaitlà le plaisir favori des rois et des satrapes. Parménionse promenait dans un bois, entouré des généraux à quiles lettres <strong>du</strong> roi avaient ordonné de le tuer. Mais lemoment fisé pour frapper le coup devait être celui oùil commencerait à lire les lettres que lui remettrait Polydamas.Celui-ci, d'aussi loin qu'il crut être aperçu deParménion, la joie peinte sur le visage, accourut pourl'embrasser; et après qu'ils se furent mutuellement complimentés, il lui remit la lettre .écrite de la main d'Alexandre.Tout en rompant le cachet, Parménion luidemanda ee que faisait le roi. Polydamas répondit qu'ill'apprendrait parla lettre même. Parménion ayant achevéde la lire : ce Le roi, dit-il, prépare une expédition contreles Àrachosiens : homme infatigable et qui ne connut jamaisle repos ! Cependant, après tant de gloire acquise,il serait temps qu'il ménageât sa vie. » Il prit ensuitel'autre lettre, qui lui était écrite au nom de Philotas; etautant qu'on en pouvait juger à l'air de son visage, il lalisait avec plaisir, lorsque Cléandre lui traverse la gorgeet ensuite le flanc de son épée; les autres, même aprèsqu'il est mort, le percent encore de coups.a5Les gardes qui se tenaient à l'entrée <strong>du</strong> bois, instruitsde ce meurtre^ doqj; ils ignoraient la cause, se portentau camp, et, dans le tumulte que cause cette nouvelle,ameutent les soldats. Ceux-ci accourent en armes autour<strong>du</strong> bois où le meurtre a été commis, et déclarent que,si 00 ne leur livre Polydamas et ses complices, ils vont


26 Q. CURTIf MJFi LIB. VII.dantur, murum circumdatum nemori eversuros, deaimciant,omniumque sanguine <strong>du</strong>ci pareetaturos. Cleanderprïmores eorum intromitti jubet, litterasque régis.scriptas ad milites récitât, quibus insidiae Parmenionisin regem f precesque, ut ipsum vindicarent,, coatinebantui*.Igitur cognila régis voluntate, 110.0 quideip indignatio9 sed tamen seditio compressa est. Dilapsis pluribus,pauci remanserunt, qui, saltem ut corpus ipsius sepclirepermitterent, precabantur. Diu id negatum est,Cleandri metu, neoflfenderet regem : pertinacius deindeprecantibus, matériel» consternatioûis subtrahendamratus, capite deciso f truncum humare permisit; ad regemcaput niissum est.Hic exitus Parmenionis fuit f militiae domique clariviri. Multa sine rege prospère; rex sine illo nihil magnarei gesserat : felicissimo regi f et omnia ad fortunae suaeexigenti irto<strong>du</strong>m, satisfecit, LTCX natus aunos f juvenis <strong>du</strong>*cis, etsaepe etiam gregarii milîtis munia explevit; acerconsilio, manu strenuus, carusprincipibus, vulgo mili-'îum acceptior. Hœc impulerint illum ad regai cupiditatein,an tantum suspectum fecerint, ambigi potest; quiaPhilotas ukimis crucîatibus vietus verane dixerit, qu»facta probari non poterant, an falsis tormentorum petie-


QUiNTË-CtJIlCE, LIV. VII. 27renverser le mur dont le parc est entouré, et offrir lesang de tous ceux qui sont là en expiation à leur général.Cléandre ordonne d'intro<strong>du</strong>ire leurs officiers, et leurdonne lecture des lettres écrites par Alexandre à ses soldats,lettres où se trouvait le détail <strong>du</strong> complot de Parménioe,avec la prière de le venger.Cette volonté <strong>du</strong> roi ainsi connue apaisa sinon l'indignation,<strong>du</strong> moins le tumulte. Le plus grand nombrese dispersa, quelques-uns restèrent qui demandèrentqu'on leur permît <strong>du</strong> moins de donner la sépulture aucorps de leur général : long - temps on le leur refusa ;Cléandre craignait de déplaire au roi. Mais leurs instancesde?enaïent de plus en plus pressantes ; il crut qu'il leurfallait ôter ce motif de mécontentement, et il leur permitd'inhumer le corps, dont il fit séparer la tête pourFenvoyer à Alexandre.Ainsi finit Parménion, homme également illustre dansla guerre et dans la paix. 11 avait obtenu de nombreuxsuccès sans le roi, et, sans lui, le roi n'avait rien faitde grand : ayant pour maître un prince comblé de prospérités, et dont les prétentions se mesuraient sur lagrandeur de sa fortune, il sut toujours le satisfaire. Al'âge de soixante-dix ans, il remplissait les fontions d'unjeune capitaine, et souvent même celles d'un simplesoldat : prompt à se décider, hardi dans l'exécution, ilétait aimé des chefs, et plus encore <strong>du</strong> commun del'armée. Ces avantages lui inspirèrent-ils l'ambition derégner, ou l'en firent-ils seulement soupçonner? C'estce qu'on ne saurait décider, puisqu'au temps même où


28 Q. CURTH RUFI LU. VILrïtfiDem , re quoque receotï, quum magis posset liquere f<strong>du</strong>bitatum estAlexander ? quosmorteniParnieiiioois cooquestos essecompererat, separandosacetero exercitu ratus ? in unamcohortem secrevit, <strong>du</strong>cemqoe his Leonidam dédit, etipsum Parmenioni quondam intima famïliaritate conjunctum.Fere iidem erant ? quos alioqui rex habueratinvisos : nam quum experiri vellet militum animos, admonuit,qui litteras in Macedoniam ad suos scripsisset,iis, quos ipse mittebat, perlaturis cum fide traderet.Simpliciter ad necessarios suos quisque scripserat, quaesentiebat : aliis gravis erat, plerisque non ingrata militia.Ita et agentium gratias, et querentium litterae exceptasunt : et qui forte taedium laboris per litteras erantquesti, hanc seorsum cohortem a ceteris tendere ignominiaecausa jubet, fortitudine usurus in bello f libertatemlinguae ab auribus cre<strong>du</strong>lis remoturus. Et consiliumtemerarium forsitan (quippe fortissimi juvenes contumeliisirritati erant), sicut omnia alia, félicitas régisexcepit. Nihil illis ad bella promptius fuit; incitabat virtutemet ignominiae demeodae cupido; et quia fortiorafacfa in paucis latere non poterant.


QUINTE-CURCE, LIT. VIL 29les faits, plus récens, pouvaient mieux être éclairas, ilresta douteux si Philotas, vaincu par l'excès des souffrances,avait dit la vérité sur des choses dont il étaitimpossible d'acquérir la preuve, ou si, par de faux aveux,H avait cherché à mettre un terme à ses tortures.Quelques soldats avaient murmuré de la mort de Parménion: Alexandre crut qu'il fallait les séparer <strong>du</strong> restede l'armée ; et il les rassembla en une seule cohorte,sous le commandement de Léonidas, uni lui-même autrefoisà Parménion par les liens d'une iotime amitié.C'étaient presque tous des hommes contre lesquels le roiavait d'ailleurs des motifs de haine. Youlant, en effet,connaître les sentimens de ses soldats, il leur avait faitdoooer avis, que tous ceux qui auraient à écrire à leursfamilles en Macédoine pouvaient charger de leurs lettresse$ propres messagers, qui les remettraient fidèlement.Chacun avait fait à ses parens la sincère confidence deses pensées : pénible pour quelques-uns, le service nedéplaisait pas au plus grand nombre. De cette manière,Alexandre sut se procurer les lettres et de ceux qui selouaient et de ceux qui se plaignaient de lui ; et quantaux imprudens à qui la lassitude avait dicté des plaintes ,il en forma une troupe, qui devait camper, séparée desautres f pour cause d'ignominie : par-là il ne perdait pasleurs services à la guerre, en même temps qu'il éloignaitde l'oreille cré<strong>du</strong>le <strong>du</strong> soldat la liberté de leur langage.Cette résolution téméraire peut-être, car c'était aigrir,par le sentiment <strong>du</strong> déshonneur, une jeunesse pleinede bravourej tourna, comme tout le reste, au profit<strong>du</strong> roi, par la constante faveur de la fortune. Il n eutpoint de soldats plus intrépides que ceux-là : leur courages'enfiammait <strong>du</strong> désir d'effacer leur honte, et de


3© Q. CURTIÏ RUFI LU. VILlit. Hïs ita compositis, Alexander, Arianorum satrapeconstïtuto,iter pronunciari jubet in Agriaspas ? quosjam tonc mutato nomme Evergetas appellabant, exquofrigore vïctusque penuria Cyri exercitum ' affectum tectiset commeatibus juvcraot Quintus dïes erat, ut in eamregiouem pervenerat; coguoscit f Satibarzanem f qui adBessum defeeerat, cum equitum manu irrupisse rursusIci Arios. Itaque Caranum et Erigyium cum Artabazo,et Androuico, et sex millibus Graecorum peditum neéquités sequebantur. Ipse LX diebus geotem Evergetarumordiiiavit, magna pecunia ob egregiam in Cyruui(idem dçmata. Relicto deinde, quiiis pr«esset f Amenide(scriba is Darii fuerat), Arachosios, quorum regio adPonticum mare pertinet, 6ubegit.Ibi exercitum, qui sub Parmenione fuerat, occopavit:sex millia Macedonum erant, et ce nobiles, etquinque millia Graecorum cum equitibus <strong>du</strong>centis, haud<strong>du</strong>bie robur omnium YÎrium régis* Arachosiis datus Menonpr»tor ? iv millibus peditum, et BG equitibus "inpraesidium relictis. Ipse rex nationem ? ne initimis qui-"dem satis notam f quippe nullo commercio volentemmutuos usus f cum exercitu intravit. Parapamisadae ap-


QUINTE-CURCE, LIV. VII.l'éclat que devaient recevoir leurs faits d'armes! au- milieud'un si petit nombre.III. Ayant tout réglé de la sorte, Alexandre donna unsatrape aux Ariens, et fit ensuite proclamer le départde farinée pour le pays des Agriaspes. Ces peuplesavaient, dès ce temps, per<strong>du</strong> leur nom pour celui d'Évergètes,et ce changement re<strong>mont</strong>ait à l'époque où l'arméede Cyrus 3 , succombant de froid et de disette, avaitreçu des logemens et des vivres de leur générosité. Il yavait cinq jours qu'Alexandre était arrivé dans cette contrée,quand il apprit que Satibarzanes ? qui était passé <strong>du</strong>côté de Bessus, avait fait une nouvelle invasion sur leterritoire des Ariens, avec un corps de cavalerie. Il s'empressad'y envoyer Caranus et Érigyius, assistés d'Artabiieet d'Aodronicus, avec six mille hommes d'infanteriegrecque et six cents chevaux. Quant à lui, il passasoixante jours à régler les affaires de la nation des Evergètes,et récompensa par des sommes d'argent considérablesleur glorieuse fidélité envers Cyrus. Après avoirlaissé, pour les gouverner, Aménides, qui avait été secrétairede Darius, il soumit les Arachosiens, dont lepays touche au Pont-Euxin.Ce fut là qu'il fut rejoint par l'armée, qui avait étésous les ordres de Parménion : elle était composée desii mille Macédoniens, de deux cents hommes des plusnobles familles, et de cinq mille Grecs, avec deux centschevaux, sans contredit l'élite des troupes d'Alexandre.Ménon fut chargé de commander au pays des Arachosiensavec une garnison de quatre mille fantassins et desix cents hommes de cavalerie. Pendant ce temps , leroi pénétrait, avec son armée, chez un peuple à peineconnu de ses voisins même, avec lesquels il n'avait ja-3i


3 2 Q. CURTII RUFÎ LIB. VII.pellaotur, agreste hominum genus, et inter Barbarosmaxime inconditum ; locorum asperitas hominum quoqueingénia <strong>du</strong>raverat. Gelidissimum septemtrioeis axem exmagna parte spectant; Bactrianis ad occïdentem conjunctisunt : meridiana regio ad mare Indicum vergit.Tuguria latere primo struunt, et, quia sterilis est terramateriae, ïn nudo etiam <strong>mont</strong>is dorso, usque ad summumaedificiorum fastigium, eodem laterculo utuntur.Ceterum structura latior ab imo paulatim incrementooperis in arctius cogitur : ad ultimumin earinae maximemo<strong>du</strong>m coit; ibi foramine relicto, superne lumen accipiuntad médium. Vîtes et arbores, si quae in tantoterrae rigore <strong>du</strong>rare potuerunt, obruunt humo : penitushyeme defossœ latent : quum nive discussa aperiri humuscœpit, cœlo solique red<strong>du</strong>ntur, Ceterum adeo ait»nives premunt terram, gelu et perpetuo paene rigoreconstrictœ, ut ne avium quidem feraeve ullius vestigiumexstet. Obscura cœli verius umbra, quam lux, noctisimilis premit terram, vix ut quae prope sunt conspicïpossint.In hac tamen omnis humani cultus solitudine destitutusexercitus, quidquid malorum tolerari potest, pertulit;inopiam, frigus, lassitudinem, desperationem.Multos exanïmavit rigor insolitus MYîS : multorum a<strong>du</strong>s-


QUINTE-CURCE, IJV. VII. 33mais voulu avoir de commerce , ni entretenir aucunerelation. C'étaient les Parapamisades, race sauvage etla moins civilisée de toutes les nations barbares. L'âpreté<strong>du</strong> climat était une des causes de la rudesse de leur caractère.Leur pays s'étend en grande partie vers la zoneglacée <strong>du</strong> septentrion : à l'occident, il touche à la Bactriane,et, au midi, il regarde la mer des Indes 4 . Lesfondations de leurs cabanes sont en brique; et commele sol ne pro<strong>du</strong>it pas de bois, même sur la cime toutenue des <strong>mont</strong>agnes, la même brique leur sert à bâtirjusqu'au comble de leurs demeures. Du reste, la construction,élargie vers sa base, se rétrécit gra<strong>du</strong>ellementà mesure qu'elle s'élève, et se termine à peu près enforme d'une carène de vaisseau : c'est à cet endroit qu'ilspratiquent une ouverture par où la lumière descenddans l'intérieur. Leur usage est d'enterrer le peu d'arbreset de vignes qui peuvent résister à la rigueur d'untel climat. Profondément enfouis pendant l'hiver, ils repraisseetà l'air et au soleil, lorsqu'après la fonte desneiges le sol a commencé à se découvrir. Telle est cependantl'épaisseur des neiges dont la terre est chargéeet qui se <strong>du</strong>rcissent sous une gelée presque perpétuelle,qu'on n'y saurait trouver aucune trace, ni d'oiseaux nide bêtes sauvages. Un ciel enveloppé d'ombres, qui n'arien de la clarté <strong>du</strong> jour, et qui ressemble plutôt à lanuit, pèse au loin sur la terre, et laisse à peine apercevoirles objets les plus rapprochés.Au milieu de cet isolement d'une nature où rien netémoigne la présence de l'homme, l'armée, comme per<strong>du</strong>e,souffrit tout ce qu'on peut en<strong>du</strong>rer de maux : lafaim, le froid, la fatigue, le désespoir. Beaucoup d'en-III. 3


34 Q. CURTII RUF1 LIB. VU.sit pedes, plurïmorum oculos. Praeipue peroiciaiis fuitfatigatis : quippe in ipso gelu deficientîa corpora sternebant; qoae quum moveri desissent, vis frigork» itaaslringebat, ut rursus ad surgea<strong>du</strong>m connitï non possent. comnlUitonibus torpentes excitabanlur : neque aliudremedium erat, quam ut ingredi cogerentur. Tumdemum vitali calore moto , membris aliquis redibatvigor. Si qui tuguria Barbarorum adiré potuerunt, celeriterrefecti sunt ; sed tanta caligo erat, ut edificianulia alia res quam fumus ostenderet Mi nunquam aotein terris suis advena viso, quum armatos repente conspicerent,exanimati metu, quidquid in tuguriis erat afferchant,ut corporibus ipsorum parceretur, orantes.Rex agmen circumibat pedes, jacentes quosdam érigeas,et alios, quum aegre sequerentur, adminiculo corporissui excipiens ; un ne ad prima signa 9 nunc in medio,nunc in ultinio agmine itineris multiplicato labore a lieraL Tandem ad loca cultiora perventum est, commeatuquelargo recreatus exercitus : simili et qui consequînon potuerant, in ïlla castra venerunt.Inde agmen processit ad Caucasum <strong>mont</strong>em, enjusdorsum Asiam perpetuo jugo dividit : bine simul mare,quod Ciliciam subit, illiec Caspium fretum, et aninen


.QUINTE-CURCE, L1V. VIL 35Ire eux périrent par le freid excessif de la neige ; il yen eut à qui elle brûla les pieds, un plus grand nombreà qui elle fit perdre les yeux. Épuisés de fatigue , ilsétendaient sur la glace même leurs corps défaitlans;et là, dans leur immobilité, la violence <strong>du</strong> froid lesraidissait à ce point, qu'il leur devenait impossible defaire le moindre effort pour se relever. Leurs compagnonstâchaient de les réveiller de- leur engourdissement, et leseul remède qu'ils y pussent trouver, était de les contraindreà marcher. Alors seulement le mouvement leurrendait la chaleur vitale et leurs membres reprenaientquelque vigueur. Tous ceux qui purent gagner les cabanesdes Barbares, furent promptement remis; maistelle était l'obscurité, que c'était à la fumée seule quel'on reconnaissait les habitations. Ceux-ci, qui n'avaientjamais vu d'étrangers dans leurs pays, apercevant toutà coup des gens armés, étaient glacés d'effroi, et leurapportaient tout ce que contenaient leurs cabanes, lessuppliant d'épargner leurs personnes.Le roi parcourait les rangs à pied, relevant ceuxqui étaient éten<strong>du</strong>s par terre, et prêtant l'appui deson corps à ceux qui avaient peine à le suivre. 11 étaitpartout, à la tête, au centre, aux derniers rangs del'armée, se multipliant pour la fatigue. Enfin Ton arrivadans des lieux moins sauvages, et où l'armée, avec desvivres abondans, trouva à se;refaire; ce fut là aussi querejoignirent ceux qui n'avaient pu suivre.De là, on s'avança vers le <strong>mont</strong> Caucase, dont làchaîne s'étend sans interruption, sur toute l'Asie qu'ellepartage. 11 fait face à la fois, d'un côté à la mer de laCilîcie, de l'autre à la Caspienne, au fleuve Araxe, et3.


36 Q. CtJETH RUFI LIB. VILAraxem, aliaque regionts Scytfai» déserta spectat. Taurussecundae tnagiiitudinis mons committïtur Caocaso;a Cappadocia se attollens Ciliciam praeterit, ârmeniaeque<strong>mont</strong>ibus jungitur. Sic inter se tôt jyga velut sériecohserentia perpetuum habent dorsum, ex quo Asi«omnia fere flumina, alia In Rubrum, alia in Caspiummare, alia in Hyrcanum et Ponticum décidant, xvn dierumspatio Caucasum superavit eiereiîus. Ropes in eox' in circumiîu stadia complectitur, quatuor in altitudsneniexcedit, in qua yincturo Promethea fuisse antiquitastradil. Condendae in radicibus <strong>mont</strong>is urbi sedes elecîaest. ¥ii millibus seniorum Macedonum, et praeterea militibus,quorum opéra uti desisset ? permissum, in novamurbem considère. Hanc quoque Alexandriam incolaeappellaverunt.IV. At Bessus, Alexandri celeritate perterritus, diispalriis sacrifieîo rite facto, sicut illis gentibus mos est,cumamicis<strong>du</strong>cibusquecopiaruminterepulasdebelloconsultabat.Graves mero suas vires extollere : hostium nunctemeritatem, nunc paucitatem spernere. Pracipue Bessus,ferox verbis f et parto per scelus regno superbus, ac vixpotens mentis, dicere: ccsocordia Darii crevisse hostiumfematn ; oceurrtsse enim in Ciliciae angustissimis faucibus? quum retrocedendo posset per<strong>du</strong>cere incautos inloca, nature situ invia ? tôt fluminibusobjectis, tôt mon-


QIÎINTE-CUECE, UV. VII. 3 7aux déserts de la Scythie. lie Taurus, chaîne secondaire,se joint au Caucase; s'élevant <strong>du</strong> sein de la Cappadoce yil traverse la Cilicie, et va se confondre avec les <strong>mont</strong>agnesde l'Arménie. Ainsi, dans leur enchaînement,tontes ces «mes forment une longue <strong>mont</strong>agne d 9 oùdescendent presque tous les ieuves de l'Asie, pour serendre les uns dans la mer Rouge, les autres dans laCaspienne, d'autres enfin dans la mer d'Hyrcanie et dansle Pont-Euxin. L'armée mit seize jours à passer le Caucase.On y voit.un rocher qui a seize stades de circuitet plus de quatre de hauteur, sur lequel les récits antiquesplacent le supplice de Prométhée. Un emplacementfut choisi au pied de cette <strong>mont</strong>agne pour y bâtir uneville. Sept mille Macédoniens des plus âgés, et avec euxles soldats dont les services étaient devenus inutiles, eurentla permission de s'établir dans la cité nouvelle. Leshabitans lui donnèrent le nom de leur roi, et ce fut uneautre Alexandrie.IV. Cependant Bessus était épouvanté de la céléritéd'Alexandre. Après avoir offert aux dieux <strong>du</strong> pays unsacrifice solennel, il avait réuni en un festin ses amis etses officiers, et c'était là que, suivant l'usage de cespeuples, on délibérait sur la guerre. Échauffés par le vin,ils exaltaient sans mesure leurs forces, et sériaient tantôtde la témérité, tantôt de la faiblesse de leur ennemi.Bessus, surtout, arrogant dans soo langage, et fier d'unecouronne acquise par le crime, jusqu'au point de n'êtreplus maître de lui-même, disait tout haut, « que les Macédoniensdevaient la plus grande partie de leur renomméeà l'imbécillité de Darius : il était allé les chercherflans les gorges étroites de la Cilicie, tandis qu'en rétrok


38 Q. CURTII EUFI LU. VILtium latebris, ïnter quas deprehensus lioslis ne fugaequidem, ee<strong>du</strong>m reslstendï occasïonem fuerit liabiturus.SibI placere in Sogdianos recedere ; Oxum amnem velutmurum objecturum faosti, <strong>du</strong>m ex fînitinais gentibusvalida auxilia concurrerent. Venturos autem Chorasmïos,et Dahas, Sacasque, et Indos, et ultra Tanaimamnem colentes Scythas; quorum neinineui adeo humilemesse f ut humeri ejus. non possent Macedonis militisYerticem œquare. »Conelaraant temulenti, unam banc sententiam salubremesse : et Bessus circumferri merum largius jubet,debellâturus super mensani Aleiandrum. Erat in eocoii¥Îvio Cobares, natlone Me<strong>du</strong>s f sed magicae artis (simodo ars est f non Yanissimi cujusque ludibrlum) magisprofessions, quam scientia cekber; alioquin moderatuset probus.Is quum praefatus esset, seire servo utilius parèredicto, quam afFerre consilium; quum itlos, qui pareant,jdem quod ceteros maneat; qui vero suadeant, propriuuipericulum : poculum ei, quod habebat in manu, tradidit,quo aceepto Cobares : ce Natura, ioquit, mortaliuoihoc quoque nomine prava et sinistra dici potest, quodin suo quisque negotio hebetior est, quam in alieno; tur-


QUINTE-CUMCE, LIV. Vif.gradant il pouvait les attirer, sans.qu'ils s'en doutassent,dans des lieux que la nature avait ren<strong>du</strong>s impraticables»'défen<strong>du</strong>s par la barrière de tant do fleuves, par Ses re-I ni îles de tant de <strong>mont</strong>agnes, au indien desquelles,surpris, ils ri auraient pu trouver les moyens de résister,ni même de fuir. Pour lui, il était d'avis de se retirerchez les Sogdtens : il opposerait ainsi a 1 ennemi le fleuve.0\i!> comme un boulevard, eu attendant que de puis->:ms secours lui arrivassent des nations voisines. Vieillirai eu! alors les Chorasnuens^ les Dalnens, les Sri ces,les Jndiens, et les Scythes établis au delà


4oQ. CURTtl RUFI MB. VILbida sunt constlia eorum f qui sibï suadeeî. Obstat metus jaliis cupiditas ; noununquam naturalis eorum, quae ex-»cogitaverïs, amoi* : nam in te superbia non cadit. Expertses, unumquemque, quod ipse repèrent f aut solum faut optimum <strong>du</strong>cere. Magnum onus sustines capite fregium insigne; hoc aut moderate perferee<strong>du</strong>m est,aut, quod abominor, in te ruet : consilio, non impetuopus est. nAdjicit deinde, quod apud Baclriaoos vulgo usurpabant,canem timi<strong>du</strong>m vehementius latrare, quam mordere: altissima quaeque flumina miuimo sono labi. Quasinsérai, ut, qualiscunque inter barbaros poluit esseprudentia, traderetur. In his audientium suspeoderatexspectationem. Tum consilium aperit, utitius Besso,quam gratins ;« In vesiibulo, inquit, regiae lu» velocissimus consislitrex. Ante ille agmen, quam tu mensam istam movebis.Nune ab Tanai exercitum arcesses, et armis Euminaoppones. Scilicet qua tu fugiturus es, hostis sequi nonpotest! iter utrique commune est, vietorî tutius. Licetstrenuum metum putes esse, ¥elocior tamen spes est.Quin validions occupas gratiam, dedisquete, utcunquecessent, meliorem fortunam deditus, quam hostis habiteras?Âlienum habes regnum, quo facilius eo careas :


QUINT£-CURCE 9 UV. VILque dans celles cfautrui : il n'y a que trouble dans lesconseils de qui ne consulte que soi-même. I^a crainterend aveugle, d'autres fois la passion, d'autres fois laprévention qui nous est naturelle pour nos propres idées;car l'orgueil n'entre pas dans ton cœur : tu Tas éprouvé,aux yeux de chacun, le seul bon avis f ou <strong>du</strong> moius lemeilleur est toujours celui qu'il a imaginé. Sur ta têtepèse un grand fardeau, le diadème royal : il faut leporter avec prudence, ou bien f veuillent les dieux écarterce présage! il t'écrasera. C'est de la sagesse qu'il fautici, non de la précipitation. »Il ajouta ensuite ce proverbe usité chez les Bactriens,que le chien peureux aboie plus fortement qu'il ne mord ;que les fleuves les plus profonds sont ceux qui coulentavec le moins de bruit : paroles que je rapporte pourdonner une idée de ce que pouvait être la sagesse deces barbares. Ce début avait mis les assistaos en attentede ce qu'il allait dire. Il ouvrit alors un avis plus salutairequ'agréable à Bessus :/,i« Sur le seuil de ton palais, lui dit-il, est déjà un roide la plus infatigable activité. Son camp sera levé plusvite que tu ne te seras levé de cette table. Alors tu ferasvenir une armée des bords <strong>du</strong> Tanaïs, et aux armes tuopposeras des fleuves, comme si, partout où tu fuiras,l'ennemi ne pouvait te suivre! Mais la route est communeà tous deux, et plus sûre pour le vainqueur. Prêteà la crainte autant d'agilité que tu le voudras, l'espérancemarche encore pluspromptement. Pourquoi donc ne pascourir au devant des bonnes grâces d'un ennemi pluspuissant que toi, et ne pas te remettre en son pouvoir,assuré que tu es de trouver, quoi qu'il arrive, un meil-


4* ,Q. CURTII RUFI L1B. VILïïieîpies forsîiâiî jus lu s esse rex, qtium Ipse fecerit,qui tibi et dare potest regoom et eripere, Consiliumliabes fidele f quod diutius exsequi supervacuum est.Nobilis equus pmbra qooque virgœ regitur ; igoavus neealcari quïdetti concitari potest. »•Bessos ? etiogenio et multo niero ferox, adeo exarsit,ut vix ab amicis, quo minus occideret eu ni (natiistrinxeratquoqueacinacem),.contineretur. Certee cou-¥Î¥Î0 prosilivtt haudquaquam poteos mentis* Cobares finter tumultum elapsus, ad Alexandrum transfugitvin millia Bactriatiorum habebat armata Bessus, quae,quamdiu propter cœli intemperiem Indïam- potius Macedonaspetituros erediderant, obedieoter imperata feceruut: postquam adveotare Alexandrum compertum. est,io suos quisque vicos dtlapsi, Bessum reliquerunt. 111ecum clientium manu, qui non mutaverant fidem f Oxoamne superato, exustisque oavigiis, quibus transierat*ne iisdem Iiostis uteretur, novas copias in Sogdiaoiscontrahebat.Alexaoder Caucasum quidem f ut supra dictum est,transierat; sed inopïa frumenti prope ad famem ventumcrat. Succo ex sesama expresso, haud secus quam oleo.artus perungebant. Sed hujus succi <strong>du</strong>cenis quadragenis


QUINTE-CURCE, UV. VIL 43leur sort dans la soumission que dans la guerre? Possesseurd'un trône qui ne t'appartient pas, la perte t'ensera moins sensible : peut-être commenceras-tu à êtreun roi légitime, quand tu le seras des mains de celuiqui peut te donner ou fôter la couronne. C'est un conseilloyal que je te donne; le développer plus longuementserait inutile. Pour gouverner un coursier vigoureux,il suffit de l'ombre d'une baguette; un cheval sansardeur ne peut être animé même par l'éperon. »Bessus j dont le naturel farouche était encore échauffépar le vin, entra dans une telle fureur, que ses amis arrêtèrentà peine son bras, qui, tenant déjà le cimeterre,allait frapper Cobarès : ce qu'il y a de sûr, c'est qu'ils'élança de la salle <strong>du</strong> festin tout hors de lui-même, Cobarèss'échappa à k faveur <strong>du</strong> tumulte, et passa dans lecamp d'Alexandre.Bessus avait sous les armes huit mille Bactriens : tantqu f ils crurent que, par crainte de leur climat rigoureux,l'ennemi se dirigerait de préférence vers l'Inde,ils obéirent volontiers à leur chef; mais quand ils surentqu'Alexandre s'approchait, ils se dispersèrent chacundans ses foyers, et abandonnèrent Bessus. Celui-ci, avecune poignée d'amis qui lui étaient restés fidèles, traversal'Oxus, ayant soin de brûler les barques qui avaientservi à son passage, pour que l'ennemi ne pût en profiter,et alla rassembler de nouvelles troupes en Sogdiane.Cependant Alexandre, comme on l'a dit, avait franchile Caucase; mais le manque de blé avait presque misla famine dans son armée. Avec le suc exprimé de lasésame, ils frottaient leurs membres comme avec del'huile; mais chaque amphore de ce suc se vendait deux


44 Q. CUftTII MJFI LIB. VILdenariis atnptiorae sïngulae; mcllis deiiartis trecenis no*nagenis; trecenis vini «siimabantur; tritici nihil aut admo<strong>du</strong>mexiguum reperiebatur, Siros vocabant Barbari:tjuos ita solerter ^bscon<strong>du</strong>nt, ut, eisi qui defoderunt finvenire non possint. In iis conditœ fruges erant. Inquarum penuria milites fluviatili pisce et herbis sustinebantur.Jamque haec ipsa alimenta defecerant, quumjumenta, quibus onera portabant, caedere jussi sunt :faoFum carne, <strong>du</strong>m in Bactrianos perventum, traxerevitam.Bactriaoae terra multiplex et varia natura est; alibimulta arbor et vitis largos mitesque fructus alît : solumpingue crebri fontes rigant : quae mitiora sunt, frumentoconseruntur; cetera armentorum pabulo ce<strong>du</strong>nt. Magnamdeinde partem ejusdem terrae stériles arenae tenent:squalida siccitate regio non horainem, non firugem alit:quum vero venti a Pontico mari spirant, quidquid sabuliin campis jacet, converrunt. Quod ubi cumulatumest, magnorum collium procul species est, omniaquepristini itineris vestigia intereunt. Itaque qui transeuotcampos, navigantium modo noctu sidéra observant, adquorum cursum ïler dirigent, et propemo<strong>du</strong>m clariorest noctis umbra, quam lux. Ergo interdiu invia estregio, quia tiec vestigium, quod sequantur, inveoiunt,et nitor siderum caligine absconditur. Ceterum si quos ille


QU1NTE-CUECE, UV. VILcent quarante deniers ; celle de miel, trois cent quatrevingt-dix; et celle de vin , trois cents. On ne trouvaitpresque peint de blé. Les Barbares appelaient jiri 5 'de»greniers souterrains si adroitement pratiqués, que ceuxlàseuls qui les ont creusés peuvent les reconnaître ;.c'est là qu'étaient enfouis leurs grains. A défaut de cetaliment, les soldats se nourrissaient d'herbages et depoissons de rivière. Cette, ressource commençait à leurmanquer, lorsque l'ordre leur fut donné de tuer les bêtesde somme qui portaient les bagages : ce fut la chair deces animaux qui les soutint jusqu'à leur arrivée danslaBactriane.Le sol de la Bactriane est varié dans sa nature efdans ses pro<strong>du</strong>ctions : en quelques endroits, la vigne etd'autres arbres croissent en foule, et donnent des fruitsaboodanset savoureux ; la terre, naturellement grasse,-est arrosée par une multitude de sources; les parties lesplus fertiles sont semées de blé, le reste est livré auxtroupeaux en pâturages. Mais il est une vaste éten<strong>du</strong>ede cette même contrée que couvrent des'sables stériles:la terre, dans sa désolante sécheresse, est sans habitansetsans pro<strong>du</strong>ctions : lorsque les vents soufflent <strong>du</strong> Pont-Euxin , ils balaient devant eux tout ce qu'il y a de sabledans les plaines, et, en s'amoocelant, ce sable offre deloin l'aspect de hautes collines, en même temps quetoute trace des anciens chemins est effacée. Aussi ceuxqui voyagent dans ces plaines, semblables aux navigateurs,observent, pendant la nuit, le cours des astres,d'après lequel ils dirigent leurs pas ; et les ombres de lanuit fournissent, en quelque sorte, plus de clarté quele jour même. C'est ce qui fait que de jour ce pays est4 r t


46 Q. CURTII EUFI LIB. VIS.ventus, qui a mari cxoritur, depreliendit, arena obruit.Sed qua miîior terra est, iogens hominum equorumquemultitudo gîgnitur : ifaque Bactriani équités xxx milliaexpleveraoL Ipsa Baclra ? regîoois ejus caput, sita suotsub <strong>mont</strong>e Parapamiso. Bactrus amnis praterit mœûia;is urbi et regioni dédit nomen.Hic régi stativa habenti nuuciatur ex Gracia PelopotineosiumLaconumque defectio; non<strong>du</strong>m enim victieraut, quum proficiscerentur tumultus ejus principianuncîaturi : et alius praeseos terror afFertur; Scytkas fqui ultra Taiiaim amnem colunt, adventare Besso fercntesopem. Eodero t cm pore, quae in gente AriorumCaranuset Erigyius gesseraut, perferuntur.Comoiissum erat prœliura inter Macedones Ariosque.Traosfuga Satibarzanes Barbaris prœerat ; qui quum pugnamsegnem utrinque aequis viribus stare ¥îdisset f inprimos ordines adequitavit, demptaque galea, inhibttis,qui tela jaciebanl, si quis viritim dimtcare vellet, provocavitad pugnam, eu<strong>du</strong>m se caput in certamine habiturum.Non tulit ferociani Barbari <strong>du</strong>x exercitus Erigyius,gravis quidem aetate, sed et animi et corporisrobore nulli juveouni postfcren<strong>du</strong>s, 1s galea dempfa^caniliemostentans:« Venit,-inqiiit,dies, quo aut Victoria J


QUINTE-CURCE, LIV. VIL 4 7impraticable aux voyageurs, la terre ne leur offrant aucunetrace pour les con<strong>du</strong>ire, et la lumière des astre**s éteignant au milieu des brouillards. Ajoutez que, sipar hasard lit vent qui son h le de la mer vient à les surprendre,il les ensevelit sous le sable. Mais aux lieux oùk sol présente un asnecl moins rude, 1rs hommes et leschevaux naissent eu grand noinhn 1 , I eue uns les I renteraille cavaliers qu'a y ail ion nus la flaetnanr. 1 La êtres, cai:s t;iî e de 1 a | > ro v i n ce , « *s l s i ! ra >e an pied dit i ri on t Pa r a-'r-ainise. Le Bac t rus baigne : es umi\s , et e est erl.tr rivière* ] i i i a 11 o 11 n e s o n n o i n à 1 a v 111 e et au ) ) a v s.Le roi venait de s'y arrêter, lorsqu'il reçut, dellrèee,lit finiivelie de la détection des Laeedon ioniens et de toutIr Péloponnèse : car la révolte n'riait jais rneore étoufféea a d ri mit des envoyés qui venaient lui «ai an no nef a* lan;*.is>a uce. I:JI même temps lui arrive le bruit d'un perdpins menaçant : les He\lhcs âv^ contrées au delà c 111fanais, viennent , dit-on, an secours de Bossus; et; pour• fcnucre nouvelle, on lui apporte le récit dos opérationsde Ca ran n s et d'Eric vins an pavs des Ariens.L n combat s'était engage entre les Ariens et I annéemacédonienne. Le transfuge Satiharzaues eominaudait1rs Barbares: voyant que, par la force égale des deux armées,l'action languissait, il poussa son cheval aux premiersrangs, et, ôlant sou casque, en même temps qu'ilarrêtait ceux qui lançaient leurs traits, il offrit ie combatà qui voudrait se mesurer avec lui corps à corps,déclarant qu'il se bâtirait tête une. Cette arrogance <strong>du</strong>Barbare en lia m nia le courroux <strong>du</strong> gênerai macédonienLrigvnts, déjà vieux, mais ega! aux plus jeunes pour lauteneur de faîne et <strong>du</strong> corps. Désarmant sa tête ef découvrantses cheveux blancs : « Le jour est venu, dit-d,


48 Q. CURTI1 RUFI LIB. VII.aut morte honestissima, quales amicos et milites Alexanderhabeat, ostcndam. » Nec plura elocutos, equum inhostem egitGrederes imperatum ut aciesutraequetela cohiberent;protinus certe recesserunt dato libero spatio; intentiin eventum, non <strong>du</strong>orum modo, sed etïam su» sortis,quippe alienum discriioen secuturi. Prior Barbanis emisitfaaslam, quatn Erigyïus modica capitis declioatione vîtavit.At ipse infestam sarissam, equo calcaribuscoocito,in medio Barbari gutture ita fixit, ut per cervïcememinêret. Praecipitatus ex equo Barbarus adhuc tamenrepugnabat ; sed îlle exiractam ex vulnere hastamrursus in os dirigit. Satibarzanes hastam manu complexus,quo maturius interiret, ici uni hostis adjuvit;et Barbari, <strong>du</strong>ce amisso ? quem magis necessitate f quamsponte secuti erant ? tune haud immemores meritorumAlexandrie arma Erigyio tra<strong>du</strong>nt.Rex his quidem laetus, de Spartanis haud quaquainsecurus, magno tamen animo defectionem eorum tulit,dicens, «non apte ausos consilta nudare f quam ipsumad fines lodiae pervenisse cognovissent » Ipse Bessumpersequens copias movit : cui Erigyius, barbarici opimumbelli decus praeferens, occurrit.V. Igitur Bactrianorum regione Artabazo tradita, sarcinasetimpedimenta ibicum praesidioreliquit. Ipse e.mn


QUINTE-CURCE, UV. VIL 4 9oit je <strong>mont</strong>rerai, en sachant vaincre ou mourir avecgloire, ce que sont les amis et les soldats d'Alexandre. »Et, sans en dire davantage, il poussa son cheval contrel'ennemi;On eût dit que Tordre, avait été donné aux deux arméesde suspendre leurs coups : <strong>du</strong> moins reculèrentellespour laisser le champ libre aux combattans; uniquement occupées de ce que le sort allait prononcer surelles, aussi bien que sur leur chef, dont elles ne pouvaientmanquer de suivre la destinée. Le Barbare lançale premier son javelot, qu'Erigyius évita par un légermouvement de tête. Pressant à son tour les flancs de soncheval, celui-ci enfonça sa lance dans la gorge <strong>du</strong> Barbareavec tant de force, qu'elle sortit par la nuque. Renverséde son cheval, Satibarzanes se défendait encore;mais Erigyius, retirant sa lance de la blessure, la dirigede nouveau contre le visage de'son adversaire, quisaisit l'arme de sa main, et, pour hâter sa mort, secondele bras qui le frappe. Les Barbares, privés de leurchef, qu'ils avaient suivi par nécessité plutôt que parchoix, se rappelèrent alors les bienfaits d'Alexandre, etrendirent les armes à Erigyius.Le roi se réjouit de ce succès ; mais il n'était pas rassurésur la révolte des Spartiates, quelque grandeur decourage qu'il eût <strong>mont</strong>rée en l'apprenant :ce Ils n'avaientpas osé, disait-il, découvrir leurs projets avant de le savoirparvenu aux frontières de l'Inde. » Cependant ilfit marcher son armée à la poursuite de Bessus, et rencontraErigyius qui venait au devant de lui, portant lesdépouilles de Satibarzanes, en trophée de sa victoire.¥. Ayant remis à Artabaze le gouvernement de laBactriane, Alexandre y laissa les bagages et les équim.4


5-o Q. CURTII RUFI LIB. VII.expedito agmstie loca déserta Sogdiaooruirt intrat, nocturneitioere exercitum <strong>du</strong>cens. Aquarum, ut ante dictutnest, penuria, prius desperatione, quam desideriobibendi f sitïm accendil. Per cccc stadia ne modicus quidemhumor exsistit. Arenas vapor awtivi solis accendit,quae ubi flagrare cœperunt, haud secos quam continent!incendio cuneta torrentur. Caligo deinde, immodieoierrae fervore excita ta, lucem tegit : camporumque ionalia quam vasti et profiindi aequoris species est. Nocfcurnumiter tolerabile vtdebatur, quia rore et matutino frigorecorpora levabantur. Ceterum cum ipsa luce aestusoritur : omnemque naturalem absorbe! humorem siccitas;ora visceraque peeitus uruntur. Itaque primumanimi, deinde corpora deficere cœperunt; pigebat et consisteraet progredï. Pauci a peritis regïonis admooittpraepararant aquam ; haecpaulisper repressit-sitim : deindecrescente aestu rursum desiderium humons acceosumest Ergo quidquid vini oleique erat, hominibus ingerebatur;taniaque <strong>du</strong>icedo bibendi fuit ^ ut in posterumsitis non timeretur. Graves deinde avide hausto humorenon sustinere arma, non ingredi polerant; et feliciores¥idebantur f quos aqua defeceral, quum îpsi sine modoinfusam vomitu cogerentur egerere.


QUINTE-CURCE, L1V. VILpiges de l'armée, avec une garnison. Il enlra alors, suivide ses troupes légères, dans les déserts de la Sogdiane,marchant toujours pendant la nuit L'eau manquait,comme nous le disions tout-à-l'heure, et la soif s'allumaitplutôt par le désespoir que par le besoin de boire.Dans l'espace de quatre cents stades, on ne rencontrepas même la trace d'un ruisseau. L'ardeur <strong>du</strong> soleil embraseles sables, et, une fois enflammés, ils se répandentau loin comme un incendie sans limite qui dévoretout. Un brouillard s'élève ensuite, pro<strong>du</strong>it par l'excessivechaleur de la terre, et dérobe la lumière; ce quidonne aux campagnes l'aspect d'une mer vaste et pro*fonde. La marche de nuit semblait tolérable par le soulagementqu'apportaient aux corps la rosée et la fraîcheur<strong>du</strong> matin. Mais la chaleur commence avec le jour même;tout ce qu'il y a d'humidité naturelle est absorbé par lasécheresse t et les feux de l'air, en desséchant la bouche,vont encore brûler jusqu'au fond des entrailles. Aussi cefut le courage d'abord, puis les forces qui les abandonnèrent;il leur était également pénible de s'arrêter et demarcher. Un petit nombre, con<strong>du</strong>its par des guides quiconnaissaient le pays, s'étaient procuré un peu cf eau :pendant quelque temps leur soif en fut apaisée; mais avecla chaleur croissante revenait le besoin de se désaltérer.11 fallut leur verser tout ce qu'il y avait de vin et d'huile ;et tel était le plaisir qu'ils trouvaient à boire, qu'ils nes'inquiétaient plus <strong>du</strong> retour de la soif. Bientôt cependant,appesantis par l'abus qu'ils avaient fait de ces boissons,ils ne pouvaient plus porter leurs armes, ni faire unpas en avant; et ceux à qui l'eau avait manqué se trouvaientbien plus heureux, en voyant leurs compagnonsforcés de rejeter celle qu'ils avaient prise sans mesure.4-5i


5aQ. CURTII RUFI LU. VILAnxium regem tantis malis circumfusi amici, ut meminissetsui, orabant; animi stiî magnitudinem unicumremedium deficieotis exercitus esse; quum ex lis>qui praœsserant ad capien<strong>du</strong>m locum castris, <strong>du</strong>o occurruntutribus aquam gestantes f ut filiis suis 9 quos ineodem agmine esse f et œgre pati sitim non ignorabant ?occurrerent : qui quum in regem incidissent, aller exiis, utre résolut©, vas quod simul ferebat, implet, porrigensrégi. Ille accipit; percontatus, quibus aquamportarent, filiis ferre cognoscit. Tune poculopleno, sicutoblatum est, reddito : «Née solus f inquit, bibere sustineo;nec tam exiguum dividere omnibus possum. Vos currite,et liberis vestris, quod propter illos attulistis, date. »Tandem ad (lumen Oxum ipse pervenit prima ferevespera. Sed exercitus magna pars non potuerat consequi: ïn edito <strong>mont</strong>e ignés jubet fierï, ut ii, qui aegre sequebantur,haucl procul castris se abesse cognoscerent.Eos autem f qui primi agminis erant, mature cibo ac potionefirmatos, implere alios fifres, alïos vasa, quibuscunqueaqua possit portari f jussit, ac suis opem ferre.Sed qui intemperantius hauserant intercluso spiritu exstinctisunt : m ni loque major horum numerus fuit , quamuilo amiserat prœlio. Ât ille thoracem adhuc in<strong>du</strong>tus,nec aut cibo refectus aut potu, qua veniebat exercitus,-constitit : nec ante ad curan<strong>du</strong>m corpus recessit fquam praeterierant, qui agmen sequebantur; totamque


QU1NTE-CURCE, LIV. VIL 53Tant de calamités affligeaient le roi : ses amis, quil'environnaient, le suppliaient de songer à lui : «Sagrande âme, lui disaient-ils, pouvait seule soutenir farme e ci e fa t1 ! a n I e. » A ce m o nient, «Unix des e < • I a i r t ' 111 • squi étaient allés en avant pour choisir remplacementcl 11 ca ni p , a r ri v c r e n t c 11 a rgés cl Y) i j 1 re s re m p ! i es il « »a u, Usles apportaient à leurs iils, qu'ils s a v aient lit ire partiede ce corps d ' armée et souffrir cruellement de la soif..1 ! e x a ne) re 1 es re 1i eo n t ra f et fuit d'eux, o 11 v ra n t a 11 s s i t o tso n ont re, rein p 1 i t un v a se cj u ' i 1 portait en m é 111 e t e 111 p s fr t 1 e p rése n t a a u ro i. 11 1 e p re 11 d 7 et leur demande à c jt.itcelle eau était destinée. Ils lui répondent que e est àleurs fils. Alors leur rendant la coupe pleine comme ill'avait reeite : «Je ne saurais, dit-il, boire seul, ntp a r I a ge r e u t r e t o u s s i peu d e e 110 s e. C < i u r c 1 z c 1 o n c : donnerli vos en fa ris ce que vous avez apporté pour eux. »Enfin, aux approches de la nuit, il arriva sur lesbonis de fûxris. Mais une grande partie de la r m ce était.


54 Q. CURT1I EUFI LIB. VILeam iioctem cum magno animi motu perpetuis vigiliisegit.Née postero die laetior erat f quia mec navigia habebat fnec pons erigi poterat f cireum amnem nudo solo et materiamaxime sterili. Consilium igitur 9 quod unum nécessitassubjecerat , init : utres quamplurimos strameotisrefertos dïvïdit; bis incubantes transnavere amnem :quique primi transierant, in statione erant, <strong>du</strong>m trajicerentceteri. Hoc modo sexto demum die in ulterioreripa totum exercitum exposuit. Jamquead persequen<strong>du</strong>mBessuoi statuerat progredi ; quum ea 9 quae in Sogdianiserant y cognoscit.Spitamenes erat inter omnes amicos praôcipuo honorecultus a Besso ; sed nullis meritis perfidia miligari potest: quae tamen jai» minus in eo inviso esse poterat,quia nihil tilli nefastum in Bessum interfectorem régissoi videbatur. Titulus facinoris speciosus praeferebatur,vindicta Darii : sed fortunam , non scelus oderant Bessi.Nam ut Âlexandrum flumen Oxum superasse cognovit ,Dataphernem et Catenem, quibus a Besso maxima fideshabebatur ? in societatem rei adsciscit. Illi promptiusadeunt ? quam rogabantur; assumptisque octo fortissimisjuvenibus 9 talem dolum inten<strong>du</strong>nt.


QUINTE-CURCE, L1V. VU. 55de sa personne, qu'après s'être assuré par ses yeux del'arrivée de tous les traîneurs; il passa la nuit même aumilieu d'une extrême agitation d'esprit et d'une veilleperpétuelle.Le jour suivant ne fut guère plus heureux : on n'avaitpas de bateaux, et il était impossible de construire unpont, le terrain qui environnait le fleuve étant entièrementnu et stérile 9 surtout en bois. Il fallut doncprendre le seul parti que conseillait la nécessité : desoutres remplies de paille furent distribuées en aussigrand nombre qu'il était possible de le faire ; et les soldatsf en y appuyant leurs corps, traversèrent le fleuveà la nage : les premiers arrivés se tenaient sous les armesf pendant que les autres passaient. Ce ne fut, decelte manière, qu'au bout de six jours qu'il transportason armée sur l'autre rive. Déjà il se préparait à marcherà la poursuite de Bessus, lorsqu'il apprit ce qui sepassait dans la Sogdiane.Spitamenès était, de tous les amis de Bessus, celui qu'ilavait le plus comblé de sa faveur ; mais il n'est pas debienfaits qui puissent désarmer la perfidie, quoiqu'encette occasion elle eut quelque chose de moins odieux , etque, contre un traître, meurtrier de son roi f commel'était Bessus ? tout moyen semblât permis. Venger Dariusfut le prétexte qu'il donnait <strong>du</strong> complot qu'il forma;mais c'était la fortune de Bessus, et non son crime quel'on haïssait. Aussitôt donc que lui est parvenue la nouvellequ'Alexandre a passé l'Oxus, Spitamenès fait partde ses projets à Dataphernes et Catenès 9 les plus intimesconfidens de Bessus. Ils adoptent ses propositionsavec plus d'empressement néme .qu'on ne le leur demandait; et après s'être assurés de huit jeunes gens


56 Q. CUETI1 MJF1 UB. VILSpitamenes pergît ad Bessura, et remotis arbitris ?comperisse ait se, insidiari ei Dataphernem et Catenem:ut vivum Alexandre traderent agitantes, a semet occupâtesesse , et vinctos teneri. Bessus tanto merito f ut credebat9 obligalus, partira gratias agit, partira avi<strong>du</strong>s explendisupplice , ad<strong>du</strong>ci eos jubet. Illi manibus sua spontereligatis, a participibus consilii trahebantur : quos Bessustruci vultu iotueos consurgit f manibus non temperaturus.Àt illi, simulatione oinissa , circumsistunt eum fet frustra repugnantem vinciunt; direptoex capite regnïinsigni » lacerataque veste, quam e spolils occisi régis in<strong>du</strong>erat.111e deos sui sceleris ultores adesse confessas, adjeeit,non Dario iniquos fuisse, que ni sic ulciscerentur,sed Alexandre propitios, cujus victoriam semper etiamhostis adjuvisseL Multitude an vindicatura fiessum fuerit,incertumest; nisi illi, qui vinxeranl, jussu Alexandrïfecisse ipsos ementiti, <strong>du</strong>bios adbuc animi terruissent.In equum impositum Alexandro tradituri <strong>du</strong>cunt.Inter haec rex, quibus matura erat missio f electisDCCGC fere, equiti bina talenta dédit, pcditi terna denariummillia; monitosque, ut liberos generarent, remisit


QUINTE CUMCE, UV. VIL 5 7d'une intrépidité reconnue, ils emploient le stratagèmesuivant.Spitamenès se rend près de Bessus, et ayant fait éloignertous les témoins, lui déclare que Dataphernes etCatenès conspirent contre lui : qu'au moment où ils sepréparaient à le livrer à Alexandre, il les a arrêtés et lestient dans les fers. Bessus, dans la reconnaissance qu'ilcroit devoir à un si grand service, se répand en actionsde grâees, et, impatient de punir les coupables, ordonnequ'on les lui amène. Ceux-ci, qui s'étaient fait volontairementattacher les mains, arrivèrent traînés par leurscomplices: soudain Bessus, les regardant d'un œil menaçant,se lève, la main prête à les frapper. Mais lesconjurés, cessant de feindre, l'entourent, et le chargentde liens, malgré sa résistance : ils lui arrachent en mêmetemps de la tête le diadème royal, et déchirent la robedont il avait dépouillé le roi, sa victime, pour s'en revêtir,Bessus reconnut que sa perte était l'ouvrage desdieux vengeurs de son crime : il ajouta qu'ils n'avaientpas été contraires à Darius, puisqu'ils lui accordaientcette satisfaction; mais qu'ils étaient bien favorables àAlexandre, puisque ses ennemis mêmes avaient toujourstravaillé à sa victoire. Peut-être la multitude allait-elleprendre parti pour Bessus, si ceux qui l'avaient arrêté,en répandant le faux bruit qu'ils avaient agi par ordred'Alexandre, n'eussent frappé de terreur les esprits encorefiottans. Ils le placent sur un cheval, et l'emmènentpour le livrer à Alexandre.Cependant le roi, ayant retiré de son armée neuf centshommes environ, dont le service était expiré, leur donnadeux taleos par cavalier, et trois mille deniers par fan-


58 Q. CURTII RUFI LIB. VILdomum. Céleris gratiae actae, quod ad relique belli navaturosoperam pollicebantur.Perventuiu • erat in parvulum oppi<strong>du</strong>m. Braocbidaeejus ioeolae erant Mileto quondam jussu Xerxis, quume Graecia rediret, transierant, et ie ea sede consliterant fquia templum, quod Didymeon appellatur f in gratianiXerxis violaveraot. Mores patrii non<strong>du</strong>m exoleverant ;sed jam bilingues erant, paulatim a domestico externosermone dégénères. Magno igitur gaudïo regem excipiuntf urbem seque dedentes. Ille Milesios, qui apuclipsuiîï militarent 9 convocari jubet Vêtus odium Milesiigerebant in Branchidarum gentem. Proditis ergo 9 siveinjuriae, sive originis meminisse mallent, liberum deBranchidis permittit arbitrium.Variantibus deinde sentenliis, se ipsum considératurum,quod optimum factu esset, ostendit. Postera dieoccurrentibus, Branchidas secum procedere jubet ;quumque ad urbem ventum esset ? ipse cum expeditamanu portam intrat. Phalanx mœnia oppidi circumirijussa, et daio signo diripere urbem , proditorum receptaculum, ipsosque ad unura caedere. llli inermespassim tracidantur , nec aut commercio linguœ , aut


QUINTE-CURCE, LIV. VIL 5 9lassin; puis, après leur avoir recommandé de faire desenfaiis, il les renvoya dans leurs foyers. Il y en eutcfautres qui lui offrirent de servir jusqu'à la fin de la,'uerre, et qu'il remercia de leur de y ou ment.On riait a r r i v é de vaut une petite \ d I e „ 11 a 11 i 1 ee parSes Bran e 11 i cl e s, J a il i s y a 1 e 11 o c | u e o11 X e r x e s r e vint deG i v c e , 1 es I \ r a ri e Ilides, u a r s o11 o r d i -e, avaient quitteMilet, et. étaient venus .s'établir en eeî, endroit, forées= le s'exiler pour avoir profane, par eom plaisance pourr e o î o o a rc| u e, le t e i n p S i * t. 1 A ( J o 11 o i. i .13 i d v 111 e e i e Les ni œ 11 r s? I e leur a n e i e n n e patrie ne s % e tarent p< > i n t e r i e o re per<strong>du</strong>es;tiens dé)à ils parlaient un double langage, où s'V'Iaieiittaêirs peu à peu, en se corrompant, leur idiome nain-P r ! r t T i d î o ni e ha r I >a r e, 11 s i ta ; u re n t I e î *O t a v ee c 1 es l r a 11 s -i J u r ! s d e j o i e, r e n i e 11 a ni e n I r e s e s j n a i n s H. leur villeH leurs personnes. Mais Alexandre ordonna de convo-: \ u e r I e s Mil é s i e î ï S qui s e r v a i e 111 so11 s ses drapeaux. I A: S.Miles ion S nourrissaient une vieille haine contre la faaifiledes lira ne h ides. Le roi abandonna donc ces derniersi i e i J r d i s e r e I i o 11, soit q 11 ils eo n s e r v a s s e n t le su ti v i a. 11 r•H: leur trahison, soit qu'ils se laissasse ni lit H'lu r par le- oi i v e n i r ( Y u n e eo i n i n i i n e origine.Co i n ni e les a vis é ta i e n t. pa r t a g es« il leur d é r I a r u qu'ilJee Scierai t. loi-trié me ee qntl y avait de mieux à iaire.Le lencleinajil., les Milesirn* étant venus le trouver, do rc! o 11 fi a a u x 11 ni n e h i d e s d e le suivre; et, a r r i v e a u xportes de leur ville, il y entre accompagne d'un delàebernent. La phalange reeut Tordre d investir les m lirailies, et, a un signa.! donne, de pdler eette ville, a M le•le la trahison, et (I en égorger le> lial.itlaus jusqu auarrnîer. De tous eûtes, ees malheureux sans defen-e•ouf uia.ssa.eres: et ni la t umnumaute de lanmme, io \r


6© Q. CUani RUH LIB. VILsupplicum velanaentis precibusque. inhiberi crudelïtaspotest.Tandem ut dejicerait, fundamenta murorum ab ïmomoliuntur, ne quod urbis vestigïum exstaret. Mec mora ylucos quoque sacros non cse<strong>du</strong>nt modo , sed etiam exstirpant; ut vasta solitudo et sterilis humus 9 excussisetiam radicibus, linqueretur. Qu» si in ipsos proditionisauctores excogïtata essent, justa ultio esse, nonerudelitas videretur : nunc culpam majorum posteriluere, qui ne viderant quidem Miletum, adeo Xerxi nonpotuerant prodere.Inde processit ad Tanaim amnem. Quo per<strong>du</strong>ctus estBessus non vinctus modo, sed etiam omni velamentocorporis spoliatus. Spitamenes eum tenebat collo insertacâteoa; tain Barbaris f quam Macedonibus gratum spectaculum.Tum Spitamenes : «e Et te, inquit f et Darïumreges meos ultus, interfectorem domini sui ad<strong>du</strong>xi, eomodo captum, cujus ipse fecit exemplum. Aperiat ad hocspectaculum oculos Darius. Exsistat ab inferis, qui illosupplicio indignus fuit, et hoc solatio dignus est.»Alexander, multum collaudato Spitamene, conversusad Bessuiiî : a Cujus, inquit, fer» rabies occupavit animumtuum , quum regem de te optime meritum prlusvincire, deinde occidere sustinuisti ? Sed hujus parricidii


QUINTE-CUilCE, LIV. VU. 61fétemens sacrés des supplians, ni leurs prières, ne peuventdésarmer la cruauté des bourreaux.Enfin, pour anéantir leur ville, et n'en laisser aucunetrace, les murailles en furent minées jusqu'en leursfondêmens. Dans leur fureur, que rien n'arrêtait, lesMacédoniens ne se contentèrent pas d abattre, ils allèrentjusqu'à déraciner les arbres des bois sacrés, pourque leurs racines même, arrachées, ne laissassent plusqu'un vaste désert et un sol au loin stérile. Si ces rigueurseussent été imaginées contre les auteurs mêmede la trahison, on pourrait les regarder comme unejuste vengeance, et non compfie une barbarie : mais cefurent alors des arrière-neveux qui expièrent la fautede leurs ancêtres, des hommes qui n'avaient jamais vuMilet, loin d'avoir pu livrer cette ville à Xerxès,De là Alexandre marcha sur le Tanaîs. En ce momentlui fut amené Bessus, garotté, et, pour combled'affront, dépouillé de tous ses vêtemens. Spitamenès lecon<strong>du</strong>isait par une chaîne qu'il lui avait passée autour<strong>du</strong> cou; spectacle agréable aux Barbares, non moinsqu'aux Macédoniens. «J'ai voulu, dit alors Spitamenès,venger à la fois mes deux maîtres, toi et Darius, et c'estpourquoi je t'ai amené cet assassin de son roi, m'étantsaisi de lui, selon l'exemple qu'il en a donné lui-même.Puisse Darius ouvrir les yeux à ce spectacle ! puisse-t-ilsortir de la tombe, ce monarque si peu digne de sonhorrible fin, si digne de cette consolation ! »Alexandre, après avoir comblé d'éloges Spitamenès,se tourna vers Bessus : « Quelle bête féroce, lui dit-il,a versé sa rage dans ton cœur, pour que tu aies eu l'audaced'enchaîner d'abord et puis d'assassiner un roi,


6* Q. CURTI1 RUFI LIB. VII.mercedem falso régis nomiiie persolYisti. » Ibi ille facinuspurgare non ausus ? régis titulum se usurpasse dixit, utgentem suam t.radere ipsipossit; qui cessasset, aliumfuisse regoum occupaturum.Ât Alesander Oxathrem f fratrem Darii, quêm iotercorporis custodes habebat, propius jussit accedere; tradiqueBessum ei, utcruci affixum, mutilatis auribus naribusque,sagittis configereot Barbari ; asservarentquecorpus, ut ne aves quidem contingerent. Oxathres ceterasibi curae fore pollicetur. Aves non ab alio, quam aCatene posse prohiber! adjicit ? eximiam ejus artemcopieos ostendere; namque adeo certo ictu clestinata feriebat,ut aves quoque exciperet. Nam etsi forsitan sagiitanditam celebri usu minus admirabilis videri baecarspossit; tamen ingens visentibusmiraculum,magnoquehonori Cale ni fuit. Doua deinde omnibus, qui Bessumad<strong>du</strong>xerant, data sunt Ceterum supplicium ejus distulit,ut eo loco, in quo Darium ipse occiderat, necaretur.VI. Interea Macedones ad pelen<strong>du</strong>m pabulum incom~posito agmine egressi, a Barbaris, qui de proximis <strong>mont</strong>ibusdecurrerutit, opprimuntur; pluresque capti sunt ?quam occist : Barbari autem, captivos prae se agentes,rursus in <strong>mont</strong>em recesserunt. xx mil Ha latronum erant;fundis sagittisque pugnam inva<strong>du</strong>nt. Quos <strong>du</strong>m obsidet


QUiNTE-CUIlCE, LIV. VILIon bienfaiteur? Mais en usurpant le titre de roi, tu t'espyé de ce parricide. » Bessus n'osait prononcer un seulroot pour justifier son crime : «S'il avait, dit-il, pris lenom de roi, c'était afin de pouvoir remettre ses provincesk Alexandre : en s'abstenant de le faire, il eûtlaissé la place à un autre usurpateur. »Cependant Alexandre fit approcher Oxathrès, frèrede Darius, qu'il comptait parmi les gardes de sa personne,et ordonna qu'on lui livrât Bessus pour être misen croix, les oreilles et le nez coupés, et être ensuiteabandonné aux flèches des Barbares, qui veilleraientaussi sur son corps, et empêcheraient jusqu'aux oiseauxcte proie d'y toucher. Oxaîhrès promit de se charger detout: «Pour les oiseaux seulement, ajouta-t-il, nul autreque Catenès n'était capable de les écarler. » Il voulaitainsi faire connaître la merveilleuse adresse de cet homme.Catenès, en effet, visait d'une main si sûre, qu'il atteignaitmême les oiseaux au vol. El. quoique cette habileté •à tirer de Tare puisse paraître moins étonnante chez unpeuple où l'usage en était si ordinaire, elle n'en fut pasmoins un grand sujet d'admiration, et fit beaucoup d'honneurà Catenès. Des présens furent ensuite distribués àtous ceux qui avaient amené Bessus. Du reste, on différason supplice, ;afin qu'il fut mis à mort au lieu mêmeoù il avait tué Darius.VI. Cependant les Macédoniens, s'étant écartés endésordre pour aller aux fourrages, furent surpris parun parti de Barbares descen<strong>du</strong>s des <strong>mont</strong>agnes voisines;il y en eut toutefois plus de pris que de tués : quantaux Barbares, chassant devant eux leurs prisonniers, ilsregagnèrent la <strong>mont</strong>agne. Ces brigands étaient au nombrede vingt mille ; ils attaquent leur ennemi à coups6'i


64 Q. OJETII KUFI LIB. VILrex, Inter proraptissiraos dimicaos sigîtta ictus est ? quaein medio crure fixa reliquerat spiculum. Illum quidemmœsti et attoniti Macedones in castra referebant : sednec Barbares fefellit sub<strong>du</strong>ctus ex acie ; quippe ex edito<strong>mont</strong>e cuncta prospexerant.Itaqoe postero die misère legatos ad regem ? quos illeprotieus jussit admitti; solutkque fasciis magnitudinem¥ulneris dissimulans crus Barbaris ostendit. lili jussiconsidère affirmant non Macedonas f quani ipsos fuissetristiores cognito vulnere ipsius ; cujus si auctorem reperissent, dedituros fuisse : eu m diis enim pugnare sacrilegostantum. Ceterum se gentem in fidem dedere 5superatos virtute illius. Rex, fide data et captivis receptis? gentem in deditionem accepit.Castris inde motis lectica militari ferebatur , quam prose quisque eques pedesquesubirecertabant. Equités, cumquibus rex prœlia inire solitus erat, sui muneris id essecensebant. Pedites contra, quum saucios commilitonesipsi gestare assuevissent f eripi sibi proprium officiumtum potissimutn, quum rex gestan<strong>du</strong>s esset, querebantur.Rex in tanto utriusque partis certamine et sibidifficilem, et praeteritis gravem electionem futuramratus, invicem subire eos jussit.Hinc quarto die ad urbem Maracanda perventum est :LXX stadia murus urbis amplectitur : arx nullo ciogttur


QU1NTE-CUECE, LIV. VII. 65de frondes et de flèches. Tandis que le roi les assiège etqu'il combat aux premiers rangs, il est atteinte la jambed'une flèche, dont la pointe y reste enfoncée. Les Macédoniens,frappés de tristesse et de stupeur, le reportentaucampimais ce mouvement n'avait point échappé auxBarbares, qui, de leurs hauteurs, avaient tout vu.Ils envoyèrent donc, le lendemain, des députés auroi : Alexandre les fit sur-le-champ intro<strong>du</strong>ire; et, détachantles bandes qui entouraient sa blessure, pour leuren déguiser la gravité, il leur <strong>mont</strong>ra sa jambe. Invitésà s'asseoir, ils déclarèrent que les Macédoniens n'avaientpas été plus affligés qu'eux-mêmes en apprenant la blesçuredo roi; s'ils en eussent connu l'auteur, ils le luiauraient livré : car il n'appartenait qu'à des sacrilègesde combattre contre les dieux ; que, <strong>du</strong> reste, cédant àson courage, ils se.remettaient à sa discrétion. Le roi,après leur avoir donné sa foi et recouvré ses prisonniers,reçut ce- peuple en son obéissance.L'armée s'étant remise en route, on le plaça sur unelitière de campagne que fantassins et cavaliers se disputaientl'honneur de porter. Les cavaliers, au milieudesquels le roi était accoutumé à combattre, prétendaientque c'était une de leurs prérogatives. Les fantassins, aucontraire, qui portaient habituellement leurs compagnonsblessés, se plaignaient qu'on leur enlevât un privilège'quileur appartenait, alors précisément qu'il s'agissaitde porter le roi. Alexandre, au milieu de cesprétentions rivales, trouvant le choix difficile, et craignantde choquer ceux qu'il écarterait, décida que lesuns et les autres le porteraient à leur tour.On arriva, quatre jours après, devant Maracande :les murs de cette ville couvrent un espace de soixante-III. 5


66 Q. CURT11 MJFI LIB. VII.muro. Praesidio urbi relicto, proximos vicos depôpolatur.atque urit. Legati deinde Abiorum Scytharum superveniuntliberi, ex quo decesserat Cyrus, tum imperatafacturi. Justissimos Barbarorum coostabat : armis abstinebant,nisi lacessitï. Libertatis modico et aequali us« fprincipibus humiliores pares fecerunt.Hos bénigne allocutus, ad eos Scythas, qui Europamincolunt f Peridam quemdam misit ex amicis f qui denunciareteis, neTanaim amnem regionis injussu régis transirent: eidem mandatum, ut contemplaretur locoromsitum ; et illos quoque Scythas , qui super Bosporo incolunt,viseret. Condendae urbi sedem super ripam Tanaiselegerat; claustrum et jam perdomitorum , et quosdeinde adiré decreverat. Sed consilium distulit Sogdianorumnunciata defectio, quae Bactrianos quoque traxtt :vu millia equitum eraol f quorum auctoritatem ceterisequebantur.Alexander Spitamenen et Catenen, a quibus ei tradituserat Bessus l haud <strong>du</strong>bius quin eorum opéra redigipossent in potestatem ? cœrcendo eos ? qui novaverantres, jussit arcessirï. At illi defectionis, ad quam coercendamevocabantur f auclores vulgaveraot famam, bactrianoséquités a rege omnes, ut occiderentur ? arcessiri :idque imperatum îpsïs; non sustinuisse tamen exseqtiï 9


QUINTE-CURCE, LIV. VII. f>7dix stades: la citadelle n'est défen<strong>du</strong>e par aucune enceinte.Après y avoir mis une garnison, Alexandre ravagea etbrûla les bourgs <strong>du</strong> voisinage. Bientôt lui arrivèrent lesdéputés des Scythes Abiens, libres depuis la mort deCyrus,mais disposés alors à se soumettre. Ils passaient pourle plus juste d'entre les peuples barbares, ne prenant lesarmes ? à moins d'être provoqués. L'habitude d'une libertétranquille et égale pour tous, avait élevé, chez eux fles inférieurs au rang des chefs.Alexandre leur parla avec bonté, et envoya, en mêmetemps, aux Scythes d'Europe un de ses officiers, nomméPéridas, pour leur signifier de ne point passer sans sonordre le Tanaïs, qui bornait leur territoire: sa missionétait aussi de reconnaître le pays, et de s'avancer jusquechez les Scythes qui habitent sur le Bosphore. Leroi avait, en effet, choisi un emplacement sur les bords<strong>du</strong> Tanaïs f pour y bâtir une ville, barrière destinée àcontenir et les peuples déjà soumis, et ceux qu'il comptaitvisiter dans la suite. Mais ce projet fut différé parla nouvelle de la défection des Sogdiens, qui entraînaaussi celle de la Bactriane. Sept mille cavaliers avaientdonné le signal, et les autres s'étaient rangés à leursuite.Alexandre fit venir Spitamenès et Catenès, qui luiavaient livré Bessus, ne doutant pas qu'il ne dépendîtdeux de faire rentrer les révoltés dans le devoir, en punissantles chefs de l'insurrection. Mais ils étaient euxmêmesles auteurs de la rébellion qu'on les appelait àréprimer; c'étaient eux qui avaient répan<strong>du</strong> le bruit,que le roi voulait faire venir toute la cavalerie bactriennepour la passer au fil de Cépée : que la commissionleur en avait été donnée ; mais qu'ils n'avaient pu5.


68 Q. CURTII RUFI LIB. VILne ioexpiabile in populares facious admitterent. Nonmagis Alexandri sœvitiam, quam Bessi parricidium ferrepotuisse Itaque sua sponte jam motos metu pœnœ hauddifficulter concitaverunt ad arma.Alexander, transfugaram defectione comporta, Craterumobsidere Cyropolim jubet : ipse aliam urbem regionisejosdem coroea capit; signoque, ut pubères interficereetur,dato, reliqui in prœdam cessere victoris:urbs dirula est, ut ceteri cladis exemplo continerentur.Memaceni ? valida gens, obsidiooem, non ut honestioremmodo, sed etiam ut tutiorem, ferre decreverant.Ad quorum pertinaciam mitigandam rex L équités praefïiisit,qui clementiam ipsïus in deditos, simulque inexorabilemanimum in deviclos, ostenderent. Illi nec defide, nec de potentia régis ipsos <strong>du</strong>bitare respondent;equitesque tendere extra munimenta urbis jubent. Hospitalierdeinde exceptos, gravesque epulis et somno,intempesta nocte adorti interfecerunt.Alexander haud secus, quam par erat, motus, urbemcorona circumdedit munitiorem, quam ut primo impetucapi posset. Itaque MeleagrtH» et Perdiccam in obsidionemjungit, Cyropolim, ut ante dictum est, obsidentes.


QUINTE-CURCE, UV. VIL 69se résoudre à l'exécuter, de peur de se rendre coupablesenvers leurs compatriotes d'un crime impardonnable:qu'ils n'avaient pas vu avec moins d'horreur la barbaried'Alexandre, que le parricide de Bessus. Les esprits, déjà émus par eux-mêmes, se laissèrent aisémententraîner à prendre, les armes dans la crainte <strong>du</strong> châtiment.Alexandre, instruit de la trahison des transfuges, ordonnaà Cratère d'aller assiéger Cyropolis : lui - mêmeprit par blocus une ville de la même contrée ; et à unsignal qu'il donna, la jeunesse fut massacrée : le restede la population fut partagé entre les vainqueurs, et laville rasée, afin de contenir les peuplades voisines parl'exemple de ce désastre. Les Mémacènes, nation puissante, avaient résolu de s'exposer à un siège, comme auparti le plus honorable à la fois et le plus sûr. Le roi,dans l'espoir d'ébranler leur opiniâtreté, leur dépêchacinquante cavaliers, chargés de les informer de sa clémenceenvers ceux qui se soumettraient, en même tempsque de son inflexible rigueur envers les vaincus. Us répondent,qu'ils ne doutent ni de la sincérité ni de lapuissance <strong>du</strong> roi; et donnent ordre à ces cavaliers decamper hors des remparts de la ville. Leur prodiguantensuite les dons de l'hospitalité, ils attendent le momentoù ils les trouvent appesantis par les vapeurs do vin etpar le sommeil, pour les attaquer h la faveur de la nuit,et les massacrer.Alexandre, indigné comme il devait l'être, investitla ville, et la trouvant trop bien fortifiée pour être emportéed'un premier assaut, il appela, à ce siège, MéléagreetPerdiccas, occupés, comme nous l'avons dit,à celui de Cyropolis. Il avait résolu d'épargner cette der-


7© Q. CURT1I RUF1 LIB. VII.Statuerat autein parcere urbi cooditae a Cyro : quippenon alium geutium illarum raagis admiratus est, quamhune regem , et Semiramim, in queis et magnitudinemanimi, et claritatem rerum longe emïcuisse credebat. Ceterunlpertinacia oppidanorum ejus iram accendit. Itaquecaptam urbem diripere jussit delectos Macedones fhaud injuria infestos ; et ad Meleagrum et Perdiccamredit.Sed non alia urbs fortius obsidionem tulit : quippe etmilitum promptissimi cecidere,et ipse rex ad ultimumpericuluro Yenit : namque cervix ejus saxo ïta icta est,ut oculis caligine offusa eollaberetur, ne mentis quidemcompos : exercitus certe velut erepto eo ingemuit Sedinvictus adversus ea f quae ceteros terrent, non<strong>du</strong>m percuratèvulnere, acrius obsidioni institit, naturalein celeritatemira concitante. Cuniculo ergo sufFossa mœniaïngens nudavere spattum, per quod irrupit; victorqueurbem dirui jussit, Hinc Menedemum cum ni millibuspeditum et BCCC equitibus ad urbem Maracanda misit.Spitamenes transfuga f praesidio Macedonum inde dejecto,mûris urbis ejus incluserat se, haud oppidanis consiliumdefectionis approbantibus. Sequi tamen videbantur, quiaprohibera non poterant.Intérim Alexander ad Tanaim amnem redit, et, quantumsoli occupaverant casfris ? muro circumdedit : LX


QUINTE-CURCE, UV. VIL 7>ûière cité, fondée par Cyrus ; car, de tous les rois de cescontrées, c'était lui qu'il admirait le plus, et avec luiSémiramis, parce qu'en eux il croyait voir briller auplus haut degré une grande âme et des actions immortelles.Mais l'opiniâtreté des habitans enflamma sa colère;et, quand la ville fut prise, il la livra à la juste 6fureur d'une troupe choisie de soldats macédoniens : puis,il alla rejoindre Perdiccas et Méléagre.Mais aucune ville ne soutint le siège avec plus de vigueurque celle des Mémacènes : les plus braves soldatsde l'armée macédonienne y périrent, et le roi lui-mêmey courut le dernier danger. En effet, une pierre le frappasi violemment à la tête, qu'un nuage épais se répanditsur ses yeux, et que f privé de sentiment, il s'évanouit.Ce qui est certain, c'est que l'armée le pleura commesi elle l'eût per<strong>du</strong>. Mais invincible à ce qui frappe d'épouvanteles autres hommes, il n'attendit pas que sablessure fût entièrement guérie, et n'en pressa que plusvivement le siège, la colère enflammant encore son ardeurnaturelle. Une mioe fut donc pratiquée sous lesmurailles, et elle ouvrit une large brèche, à travers laquelleil se jeta dans la ville, et, vainqueur, ordonnade la raser. De là, il envoya à Maracande Ménédèmeavec trois mille fantassins et huit cents chevaux. Letransfuge Spitamenès, après en avoir chassé la garnisonmacédonienne, s'était renfermé dans cette ville : les habitansn'étaient pas favorables à sa défection ; mais ilssemblaient la partager, faute de pouvoir s'y opposer.Cependant Alexandre retourne sur les bords <strong>du</strong> Tanais,et tout l'espace qu'avait occupé son camp, il Feu-


7* Q. CUET1I EUFI L1B. VILstadiorum urbïs punis fuit : hanc quoque mbem'jflexandriamappellari jussit. Opus'tanta celerïtate perfectumest, ut decimo septimo die, qua munim'enta excitataerant, tecta quoque urbis absolverentur. logens militumcertamen in ter ipsos fuerat, ut suum quisque munus(nam divisum erat) primus ostenderet. Ineolae novaeurbi datï captivi, quos reddito pretio domiuis liberavit,quorum posteri nunc quoque non<strong>du</strong>mapud eos tam longaaetate propter meraoriam Âlexandri exoleverunt.VIL Rex Scytharum, cujus tum ultra Tanaim imperiumerat, ratus eam urbem, quam in ripa amnis Macedouescondiderant, suis impositam esse eervicibus, fratremCartasim nomine eu m magna equitum manu misitad diruendam eam, proculque arane subinovendas Macedonumcopias. Bactrianos Tanais ab Scythis, quos Europœosvocant, dividitiidem Asiain et Europam finisinterfluit.Ceterum Scytharum genshaud procul Thracia(sita ab oriente) ad septemtrionem se verlit; Sarmatarumque,ut quidam credidere, non finitima, sed parsest. Recta deinde regionem aliam ultra Istrum jacentemcolit; ultima Àsiae, quae Bactra sunt, striogit : quae septemtrioniproxima sunt, profundae inde silvae, vastaequesolitudines excipiunl. Rursus quae ad Tanaim et Bactraspectant, humano cultu liaud disparia sunt. Primumcum bac gente non provisnm bellum Alexander gesturus,


QUINTE-CURCE, XIV. VII. 73toure de murailles: l'enceinte de la ville fut de soixantestades, et il voulut que celle-là aussi prît le nom d'^lexandrie.L'ouvrage se poursuivit avec tant de rapidité,que, dix-sept jours après, les remparts, les maisonsmême de la ville, furent achevés. Il y avait, entre lessoldats, une émulation extraordinaire; c'était à qui <strong>mont</strong>reraitle premier sa tâche achevée; car chacun avaitla sienne. La nouvelle ville fut peuplée de captifs, qu'ilracheta de leurs maîtres à prix d'argent; et aujourd'huiencore, après tant de siècles, le souvenir de ses premiershabitans s'est conservé, avec celui d'Alexandre, dansleur postérité.VIL Le roi des Scythes, dont l'empire était alors audelà <strong>du</strong> Tanaïs, reconnut que cette ville, bâtie par lesMacédoniens sur l'autre rive, était comme un joug placésur sa tête. Il envoya donc son frère, nommé Cartasis',avec un corps nombreux de cavalerie, pour la détruireet repousser, loin <strong>du</strong> fleuve, les troupes macédoniennes.Le Tanaïs sépare les Bactriens ^es Scythes appelés Européens;il coule aussi entre l'Europe et l'Asie, auxquellesil sert de limite. Voisine de la Thrace, la nationdes Scythes s'étend de l'orient au septentrion : et elle netouche pas simplement, comme on Fa cru, aux Sarmates ;elle en fait partie7. De là, en droite ligne, elle occupeune autre contrée située au delà de l'Ister, en mêmetemps qu'elle confine à la Bactriane, c'est-à-dire aux extrémitésde l'Asie. Du côté le plus rapproché <strong>du</strong> septentrion, le pays s'enfonce dans de profondes ' forêts et devastes solitudes : mais ce qui s'étend vers le Tanaïs etla Bactriane offre quelques traces de culture humaine.Alexandre, sans y être préparé, se trouvait forcé defaire le premier de tous la guerre à qe peuple : sous ses


74 Q- CURT11 RU FI LIB. VII.quum in conspectu ejus obequitaret liostïs f adhuc «gerex vulnere f prœcipue voce deficiens* quani et modicuscibus ? et cervicis exténua bat dolor, amicos in consiliumadvocari jubetTerrebat eum non hostis, sed iniquitas temporis. Bactrianidefecerant; Scythœ etiam lacessebaot : ipse noninsistere in terra, non equo vehî ; non docere, non hortarisuos poterat. Ancipiti periculo implieitus, deos quoqueincusans f querebatur, se jacere segnem, cujus velocitatemnemo antea valuisset effugere; vix suos credere, nonsimulari valetudinem. Itaque qui post Dariutn victumhariolos et vates consulere desierat, rursus ad superstitionem,humanarum gentium ludibria, revolutus, Arïstandrum? cui cre<strong>du</strong>litatem suara addixerat ? explorareeventum rerum sacrificiis jubet.Mos erat aruspicibus, exta sine rege spectare f et,qoae portenderentur, referre. Inter haec rex f <strong>du</strong>ra fibrispecu<strong>du</strong>m explorantur eventus latentium rerum, propiusipsum considère amicos jubet, ne contentione vocis cicatriceminfirmam adhuc rumperet. Hephaestion, Crateruset Erigyius erant cuin custodîbus in tabernaculumadmissi : «Discrimen , inquit, me occupavit meliore hostiumquam meo tempore: sed nécessitas ante rationemest; maxime in bello, quo raro permittitur tempora eligere.Defecere Baetriani, in quorum cervicibus stamus;


QUINTE-CUMCE, LIV. VII. 75yeux manœuvrait la cavalerie eoDemie ? et cela, pendantqu'il était malade de sa blessure, et que la voix surtoutlai manquait » affaiblir par la privation de nourriture eiio douleurs de lele qui. S eprouxaiî. Il appela doue•:ii\i\* en conseil,Le u eîail pas 1 ennemi (pu 1 cfira\stf, mais l'embarras* î: s circonstances ; les Mac {.rien s lua refusaient, i obéissance,1rs Sevtljes osaient m une I attaquer; cî d ue pouvait >eU rue debout , tl m 1 pouvait, <strong>mont</strong>er a ebe\al, dealer ses•oidats, les erteettrader ! Au unlien <strong>du</strong> double perd qui!i- menaçait, accusant pisqu aux dieux. \\ se plaignait


76 Q. CURTII RUFI LIE. VILet quantum in nobis aoimi sit, alieno Marte experïuntur.Haud <strong>du</strong>bie, si omiserimus Scythas ultro arma inferentes,contempti ad illos, qui defeceruot f revertemur.Si vero Tanaim transierimus, et ubique invictos esse nosScytharum pernieie ac sanguine ostenderimus f quis <strong>du</strong>bitabitparère etiam Eeropae victoribus? Fallitur, quiterniinos gloriae nostrae metitur spatio, quod transiturisumus. Unus amnis interiuit:quem si trajicimus, inEeropamarma proferïmus. Et quanti œstiman<strong>du</strong>m est,<strong>du</strong>m âsiam subigimus, in alio quodammodo orbe tropaeastatuere, et quae tam longo intervallo natura videtur diremisse,una victorïa subito committere? At hercule, sipaululum cessa verimus, in tergis nostris Scythae'haerebunt.An soli sumus, qui flumina transnare possumus?multa in iiosmet ipsos recident, quibus adliuc vicimus.Fortuna belli artem victos quoque docet : utribus amnemtrajiciendi exemplum fecimus nuper : hoc ut Scytbaeimitari nesciant, Bactriani docebunt. Prœterea unusgentis hujus adhuc exercitus venit : ceteri exspectantur ;ita bellum vitando alemus ; et, quod in ferre possemus,accipere cogemur.«Manifesta est consilii mei ratio. Sed an permissuri


QU1NTE-CURCE, LIV. VIL 77Les Bactriees, que nous venons de placer sous le joug,-r sont révoltes: et eu nous suscitant en même tempsune autre guerre, ils veulent éprouver jusqu'où va notreeuurasze. "Nul cloute nue, si nous laissons impunie 1 atrpressiondes Sevthés, nous retournerons méprises verseeiîx qui se sont soustraits à notre* domination. Mais sinous passons leTanaïs, si. par la ruine et l'exterminationdes Sc\ thés* nous <strong>mont</strong> mus que partout nous sommesinvincibles % qui doutera alors que ! hurope même soitouverte à nos conquêtes? Ce serait se tromper ,


78 Q. CUETII RUFI LIB. VIL •sint Mâcedones animo uti meo f <strong>du</strong>bito; quia f ex. quohoc vulnus accepi, oon equo vectus sum, non pedibusiogressus : sed si me sequi vultis, valeo^ amici. Satis viriumest ad toleranda ista : aut si jam adest vitae meaefinis, in quo tandem opère melius exstinguar? »Hœc quassa adhuc voce ? subdefieieos f vix proximisexaudientibusdixerat, quum omnes a tam praecipiti consilioregem deterrere cœperunt: Erigyius maxime, qui shaud sane auctoritate proficiens apud obstinatum animum,superstitiooem, cujus potens non erat rex, incuteretentavit, dicendo, deos quoque obstare consilïo,magnumque periculum, si flumen transisset, ostendi.Intranti Erigyio tabernaculum régis Aristander occurrerat,tristia exta fuisse significans : haec ex Yate compertaErigyius nunciabat. Quo inhibito, Àlexander, non irasolura, sed etiam pudore confusus, quod superstitio, quamcelaverat f defegebatur ? Aristandrum vocari jubet. Quiut venit ? intueus eum : ce Noo rex f inquit, sed privatus,sacrificium ut faceres, raandavi:quid eo portenderetur ?cur apud alium ? quam apud me, professes es? Erigyiusarcana mea et sécréta, te prodente> cognovit : quemcertum mehercule habeo extorum interprète uti metusuo. Tibi autem quam potest ? denuneio, ipse mihi indî-


QUINTE-CURCE, UV. VII. 7!)sez clairs. Mais je craies que les Macédoniens ne mepermettent pas de suivre les inspirations de mon courage; parce que, depuis le jour où j'ai reçu cette blessure, je n'ai pu marcher, ni <strong>mont</strong>er à cheval. Cependantf mes amis, si vous consentez à me suivre, je suisguéri; je me sens assez de forces pour supporter cettefatigue; ou, si je touche au terme de ma vie, en quelleentreprise pourrais - je trouver une mort plus glorieuse?»Il avait prononcé ces mots d'une voix épuisée et quisemblait défaillir : à peine ceux qui se tenaient le plusprès de lui avaient - ils pu l'entendre. Ce ne fut parmieux tous qu'un même avis pour le détourner d'unerésolution aussi précipitée : Erigyius insistait surtout,et trouvant apparemment l'autorité de ses conseils impuissantesur cette âme obstinée, il essaya de l'ébranlerpar la superstition, à laquelle le roi ne savait pas résister.Les dieux même, lui dit-il, s'opposaient à son dessein, et un grand péril le menaçait s'il passait le fleuve.Erigyius, en effet, au moment d'entrer dans la tente <strong>du</strong>roi, avait rencontré Aristandre, qui lui avait fait partde la sinistre réponse que donnaient les victimes ; etc'était d'après le témoignage <strong>du</strong> devin qu'il parlait.Alexandre se hâta de l'interrompre, et irrité, autantque confus, de voir mettre au jour une faiblesse qu'ilavait cachée, il fit appeler Aristandre. Dès qu'il fut entré,fixant sur lui son regard : « Ce n'est pas commeroi, lui dit-il, c'est comme particulier que je t'ai ordonnéun sacrifice : pourquoi donc révéler à un autre qu'à moice qui m'était présagé ? Erigyius, par ton indiscrétion ,a connu mes secrets et le fond caché de ma pensée : etc'est, j'en suis sur, sous l'influence de ses craintes, qu'il


8ciQ. CURTll EUFI LIB. VILces f quid ex extis cognoveris ; ne possis infîcîari dïxïsse,quae dixeris. »Ule exsaoguis, atlonitoque similis stabat, per metumetiam voce suppressa : taedemque eodem metu stimulante,ne régis exspectationem moraretur :ce Magni, inquit,1 abolis, non irriti discrïmen ïnstare praedixi; necmea ars, quam benevolentia me perturbât. Infirmitatemvaletudinis tuoe video, et quantum in uno te sit, scio.Vereor, ne praesenti fortunae tu» suffîcere non possis. »Rex jussum confidere felicitati su» remisit : sibi enimad alia gloriam concedere deos.Consultanti deinde cum iisdem f quonam modoflumentransirent, supervenit Aristander, non alias lœtiora extavidisse se affirmans, utique prioribus longe diversa : tumsôllicitudinis causas apparaisse; nu ne prorsus egregielitatum esse. Ceterum quae subinde nunciata sunt régi,continu» felicitati rerum ejus imposuerant labem. Menedemum,ut supra dictum est, miserat ad obsiden<strong>du</strong>mSpitamenem, baetrian» defectionis auctorem : qui, compertohostis adventu, ne mûris urbis iecluderetur, simulfretusexcipi posse,qua venturum sciebat f conseditoccultus. Silvestre iter aptum insidiis tegendis erat : ibiDahas condidit. Equi binos armaios vehunt, quorum in-


QMNTE-CURCE, LIV. VII. 81craintes, qu'il fa fait prononcer k réponse des dieux.C'est à moi mainteûant qu'il faut répondre; c'est moi quite somme de me déclarer, aussi clairement qu'il se peut,ce que font fait connaître les en! rail les tirs vieturuN,afin que tu ne puisses plus ensuite renier tes paroles. •>Aristandre demeurait immobile et interdit: la frayeurlui a va i I èiè j usq i l'à 1 a pa ro le; niais cette fra y e u r mêmeeeda enfin a la crainte plus pressante de faire attendre le11 > 1. • * Ce c] 11 e j'a i a 11 n OIK:C , d i t> il, et v s r c| 11 e IV11 i re p r 1 seserait périlleuse, non qu'elle serait sans sucées ; et c'estmoins ma science qui fait ici nies inquiétudes., que mon; 111 a ch emen t à ta pe rso 1111 e, J e vois ta santé al l r m •, e t. j esais qu'en toi seul sont tontes nos ressource*; nia cramteest que tu ne puisses suffire à ta situation préseule. » Leroi le renvova, en l'engageant à se lier à sa fortune : h\sdieux , en effet, avaient encore pour lui de la gloirerit reserve y.€0111111 e il d é 11 béra 11 t a 1 s u 11 e a ve< • les mêmes c o n s e 11 -1er s sur les moyens de passer le fleuve, Aristandre revint,assurant qtfil n'avait jamais vu d'entrailles phi-.favorables: cette fois elles étaient bien différentes des premières.Alors s'étaient, manifestés des sujets d alarmes ;ma in tenant le sacrifiée n'annonçait rien que de propice,Le peu da n t des nouvelles furent apportées peu après auroi, qui mêlaient quelque ombre à leebtf de ses continuellesprospérités. 11 avait envoyé* Ménedème, a nosq 11 * o 11 Ta d i t p t n s liant, po 1 i r a s s i é^e r .S p i I a 111 e 11 es , a 11 -leur


82 Q. CURTI1 RUFI L1B. VII.vicem singuli repente desiliunt, et equestrls pugnae ordinemturbant : equorum velocttati par est hominumpernicitas.Hos Spitamenes saltum circumire jussos pariter et alateribûs, et a froute, et a tergo hosti ostendit. Menedemusundique inclusus, ne numéro quidem par, diutamen restilit, clamiians, nihil aliud superesse locorumfraude deceptis, quam honestae mortis solatium ex hostiumcaede. Ipsum praevalens equus vehebat, quo saepiusin cuneos Barbarorum effusïs habenis evectus, magnastrage eos fuderat. Sed quum unum ornées peterent,multis ¥ulneribus exsaoguis Hypsiden quemdam ex amicishortatus est, ut in equum suum ascenderet, et sefuga eriperet. Haec agentem anima defecit, corpusqueex equo defluxit in terram.Hypsides poterat quidem effugere; sed f amisso amico,mori statuit : uoa erat cura, ne inultus occideret. Itaque,subdilis calcaribus equo, in medios hostes se immisit,et memorabîli édita pugna obrutus telis est. Quo<strong>du</strong>bi ¥idere, qui caedi supererant, tumulum paulo, quamcetera f editiorem capiunt : quos Spitamenes famé in deditionemsubacturus obsedit. Cecidere eo prœlio peditumII millia, ccc équités. Quam cladem Alexander so-


QUiNTE-cumcE, uv. vn. mbois et propre à couvrir une embuscade ; il y cacha desDahiens. Leurs chevaux portent chacun deux hommesarmés f qui, tour-à-tour, sautent subitement à terreet vont jeter le désordre dans les rangs de la cavalerieennemie : l'agilité des hommes égale celle deschevaui.• Spitamenès , qui leur avait ordonné de se répandreautour <strong>du</strong> bois, les <strong>mont</strong>ra tout à coup à l'ennemi 9 attaquéà la fois en flanc, en tête et en queue. Ménédème fenveloppé de toutes parts, malgré l'infériorité <strong>du</strong> nombrene laissa pas de faire une longue résistance. 11 criaitsans cesse à ses soldats que, trompés par un terrain perfide,il ne leur restait plus que de chercher dans le sang,ennemi la consolation de mourir avec gloire. Monté surun coursier vigoureux, il s'était plusieurs fois élancé àbride abattue dans les rangs des Barbares, et en avaitfait un carnage épouvantable : mais comme tous lestraits étaient dirigés contre lui, épuisé bientôt par sesnombreuses blessures, il engagea un de ses amis, nomméHypsides, à <strong>mont</strong>er à sa place et à prendre la fuite. Aumilieu de ces paroles, la vie l'abandonna, et son corpsroula à bas de son cheval sur la terre.Hypsides pouvait aisément s'échapper en fuyant;mais, après la perte de son ami, il aima mieux mourir,et n'eut plus qu'une seule pensée, celle de ne pas tombersans vengeance. Pressant alors les flancs de son cheval fil se précipita au milieu des ennemis, et après des prodigesde valeur périt sous une grêle de traits. A cettevue, ceux qui avaient échappé au carnage se retranchentsur un tertre qui s'élevait à quelque hauteur au dessus<strong>du</strong> champ de bataille; mais Spitamenès alla les assiéger,pour les contraindre à se rendre par la famine. Dans6.


34 Q. CUET11 MJFI LIB. VILlerti consilto texit, morte denunciata iis f qui ex prœliovénérant, si acta vulgassent.¥111. Ceterum quum animo disparem vultum diutitisferre non posset, in tabernaculum super ripam iuminisde in<strong>du</strong>stria locatum secessit. Ibi sine arbitris singulaaoimi consulta pensando f noctem vigïliis extraxit, saepepellibus tabernaculi allevatis, ut conspïceret hostiumignés, e quibus conjectare poterat, quanta hominummultitudo esset. Jamque lux apparebat, quum thoracemin<strong>du</strong>tus procedit ad milites, tum primum post vulnusproxïme acceptant, Tanta erat apud eos ?eneratio régis,ut facile perieuli, quod horrebant, cogitationem praesentiaejus excuteret. Laeti ergo, et manantïbus prae gaudiolacrymis, consalutaut eum, et, quodante reeusaverant,bellum féroces deposcunt. Ille, se ralibus equitem pbalangemquetransporta turu m esse f pronunciat; superutres jubet nare levius armatos. Plura nec dici res desideravit,nec rex dicere per valetudioepi potuit.Ceterum tanta alacritate militum rates juncte sont,ut in tri<strong>du</strong>um ad XII millia effectae sint. Jamque ad transeun<strong>du</strong>momnia aptaverant, quum legatï Scytharum xx,more geotis per castra equis veeti, nuociari jubent régi,velle ipsos ad eum mandata perferre. Admissi in tabernaculum,, jusaïque considère, in vultu régis defixerant


Q1ÎINTE-CURCE, UV. VII.cette rencontre périrent deux mille fantassins et troiscents cavaliers. Alexandre, par des raisons de prifd«noe ftint cette défaite cachée, menaçant de la mort ceux quit • f a i e î 11 re \ e « n s cl» eo m b a t, s i I s e ri ( ) u 1 > ! i a i e 111 les clé t a ils,\ III. Las à la tin de <strong>mont</strong>rer un visage en désaccord. i v ce 1 *é I a t i 1 e son à m e, i I se re l i r a cl a i î s sa tente, pi a eeeà c I ess e m suri e 1 î O rcl <strong>du</strong> 1 le 11 v e. Là, pesant sans t cm o 111les cl i itère Iî tes résolutions c| n i se succédaient dans sonespnt, il veillait la nuit entière: souvent il levait lespeaux de sa tente pour contempler les feux des en nenus,et juger par là <strong>du</strong> nombre de leurs guerriers. Déjàk'jour paraissait, lorsque, revêtu de sa cuirasse, il seiïiOïilra à ses soldats pour la première fois depuis sa dernièreblessure. Ils portaient à leur roi une* si grande vénération, que sa présence dissipa sans peine l'idée cléspérils qu'ils redoutaient. Pleins d'allégresse et versantîles larmes de joie, ils le saluent- de leurs hommages,et cieroaiiclent à grands cris la guerre, à laquelle,S5peuauparavant , ils s'étaient refuses. Il leur déclare alorsqu'il va transporter la phalange et sa cavalerie sur desr,: t ( ! e aux . peu tl a ni: que les trou pe s I eg è res p a s s e r o t » t à 1 anajze sur des outres. Il n'était pas besoin d'en cl ire da-Nantage, et sa santé même ne lui permettait pas un pluslung discours.Les soldats travaillèrent aux radeaux avec tant d'ardeur,qu'au bout de trois jours on en eut construit jusmia douze mille. Déjà tout était prêt pour le passage,lorque vingt députés des Scythes entrèrent, selon l'usagede leur pays, à cheval dans le camp, el tirent annoncer•iu roi qu'ils avaient une mission à remplir auprès de lui.\dmis clans sa tente et invités à s'asseoir, leurs regards'Client fixés sur le visage tV \le\andre; sans cloute, pour


86 Q. CUETO RUFI L1B. VILoeulos; credo , quia magnitudine eorporis animum aestimantibusmodicus habitus haudquaquam fam» par videbatur.Scythis autem nou, ut ceteris Barbaris, rudis et inconditussensus est : quidam eorum sapientiam caperedicuntur, quantamcunque gens capit seroper armata.Sicque locutos esse apud regem memoriœ prodïtutn est :abhorrent forsitan moribus nos tris, et tempora et ingéniacultiora sortitis ; sed ut possit oralio eorom spernt,tamen fides nostra non débet; quae f utcunque traditasont, ineorrupta perferemus. Igitur unum ex bis maximumnatu ita locutum accepimus :« Si dii habituai corporis lui aviditatt animi- paremesse voluissent, orbis te non caperet : altéra manu Orientera,altéra Occidentem contingeres; et hoc assecutus,scire velles, ubi tanti numinis fulgor conderetur. Sicquoque concupiscis, quae non capis : ab Europa petisÂsiam; ex Âsia transis in Europam : deinde, si humanumgenusomne superaveris f cum silvis, et nivibus, etfluminibus, ferisque bestiis gesturus es bellum. Quid tu,ignoras arbores magnas diu crescere, una hora exstirpari?Stultus est, qui fructus earum spectat, altitudinemnon metitur. Vide ne f <strong>du</strong>m ad cacumen pervenire confondis,cum ipsis ramis ? quos comprehenderis, décidas.


QUïNTE~CtJRCE f LIV. VIL 87des hommes accoutumés à juger la grandeur de l'âmepar les proportions <strong>du</strong> corps, sa taille médiocre semblaitmal répondre à sa renommée..Les Scythes, au reste, n'ont pas, comme lès autres Bar»tares f l'esprit grossier -et sans culture : il en est, dit-on ,parmi eux, qui ne sont pas étrangers aux maximes dela sagesse, autant <strong>du</strong> moins qu'elle peut se rencontrerchez une nation toujours armée. Voici, d'après ce queIon rapporte, comment ils parlèrent au roi. On trouverapeut-être leur éloquence bien étrangère à nos mœurs,qui ont l'avantage d'un temps et d'une civilisation pluséclairés; mais le mépris qu'on pourra faire de leur discoursne doit pas s'étendre à la fidélité de l'historien, quirecueille les traditions quelles qu'elles soient, sans lesaltérer. U a, dooc été raconté que Fun d'eux, le plu$avancé en âge, s'exprima en ces termes :«Si les dieux eussent voulu égaler la grandeur de toncorps à l'avidité de ton esprit, l'univers ne te contiendraitpas : d'une main, tu toucherais l'orient, de l'autrel'occident; et, parvenu à ce terme, tu voudrais savoir oùvont se cacher les feux de l'astre puissant qui nouséclaire. Tel que tu es, ta désires ce que tu ne peux embrasser!De l'Europe tu vas en Asie, de l'Asie lu passesen Europe; et lorsque enfin tu auras mis sous tes lois,toute l'espèce humaine, tu iras sans doute faire la guerreaux forêts, aux neiges , aux fleuves et aux bêtes sauvages.Eh quoi ! ignores-tu que les grands arbres sontlong-temps à croître, et qu'une seule heure les déracine?11 n'y a qu'un fou qui en considère les fruits, sans en mesurerla*hauteur. Prends garde, en cherchant à atteindreleur cime, de tomber avec les branches mêmes que tu au-


88 Q. CURT1I EUFI LIE. VILLéo quoque aliquando minimarum avïum pabulum fuit ;et ferrum rubigo consumit : nihil tara firmum est, cuïperieulum non sit etiam ab ievalido. Quid nobis tecumest? oufiquam terram tuam attigimus. Qui sis, unde renias,licetne ignorare in vastis silvis ¥Ï¥entibu§? necservire ulli possumus; nec imperare desideramus. Doeanobis data sunt, ne Scytharum gentem ignores, jugumboum 9 aratrum f hasta, sagitta et patera : fais utimur etcum atnicis, et ad versus inimicos. Fruges amicis damusboum labore quaesitas; patera, cum bis vinum diis libamus;inimicos sagitta eminus ? hasta cominus petimus :sic Syrï» regem, et postea Persarum Medorumque superavimus,patuitque nobis iter usque in JEgyptum.ce Ai tu, qui te gloriaris ad latrones persequeodos¥enire ? omnium gentium , quas adisti f latro es. Lydiamcepisti, Syriam occupasti, Persidem tenes f Bactrianoshabes in potestate 9 Indos petisti; jam etiam ad pecoran ostra avaras et instables manus porrigis. Quid tibi divitîisopus est, quae te esurire cogunt? frirons omniumsatietate parasti famem; ut, quo plura haberes â acrius,quae non habes, cuperes.« Non succuriït tibi, quam diu circum Bactra haereas?clum illos subigis, Sogdiani bellare cœperunt; bellum


QUINTE-CURCE, LIV. VIL %ras saisies. Le lion lui-même a été quelquefois la pâturedes plus clîétîfs oiseaux ; et le fer a la rouille qui le de*vore. Rien de si fort qui n'ait à craindre quelque dangerde l'être le plus faible. Qu'y a-t-il entre toi et nous?jamais nous n'avons mis le pied sur ton territoire : dansles vastes forêts où nous vivons , ne nous est-il pas permisd'ignorer qui tu es et d'où tu viens? Mous ne pouvonsêtre esclaves f pas plus que nous désirons êtremaîtres de personne. Veux-tu connaître la nation desScythes? ce qu'elle a reçu en partage se borne à unattelage de bœufs, une charrue 9 une ièche , une lance etune coupe. Mous avons là de quoi répondre â nos amis eta nos ennemis. Â nos amis nous donnons les biens quenous procure le travail de nos boeufs; la coupe noussert à offrir avec eux des libations aux dieux : quant ànos ennemis , nous les combattons de loin avec la flèche? de près avec la lance. Ainsi nous avons vaincu leroi de Syrie, et ensuite ceux des Perses et des Méfies: ainsi nous nous sommes frayés un chemin jusqu'enEgyptee Mais toi, qui te vantes de venir poursuivre des brigands,pour toutes les nations que tu as visitées, qu'estuautre chose qu'un brigand ? Tu as enlevé la Lydie, tut'es emparé de la Syrie, tu occupes la Perse, tu es maîtredelà Bactrîâïie, tu as pénétré dans les Indes; et voilàque tu étends jusque sur nos troupeaux tes mains avideset inquiètes. Qu'as-tu besoin de richesses, qui ne fontque te rendre plus affamé ? Tu es le premier chez qui lafaim soit née de la satiété ; plus tu possèdes 9 plus tuconvoites ardemment ce que tu ne possèdes pas.« As-tu donc oublié depuis combien de temps tu esarrêté à la conquête de la Bactriane? Tandis que tu la


9oQ. CURTII RUFI L1B. VII.tibi ex Victoria nascitur : nam 9 ut major fortiorque sisquam quïsquam 9 tamen alieotgenam dominum pati- nemovoit. Transi modo Tanaira: scies, quam late pateant;nunquam tamen eonsequeris Scytlias : paupertas nostravelocior erit quam exercitus tuus, qui prœdam tôt nationumvehit. Rursus, quum procul abesse nos credes,videbis in luis castris; eadem velocitate et sequimur f etfugimus. Scytharum solitudines graeçis etiam proverbiisaudio eludi; at nos déserta, et liumano cultu vacua , magisquam urbes et opulentos agros sequimur.« Proinde fortunam tuam pressis manibus tene : lubricaest, necinvita teneri potest. Satubre coosilium sequens,quam praesens tempus, ostendit znelius,: impone felicitatituœ frenos ; facilius illam reges. Nostri sine pedibusdicunt esse fortunam, quaemanusetpennas tantum habet;quum manus porrigit, peonas quoque comprelienderenon sinit. Denique, si deus es, tribuere mortalibusbénéficia debes y non sua cripere : sîn autem liomo es fid quod es, semper esse te, cogita : stultum est eorummeminisse, propterquae tui obltvisceris. Quibus bellumnon intuleris, bonis amicis poteris uti : nara et fîrraissimaest inter pares amicitia ; et videntur pares, qui nonfecerunt inter se periculum virium. Quos viceris ? amicostibi esse, cave credas : inter dominum et servant


QUINTE-CimCE, UV. VIL 91soumets, les Sogdiens ont commencé à prendre les armes :la g11erre na11 |)ou 1 * 1:oî c 1 e Ia \'icioin*. Car tu as i > e a 11 è I r ele plus grand et le plus puissant; des hommes, personnene veut souffrir un étranger pour maître. Passe seulementle Tan aï s, tu sauras jusqu'où s'étendent, nos eon-I. r ce s : j a 111 a i s c e j >e n < ! a. n 111.1. 1 éa t î e i. n c i. ra s I e s Si • \ t i 1 e s ; n u l n ;j.'a 11 v re t


§a Q. CURTil RUFI LIB. VILnulla amicitia est; eliam in pace belli taineii jura servantur.« Jurando gratiara Scythas sancire f ne credideris; colendo6dem, jurant. Grœcorum ista cautio est, qui actaconsignant, et deos ievoeant; nos religionein in ipsa fidenovimus :qui non reverentur homines, fallunt deos. Nectibi amico opus est, de ciijus benevolentia <strong>du</strong>bïtes. Gelé*rum nos et Asiœ et Europe custodes habebis : Baetra ,lîisi dlvidat Tanais, eontingiraus; ultra Tanaïin usque adThraclam colimus; Ttiraciœ Macedoniam conjunctamesse fama est: utrlque iinperio tuo finitimos, tiostes anainicos velis esse ? considéra. » Haec Barbarus.IX. Contra rex fortuna sua, et cousiliis eorum se usurumesse respondet ; nam et fortunam f cui confîdat , etconsilium suadentium , ne quid temere et audacter facïât,secuturum; dimissisque legatis, in praeparatas rates efxercitumimposûit : in proris clypeatos locaverat, jussos ingenua subsidere, quo tutiores essent adversus ictus sagittarum.Post hos f qui tormenta inteaderedt, stabant;et ab utroque latere, et a fronte circumdati armatis :reliqui, qui post tormenta constiterant , remigem loricain<strong>du</strong>tum scutorum tesludine armati prolegebant. Idem


QU1NTÊ-CURCE, LIV. VILentre le maître et l'esclave nulle amitié n'est possible ;même au sein de la paix subsistent les droits de la guerre*« Et ne crois pas que les Scythes sanctionnent parle serment leur alliance : garder leur foi, c'est là poureux le serment. Ces précautions sont bonnes pour lesGrecs 9 qui apposent un sceau à leurs actes et invoquentle témoignage des dieux : la religion, c'est dans la fidélitémême à nos engagemens que nous la plaçons. Quine respecte pas les hommes, trompe les dieux. Et tu n'aspasbesoin d'un ami dont la bienveillance te serait sus*pecte. Au reste, tu trouveras en nous des sentinellesplacées à la porte de l'Asie et de l'Europe : sauf le Tandisqui nous en sépare, nous touchons à la Bactriane;.au delà <strong>du</strong> Tanaîs nous étendons nos demeures jusqu'àla Thrace, et la Thrace, dit-on, confine à la Macédoine-Voisins de tes deux empires, c'est à toi de voir si tunous veux pour ennemis ou pour amis, s» Ainsi parla leBarbare.IX. Le roi leur répondit qu'il s'en rapporterait à safortune et à leurs conseils : à sa fortune y pour prendreconfiance en elle, à leurs conseils, pour ne rien faire detéméraireet de hasardeux. Les ayant ensuite congédiés ril embarqua son armée sur les radeaux qu'il a?ait faitconstruire. A la proue il avait placé une troupe armée deboucliers, avec ordre de se tenir à genoux pour se mieuxgarantir de l'atteinte des flèches. Derrière étaient ceuxqui devaient faire jouer les machines, protégés par devantet sur les côtés par des soldats; le reste, qui avait prisrang en arrière des machines, mettait à couvert les rameurs,revêtus eux-mêmes de cuirasses, sous leurs boucliersréunis en tortue. Le même ordre avait été observé9S


94 Q- CURT11 RUFi LIB. VILordo in illis quoque ratibus, quae equitem Ycfaebant servatusest : major pars a puppe nantes equos loris trahobat;at illos, quos utres stramento repleti vehebaet, objectserates tuebantur.Ipse rexcum deleetis primus ratem solvit, et in ripamdirïgi jussit: cuî Scythae admotos ordines equituon luprimo ripae margine opponunt, ut ne applicari quidemterrae rates possent. Ceterum praeter banc speeiem ripispraesidentis exercitus, ingens navigantes terror invaserat :namque cursum gubernatores, quum obliquo flumineimpellerentur, regerenon poterant; vacillantesque milites,et ne excuterentur solliciti, nautarum ministeriaturbaverant. Ne tela quidem conaii nixu vibrare poterant;quum prior standi sine periculo, quam hoslemincessendi, cura esset : tormenta saluti fuerunt ; quibusin confertos ac temere se offerentes haud frustra excussasont tela. Barbari quoque ingentem vim sagittarum in*fudere ratibus ; vixque ullum fuit scutum, quod non pluribussimul spiculis perforaretur.Jamque terrae rates applicabantur, quum acies clypeataconsurgit, ethastas certo ictu, utpote libero oixu fmittit e ratibus; et ut territos recipientesque equos videref alacres mutua adhortatione in terram desiliere.


QUIOTE-CURGE, L1V. VIL 95sur les radeaux.qui porrtaient la cavalerie: la plus grandepartie tenaient par la bride leurs chevaux, qui nageaientderrière la poupe: quant aux autres, c j u i si* soutenaient- u r des o u I res r e i n p ! î es de p \ et 11 e , Ses r a cl eaux (pu 111 a -re»'livraient devant eux leur servaient «le défense.Le i t> i , a v et; la t ro u p e d V b t e qui I a c eo î î I ] '> a g 11 a t1 1 nu tle premier son radeau en mousement, et commanda queiVn gouvernai vers Ta titre rive; niais en laee < le lui Hâtent,h-n Srvtlies, avee leur cavalerie, dent les ran^s s étaientavancés jusque sur le boni <strong>du</strong> lleuvr, de manière à einrèdierles radeaux de foneber même la terre. Troublésa l'aspect de cette année (pu domina il les rives <strong>du</strong> fleuve,k> Macédoniens avaient encore un antre ^rainl sujet de• rjiéiir; entraînes par' le courant, les boinmes places au•jomornail ne pouvait assurer leur marche, pendant que4e leur coté U:s soldais cliancelans, et craignant d êtrerrnvris« : s, truii filaient les ma ne ci ivres de béquipage.Avre tous leurs efforts , ils étaient me nie incapables de.!-meer leurs traits , plus oeenpes <strong>du</strong> soin de garder leur«•ifuiiibre que de faire <strong>du</strong> mal a IVnneim. (le lurent 1rsa ; a< bines < | f J i les sauvèrent., les traits (pi elles faisaientpleuvoir allant donner contre des escadrons serres etnm se- jetaient témérairement au devant des coups , neo:>!erent pas sans ellet. Les Jkirbares, de leur cote, envasèrentune qréle de liée lies sur les radeaux ; et a}i«m«* v eut-il un bouclier qui ne lui perce en plusieurs^ adroits.i )« *1 à les ra d ea u x t o u e 11 a i e n t i a t c r r e , I o i • sq u e la troupe,.autre de* boucliers, se lèse tout ensemble, et, libre alorsl:uis ses in ou ve meus ; la née ses javelots d une ma ni as-Mirée. Les cbevaux eff raves reculent ; pleins d'ardeur4 ieîte vue, ils s'encouraient mutuellement et s élan-


9Û Q. CURTI1 aUFl LU. ¥11.Turbalis acriter pedem inferre eœperiifit : equîtum deindetunme, quae frenatos habebant equos, perfregere Barbarorumaciem. Intérim ceteri agmine diraicantium tectîaptavere se pugnae. Ipse rex 9 quod vigoris f «gro adheccor pore f deerat, anïmi firmitate supplebat : ?ox adhortatifisnon poierat audiri 9 non<strong>du</strong>m bene ob<strong>du</strong>cta cicatricecervicis ; sed dimicantem cuncti videbant. Itaqueipsi qu'idem <strong>du</strong>cuin fungebantur officio ; aliusque aliumadhortati in hostem salutis immemores ruere cœperunt.TIIïïî vero non ora, non arma, non elamorem hostiumBarbari tolerare potuerunt ; omnesque effusis habeois(namque equestris acies erat) capessunt fugam : quosre% f quanquam vexationem invalidi eorporïs pati nonpoterat 9 per LXXX tamen stadia inseqni p&sewtmml»Jamque linquetite animo suis prscepit, ut 9 donec lucisaliquid superesset f fugieetium tergis inhaererenl: ipse,eihaustis eti&m animi vïribus f in castra se recepit, reliquumsubstitit. Transierant jam Liberi palris terminos ;quorum monumenta lapides erant crebris m 1er?ailis dispositï9 arboresque prœerae 9 quarum stipites hedera contexerat.Sed Macedonas ira longius provexit; quippemédia fere nocte in castra redïerunt, multis interfectis,pluribus captis, equosque MDCCC abegrre : ceciderunt au-


QUINTE-CURCE, LIV. VIL ' 97cent à terre. Le trouble était dans les rangs des Barbares; ils les chargèrent avec vigueur, tandis que ceuxdes cavaliers qui avaient leurs chevaux bridés, achevaientet rompre la ligne de Fetinemi. Le reste de Farinéemacédonienne, à couvert derrière les troupes engagées,se préparait pendant ce temps au combat. Leroi lui-même suppléait par l'énergie de son âme à cequi manquait encore de forces à son corps malade. Savoix, qui les exhortait, ne pouvait se faire entendre, àcause de la cicatrice non encore fermée de sa tête : maistous le voyaient combattre. Aussi faisaient-ils eux-mêmesles fonctions de chefs; et, s'anîmant les uns les autres,sais prendre nul soin de leur vie, ils se précipitèrentcontre l'ennemi.Il fut alors' impossible aux Barbares de soutenir leregard, ni le cri, ni les armes des Macédoniens; il n'yavait parmi eux que de la cavalerie, et tous prirent lafuite à bride abattue. Le roi, quoique incapable de supporterles souffrances de son corps affaibli, s'obstinanéanmoins à les poursuivre l'espace de quatre-vingtsstades. Se sentant à la fin défaillir, il ordonna aux siensîle s'attacher à la poursuite des fuyards, tant qu'il leurresterait un peu de jour. Pour lui, les forces même deson esprit étant épuisées, il rentra dans le camp et ydemeura. Déjà avaient été dépassées les bornes de Bacchus,marquées par des pierres placées de distanceen distance, et par de grands arbres dont les troncsétaient couverts de lierre, mais la fureur emporta plusloin les Macédoniens, et ils ne revinrent au camp quevers le milieu de la nuit, après avoir tué un grand nombreif ennemis et en avoir pris davantage. Ils ramenèrenten outre avec eux dix-huit cents chevaux : -leurm. 7


98 Q. CURT1I BUFI L1B. VILtem Macedooum équités LX ? pedites c fere; mille sauciifuerunt.Haec expeditio deficientem magna ex parte Asiamfama tam opportunae victoriae domuït : invictos Scythasesse crediderant ; quibus fractis nullam geûteoi Macedonuinarmis parcm fore confitebantur. Itaque Sacae misèreIcgatos, qui pollicerentur, gentem imperata facturani. Moverat eos régis non virtus inagis, quaoi clementïain dcviclos Scythas : quippe captîvos oomes sine prctioremiserat, ut fidem faceret, sibi cum ferocissimis gentiumde fortitudine, non de ira fuisse certaraen.Bénigne igitur exceplis Sacarum legatis, comitein Excipinumdédit, admo<strong>du</strong>m juveneni , aetatis flore conciliatumsibi ; qui qitum specie corporis aequaret Hephaestionem, ei lepore haud sane virili par non erat. Ipse, Craterocum majore parte exercitus modicis itineribus sequijusso, ad Maracanda urbem perYenit; ex qua Spitamenes,cognito ejus adventu, Bactra perfugerat. Itaquequatri<strong>du</strong>o rex longum itineris spatium emensus, perveneratin eum locum, in quo, Meoedemo <strong>du</strong>ce, H milliapeditum f et ccc équités amiserat : horum ossa tumulocontegi jussit, et iuferias more patrio dédit Jam Craterus,cum phalange subsequi jussus, ad regem perveeerat: itaque ut omnes, qui defeccrant, pariter belli clade


QU1NTE-CURCE, LIV. VII. 99perle se <strong>mont</strong>a à soixante cavaliers et environ centhommes d'infanterie ; les blessés furent au nombre demille.Cette expédition f par la renommée d'une victoire remportéesi à-propos, remit sous le joug l'Asie en grandepartie révoltée. On regardait les Scythes comme invincibles, en les voyant défaits, on reconnut qu'aucune nationn'était capable de résister aux armes macédoniennes.Aussi les Saces envoyèrent-ils une députation, chargéed'apporter au roi leur soumission. Ce qui les y déterminait,c'était moins peut-être la valeur <strong>du</strong> prince, quesa clémence envers les Scythes après la victoire. Il leuravait en effet renvoyé tous leurs prisonniers sans rançon, pour <strong>mont</strong>rer qu'avec le peuple le plus belliqueux«le l'Asie, il n'avait point combattu par haine, mais avaitdisputé le prix <strong>du</strong> courage.Ayant donc reçu avec bonté les députés des Saces, illes fit accompagner par Excipinus, jeune homme quiavait gagné sa faveur par les grâces de son âge, égal enbeauté à Héphestion, quoiqu'il fût loin d'avoir sa mâleprestance. Pour lui, laissant l'ordre à Cratère de le suivreà petites journées avec la plus grande partie de l'armée,ilserenditàMaracaude. Spitamenès, à la nouvelle desonarrivée, avait quitté cette ville et s'était réfugié à Bactrès.Après avoir parcouru en quatre jours une grandeéten<strong>du</strong>e de pays, le roi parvint au lieu où avaient périles deux mille fantassins et les trois cent chevaux confiésau commandement de Ménédème : il fit mettre leursossemens dans la tombe et paya à leurs mânes le tributaccoutumé des honneurs funèbres. Déjà Cratère, qui,par son commandement, marchait derrière avec la phalange,avait rejoint le roi. Pour faire alors peser égale-7-


IOOQ. CUET11 RU FI L1B. VU.premerentur, copias dividit; urlqye agros, et interficipubères jussit.X. Sogdiana regio roajori ei parte déserta est : octingentafere stadïa in latitudinem ¥ast« solitudines tenent.Ingens spatium rectae regionis est, per quam amnis, Pi>lyêimetumvocant incol», fertur torrens : eum ripa intenuem alveum cogunt; deinde caverna accipit, et subterram rapit. Cursus absconditi indicium est aqua meantissonus; quum ipsum solum, sub quo tantus amnisfluit, ne modico quïdem resudet humore.Ex captivis Sogdianorum ad regem xxx nobilissimi ,corporum robore esimio f per<strong>du</strong>cti erant; qui ut per interpretemcognoverunt, jussu régis ipsos ad suppliciumtrahi, carmen laetantium more cancre ? tripudiisqueetlascivioricorporis motu gaudium quoddam animi oslentarecœperunt. Admiratus rex, tanta magnitudine animi oppeteremortem, re¥ocari eos jussit, causam tam effosae laetitiae,quum supplicium ante oculos haberent, requirens.Illi ,.si ab alio occiderentur, tristes morituros fuisse, respondent;nunc a tanto rege, victore omnium gentiuei,majoribussuis redditos ? honestam mortem, quam fortesviri ¥Oto quoque expeterent f carminsbus sui moris laetitiaquecelebrare. Tum rex: ce Quaero itaque f inquit, an


QUINTE CUEOE, LIV. VIL 101ment les.maux de la guerre sur tous ceux qui avaientpris pari à la révolte , il divisa se* troupe , et. donnai ordre de brûler les campagnes et de «lettre a mort toutet' qui était clans î âge de l'adolescence.X. La Sogdiane est une contrée presque pari oui déserte; de vastes solitudes v occupent: en largeur prèsîle huit ce ni s stades. Un espace considérable, de pa\s*>t Ira verse en d roi le Iteaie j>ar un fleuve, que les 11 a I > 1 -fansont nommé Polvlimrtns, et qui roule avec la rapiditéd un torrent. Messerre' par ses rives en un lit étroit,il entre ensuite dans une caverne et se précipite sonsU rre. Là, son invisible cours nVst indique que par letaïut: île ses eaux, car le soi sous lequel roule un si tasu tdMeuve ne semble pas même [a aie Ire de Hui nudité la plus'e^ére.lYentc prison ni ta's se indiens de distinction , tous remarquablesp«'H- la rare vigueur de leur corps, avaienteu- amenés devant Alexandre. Avant appris de la honnieil un interprète, que, par Tordre <strong>du</strong> roi» ou les'rainait, au supplice, ils se mutait à entonner un chant4 allégresse, et a témoigner, par des danses et tir*s gestes«•xîravngans, la joie de leurs cœurs. Le roi, clou ne <strong>du</strong> transports< I e j o i e, 1 o r s < p l'il s avaient le supplice d e vaut 1 es ve 11 \.lu répondirent que, si un autre les eût fait périr, ilsseraient morts trist.es; mais que, ren<strong>du</strong>s à leurs aneé-= res par un si grand roi , vainqueur de toutes les nunous,ils allaient jouir d'une mort honorai)le, objet des'


io»Q. CU1TII RUFI LU. VU.vivere velitis non iaioiici inihi, cujus benefieio victuriestis? » Illi nunquam si inimicos ei; sed bello lacessitos,hostes fuisse respoodent : se quis ipsos beueficio, quaminjuria experiri maluisset, certaturos fuisse, ne viocereeturoffîcio, ïnterrogântique, quo pigoore fidem obligaturiesseot, vitam, quam acciperent, pigoori futuramesse dixeruot : reddituros, quaodoque repetissel. Necpromissum fefellerunt : nam , qui remissi cbnios ierant ,in fide continuera populaires; quatuor, iater custodescorporis retenti, nulli Macedonum io regem caritate cesserunt.In Sogdianis Peucolao cum tribus miilibus pedïtum(neque enim majori prœsidio indigebatj, relicto.,Bactra pervenit : inde Bessum Ecbatana <strong>du</strong>ci jussit, interfectoDario pœnas capite persoluturum.lisdem fere diebus Ptolemaeus et Menklas peditum triamillia, et équités mille ad<strong>du</strong>xerunt mercede militaturos.Alexander quoque ex Lycia cum pari numéro peditum ,et D equitibus venit: totidem e Syria Asclepiodorum sequebaotur;Antipater Graecorum vin millia, in queis Déquités eraot, miserat. Itaque exercitu aucto, ad ea, qoaedefectione turbataerant, compooenda processit,interfeclisqueconsternationis auctoribus, quarto die ad flumenOxum perYentum est :hic, quia limum vehit, turbï<strong>du</strong>s


QUINTE-CURCE, LIV. VILictfpromettez-vous de vivre sans haine poor moi, si vousu\ lis t eplepterentqu ils n'avaient jamais en de baine pour lut; niais que,provoques «à la ou terre, ils avaient ri.e ses ennemis. OurM on les avait nus à IVpivnvr par nv^ bienfaits plutôtijiiC par des outrages, ils eussent: essa\e (le ne pas se. in^ser vaincre en bons procèdes, l'A ru m me tl haïr demandaitquel na^e ils remipi.aient lui donner de leurl-nrhie ; « La vie que nous avons reçue oe ian sera ce,s»:e , repondirent-ds ; nous serons prêts a fr la rendreenand tu nous la redemanderai » ht ils tinrent leur pro~mr^ea (deux qui s'en retournèrent, dans leurs demeurestnaoïiinreiil leurs ecnuatoveiis dans 1 obéissance ; et lesanoire qui restèrent notîr prenc!re leur plare parmi leseurdes de la personne rovale, ne le eederent a aucunA-> Macédoniens en de\ tau tuent no nr \ le sandre. Apres'ooir laisse peu coin us dans la Sa relia ne avee Irois nul h*hommes (I infanterie, car une plus finie eatrntson n riait.;..is nécessaire, il ^n rend il a Intel res : de là il fil roiidnireIV^siN a hebalaue, pour lui faire paver de sa lète lea;î"jr;re de i Jariiis.Pudeiïîee et Menulas. vos le: meule temps , nniene-: ;-îit au roi trois nulle faniasons et. nulle elieoinx d* vagapes mercenaires. Alexandre a.iaa\a de la l/vrieavrc:


io4Q. CUETII RUFI LIfi. VILseonper, et insalubrîs est pote. Itaque puteos miles eoeperatfodere; nec taraen huraoalte egesta exsistebat humor,quum in ipso tabernaculo régis conspectus est fous,quem y qoia tarde notaverant, subito exstitisse finxeruut;rexque ipse credi voluit donum dei id fuisse.Superatis deinde amnibus Ocho et Oxo ? ad urbemMarginiam pervenit : circa eam vi oppidis condendiseleeta sedes est. Duo ad méridien! versa; quatuor, spectantiaorientem, modicis inter se spatiis distabant, neprocul repeten<strong>du</strong>m esset mutuuio auxilium. Haec omniasita sunt in editis collibus : tum velut freni domitarumgentium; nunc priginis suas oblita serviunt, qutbusimperaverunt.Et cetera quïdem pacaverat rex.XI. Una erat petra 5 quam Arimazes Sogdianus conixxxmiUibusarmatorumobtinebat y alimentis aete eoogestisjquae tantae.multitudini vel per biennium suppeterent.Petra in altitudinem xxx eminet stadia ; circumitu c et Lcomplectitur : undique abscissa etabrupta, semita peraugustaadstur. In medio altitudinis spatio habet specum ,cujus os arctum et obscurum est; paulatim deinde ulteriorapan<strong>du</strong>ntur; ultima etiam altos recessus habent:fontes per totum fere specum manant; e quibus collât*aquse per prona <strong>mont</strong>is (lumen emittunt.


QUlNTE-CUmCE f L1V. VII.io5une graocie quantité de limoo , ce qui fait qu'il est tou-\a\ivs trou bit* et que FtMii en est malsaine. Les soldat^-e mirent donc à creuser des puils; mats, c j ï i o ï c [ 11 € * Ionlui entre dans la terre a une grande profondeur, on netrouvait point d'eau» lorsque soudain dans la tente niêitieau roi on découvrit une source. Connue elle n avait eîeeue tardivement reconnue, on prétendit qu'elle avait.ad h fout à coup; et le roi lui -m ci ne voulut faire croire;see retait le bienfait d un dieu.\vurit ensuite passé l'Orhus et l'Ovus, d arrive dentla ville de M arrime : on choisi I; dans les environsm placement convenable pour lia tir six forteresses,•ux lurent, tournées <strong>du</strong> cote <strong>du</strong> midi, et quatre <strong>du</strong> ente• ! orient : elles étaient à peu de distance les unes destxes « pour n'avoir pas a eh ère lier trop ban les secoursi elles devaient se prêter, l'on tes furent placées sur destolimes élevées: cela il alors connue un frein pour lespeuples conquis; aujourd'hui elles oui oublie leur on-.it)r et dépendent de ceux à qui elles on! commande.hait le pavs se trouva ainsi pacifie.XI. I-ft seul rocher restait occupe par le Sogrlien Artma/esavec trente nulle soldais et tics provisions de \ i-wvs suffisantes pour nourrir un si grand nombre dlioin-:Uf'< , meute pendant deux ans. (]v rocher a trente stadesae ban leur sur cent cinquante de circuit; taille à pic etpartout également escarpe, il n'est accessible que par unrtnui sentier. A ini-rote se trouve nia* caverne dontî entrée est étroite et obscure; mais, à mesure qiéon•îvanrr % elles élargit insensiblement ; au fond même elle


io6Q. CURT1I RUFI L1B. VILRei, loci difficultatespectata, statuerai iiide abire:cupido deînde iocessit anlmo, naturam quoque fatigaodi.Prios tamen, quam fortunam obsidionis experiretor, Cophan(Artabazi hic filius erat) misit ad Barbaros f quisuaderet ? , ut dederent rupein. Ariraazes, loco fretus fsuperbe multa respondit: ad ultimum^ an Alexander volarepossit, ieterrogat. Quae nunciata régi sic accendereaniraum, ut adhibitis, cum quibus coosultare erat solitus,indicaret insolentiam Barbarie eludentis ipsos, quiapennas non habereot: se autem proxima nocte effecturum? uX crederet Macedones etiam volare. «Trecentos ?inquit, pernicissimos juveees, ex suis quisque copiis ?per<strong>du</strong>cite ad rae ? qui per calles et pane iovias rupes domîpecora agere consueverint. »Illi prœstantes et levîtate corporum et ardore aniniorumstrenue ad<strong>du</strong>cunt; quos intuens rex: ce Vobiscum,inquit 9 o juvenes, et mei aequales, urbium iuvictarumaete munimenta superaYÎ; <strong>mont</strong>ium juga pereooi niveobruta emeosus sum; angustias Ciliciae intravi; lodiaesine lassitudine vim frigoris sum perpessus ; et mei documentavobis dedi, et vestri habeo. Petra, quam videtis,unum aditum habet, quem Barbari obsideot; cetera negligunt: nullae vigiliae sont, nisi quae castra nostra spectant.Inveoietis viam, si solerter rimati fueritis aditusferentis ad cacumen : nihil tam alte natura constiloit f


QUINTE-CURCE, LIV. VIL 107Le roi, après avoir reconnu les difficultés <strong>du</strong> lieu,a\;ut ivsolu de passer outre; mais bientôt le désir luivint de dompter la nature même. Toutefois , avant île1011 rit' les hasards d'un siège, il envova aux Barbaresi'.ophas, fils d'Artabazc, pour leur persuader de rendre] a p I a c e. À r i 1 n a zes, s e f î • 111 i a s a ] > es i I î c > 11, lui ré p o 1 J d i I:j m r 11 ii e f o u 1 e de pa rôles hautaines, et huit en c le 11 ta 1 î -da 11 i si Aie xa ri d r e po u v a 11 v o 1er. (les 1 n ois» l'a p p o rI* c san rot , le piquèrent an vif, et appelant auprès de luii - e u x ( j u ' i 1 a ( I i n e 11 a i I: cl 'o r c 1111 a i r e à ses eo 11 s e i I s . il I e ! 1 rlit connaître l'insolence <strong>du</strong> Barbare, qui osait les raillerparce cjtt ils n'avaient point d'à des. Mats „ a joui ait-il « i!i < ;» ni p t a i t , dès 1 a nu i t s m v a n te , le eo 1 1 va i n e re que; ! esMacédoniens savaient, au besoin, voler. « Amenez-moi,cit-d , trois cents jeunes i;ens des plus rtqdes, choisis


îO8Q. CURTII RUFI LU. VILquo virtus non possit eniti. Experiendo f quae ceteri desperaveriiQt,Asiam habemus in potestate. Evadite in caeumen; quod quum ceperitis, candîdis velis signum mihidabitis : ego copiis adinotîs hostem in nos a vobis coovertain.Pramium erit eï, qui primus occupaverit verticem,talenta x: uoo minus accipiet ? qui proximus ei venertt;eademque ad decem homines servabitur portio: certumautem habeo, vos non tam liberalitatem intueri meatn,quam voluntatem. »Hîs animis regem audierunt f ut jam cepisse verticemviderenttir : dimissique ferreos cuneos, quos inter saxadefigerent ? validosquefunes parabant. Rex circumvectuspetram y qua minime asper ac praeruptus aditus videbatur,secunda vigilia, quod bene verteret, iogredi jubet.Mi, alimentis in bi<strong>du</strong>um sumptis f gladiis modo atquehastis armati subire cœperunt. Ac primo pedibus ingressisunt : deinde, ut in praerupta perventum est, aliimanibus eminentia saxa complexi levavere semet, aliiadjectisfuniumlaqueis evasere, quum cuneos inter saxadefigerent, gra<strong>du</strong>s subinde queis insistèrent. Diem intermetum laboremque consumpserunt. Per aspera enixis<strong>du</strong>riora restabant, et crescere altiiudo pctrae videbatur:


QUINTO-CURCE, LIV. VII.10gn y a d'autres sentinelles que celles qui font face à notre€ ; i il î p, V o 11 s t ro 11 ve rey, un p a s s a g t •, si v o us s a v e y, a d roi -îeinent reconnaître lotis les abords (pu mènent au sommet: la nature ifa rien placé si liant que le coi initie nepuisse v atteindre. C'est pour avoir tenté ce qui a faitle désespoir des an 1res, ipie nous soin nies devenus lesneutres de 1 Asie. Ciagnez le sommet: lorsque vous vMTez parvenus » des pavillons blancs que vous agiterez? î i e o ( 1 o 1111 e ï *o i î t 1 e signal. J a p p r oc h e ra i al ors a v t * r nostroupes, et j attirerai sur moi l'effort de l'ennemi t oui* né*routre vous. Celui qui aura le premier touche à la cuiteaura dix ht le us de récompense; le second arrivé en ai n'aan de moins,-et la même proportion sera observée jusqu'audixième. Mais, jeu suis convaincu, mes largesse-,uni moins de prix puer vous que ma bienveillance. »A voir l'enthousiasme qu ils <strong>mont</strong>rèrent en entendantle roi , on eut cru qu'ils étaient déjà an sommet de la<strong>mont</strong>agne. Il les congédia, et leur occupa taon fut de »eprocurer de grosses eonh s avec des coins de fer pour•'T;foncer entre les pierres. Le roi , après avoir fait leîjair cl i j rocher , leur désigna I endroit on le chemin seni-I:laiî le rnoins rude et le moins esiarpé, et , a la secondeveille, leur ordonna de se mettre en marche, eu leursouhaitant un heureux su (ans. Pourvus de vivres pourM eux jours et armes seulement de leurs epees ci: de leursbiques, ils commencèrent à mouler. I) abord ils ne s aidèrentque de leurs pieds; mais quand ils fureur parvenusaux endroits escarpes, les uns se hissèrent ennu brassant de leurs mains les pointes saillantes des roehrrs; les antres grimpèrent a l'aide 1 de leurs cordes.Vitaebées en moud coulant, et de leurs et un s qu'ils fichaiententre les pierres pour y appuyer de moment en momentL^


noQ. CURTII RUFI LIB. VILilla ¥ero miserabilis erat faciès, quum ii, qoos inslabllisgradtisfefellerat,expraecipiti devolverentur;mox eademin se patiencla alieoi casus oslendebat exemplum.Per bas tamea difficultates enituntur in verticem monlis:omoes faligatione continuait laboris affecti; quidammulctati parte membrorom : pariterque eos et nox etsomnus oppressit. Stratis passini corporibus in invîis etin asperis saxorum, periculï instantis obliti, in luceniquieverunt : tandemque velut ex alto sopore excitati,occultas subjectasque ipsis valles rimantes, igoari ? inqua parte petrae tanta vis hostium condita esset f fumumspecus infra se ipsos evolutum ootaverunt. Ex quo intellectumest, illam hostium latebram esse:itaque hastisimposuere, quod convenerat, sigeum; totoque e numéro<strong>du</strong>os et xxx in asceosu interiisse cognoscunt.Rex, non cupidine magis potiundi loci quam vicemeorum,quosad tam manifestum periculum miserat, sollicitas,toto die cacumina <strong>mont</strong>is intuens restitit; noctudemum, quum obscuritas coospectum oculorum ademisset,adcuran<strong>du</strong>m corpus recessit. Fostero die non<strong>du</strong>eisatis clara luce primus vêla, signum capti verticis,


QU1NTE-CURCE, LIV. VU. . mleurs pas, lis passèrent ainsi le jour entier entre la crainteet la fatigue. Après de si pénibles efforts, le plus rudeleur restait encore à faire , et la hauteur <strong>du</strong> rocher semblaits'accroître. C'était un triste spectacle de voir lesmalheureux, sous qui se dérobaient leurs pieds chancelans,rouler <strong>du</strong> haut en bas 9 et offrir à leurs compagnonsl'image <strong>du</strong> sort cruel qui les attendait euxmêmes.Cependant, à travers ces difficultés, ils arrivèrent enfinau sommet de la <strong>mont</strong>agne, tous accablés par la fatigued'un effort aussi continu, quelques-uns privés d'une partiede leurs membres :1a nuit et le sommeil vinrent en mêmetemps les surprendre. Éten<strong>du</strong>s çà et là au milieu des précipiceset sur le pointes aiguës des rochers, oubliant ledanger qui les menaçait, ils reposèrent jusqu'au jour. Ala fin, ils sortirent de ce profond sommeil, et comme ilstâchaient de découvrir, parmi l'enfoncement des valléesqui étaient à leurs pieds, où pouvait être renfermé unnombre d'ennemis aussi considérable, ils remarquèrentde la fumée qui sortait d'une caverne située au dessousd'eux. Ils comprirent que c'était là la retraite de l'ennemi, et s'empressèrent de placer au bout de leurs piquesle signal convenu. C'est alors qu'ils reconnurent que,de leur détachement, trente-deux hommes avaient péridans la <strong>mont</strong>ée.Le roi, qui n'éprouvait pas plus de désir d'être maîtrede la place, que d'inquiétude sur le sort des hommes qu'ilavait envoyés à un danger si manifeste, demeura toutle jour les yeux fixés sur le sommet de la <strong>mont</strong>agne :ce ne fut qu'à la nuit, lorsque l'obscurité fut venue toutdérober à ses regards, qu'il se retira pour prendre quelquerepos. Le lendemain, quand la clarté <strong>du</strong> jour était


itaQ. CURTII RUFI LIB. VILconspexit : sed ne falleretur acies, <strong>du</strong>bïtare cogebat varietascœli, nunc interoïtente lucis fulgore, nuoc condito.Verum ut liquidior lux apparuit cœlo, <strong>du</strong>bitatioexempta est; vocatumque Cophan, per quem _ Barbarorumanimos tentaverat, mittit ad eos, qui moneret, nuocsaltem salubrius consilium ioirent : sin autem fi<strong>du</strong>cialoci persévéraient, ostendi a tergo jussit, qui ceperantverticem.Cophas admissus suadere cœpit Ârimazi, petram tradere,gratiam régis inituro, si tantas res molientem inunius rupis obsidione haerere non coegisset : ille, ferociussuperbiusque, quam antea locutus, tbire Cophanjubet. At is prehensum manu Barbarum rogat, ut secumextra specum prodeat: quo impetrato ? juvenes in cacumineostenditf ejusquesuperbiœhaud immerito illudens,pennas ait habere milites Alexandri. Jamque e Macedonumcastris signorum concentus, et totius exercitus clamoraudiebatur.Ea res-, sicut pleraque belli vana et mania,Barbares ad deditionem traxit; quippe oeeiipalimetu, paucitatem eorum, quia tergoeraet, aestimare noopoterant. Itaque Cophan (nam trépidantes reliquerat)streoue revocant; et cum eo xxx principes mittunt, qui


QUINTE-CU1CE, LIV. VIL • niencore douteuse, il vit flotter le premier les signaux quiannonçaient que le soniniet tle la <strong>mont</strong>agne riait: occupe;niais il cloutait si ses veux ne le I roui pu i eut pas, à Taspeetchangea n t cl u ciel, q u i t a n 1 ô I laissait ce 11 a p p e r q 11 e I -q 11 es r a y o n s <strong>du</strong> j o u r, tant o t se cou v r a i t de nuages. Maislorsqu'une lumière pins transparente vint éclairer l'horizon,il ne lui resta plus aucun doute. Appelant alors€o p il a s , d ont il s" é t a i t s e r v i a u p rè s < 1 es E a r h a r r s a lin cl.r*soucier leurs dispositions , il le leur envoie de nouveaupour leur conseiller de prendre cette fois <strong>du</strong> moins unepi 11 s sa g e r ésol ulton : que si, t o u j o 11 r s e oui î a n s en leurposi t i o 11, ils pe rs i s ta ie n t dans leur re 11 i s , il ï t \*i va i. t q u 'àleur m o n I rer c 1 e r i • i è r< à e u x s e s sel d a t s , maîtres <strong>du</strong> s o 111 -met de la <strong>mont</strong>agne.Co plias, quand on l'eut intro<strong>du</strong>it, eo in n i c n ça h e n g a -


n4Q. CUETII RUFI LIB. VII.petram tradant, et, ut incolomibus abire liceat, paeiscantur.Ille qûanquam verebatur, ne, conspecta juveoum pau-,citate, deturbarent eos Barbari, tamen 9 et fortunae -suaeconfisus, et Ârimazis soperbiae infeesus f nullatn se eooditionemdeditionis accïpere respondit. Arïmazes, desperatismagis quam perditls rébus, cum propinquis nobïlissimïsquegentïs suae descendit in castra : quos omnesverberibus affectos sub ipsis radicibus petrae crucibusjussit affigi. Multitudo dedititiorom incolis novarumurbium cum pecunia capta dono data est : Ârtabaztis inpetrae regionisque, quaeapposita esset ei, tutela relictus.


QUINTE-CURCE, LIV. ¥11.font partir avec loi trente de leurs chefs pour rendre lerocher, à condition qu'ils en sortiront la vie sauve.Alexandre, quoiqu'il craignît que les Barbares ne reconnussentla faiblesse de son détachement et le culbutassent? s'assurait cependant en sa fortune, et, indignéqu'il était de l'insolence d'Arimaze, il leur réponditqu'il ne voulait entendre aucune condition. Arimaze,sans espoir plutôt que sans ressources, descendit aucamp avec ses proches et les plus distingués de sa contrée: tous furent, par l'ordre <strong>du</strong> roi, battus de vergeset mis en croix au pied de la <strong>mont</strong>agne. La foule, quis'était ren<strong>du</strong>e à discrétion, fut donnée en présent auxhabitons des nouvelles villes, avec l'argent <strong>du</strong> butin : Artabazefut nommé gouverneur <strong>du</strong> rocher et <strong>du</strong> pays quien relevait.nS8.


NOTESDU LIVRE SEPTIÈME.i. Dénoncé^ comme nous tapons dit plus haut—Ut supra dktumest. Voir le Supplément de Freinshemius, Evre IX , ehap. 7-17.a. Il avait aussi apporté des lettres pour les autres Heuiemms.Il y a lieu de soupçonner ici quelque altération dans le teste,peut-être l'interpolation de ce dernier membre de phrase.3. Cyrus. Efaerfaïc, bienfaiteur.4. La mer des Indes. Je ne fois d'autre moyen que celui-làde tra<strong>du</strong>ire primo dans cette phrase , et d'en mettre le premiermembre en rapport avec ce qui suit.5. Les Barbares appelaient siri des greniers souterrains. —Siros, eiipauc. N ©us les appelons aujourd'hui des silos.6. Quand la ville fut prise , il la livra à la juste fureur diurnetrompe choisie de soldats macédoniens. Le texte parait ici altéré 9et il y a de grandes ¥ariâtions dans les différens manuscrits.7. Mlle en fait partie. Il est inutile d'âYertir le lecteur que noosvoilà ici en un de ces endroits où la géographie confuse deQuïnteXurce lait le désespoir des commentateurs.8. Nous <strong>mont</strong>rons que partout noms sommes invincibles. —Qmis <strong>du</strong>èitaèit patere etiam Eumpam victonêus? Cette leçon îadoptée par les autres éditeurs de Quinte-Curce $ me semble préférableà celle que propose M. Lemaire (parère), et surtout bienmieux en rapport avec ce qui suit.


NOTES DU LIVRE VIL 117g. De la gloire en réserve» — Stbi enim ad alia gforiam cornéeêemdms.« Ce passage, dit tm commentateur y est enveloppé desténèbres cimmérieiuiês ; » et pour les dissiper, il propose une explicationinadmissible. D'autres s'é?crtsent à changer le teite y «pipourtant 9 à ce qu'il nous semble, se prête assez naturellement ausens que nous avons adopté.


mtmmmmfmt %«*«%«•%««Q. CURTII RUFIDE REBUS GESTISALEXANDRI MAGNIREGIS MACBDOWPMLIBER OCTAVUS.I. ALEXAMDER, majore fama quam gloria in ditioeemredacta petra , quum propter vagum hostem spargeedaemanus esseot, in très partes divisit exercitum. Hephaestioeemuni, Cœoon alteri <strong>du</strong>ces dederatripse ceterisprseerat. Sed non eadem mens omnibus Barbaris fuît :armis quidam subacti; plures ante certamen imperatafecerunt f quibos eorum, qui in defectione perseveraverant,urbes agrosque jussit attribui. At exsuies bactrianicum DCCC equitibus Massagetaruui proximos ¥icos Yastaverunt: ad quos coercendos Attinas, régionïs ejus praefecSus,CGC équités, insidiarum, quae parabaotur, ignarus,e<strong>du</strong>xit. Namque hostis in silvis, quae eraot forte


m %%•«•-*»•%%%»w*»


laoQ. CUETil RUFI LIE. VIII.campo junctae, armalum militem condidit, paucis propellentibuspeeora, ul improvi<strong>du</strong>ni ad iosidïas praedaper<strong>du</strong>ceret. Itaque ineomposito agmine, solutisque ordinibusAtlinas praedabun<strong>du</strong>ç sequebatur ; quem praetergressumsilvam, qui in ea considérant > ex improfisoadorû, cum omnibus iniereraierutiiCeleriter ad Grateruin liujus c|adis fama perlata est ;qui CUîîî omni equïtatu super¥enit : et Massagetae quidemjam refugerant; Dah» mille oppressi sunt : quorumclade totius regionis fînita defectio. Âlexaader quoque9 Sogdianis rursus subactis* Maracanda repetit : îJbiPeridas., quem ad Seythas super Bosporun» colentes mi»serat , cum legftîs gealk occurrit. Phratapherncs quoque*qui Cfaorasmiis praeerat, Massagetis et Dahis région uniconfinio adjunctus, miserat, qui facturum iraperalâpollieerentur. Scythœ petebant, ut régis sui filiam matrimoniosibijungeret; si dedignaretur affinïtatem f principesMacedoDum cum primoribus suae gentis conoubiocoire pateretur : ipsum quoque regem venturum ad europollieebantur. Utraque legatione bénigne audita, Hepbaestionemet Ârtabazum opperiens f stativa habutl^quitus adjun€tis l in regionem f quae appellatur Bazaria?pervenit.


QUINTE-CWICE, UV. VIII.rait le piège qu'on lui tendait. En effet, Fen neini avaitcaché flans les bois qui tondiaient à la plaine une troupede s o I cl a tsar m é s ; q u e 1 q u e s h o n un e s s e u 1 e m e 111 s e fa i s a i c 111vo i r , cli a ssa n t de v a ri t e u x cl es t ro u pea u x, e ! offr a 111 àPimprévoyance des Macédoniens fappal <strong>du</strong> Iititin pourles attirer dans l'embuscade. Ait in a.s se mit à leur poursuite e n d es o rd r e et ! es i -a n gs d e ha 11 dés , co i n n ie unhomme qui va faire <strong>du</strong> but ni; mais il n'eut pas plus tôtdépassé le bois, que les boni m es qui s'y cachaient l'attaquèrentà I 1 improviste et le massacrèrent avec tous lessiens.La nouvelle de cet échec parvint bientôt à Cratère,qui accourut avec toute sa cavalerie : les Massagètesavaient déjà pris la fuite; mille Dahiens furent surpris,et leur défaite mit un terme à la révolte de la province.Alexandre, de son côté, ayant remis les Sogdiens sousle joug 9 retourna à Maraeande. Ce fut là que Péridas,qu'il avait envoyé chez les Scythes établis sur le Bosphore,vint k trouver avec une ambassade de ce peuple.Phrataphernes, gouverneur de la Chorasmie, et voisin<strong>du</strong> pays des Dahiens et des Massagètes, avait en mêmetemps chargé des députés d'apporter sa soumission. LesScythes lui demandaient qu'il épousât la fille de leurroi , et 9 s'il dédaignait cette alliance , qu'il permît <strong>du</strong>moins que les plus marquans d'entre les Macédonienss'unissent par le mariage aux premières familles de leurnation : ils lui annonçaient aussi que leur roi viendraiten personne le visiter. Après avoir accueilli avec bontéTune et l'autre députât ion, il s'arrêta pour attendre Hephestionet Artabaze; et lorsqu'ils l'eurent rejoint, ilentra dans la contrée appelée Bamria.m


tuQ. CURTII MJFI LlB. VIII.Barbarie opulente in illis locis haud ulla suni majoraîîiclîcïa f quam magnis oemoribos saltibusque nobiliumferarum gregcs clausi. Spatiosas ad hoc eliguni silvas $crebris perennium aquarum fontibus amœoas : mûriseemora cinguntur, torresque habent venantïum receptacula.Quatuor continuis aetatibus intactum saltumfuisse constatât; quem AJexander cum toto exercitu ingressusy agitari undique feras jussit. Inter quas quum leomagnitudinis rarae ipsum regem invasunis iecurrerel,forte Lysimachus, qui postea régna vit, proximus Alexandro,venabulum objicere fer» cœperat : quo rex repulso,et abire jussoj adjecit, tam a semet unoquam a Lysimacholeonem inlerfici posse. Lysimachus enim quondamquum venaretur in Sjria f occiderat eximiae magnitudinisferam soins : sed laevo humero usque ad ossa laceratusad ultimum periculi pervenerat. Id ipsum exprobrans eirex 9 fortius, quam locutus est, fecit; nam feram non excepitmodo, sed etiam uno vulnere occidit. Fabulam qu*objectum leoni a rege Lysimachum temere vulgavit, abeo casu, quem supra diximus, ortam esse crediderim.Ceterum Macedoues, quanquam prospero eventu defunctuseral Alcxander , tamen scivere gentis su» more,ne pcdes venaretur, aut sine delectis principum amico-


Q01NTE-CURCE, L1V. VIII.I^es plus éclatantes marques de l'opulence barbaresont, en ce pays, des troupeaux de bêtes fau¥es de noblerace, enfermés dans des parcs et des bois immenses. Onc ! t o i s ï t à € e t e I le t cl t 1 v a s I e s fo rets, on c Fa ! j o 11 c 1 a 11 la * s sourcesd'eau vive eiitrein-ïiilienI. le charme île la iraieheur:les parcs sont entourés de murs , et. des lotir s y *ervcntde re t rai te a u x c:li a sse tirs. Il v a v a rt 11 i i d e e e s I >o i s , < j ni,( I ' a p r è s une t r a cl î t î o u constante, é ï a i i î V. S ! e i n t a c : t c I e puisquatre générations. Alexandre y étant entré avec touteso u a r ri i ée, o n I o n u a < j u e I o » fit une* 1 > a I f u e gé i1 e raie. Lehasard voulut, qu'un lion d'une taille extraordinaire s\ ; ~la n rat pour se jeter sur le roi lui-même. Déjà I,y si mariu e, qui fut ro i dans la suit e , e I qui se trouvait al o r s S. ep ! u s i J rès (FA I e x a n cl r e , a v ait près e nie su 11 é j j i e 11 à fautnia 1, I o r s q u e 1 e r o i I c re j ) o 11 s s a , e t lui o r d o 11 n a n t cl e s c »retirer, ajouta qu'il pouvait, aussi bien que Lvsunaque,Hier à lui seul un lion. Lvsimaque, en effet., un jourqu'il e 11 a ssa i 1 en S y r i e, avait î n e se 1.11. u 11 c. I e c -es anima u xil e ! a pi us m on s t rit e u s e grosseur; mais a y a n f. eu l'é pa 1.1 leU i 11 :ï C; lie cl é e 1 ï i. r ée j u s q u "aux o s., d a v a il couru un 1.1 *è s -il r a u d d a n g e r. AI e x a 11 c I r e, c j u t lui r e p r o e liait e e f i c e e i d e n tmême, <strong>mont</strong>ra p lus de e o i i r a g < .* c v i 11 • o r e a agir q n à par-1 t-r : c a r, no n-seii I ei 11 e ut. .il s o u t i n ! l'attaque de 1 a rt i m a I,aires il le tua <strong>du</strong> premier coup. Le bruit mensonger quia couru qu'Alexandre avait exposé 1 ,vsunaquo à. la f tireurd'un lion n"a d'autre source, a mou avis, que Fa vent lire4ont nous parlions tout-a-l heure.ia3CJnel qu'eût été <strong>du</strong> reste le bonheur d Al.exa.nd1a 1 à setirer de ce. péril, les Macédoniens arrêtèrent, en vertud'une eouta.111.1e de leur nation, qiéd ne chasserait[<strong>du</strong>s-1 pied ou sans une rseorlr ehoisie parmi les pnttrqrufx,


t»4 Q. OJRT1I RUW LIB. Vffl.rumque. 111e, w millibus ferarum dejectîs, in màmsaltu cnm toto exercilu epulatus est.. Inde Maracanda reditum est ; aeeeptaque aetatis eicusaiioneabÂrtabazo , profineiam ejus destinai Clito. Hicerat, qui apud Granieum amnem nudo capite regem dimicantemclypeo suo texit, et Rhœsacis manum eapitirégis imminentem gladio amputavit : vêtus Philippi miles, multisque bellicis operibus clarus. Hellanke , quseAlexandrum e<strong>du</strong>caverat , soror ejus f haud secus quammater a rege diligebatur : ob bas causas iralidissimamimperii partem fidei ejus tutelaeque commisitlamque iter parare in posterum jussus, solenni ettempestivo adbibetur convivio : in quo rex, quura multoincaluisset mero, immodicus «stimator sui, celebrare,qu» gesserat 9 eœpit; gravis etiam eorum auribus 9 quisentiebant vera memorari. Silentium tamen habuere seniores,donec Philippi res orsus obterere, « nobilemapud Ghaeroneam victoriam sui operis fuisse jactavit;ademptamque sibi malignitate et invidïa patris tante reigloriam. Illum quidem f seditione inter Macedoees militeset Graecos mercenarios orta, debilitatum vulnerCjijnod in ea consternatione acceperat, jacuisse ? non aliasquam simulations mortis tutiorem ; se corpus ejus protexisseclypeo suo, ruentesque in illum sua manu occisos.Qus patrem nunquam aequo animo esse confessum, in-


QUINtE-CURCE, UV. VIII. r»5de'sa cour et les amis. Quatre mille bêles avaient étéabattues, et toute Tannée se mil à table avec le roi dans-ce même bois.On retourna ensuite à Maracande. Le roi y reçut lese v c n ses cl \A r t a ba ze, I on c I ces sur s o 11 g ni 11 c I à g e, e t donnail CI *f 111 s 1 a p r o v i i i e c q u'il co 111 ni n 11 cl a i t:. C 'était C1 i t u i qui,au passage <strong>du</strong> Granique, avait cou vert: de son bouclier! a ! e t e cl é sa r 1 n é e cl % A1 e x a n d r* e , e t a battu t T t o » c o1.1 p d'épéela main de 111 lésa ce levée sur le front cl» roi. Vieux soldatde P h i I i p p e , i 1 s * é t; ait illustre pa r c I e n 0111 b re u x faits(fa rnie s. Hel 1 a n ice , sa sce u r, qui a v a i t nourri 1 e roi 9 enétait aimée coin nie une mère. C et ait pour ees motifsqu ' î 1 re m e 11 a i t à la ga r d e cl e sa i i ci é I i I é la plus i 111 p o r tant eprovince de son empire.Déjà i! avait reçu Tordre de se tenir prêt à partir lelendemain , et le roi l'avait appelé, a un festin solennelqu'il donnait à cette occasion. An milieu de ce repas,A lésa n tire, eclia u ffé pa r 1 e v i 11, se 111 i t, dans 11 ne admirat ï o n o u t r ée pour 1 u t - m é 1 n e , à 1 o u e r s e s j > r o p r e s es -p 1 o i t s : vanité i 111 p o r t u 11 e à l'oreille 111 é ni e d e e eux quisavaient qu'il ne disait que la vérité. Cependant les plusà g é s c a r d è r e n t 1 e s i 1 c 11 e e j u s q u ' à e e q u e, a \ a n i e o t n 1 n encéa ravaler les hauts faits de Philippe, il réclama pour luiThon n e u r cl e 1 a ce I éh re v i e t o i re cl e ( 1 héron ce, e t a ccusal'envieuse malignité de son père de lui avoir ravi la gloireiFiui si beau fait d'armes. Philippe, disait-il, lors de laquerelle qui s'était élevée entre les soldats macédoniensc! les mercenaires grecs, affaibli par une blessure reçueau milieu de l'émeute, s'était couche par terre, 11e trouvan! d e s û re lé q u e (la n s1.1 n r lé i 11 te m o v t. ; et c'était lui; j u t fa v a i t c o u v er t tl e son bo n e I i er, 11 u q 11 i a v a i i t u é ( le sa1 uni n I es e n n eni i s s % e 1 a n ça n t pour le i Va p p e r. ( le I a i t, son


ïa6Q. CURTI1 RUF1 LIB. VIII.vituin fiiio debentem salutem suam : itaque posl expeditionein,quam sine eo fecisset ipse in ïllyrios 9 victoremscripsisse se patri, fusos fugalosque hostes; nec afFuisseunquam Philippum. Laude dignosesse f non qui Samothracuminitia visèrent, quura Asiam uri vastarïqueoporteret, sed eos f qui magnitudioe rerum fidem antecessissent.»'Haec et bis similia laeti audiere juvenes; ingrate senïoribuserant f maxime propter Philippum, sub quo diutïusvixerant. Tum Clitus, ne ipse quidem satis sobrius, adeos, qui iofra ipsumcubabant, conversus, Euripidis retulitcarmen, ita ut sonus magis quam sermo exaudïrïposset a rege. Quo significabatur f maie instituisse Graecos,quod tropœis regum <strong>du</strong>ntaxat nomina inscriberentur; alieno enim sanguine partam gloriam intercipi. Itaquerex, quum suspicaretur ' malignius habitum essesermonem, percontari proximos cœpit, quid ex Clitoaudissent. El illis ad silentium obstinatis f Clitus paulatimmajore voce Philippi acta bellaque in Gracia gestacommémorât, omnia praesentibus prœferens.Hinc inter juniores senesque orta contentio est : etrex, velut patienter audiretl, queis Clitus obterebat laudesejus , iogentem iram conceperat. Ceterum quum animovideretur imperaturus, si fioem procaciter orto sermonï


QUJNTE-CURCE , UV. VIII. 127père n'avait jamais-aimé à l'avouer, ayant regret de devoirla vie à son fils. Aussi, dans l'expédition que lui-mêmeava11 f*ti te seu1 eo 111re les 111 vru• 11s, v 1 eIyrictix, il ;i. v; 1 i1.e crita son père que Pennemi était liait n et: en fuite; et Philippe! 1 a \ a 11 p r 1 s à e e 11 e a e 11 o 11 a 11 e un e | ) a ri. S'il v avait de lagloire f ce n'utail pas pour ceux qui allaient assister aux.initiations (les Sainothraees , alors qu'il fallait porter lek r e t î e I e u d a 11 s P A s 1 e, e Y t a i t | > o u 1 • e e u x q n i., p a r I a g ri 1. n-ti e y r cl e 1 e u r s e v p loi ts ? avaient passé t o u te e r o va n ce.Ces propos et. d'autres semblables furent en tend usavec plaisir par les jeunes gens : ils déplurent aux vieuxse 1 ci a t s, su r t o u ï à e a u se de Philippe, s o us lequel s Y t ; 1 i tpassée la plus grande partie de leur vie. Alors Cl il us ,q u 1 lui- m e m e n e j o n i s s a 11 p a s de toute sa 1 *a i s o 11, s e f o 1 u • -oant vers les convives qui étaient a table au dessous delui, leur cita un passage d'hu rapide, de m au 1ère à ce (piele 2>ou de sa voix plutôt, que ses paroles arrivassent aurue Le sens eu était que c'était un fâcheux usage chezit* s Grecs de ni n serin 4 sur les trophées que les n oui s desr e 1 s : on de i o u n 1 a il ainsi a leur* pi *o fît. une « t o î. r e que I esing (fautru] avait, achetée. Alexandre, soupçonnant quei 11 i e I f 1 u e t. r a 11 il e 1 n é c h a n e e t. e v e 11 a 11 d e s o r 11 r d e s a ! > o u e ! 1 e ,• lem a n d a a se s v o 1 s 1 u s < 'e q u a v a il dit C h i us» Comme ils* ' u h s 1.1 n a 1 e n t à garder le silence, C h t u s se mil i n s c n s i h 1 e.air ni à h au sseï' la voix , a rappeler les actions de Phi-11 ri i ie e t ses g n e r re s en C- j •< • e , ai f e étant de p r ef e n ' r I el


i»8 Q. CURTII RUFI LIB. VIILClitus imponeret , nihil eo rémittente ? magis exasperabatur.Jamque Clitus etiam Parmeniooem defendere audebatet Philtppi de Âtheniensibus Yictoriam Thebarumpr«ferebat excidio, non vioo modo y sed etiam animipra?a contentioae provectus. Ad ultimum : « Si morien<strong>du</strong>m,inquit, est pro te, Clitus est primus : atquumvicto'riae arbitrium agis, praecipuum feront praernium,qui procacissime patris tui memoriae illu<strong>du</strong>nt. Sogdtanamregionem mihi attribuis, loties rebelleiti , et nonmodo indomitam , sed quae ne subigi quidem possit ; mittorad feras bestias praecipitia ingénia sortitas. Sed qo«ad me pertinent transeo. Philippi milites spernis y oblstus,nisi hic Âtharias seoei juniores pugnam détectantesrevocasset, adhuc nos circa Halicarnassum haesurosfuisse. Quomodo ergo Asiam etiam CUIîî istis juoioribussubjecisti ? Verum est, ut opinor, quod âYuoculum tuumin Italia dïxîsse constat, ipsum in viros incidisse, te infeminas. »Nihil ex omnibus inconsulte ac temere actis regemmagis moverat, quam Parmenionis cum honore menti©illata : dolorem tâmen rex pressit; coaleatus jassisse ? utconvivio excederet. Nec quidquam aliud adjecit, quamforsitan eum, si diutius locutus foret, exprobraturumsibi fuisse vitam a semet ipso dalam ; hoc enim superbesaepe jactasse. Âtque illum cunctantem adhuc surgere,


QUIHTE-CUICE, LIV. VIII. 119le voyait continuer, et son courroux s'en allumait davantage.Déjà même Clitus osait justifier Parraénion, et élevaitla victoire de Philippe sur les Athéniens au dessusde la destruction deThèbes: tant l'ivresse l'égarait, etplus encore la fâcheuse opiniâtreté de son caractère,a S'il faut mourir pour toi 9 dit-il à la fin, Clitus sera lepremier : mais quand tu distribues les fruits delà victoire,la plus belle part est pour ceux qui outragent le plus insolemmentla mémoire de ton père. Tu me donnes le gouvernementde la Sogdiane, de cette contrée tant de foisrebelle, et non-seulement indomptée, mais qui ne sauraitmême être soumise. On m'envoie parmi des bêtes que lanature a faites emportées et farouches. Mais je laisse làce qui me regarde. Tu méprises les vétérans de Philippe,et tu oublies que sans ce vieil Atharias, qui ramena aucombat tes jeunes soldats découragés, nous serions encoredevant Halicarnasse. Comment donc, avec cettejeunesse, as-tu pu conquérir l'Asie? c'est que ton oncledisait vrai, lorsqu'il prétendait en Italie avoir eu deshommes à combattre, et toi des femmes. »De tous ces propos irréfléchis et téméraires, aucunn'avait blessé plus vivement le roi que le nom de Parméoionprononcé avec honneur. Il contraignit toutefoisson ressentiment 5 et se contenta de lui ordonner de quitterla table. Une seule parole accompagna cet ordre,c'est que Clitus, s'il eût dit quelques mots de plus, allaitsans doute lui reprocher la vie qu'il lui avait sauvée :plus d'une fois, en effet, il s'en était vanté avec orgueil.Comme il tardait encore à se lever, ceux qui étaientm. 9


i3oQ. CURTI1 EUFI L1B. V11Lqui proximi ei cubuerant, injectis manïbus jurgantesmoeenlesque conabantur ab<strong>du</strong>cere. Clitus, quum abstraheretur,ad pristinam violentiam ira quoque adjecta fsuo pectore tergum îllîus esse defensum ; nunc poslquamtanli meriti praeteriit tempos f etiam memoriam inYÎsamesse proclamât. Attali quoqae caedem objiciebat f et a<strong>du</strong>ltimum, Jo¥is ? quem patrem sibi Âlexander assereret,oracolum eludens f Yeriora se regi f quam patrem ejosrespondisse, dicebat.Jam tantum irae cooceperat rex f quantum vix sobriusferre potuisset : enimvero olim mero sensibus victis, exlecto repente prosiluit. Attoniti amici , ne positis quidem 9sed abjectis poculis, consurgunt, in eventumrei, quamtanto impetu acturus esset, intenti. Alexander, raptalancea ex manibus araiigerî, Clitum adhuc eadetn liuguaeintemperantia furentem percutere conatus, a Ptolemaeoet Perdicca inhibetur. Médium complexi et obluctariperseverantem morabantur : Lysimachus et Leonnatusetiam lanceam abstulerant. Ille militum fidem implorons,comprehendi se a proximis amicorum, quodDario nuper accidisset, exclamât; signumque tuba dari,ut ad regiam armati coirent, jubet. Tum vero Ptolemaeuset Perdiccas 5 genibus advoluti, orant, ne in tamprœcipiti ira perseYeret , spatiumque potius anima det ;omnia postero die justius exsecuturum. Sed clausae


QUINTE-CUICE, L1V. VIII.près de lui le saisissent, et tour-à-tour, avec les menaceset les prières, s'efforcent de l'emmener. Se sentant entraîner!la colère vient animer encore sa violence naturelle,et il s'écrie qu'il a couvert de sa poitrine le dos<strong>du</strong> roi, et qu'aujourd'hui, qu'est passé le temps d'un sigrtnd service, la mémoire même lui en est odieuse. Illui reprocha aussi le meurtre d'Attale, et finissant parune raillerie contre l'oracle de Jupiter, dont Alexandreprétendait être le fils, il se vanta d'avoir mieux dit auroi la vérité, que le dieu son père.La colère d'Alexandre était portée à un point que,même à jeun, il n'en eût pas été le maître. Les senségarés alors par le vin , il s'élança brusquement hors deson lit. Ses amis, effrayés, ne posent point leurs coupes ,mais les jettent, et se lèvent ensemble, attentifs à ce qu'ilva faire dans un mouvement si impétueux. Il arrache unejaveline de la main d'un de ses gardes, et cherchant àen frapper Clitus, toujours livré à l'intempérance furieusede sa langue, il en est empêché par Ptolémée et Perdiccas.Ils l'avaient saisi par le milieu <strong>du</strong> corps, et le retenaientmalgré tous ses efforts pour se dégager; Lysimaqueet Leonnatus lui avaient même ôté sa javeline. Ilinvoque alors l'assistance de ses soldats : il s'écrie qu'ilest arrêté par les plus chers de ses amis, comme naguèreDarius, et commande que la trompette sonne le signalde se rassembler en armes autour <strong>du</strong> palais. Ptolémée etPerdiccas se jettent à ses genoux, et le supplient de nepoint persévérer dans cet aveugle emportement, mais dese donner le temps d% la réflexion : le lendemain il feratout avec plus de justice. Mais il était sourd à leurs paroles: la colère lui fermait les oreilles. Hors de lui, il9-i3i


•t3aQ. CURTII 1UFI LIB. VIÏLeraat aures, obstrepciite ira. Itaque impotens animïpercurrilin régi» vestibulum, et, vigili excubanti hastaablata, constitit in aditu , quo necesse erat iis, qui simulcœnaveraot, egredi : abieraot ceteri, Clitus ultimes sinelumine exibat. Quem rex, quisnam esset, interrogat.Eminebat etiam in voce sceleris, quod parabat, atrocitas: et ille, jam non suae, sed régis irae memor, Clitumesse, et de convivio exire respondit. Haec dicentislatus hasta transfixit, morientisque sanguine aspersus :ce I nunc, inquit, ad Philippum f et Parmenionem, et Àttalum.»II. Maie humanis ingeniis natura consultât, quod plerumquenon futura, sed transacta perpendimus : quipperex, postquain ira menïe decesserat, etiam ebrietate«liscussa, magnitudinem facinoris sera.aestimatione perspexit.Videbat tune immodica libertate abusum , sedalioqui egregium bello virum, et, nisi erubesceret fateri,servatorem sui, occisum. Detestabile earnificis ministeriumoccupaverat rex, verborura licentiam , quaevioo poterat imputari, nefanda caede ultus. Manabat totovestibulo cruor, paulo ante convivae : vigiles attooiti etstupentibus similes procul stabant, liberioremque pœnitentiamsolitudo excipiebat. Ergo hastam ex corporejaceotis evulsam retorsit in semet : jamque admoveratpectori f quum advolant vigiles, et repugnanti e mani-


QU1NTE-CU1CE, L1V. VIII.i33s élance dans le Yestibule <strong>du</strong> palais, et, arrachant ausoldat de garde sa lance, il se place dans le passage paroi! les ronvives devaient néepssnirement sortir. Ton^étaient parfis : Cil i tus sur!: a il le dernier sans lumière. î,saitl'alroeite <strong>du</strong> crime


i34Q. CURTII RUFI UB. VIII.bus extorquent, allevatumque in tabernaculum déférant.111e humi prostraverat corpus f gemitu ejulatuque mi*serabili tota personante regia : laniare deinde os unguibus, et circumstantes rogare, ne se ianto dedecori superstitemesse paterentur. In bas preces tota eox exactaest; scrutantemque f num ira deorum ad tantum nefksactus esset f subit , anniversarium sacrificium Libero patrinon esse redditum statuto tempore : itaque iater vinumet epulas cœde commissa, ira m dei fuisse manifestant.Ceterum magis eo moYebatur, quod omnium amicorumanimos videbat attonitos ; neminem cum ipso sociare sermonempostea ausurum : viven<strong>du</strong>m esse in solitudïnevelut fer» bestiae , terrent! alias 9 alias timenti.Prima deiode luce taberoaeulo corpus, sicut ad huecruentum erat, jussit inferri. Quo posito ante ipsum flacrjîïîîs obortis : ce Hanc f inquit, nutrici meae graliamretuli, cujus <strong>du</strong>o filîî apud Miletum pro mea gloria occubueremortem : hic frater, unicura orbitatis solatium fa me inter epulas occisus est. Quo nunc se conferet misera? omnibus ejus unus supersum y quem soluin acquisoculïs videre non poterit. Et ego servatorum meorumlatro, revertar in patriam ? ut ne dextram quidem nutricisine memoria calamitatis ejus offerre possim ? » Et


QUINTE-CU1CE, UV. VIII.lorsque ses gardes accourent, la lui arrachent des mainsmalgré sa résistance, et, le prenant entre leurs bras, leportent dans son appartement.Là, couché sur la terre, il faisait retentir tout le palaisde ses gérnissemens et de ses tristes lamentations ;il se déchirait le visage avec ses ongles, et suppliait ceuxqui l'entouraient de ne pas le laisser survivre à un sicruel déshonneur. La nuit se passa tout entière à répétercette prière. Recherchant ensuite si ce n'était pas lacolère des dieux qui l'avait poussé à un si exécrable forfait,il lui revint à l'esprit qu'il avait manqué l'époqued'un sacrifice annuel qu'il offrait à Bacchus. Ce meurtre,commis au milieu des joies de la table et <strong>du</strong> vin, étaitdonc un signe manifeste de la colère <strong>du</strong> dieu. Mais cequi le touchait le plus, c'était de voir la stupeur dontavaient été frappés tous ses amis : aucun ne se hasarderaitplus désormais à parler avec lui, il lui faudrait vivreclans la solitude, comme les bêtes farouches, tour-àtourtremblant et inspirant la terreur.Au lever de l'aube, il demanda qu'on lui apportâtdans sa tente le corps tout sanglant, tel qu'il était. Lorsqu'onl'eut placé devant lui, fondant en larmes : a Voilàdonc, dit-il, la récompense que je réservais à ma nourrice,dont les deux fils sont morts pour moi sous lesmurs de Milet ! Ce frère, l'unique consolation de sa vieillessedélaissée, je l'ai tué dans un festin ! Que deviendramaintenant l'infortunée? De tous les siens, elle n'a plusque moi, et je suis le seul qu'elle ne pourra voir sanshorreur. Assassin de ceux qui m'ont sauvé la vie, retournerai-jedansma patrie, pour n'y pouvoir même offrirla main à ma nourrice sans lui rappeler son malheur? »Et comme ses larmes et ses plaintes n'avaient pas dei35


i36Q. CURTII RUFI L1B. VIII.quiim finis lacrymis querelisque non fieret, jussu amicorumcorpus ablatum est : rex tri<strong>du</strong>um jacuit inclusus.Quem ut armîgeri corporisque custodes ad morien<strong>du</strong>mobstinatum esse cogaoverunt; univers! in labemactilumirrumpunt, diuque precibus ipsorum reluctatum aegrevicerunt, ut cibum caperet: quoque minus caedis puderet,jure interfectum Clitum Macedones decernunt, sepulturaquoque prohibituri, ni rex humari jussisseLIgitur decein diebus maxime ad coefirman<strong>du</strong>m pudoremapud Maracanda consumptis, cum parte exercitusHephaestionem in regionem Bactrianam misit, commeatusin hyemem paraturum. Quam Clito autem destieaveratprovinciam, Amyntae dédit. Ipse Xenippa perveoit:Scytlîiae confiais est regio f habitaturque pluribus ac frequentibusvicis, quia ubertas terrae non indigenas mododetinet, sed etiam advenas invitât. Bactrianorum exsulum,qui ab Alexandro defecerant, receptaculum fuerat.Sed postquam regem adventare comperlum est, pulsiab incolis, H miilia fere et <strong>du</strong>centi congregantur. Omneséquités eraotj etiam in pace latrociniis assueti: tum ferociaingénia non bellum modo, sed etiam vernie desperatioefferaverat. Itaque ex improviso adorti Amyntam,praetorem Alexandri, diu anceps prœiium fecerant. A<strong>du</strong>ltimum BCC suorum amissis, quorum ccchoslis cepit,dedere lerga victoribus : haud sane inuhi; quippe LXXX


QUÏNTE-CURCE, LTV. VIII. 137fin, ms amis firent emporter le corps. Le roi resta troisjours couché sur la terre et enfermé. Ses écuyers , et lesgardes de sa personne, le voyant obstiné à mourir, seprécipitèrent tous ensemble dans sa tente, et,.à forcede prières, obtinrent de lui à grand'peine qu'il prît quelquenourriture. Voulant même affaiblir en lui la hontede son crime, les Macédoniens déclarèrent que Clitusavait mérité la mort, et ils seraient allés jusqu'à lui interdirela sépulture, si le roi n'eût donné Tordre del'inhumer.Après avoir passé dix jours près de Maracande, entémoignage éclatant de son repentir, il envoya Hephestîondans la Bactriane avec une partie de l'armée, afind'y rassembler des provisions pour l'hiver. Le gouvernementqu'il avait destiné à Clitus fut donné à Ainyntas.11 se rendit alors dans la Xenippe : c'est une provincelimitrophe de la Scythie, couverte d'un grand nombrede villages tous bien peuplés; car telle est la fertilité <strong>du</strong>sol, que non-seulement elle y fixe les naturels, mais elley attire même les étrangers. Les fugitifs de la Bactriane,qui avaient pris parti contre Alexandre, étaient venus ychercher une retraite. Mais, chassés par les habilans aubruit de l'arrivée <strong>du</strong> roi, ils se réunirent au nombreienviron deui mille deux cents. Ils étaient tous cavaliers,habitués, même en temps de paix, à vivre de brigandage: la guerre, et plus encore le désespoir <strong>du</strong> pardon,avait alors redoublé la férocité de leur sauvage nature.Ils vinrent donc attaquer Ainyntas , le lieutenant d'Alexandre,contre lequel ils soutinrent un combat longtempsdouteux. A la fin, ayant per<strong>du</strong> sept cents des leurs,dont trois cents prisonniers, ils prirent la fuite; maisleur défaite ne fut pas sans vengeance : ils tuèrent aux


i38Q. CURT1I RUFI UB. VIII.Macedoeom interfecerunt, praeterque eos ccc et L saucïïfacti sunt. Yeniam tameo etiam post alteram defectionemimpetraverunt. His in fidem acceptis , in regionem,quam Naura appellant, rex. CUIIî toto exercitu venit.Satrapes erat Sysimithres <strong>du</strong>obus ex sua matre filïïsgenitis : quippe apud eos parentibus stupro coire cumliberis fas est : n millibus armatis popularibus, faucesregionis, qua in arctissimum cogitur, vatido touninientosepseraut : praelerfluebat torrens amnis a tergo ; petraclaudebat : banc manu perviam incolae feeerant. Sedaditus specus accipit lucem; interiora nisi illato lumlueobscur a sunt : perpetuus cuniculus iter praebet in campos9 ignolum nisi indigenis. Ât Âlexander f quanquamaiîgustîas naturali situ munitas ac validas manu Barbarituebantur f tamen arietibus admotis munimenta , quaemanu adjuncta erant , concussit, fundisque et sagittispropugnantium plerosque dejecit ; quos ubi dispersesfugavit, ruinas munimentorum supergressus, ad petramadmovit exercitum. Ceteruminterveniebat iuvius f coeuntibusaquis ex superiore fastigio in vallem ; magniqueoperis videbatur , tam vastam voraginem explere. Caeditamen arbores et saxa congeri jussit : ingensque Barbarespavor, rudes ad talia opéra, concusserat, excitatamiBoîeiîi subito cémentes. Itaque rex , ad deditiooem metupdsse compelli ratus, Oxarten misit nationis ejusdem,


QUINTE-CU1CE, UV. VIII. i3 9Macédoniens quatre-vingts hommes et leur en blessèrent! rois cent chiquante. Cependant, même après relia; seconderévolte, ils obtinrent encore, leur pardon. Avantree nie u r s se r i n e 11 s , le i *o i M,: port a a v ee I o 111 e soi i a r m é edans le pays qu'on appelle K a lira.Le satrape de celle province était Sysimithrès, quia v ait eu < 1 e u x (ils de s a p r* o p r e t n è r e ; c ' a t •, p a r m i < v e speuples, le mariage est permis aux mères avec leursen fans. Deux mille hahitans en armes avaient f rainé cl unfort retranchement î'entrée <strong>du</strong> pavs, à l'endroit où lesforces sont le plus étroitement resserrées. En avant ft; o u 1 a i t u n t o r r e 111:, et < le r r i è r e s e ! e v a 11 un i -oc ! « e i - à t ra -vers lequel on avait, à force de liras, creusé un passage,L a 1 > o r c ) t! e t • e s o 111 e r r a i n est a e e c s M b le au jour ; i u a î sl'intérieur, à moins qu'on n'y porte la lumière, est touten lier o lise tir; ses longues galeries conunui.nip.ient avecla plaine par un chemin connu seulement des indigènes,A1 exa u d re, q u oi q u e ces d ef îles, p 11 i s s a m t i i e u t for t i 1 ï es parla nature, lussent encore défen<strong>du</strong>s de la ma in des l.)ar-!ia re s, f î t j i éa 111 n o i 11 s a p p i oc lier les béliers, 1 J a 11. i t e 11111 r c die 1 es o livra ges , et a t: o i i ps de (rond es e ! < le f 1 ta : .11 esciel) use pi a la plupart


i4© -Q. CURT1I RUFI-UB. VIII.sed ditïouïs su», qui suaderet <strong>du</strong>cï, ut traderet petram.Intérim ad augeodam formidinem et turres admovebantur,et excossa tormeetis tela emicabant. Itaque verticempetrae, omni alto prœsidio damnato petïverunt.At Oxartes trepi<strong>du</strong>m diffidentemque rébus suis Sysimithremcœpit hortari, ut fidein quam vim Maeedonummallet experiri; neu nooraretur festtnationem victorisexeratus, in Indiam tendentts : cui quisquis semet offerret,in suum caput alienam cladem esse versurum. Etipse quidem Sysimithres deditionem annuebat : ceterummater eademque conjux, morituram se aute denunciaes,quam in ullius veoiret potestatem, Barbari animuoi adhonestiora quam tutiora converterat; pudebatque, libertatismajus esse apud feminas quam apud viros pretium.Itaqué, dimisso internuncio pacis, obsidionem ferre decreverat: sed quum hostis vires suasque pensaret, rursustnuliebrts consilii, quod praeceps magis quam necessariumesse credebat, pœoiiere eum cœpil : revocatoqoestreoue Oxarte, fulurum se in régis potestate respondit;iiiitiiî! precatus f ne voluntatem et consilium matrissuae proderet, quo facilius venia illi quoque împetraretur.Praemissum igitur Oxarten eum matre liberisque ettoiius cognationis grege .sequebatur, ne exspectato qutdetnfidei pignore, quod Oxartes proiniserat. Rex, équité


Qimnx-cuRCE, uv. vm. 141amener à se rendre, le roi envoya Oxartes , homme deleur nation, mais qui avait reconnu sou autorité, pourleur perso a tler de remettre le rocher en son pouvoir. Enmèrne teiîIps, pour ac*cvotire leur efIroi, 11 fil; avancerles fours et lancer par ses machines une grêle de traits,iî e î 1 o n ea 11 ï h f o 111 o a u I r e d c I i i use, ils gagnèrent al o r s leliant de leur rocher.O x art e s , tl i * s o n coté, t r o i i v a n t S y s 11 n i 1:11 r c s a 1 a r n H ;et î 11 c | o i e t tic* s a p os i t i o n , en m m e n e r t à lui conseiller den tel! re à répreuve la ho m te foi plutôt que la valeur macédonienne,et de ne point retarder l'impatience d'unea nuée victorieuse qui marchait sur Plnde.Quiconques opposerait à son passage! attirerait sur sa lèîe les malheursdestinés à cran 1res. S v si mit lires était hien d'avis< ! e se re nd re ; niais sa u i è l'e, e ri i n e m e t e n i p s s o 11 e p o u se,lui déclarait qu'elle mourrait plutôt que de tomber eudes mains étrangères, et l'entraînait ainsi à un parti plushonorable que sur : c'était pour lui trop de houle devoir des femmes attacher plus de prix, à leur liberté queles Iioni ni es. Il reuvova donc ce messager de paix, et résolutde soutenir le siège. Mais , en comparant les forcesfîe l'ennemi avec les siennes, le repentir lui revint d'avoirécouté un conseil de femme, qui lui semblait dictépar la folie plutôt que par la nécessité; et , se» luit an t derappeler Oxartes, il lui donna l'assurance qu'il se sonmettrait,le priant seulement de ne point parler au roiII e 1 a rés o loti o n de sa mère ni d e s « ! s co u s e i I s , p ou rqu'elle put ainsi plus aisément obtenir son pardon.Oxartes partit donc en avant, et Sysimithrès, avec saIII è re, ses t. » n fa n s et to 111 e sa fa m i 11 e, l e s u i v 11 s a n s rn è 111 eattendre aucune des garanties que celui-ci lui avait: pro-


i4» Q. CURTI1 RUFï L1B. V11I.praemisso, qui revcrli eos juberet, opperirique prœscntiamipsius ? superv€DÏt, et, Yictimis Minervaeac Victoriacaesis, imperium Sysimithri restituit, spe majorisetiam proYinciae facta , si cum fide amiciiiam ipsius eoluissel.Duos illi juvenes patre tradente y secum militaturossequi jussït ; relicta deinde phalange , ad sebigendos? qui defecerant, cum équité processit.Âr<strong>du</strong>um et impeditum saxis iter primo utcuoque tolerabant: mox equorum non ungulis modo attrîtis , sedcorporibus etiam fatigatis, sequi plerique non poterant,et rarius subinde agmen fiebat f pudorem f ut fere fit,immodico labore vineente. Mex tamen, subinde equosmutans f sine intermissione fugientes insequebatur. NobilesjuYenes comitarï eum soliti defecerant praeter Philippum: Lysimachi erat frater y tum primum a<strong>du</strong>ltus yet, quod facile appareret, indolis rarae. Is pedes f incredibiledictu , per D stadia vectum regem comitatus est,saepe equum suum offerente Lysimacho : née tamen, utdigrederetur a rege, effîci potuit, quum lorica in<strong>du</strong>tusarma gestaret. Idem 9 quum perventum esset in saltum,ïn quo se Barbari abdiderant, nobilem edidit pugnam;regemque cominus cum hoste dimicantem protexit. Sedpostquam Barbari in fugam effusi deseruere silvas, animusf qui in ardore pugnae corpus sustentaverat, liquit;


QUINTE-CURCE, LIV. VI11. 143mises. Le roi leur envoya un cavalier âvee l'ordre de retôtii'iMTt.uv leurs pas et d'attendre sa présence; les avantrejoints ensuite, i! immola des victimes à Minerve et à laVit loin 1 , rendît à Svsî mit lires .son gou\ ornement, ci luipromit même une province plus importante sM lui désuniraitfidèlement ni tache. Ses deux fils qu'il remit euota^e reçurent Tordre de suivre le roi dans les rangs del'armée macédonienne. Laissant ensuite derrière la phahm^e„ Alexandre se porta en avant avee sa cavaleriepour soumettre le reste des révoltes.Ils élu minèrent d abord comme ils te purent parmi lesdifficultés d'une route escarpée et pierreuse; riens bientôtla corne <strong>du</strong> pied de leurs chevaux s'usa* la fatiguemême les gagna, et le plus grand nomhre devinrent incapablescle suivre, J le moment en moment, les rangsv tx Ia 1rc i ssa i e n t, T e x eus d e I a fa I i g u e Te m p o r t. a n t:, eo 111 m t *il arrive ton jours» sur la honte de rester en aria ère. (>rendantle roi, qui de temps eu temps changeait deehe-\iiiix, s'attachait sans relâche à la poursuite des luvards.ta jeune noblesse qui 1 accompagnait d'ordinaire l'avaittout entière abandonné, a rexcepîion de Philippe ? frère


144 Q. CUMTI1 MJFI LIB. VIE.subitoque ex omnibus membris profuso sudore, arborisproximae stipiti se applicuit. Deinde ne illo quidem adminiculosustinente, manibus régis exceptus est, interquas collapsus exstinguitur. Mœstum regem alius haudlevis dolor excepit. Erïgyius ioter claros <strong>du</strong>ces fuerat;quem exstinctum esse paulo ante, quam reverteretur incastra, cognovit : utriusque funus omni apparalu alquehonore celebratum est.III. Dahas deiode statuerat petere : ibi namque Spitamenemesse cognoverat. Sed liane quoque expeditionem,ut pleraque alia, fortuna, in<strong>du</strong>lgendo ei nunquamfatigata, pro absente transegit. Spitamenes uxoris immodicoamore flagrabat; quam, aegre fugam et nova subïndeexsilia tolerantem, in omne discrimen comilemtrahebat. Illa malis fatigata, identidem muliebres adhibereblaudilias , ut tandem fogam sisteret, victorisqueAlexandri clementiam expertus, placaret, quem efFugerenon posset. Très a<strong>du</strong>lti eraut liberi ex eo geniti, qaosquum pectori patris admovisset, ut saltem eorum misererivellet, orabat ; et quo efficaçiores essent preces,haud procul erat Alcxander. Me, se prodi, non moneriratus, et formae profecto fi<strong>du</strong>cia cupere eam quam primumdedi Âlexandro, acinacem strinxit, ' percussurusuxorem, nisi prohibitus esset fratrum ejus occursu. Ce-


QUINTE-CUMCE, UV. VIII.abandonné le bois, cette aine guerrière, qui, dans l'ardeur<strong>du</strong> combat, avait soutenu le corps, se mit à défaillir;une sueur abondante coula subitement de tousses membres, et il alla s'appuyer contre le tronc d'unarbre voisin. Bientôt cet appui même né suffisant plus àle soutenir, il tomba entre les bras <strong>du</strong> roi, où il s'évanouitet rendit le dernier soupir. Au milieu de sa douleur,le roi fut atteint d'un autre cruel chagrin. Erigyiusavait été <strong>du</strong> nombre de ses meilleurs capitaines : peuavant de rentrer dans le camp t il apprit qu'il Tenaitde mourir. Les funérailles de l'un et de l'autre guerrierfurent célébrées avec les plus magnifiques honneurs.III. Il voulait ensuite marcher contre les Dahiens ;car il avait appris que c'était chez eux qu'était Spitamenès.Biais il en fut de cette expédition comme debeaucoup d'autres : la fortune, toujours infatigable àlui complaire, se chargea pour lui de la terminer v Spitamenèsaimait éperdûment sa femme, et, malgré le déplaisirqu'elle éprouvait à fuir sans cesse d'exil en exil,il la traînait avec lui parmi tous les dangers. Fatiguéede tant de maux, chaque jour elle employait auprès delui les sé<strong>du</strong>ctions de son sexe pour le décider à suspendresa fuite, à mettre à l'épreuve la clémence <strong>du</strong> vainqueur,et le fléchir, puisque aussi bien il ne pouvait luiéchapper. Mère de trois fils déjà grands qu'elle avait eusde lui, elle les mettait dans les bras de leur père, lesuppliant de prendre au moins pitié d'eux ; et pour donnerplus d'autorité à ses prières, tout près de là étaitAlexandre. Spitamenès, prenant de semblables parolespour une trahison, non pour un conseil, et s'imaginantque, confiante en sa beauté, elle brûlait d'être au plustôt entre les mains d'Alctandre, tira son cimeterre, etm. 10i&


146 Q. CURTII RUFI UB. VIII.terum abire conspectu jubet, addito metu mortis, si seoculis ejus obtulisset : et ad desiderium levan<strong>du</strong>m nocte*ioter pellices agere cœpit. Sed penitus haereos araorfastidïopraesentium accensus est : ïtaque rursus, uni eideditus, orare non destitit, ut tali consilio abstioeret,patereturque sortem, quarocunque els fortuna fecisset;sibi mortem deditione esse leviorem. At illa purgare se,quod f quae utilia esse censebat, muliebriter forsitao*scd fida tamea mente suasisset ; de ceterofuturam in viripotestate. Spitamenes, simulato captus obsequio, de clïeconvivium apparari jubet; viooque et epulis gravis, se*tnisomiius in cubiculum fertur. Quem ut ako et gravisomoo sopitum esse sensit uxor ? gladium, quem vesleoccultaverat, striogit, caputque ejus abscissum, cruorerespersa, servo suo consclo facinoris tradit. Eodem comitante? sicut erat cruenta veste, in Macedonum castrapervenit, nunciarique Alexaedro jubet, esse, quaeex ipsa deberet cognoscere.Me protinus Barbara m jussit admitti : quam ut aspersamcruore conspexit, ratus ad deplorandam contumeliamvenisse, dicere, quae vellet, jubet. Àt illa servum,


QUINTE-CURCE, UV; VllI. 147il allait Pen frapper f si les frères de cette femme ne sefassent jetés au devant <strong>du</strong> coup pour l'arrêter. Il luiordonna cependant de sortir de sa présence, la menaçantde la mort si elle s'offrait jamais à ses regards, et,pour se consoler de sa perte, il se mit à passer les nuitsavec des concubines. Mais, avec le dégoût de la jouissance, se ralluma une passion qui régnait toujours dansle fond de son coeur. Il se rendit tout entier à sonépouse, mais avec les plus instantes prières de ne pluslui donner un semblable conseil ? et de se résigner ausort, quel qu'il fût, que leur préparerait la fortune.Pour lui, la mort lui coûterait moins que la honte de serendre. Elle se mit alors à se justifier de lui avoir conseilléune démarche qu'elle croyait utile, avec toute lafaiblesse peut^tre d'un cœur de femme, mais avec lesplus loyales intentions; <strong>du</strong> reste, ajoutait-elle, elle n'auraitjamais d'autre volonté que celle de 5Ép mari. Spitamenès,sé<strong>du</strong>it par ce feint empressement a lui complaire,fait préparer de jour un festin : appesanti par les vapeurs<strong>du</strong> vin et de la bonne chère, on l'emporte dans sachambre à moitié endormi. Sa femme, dès qu'elle le vitreposer d'un calme et profond sommeil, tire une épéequelle avait cachée sous ses vêtemens, lui coupe la tête,et, toute souillée de sang, la remet à l'esclave complicede son crime. Accompagnée de ce même esclave, et avecsa robe encore tout ensanglantée, elle se rend au campdes Macédoniens, et fait dire à Alexandre qu'elle a deschoses à lui annoncer qu'il ne doit entendre que de sabouche»Le roi donne aussitôt l'ordre d'intro<strong>du</strong>ire cette femme :quand il la vil couverte de sang, convaincu qu'elle venaitse plaindre de quelque outrage, il l'invita à dire ce10.


148 Q.>CURTII RU FI L1B. VIII.quem stare in vestibulo jusseral, intro<strong>du</strong>ci desidcravit,qui, quia caput Spitamenis veste tectum faabebat, suspectas,scrutantibus, quid occuleret, ostendït. Confuderatoris exsanguis notas pallor, nec, quis esset, noscisalis poterat : ergo rex certior foetus, humanum caputaflfërre eum ? tabernaculo excessit; percontatusque ? quidrei sit, illo profiteote f cognoscit. Variae bine cogitationsinvicem animum diversa agitantem commoverant.Meritum ingens in semet esse credebat 9 quod transftigaet proditor f tantis rébus, si vixisset, iojecturus moram,ioterfectus esset : contra facinus ingens aversabatur,quum optinie meritum de ipsa, communium parentemliberorum 9 per insidias interemisset. ¥icit tamen gratiammeriti sceleris atrocitas, denuncïarique jussit, utexcederet castris, neu Kcentise barbarœ exemplar in Graecorummores et initia ingénia transferret.Dahae, Spitamenis caede comporta, Datapbernen, defeetionisejus participem , vinctum Âlexandro seque de<strong>du</strong>nt.Me, maxima praesentium curarum parte liberatus,convertit animum ad vindicandas injurias eorum, quibusa praetoribus suis avare ac superbe imperabttur-Ergo Phratapherni Hyrcaniam et Mardos cum Tapuristradidk, mandavitque, ut Pbradaten, cui succedebat,ad se in custodiam mitteret. Ârsaniï, Drangaruw P 1 *"


QUINTE-CURCÈ, LIV. VIII. 149qu'elle souhaitait. Elle demanda alors que Foo fît entrerl'esclave qu'elle avait laissé dans le vestibule; mais î enîtuant enveloppée sous ses vêtemcns la te le de S pi ta*1 n e 01rs , ce!: 1 î o n mie a va i t t ri s p 1 r0 < 1 es so 11 p eo 11 s , et,touillé par îes gardes, il leur <strong>mont</strong>ra ee qu'il cachait.La pâleur de la mort avait renverse les 1 rails de ce vi- i 1 r 1 î ni po r tan ee cl u servi 1 • e, e t il lui 1t.1 s 1 g n 1 11 e r de so r-Mr <strong>du</strong> camp. Il craignait que cet exemple de la férocitébar haro n'altérai les mœurs des Cirer s et la douceur deieur caractère.1... es Da 111 e n s, à I a. 1 i o u v e i I e d e la mort d e S p i t a me n è s flurent enchaîné, à Alexandre 4 * Dataphcrncs» le complice>\r sa trahison, et se soumettent eux-mêmes. Le roi,délivré pour le présent d'une grande partie de ses embarras,s'occupa de faire droit aux griefs des peuples quisouffraient <strong>du</strong> gouvernement avare et despotique de seslieutenans. Il remit donc à Phralaplierne l'Hyrcanie avecle pays des Mardes et des Tapuriens^ le chargeant delui envoyer Phradates ? à qui il succédait f pour le punirpar la prison. Arsamès î satrape des Dranges, fut rem-


l5oQ.-CURTII RUFI LIS. VIII.fectô, substitutif est Stasaeor. Arsaces iû Mediam roissusf ut Oxydâtes inde discedoret. Babylonia, niortuoMazaeo, Deditameoi subjecta est.IV. His composais, tertio mense ex hiberois movitexercilum, regionem , quae Gabaza appellatur, aditurus.Primus dies quietum iter praebuit : proximus einoo<strong>du</strong>m quidem procellosiis et tristis, obscurior tamenpristino, non sine crescentis mali damno prœteriit. Tertioab omni parte cœli eoiicare fulgura, et, nunc interniteoteluce, nunc condïta, non oculos modo meaotisexercitus, sed etiam animos terrere cœperunt.Eratpropecontinuas cœli fragor $ et passim cadeniium fulminumspecies visebatur, attonitisque auribus, stupees agmenpec progredi, nec consistere audebat. Tum repente im*ber grandinem incutiens lorrentis modo effunditur, acprimo quidem armis suis tecti exceperant; sed jam necretieere arma lubricae et rigeotes manus poterant, necipsi destinare f in quam regionem obverterent corpora,CJIIUïîî undique tempestaiis ¥iolentia major , quam vitabatur? occurreret.Ergo ordinibus solutis per totum saltum errabun<strong>du</strong>magmen ferebatur; multique, priusmetu, quam laboredefatigati, prostraverant humi corpora, quanquam imbremvis frigoris coocreto gelu astrinxerat. A lu se sti*pitibus arborum admoveraot ; id plurimis et admtnicu-t


QU1NTE-CURCE, LIV. VIII.placé par Stasanor. Arsace fut envoyé en Médie pourprendre le poste d'Oxydates. Le gouvernement de laBabylooie, vacant par la mort de Mezée, fut conféré àDeditamenès.IV. Après avoir tout réglé de la sorte, il quitta, aubout de trois mois, ses quartiers d'hiver, pour s'acheminervers une contrée nommée Gabaza. La premièrejournée de marche fut tranquille; la suivante, sans êtreencore orageuse ni pénible, fut cependant plus sombreque celle qui avait précédé, et laissa pressentir les menaçantesapproches <strong>du</strong> mal qui se préparait. Le troisièmejour, les éclairs commencèrent à briller dans toutes lesparties de l'horizon, et leur lueur, tour-à-tour perçantles ténèbres et s'y cachant, outre qu'elle éblouissait lesyeux de l'armée en marche, frappait les esprits d'épouvante.Le ciel retentissait d'un grondement presquecontinuel ; de tous côtés, la foudre tombant s'offrait au*regards, et le soldat, les oreilles assourdies et le cœurglacé d'effroi, n'osait ni avancer ni s'arrêter. Un instantaprès, des torrens de pluie mêlée de grêle inondèrent laterre : ils s'en garantirent d'abord, à couvert sous leursarmes; mais bientôt leurs mains, engourdies par l'humiditéet par le froid, devinrent hors d'état de les tenir;ils ne savaient même plus dans quelle direction se tourner,trouvant de chaque côté la tempête plus violente àmesure qu'ils s'efforçaient de l'éviter.Alors, on les vit rompre leurs rangs, et se répandreen désordre dans toute la forêt; plusieurs, abattus parla crainte avant de l'être par la fatigue, se couchèrentsur la terre, quoique l'excès <strong>du</strong> froid eût transformé lapluie en une glace épaisse. D'autres s'appuyèrent contredes troncs d'arbres : ce fut là le soutien et l'abri <strong>du</strong> plusi5i


i5aQ. CUETII RUF1 L1B. VIII.lu»! et sufiugûim erat. Nec fallebat ipso s mortî locumeligere f quum immobiles vitalis calor linqueret : sedgrata erat pigritia corporum fatigatis ; nec recusabaetexstingui quiescendo : quippe non vehem'ens modo y sedetiam perttnax vis mali insistebat; lucemque, naturalesolatium, praeter tempestatem , hâud disparem nocti,silvarum quoque umbra suppresserat.Rex, unus tatiti mali pa tiens , circomire milites, cootraberedispersos, allevare prostratos, ostendere proculevolutum ex tuguriis fumum, bortarique utproxima quae*que suffugia occuparent. Nec ulla res magis saluti fuit fquam quod multiplicato labore sufficientem malis , quibusipsi cesserant| regem deserere erubescebant. Ceterumefficacior in adversis nécessitas, quam ratio, frigorisremedium invenît: dolabris enim sil vas steraere aggresst,passim acervos struesque accenderunt. Continenti incendioardere crederes saltum, et vix inter flammas agminibusrelictum locum : bic calor stupentta inembracommovit; paulatiiiM|ue spiritus ? quem continuerat ri*gor f meare libère cœpit. Excepere alios tecta Barbaroruiiiiquae, in ultiino saltu abdita, nécessitas investigaveraï;alios castra, quae in humido quidem, sed jam cœli mitescentesaevitia, locaverunt. Mille militum àtque lixarumcalonuiuque pestis illa consumpsit.


QU1NTE-CUECE, UV. VIII.i53grand nombre. Ils n'ignoraient pas qu'ils ne faisaient{I y e e 11 o i s î r une p la ee po ur v m o 11 r i r, et c j 11 e , clans leurimmobilité, la chaleur vitale allail les abandonner ; maisl'inaction plaisait à leurs corps épuisés de lassitude, etune mort certaine ne les effrayait point, pourvu qu'ilsM- reposassent: car le fléau, outre sa violence, persévéraita v oc une c r 11 o 111 * o p i n t a t r e te» et la 11 i 1111 é r c, cet t ei -o isolation n a 11t re 11 e de 11 i o i n t n e , cl e j à v o i 1 o e pa r u n etempête aussi sombre que la nuit, achevait de disparaîtrepar 1 épaisseur des liens.Le roi seul, sachant supporter tant de* maux, allait etv e n a 11 a u t o u r cl e s soldats, ralliai!" e eux c j u ' i I 111) u va i tdispersés, relevait de terre les malheureux uni s\ étaientr i e 11 c 1 ii s » I eu r m o «trait au I o in la f u n M fe qui s o riait cl esest ba ne», et les e x 110 r I a 11 a g a g n e i * e 11 t o u t e bâte les a b r i sles plus voisins. El: ee qui contribua surtout à les sauver,rt-st que, voyant leur roi se multiplier lui-même pour lala ! i £ u e et s u p porter des ni a n x a n x q u e I s ils a v a i e t i t ceci é,ds rougissaient de l'abandonner. A la bn, la nécessite,plus puissante clans la détresse que la raison même, leurlit trouver un remède contre Te x ces <strong>du</strong> f roi cl La hachea la mai n, ils commencèrent à faire de grands abattisd'arbres, et décote et d'autre mirent le feu aux irion-M-aux de bots qu'ils avaient amasses. On eut dit qu'un> a s t e i 11 et» i î d î e eo n s u m a i t la f o rè t t o ut en t. i c r e, et à j i e i 11 equelque place restait-elle pour les soldais au milieu des11 a m m e s » Ce pendant o e 11 o o h a I e u r r e n d i t h * m o u v e m e n ta I i : u r s m e m b re s engourdis, et p e u à p e 11 I e t j r respirateiiK^êneepar le froid, devint plus libre. Les nos seréfugièrent clans les cabanes des Barbares que la .neees-->te leur fit chercher jusqu'aux extrémités de la forêt ;>» autres s abritèrent sous leurs tentes, qu ils établirent


i54Q, CURTU RUFI LIB. VIII.Mémorise prodkum est , quosdam applieatos arborumtruocis, et non solum viventibus, sed et inter se colloquentibussimileSj esse coospectos; <strong>du</strong>rante adhuc habitu,io quo mors quemque deprehenderat. Forte Maceclogregarius miles, seque et arma sustentaos, tandemio castra pervenerat : quo viso f rex, quanquam ipse tunemaxime admoîo igné refovebat artus, ex. sella sua exsiluit,torpentemque militera, et vix compotem mentis,demptisarmis, in sua sede jussit considère. Ille diu f oeciibi requiesceret, neca quoesset exceptus, agoovit; tandem, recepto calore vitali, ut regiam sedem regemquevidit, territus surgit : quem intuens Alesander : cr Ec*quid intelligis, miles, ioquit, quanto meliore sorte, quamPersae, sub rege vivatis? illis enim in sella régis consedissecapitale foret; tibi saluti fuit. »Postero die convocalis amicis copiarumque <strong>du</strong>cibus,pronunciari jussit, ipsum omnia, quae amissa essent fredditurum; et promisso fides exstitit. Nam Sysimithresmulta jumeota, et camelorum <strong>du</strong>o millia ad<strong>du</strong>xit, pecoraqueet armenla; quae distributa pariter m il item etdamuo-et faîne liberaveruot. Rex, gratiam sibi rclatama Sysimithre praefatus, sex dierum.cocta cibaria ferremilites jussit | Sacas petens : totam banc regionem de-


QUJNTE-CURCE, LIV. VIII.iS5sur le sol tout humide, mais quand déjà commençaienta s'apaiser les rigueurs rie l'orage. Cette tempête emportanulle hommes, tant soldats que valets et. vivandiers.Un ni c o n t c r | n o n en t vo n v a plus! e 11 rs ,: 11 ) | ) i i y es e< > n t r eI!*\H troncs d'arbres, et qui paraissaient non-seulement\ i v r e e 11 e o re, ni a i s m è i ! » e < - a 11 s e i * e 111 r e c u .x, 1 e u r s eo r nsavant garde 1 attitude ou la mort elait venue les surprendre,lin simple soldat macédonien, qui ^e traînait ài ; i -a ut F p e i n e avec ses armes, a va î t e I é ; \ % se/, 1 ic 111 -e n \ | > o 11 rgagner le camp, lin le vu vaut, le roi , quoique ce lut leî i î o ni e nt où il é t a i t o c c n p e de se r ec 11 a u f ïe r i u i - n i c m e ,eniftit précipitamment son siège, et, après Pavoir débarrasséde ses armes, fit asseoira sa place le mal heureux queI engourdissement avait presque prive de Pusuge de sesMib. (.'.et homme fut long-temps sans savoir ou il était, ni«pii l'avait recueilli ; enfin , avant retrouvé la vie avec la\ î i a I e u r ? il r eeo n n u t le siège d u roi et le roi lui-même, etse 1 e v a tout é 11 o 11 v a nie. M ai s Alexandre, le regardant :• l:Ji bien, soldat, lui dit-il, ne vois-fn pas combien , sonsî i • ro i q n e v o 11 s a v ez , v o t re co n d i ! i o 11 v a ut m i e n x que c e 11 e! !es Perses : Pour un Perse, ce serait un crime capital de- cire assis sur le siège <strong>du</strong> roi ; et toi, c'est et? (pu t'a sauvé. 1 »1 ai I e n d e m a i n, a v a n t f a 11 a s ,se î I I h I e r s es amis et lesprincipaux officiers, i! les chargea d'annoncer qu d rendraittout ce qui avait été per<strong>du</strong>, et il tint: sa promesse.En effet, Sysimithrès lui avant amené une grande quan-! i f é cl e I ) e t es d e so mm e , e I d e 11 x i n 111 e eh a i n e* m\ , avecdrs troupeaux de gros et de menu bel ad , il lit tout distrilj il e i • a u x s f ) 1 ( I a t s , q u t se trot î v è r e 111 à ! a fo î s s o u 1 a g é hde la faim et de leurs pertes. Apres avoir ensuite louehautement le service que \ en ait de lui rendre Sysi midirès, d donna 1 on Ire à ses troupes de prendre des vivres


1S6Q. CUBTII RUFI LIB. VIII.populatus, xxx millia pecorumex praeda Sysimithridonodat. Inde pervenit Io regionem, coï Cohortanus, satrapesnobilis, praeerat, qui se régis potestati fideique permïsit:ille, imperio ei reddito, haud amplius, quam ut <strong>du</strong>o extribusfiliis seeum militeront, exegit.Satrapes etiam eum,qui pênes ipsum relinquebatur, tradit.Barbara opulentia con¥ivium f quo regem aeeipiebat,instruxerat. Id quum multa comitate celebraret, intro<strong>du</strong>cixxx nobiles virgines jussit : inter quas erat fîîla ipsîus fRoxane nomine, eximia corporis specie 9 et décore habitasin Barbaris raro. Quae ? quanquam inter electas processerat,omnium tamen oculos convertit in se; maximerégis, minusjam cupiditatibussuis imperantis interobsequiaforttinae, contra quam non satis caute mortalitas est.Itaque ille, qui uiorem Darii, qui <strong>du</strong>as filïas ¥irgines 9quibus forma praeter Roxanem comparari nulla polerat,haud alio animo quam parentis aspexerat, tune in amoremvirgunculae^ si régi» stirpi comparetur, ignôbilis fila efFususest, ut diceret, ad stabilien<strong>du</strong>m regnum pertinere,Persas et Macedones connubio jungi; hoc unomodo et pudorem victis, et superbiam victoribus detrabiposse : Achillem quoque, a quo genus ipse de<strong>du</strong>ceret,cum captiva coisse; ne inferri nefas arbitrareotur, slamalrimonii jure velle juogi.


QUJNTE-CURCE, LIV. MIL i r > 7cuits pour six jours, et marcha contre les Saces. II ravageatout leur pays ? et lira <strong>du</strong> butio trente mille têtestle bétail |iour en faire présent à S\ si mit lires. De la. onpassa clans la contrée où commandait Cohortanus , satrapede grande distinction, qm se remit a la discrétion<strong>du</strong> roi. Alexandre lui rendit MJII


i58Q. CUfttlI RUFI LIB. 'VIIÎ.Insperato gaudio laetus pater sermonem ejus excepit :et rex, mediocopidkatisardore, jossitafferri patriomorepaoem; hoc erat apud Macedones sanctïssimum coeuntîumpignus, quem divisum gladio uterque libabat Credoeos, qui gentis mores condiderunt f parco et parabilivictu osteodere voloïsse juogeotibusopes, quantulo coetentiesse deberent. Hoc modo rex Asiae et Europe intro<strong>du</strong>ctamioter convivales lodos matrimonio sibi adjunxit,e captiva geniturus, qui victoribus imperaret.Pudebat amicos super vinum et epulas socerum ex deditisesse electum : sed, post Cliti caedem libertate sublata,vultu , qui maxime servit, assentiebantur*V. Ceterum Indiam et inde Oceanutn petiturus, nequidatergo,quod destiuata impedire posset f moveretur fex omnibus provinciis xxx milita juniorum legi jussit,ei ad se araiata per<strong>du</strong>ci, obsides simul habiturus etmilites. Craterum autem ad persequeodos Haustaneu etCatenen, qui ab ipso defecerant, misit : quorum Haustanescaptus est, Catenes in prœlio occisus. Polyperconquoque regionem, quae Bubacene appellatur, in ditionemredegit. ïtaque omnibus compositis, cogitatioiies inbellum indicum verlit. Dives regio habebatur non auro


QUINTE-CUflCE, LIV. VIII. 1%Le père accueillit ses paroles avec les transports d'unejoie inespérée; et le roi ? dans l'entraînement de son ar-Je n ! t.* p a ss i o n , fi t apporter un pa 111, se 1 o i 't 1 ,* t e o u lu n i e des o n p a y s : e\ ; ! a 11 la, e 11 ez I es M a r ed o 111 e 11 s, I e g a ^ e leplus sacre* de l'union conjugale : on le cou part en deuxa Y e e u n e é j j e e , c t e I ï a c un d e s f u 1111 • s e p o t î X. e u ^ o û t a 11.Sans doute les premiers législateurs île celle nation, enchoisissant cet aliment simple et peu coûteux, ont vouluenseigner à ceux (|uî associent leur fortune, de combienpe u ils d o i v e n t se co 111 eut e r. (Test a i 1oa que le maître deî ' A s i e e t de 1 ' E u n > pe s '' u 11 î t par le nia ri 11 g e à un e fe J n n i eamenée en spectacle au indien des jeux d'un lest in , etque, <strong>du</strong> sein tl une captive, <strong>du</strong>t naître l'herilser destinea réciter sur un peuple de vainqueurs. Ses anus avaienth o n t e « I e 1 e v o i r, a u m i 11 e n des v i n s e t des mets, sec 1 io i s i r un be a u - p é r e dans la nation eo n q u i s e ; ? n a i s t o 1111*11 h e il é ayant dis p a r u cl e p u i s le m e u r 11'e 11 e C111 u s , 11 slin un ai eut Fait' de l'approbation à leur visage, l'instrumentde tlatterie le plus complaisant,V. Ce peu riant, au moment de pénétrer dans 11 m le etde là jusqu'à I 1 C ) ce a n , il e r a i g 11 a i t d e I a i s s e r d es é I é m e n ^t ! e i • é v o 11 e cl er ri ère 1 u i « j u i e 11 t ra v a s s e 1111 a c co i n p b ss e n H - n f


160 Q. CURT1I EUFI UB. VIU.modo f sed geaimis quoque margaritisque, ad liimîïîmagk quam ad magnificeotiam exculta. Clypei milïtaresauro et ebore fulgere dicebaotur : itaque, necubi vinceretur9 quom ceteris prœstaret, scutis argenteas laminas,ecjyîs freaos aurcos addidit ; loricas quoque alias aoro falias argent© adornavit : cxx millia armatorum eraut fquœ regem ad id bellum sequebantur.lamque omnibus praeparatis , quod olim prava menteconceperat 9 tune esse maturum ratus, quonam modocœlestes honores usurparet, cœpit agitare. imïs filiumnon dicï tantum se, sed etiam credi volebat, tanquamperinde animis imperare posset, ae linguis. Itaque morePersarum Macedones Yenerabundos ipsum salutare pro~sternentes humi corpora. Mon deerat talïa concupiseentiperaicïosa a<strong>du</strong>latio ? perpetuum malum regum, quorumopessaepius assentatio, quam hostis, evertit. Mec Macedonumhaec erat culpa (nemo enim illorum quidquamex patrio more labare su&tinuit), sed Grmmmm f quiprofessioncm honestarum artium malïs eorruperant moribus.Agis quidam Argi?us 9 pessiroorum carminum postChœrilum conditor, et ex Sicilia Cleo (hic quidem uoningeniî solum 9 sed etiam nationis Yitio a<strong>du</strong>lator) 9 et ceteraurbium suarum purgamenla f qiiae propinqnis etiam


QUINTE-CUECE, LIV. VIII. 161comme riche, non-seulement en or, mais en pierres preneusesci «ai perles, ci plutôt resplendissant., des pompes«lu luxe fine de la vraie magnificence. On racontait cpieI es h o o e 11 e es des soldais v e î i n eel a i e 1i1 < l'o r e t. iY\ vo ire.Aussi A î e x a n c 1 r e , p o u r 11 e I e point e e d e r c* 11 cela, I o rs -c] u. 11 é t a ï t s u p i! r i e 11 r en t o u t < * a. u t r e e 11 o se, fit garnir 1 esboucliers des siens de plaques d argent, «i. mettre aux«'• h e v a 11 x cl es ( re i n s en or; î e s entrai es furent o n u ; e s, lesunes


i6aQ. CURTII RUFI LIB. TOI._ maxiraorumque exercltuum <strong>du</strong>cibus. a regc praeferebaotur: hi tem cœlum ilti aperiebant, Herculemque etPatrem Liberum, etcumPoIluce Castorem novo nurainicessuros esse jactabant Igltur feslo die omni opulentiaconviviura exornarl jubet, eui non Macedones modo etGraecï principes amicorum, sed etiam nobiles adhiberentur: cum quibus quum discubuisset rex, paulisperepulatus, cdnvivio egreditur.Cleo, sicut prœparaverat, sermonem cum admirationelau<strong>du</strong>m ejus instituit; merka deinde perceasuit, quibusuno modo referri gratiam posse ? si y quem intelligerentdeum esse y confiterentur, exigua thuris impensa tant^bénéficia pensaturi. Persas quidem non pie solum 9 sedetiam prudenter reges suos ieter deos colère : majestatemenim imperii salutis esse tutelam. Nec Herculemquidem et Patrem Liberum pries dicatos deos f quam vicisseotsecum viventium invidiam : tantumdem quoqueposteros credere, quantum praesens œtas spopondisset.Q.uod si ceteri <strong>du</strong>bitent, semetipsum , quum rex iaîîssetconvivium , prostraturum humi corpus ; debere idem facereceteros 9 et in primis sapientia prâeditos : ab illisenim cellus in regem esse proden<strong>du</strong>m exemplum.Haud perplexe in Callisthenem dirigebatur oratio;gravitas viri et prompta liber tas invisa erat régi, quasisolus Maœdpnes paratos ad taie obsequsum moraretur.


QUINTE-CUECE, LIV. VIII.à ses proches et à ses plus renommés capitaines; telsétaient ceux qui lui ouvraient le ciel, et qui publiaienthautement qu'Hercule, que Bacchus, que Castor et Poliras'effaceraient devan| le nouveau dieu. Il fait donc,un jour de fête, préparer un banquet avec la plus somptueusemagnificence, se proposant d'y réunir, avec lesprincipaux de ses amis f Grecs et Macédoniens, ce qu'ily avait de plus distingué parmi les Barbares*. S'étantmis à table avec eux, il mangea un instant, et puis sortitde la salle <strong>du</strong> festin.Cléon, dont le rôle était préparé,- débita alors undiscours où l'admiration était prodiguée aux vertus <strong>du</strong>roi; il passa enspite en revue ses services : à l'entendre,il n'y avait qu'une seule manière de les reconnaître, etc'était, puisqu'ils voyaient en loi un dieu, de le proclamer,et de payer par un peu d'encens de si mémorablesbienfaits. Ce n'était pas seulement de la piété, c'étaitaussi de la sagesse dans la nation perse d'honorer leursrois comme des divinités; car la majesté <strong>du</strong> pouvoirsuprême était la sauvegarde de sa <strong>du</strong>rée. Hercule luimêmeet Bacchus n'avaient été mis au rang des dieuxqu'après avoir désarmé l'envie contemporaine. C'étaitsur le témoignage <strong>du</strong> temps présent que se réglaient lesjugemens de la postérité. Que si les autres hésitaient,lui-même, lorsque le roi entrerait dans la salle <strong>du</strong> festin,irait se prosterner à ses pieds; mais il fallait quele reste des convives en fît autant, ceux-là surtout quifaisaient profession de sagesse; car c'était à eux à donnerl'exemple d'un culte respectueux envers le monarque.Ce discours était, à n'en pas douter, dirigé contreCallisthènes : la sévérité de ce personnage et sa trop librefranchise déplaisaient au roi, comme si lui seul arrêtait11.i63


i64Q. CURTII RUF1 LIB. VHLIs tuin, silenlio facto, liait m illum intuentibus céleris:« Si rex, inquit, sermoni tuo affuïsset, nullius profectovox responsuri tibi desideraretur; ïpse enim peieret, eein peregrinos ritus degenerare se cogères, neu rébus felieissimegestis inYÎdiam tali a<strong>du</strong>latione contraheres. Sedquoniam abest 9 ego tibi pro illo respondeo : nullum esseeumdem et diuturnum et praecocem fructum ; cœlestesquehonores non dare te régi, sed auferre : intervalleenim opus est, ut credatur deus, semperque banc gratiammagnis viris posteri red<strong>du</strong>nt. Ego autem seram immortalitatemprecor régi, ut vita diuturna sit, et aetemamajestas. Hominem consequitur aliquando, nuaquamcomitatur diYinitas. Herculem modo et Patran Liberumconsecrat» immortalitatïs esempla referebas. Credisne,illos unius convivii decreto deos factos? prius ab oculismortalium amolita natura est, quais in ccelum famaperveheret. Scilicet ego et tu, Cleo, deos facimus ! a nobisdiwinjtatis su» auctoritatem accepturus est rex! potentiamtuam ex péri ri libet : fac aliquem regem, si deumpotes facere; facilius est cœlum dare, quam iniperium.Dii propitii sine invidia, quae Cleo dixit, audierint 9 eodemquecursu, quo iuxere res, ire patiantur; nostrismoribus veliot nos esse contentos. Non pudet patriae,nec desidero ad quem mo<strong>du</strong>m rex niîlii colen<strong>du</strong>s sit,


QUINTE-CUECE , LIV. VIII.les Macédoniens prêts à lui rendre on pareil hommage.On se taisait, et tous les regards étaient fixés sur lui :il prit «ilors la parole : «Si le roi, dil-d, eût assiste a tonc I i s co 11 l's. s a n s f 1 o u te aucune v o i x 11 a 11 ra 11: lies o in d e s e-i65lever pour le répondre; lui-même, te demanderait de ne| )ïï s I e fa i re descendre a des c o n t u 111 e s e ! r a 11 g e res » e t. d ene point attirer la liante h tir ses prospérités par unesemblable flatterie. Mais puisqu il est absent» je te répondspour lui, qu'il n\ a point de fruit (pu soit enmême temps précoce et <strong>du</strong>rable; et que loin d assurerau rot les honneurs divins. In les ku otes. Il faut encore<strong>du</strong> temps avant qu on le croie dieu, et c'est toujours lapostérité qui décerne aux grands bon unes cette récompense.Quant à moi, je ne sou liai le à Alexandre qu'uneun mortalité tardive, afin que sa vie soit longue et: sa majes t é é t e r11 e Ile. I ,e titre cl e dieu p e n 1 suivre, ni a i s téa e -compagne jamais la vie de l'homme. Tu nous citais t o util-Fheure l'apothéose de lîaeeh us et d'Hercule. Peu ses-tuqu'il ait. suffît d'un décret, proclamé* à table, pour lesfaire dieux r 1 Ce qu'il v avait d humain dans leur nature,a < ! i s pa r u a 11 x veux cl es h o t n m es avant que I « t r e 11 o t n i o ée! e s é 1 e v à t a u e i e 1. A i n s i clou e, t o i et moi, < > U * o n , no u sfaisons des dieux! J'aimerais à mettre ta puissance àl'épreuve; fais seulement un roi. puisque tu peux faireun dieu : un empire est plus facile à donner que le ciel.A h î put sse n t. I es c I i e 11 x p r o pu *e s a v o i r e u t c* n d u sa n s c o n r -i • o 11 x ce qu'a dit C ! é o n , et I a i s s e r à la ( o r t u n e d e n o I ren i o 11 «i r q 11 e I c c *o 11 r s pi *o s p e r e c p i e I ! e a s 111 v i p i s q u a cejour; puissent-ils nous permettre de rester fidèles a nosuicetirs ! Je ne rougis point: de ma patrie, et je n ai pasbesoin d'apprendre des vaincus de quelle la cou je doishonorer le rem je les reconnais désormais pour nos vaut-


i6fiQ. CUETII EUFI LIB. VIII.discere; quos eqoidem victores esse confiteor, si ab illisleges, qoeïs vivamus , accipimus. »Jîquis auribus Callisthenes veluti vindex public» libertatisaudiebatur : expresserat non assensionem modo ,sed etïam vocetn 9 seniorum praecipue, quibus gravis eratïnveterati moris externa mutatio. Nec quidquam eorum,quae invieem jactata erant, rex ignorabat; quum post aulœam,quae lectos ob<strong>du</strong>xerat ? staret Igitur ad Âgin etCleonem misit, ut sermone fînito Barbaros tantum,quum iotrasset, procumbere suo more patereotur : etpaulo post 9 quasi potiora quaedam egisset, cooviviunirepetit Quem venerantibos Persis f Polypercon, qui cubabatsuper regem, imum ex iis mento contingenterahumum per ludibrium cœpit hortari, ut vehementius idquateret ad terram; elieuitque iram Alexandri, quamolim aoimo capere non poterat. Itaque rex : « Tu autem ?inquit, non veneraberis me? An tibi uni digoi videmuresseludibrio? » llle nec regem ludibrio, nec se contemptudignum esse respondit. Tum detractum eum lecto rexpraecipitat in terram ; et quum is pronus corruisset :« Videsne, inquit f idem te fecisse ? quod in alio pauloante ridebas? » Et tradi eo in custodiam jusso, eonviviumsol vit. Polyperconti quidem postea, castigato diu,ignovit.


QU1NTE-CURCE, LIV. VIII. 16?queurs f s'il faut que nous recevions d'eux les lois d'aprèslesquelles nous devons vivre. »Callistliènes avait été enten<strong>du</strong> avec plaisir, commele défenseur de la liberté publique. Il avait obtenu dessignes et même des paroles d'approbation, surtout desvieillards, à qui déplaisait le changement de leur anciennefaçon de vivre en des coutumes étrangères. Le roin'ignorait rien de ce qui avait été dit de part et d'autre;il s'était constamment tenu derrière une tapisserie qu'ilavait fait placer autour des lits. 11 envoya donc dire àAgis et à Qéon de rompre l'entretien, et de laisser seulementles Barbares se prosterner, selon leur coutume,quand il reparaîtrait; et peu après, comme s'il eût terminéquelque affaire importante, il rentra dans la salle<strong>du</strong> festin. Les Perses commencèrent la cérémonie de leuradoration; Polypercon, qui occupait un lit au dessus<strong>du</strong> roi, voyant l'un d'entre eux toucher la terre de sonmenton, se mit à l'exhorter ironiquement à frapper encoreplus fort. Ce propos fit éclater la colère d'Alexandre,qu'il avait depuis long-temps peine à contenir, ce Ainsidonc, dit-il, tu me refuseras tes respects? et pour toi seulje serai un objet de risée? » Polypercon répondit que leroi ne devait être un objet de risée, pas plus que lui demépris. Alors Alexandre l'arrachant de son lit, l'en jetteà bas; et comme il était tombé la face contre terre :« Vois-tu, lui dit-il, comment tu viens de faire toi-mêmece qui tout-à-l'heure te faisait rire dans un autre. » Elayant ordonné qu'on le con<strong>du</strong>isît en prison, il congédiales convives. Dans la suite, il est vrai, il pardonna àPolypercon-, après lui avoir fait subir un long châtiment.


168 Q. CURTII EUFI LIB. VIII.VI. In Callisthenem , olim cootutnaciae suspectum tpervicacioris ïrae fuit, cujus explendae tnatura obYeaitoccasio. Mos erat, ut supra dictum est, priacipïbus Macedouum,a<strong>du</strong>ltos lïberos regibus tradere ad munia yliaud multuni servilibus ministeriis abhorrentia. Exctjbabaotservatis noctium vicibus proximi foribus «dis, ïaqua rex acquiescebat; per hos pellices intro<strong>du</strong>ccbanturalio aditu y quatn quem armati obsidebaot. lidem acceptosab agasooibus equos 9 quum rex ascensurus esset ,admovebant; comitabanturque et veuatitem, et iii prœliis,omnibus artibus studiorum liberalium exculti. Praecipuushouor habebatur, quod licebat sedeotibus vescicum rege : castigaiidi eos verberibus nullius potestaspraeter ipsum erat. Haec cohors velut semioarium <strong>du</strong>cumpraefectorumque apud Macedooas fuit : faine habuereposteri reges 9 quorum stirpibus posl multas œtates Romaniopes ademerunt.IgikirHermolaus ?pueraobilis ex regia cohorte,quumaprum telo occupasset, quem rex ferire destioaverat fjussu ejus verberibus affectifs est; quam ignorai oiamaegre fetfeos, deflere apud Sostratum cœpit. Ex eademcohorte ferat Sostratus, amore ejus ardens : qui quumlaceratum corpus, in quo deperibat y iotueretur, forsiianolim ob àliam quoque causant régi infestas f juvenem,


QUINTE-CURCE, LIV. VIII. 169VI. Il eu fut autrement de Callisthènes. Depuis longteiiï|J^sa lière indépendance faisait ombrage au roi» et ilgarda conlrc lui un ressentiment, plus c»pinî*ilr«*. ('/était,comme nous lavons dit plus haut, ou usa tic fia a s lespremières familles de Macédoine , de plaecr auprès ticsrias leurs en fa us des qu'ils étaient ad H h es, pour y remplirdes fonctions peu différentes de relies de la domesticité.Ils passaient les nuits, chacun à M ai leur, a la porte(le I a[)fiarterne 111 oi1 cone11 a 11. le mi; c'étaient eux quiintro<strong>du</strong>isaient les concubines par une autre porte quecelle où se trouvaient les gardes, C ci a naïf eux aussi quirecevaient des mains des palefreniers et présentaient auroi les chevaux qu'il devait; nie nier; ils l'accompagnaient.1 la chasse, aussi bien que dans les combats; et tien nema n (j uait à leur esprit de ce qui forme une é<strong>du</strong>cation libérale.Laie de leurs prérogatives , et celle qui leur fai->Xi 1 ! le plus dit o iiiifcir , et a 11 d e po u v o 1 r manger assis a


170 Q- CURTII MJFI UB. VIII.sua sponte jam motum , data fide aceeptaque perpulit, utoccidendi regem coDsiliom secum iniret. Nec puerilï impeturem exsecuti sont : quippe solerter legerunt, quosin societatem scelerïs adsciscerent : Hïcostratum , Àotipatrum,Àsclepiodorumque, et Pbilotam placuit assumt ;per hos adjecti sunt Anticles, Elaptonius et Epïmenes.Ceterum agenda reî haucl sa ne facilis patebat via : opuserat eadem omoes coojuralos nocte excubare, ne abexpertibus coosilii impedirentur; forte autem alius alïanocte excubabat. Itaque in permutandis stationum vicibus,ceteroque apparalu exsequendae rei, trigiota et <strong>du</strong>odies absumpti sunt.Aderat nox f qua conjurati excubare debebant 9 mutuafide laeti, cujus documentum tôt dies fuerant : neminemmetus spesve mutaverat; tanta omnibus vel in regemira, vel fides ioter ipsos fuit ! Stabant igitur ad foresaedîs ejus, in qua rex vescebatur, ut convivio egressumin cubiculum de<strong>du</strong>cerent. Sed fortuna îpsius, simulqueepulantium comitas provexit omnes ad largius vioum;ludi etîâîii convivales extraxere tempos, aune laetis conjurais,quod sopitum agressuri essent, nunc sollicitis,ne in lucem convivium extraherctur : quippe alios instationem oportebat prima luce succedere; ipsorum postvu diesreditura vice : nec sperare poterant in illud tempusomnibus <strong>du</strong>raturam fidem.


QUINTE-CURCE, LIV. VIII. 171de l'émotion où le jeune homme était déjà par lui-mêmepour le déterminer, sous la foi d nii nuittlel .serment, aI or mer le projet d'assassiner Alexandre, ht ils ne eonc!1 i 1 > î re o t p a s ce 11 e affaire avec I e I c >t n ' d en e de leur a g e :ils purent au contraire heauroi 111 d'adresse à choisir leursI -o m pli ce s : N i c o strate, A n 11 p a t e r. A s e I e p î oc 1 o r e e t 1 } 11 î -Iota s forent ceux qu'ils convinrent de s'adjoindre; etceux-ci leur amenèrent A nt ici es, Elapïonius et Lpune-II es. A u re s l e, Te xee 11110 f 1 d e ce p r o [ c t 1 f é t a U r i r n moinsque facile; il (allait: que les conjures lussent tous de ser-\ i ce la i î 1 e m e nuit pour n e p oint t r o u v e r d o bs t a c 1 es clan s! c urs eo î 1 î pa g 11 o n s et r a 1154e r s au c o m p I o t : cl. le hasard 1 e sîiicllail, de garde a différente* nuits les uns des autres,Aussi trente-deux jours furnif-ils employés a changerTordre <strong>du</strong> service, et à terminer les autres apprêts de la01 us pi rat: 10 n.La 11 u i t < * t a 11 a 1 • r 1 v < ; e o u les e o n ] u r é s devaient se* trouverréunis dans la n ICI ne garde, pleins d une joyeuse assuranceen leur mutuelle fidélité, que leur garantissaitun silence de 1 tant de jours, Aucun nés était laisse ebran-I e r p a 1 * I a c ra t n I: e , ni P e s p e r a n e e , t a ut d s a v a 1 e u t ton sd e bain e eo 1111 v e 1 e roi , o u d e r e s | ) e c t | >o 11 r I e urs se r m e 11s !Ils se tenaient donc à la porte de la salle ou le roi sou-|) a 11 » p o u r I e eo n cl u 11'e , a 11 s o r t u • d e table, d a n s s a c 11 ai n b n ia c 0 u c h e r, A la i s sa fo r 111 r 1 e e t 1 e s c : 11 a r m c s c I e 1 a réuni û 11c n t r a î n è re n t t o us les eo n v i v e s à b o î r e plus la r g e meut;.les jeux mêmes <strong>du</strong> festin en prolongèrent la <strong>du</strong>rée. Lesc • o 11 j u ré s ce p e f 1 d a ri t: et a i e n t p a r f a g e s e n i r e 1 a j o i e c 1 e p o u -voir le surprendre an milieu au sommeil, et 1 inquiétudede voir le repas <strong>du</strong>rer jusqu'au jour; car, au h»ver del'an r o r e , ils d e v a i e n t ê 11 -c 1 *e I e v é s par d'au t r e s j :> o u r ne1 e pr e n cl re ! c se r v i < a - q \ 1 e sep î jours a p re s ; et ils ne pt ai-


i7* Q. CUET1I EUFI LIB. VOLCeterum quum jam lux appeleret f et convivium solvitur,et conjoratï esceperunt regem f laetï occasionemexsequendi sceleris admotam; quum mulier attonite,ut creditum est, mentis, conversari in regia solita, quiainstinctu videbatur futura praedieere , non occurrit modoabeunti, sed etiam semet objecit; vultuque et oculismotum praeferens anirfii, ut rediret in convivium monuk: et ille per lu<strong>du</strong>m, bene deos suadere respondit;revocatisque amicïs in horain diei ferme secundam cooviviitempus extraxit.Jam alii ex cohorte in stationem successerant, anlecubiculi fores eicubituri; adhuc tamen conjurati stabant,vice officii soi expleta : adeo pertinax spes est fanmanœmentis f quam ingentes concupiscent!» dévorantRex benignius quam alias allocutus, cliscedere eos adcuraoda corpora, quoniam tota nocte perstitissent, jubet.Data suât singulis quinquaginta sestertia, eollaudatique? quod, etiam aliis tradita vice, tamen excubirepersévérassent Illi tanta spe destitiiti domos abeunt; etceteri quidem exspectabant stationis su» noctem : Epimenes,sive comitate régis, qua ipsum inter eonjuratosexceperat, repente oiutatus ? sive quia cœptis deos obstarecredebat, fratri suo Eurylocho, quem antea expertemesse consilii voluerât, quid pararetur , aperit. Om-


QUINTE-CUBCE, LIV. V11I. i 7 3vaient espérer que tous gardassent aussi long-temps leurfoi.Déjà le jour approchait, lorsqu'enfin on. se leva detable, et les conjurés vinrent prendre le roi ? ravis de ceque l'occasion s'offrait d'accomplir leur crime. Tout à coupune femme, dont l'esprit était, à ce que Ton crut, égaré,mais accoutumée à entrer dans la tente <strong>du</strong> roi , parcequ'une sorte d'inspiration semblait lui révéler l'avenir,se présenta sur son passage et alla jusqu'à l'arrêter : témoignantpar ses regards et tout son visage le troublede son âme, elle lui conseilla de rentrer dans la salle <strong>du</strong>festin. Alexandre répondit, en plaisantant , que l'avis desdieux était bon , et, ayant appelé ses amis, il continua derester à table jusqu'à la deuxième heure <strong>du</strong> jour.La garde avait été déjà remplacée par d'autres jeunesgens <strong>du</strong> même corps destinés à faire sentinelle à la portede la chambre <strong>du</strong> roi. Les conjurés restaient cependantà leur poste, quoique leur service fût terminé, tant l'espéranceest opiniâtre dans l'âme humaine, lorsque d'ardenlespassions la dévorent. Le roi, leur parlant avecplus de bonté que jamais, les engagea à se retirer pourprendre <strong>du</strong> repos, puisqu'ils avaient été sur pied toutela nuit H leur donna à chacun cinquante sesterces ? etles loua fort de ce qu'après avoir remis le poste à d'autres fils avaient encore continué leur faction. Déchus alorsd'une si grande espérance, ils se retirèrent dans leursquartiers, décidés à attendre la nuit où reviendrait leurservice. Mais Épimenès, soit qu'il se fût senti changépar la bienveillance avec laquelle le roi l'avait accueilliparmi les autres conjurés, soit qu'il se persuadât que lesdieux s'opposaient à l'entreprise, alla tout révéler à sonfrère Euryloque, qu'il avait voulu auparavant éloigner


i74Q. CUâTI! EUFI LIB. VIII.nibus Philotae supplicium in oculis erat. Itaque protinusinjicit fratri maiium 9 et in regiam pervenit : exeitatisqoecustodibuf corporis, ad saluteni régis pertinere, quaeafferret, affirmât.Et tempus, quo vénérant, et ?ultus haud sane securianimi index, et mœstitia e <strong>du</strong>obus alterius ? Ptolemaeumac Leonnatum excubantes ad cubiculi limen excitaverunt: itaque 9 apertis foribus et lumine illato, sopitummero ac somno excitant regem. Ille paulatïm mente collecta, quid afferant, interrogat. Nec contatus Eurylochus? non ex toto domum suam aversari deos, dixit,quia frater ipsius y quanquam impium facinus ausus foret,tamen et pœnitentiam ejus ageret, et per se potissimumprofiteretur indicium : in eam ipsam noctem,quae decederet, insidiascomparatas fuisse : auctores scelesticonsilii esse, quos minime crederet rex.Tum Epimenescuncta ordine, consciorumque nominaexponit. Callisthenem non ut participem facinoris nooninatumesse constabat; sed solitum puerorum sermonibusvituperantium criminantiumque regem faciles aures praebere.Quidam adjiciunt, quum Hermolaus apud eumquoque verberatum se a rege quereretur, dixisse Callisthenem,memïnisse debere eos jam viros esse : idque anad consolandam patientiam verberum, an ad incitao<strong>du</strong>mjuvenum dolorem dictum esset, in ambiguo fuisse.


QU1NTE-CUECE, LIV. VIII. 17$de toute participation au complot. Chacun avait devantles yeux le supplice de Philotas. Aussi la première choseque fit Euryloque fut d'arrêter son frère et de se rendreau palais. Là , éveillant les gardes , il leur déclare qu'ilapporte des nouvelles qui intéressent la sûreté <strong>du</strong> roi.L'heure à laquelle ils se présentaient y leurs visagesqui ne témoignaient guère des âmes tranquilles, la tristessede Fun des deux, frappèrent Ptoléinée et Leonnatus,qui gardaient le seuil de la chambre à coucher.Ouvrant donc la porte et faisant apporter de la lumière,ils éveillent le roi appesanti par le vin et le sommeil.Celui-ci y recueillant peu à peu ses idées, leur demandece qu'ils viennent lui annoncer. Euryloque, sans tarderun instant, s'écrie que les dieux ne se sont pas tout-àfaitdétournés de sa maison , puisque son frère, coupablede la pensée d'un grand crime, a pourtant eu le bonheurde s'en repentir, et vient, par son entremise, enfaire la révélation. Que la nuit même qui venait de finir,un attentat avait été préparé contre les jours <strong>du</strong> roi, etque les auteurs de ce projet criminel étaient ceux qu'ilen soupçonnait le moins.Alors Épimenès expose le complot dans tous ses détails,et avec le nom de chacun des conjurés. Il était certainque celui de Callisthènes n'avait pas été prononcédans le nombre ; il avait seulement l'habitude de prêterune oreille trop facile aux propos haineux et aux accusationsde ces jeunes gens contre le roi. Quelques - unsajoutent qu'Hermolaùs étant venu se plaindre à lui d'avoirété fouetté par ordre d'Alexandre, Callisthènes luidit qu'ils devaient tous se souvenir qu'ils étaient déjà deshommes. Voulait-il, par ces paroles , le consoler de sadisgrâce | ou enflammer les ressenti mes s de cette jeu-


176 Q. CUET1I RUFI LIB. VIII.Rex, aoimi corporisquesopore dïscusso , quum tanti periculi,quod evaserat, imago oculis oberraret, EurylocliuniL laleatis et cujusdam Tyridatis opulent! bonisdouai protenus; fratremque, anlequam pro salute ejusprecaretur ? restituit. Sceleris autem auctores, ieterqueeos Callistbeoem, vînclos asservari jubet: quibus in regïâîîîad<strong>du</strong>ctis y toto die et oocte proxima 9 mero ac vîgiliisgravis y acquievit. Postero autem frequens consiliumadhibuit, cui patres propinquique eorum, de quibusagebatur f intereraoty ne de sua quidem salute secori:quippe Macedonum more perire debebaot, omnium devotiscapitibus, qui sanguine cootigissent eos. Eex intro<strong>du</strong>ciconjuratos praeter Callisthenem jussît : atque qu»agïta¥€râol f sine cunctatione confessi sunt. Increpantibusdeinde universis eos, ipse rex 9 quo suo merito tantuai in semet cogitassent facinus, intefrogat.VIL Stupeotibus ceteris ? Hermolaus : ce Nos vero ,inquit 9 quoniam y quasi nescias y quaeris occidendi teconsilium inivimus y qui non ut ingenuis imperare cœpisti,sed quasi in mancipia dominaris. » Priai us exomnibus pater ipsius Sopolis y parricidam etiam parentissui clamitans esse ? coosurgit, et ad os manu objecta,scelere et malis iosanientem ultra negat a.udien<strong>du</strong>m. Rex ftohibito paire, dicere Hermolaum jubet, quae ex tnagistrodidicisset Callisthene.


QUINTE-CURCE, LIV. VIII. 177nesse? C'est ce qu'il fut impossible de décider. Le roi,"navant plus l'esprit ni le corps endormis, aperçait toutela grandeur cl» péril auquel il avait échappé. Il clouna>iir-le-champ à Eu r y loque cinquante taIru.s et les bienstl tin eetiain Tvridate, (pu était fort riche; il lui renditaussi son frère, sans lui laisser le temps de ileniautlersa grâce. Quant aux auteurs de la conspirât ion , parmilesquels fut range Calhstlienes , il les lit charger de fersïl mettre sons bonne garde. J)és qu'on les ettl. amenésdans le palais , fatigué de veilles et de clc ; l>aitelles, Alexandrese reposa font Je jour cl la nuit suivante. Le lendemain,il convoqua une nombreuse assemblée , à laquelleassistèrent les pareils et les proches des aceuses, peu rassureseux-mêmes sur le sort qui les al tendait : ear ils


î78" Q. CURTII RUFI LU. VIII.Et Hermolaus : « Utor, inquit, benefieïo tuo, et dico,quae oostris mafis didici. Quota pars Maeedonum writiaetu» superest? quotusquisque non e vilissimo sanguine?Attalus, etPhilotas, et Parraenio, et LyncestesAlexander, et CKtus, quantum ad hostes pertinet î vivunt;stant in acie, te clypeis suis protegunt f et pro gloria tua 9pro Victoria vulnera accipiunt : quïbus tu egregîam gratiamretulisti. Alius mensam tuam sanguine su© aspersït; alius ne simpliei quidem morte defîinctus est : <strong>du</strong>cesexercituum tuorum ie equuleum impositi, Persis f quosvicerant, fuere spectaculo. Parmenio, indicta causa, trucidatusest , per quem Attalum oecideras* Invicem enimmiserorum uteris manibus ad expetenda supplicia ; et,quos paulo ante miolstros caedis habuisli , subito ab aliisjubés trucidari. »Obstrepunt subinde cuucti Hermolao : pater> supremumstrinierat ferrum f percussuras haud <strong>du</strong>bie ? ni inhibitusesset a rege : quippe Hermolaum dicere jussit,petiitque , ut causas supplicii augentem patienter audirentjEgre ergo coercitis, rursiis Hermolaus :


QUINTE-CUECE, LIV. VIH.17^laik de dire ce qu'il a appris de son maître Callisthènes.« Je profite de ta munificence ? reprit alors Hermolaùs,i » t vais d i r e c e c j u e 111 ' o ri t a p p ris 11 o s 111 ailleurs, il o ni b ï e 11i • e s t e-1 - i I cl e M a ce cl o r 1 i e 11 s é e 11 a p p es à t a e r u a ti t é ? e o 1111 ) i c* 11en r e s î e -1 - i 1 f si u o1:1 cl u s a 11 g* 1 e p 1 u s v u I g a ire ? A.11 a I c 9FI 1 i ! o t as, Pa r ni ë 11 i o 11, Al exa 11 d re I .y 1 ices ! es, C, 1 î t u s , siIon 11 e cl c i ïï a 11 d e eo ro pie de leur jours qua l'ennemi»vivent encore ; ils seuil fermes au milieu (le la tnélee, ilsle rouvre*ut de leurs boucliers; ils paient ta gloire et tesvictoires au prix de leurs blessures. Que tu les eu as dignementrecoin peu ses ! L'un a arrogé ta table de son sang;l'autre nu pu même recevoir la mort dVin seul coup : ila fa ! 111 que I e s gêné r a u x d e t o u armée, pi a ces sur le. e 11 e -valet, fussent donnes en spectacle aux Persesqu'ilsavait* rit vaincus. Par nié ni on a été égorgé sans être ente11 ci u j a p rès que j >a 1 * si: s 1 n a i 11 s lu a v a t s il 11 ni o 1 e A11 a 1 e ;c a r 11 i fa î s t o u r - à-1 o 11 r cl e c e s m a 1 b e 11 r e 11 x a u ta ut c ï e 1) o u r-r ea 1.1 x p o n r f r a p p e r t es v i c t i n 1 e s. E t c e u x c j 11i, un momenta 11 p a r a v a 111, ont é t é 1 es i n s t: r 1 i n 1 e 11 s de tes vengeances,lu les fais aussitôt massacrer par d autres. «Un cri général d'indignation couvrit à cet instant lavoix cTlferiiiolaûs. Son père avait déjà commencé à tirer5on épee ? et allait l'en frapper infailliblement, s il n'eûte t e a r r e I e pa r 1 e ro i, qui o rcl on n a à II er n 1 o 1 a m d e co n -îinuer, et demanda qu'on Percutât patiemment, pendantqu'il fournissait de nouveaux motifs à son supplice.A près cj u e l'o n e 111 à g r a 11 cf j ic i n e câliné I a s se m b I ee ,Hermolaûs reprit ; « Avec quelle générosité tu laissesdiscourir des enfans étrangers h Part de la parole î ht cependantla voix de Callistbènes est enfermée dans lesmurs d'une prison . parer que seul il saurai! parler: Pour-12.


i8oQ. CUETI1 RU FI LIB. VIII.confessi aodiuntor? uempe quia liberam vocem innoceoiisaudire metuis, ac ne ¥ullum quideui pateris. Àlquinihil eu m fecisse contendo : sunt hic , qui mecumrem pulcherriinam cogitaverunt; nemo est, qui coosciemfuisse oobis Gillislbenem dicat, quum morliolim destinâtes sit a justissimo et patientissimo regt 1 .Haec ergo sunt Macedonum praemia, quorum ut supervacuoet sordido abuteris sanguine ! Àt tibi xxx milliamulorum captivum aurum vehimt, quum milites nihildomum praeter gratuitas cicatrices relaturi sint. Qu» tamenomnia tolerare potuimus, antequam nos Barbarisdederes, et, novo more, victores sub juguoi mitteres.Persarum te vestis et disciplina delectat : patrios moresexosus es. Persarum ergo, non Macedonum regem occiderevoluimus; et te transfugam belli jure persequimur.Tu Macedonas voluisti genua tibi ponere, Yeoerariquete, ut deum : tu Philippum patrem aversaris; et,si quis deorum ante Jovem haberetur, fastidires etianiJovem. Miraris, si liberi homines superbiam tuam ferrenon possumus? Quid speramus ex te, quibus aut insontibusmorien<strong>du</strong>m est, aut, quod tristius morte est, inservitute vïven<strong>du</strong>m? Tu quidem, si emendari potes,multum mihi debes : ex me enim scire cœpisti, quodingenui homines ferre non possuut. De cetero parcebis, quorum orbam senectutem suppliciis ne onerave-


QUÏNTE-CURCE, LIV. VIII. 181quoi, eu effet, oe pas le faire paraître en ce lieu, lorsqu'onentend ceux, mêmes qui ont tout avoué? C'est que turedoutes la Yoix libre d'un homme innocent f et que tune saurais même soutenir ses regards» Eh bien , J'affirme31)0i cj«II n'a rien fa 11:. Tous CHUX qui soni entres, aveeMoi, clans celle noble entreprise sont tri, il n'eu est aucunqui puisse dire qu'il ait été noire compilée, encorequ'il soit depuis long-temps destiné à la mort par le plusjuste et le plus clé m eut des rois. Voilà donc le prix résolveaux Macédoniens, dont lu prodigues le sang commeune superflu i té méprisable; et trente mille mulets traînenta ta suite For pris sur l'ennemi, tandis que les soldatsrapporteront chez eux pour tout bien des cicatricessans récompenses ! Tout cela, cependant, nous l'avonspu supporter, jusqu'au moment qu'il t a plu de nous sacri fier a u \ Ik 1 r h a r es, et , p a r m 1 e c o u i u a > e nouvel! e , defaire porter aux vainqueurs le joug des v ai tien s. 1/habillementet les usages fies Perses font tes délices; tu aspris en horreur les mœurs de la patrie. C /est donc le roi


18aQ. CUftlïI RUFI LIB. VIII.ris : nos jubé <strong>du</strong>ci, ut, quod ex tua morte petieramus rconsequamur ex nostra. » Haee Herraolaus.VHI. At rex. : « Quam falsa sint, ioquit, quae iste traditaa magistro suo dixit, palieotla mea osteodeL Confessumenlm ultimum fàcinus, taraen, ut vos quoqoe 9non solum ipse y audïretis 9 expressi; non imprudens 9quum permïsissem huic latroni dieere, usurum eumrable ? qua compulsus est, ut me, quem parentis lococolère deberet, vellet occidere. Nuper f quum procaciuise in venatione gessisset, more patrio et ab antiquissimisMacedoniae regibus usurpato, eum castigari jussi :hoc et oportet fieri ; et, ut a iutoribus pupilli 9 a maritisuxores ? servis quoque pueros hujus «tatis verbêrareconcedimus. Hœe est saevitia in ipsum mea , quam impiacaede voluit ulcisci : nam in ceteros, qui mihi permittuntuti ingenio meo 9 quam mitis sim, non ignoratis; etcommemoraresupervacuumest. Hermolao parricidarumsupplicia non probari 9 quum eadem ipse meruerii y minimehercule admiror : nam quum Parmenionem et Phi*lotam laudtt, §um servit causas. Lyncesten vero Âlexao*drum ? bis insidiatum capiti meo y a <strong>du</strong>obus indicibus liberavi:rursus conviçtum per bieneium tameo distuli;donec vos postularetis , ut tandem debito supplicio sce-


QUINTE-CURGE, UV. VUI.peuvent souffrir. Épargne <strong>du</strong> reste nos parons et ne prodiguepas les supplices à leur vieillesse délaissée. Pournous, fais-nous-y con<strong>du</strong>ire, et que le bienfait que nousattendions de ta mort, la notre nous le procure. » Ainsiparla Hermolaûs.VUI. Le roi lui répliquant aussitôt : ce Ma patience,dit-il, prouve assez la fausseté de ce que vient de dire cejeune insensé, tout plein des instructions de son maître.Coupable, d'après son propre aveu , <strong>du</strong> dernier des forfaitsf je me suis toutefois commandé de l'entendre. J'ai faitplus, j'ai voulu quevous l'entendissiez avec moi : et certes,je n'ignorais pas qu'en permettant de parler à ce misérablef il donnerait carrière à cette même rage qui l'apoussé à vouloir me tuer, moi qu'il devait respectercomme un père. Dernièrement f à la chasse, il se permitune insolence, et f suivant un usage de notre pays, pratiquéde temps immémorial par les rois de Macédoine fje le fis châtier, 11 en doit être ainsi , et comme les tuteursle font pour leurs pupilles, les maris pour leursfemmes, nous remettons aux esclaves le soin de fouetterlescnfeos de cet âge. Voilà la cruauté qu'il me reproche,et dont il a-voulu se venger par un parricide: car, àfégirci de tous ceux qui me laissent suivre le penchantde ma nature, vous savez quelle est ma douceur, et jen'ai pas besoin de vous la rappeler. Qu'Hermotaûs désapprouvele supplice des traîtres, quand lui-même s'enest ren<strong>du</strong> digne, certes je ne m'en étonne guère : en Cuisantl'apologie de Parménion et de Philotas, c'est sa cause. qu'il plaide. Quant à Alexandre Lyncestes, deux foiscoupable d'attentat contre ma personne, je lui ai faitgrâce t malgré une double dénonciation : convaincu d'uncomplot, j'ai encore différé deux ans de le punir, jusqu'àifB


i»4 Q. CURT11 RUFI LIB. VIII.lus lueret. Attalpm, antequam' rex essem y hostem meocapîti fuisse memitiistis. Clitus utinam non coegisset mesibi irasci ! cujus temerariam linguam, probra diceoteonïïîïhi et ¥obis ? diutius tuli, quam ille eadem me dîcenlemtulisset.« Regum <strong>du</strong>cumque clementia non in ipsorum modo 9sed etiam in iliorum, qui parent, iogeniis sïta est. Obsequiomitiganlur imperia : ubi ¥ero reverentia excessitanimis, et summa imis eonfunditnus , vi opus est , ut ¥Ïmrepellamus. Sed quid ego mirer, istum crudelitatcmmilîi objecisse, qui a^ariliam exprobrare ausus sit? Nolosingulos vestrum excitare f ne invïsam liberalitatemmeani faciam, si pudori Yestro graYcm fecero. Totumexercitum aspieite : qui paulo ante nihil prater armaliabebat f nunc argénleis cubât lectis; mensas auro onerant;grèges servorum <strong>du</strong>cunt : spolia de hostibus sustinerenon possunt.a Ât enim Persœ ? quos YÎcimus, in magno honoresunt apud me ! Equidem moderationis meae -certissimumïndicium est, quod ne Yictis quidem superbe impero :¥eni enifn in Âsiam, non ut funditus e¥erlerem gentes,nec ut dimidiam partein terrarum solitudinem facerem,sed ut illos quoque, quos bello subegissem , ¥Ïctoria»meae non pœniteret. Itaque militant Yobiscum ? pro un-


QUHfTE-CUECE, UT. VULce que TOUS réclamassiez vops-mêmës le juste châtimentde son forfait Àttale, vous vous en souvenez, avant queje fusse roi, s'était armé contre mes jours. Pour Clitus,plût au ciel qu'il n'eût pas provoqué ma colère ! et encorecette langue téméraire, qui vous prodiguait Finsuiteen même temps qu'à moi, je l'ai en<strong>du</strong>rée plus longtempsque lui-même n'eût en<strong>du</strong>ré de semblable proposde ma bouche.« ljà clémence des rois et des autres chefs ne tient passeulement à leur caractère 9 elle dépend aussi des dispositionsde ceux qui obéissent. La soumission adoucit lesrigueurs <strong>du</strong> commandement ; mais lorsque le respectn'est plus dans les cœurs ? et que la subordination a disparu, il faut la force pour repousser la force. Mais commentm'étonné-je que cet insensé me reproche ma cruauté,lorsqu'il n'a pas craint de m'accuser d'avarice? Je ne veuxpoint en appeler à chacun de vous en particulier ; jecraindrais de vous rendre mes bienfaits odieux en vousforçant d'en rougir. Jetez un coup d'oeil sur toute l'armée: combien de soldats qui naguère n'avaient rien queleurs armes, et qui dorment aujourd'hui sur des lits d'argent!leur table est chargée de vaisselle d'or; ils traînentà leur suite des troupeaux d'esclaves ; ils chancèlent sousle poids des dépouilles de l'ennemi.« Mais, ajoute-t-il, les Perses que nous avons vaincussont, auprès de moi , en grand honneur. C'est, sanscontredit, la preuve la plus frappante de ma modération,que de commander sans orgueil aux vaincus : je suis venuen Àsie ? non pour bouleverser les nations, ni pour faireun désert de la moitié de l'univers, mais pour apprendreaux peuples même que j'aurais conquis à ne pas maudirema victoire. Aussi f vous voyez combattre pour vous, eti85


186 Q. CUETII EUF1 UB. VHI.perïo vestro sanguinfem fun<strong>du</strong>nt, qui superbe habîtî rebellassent.Mon est diuturna pos§essio f In quam gladioin<strong>du</strong>cimur; beneficiorum gratïa sempiterna est. Si habereAsiam , non transire voluinus, cum bis coramuiiicandiest nostra cleraentia i horum fidesstabUe et ateritiiîfacîet imperium. Et saoe plus habemus , quam eapimus :insatiabilis autem avarïtiœ est, adhuc implere velle ? quodjam cireumfkit.


QUINTE-CUHGE, LIV. ¥111. 187répaadre leur sang pour irotre empire, ces mêmes hommesqui, traités avec liante tir, se fussent révoltés. Lesconquêtes où Ton n'entre que par le glaive ne sont pasde longue <strong>du</strong>rée; la reconnaissance îles bien lait s est inimortelle.Si nous voulons posséder l'Asie, non la traverser, i 1 fa 111 a cl rn e i1 re 1 es peu j > 1 es a u p a r î a ge cl e 1 1 o t r e e 1émenee: leur attachement rendra notre empire s la h le etéternel. Et assurément, nous avons plus que nous nepouvons embrasser : il n'y a qu'une avarice insatiablequi veuille remplir encore un vase qui déborde déjà detoutes parts.a Mais je suis coupable aussi de faire adopter aux Matéd o n 1 en s 1 e s ri î œ 11 r s cl e s v a î n e us! Ces t, c 111 e c 11 ez j ) 1 u s 1 e 11 r snations je vois beaucoup de choses qiùl n'y a pour nousnulle honte à imiter; et un si g ra n d en 1 p î r e ne pe ut c I rebien gouverné, sans que nous lui imposions quelquesunsd e n os u s a g es , e t q u e 11 o u s e n e m p r u n 11 o n s d'eux( j u e 1 q u es a u t re s. C a é té u 11 e c h o s e p r es q u e r i s i h I e, (T e n -le n cire Hermolaùs me demander de renier Jupiter, dontl'oracle me reconnaît. Suis-je donc maître aussi des réj>o n ses cl es dieux? Il m'a lion o l'é <strong>du</strong> 11 o 1 n t. ! e son fi I s : e 111 acceptant, je n'ai pas nui, c % e me semble, à F« ouvremême où nous sommes engagés. Plût au ciel que les Indiensrue regardassent aussi comme un dieu ! car à laH u e r r e 1 a r e nommé e ûi i t t o ut, et s o u v c a 11 une c r o va n c cerronée a eu tonte l'influence de la vérité.< P e 11 se z - v o u s c j u e c e soit p a r g o û t p o u r I e lux e q n efat enrichi vos armes cFor et d'argent? J'ai voulu <strong>mont</strong>rerà des peuples pour lesquels il n'y a rien de plusc 0 n 1 f TL u n c j u e c es ri 1 é t a u x ;i , q ne les M a eé d o n i e 11 s , i n v i 11 -obles en tout le reste, ne se laissaient pas vaincre même»-n or. Je surprendrai dès l'abord leurs veux préparés h


i88 ' Q. CUETII RUFI UB. V1IJ.et dôcebo , nos non auri aut argenti cupidos, sed orbemterrarum subacturos venisse. Quara gloriam tu parriddaîntercipere ¥oluisti, et Macedonas, rege adempto, devictisgentibus dedere.« At nuiie mones me, ut vestris parentibus parcam!Non oportebat quidem ¥os seire, quid de Iiis statuissem,quo tristiores periretis, si qua vobis parentum memoriaet cura est : sed olim istum morem occidendi cum scelestisinsontes propinquos parentesque solfi; et profiteor,in eodem honore futuros oinnes eos f in quo fuerunt.Nam tuum Callisthenem , eui uni vir ¥ideris f quialatro es y scio 9 cur pro<strong>du</strong>ci Yeîis ; ut coram Ms probra,quœ modo in me jecistî (modo audisti), illius quoqueore referantur : quem, si Macedo esset, teeum intro<strong>du</strong>xissem,dignissimum te discipulo magistrum : nuocOlynthio non idem juris est. »Post haec consilium dimisit 9 tradique damnatos hominibus,qui ex eadem cohorte erant f jussit. llli, ut fideoisuam savitia régi approbarent f excruciatos necaverunt.Callisthenes quoque tortus iuteriit, initi consilii in eaputrégis innoxius f sed haudquaquam aulae et assentantiumaccommodatus ïngenio. Itaque nullius caedes majoremapud Graecos Alexandro excitavit invidiam, quod praeditumoptimis moribus artibiisque^ a quo revocatus ad


QUINTE-CURCE, LPT. VIII. 189ne voir que des objets vulgaires et misérables, et je leurapprendrai que nous ne venons pas chercher de for etde l'argent, mais conquérir le monde. Cette gloire, lâcheparricide, tu as voulu nous la ravir, et, en les privantde leur chef, livrer les Macédoniens à la merci des nationsvaincues,« Maintenant, tu me demandes de faire grâce à vosparens. 11 eût été mieux sans doute de vous laisser ignorerce que j'ordonnerai d'eux, et mourir avec un chagrin deplus, si toutefois vos parens ont quelque place dans votresouvenir et vos affections ; mais cet usage de faire périravec les coupables leurs parens et toute leur famille innocente, depuis long-temps je l'ai aboli, et je déclarehautement que tous conserveront le rang qu'ils avaientauparavant. Pour ton Callisthènes, qui, seul, trouve entoi un homme, parce qu'il y trouve un scélérat, je saisbien pourquoi tu voudrais qu'il fût appelé : tu souriraisd'entendre à la face de cette assemblée, sa bouche répéterles injures que tu m'as prodiguées tout-à-1'heure *.S'il était Macédonien, j'aurais pu le faire comparaîtreavec toi, ce maître si digne de son élève ; mais il est Olynîtiiea,et il n'a pas les mêmes privilèges. »Après ce discours il congédia l'assemblée, et ordonnaque l'on remît les condamnés aux mains de leurs proprescamarades. Ceux-ci, pour donner au roi dans leur cruautéun témoignage de leur dévoûment, les firent périr anmilieu des tortures. Callisthènes mourut aussi dans lestourmens : il était étranger au complot tramé contre lavie <strong>du</strong> roi ; mais son caractère n'était point fait pourla cour et pour les complaisances de la flatterie, aussi nulmeurtre n'excita davantage la'Jiaine des Grecs contreAlexandre : ce philosophe, de mœurs si austères et en


ig©Q. CURTH EUFI UB. VIII.Yitam erat , quum interfecto Clito mori perseweraret; ?non tantûm occident , sed etlam torserît , indicta quidemcausa ; quam crudelitatem sera pœnitentia consecutaest.IX. Sed ne otïum f «rendis rumoribus nattim, aleret,in Indîam movit, semper bello, qoam post victoriam,clarior. Indîa tota ferme spectat orientent minus inlatitudinem quam recta regione spatiosa. Qu» austrumaccipiunt 9 in allias terrœ fastigium exce<strong>du</strong>nt; plana motcetera, multisque inclytis amnibus, Caucaso<strong>mont</strong>e ortis,placi<strong>du</strong>m per campos iter praebent. In<strong>du</strong>s gelidior estquam céleri; aquas ¥ehit f a colore maris haud multumabhorrantes. Ganges amnis f ab ortu eiimius, ad nieridianamregionem decurrit, et magnorum <strong>mont</strong>ium jogarecto alveo stringit. Inde eum objecte rupes inclinantad orientem : utque rubro mari accipilur, findens ripas 9multas arbores eum magna soli parte exsorbet; saxisquoque impeditos crebro reverberatur : ubi mollius solumreperit , stagnât, insulasque molilur» Acesines eumauget Ganges decursurum in mare intercipit; magoo*que motu amnis uterque oolliditur : quippe Ganges asperumos influenti objicit; nec repercussae aquae ce<strong>du</strong>nt.


QUINTE-CUBCE, L1V. VIII. 191.même temps d'un si rare savoir, dont k voix l'avaitrappelé |~k vie, lorsque, après le meurtre de Clitus t ilvoukil se laisser mourir, c'était peu de l'avoir fait périr,il l'avait encore livré aui tortures, sans même daignerl'entendre! il est vrai qu'il expia cette cruauté par untardif repentir.IX. Cependant, pour prévenir l'oisiveté, qui donnecarrière aux. méeontentemens, il se mit en marche versFlnde, toujours plus grand dans la. guerre qu'après lavictoire. Llnde, presque tout entière tournée versl'Orient,occupe en largeur moins d'éten<strong>du</strong>e qu'en longueur. Lapartie exposée au midi forme un plateau de terres élevées;le reste n'est que plaines, et un grand nombre de fleuvescélèbres, -descen<strong>du</strong>s <strong>du</strong> Caucase,' y trouvent à traversles campagnes un cours paisible pour leurs eaux. L'In<strong>du</strong>*est le plus froid de tous ; son eau est d'une couleurpeu différente de celle de la mer. Le Gange, déjà considérableâ sa source , se dirige vers le midi, et longe, endroite ligne, une chaîne de hautes <strong>mont</strong>agnes. Des rochersqu'il rencontre sur son passage détournent ensuiteson cours vers l'orient ; et au moment de se jeterdans la mer Rouge, il se perce une route à travers sesrives f et entraîne des amas d'arbres avec une portionconsidérable <strong>du</strong> sol. Parmi les rocs dont sa marche estembarrassée, on le voit revenir fréquemment sur luimême; puis, quand il trouve un lit plus uni, ses eauxsemblent dormir et forment des îles. L'Acésine vient legrossir; A.l'instant ou ce fleuve va tomber dans la mer,le Gange le reçoit, et tous deux s'entre-choquent avec,violence ; car le Gange oppose à son affluent la puissantebarrière de son embouchure, et les eaux de celui - ci,quoique refoulées, ne cèdent point


19aQ.-CURTII RUFI LIB. VI1LDyardanes minus celeber auditu est , quia per ultimalodiae currit : ceterum, non crocodiles modo, uti Nilus ?sed etiam delphines f ignotasque aliis gentibus betluasalit Erymanthus , crebris iexibus subiude curvatus, abaccolis rigantibus carpitur : ea causa est, cur tenues reliquiasjam sine nomine in mare emittat. Multis praeterhos amnibus tota régie dlvidïtur, sed ignobiltbus, quianon adeo interfluunt. Ceterum f quae propiora sunt mari,aquilones maxime deuruol : ii cohibiti jugis mootiumad interiora non pénétrant , ita aleedis frugibus mitia.Sed adeo in illa plaga mun<strong>du</strong>s statas temporum vicesmutât , ut 9 quum alia fervore solis exaestuant, Indiamnives obruant, rursusque ubi cetera rigent, illic iatoleran<strong>du</strong>saestus existât; nec cur, ulli se naturœ causa ingessit.Mare certe, quo alluitur, ne colore* quidem abhorreta ceteris : ab Erjthra rege inditum est nomen, propterquod ignari rubere aquas cre<strong>du</strong>nt.Terra lini ferax ; inde plerisque sunt vestes. Libri arborumteneri, haud secus quam ehartae, litterarum notascapiunL Âves ad imitan<strong>du</strong>m humanae vocis sonum docilessunt; animalia inusitata ceteris gentibus, nisi invecta: eadem terra et rhinocerotas alit, non générât.Elephantorum major est vis, quam quos in Africa domi-


QtJINfE^CUECE, LIV. VIII.19ILe Dyardaûê a moins de célébrité, parce qu'il baignel'extrémité de 1 liitle : <strong>du</strong> reste, il nourrit non-seulementc 1rs c 1 • o i : o cl i 1 es, co mine I e N11, n i a 1 s 111 ê 111 e des cl a u p b in .set d'autres monstres ailleurs inconnus. I/Erymanthe, cjuise replie sur lui-même eu de 1101 nbrelises sinuosités, estdétourné par les riverains pour FaiTosement de leursirrres; (le là vient qu'il n'apporte h la mer qu'un minerfilet d'eau , qui n'a déjà plus de noue Bien d'autres Meuvestraversent encore le pays dans tous les sens; maih11 s sont peu eo 11 m 1 s , pa ix:e


194 Qr CURT1I MJFI LIB. VIII.tant, et viribus magnittido respondet. Aurutn flumioavebunt, quae leoi modicoque iapsu se g nés aquas <strong>du</strong>cuntGemmas margarilasque mare litoribus infundil : nequealia illis major opiilentiae causa est, utique postquamuitiorum commercium vulgavere in exteras génies ;quippe aestimantur purgamenta aestuantis freti pretio ?quod libido coostituit.Ingénia faominum, sieut ubique ? apud illos locorumquoque situs format. Corpora usque pedes carbaso vêlant;soleis pedes ? capita lioteis vinciunt : lapilli ex auribuspendent ; brachia quoque et lacertos auro colunt ,quibus inter poputares aui nobilitas f aut opes eminent.Capillum peetunt saepius f quam tondent : mentum semperintoosum est; reliquam oris cutem ad speciem levitatisexaequant. Regum tamen luxuria y quam ipsi magoïficentiamappellaut, supra omnium gentium vitia.QUIIIîî rex sane iti publico conspici patitur, thuribuiaargentea ministri feront, totumque iter, per quod ferridestinavit, odoribus compleot. Aurea lectica margaritiseircumpendentïbus recubat : distincta sunt auro et purpuracarbasa 9 quae in<strong>du</strong>tus est : lecticam sequuotur armai!corporisque custodes ; inter quos ramis aves pendent,quas cantu seriis rébus obstrepere docuerunt. Regia auratascotumnas habet : tolas eas ¥iiis auro caelata per-


QUINTE-CURCE, LIV. VIII. i 9 5que ceux que Ton dompte en Afrique, et leur grosseurrépond à leur foret». Les rivières roulent de Poi\ celles<strong>du</strong> moins qui promènent dates leur cours doux et paisibleleurs eaux paresseuses. La mer jcllr sur ses rivagesdes pierres précieuses et «les perles. ; et c'est là pour lepays ta principale source d'opulence, suit ont depuis (pie,par le commerce, ils ont. transporté leurs vices chez lesnations étrangères; car ce dépôt, que laissent: les Ilots ense relirait! , n'a de prix que celui que le caprice y attache.Là, comme partout ailleurs, le caractère des hommese>t soumis aux influences <strong>du</strong> climat. Lue robe de lin quileur descend jusqu aux pieds es! leur \ et eut en! ; ils ontdes sandales pour chau.ssuics, et des bandes de toileleur cet g tient la tète ; des pierreries pendent à leursoreilles ; et des parures d'or attachées aux liras distinguentceux (pu ont parmi leurs compatriotes I avantagede la naissance et de la fortune. Leurs cheveux sont peiu.ncsplus souvent que coupes ; jamais ils ne se rasent lementon, et ils epilent le reste de leur visage de manièret^iv la barbe n'y laisse a lieu ne trace. Le luxe fie leursmonarques , qui, a les entendre, est delà ma^niliceme,•air|.tasse les lobes de fouies les autres nalions.Ixirsqu un roi se laisse» voir en public, ses officiersportent des encensoirs d'argent, et parfument dans tonteMMI éten<strong>du</strong>e le chemin par ou d doit être porte. Il estcouché dans une litière d or garnie de perles tout a l'en-• o 111 \ Sa r o he de lin est enrichi e cl o r < » t d e j >o 11 r (» re ; dessoldats a r rues , avec les gardes de la personne royale» suiventla litière, et, an milieu deux, sont suspen<strong>du</strong>s à desbranches d'arbres des oiseaux instruits a lui faire entendreleur chant au milieu des plus sérieuses occupations.Le palais <strong>du</strong> roi est soutenu par des colonnes dorées,i3.


i 9 GQ. CURTII RUFI LIE. VIII.riirrit; aviumque, quariini visu maxime gaudent, argenté»effigies opéra distiiîguunt. Regia adeuntibus palet,quurn capillum pectit alque ornât : tune responsa legationibus,tune jura popularibus reddit. Demptis soleis,odoribus illinuntur pedes. Venatus maximus labor est finelusa vlvario animalia inter vota catitusque pellîcutnfigere : binuni cubkorum sagittae sunt 9 quas emittuntmajore nixu, quam effectu; quippe telum, cujus îii levîtatevis omnis e§t y iuliabili pondère oneratur. Brevioraitinera equo conficit : longior ubi expeditio est, elephantivehunt currum ; et tantarum belluarum corporatota contegunt auro. Ac ne quid perditis moribus desit,lectïcïs aureis pellîcum longus ordo sequitur : sépara*loin a reginae ordine agmen est, aequatque luxuria. Feminaeepulas parant; ab iisdem vînum minlstratur t cujusomnibus Indis largus est usus. Begem mero somnoquesopitum in cubiculum pellices referont, palrio carminéiioctîum invocantes deos.Quis credat, inter haee vitia curam esse sapieoti»?Unum agreste et liorri<strong>du</strong>m. genus est, quos sapientesvocant. Apud bos occupare fati diem pulchrum ; et vivosse cremari jubeot, qoibus aut segnis aetas, aut incommodavaletudo est : exspectatam mortem pro dedecore


QU1NTE-CURCE, L1V. Vill. 197autour desquelles serpente un cep de vigne ciselé en or,et «e taehe ouvrage est I monôme tan bel I s par l'image enargent des oiseaux qui llaltent le plus leurs veux. Le pa-Mis est. ouvert à tons eenx qui se présentent pendant queion peigne ci que Ton orne la chevelure <strong>du</strong> monarquee est alors qu'il donne audience anx ambassadeurs, el rendla justice à ses sujets. On lin sandales, pour hutrotter les pieds avec: des parfums. La chasse esi >a prmeipaleoeetipation : ce sont, «les a m maux enfermes dans unuare,


198 Q. CURTI1 BUFI UB. VIII.vite habent; uec ullus eorporibus, qo» seoectus sol vit,bonus reddïtur : inquinarï putant ïgaem, nisi qui spirantesrecipit. Illi, qoi in urbibus publicis moribus degunt,siderum motus scite spectare dicuntur 9 et futurspraedicere; nec quemquam admovere leti diem ere<strong>du</strong>nt,cui exspectare interrito liceat.Deos putant, quidquid colère coeperont ; arboresmaxime, quas violare capitale est. Menses in quinosdenos descripserunt dies; anni plena spatia servant.Lunae cursu notant tempora y non, ut plerique 9 quumorbem si<strong>du</strong>s implevit, sed quum se curvare ccepit incornua. Et idcirco brefiores habent menses, qui spatiumeorutn ad hune lunae mo<strong>du</strong>m dirigunt Milita et alia tra<strong>du</strong>ntur,quibus morari ordinem rerum , haud sane operaevidebatur.X. Igitur Alexandre, fines Indiae ingresso, gentiumsuarum reguli occurrerunt, imperata facturï, illumtertium Jove genitum ad ipsos pervenisse memorantes :Patrem Liberum atque Herculem fama cognitos esse :ipsum coram adesse cernique. Rex bénigne exceptossequi jussit, iisdem itinerum <strong>du</strong>cibus usurus. Ceterum 9quum amplius nemo occurreret, Hephaestionem et Perdiccarucurai copiarum patte prœmisit ad subigendos, qui


QUINTE-CUECE, UV. VIII. 199les incommoder. La mort, quand on l'attend, est, seloneux, le déshonneur de la vie; aussi ne rendent-ils aucunhonneur aux corps qu'a détruits la vieillesse : le feuserait souillé s'il ne recevait l'homme respirant encore.Ceux qui habitent les villes, au milieu des usages dela vie commune, passent pour être habiles à observerles raouvemens des astres et prédire l'avenir : ceux-làcroient que l'homme n'avance jamais le jour de sa morts'il sait l'attendre sans effroi.Ils comptent parmi leurs dieux tous les objets pourlesquels ils ont quelque respect : les arbres surtout, dontla profanation est chez eux un crime capital. Leurs moisse composent cle quinze jours f sans que toutefois leurannée en soit moins complète. Ils mesurent le tempsd'après le cours de la lune; mais ce n'est pas, comme laplupart des autres peuples, par la révolution accompliede cet astre, c'est par son croissant et son déclin. Voilàpourquoi ils ont des mois plus courts, la <strong>du</strong>rée étantréglée sur chacune de ces phases de la lune. On racontede ces peuples bien d'autres choses encore ; mais je n'aipas jugé convenable d'en interrompre le fil de ma narration.X. Alexandre avait dépassé la frontière de l'Inde,lorsque les petits rois de quelques peuplades vinrent àsa rencontre pour lui apporter leur soumission. H était,lui dirent-ils, le troisième fils de Jupiter qui fût venules visiter; la renommée leur avait appris les^noms deBacchus et d'Hercule : mais lui, ils l'avaient devant eux,ils le voyaient. Le roi les accueillit avec bonté, et leurcommanda de l'accompagner, comptant se servir d'euxcomme de guides. Mais bientôt personne ne se présentaplus, et alors il envoya en avant Héphestion et Perdic-


mo Q. CURTÏI BUPl LIB. ¥111.aversarentur imperium : jussitque ad Oumeo In<strong>du</strong>mprocedere, et iiavigia fecere, qoeis in ulteriora transportaiposset exercitus, Illï, quia plura flumina superandaeranl, sic juoxere naves, ut solutae plauslris vefai pussent, rursusque conjungi. Post se Cratero cuni phalangejusso sequi, equhatum ao levem armaturam e<strong>du</strong>xit ; eosque? qui occurrerant, levi prœlio in urbem proximamcompulit. Jam supervenerat Craterus : itaque, ut principioterrorem incuteret genti, non<strong>du</strong>m arma Maeedonumexpert», praecipit, ne cui parceretur r munimentisurbis, quain obsidebat f incensïs. Ceterum, <strong>du</strong>m obequitabatmœnibus 9 sagitta ictus est : cepit tamen oppi<strong>du</strong>m,et, omnibus iocolis ejus trucidatis, etiam in tecta saevi*|um estInde, domita ignobili gente, ad Nysam urbem per*venit. Forte castris ante mcenia ipsa in silve^tri locopositis 9 nocturnum frigus vehementius t quam alias ,liorrore corpora affecit, opportunumque remedium ignisoblaloiîi est Caesis quippe sïlvïs f flammam excitaveruut,quae igiîi alita oppidaoorum sepulcra comprehendit ;vetusta cedro facta erant f conceptumque ignem latefudere, douée omnia solo aequala sunt Et ex urbe priiniiincanum lalratus, deiode etiam homiiium frémi tus


QUINTE-CUMCE, LIV. VIII. 201cas, pour ré<strong>du</strong>ire ceux qui refuseraient de se soumettre.L'ordre leur était donné de s'avancer jusqu'à l'In<strong>du</strong>s y etde construire des bateaux pour faire passer Farinée surl'autre rive. Ceux-ci, voyant devant eux plusieurs Eeuvesà traverser, disposèrent leurs embarcations de tellesorte, qu'on pût, en les dé<strong>mont</strong>ant, les transporter suideschariots, et ensuite en rajuster les pièces. De soncôté, Alexandre commanda à Cratère de le suivre avecla phalange; et lui-même, à la tête de la cavalerie et deses troupes légères, rencontra dans une escarmouche, etrepoussa jusque dans la ville voisine, quelques troupesqui étaient venues l'attaquer. Cratère ne tarda pas à lerejoindre. Voulant alors frapper tout d'abord d'épouvanteun peuple qui n'avait pas encore éprouvé les armesdes Macédoniens, il ordonna de ne faire aucun quartier,et de livrer aux iammes les fortifications de la villeassiégée. Comme il faisait à cheval le tour des murailles,une ièche l'atteignit : il n'en prit pas moins laville, dont les habitans furent tous massacrés, et lesmaisons même impitoyablement détruites.Après la défaite de cette obscure peuplade, il arrivadevant la ville deNyse. Comme il avait établi son campsous les murs mêmes, dans un lieu couvert de bois, lefroid de la nuit, plus rigoureux qu'on ne l'avait jamaissenti, vint pénétrer et glacer toute l'armée. Mais le feuoffrit à propos un remède au mal ; avec les arbres abattusfut allumé un bûcher : la iamme gagna de procheen proche jusqu'aux tombeaux des habitans ; construitsavec <strong>du</strong> vieux cèdre, ils prirent aisément feu et répandirentau loin l'incendie, jusqu'à ce qu'enfin tout à Fentoureût disparu. Alors on entendit la ville retentir desaboiemens des chiens, et même ensuite des voix con-


aoaQ. CUETII RUF1 LIB. VIII.audttus est. Tiim et oppidaiiï hoslem, et Macedooes ipsosad urbem venisse cognoscuot.Jamque rex e<strong>du</strong>x,erat copias, et mœnia obsïdebat,quum hostium, qui discriraen tentaverant, obruti telissunt. Aliis ergo deditionem, aliss pugrtam experiri placebat: quorum <strong>du</strong>bitaïïone comperta, circumsideri tantumeo8 $ et abstineri caedibns jussit; tandemque obsidiooismalis fatigati dedidere se. A Libero Pâtre cooditosse esse dicebaot; et vera haec origo erat. Sita est subradicibus <strong>mont</strong>is, quem Meron incolae appellaut; indeGraeci mentieodi traxere licentiara, Jovis femine LïbcrumPatrem esse celatum. Rex, situ <strong>mont</strong>is cognito exincolis, cum toto exercitu, praeinissis commeatibus, verticetnejus ascendit. Multa hedera ¥itïsque toto gignitur<strong>mont</strong>e : multae pereimes aquae manaut. Pomorum quoquevarii salubresque succi sunt, sua sponte fortuitorum scminumFrugcs humo nutrieute. Lauri baccaeque, et multain illis rupibus agreslis est silva.Credo equidem, non divino instiuctu, sed hscimm esseprovectos, ut passim hederae ac vitium Folia decerperent,rcdimitique Fronte toto nemore similes bacchanlibusvagarenttir. Vocibus ergo tôt millium, praesidemnemoris cjus deum adorantium y juga <strong>mont</strong>is collesquc


QUINTE-CURCE, LIV. V1I1.»c>3fuses des hommes. Les habitans connurent par là qoeFennemi était à leur porte, et les Macédoniens qu'ilstraient devant la ville.Déjà le roi avait fait, avancer ses troupes et commentaa 11 à i n v es t i r les m y rs , 1 o l's c j11 e les assumes, a Y a n t 11 a -!>a r cl e une sortie, f ti re 111 e i % ra ses s o \ i s u ne g r ê 1 e c ! e t r a \ ! >.I .a | ) e n »ee vint aux uns de se rendre; les autres et: a i e ti i«lavis de courir les chances <strong>du</strong> coin ha t. Alexandre, in-! or ni e d e ! eu r i r i *t\so I u 11 o 11 , se c - o 111 e i » ! a c 1 e 1 > 1 oc 111 e r S ; il.j 1 a c e , et reco 111 n i a 11t1 a < 111 o 11 épargna t I e sang : fa 11 g u e ^,i la fin cl es so « f f t va I I < *es <strong>du</strong> si eg e , ils ca p i t u 1 ère ut. 1Up re feu d a i en t q u e 1 e u r v i 11 e a v a 11 e I e fondée par 1 kicel itis;et cette origine était véntaille. Lîle est situer" au piedd'une <strong>mont</strong>agne que les gens <strong>du</strong> pavs appel hait Mérou : ' ;cl ces! de ce nom que les Orées se sont autorisés pourm venter la lahle de lit échus ren ferme dans la cuissede Jupiter. Le roi, après avoir appris des halntans laposition de cette <strong>mont</strong>agne , fit partir des vivres enjvanl. et en gravit le sommet avec son année. Danstoute son éten<strong>du</strong>e, le lient 1et la vigne v croissent, en.t bouda née : une foule de sources d'eau vive s'en échappent.On v trouve aussi une grande variété; d'exeellensHauts, pro<strong>du</strong>its naturels de la terre qui féconde d'ellemêmedes semences apportées par le hasard. Le laurierH d autres arhre.s a haies couvrent ces imhers de leuragreste en ni i rage.


204 Q. CURTII EUFI LIB. VIII.resonahant, quum orta licentia a'paucïs, ut fere fit, 111omnes .se repente volgasset Quippe, velut ïn médiapace, per lierbas eoogesîamque frondem prostraverantcorpora. Et rex, fortuïtam laetitiam non aversatos, largead epulas omnibus praebitis, per decem dies Libero Patrioperatum liabuit exercitum.Quis neget ? eximiam quoque gloriam sœpius fortuna? fquam virtutis esse beneficium ? quippe ue epulatites quidemet sopitos mero aggredi ausus est hostis, haud secusbacchantiuin ululantiumque fremitu perterritus, quantsi prœliantium claraor esset audttus. Eadem félicitas aliOceano reverteules temulentos comessantesque ioter orahostium texit.Hinc ad regionem, quœ Daedala vocatur f perveotumest. Deseruerant incolœ sedes f et in avios silvestresque<strong>mont</strong>es confugerant. Ergo Acadera transit, aeque usta etdestituta tncolentium fuga. Itaque rationem belli nécessitasmutavit : divisis enim copiis, pluribus simul locisarma ostendit; oppressique, et qui exspectaverant hostem,omni clade perdomîti sunt. Ptolemaeus plurimasurbes, Âlexander maximas cepit : rursusque, quas distribuerai,copias junxitSuperato deinde Choaspe amne t Cœnoo in obsidioneurbts opulentœ (Beziram incolœ vocatit) reliquit : ipse ad


QUINTE-CURCK, LIV. VIII. ao5rfs milliers d'hommes, qui rendaient hommage au dieude la foret; ear eelle folle licence, d'abord l'ouvragedoit petit nombre, a\ait fini, selon l'usage, par gagnerioiite l'année. Aussi les voyait-on, connue en pleinerarx:, éten<strong>du</strong>s sur le gazon et sur des monceaux de feuillage.Le roi, permettant volontiers une fête que le hasardavait cûîiiiiteticée, leur fournit la bonne chère en abondance,et laissa ainsi, pendant dix jours, son année .sa*rfifîer à Baeehus.Qui peut nier que la gloire, même la plus bel h», neN')it plus souvent un bien la il de la fort une, que le prixun eo orage, 1 Au milieu même de* leurs lest m s cl tin sommaide l'ivresse, I ennemi n'osa pris les attaquer; leurshurleineiis et tout le fracas de leurs bacchanales !Vfirayaientautant que l'eussent fait, leurs cris de guerre.La même fortune les protégea encore, lorsque, revenusdes bords de l'Océan, ils donnèrent aux ennemis leeetae 1 e cle Ieui*s cléhat1elies.De la on se rend il dans le pays nommé Dédale, Leshabitans avaient quille leurs demeures, et sYlaient réfutes,sur des <strong>mont</strong>agnes inaccessibles- et couvertes de bois.U passa doue dans l'Acadère, qu'il trouva de même ravagepar le feu, et déserte par la (uite de la population* Laliecessîlê le contraignit alors a changer de système : ildivisa ses troupes et <strong>mont</strong>ra ses armes sur plusieurs [ionilsa la fo i s ; d e ce 11 e inatii è re, cet i x (pu: l'un surprit, t: t e e 11 xMtu attendaient l'ennemi, furent battus et ré<strong>du</strong>its à .se"OUfiiot Ire, Ptolentee prit le plus grand nombre des villes,Alexandre les plus importantes: ei d rassembla «le nou-\eau e» on seul corps ses troupes qu d avait disséminées.A vaut ensuite j > a s se le lieu Y e C11 oa s j t e , 11 laissa ;* < le -' = Usle Mené d une vdle coILSidérable, aopeiee par les babi-


»o6 Q. CURTII RUFÏ LIB. VIII.Mazagas venit. Nuper Assacano, cujus regeom fuerat,demortuo; regionï urbique praeerat mater ejus Cleophes.Trïginta miliia peditum tuebantur urbem , non situ solom f sed etiaiïi opère munitam. Nam qua spectat oneotem| cingitur amne torrenti, qui praeruptis utrinque ripisaditum ad urbem impedit. Ad occidentem et a meridievelut de in<strong>du</strong>stria rupes praealtas admolita natura est,infra quas cavernae et voragines longa vetustate in allooicavatag jacent; quaque desinunt, fossa ingentis operisobjecta est : XXXY stadia murus urbis complectitur, cujusinferiora saxo ? superiora crudo latere sunt slructa.Lateri vioculum lapides sunt f quos interposuere, ut <strong>du</strong>riorïmateriœ fragilis incumberet, simulque terra humorediluta. Ne tamen universa coosideret, impositae erant trabesvalida, quibus injecta tabulata muros et tegebant,et pervios fecerant.Haec munimenta contemplantem Alexandrins, coosïliiqueincertom, quia nec cavernas nisi aggere poteratimplere, nec tormenta aliter mûris admovere, quidame muro sagitta percussit. Tum forte in suram incidittelum : cujus spiculo evulso admoveri equum jussit ; quovectus f ne obligato quidem vuloere, haud segnius destinataexsequebatur. Ceterum, quumcrus saucium penderet,et cruore siccato frigesceos vulnus aggravaret


QIJINTF.-CURCE, LIV. VIII. 207Sans Bezira ; pour lui, il marcha sur Mazaga. Assacan, roi: '*•••' cette contrée» venait de mourir» el. (lleopbas. sa more,ait pris If commandement <strong>du</strong> pavset de la \i!le. Trenteil le l'4tfi l;i ssins garda ici 1! cette place, fmtifiée a la lois| >a r sa |)o < î 11 o ri of par si * s o 11 v r a g es. lin efTri , < i u 1 M > t é 1I rloi'H'nt, t.iil torrent la liaient', et MS deux rives, également,escarpées» défendent ! approche de> murs. Du rôleJe I occident, et. <strong>du</strong> midi, la nature semble avoir amasse,1 dessein des rochers ^^antesques. au dessous desquels^ et end en! des cavernes ri des précipices rnuisrs par letemps a une grande profondeur; el à bondt-oit où finis--•eut vi^ défenses .naturelles, un fosse, d un ira va i! unmense,oppose sa barrière, I .a vdle es! enecmle d unmur de trente-cinq si ados de tour, dnnt le bas est enpierre et le haut en laïque ente, La brique a pour appuides pierres plaeees de distance eu distance» qui prêtenta sa fragilité I appui tlnncorps plus <strong>du</strong>r, el auxquellessajou le un ciment, fait de terre el d'eau. Pour empêcherHiriite lotit cet ensemble do s'écrouler, on avait nus pardessus de tories poutres qui . recouvertes (ïun pi a no lier,Mrsaicnt ton! à la. bus a garantir les murs et a v établirm chemin.Tandis qu'Alexandre contemplait ces fortifications,incertain sur le parti qu'il prendrait (car les précipicesne pouvaient se combler qu'à force de matériaux, et lescombler était le seul moyen de faire approcher les machines)!un soldât ennemi lui décocha une flèche <strong>du</strong> hautde la muraille. Le trait l'atteignit au gras de la jambe ;mais lui, se contentant d'arracher le fer, commanda queTon fit avancer son cheval, le <strong>mont</strong>a, et, sans même bandersa plaie, continua son inspection avec la même activité.Cependant, comme sa jambe blessée était pen-


2o8Q. CURT1I RUFI UB. VIII.tlolorem , dkisse fertur, se quidem Jovis fîlium dici 9 sedcorporis aegri vitîa sentire. Non tamen ante se recepitin castra, quam cuncta prospexit, et, quae fieri vellet,edixit Ergo, sicut imperatum erat, alii extra urbemtecta demoliebantur, ingentemque vim materiae fkciendoaggeri detrahebant ; alii magnarum arborum stipitescumulis ac moles saxoruin in cavernas dejiciebant. Jamqueagger œquaverat summœ fastigium terras : ilaqueturres erigebantur; quae opéra ingenti militum ardoreiiitra nonum diem absoluta sunt. Âd ea visenda rexnon<strong>du</strong>m ob<strong>du</strong>cta vulneri cicatrice processit; laudalisquemilitibus admovere machinas jussit : e quibus ingens vislelorum in propugnatores efFusa est. Praecipue rudes talîitiiioperum terrebant mobiles turres ; tantasque molesnulla ope, quae cerneretur, ad<strong>du</strong>ctas, deorum nuniineagi credebant : pila quoque muralia et excussas tormentispraegraves hastas negabani convenire mortalibus. Itaquedesperata urbis tutela, concessere in arcem. Inde,quia îiîhïl obsessis praeter deditionem plâcebat, legatiad regem descenderunt veniam petituri. Qua impetrata,regina cum magno nobilium feminarum grege, auraispateris vina libantium, processit. Ipsa 9 genibus régisparvo filio admoto, non veniam modo, sed etiam priain»fortunée impetravit decus : quippe appellala reginaest; et crediderequidam, plus forai», quam miserationi


QUINÏE-CURCE, LIV. ¥111. 209dante f et que la plaie refroidie par le sang qui s'y figeait,lui causait une douleur de plus en plus vive, il luiéchappa, à ce que Ton rapporte, de dire : «On m'appellefils de Jupiter; mais je n'en sens pas moins les souffrancesd'un corps malade.m Toutefois, il ne rentra dansle camp qu'après avoir tout examimé et donné ses instructions.D'après ses ordres, les. uns démolissaient lesmaisons situées hors de la ville, et détachaient des massesénormes de matériaux pour en construire une chaussée;les autres comblaient les précipices avec d'énormestroncs d'arbres et des quartiers de rocs. Déjà la chausséeétait au niveau <strong>du</strong> sol, et Ton commençait à élever lestours, par un prodige de l'activité <strong>du</strong> soldat, à qui neufjours avaient suffi pour un si vaste ouvrage, lorsque leroi, dont la blessure n'était pas encore cicatrisée, vintvisiter les travaux. : il donna à ses soldats de grands éloges,et commanda que l'on mît en mouvement les machines.Une grêle de traits en partit aussitôt contre lesassiégés. Etrangers à des constructions de ce genre, cequi les effrayait surtout, c'étaient les tours mobiles : ceslourdes masses auxquelles nul agent visible ne donnaitle mouvement, leur semblaient poussées par la main desdieux : ils ne pouvaient croire non plus que les projectilesdestinés à battre les murs, et les énormes javelotslancés par les machines, fussent des armes faites pourles mortels. Désespérant donc de défendre la ville, ilsse retirèrent dans la citadelle, et comme il n'était questionparmi eux que de capituler, des députés en descendirentbientôt pour aller implorer la clémence <strong>du</strong> roi.Leur grâce leur fut accordée, et la reine sortit alors desmurs, accompagnée d'une troupe nombreuse de femmesde distinction qui faisaient des libations de vin avec desm. i4


ai0Q. CUETII RUFI LIB. VIII.datum. Puero quoque, certe postea ex ea utcunque genito? Àlexandro fuit nomen.' XL Hinc Polypercon, ad urbem Oram eum exercitumissus 9 inconditos oppidanos prœlïo vicit : intra munitnentacompulsos secutus, urbem in ditionem redegit.Multa ignobilia oppida, déserta a suis y ¥enere in régispotestatem. Quorum incolae armati petram Aomon nomineoccupaverunt. Hanc ab Hercule frustra obsessamesse, terraeque motu coactum absistere, fama vulgaverat.Inopem consilii âlexandrum, quia undique praeceps etabrupta rupes erat, senior quidam peritus locorum cura<strong>du</strong>obus filïis adiit, si pretium operi esset, aditum semonstraturum esse promittens. LXXX talenta constituâtdaturum Alexander; et altero ex juvenibus obside retento,ipsum ad exsequenda, quaeobtulerat, dimisîL Leviterarmatis <strong>du</strong>x datus est Mullinus f scriba régis. Hosenim circumitu ? qui fallerent hostem, in summum jugumplacebat evadere. Petra non, ut pleraeque, modictsac mollibus clivis in sublime fastigium crescit y sed inmetae maxime mo<strong>du</strong>m erecta est : cojus ima spatïosiorasunt, altiora in arctius coeunt^ summa in acutum caeu-


QUINTE-CURCE, LIT. V1ILcoupes d'or. Cette princesse y ayant mis aux genoux <strong>du</strong>roi son ils, encore en bas âge, obtint avec son pardontous les honneurs de son ancienne fortune. Le titre dereine lui fut conservé ; et l'on a cru qu'elle <strong>du</strong>t cettelaveur à sa beauté bien plus qu'à la pitié <strong>du</strong> vainqueur.Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ayant par k suite donnéle jour à un fils, cet enfant , quel que fût son père 9 reçutle nom d'Alexandre.XI. De là Polypercon fut envoyé contre la villed'Ora. Il en défit les habitans, qui s'étaient avancés endésordre, les poursuivit jusqu'au dedans de Jeun «*-Iranchemens, et se rendit maître de la place. Plusieursautres villes de peu de renom tombèrent, désertes, aupouvoir <strong>du</strong> roi. Les habitans étaient allés se poster enarmes sur un rocher appelé Aornos. La renommée publiaitqu'Hercule l'avait assiégé inutilement, et qu'untremblement de terre l'avait forcé de-se retirer. A lavue de ce roc de tous côtés coupé à pic et inaccessible,Alexandre ne savait qu'imaginer, lorsqu'un vieillard,qui connaisait le pays, vint, avec ses deux fils, lui promettre,si sa peine était récompensée, de lui <strong>mont</strong>rerun chemin. Alexandre s'engagea à lui donner quatrevingtstalens ; et gardant un de ses fils comme otage, ille congédia, pour qu'il allât remplir sa promesse. Undétachement de troupes légères partit sous les ordresde Mullinus, secrétaire <strong>du</strong> roi. Ils devaient tromper l'ennemipar un détour, et gagner le sommet. Ce rochern'offre pas, comme beaucoup d'autres, une suite de pentesdouces et insensibles; il s'élève tout-à-fail en formede borne : large à sa base, il se rétrécit à mesure qu'il<strong>mont</strong>e, et se termine au sommet en une pointe aiguë.Le pied en est baigné parle fleuve In<strong>du</strong>s, encaissé pro-14.an


aiaQ. CURTIl RUFI LU. VIII.men exsurgunt. Radiées ejus In<strong>du</strong>s amnis subit, praealtusutrioque asperis ripis : ab altéra parte voragïiies eluviesquepraeruptae sunt. Nec alïa expugnandi patebat via,quam ui replerentur. Ad manum silva erat, quam rexita caedï jussii, ut nudi stipites jacerentur : quippe-rainifrondi vestili impedissent ferenles. Ipse primus truncamarborem jccit; clamorque exercïtus, index alacritatis fsecutus est, nulio detrectante munus, quod rex -occupasset.Intra septimum diem cavernas expleverant,quum rex sagittarios et Agrianos jubet per ar<strong>du</strong>a niti;juvenesque promptissimos ex sua cohorte xxx delcgit.Duces bis dati sunt Charus et Alexander; quemrex nomiois, quod sibi cum eo commune esset, admonuït.Ac primo, quia tam manifestum periculum erat, ipsumregem discrimen subire non placuit : sed uî signum tubadatum est, vir audaciae prompt» conversus ad corporiscustodes sequi se jubet, primusque invadit in rupem.Nec deinde quisquam Macedonum substitit : relictisquestationibus sua sponte regem sequebantur. Multorummiserabilis-fuit casus , quos ex praerupta rupe tapsosamnis praeterfluens hausit, triste spectaculum etiam nonpericlitantibus : quum vero alieno exitio, quid ipsis limen<strong>du</strong>mforet, admonerentur, in metum misericordiaversa, non exstinctos, sed semet ipsos deiebant. Et jam


QU1NTE-CURCE, L1V. VIII. ai 5fondement entre ses deux rives, taillées à pic : de l'autrecôté sont des précipices et d'affreux ravins. Il n'yavait pas d'autre moyen d'attaque, que de combler cesabîmes. On avait sous la main une forêt : le roi la fitcouper, de- manière qu'on ne jetât que les troncs dépouillés;car les branches avec leur feuillage eussentembarrassé ceux qui les portaient. Ce fut lui qui lançale premier tronc d'arbre, l'armée en poussa un cri d'allégresse, et nul n'hésita plus à prendre sa part d'un travaildont le roi avait donné l'exemple. Au bout de septjours les précipices étaient comblés : alors Alexandre ordonnaà ses archers et aux Agriens de gravir les flancsescarpés <strong>du</strong> roc, il fit marcher avec eux trente jeunesgens tirés de sa compagnie 6 , auxquels il donna pourchefs Charus et Alexandre, rappellant au dernier le nomqui lui était commun avec son roi.Au premier moment, le péril était si manifeste, quel'on ne voulut pas que le roi y exposât sa personne :mais la trompette n'eut pas plus tôt donné le signal, quel'intrépide guerrier, se tournant vers ses gardes, leurcommanda de le suivre, et, le premier, il courut sur lerocher. Pas un homme ne resta dès-lors en place dansl'armée macédonienne; ce fut à qui laisserait son postepour s'élancer à la suite <strong>du</strong> roi. Il y en eut plusieursqui périrent misérablement : roulant le long d'une pentesi rapide, le fleuve qui passait au dessous les engloutitdans ses eaux; spectacle douloureux, même pour deshommes qui n'eussent pas couru le même danger! Maisle malheur des autres les avertissaient de ce qu'ils avaienth redouter pour eux-mêmes; et la pitié faisant place à


ai4Q. CURT1I RUFI LIB. VIII.eo perventum erat, unde sine pef nicîe nisi viclores redirenon possent, ingentia saxa in subeuntes provolveutibusBarbaris, qui perculsi iostabïli et lubrico gra<strong>du</strong> praecipitesrecidebant. Evasèrent tamen Alexander et Charus ,quos cum xxx delectis praemiserat rex, et jam pugnarecominus cceperant ; sed quum superne tela Barbari ingérèrent, saepius ipsi feriebantnr 9 quant vulnerabant. ErgoAlexander, et nominis sui et promissi memor, <strong>du</strong>macrius, quam eaulius dimïcat, coofossus undique obruitur.Quem ut Chapus jacentem conspexit f ruere in ho-9teut, omnium prœter ultionem, immemor, cœpit, multosquehasta, quosdam gladio interemit. Sed quum tôtunum incesserent manus, super amici corpus procubuitexanimis.Haud seeus ? quam par erat, promptissimoram juve*oum eeterorumque militum interitu comniotos rex aîgnumreceplui dédit. Saluti fuit, quod sensim et intrepidise receperunt; et Barbari, hostem dépolisse contenti,non institere cedentibus. Celeru'm Alexander, quum statuissetdesistere ineepto (quippe nulla spes potiundae petraeofferebatur), tamen speciem ostendit in obsidioneperseverantis : nam et itinera obsideri jussit, et turresadmoYeri f et fatigatis alios suceedere. Cujus pertinaciaeognita,. Indi per bi<strong>du</strong>um quidem a.c <strong>du</strong>as noctes, com


QUINTE-CUIICE, UV. VIII. m 5la crainte, c'était leur propre sort, non celui des morts,qu'ils déploraient. Déjà ils étaient parvenus à une tellehauteur, qu'il n'y avait pour eux de sûreté à en revenirque victorieux : car les Barbares faisaient roulersur leurs têtes d'énormes quartiers de rocs qui, venantles atteindre dans leur marche chancelante et mal assurée9 les précipitaient en bas. Cependant Alexandreet Charus, envoyés en avant par le roi avec trentehommes d'élite, avaient gagné le sommet, et commencéà engager de près le combat : mais comme les Barbarestiraient sur eux cTeo haut 9 ils recevaient plus de coupsqu'ils n'en portaient. Alexandre se souvint de son nomet de sa promesse : tandis qu'il combat avec plus d'ardeorque de prudence, il tombe, percé à la fois de milletraits. Charus 9 en voyant son compagnon renversé 9 oubliatout, hormis la vengeance, et s'élança sur les ennemis, dont il tua un grand nombre à coups de lance, etquelques autres <strong>du</strong> tranchant de son épée. Mais, attaquéseul par tant de bras à la fois f il tomba sans vie surle corps de son ami.Touché comme il devait l'être, de la perte de cettevaillante jeunesse, et des soldats qui avaient péri avecelle, le roi donna le signal de la retraite. Ce qui sauvales Macédoniens, c'est qu'ils se retirèrent pas à pas eta?ec une ferme contenance : les Barbares, contens d'avoirrepoussé l'ennemi, ne se mirent point à sa poursuite.Alexandre , quoique décidé à renoncer à l'entreprise(car il ne voyait aucun moyen de se rendre maître <strong>du</strong>rocher), fit semblant néanmoins de s'obstiner à pousserle siège. 11 fit occuper toutes les avenues, approcher lestours, et remplaça par des troupes fraîches celles quiétaient fatiguées. Quand ils virent son opiniâtreté, les


ai6Q. CURTIÏ RUFI LIB. VIII.ostentationsnon fi<strong>du</strong>ciœ modo, sed etiam vïctoriae, epulatisunt, tympaoa suo more, puisantes. Tertia veronocte tympanorum quidem strepitus desierat audiri :ceterum ex tota petra faces refulgebant, quas accenderantBarbari, ut tutior esset ipsis fuga, obscura nocteper invia saxa cursuris.Rex, Balacro, qui specularetur, praemisso, cognoscit,petram fuga Indorum esse desertam; tum, dato signo,ut univers! cooclamarent, incomposite fugientibus metumincussit : multique, tanquam adesset hostis, perlubrïca saxa, perque invias cotes praecipitati occiderunt;plures, aliqua membrorum parte mulctati, ab integrisdesertisunt. Rex, locorum niagis quam hostium victor,tamen magnse victoriae sacrifiais et cultu diis satisfecit.Arae in petra locatae sunt Mïnervae Victoriaeque. Ducibusitineris, quos subire jusserat leviter armatos, etsi promissisminora praestiterant, pretium cum fide redditumest. Petra regionisque ei adjunctae Sisicosto tutela permisse.XII. Inde processit Ecbolima : et quum angustiasitineris obsideri xx militibus armatorum ab Eryce quodamcomperisset, gravïus agmen exercitus Caeno <strong>du</strong>cen<strong>du</strong>mmodicis itineribus tradidit. Ipse praegressus cum


QU1NTE-CURCE, LIV. VIII.Indiens, pendant deux jours et deux nuits, affectèrentde faire parade de leur confiance et même de leur victoire,en se livrant à la bonne chère et battant le tambourà la façon de leur pays. La troisième nuit, le bruitdes tambours avait cessé de se faim entendre; mais, detous côtés, la <strong>mont</strong>agne était éclairée par des feux queles Barbares avaient allumés pour assurer leur fuite etdiriger leur marche dans les ténèbres, parmi ces <strong>mont</strong>sinaccessibles.Le roi envoya Balacrus en reconnaissance, et appritque les Indiens venaient de fuir et d'abandonner- le rorher: donnant alors à ses soldats le signal de pousserensemble un même cri, il répandit l'épouvante parmiles Barbares qui fuyaient en désordre; plusieurs, commes'ils eussent eu l'ennemi derrière eux, trouvèrent lamort en se jetant au milieu de pierres glissantes et de rocsimpraticables. Un plus grand nombre, arrêtés par laperte de quelque membre, furent délaissés de leurs compagnonsplus heureux. Alexandre, vainqueur de la natureplutôt que de l'ennemi, n'en acquitta pas moins sadette envers les dieux par les hommages et les sacrificesqu'il leur eût offert pour une victoire éclatante. On élevasur le rocher des autels à Minerve et à la Victoire. Lesguides qui avaient dirigé la marche des troupes légères,quoiqu'ils eussent tenu moins qu'ils n'avaient prorais,reçurent fidèlement le prix convenu. La garde <strong>du</strong>rocher et <strong>du</strong> pays qui en dépendait fut confiée à Sisicostus.XII. H s'avança ensuite vers Ecbolime : mais, ayantappris qu'un certain Éryx occupait les défilés de la routeavec vingt mille hommes, il laissai Cénus le soin decon<strong>du</strong>ire à petites journées le gros de son armée. Pourut


ai8Q. CURTI1 EUF1 LIB. VIII.fundltore ac sagittario, deturbatis ? qui obsederant saltum5 sequentïbus se copiis viam fecil. Indi, sive odlo<strong>du</strong>cis, sive gratiam victoris régis inituri, Erycem fagientemadorli interemerunt, capûtqueejusatquearmaad Alexandrum detulerunt. 111e facto impunitatem dedit;honoreni denegavïl exemple. Mine ad iumen In<strong>du</strong>msextis decimis castrïs pervenit omoiaque, ut praeceperat/ad trajicien<strong>du</strong>m praeparata ab Hephaestionereperit.Regnabat in ea regione Ompfais, qui patri quoquefuerat auctor dedendi regnum Alexandre. Et post mor-_ tem parentis legatos miserai, qui consulerenl eum regnarese intérim vellet, an prÎYatum opperiri ejus adventum.Perniissoque ut regnaret, non tamen jus datumusurpare sustinuit. Is bénigne quidem exceperatHephaestionem, gratuitum frumentum copiis ejus admensus: non tamen ei occurrerat, ne (idem ullius nisi régisexperiretur. Itaque Yenienti obviam cum armato exercituegressus est; elephanti quoque, per modica intervallamilitum agmini immixti , procul castellorum fecerantspeciem.Ac primo Alexander non socium, sed hostem adventarecredebat; jamque et ipse arma milites capere, etéquités discedere injjornua jusserat, paratos ad pugnam :at In<strong>du</strong>s, cognilo Macedonum errore ? jussis subsislere


QUINTE-CURCE, LIV. VIII.lui, prenant les devants avec les frondeurs et les archers,il alla débusquer l'ennemi <strong>du</strong> bois qu'il occupait,,et ouvrit le passage aux troupes qui venaient derrièrelui. Les Indiens, soit par haine pour leur chef, soit pourgagner les bonnes grâces <strong>du</strong> vainqueur, attaquèrentEryx dans sa fuite, et, l'ayant tué, apportèrent sa tête etses armes à Alexandre. Ce prince consentit à laisser l'actionimpunie, mais non pas à honorer un pareil exemple.De là, après seize journées de marche, il arrivasur les bords de l'In<strong>du</strong>s, et, selon l'ordre qu'il enavait donné à Héphestion, il trouva tout disposé pourle passage.Omphis régnait sur ces contrées; il avait conseillé àson père, quand il vivait, de remettre ses états dans lesmains d'Alexandre. Depuis sa mort, il avait envoyé demanderau roi s'il voulait qu'il gardât le titre provisoirede souverain, ou qu'il attendît, en simple particulier,sa venue. Il lui fut permis de régner, sans que toutefoisil osât profiter <strong>du</strong> droit qu'on lui laissait. Il avait fait àHéphestion un accueil favorable, au point de fournirgratuitement <strong>du</strong> blé à ses troupes ; mais il s'était abstenude venir à sa rencontre, résolu de ne se mettre qu'àla discrétion d'Alexandre. Aussi, quand il le vit arriver,savança-t-il au devant de lui avec son armée en bataille: des éléphans distribués dans les rangs, à peu dedistance les uns des autres, offraient de loin l'aspectd'autant de châteaux forts.Alexandre crut d'abord qu'il ne venait pas en allié,mais en ennemi ; et déjà il avait commandé à ses soldatsde prendre les armes, et à sa cavalerie de se répandresur les ailes, pour se préparer au combat. Mais l'Indienreconnut aussitôt l'erreur des Macédoniens, et, arrêtantug


aaoQ. CUET1I RUFI UB. VIII.ceterîs, ïpse coneitat equuro, quo vehebatur : IdemAlexander quoque fecit, slve hostis, slve amicus occurreret,vel sua virtute, vel illius fide tutus. CoiYere,quod ex utriusque vultu posset intelligi, araicis animis;ceterum, sine interprète non poterat eonseri sermo : itacjueadhibito eo, Barbarus occurrisse se dixit cutn exercitu,totas imperii vires protinus traditurum; eec exspectasse^<strong>du</strong>m per nuncios daretur fides. Corpus suumet regnum permittere illi, quem sciret gloriae militantem,nihil magis quam famam timere perfidiae.Laetus simplicitate Barbari rex, et dextram fidei su»pignus dédit, et regnura restituit. LVI elephanii eraet,quos tradidit Alexandro, multaque pecora eximïae magoitudinis: tauros ad ni millia, pretiosum in ea regiooeacceptumque animis regnantium armentum. QuaerentiAlexandro plures agricultures haberet, an milites ; cum<strong>du</strong>obus regibus bellanti sibi majore militum , quamagrestium manu opus esse respondit. Abisares et Poruserant; sed in Poro emioebat auctoritas : uterque ultraHydaspen amnera regoabat; et bellï fortunam f quisquisarma inferret, experiri decreverat.Ompliis, permittente Alexandro, et regïum insignesumpsit, et more gentis suae nomen, quod patris fiierat,Taxilen appellavere populares, sequente nomine imperiumin quemcunque transiret. Ergo quum per tri-


QUINTE-OmCE, LIV. VHL 221la marche de son armée, il poussa en avant son cheval.Alexandre en fit autant : ami ou ennemi, il s'abandonnaità la loyauté <strong>du</strong> Barbare, ou à son propre courage.Ils s'abordèrent, comme on put le voir à leurs visages,avec des dispositions amicales : mais la conversation nepouvait s'engager sans interprète ; on en prit un , et leprince indien dit alors à Alexandre, qu'il l'était venu trouveravec son armée, pour lui remettre de suile toutes lesforces de son empire; qu'il n'avait pas voulu attendreque des garanties lui fussent apportées par des ambassadeurs.Il livrait sa personne et ses états à un monarquequ'il savait ne combattre que pour la gloire et ne rienredouter autant que le renom honteux de la perfidie.Charmé de la franchise d'Omphis, le roi lui donnala main, comme gage de sa foi, et lui rendit son royaume*11 avait cinquante-six éléphans dont il fit présent à Alexandre,'enmême temps qu'une grande quantité de bestiauxd'une beauté extraordinaiare. Dans le nombre étaienttrois mille taureaux, animaux précieux en ces contrées,et particulièrement recherchés des rois. Comme Alexandrelui demandait s'il comptait plus de laboureurs quede soldats, il lui répondit qu'étant en guerre avec deuxrois ? il avait plus besoin de soldats que de laboureurs.Ces rois étaient Abisarès et Porus ; mais Porus était leplus puissant : tous deux régnaient au delà de l'Hydaspe,et, quel que fût l'ennemi qui les attaquât, ilsétaient décidés à courir les hasards de la guerre.Omphis, avec la permision d'Alexandre, prit les insignesde la royauté, et reçut de ses sujets le nom deTaxile, qu'avait porté son père et qui passait à tout souverainavec l'empire. Après avoir, pendant trois jours,traité Alexandre avec toutes les largesses de l'hospitalité,


aïs'Q. CURTII EUFÏ UB. VÏÎL<strong>du</strong>tim hospitalier Alexaedrura aecepisset, quarto die,et quantum frumeeti copiïs, quas Hephaestioo <strong>du</strong>xerât',praebitum- a se esset, osteodit, et aureas corotias ipsiamîcisque omnibus , praeler haec signati argealî Uîî talenta,dono dédit. Qua benignitate ejus Alêxander mirelaetus, et, quœ is dederat, remisit, et mille talenta expraeda, quam vefaebat, adjecit, multaque eoovivalia exauro et argento vasa , plurimum persicae vestis, xxxequos ex suis, cum iisdem insignibus, queis assueverant,quum ipsum veherent. Quae liberalitatis, sicut Barbarumobstrinxerat, îta amicos ipsïus vehementer offendiL.Equibus Meleager, super cœnam largiore vino usas, gratularise Alexandro dixit, quod saltem in ludia reperissetdignum talentis mille. Rex, haud oblitus quam aegretulisset, quod Clitum ob linguae temeritatein occïdisset ,iram quidem tenuit, sed dixit, invidos homines niliitaliud, quam ipsorum esse tormenta.XIII. Postero die, legati Abisarœ adiere regem : omniaditioni ejus, ita ut maedatum erat, permittebant;firmataque invicem fide, remsttuotur ad regem. Poruniquoque nominis sui fama ratus ad dedilionem possecompelli, misit ad eum Cleocharen, qui denunciaret ei,ut stipendiuin penderet, et in primo finium suorumaditu occurreret régi. Porus alteruin ex bis facturumsese respooclit, ut intranti regnum suum praesto esset,


QU1NTE-CURCÊ, LIV. VIILaalle quatrième, il lui fil voir ce qu'il avait fourni de bléaux troupes sous les ordres d'Héphestion, offrit de plusau roi, ainsi qu'à ses courtisans, des couronnes d'or,et, en outre, quatre-vingts talens d'argent monnayé.Alexandre, sensible II une telle générosité, lui remit tousses présens, en y ajoutant mille talens tirés <strong>du</strong> butinqu'il traînait à sa suite, une grande quantité de vaisselled'or et d'argent, aussi bien que des vêteuiens prissur les Perses, et trente chevaux de ses écuries, harnachéscomme ils Fêtaient lorsqu'il les <strong>mont</strong>ait luimême.Cette libéralité, en lui assurant le cœur <strong>du</strong> Barbare,choqua vivement ses courtisans. Méléagre, entreautres, dit à table, dans la chaleur <strong>du</strong> vin, qu'il félicitaitAlexandre d'avoir au moins trouvé dans l'Inde unhomme qui valût mille talens. Le roi, qui n'avait pasoublié combien d'amers regrets il avait ressentis pouravoir tué Clitus, à cause de son trop libre langage,maîtrisa sa colère, mais ne put s'empêcher de dire queles envieux ' ne savaient que faire leur propre tourment.XIII. Le lendemain, des ambassadeurs d'Abisarès vinrenttrouver le roi : il lui apportèrent, selon leurs instructions,l'entière soumission de leur maîlre. Après unéchange de garanties mutuelles, on les renvoya. Pensantque la terreur de son nom pourrait aussi amener Porusà se soumettre, Alexandre députa vers lui Cléocharès,pour lui signifier qu'il eût à se reconnaître tributaire, età se transporter sur la frontière de ses états, afin d'y re--cevoir le roi. Porus répondit qu'il satisferait à la seconde


224 Q. CURTII EUF1 LIB. VIII.sed afrnatus. Jain Hydaspen Âlexander superarc decre- "veratj quum Barzaentes, defectionis Aracliosiis auctor,vinctus, trigintaque elcphatiti simul capti per<strong>du</strong>cuntur,opportunum adversus lodos auxilïum : quippe plus inbelluis, quam in exercito^ spei ac virium illis erat. Gamaxusquerex exigu» partis Indorum, qui Barzaeutise conjunxerat, vinctus ad<strong>du</strong>ctus est.Igitur transfuga et regulo in custodiam, elephantisautem Taxili traditis, ad amnem Hydaspen perveuit;in cujus ulteriore ripa Porus consederat, transitu proliibiturushostem. LXXXV elephantos objecerat exiuiiocorporum robore ; ultraque eos curros ccc, et pedituinxxx fere millia, in queis erant sagittarii, sicutiante dictum est, gravioribus telis, quam ut apte excutipossent. Ipsum vehebat elepliantus super ceteras belluaseminens; armaque auro et argeoto distincta corpus raraemagiiitudiois honestabant : par animus robori corporis;et quanta in ter rudes poterat esse sapientia.Macedouas non conspectus hostium solum, sed etiamflumiûts f quod transeun<strong>du</strong>m erat ? magnitudo terrebat :quatuor in latitudinem stadia diffusum, profuodo alveoet nusquam vada aperiente, speciem vasti maris fecerat.Nec pro spatio aquarum late stagnantiuin impetum coercebat;sed quasi in arctum coeuntibus ripis, torrens


QUINTE-CIIBCE, LIV. VIII. **5de ces injonctions; qu'on le trouverait à l'entrée de sonroyaume, mais en armes. Déjà Alexandre s'apprêtait àpasser lHydaspe, lorsqu'on lui amena, chargé de fers,Barzaentes, l'auteur de la révolte des Arachosiens, avectrente éléphans qui avaient été pris, et devaient prêtercontre les Indiens un utile secours : car c'était en cesanimaux , plus qu'en leur armée, que résidaient leur espéranceet leur force. Gamaxus, roi d'une petite contréede l'Inde, qui s'était joint à Barzaentes, fut amené aussienchaîné.Alexandre fit étroitement garder le transfuge et le petitprince indien, remit les éléphans à Taxile, et gagna lesbords de l'Hydaspe : Porus s était établi sur la rive opposée,pour empêcher le passage de l'ennemi. A sonfront de bataille, il avait placé quatre-vingt-cinq éléphansd'une vigueur extraordinaire; derrière, trois centschars et trente mille hommes d'infanterie, parmi lesquelsses archers, armés, comme on Ta dit plus haut, delèches trop pesantes pour être lancées sûrement. Luimêmeétait <strong>mont</strong>é sur un éléphant qui surpassait tousles autres en grandeur : une armure enrichie d'or etd'argent relevait sa taille gigantesque; son courage égalaitsa force, et il avait l'esprit aussi éclairé que le permettaitla grossièreté d'une nation barbare.La présence de l'ennemi, en même temps que l'éten<strong>du</strong>e<strong>du</strong> fleuve qu'ils avaient à traverser, effrayaient lesMacédoniens. Sa largeur, de quatre stades, et la profondeurde son lit, qui nulle part n'offrait de gué, enfaisaient comme une vaste mer : et Ton ne voyait pas,eu proportion de l'immense espace où s'étalaient lesttux, diminuer leur impétuosité : comme s'il eût étéétroitement encaissé entre ses rives, son cours rapidem. i5


226 Q. CURT1I RUFI LIB. VIII.et elisus ferebatur : occultaque saxa iiiesse ostendebantpluribus loeis undœ repercuss». Terribilior erat facièsripae ? quam equi Yirique compleverant. Stabant ingeiitesvastorum corporum moles, et de in<strong>du</strong>stria irrïtataehorrendo strïdore aures fatigabant. Hioc faostïs, hïocamnis capacia quïdem bonae spei pectora, et sœpe seexperta, improviso tamen pa?ore percusserant. Quippeiostabïles rates nec dirigi ad ripam, nec tuto appliairiposte credebant. Erant m inedîo amne insulœ crebrae ?in quas et Indi et Macedones nantes ? levatis super capitaarmis,transibant. Ibi levia prœlïa coiiserebaat ; etutevque rex pârv» rei discrimine summae experiebatureventum.Ceterura, in Macedonum exercitu temeritate atqueaudacia iasignes fuere Symmachus et Nicanor f nobilesjuïenes, et perpétua partium felieïlate ad spemen<strong>du</strong>momne periculum accensi : queis <strong>du</strong>cibus promptissïmijuveeum lanceis modo armati transnavere in insulam,quam frequens boslis teuebat, muitosque Indorum,Bulla re magis 9 quam audacia armati, interemerunt.Abire eum gloria poterant ? si uoquam temeritas felixiaveoiret mo<strong>du</strong>m ; sed <strong>du</strong>ra superveuientes cantemptimet supprb^ quoque exipeclant, cîrcumventi »b iis qui


QUINTE-CURCË, LIV. VIII. 117et heurté était celui d'un torrent, et Ton reconnaissaitît> rochers d e î*OI)es a la \ 11 e » au mouve 1t1ent (le I ea 11ï|Ui, en plusieurs endroits, revenait sur elle-même. Maisle plus terrible, c'était I aspect de la n\e toute rouverted liotiunesct de chevaux, I a.*s clephans > y <strong>mont</strong>raient avecla masse énorme de leurs corps gigantesques, et, provoquesà dessein, fatiguaient les oreilles de leurs stiÛentenshorribles. Ainsi, devant Feiinenu d'une part , et ie lieuvede î autre, ces emurs auxquels ne ntanqua.it pourtantpas la eu 111 i a tic e , e !: qui s'étaient e p rn u ves plus c 1 ' u nelois ettx-tiîiiiies, avaient ete surpris d une terreur inatten<strong>du</strong>e.Comment , en ellel , avee de légères embarcation*,se dirteaT e! aborder en Mirete >\\v I autre rive.'Il v avait au milieu <strong>du</strong> {|eu\e m*s ile> nombreuses, oùles Macédoniens et les Indiens passaient a la nage, enperlatil leurs armes au dessus de leurs tètes, Là s engageaientde petits combats, et chacun îles deux rois, parle. succès de 4-es escarmouches, interrogeait la fort une>ur 1 issue de la guerresDeux jeunes iicns * étaient distingues dans 1 arméemacédonienne par leur témérité et leur aia.la.ee : e étaient.Nviiiiiiacliijs et. Nieanor, ions deux de noble fattnUe; etle bonheur continue! de leur parti les enhardissait alira ver fous les danetT.^ Son H leur con<strong>du</strong>ite, une troupehardie de jeunes ^cns. armes seulement de leurs lances,cas J toron I a la naev nue i le* on le-, Indiens riaient eufene, el trouvant, dans leur audace i arme la plus redoutable,ils firent de ! ennemi im au'and carnage. Ilspouvaient se retirer avec gloire, si jamais la iemeritebru retisi: sa vaut garder (p ici que mesure : mais tandisqu'ils attendent et qu ils délient même avee orgueil lesnouveaux comhattaus un ils voient arriver, investis paii5.


228. Q. CUETII RUF1 LIB. VIÏÏ.ocwulti enataverant, emînus obruti telis sunt. Qui effugeranthostem, aut impetu amnss ablatî sunt, aut ¥orlicibusimpliciti ; eaque pugna multum fi<strong>du</strong>ciam Porierexit, cuncta cernentis e ripa.Alexander iuops cousitii tandem ad fallen<strong>du</strong>m hostenilalem dolum intendit. Erat insula in Humilie aniplïorceteris, silYestris eadetn , et tegendis.iosidiis apta ; fossaquoqile praealta haud procul ripa f quam teoebat ïpse,non pedites modo f sed etiam cum equis viros poteratabscondere. Igilur ot a custodia hujus opportunitatisoculos hostium âYerteret, Ptolemaeum cum omnibusturmis obequitare jussit procul ab insula, et subindeIndos clamore^terrere, quasi flumen transnaturus foret.Per complures dies Ptolemaeus id fecit ; eoque consilioPorum quoque agmen suum ei parti, quam se peteresimulabat f coegit advertere.Jaiïi extra conspectum hostis insula erat : Alexanderin dtversa parte ripae statut suuni tabernaculum jussit,assuetamque comitari ipsum cohortem ante id tabernaculumstare, et omnem apparatum régi» magnificentiae,hostium oculis de m<strong>du</strong>stria osiendi. Attalum, et aequalemsibi, et haud disparem habitu oris et corporss,iitique quum procul viseretur, veste regia exornat,pr»biturum speciem ipsum regem illi ripae pr»sidere f


QU1NTE-CURCE, LIV. Vlll. 2-19d'autres qui avaient secrètement abordé, ils furent accablésde loin par une grêle de traits. Ceux qui avaientéchappé à l'ennemi périrent emportés par le courant <strong>du</strong>fleuve, ou engloutis dans les tournaiis. L'effet de ce combat, fut d'exalter la confiance de Porus, qui voyait toutde la rive.Alexandre, long-temps embarrassé, s'avisa enfin <strong>du</strong>stratagème suivant, pour tromper l'ennemi. Il y avaitdans le fleuve'une île plus grande que les autres, couvertede bois, et propre à déguiser une embuscade : nonloin de la rive qu'occupait le roi, était aussi un fossétrès-profond, capable de cacher, non-seulement de l'infanterie,mais même des cavaliers avec leurs chevaux.Voulant détourner l'attention de l'ennemi de ce posteavantageux,'il commanda à Ptolémée de se porter avectoute la cavalerie à une distance assez grande de File, etde donner de temps en temps l'alarme aux Indiens pardes cris, comme s'il se préparait à traverser le fleuve.Ptolémée répéta ce manège pendant plusieurs jours, etobligea par là Porus à porter aussi son armée <strong>du</strong> côtéoù il faisait mine de vouloir aborder.Déjà l'île était hors de la vue de l'ennemi : alorsAlexandre fit transporter sa tente sur un autre endroitde la rive, ranger en avant la garde qui, d'ordinaire,l'accompagnait, et déployer à dessein, aux yeux de l'ennemi,tout l'appareil'de la magnificence royale. Attale,qui était de son âge, et qui, de loin surtout, lui ressemblaitassez de visage et de corps, prit,, par ses ordres,les vêtemens royaux, pour faire croire que c'était le roien personne qui commandait sur ce côté de la rive, etqu'il ne songeait nullement au passage. Un orage retarda


a3oQ. CUHTII RUFI LU. VIII.nec agitare de transita. Hujus consilii effectue! primomorata tempestas est, mox adjuvit; incommoda quoquead boeos eveotus vertentc fortuna. Trajicerc amnemcum ceteris copiis in regionem insulae, de qua aatedictumest, parabat ? averso hoste ie eos f qui cumPtolemaeoinferiorem obsederaot ripam, quum procella imbrenijvix sub tectis tolerabilem, efFudit; obrutique militesuimbo in terram refugerunt, oavigiis ratibusque desertis: sed tumultuantium fremitus ? obstrepentibes ventis,ab hoste non poterat audiri. Deinde momenlo temporisrepressus est imber, ceterum adeo spissae ietendere senubes, ut conderent lucem, vixque colloquentiuin interipsos faciès noscitaretur.Terruisset alium ob<strong>du</strong>cta nox cœlo, quum ignotoamne navigan<strong>du</strong>m esset, forsitan hoste eam ipsam ripam, quam caeci atque improvidi, et ex periculo gloriamaccerseetes petebant, occupante. Obscuritatem fquae ceteros terrebat, suam occasionem ratus, datosigoo, ut omnes silentio ascenderent in rates, eam quaipse vehebatur, primam jussit expelli. Vacua erat abhostibus ripa qu» petebatur; quippe adhuc Porus Ptolemaeumtantum intuebatur : una ergo navi y quam petraefluctus illiserat f h»rente f celer» eva<strong>du</strong>nt ; armaquecapere milites , et ire in ordines jussit.XIV. Jamque agmen in cornua divisum ipse <strong>du</strong>cebat,


QUINTE-CURCE, LIV. VIII.a3id'abord l'exécution de ce projet, et finit par le favoriser,p-àee a la (orlune , accoutumée à lotirnta* au profit, <strong>du</strong>na même les plus fâcheuses circonstances. Il se disposait,avcecequi lui restai! <strong>du</strong> troupes, a passer le fleuveda «s la direction de 1 ilu do al nous pariions touî-àtheure, laissant l'ennemi


*Î2 Q. CURTII ftUFI LIB. VIII.quum Poro nuneiatur, armis virisque ripam obtineri,el rerum adesse discrimen. Ac primo, humain iogeniivitio, spei suae io<strong>du</strong>lgens, Abisaren belli socium (et itaconvenerat) adventare credebat. Mox liquidiore lueeaperiente hostem, c quadrïgas, et ni millia equitom¥enieoti agmini Porus objecit. Dux erat copiarum , quaspraemisit, Hages, frater ipsius : somma Yirium m curril'Mis: senos viros sioguli vehebant, <strong>du</strong>os clypeatos f<strong>du</strong>os sagittarios ab utroque latere dispositos; ceteri aurigaeerant, haud sane inermes : quippe jacula eoniplura,ubi cominos prœliao<strong>du</strong>m erat, omissis habeois, in hostemiiigerebant. Ceterum vix ullus hujus .usos auiilii mdie fuît : namque, ut supra dictum est, imber, violentiusquam alias fusus, campos lubricos et inequitabilesfecerat ; gravesque et propemo<strong>du</strong>m immobiles currusilluvîe ac voragiuibus haerebant. Conlra Alexaoder expeditoac le¥iagmine slrenue inYectus est. Scythae etDahaeprimi omnium iovasere Indos : Perdiccam deinde cuniequitibus in dextrum cornu hostiutn emisit.Jain undïque pugna se raoverat, quum ii qui currusagebant, illud ultimum auxilium suorum rati, effusisliabenis, in médium discrimen ruere cœperunt. Aecepsici tualum ulrisque erat ; uam et Macedonum pedites


QUÏNTE-CUKCE, L1V. V11I.a3'Jbataille, quand on annonce à Porus que le ri¥age estcouvert d'armes et de guerriers, et que le,moment critiqueest arrivé. M'écoutant d'abord, par un travers del'esprit humain, que ses espérances, il crut que c'étaitson allié Abisarès qui, d'après leurs conventions, venaitse joindre à lui. Mais bientôt le ciel 9 en s'éclaircissanl,lui découvrit l'ennemi, et il fit marcher à sa rencontrecent quadriges et trois mille chevaux. Le chef dece détachement était Hagès , son propre frère : les charsen faisaient la force principale. Chacun portait six hommes, deux qui étaient armés de boucliers, puis deuxarchers placés de chaque côté <strong>du</strong> char; les autres faisaientles fonctions de con<strong>du</strong>cteurs, mais n'étaient paspour cela sans armes ; car aussitôt que l'on combattaitde'près, ils quittaient les rênes, et avaient plusieursdards à lancer contre l'ennemi. Du reste, cette ressourcefut ce jour-là de bien peu d'usage : car la pluie, qui,ainsi que nous l'avons dit plus haut, était tombée avecune violence peu commune, avait ren<strong>du</strong> le terrain glissantet impraticable pour les chevaux, et les chars,presque immobiles par leur pesanteur, demeuraient engagésdans les amas de boue et dans les ravins. Alexandre,au contraire, avec des troupes légères et dégagéesde tout embarras, fit une charge vigoureuse. Les Scytheset les Dahiens furent les premiers à se lancer contreles Indiens : Perdiccas fut ensuite envoyé contre leuraile droite.Déjà le combat était engagé sur tous les points, lorsqueceux qui avaient la con<strong>du</strong>ite des chars, les regardantcomme la dernière ressource des leurs, commencèrentà les pousser à toute bride au milieu de la mêlée. Onen souffrit également des deux côtés. Le premier choc


a3/iQ. CURTII RUF1 LIB. VIII.primo ïtnpetu obterebantur, et per lubrica atcjue iiiwiaimmissi currus excutiebant eos a quibus regebantur.Àliorum turbati equi non in voragiees modo lacunasque,sed etiam in amnem praecipitavere currieula. Paucitamen hostium tenus exacti pénétravere ad Forum acerrimepngnam cientem. Is, ut dissipatos tota acie currusvagari sine rectoribus vidit, proximis amicorum distribuitelephantos. Post eos posuerat pedites ? ac sagittariosf et tympana pulsare solitos ; id pro cantu tubarumIndis erat : oec strepitu eorum movebantur, olim adnotum SûîIOïB auribus mitigatis. Herculis simulacrumagmini peditum praeferebatur; id maximum erat beliantibusincitaraeotum, et deseruisse gcstantes milîtareflagitium habebatur. Capitis etiam sanxerant pœoam iis,qui ex acie non retulisseot; metu , quem ex itlo hostequondam conceperant, etiam in religionem •enerationemqueconverso.Macedonas non belluarum modo, sed etiam ipsiusrégis aspectus parumpcr inhibuit. Belluae disposil» interarmatos speciem turrium procul fecerant. Ipse Pontshumanae magnitudinis propemo<strong>du</strong>m excesscrat formara.Magnitudini Pori adjice^e videbatur bellua qua vehebatur,tantum ioter ceteras eminens, quanto aliis ipsepraestabat. Itaque Alexander ? contemplatus et regem et


QU1NTE-CURCE, UV. VIII.s3Sécrasait des rangs entiers de Finfanterie macédonienne;i nai s bientôt les eliars lancés sur un terrain glissa ni etj m p ra t: t e ; i ! ) 1 e, re 11 v e r sa i e 111 leurs n n > p i v s e o 11 d u c I. e u rs.\d leurs , les chevaux e!farouches b's emportaient parmi!as mares d'eau et les ravins, et, ee qui était pis, dans11 * f 1 eu v t! n i e ni e. 11 v e 11 e 111 ee p «aidant quelques-uns qui.H "es a voir t r a ver se I es rangs e un e mis, pénétrèrent j tqu au quartier de Punis, occupé a échauffer le combat'le toute son ardeur. Ouand il vit. les chars disperses< r r e r s a 11 s eo n d u e te 11 rs s 11 r t o ut le e ! i a n i p de ha ta i ! I e , 11distribua alors ses elephans a ceux de ses anus qui se< f couvaient prés de lui. .Derrière eux, i! pîaca l'infanterie,ies an lier s, et les hou unes dont lemphu Hait de battrele tambour. Cet. instrument servait aux Indiens, au lieude trompettes, et le bruit nYn < bravait nas les e!rubans.éont les oredb'S v étaient Ors ! une-(émus accoutumées.P nuaeu* dllercuie elai! portée en (été de Infanterie;e'«.-tait pour les soldats le plus pu t.-saut encouragement ««i; Ton encourait la flétrissure nul if aire pour abandonneri e y x q 111 ! a p o r i aient, 1 a p e i11 e de mort « a ai ! mêmewabhe contre les là élu:* s qui ne la rapporteraient pas• lu champ de bataille; tant la tcrj'em' que leur avaitV-uiis inspirée ^în U-\ ennemi, sofai> depuis changée euune religieuse vénération.A la vue des elephans et de Porus im-même, les Macédonienss'arrêtèrent un moment. Distribues au in dieudes eo n i 1.) a 11 a i rs, e >, % s ci i g ai ï l case 11 i e s a r 1111 \ au x. r e sse m b I a i e u tde loin à des tours, et Ponts était aussi <strong>du</strong>nefailli:qui (I epa s sa i t p resc j 11 e 1 e s ( > rop or 11 o n s humâmes. î éé ! é-pliant cjti il <strong>mont</strong>ait semblait, encore ajouter a sa hautev 1 a 111 re : i 1 s'eî e \ a i t a. u fan t au d < .*s s us dt % s a n i res elephans,uu«' Punis au dessus des autres hommes. Ainsi A leva n-


s36Q. CURTII KUF1 LIB. VIII.agmen Indorum : «Tandem, inquit, par anîmo meopericolum video : eum bestiis simol et cum egregiis virisres est » Intuensque Cœnum : « Qoom ego f inquit, Ptolemaeo,Perdiccaque, et Hephaestione comitatus, in lœvumhostium corna impetom fecero, viderïsque me inmedio ardore certaminis, ipse dextrum inove, et turbatissigna infer. Tu, Antigènes, et tu, Leonnate, etTauron, învehemini in média m aciem, et urgebitis froulem.Hastae nostrae praelongae et validae non alias magisquam ad versus belluas rectoresque earum usui esse poterunt;deturbate eos qui vehuntur, et ipsas confuodite.Ànceps genus auxilii est, et in suos acrius furit. In hostemenim imperio, in suos pavore agitur. »Haec elocutus concitat equum primus. Jamque, utdestinatum erat, invaserat ordioes hostium, quum Cœnusingeoti vi in laevum cornu invehitur. Phalanx quoquein mediam Indorum aciem uno impetu prorupit. AtPorus f qua equitem invehi senserat, belluas agi jussit;sed tar<strong>du</strong>m et paene immobile animal equorum velocitatemœquare non poterat : ne sagittarum quidem ulluserat barbaris usus; quippe longae et praegraves, nisiprius in terra statuèrent arcuin , haud satis apte et commodeîmponuntur. Tum humo lubrica, et ob id impedienteconatum, molientes ictus celeritate hostium oc-


saj luiamiaj ap npriiiicltiiojd t?j4 sdnoj sjnaj luaieunsseH | { ! 1 î ) {îUMHI.^1 -^iJ'î||:i s.H)| il"! JtM HlU.l lilifSsiîn jOs ..iaiiiiuuj 1,1 ;j; t,H«H'| am.i>\!j U M*) ^H aji aj{|iss * S|«H 10au: r j.;u/i .mun^noi !?t |a -«muai , a : wapan m tau up rj.ua! utunism:r| j,iu:«l» i i u \ f H M 1 .ai uuamiamal IN tu , 11 ic |t >Hï 111 ï unluaal• pauma jj.» w ï i M î i : !)i,n(i' i \!!j ta ja.^..iaaja n\ j 11? A ir il h< =• uoa mi suaîplaja v,ix jaaua\a un 'fia\a jitr*ïHU"MI«I.I MUOJ"s'n,M|Ml| ^->M aiî!1M?!q .*!> Min,!! ,ij JJUJOa ;>.M|(1 Ullf! p }îlo;lailiOp *S] .HU.MU lia ' ally ai atj jll? [ î?uaa•~amauan:it \ jaUjasp a aaaayaao» sîlll.V) Uïihs.îoj *-.i ï » I » î « I '-o^ uamif ap mi-Amaaa! |a •a.iitfaa ai a.$|!Ua/mua m *munaj*aa| la *s?U' , Huo,r] ma] muaoïiuy*;m ?' a»n.u:?| > sa! Jiaa! a.paHmtp Jliaj ap ajijmfil |a *,>JUUp OjH? !a^aum: %mj maUaama imaaapmapî iiui|Jîn SIM.LïA Ui mmj«» ' siiiMiiii,» sap a:puaa aj aulmna * mat | s, H i c I, > | j fa : snu,>' |vi.a, uuaauaai as mut {.| « ma.ttuaa| suiMpu.v un :ja XîIIMII-nia mapa p ja stutatUM Juml sioj HI a itî I : a^a.t-noj uoui H |Hïte ja^ocp un ajiuoanaj d[ a iJ n 3 B : |H-OLO»> 4 S 'siMipti| sap aauuej ia îOJ a| iiiB|<strong>du</strong>iaiuo3 ua *a.ip"ï.*111A Ali ^'JMIl'l-liMiaÙ


s38Q. CURT1I RUFI LIB. VIII.cupabantur. Ergo , spreto régis imperio (quod fere Gtubi turbalis acrius metus quam <strong>du</strong>x imperare cœpit),totidem erant imperatores f quot agmina errabant : aliusjungere aciera , alius dividere ; stare quidam, et aosnullicircumvehi terga hostium jubebant : nihil in médiumconsulebatur.Porus tamen eum paucis, quibus metu potior fueralpudor, colligere disperses, obvius hosti ire pergit, elephantosqueante agmeo suorum agi jubet. Magnum belluaeinjecere lerrorem; iosolitusque stridor non equosmodo, tam pavi<strong>du</strong>m ad omnia animal, sed viros quoqueordinesque turbaverat. Jam fugae circumspiciebantlocum paulo ante victores ; quum Alexaeder Agrianoset Thracas leviter armatos, meliorem coneursatioeequam eominus militem, emisit in belluas. logentem bi¥im telorum injecere et elephantis, et regentibus eos:phalanx quoque iestare constanter territis cœpit. Sedquidam, avidius persecuti, belluas in semet irritaverevulneribus : obtriti ergo pedibus earum, céleris, ut parciusinstareîit ? fuere documentum. Praecipue terribilisilla faciès erat , quum manu arma virosque corriperent ,et super se regentibus traderent. Anceps ergo pugnanunc sequentium y nunc fugientium elephantos, in niultumdiei varium certamen extraxit, donec securibus (idnamquc geous auxilii praeparatum eral) pedes amputare


QUINTE-CURCE, L1V. VIII. nl 9avait prévenus. Aussi les ordres de leur roi étaient-ilsoubliés; effet ordinaire des grandes alarmes, où lacrainte commande plus haut que la voix <strong>du</strong> chef; et ily avait autant de généraux que de bataillons épars. L'unparlait de se réunir en corps de bataille f un autre dese séparer; quelques-uns voulaient tenir à leur poste,d'autres tourner les derrières de l'ennemi : on ne s'entendaitsur rien.Cependant Porus f avec un petit nombre d'hommes,plus sensibles à la honte qu'à la crainte, ramasse sessoldats dispersés, cl marche droit à l'ennemi, donnantl'ordre de faire avancer en tête les éléphans. Ces animauxcausèrent une grande épouvante; et leurs cris inaccoutumésjetèrent la confusion 9 non-seulement parmiles chevaux t si ombrageux de leur nature, mais aussiparmi les hommes. Les rangs se troublèrent, et, tout-àl'heurevictorieux , les Macédoniens regardaient déjà autourd'eux pour fuir, lorsque Alexandre envoya contreles éléphans les Thraces et les Agriens, troupes légères,meilleures pour voltiger que pour tenir ferme sur lechamp de bataille. Ils firent pleuvoir une grêle de traitssur les éléphans et sur ceux qui les con<strong>du</strong>isaient ; et aumême moment la phalange, qui les vit prendre l'effroi,se mit à les presser avec vigueur. Mais il y eut quelquessoldats qui, en se lançant trop ardemment à leur poursuite, irritèrent contre eux ces animaux furieux de leursblessures : écrasés sous leurs pieds, ils apprirent auxautres à les harceler avec plus de ménagement. Ce qu'ily avait de plus effrayant, c'était de les voir saisir avecleur trompe les armes et les hommes, et les livrer pardessus leur tête à leur con<strong>du</strong>cteur. Cette lutte incertainecontre ks éléphans, tour-à-tour chassés par de-


24© Q. CURTIÏ RUFÏ LIB. VIII.cœperunt. Copidas vocaot gladios leviter curvatos, falcibussimiles, queis appetabant belluarum manus; necquidquam inexpertum non morlis modo, sed etiam inipsa morte novi supplicii timor omittebat.Ergo elephanli, vulneribus tandem fatigati, suosimpetu sternunt, et qui rexerant eos f praecipitati in terrain,ab ipsis obterebaotur. Itaque pecorum modo magispavidi, quam înfestî, ultra aciem exigebantur, quumPôrus, destitutus a pluribus, tela multoante praeparatain circumfusos ex elephaoto suo cœpit ingerere, multisqueeminus vuloeratis, expositus ipse ad ictus undiquepetebatur. Novem jam vulnera hiuc tergo, illioc pec-toreexceperat, multoque sanguine profuso languidismanibus magis elapsa, quam excussa tela mittebat. Necsegaiiis bellua instincta rabie, non<strong>du</strong>m saucia invehebaturordinibus; donec rector belluae regem conspexit,fluentibus raembris omissisque armis, vix compotemmenlis.Tum belluam in fugam concitat sequente Alexaodro: sed equus ejus multis vulneribus co*nfossus deficiensqueprocubuit, posito magis rege, quam effuso,itaque <strong>du</strong>m equum mutât, tardius insecutus est. Intérimfrater Taxilis, régis Indorum, praemissus ab Alexandre,


QUINTE-CURCE , LIV. VIII.14 rFennemi ou le chassant devant eux, prolongea bien avantdans la journée la fortune changeante <strong>du</strong> combat Jusqu'aumoment où, avec des haches, autre ressource que l'ons'était préparée, Ton se mît à leur couper les jambes. Onse servait aussi d'épées nommées copiées, légèrementrecourbées en forme de faux , pour porter des coups àleurs trompes. 11 n y avait rien enfin que ne fit tenterla crainte de la mort, et surtout <strong>du</strong> nouveau genre desupplice dont la mort même était accompagnée.A la fin, fatigués de leurs blessures, les éléplians vontse jeter à travers les rangs de l'armée indienne, et, renversantleurs propres con<strong>du</strong>cteurs, les écrasent sousleurs pieds. Tremblans dès-lors plutôt que redoutables,on les chassait, comme de faibles troupeaux, hors <strong>du</strong>champ de bataille. Porus, à cet instant, presque abandonné,commença à lancer contre ceux qui l'environnaientdes flèches qu'il tenait dès long-temps en réserve :il blessa de loin un grand nombre d'ennemis; mais,exposé lui-même à leurs traits, il était assailli de toutesparts. Déjà, au dos comme à la poitrine, il avait reçuneuf blessures, et ses mains , affaiblies par le sang qu'ilperdait en abondance, laissaient tomber les traits, plutôtqu'elles ne les lançaient. Son éléphant qu'aucune blessuren'avait atteint, tout plein encore de sa fureur,continuait cependant de l'emporter au milieu des rangsennemis; mais bientôt le con<strong>du</strong>cteur s'aperçut que leroi, chancelant et ne soutenant plus le poids de ses armes,était près de défaillir. Il entraîne alors l'animaldans une fuite précipitée. Alexandre le suit; mais soncheval, couvert de blessures et abandonné de seb forces,s'abattit, posant plutôt le roi que ne le jetant à terre;et le lemps qu'il mit à en <strong>mont</strong>er un autre le retardam. 16*


%k


QU1NTE-CURCE, L1V. VIII. »43dans sa poursuite. Cependant le frère <strong>du</strong> prince indien,Taxïle ? envoyé en avant par Alexandre, conseillait àPunis de ne pas s'obstiner à î en ter les 11er ni ers hasards,et de -se soi une lire au \ * 11 nrj ï 1CM i i*. Mais celui-ci, quoique>es forées se* tussent. 1 *1>111s 1 ; es , et. que le sa n g co m m e nva là loi manquer, se ranimant a eette voix qui lui était.et»n11 ne : « Je t-eeo 11 na 1 s , d i l - i I, le f rère puis, saisissantu n Iras t., le seul que lui eût laisse le hasard, il lelui I a n e a , do in a 11 i v. 1 *e à lui t r a v e rs e r de part en pa r i,la poitrine. Après ce dernier acte décourage, il se remita fuir avec plus de rapidité; mais son éléphant, blessede plusieurs coups, perdait aussi ses forées : 11 suspenditdonc sa. fuite, et. opposa le reste de son infanterie aux.ennemis qui le poursuivaient.Alexandre, qui avait rejoint Porus, témoin de sou opiniâtreté,défendit de faire a1.1 en n quartier a. ceux qui résisteraient.On vit clone voler une grêle de traits et contreI infanterie et. contre Portas lui-même, (pu, accablea ! a i in, < 'O non e 11 ça à g 11 sse r e 11 ! ia s 11 e s


a/i4Q. CURTII RtIFI L1B. VIII.Qiiem rex ut vidit allevantem oculos, non odio, ser!miseratione commotus : «Qu», tnalum! ïoqtiit f amenfiate coegit, rerum mearum cognita fama, belli fortunamexperiri, quam Taxiles esset in dedilos démenti»meae tam propinquum tibi exemplum?» At ille : «Qooniam, inquit, percontaris, respoodebo ea lihertafe,quam iotcrrogaiido fecisti. Nemieem me fortiorem essecensebam; meas enim noveram vires, non<strong>du</strong>m expertustuas : fortiorem esse le, belli docuit eventus. Sed ne sicquidem parum felix sum, secun<strong>du</strong>s tibi. » Rursus interrogatus,quid ipse victorem statuere debere censoret :«Quod hic, inquit, dies tibi suadet, quo expertus asquam ca<strong>du</strong>ca félicitas esset. » Plus moneodo profecit,quam si precatus esset : quippe magnitudiiiem animiejus interritam, ac ne fortuna quidem infractam, nonmisericordia modo, sed etiam honore excipere dignatusest. iEgrum euravit haud secus, quam si pro ipso pugnasset: coufirmatum contra spem omnium in amicoruranumerum recepit : mox donavit ampliore regno,quam tenuit. Nec sane quidquam ingenium ejus solidiusaut constantius habuit, quam admiràtionem vcrae laudiset gloriae : simplicius tamen-famam aestimabat ie hosle,quam in cive : quïppe a suis eredebat magnitudiiiemsuatn destrui posse; eamdem clariorem fore, quo majoresfuissent, quos ipse vicisset.


QUINTE-CURCE, L1V. VIII.a/,5Le roi, qui le vit entr'ouvrir les yeux, lui dit, dansun mouvement, non de haine, mais de compassion :«Malheureux ! instruit de mes exploits par la renommée,quelle folie t'a poussé à courir la fortune de la guerre,lorsque Taxile t'offrait un si proche exemple de ma clémenceenvers ceux qui se soumettent?» Mais lui : ce Puisquelu m'interroges, dit-il, je te répondrai avec la libertéqu'autorise ta demande. Je ne croyais pas quepersonne fût plus vaillant que moi; car je connaissaismes forces, et n'avais pas éprouvé les tiennes : l'événementde la guerre a prouvé que tu étais plus vaillant;niais en cela même je suis loin d'être malheureux, puisqueje reste le premier après toi.53 Alexandre lui ayantencore demandé ce qu'il pensait que le vainqueur dûtdécider de lui : « Ce que te conseillera cette journée,répondit Porus, où tu as éprouvé combien le bonheurest fragile; » et par cet avis, il obtint plus qu'il né l'eûtfait avec des prières. En effet, cette grandeur d'une âmeinaccessible à la crainte, et que la fortune même ne pouvaitabattre, ne fut pas seulement un objet de compassionpour le vainqueur, elle lui parut aussi digne d'êtrehonorée. Il le fit traiter avec le même soin que s'il eûtcombattu pour lui; et lorsque, contre toute espérance, ileut recouvré la santé, il le reçut au nombre de ses amis;bientôt même il lui donna un royaume plus éten<strong>du</strong> que celuiqu'il avait possédé. Il n'y a peut-être pas de trait plussolide et plus constant dans le caractère d'Alexandre,que son admiration pour le vrai mérite et pour la gloire.Cependant il était plus sincère appréciateur de la renomméedans un ennemi que dans un compatriote : c'est qu'ilcroyait que, delà part des siens; sa grandeur pouvaitrecevoir quelque atteinte, tandis qu'elle tirait un nouveaulusîre de la réputation de ceux qu'il avait vaincus.


NOTESDU LIVRE HUITIÈME.i. Ses écmyers. Encore une fols arnùgeri: il faudrait tra<strong>du</strong>irepar aides-de-camp. Mais le moyen d'appliquer ce mot tout moderneà Alexandre ?m. Parmi les Barbares. Nous lisons mobiles Bafbari.3. Il n'y arien déplus commun que ces métaux. Nous n'adoptonsici ni la leçon, ni par conséquent le sens proposé par M. Lemaire,et rétablissons vMere au lieu de videri, en substituant,après ostemdere, une simple virgule au point et virgule. La liaisondes idées le veut ainsi.4. Les injures que tu m'as prodiguées tout-à-F heure. Les motsmodo audisêi, mis entre parenthèses, manquent dans deux manuscrits, et sont une évidente interpolation.5. Fémur. MwpW, cuisse.6. De sa compagnie. — Cohorte : c'est le nom donné à celtetroupe de jeunes pages, où nous avons YU figurer plus hautHermolaus et ses complices.


LIVRE IX.


Q. CURTII RUFIDE REBUS GESTISALEXANDRI MAGNIRKGLS MACEDOXUMLIBEENONUS.I. ALEXANDERI tain memorabili victoria laetus, quasibi Orientis fines apertos esse censebat } Solï victimïscjesis, milites quoque, quo promptioribus animis reliquabellï munia obirent ? pro concione laudatos docuit,quidquid Indis virium fuisset , illa dimicationeprostratum: cetera opimam prœdam fore, celebratasqueopes in ea regione eminere, quam peterent : proindejain vilia el obsoleta esse spolia de Persis : gemmis inargarîtisque,et auro atque ebore Macedoniam Grœciamque? non suas tantum domos repleturum. Avidi militeset pecooiae et gloriae, simul quia nunquam affirmatioejus fefellerat eos, polliceotor operam; dimissisque cum


QUINTE-CURCEHISTOIRED'ALEXANDRE LE GRANDEOl DE MACÉDOINELIVRE NEUVIÈME.1. ALEXANDRE, joyeux d'une victoire aussi mémorable,par laquelle il voyait s'ouvrir devant lui les portes del'Orient, immola des victimes au Soleil. Voulant ensuiteanimer ses soldats d'une nouvelle ardeur pour les travaux<strong>du</strong> reste de la guerre, il leur adressa des félicitationspubliques, et leur dit, « que tout ce que les Indiensavaient de forces venait de succomber en cette bataille;le reste ne leur préparait qu'un vaste butin, et lepays où ils allaient entrer était signalé par ses richessesfameuses dans tout Funivers. Les dépouilles des Persesn étaient plus que des objets vulgaires et sans prix. Désormaisil allait remplir de perles et de pierreries, d'oret d'ivoire, non pas seulement leurs maisons, mais laMacédoine et la Grèce entière. » Les soldats, avidesd'argent autant que de gloire, et se souvenant d'ailleurs


aS©Q. CURTII RUF1 LIB. IX.bona spe f navigia aedificari jubet, ut, quum totam Asïampercurrisset ? fioem terrarum mare inviseret. Multa materianavalis in proximis <strong>mont</strong>ibus erat ; quam caedereaggressi,magnitudinis inusitatae reperere serpentes. Rhinocerotesquoque, rarum alibi animal, in iisdein <strong>mont</strong>ibuserant; ceterum hoc noraen belluis eis inditum aGraecis : sermonis ejus ignari aliud lingua sua usurpant.Rex diiabus urbibus condilis in utraque fiuminis,quod superaverat,ripa, copiarum <strong>du</strong>ces coronis et railleaureis siogulos donat : ceteris quoque proportione aotgra<strong>du</strong>s, quem in militiaobtinebant, aut navatae operae,honos habites est.Âbisares, qui prius, quam cum Poro dimicaretur, legatosad Âlexandrum miserat, rursus alios misit, polli*centes omnia facturum, quae imperasset, modo ne cogereturcorpus suum dedere; neque enim aut sine regioimperio victurum, aut regnaturum esse captïvem. CoiAlexander nunciari jussit, si gravaretur ad se Yenire?ipsum ad euni esse veoturum.Hinc , Poro amneque superato, ad interiora Indiae processit.Sil?œ erant prope in immensum spatium diffuse,procerisque et in eximiam altitudinem editis ârboribusumbrosae : plerique rami, instar ingentium stipitum flcxiin bumum, rursus, qua se curvaveraut, erigebaiitur


QUINTE-CURCE, LIV. IX.de n'avoir jamais été trompés par ses promesses, s'en-.at^tail a le servir. Il les n m freina alors, pleins des pliasétales espérances, et donne 1 os'dre de construire desVe^seaux qui , après qu'il aura paieotiru tonte l'\sie,doivent lut servir à \ isi 1er la maaa htmle dernière <strong>du</strong>annule. Le bois de con^l ruction abondait sur les nioii-= .lu nés voisines. Pendant qu d> faat. ma liaient, à en eoup< i\.:s trouvèrent, deas serpens d nue grandeur monstrueuse.l.e rhinocéros, animal rare partout ailleurs, se renconmtitaussi dans ees <strong>mont</strong>agnes, Ce sont, <strong>du</strong> reste, lesa5irees 11ui lui ont donne ce nom; les peuple, auxquelsHe langue est étrangère ie nomment an!terrien!, dansnr ai ionien Le roi , après avoir hait deux villes snr les! ux rives <strong>du</strong> fleuve qu'il avai! passe'. donna à chacun dos généraux des couronnes et. nulLs pièces d or ; lesiin> , en proportion de leur i;radr nul si aire , ou de I iniu'îancede leurs services, lurent aussi récompensés.A1 n.sa rès , qui. a v a n ! la h a I a d I « * 11 v ree en n I ia » Po r u s ,veai t'Hvove des ambassadeur:» à Alexandre, lut m.'iurfssa de nouveaux. II promettait de > loréis s et eni|,u


^iQ. CURTII RUF1 LIE. IX.adeo, ut species esset non rami resurgeotis ? sed arborises sua radiée gênerai». Cœli temperies salubris :quippe et vim solis umbrae levant, et aquae largae manante fontibus. Ceterum hic quoque serpentium magnavis erat, squamis fulgorem auri reddentibus ; virus haudtilliiiîi magis noxium esl : quippe niorsum prœsens morssequebatur; donee ab incolis reniedium oblatum estHinc per déserta ventum est ad (lumen Hyaroten : juoctumerat (lumini neinus, opacuin arboribus alibi itiusitatîsf agrestiumque pavonuun tnultïtudine frequens. Castrisinde motis, oppi<strong>du</strong>m haud procul positum coronacapit, obsidibusque acceptis stipendium imponit. Adîiiagoam deinde, ut in ea regione, urbem pervenit, nonmuro solum, sed etiam palude munilam.Ceterum Barbari vehiculis inter se junctis dimicaturioccurrerunt : tela aliis hast», aliis secures eratit, traosiliebantquein véhicula strenuo saltu, quum succurrerelaborantibus suis vellent. Àc primo tnsolitum geouspugnae Macedonas terrait, quum eminus vulnerarentur :deinde, spreto tam incondito auxîlio, ab utroque laterevehiculis circumfusi répugnantes fodere cœperunl. Etviucula, queis conserta erant, jussit iecidi, quo faciliussiogula circumveuirentur; itaque vin millibus suorumamissis in oppi<strong>du</strong>m refugerunt. Postero die, scalis undiqueadmotis, mûri occupantur : paucis peruicitas saluti


QUINTE-CURCE, LIV. IX.a5^baient et se redressaient ensuite, offrant à l'œil le spectaclenon plus d'une branche qui se relève, mais d'unarbre qui sort de ses ntemes. I.,\'iir \ «dangereux ; la mort su naïf inunedrrenou leur moroinojtisqu au mollirai ou un remède lu* mdiqih' par les lia-I M la î 51 s. Ile là» en traversait dr^ deseris. iut :;rrtvales bonis <strong>du</strong> fictive ffvanees : une (uivt piaille^ d arrnsdiilvv part: inconnus, el remplie de paons sauvages, l oubliait,au fleuve. Poursuivant sa laarrLe» Alexandrepar blocus une place silure a p


254 Q. CURTII RUFI LIE. IX.fuit, qui, cogoito urbis excidio, patudem traosnaYere,et in-vicioa oppida ingentem intulere terrorem, invictumexercitum et deorum profecto adveuisse mémorantes.Alexander, ad vastandam eam regionem Perdîcca cumexpedita manu misso, partem copiarum Eumeni tradït,ut is quoque Barbaros ad deditionem compelleret : ipseceteros ad urbem validam, in quain aliarum quoqueconfugerant incolae, <strong>du</strong>xit. Opptdani, missis qui regemdeprecareiîtur, nihilomious bellum parabant : quippeorta seditio in diversa coosilia di<strong>du</strong>xerat vulgum; aliiomnia deditione potiora, quidam nullam opem in ïpsisesse <strong>du</strong>cebant. Sed <strong>du</strong>m nihil in commune cousulitur,qui deditioni imminebant, apertis portis hostem recipîunt.Alexander, quanquam belli auctoribus jure poteratirasci, tamen, omnibus venia data, et obsidibus acceptis,ad proximam deinde urbem castra movit. Obsides<strong>du</strong>cebantur an te agmen, quos, quum e mûris agnoYissent,utpote genlis ejusdem, in colloquium convocaYerunt.Illi, clementiam régis simulque vim commemorando,ad deditionem eos compulere : ceterasque urbessimili modo deditas in fidem accepit.Hioc in regnum Sophitis perventum est. Gens, ut


QUINTE-CURCE, LIV. IX.îI55Le lendemain, les échelles furent plantées sur toos les|Miiuis,el les remparts escalades: un petit nombre dlia-! > i I r i î i s (lurent: leur salut à la rapnlite de leur fuite. Voyantli'ur patrie dé l ru il o, ils passeront le nia rai s à la nage,H allèrent porter lYflroi dans les vil 1rs voisines, pu-! s ! i ,:i ri I: < | u % u n e a n 11 ce i n v n i r 11 > I e , tu ie v e r i t a b 1 e armée ne'lieux, était venue les envahir,A ! i 5 \ an < I f e c 1 é {a c 11 a I Vr u i ce • a s a v et * t j 11 e 1 c j i 11 \s I IT) U j) I -S'^('ITN pour ravager le pavs; mit un autre corps d'arméesous les uni res cl Lumen es, cour eue, de sou rôle,11 U >rca i a n ss i 1 es I la ri ) a re s à i a so 11 ni i s s i o n : et ! u i-i 11 é t n t •,UVIT le reste. marcha contre une ville ferrie, où la populationde plusieurs autres <strong>du</strong> voisinage sciait réfugiée.!a % s habitans - quoiqu'ils eussent envove implorer la déminée<strong>du</strong> roi, se préparaient néanmoins a la :;iiern\lair sédition, en effe! . Jetait élevée parmi le peuple, et•a,a! partage les esprits : les nus préféraient lout. a ht• laiitr île se rendre , les autres se croyaient incapables: -' tenir» Mais, pendant qu'on ne sait ruai déeider en; eia m n n , 1 es p a r î is a i es d e ! a su i t i n i ss i cs n o 11 v i -e ni les; ,; s ri es , < k t J1111 , G( lui se ni 1 e n n e m i. A 1 e \ a n d re , quoiqu'il•ai sujet d'être irrite contre veux qui avaient coosedlé-iperre, pardonna à tout !e inonde», et après avoir pris'^S'Uatîes. alla camper devant la ville voisine. Les otages•* f: ar:fii con<strong>du</strong>its en télé de farinée. Du haut de leurs,; iUr>, [es liabifauis les récent mirent pour leurs eontpa-^'lolcs, i;t. entrèrent (m pourparler avec eux, C «eux-ci ,! i: a* les reeits qu ils leur brenl de la ele menée <strong>du</strong> roi et5 • < ' mi |> n i ss a n e e, les d e l e r n u n è r e n t. a se rend re. I A J S a I I t j/cstinsse soumirent de la même manière** et d reent leurs^rmeiis,1^' la il passa t la us le M ey saune de Sopintes. dette na-


*S6 Q> CURTII RUn LIS. IX.Barbari ere<strong>du</strong>nt, sapientia excellit, bonisque morïbusregitur. Genitos libéras non parentum arbitrio tollunlaltmtque, sed eortim, quibus spectandt infantium habituaicura mandata est. Si quos segnes f aut aliqua membroromparte inutiles notaverunt, necari jubent. Noptiiscoeunt f non génère ac nobilitate conjunctis, sed electacorporum specie, quia eadem aestimator in liberis.Hujus gentis oppi<strong>du</strong>m, cui Alexander admoverat copias,ab ipso Sophite obtinebatur : clausae erant poiluesed nulli in mûris turribusque se armati ostendernnt,<strong>du</strong>bitabantque Macedooes f deseruissentne urbem incolae,an fraude se occulerent; qoum subito, patefaclaporta, rex In<strong>du</strong>s cum <strong>du</strong>obus a<strong>du</strong>ltis filiis occurril, multumioter omnes Barbaros eminens corporis specie. Vcstiserat auro purpuraque distiocta, quae etiam crura velabat: aureis soleis inseruerat gemmas : lacerti quoqiwet brachia margaritis ornata erant. Pendebant ex auribusinsignes candore et magnitudine lapilli. Baculumaureum berylli distinguebant : quo tradito precatus f utsospes accipere, se liberosque et gentem suam dedidit.Nobiles ad Yenan<strong>du</strong>m canes in ea regione sunt; latratuabstinere dicuntur, quum ¥*idere feram, leooibusmaxime infesti. Horum vim ut ostenderet Alexandro, inconsepto leooem eximiae magnitudinis jussit emitti, et


QU1NTE-CURCE, LIV. IX.tion, parmi des Barbares, est distinguée par sa sagesse etpar les bonnes coutumes qui la régissent. Les nouveaunéne sont pas admis dans la famille, ni élevés selon cequ'a décidé le caprice de leurs paréos : cette décision appartientà des hommes chargés d'examiner la constitutiondes enfans; s'ils leur trouvent tjuelque monstruosité ouquelque membre inutile, ils les livrent à la mort. Les mariagesne se font pas d'après la naissance et d'après l'éclatdes familles, c'est la beauté qui règle les choix, parcequ'ils pensent qu'elle doit se repro<strong>du</strong>ire dans les enfans.La capitale de ce peuple, dont Alexandre avait faitapprocher ses troupes, était gardée par Sophites luimême.Les portes étaient fermées, mais aucun hommeen armes ne se <strong>mont</strong>rait sur les murs, ni sur les tours,et les Macédoniens étaient incertains si les habitansavaient abandonné la ville, ou s'ils se cachaient par ruse.Tout à coup une porte s'ouvre, et l'on voit s'avancer,aïêcses deux fils déjà a<strong>du</strong>ltes, le monarque indien, dontla taille dépassait de beaucoup celle des autres Barbares.11 portait une robe chamarrée d'or et de pourpre, quiloi descendait jusqu'au bas des jambes; ses sandales d'orétaient semées de pierreries ; une parure de perles entouraitaussi ses poignets et ses bras; de ses oreilles pendaientdes dïamans d'un éclat et d'une grosseur extraordinaires: son sceptre d'or était orné de bérils; il leprésenta au roi, en exprimant le vœu de le trouver enun état de santé prospère, et se remit à sa discrétion,lui, ses enfans et son peuple.H y a dans ce pays des chiens renommés pour lacliasse; on dit qu'ils cesseot d'aboyer aussitôt qu'ils ont*u la bête, et qu'ils sont surtout ennemis des lions.Pour donner à Alexandre le spectacle de leur vigueur,ni. 17^


a58Q. CURT1I RUFI L1B. IX.quatuor omniiio admoveri canes, qui celeriter occupaveruirtferam, tum ex iis, qui assueverant talibus ministeriis,UBUS , canis leonî cum aliis iohaerentis crus avellere,et, quia non sequebatur, ferro amputare cœpit :eec sic quidem pertinacia vicia, rursus aliam partcm secareiostitit; et deinde non segnius inhaerentem ferrosubinde caedebat. Me in vulnere ferae deotes moribun<strong>du</strong>squoque infixeral; tantam in illis animalibus ad yenan<strong>du</strong>mcupiditatem ingenerasse natoraro, memortaprodkum est. Eqnidem plura traoscribo, quam credo:nam nec affîrmare sustineo, de quibus <strong>du</strong>bito, necsub<strong>du</strong>cere,qu« accepi.Relicto igitur Sophite in suo regoo, ad fluvium Hyphasinprocessit, Heph«stione f qui diversam regiooemsubegerat, conjuncto. Phegeus erat gentis proximae rex,qui popularibus suis colère agros, ut assueverant, jussis,Âlexandro cum donis occurrit, nihil quod irapararêtdetrectans.IL Bi<strong>du</strong>um apud eum substitit rex : tertio die arauemsuperare decreverat, transita difficilem, non spatio solumaquarum, sed etiam saxis impeditum. Percoatatusigitur Phegea f quae noscenda erant, undecim dierumultra flunien per vastas solitudines iter esse cognoscit :cxcipere deinde Gangem, maximum totius Indiae fluminum: ulteriorem ripain colère gentes Gangaridas et Pbar-


QU1NTE-CURCE, UV. IX.iSgSophites fit lancer sous ses yeux un lion d'une taille prodigieuse,et amener quatre chiens seulement, qui eurentbientôt saisi l'animal : alors un homme, dont c'étaitFemploi ordinaire, se mit à tirer la jambe d'un deschiens, attaché avec les autres à sa proie, et, comme ilne venait pas, la lui coupa; n'ayant pu de cette façonmême vaincre son opiniâtreté, il lui trancha une autrepartie <strong>du</strong> corps, et, rencontrant toujours un égal acharnement,il lui faisait toujours quelque nouvelle blessure.Au moment même de mourir, ce chien avait encore lesdents enfoncées dans la plaie qu'il avait faite au lion ; tantla nature a mis dans ces animaux une ardente passionpur la chasse, s'il faut ajouter foi à ce. qu'on nous araconté ! Quant à moi, j'en écris plus que je n'en crois;car je ne puis me résoudre, ni à affirmer ce dont jedoute, ni à supprimer ce que m'a transmis la tradition.Ayant laissé Sophites dans ses états, le roi se dirigeaters le fleuve Hyphasis, où il fut rejoint par Héphestion,qui était allé soumettre une autre contrée. Phégée régnaitsur le peuple voisin. Il ordonna à ses sujets decultiver leurs terres comme de 4 coutume, et's'avançaavec des présens au devant d'Alexandre, prêt à accomplirtoutes ses volontés.II. Le roi séjourna deux jours chez ce prince ; le troisième,il avait résolu de passer le fleuve, entreprise difficile,et par la largeur des eaux, et par les rochers dontle lit était embarrassé. Ayant donc pris auprès de Phégéeles renseignemens qui lui étaient nécessaires, il sutqu'au delà <strong>du</strong> fleuve il y avait une route de onze jours,à travers de Yastes déserts; qu'on rencontrait alors leGange, le plus grand des fleuves de l'Inde; que, sur larive opposée, habitaient les Gangarides et les Pharra-


1afioQ. CURTII RL'FI LIB. IX.rasios; eoriimque regem esse Aggrammen* xx niillibu*equitum <strong>du</strong>centisque peditum obsidentem vias : ad h*cquadrîgarum'<strong>du</strong>o millia trahere, et prscipuum terraremelephantos f quos trium inilliuin oumerum espleredicebat.Incredibilia régi- omnia videbantur : igitur Porum( nam cum eo erat ) pcrcontatur , an vera essent , quaedicereotur. Illc vires quidem gentis et regnï haud falsojactari affirmât ; ceterum , qui regnaret, non modo ignobilemesse f sed etiam ultimae sortis : quippe palrem ejus ftoosorem vis diurno quaestu propulsantem famem, propterhabitum haud indecorum, cordi fuisse regioae : abea in propiorem ejus, qui tum regnasset, atnieitiag locumadmotum, interfecto eo per insidias, sub specit*tutelae liberum ejus invasisse regnum; necatisque puerishune, qui ounc régnât, générasse, invisum vilemquepopularibus, magis paternae fortunae, qiiam stiae memorem.Afïîrmatio Pori multiplicem animo régis injecerat curam : hostem belluasque spernebat; situm locorum etvim fliifîMfîtïiïi extimescebat : relegatos in ultimum pseoererura humanarum terminum persequi et eruere ? ar<strong>du</strong>umvidebatur. Rursus avaritia gloriae et iosatiabiliscupido Famae nihil inviiim, nihil remotum videri sinebat;et inter<strong>du</strong>m <strong>du</strong>bitabat, an Macedones! tôt etnensi


QUINTE-CURCE, LIT. IX. 261siens, que leur roi Àggrammes défendait le passageavec vingt mille hommes de cavalerie, et deux centmille d'infanterie; qu'en outre il traînait après lui deuxmille chars et des éléphans, principal objet de terreur,dont le nombre s élevait à trois mille.Tout cela paraissait incroyable au roi. Il s'informaJonc auprès de Porus, qui l'accompagnait, si ce qu'onlui disait était véritable. Celui-ci assura que ce n'étaitpas sans raison que Ton vantait les forces de ces peupleset de leur empire; mais que le roi qui les gouvernaitétait sans nom, et sorti même de la condition la plusbasse. Son père, barbier de profession, qui gagnait àpeine chaque jour de quoi se préserver de la faim , avaitplu à la reine par son extérieur, qui n'était pas sansagrémens. Appelé par elle au premier rang dans lafaveur <strong>du</strong> prince qui régnait alors, il l'avait assassiné,et sous le titre de tuteur avait pris possession <strong>du</strong> trouevacant; bientôt-après il avait fait périr les héritiers dela couronne , et donné naissance au roi maintenant régnant,prince haï et méprisé de ses sujets, et qui sesouvenait mieux de la fortune de son père que de lasienne propre»Ce témoignage de Porus jeta l'esprit <strong>du</strong> roi dans unegrande perplexité. L'ennemi et ses éléphans ne l'inquiétaientguère ; il- redoutait les difficultés des lieux et lagrandeur des fleuves. Il lui semblait difficile de poursuivredes peuples relégués presque aux extrémités <strong>du</strong>monde , et de les arracher de leurs retraites. D'un autrecoté, son avidité pour la gloire, et son insatiable désirJe renommée, ne lui permettaient de reconnaître debarrière ni de distance impossibles à franchir. Puis il lui


262 Q. CURTII RUFI LIB. IX.spatla terrarum, in acie et in castris senes fiictî, perobjecta flumina, per tôt naturae obstantes difBcultatessecuturi essent : abondantes onustosque praeda, magisparla frui velle, quam acquirenda fatîgari. Non idemsibi et militibus animi esse : se , totius orbis imperiummente complexum, adhuc in operum suorum primordioslare : militem, labore defatigatum, proximumquenique fructum, finito tandem periculo, expetere.Vicit ergo cupido ratiônem, et, ad concionem vocalismilitibus, ad hune maxime mo<strong>du</strong>ni (lisserait :«Non ignora, milites, multa, qua terrere vos possent,ab incolis Indiae per hos dies de in<strong>du</strong>stria essejactata : sed non est improvisa vobis mentientium vanitas.Sic Ciliciœ fauces, sic Mesopotamiae campos, Tigrinet Euphraten, quorum alterum vado transivimus,alterum ponte, terribilem fecerant Persa. Numquam adliqui<strong>du</strong>m fama per<strong>du</strong>citur; omnia, illa tradente, majorasunt vero : nostra quoque gloria, quum sit ex solido,plus tamen habet nominis 9 quam operis. Modoquis belluas, offerentes mœnium speciem 9 quis Hydaspenamnem, quis cetera, auditu majora quam vero,suslinereposse credebat? Olim, hercule, fugîssemus exAsia, si nos fabulœ dcbellare potuissent.


QUINTE-CL'RCE, LIV. IX. 2«1arrivait de se demander si les Macédonieos, après avoirparco urude si vastes espaces, après avoir vieilli sor les< h;imp> ili 1 bataille H dans les caenu^, voudraient I**.••=«ore a Ira vers tant dr îîeuvcs jetés sur son passage, aenvers tant, il tibslacies e!e\e- par la naiur". î'irliis et^ ait':.: es de buim , ils amènent inivU\ naur de ce iin iljsesedafent,« que cîc* se talueues' a acuneri!' n:roi'r. .Sesvalais ne portaient pas les nu-m os seul uneu> que un^:uis leurs» eoa !!'•-. Pour lin, qui t-iubra:-s.ut dans sa peu-;< v I tan pua* <strong>du</strong> monde, il ne se \ c. \ ; * î ! taa'uri' ou au-Hait de sa carrière; mah eux. faillies de !rm\s Iraoaix» ne demandaient tfu a en reeiesllfr au pin* tôt lej ; n\ , et a se voir au tenue i!c jette- perds. Lat pae n fon-Sifdois I emporta MU* la HUM ai % ia . avant assemble M>Mua» tes» il leur parla a peu près en as terne-s :i; Je lùgnore lïoint, soldats.


a6f,Q, CURT1I RUF1 LIB. IX.«Creditistte elephautorum grèges majores esse, quamusquam armeotorum sont? quum et rarum sit animal,oec facile capiatur, mul toque difficitius mitigetur. Atc|iiieadem vaoitas copias peditum equitumque oumeravit: 11 a ni initie», quo latius fusum est, hoc placidiusstagnât; quippe angustis rïpis coercita, et io angustioremalveum elisa, torrentes aquas invehunt : cootra spatioalvei segoior cursus est. Praeterea in ripa omoe periculumest, ubi applicantes navigia hostis exspectat.ïta, quantumeumque flumen intervertit, idem futorumdiscrimen est evadeotium io terram. Sed omoia ista veraesse fiogainus. Utrumue vos magnitudo belluarum, anmultitudo hostium terret? Quod pertinet ad elephantos,praesens habemus exemplum : in suos vehementius,quam in nos incurrerunt; tain vasta corpora seeuribusfalcibusque mutilata sunt. Quid autem interest, totsdemsint, quot Ponts habuit, an tria millia, quum, uno autaltero vulneratis, ceteros in fugam declinari videamus?Inde paucos quoque incommode reguot : congregatavero tôt millia ipsa se eli<strong>du</strong>nt, ubi nec stare, nec fugercpotuerint inhabiles vastorum corporum moles. Equidemsic anisnalia ista contempsi, ut, quum haberem, ipsenon opposuerim , satis gnarus, plus suis, quam hostibuspericuli in ferre.i< At ensoi cquitum peditumque multitudo vos corn-


QUINTE-CURCE, LIV. IX. »65« Croyez-vous qoe les troupeaux d'éléphans soient icipiu> nombreux que rcaa\ «le 1-uruL en t! aulna el finals :rrî aiiiïiial là 4-Nî-I1 pas rate, dilïieile a prendre, ri plus= h 11 u * i 1 «'* aurore a apprivoiser.* 1*111 laçai , il en est denaïae ilii reste d ta s forées ennemies; î n ta ni «Tir* , ravai'i'ii'.i exagération en a lai! le eompte. Quant an fleuve,\ : \'^ n vS eleml en largeur, plus son cours esî paisibleLes eaux resserrées entre leurs îIU^, e? 4 ^ o 11111 » *o einpraannées (1,'ins llîi lit lî'op t'"l la H î . se preeimteul ru lor-;«-ns; nn Inr^e canal leur < ! * * 1111 %a uni' eoursr plus lenie.HMit la jnai! cl ailleui > est sur la ri\ a , ou , a l'instant deîl< narquer , I un rai atten<strong>du</strong> par i ennemi : et , quelle que-ail I rlonuiir <strong>du</strong> lleu\r, pour prendre terra , la risque••ara ton fours la iin-nu: \I.u>, .supno.son- \tatis loih u>> apport.> . fît-ia la p'i):.M-iiî' nés animaux, ou h* nomlne•les ennemis qui vou> riiaana* Les eiephans . nous en• i\fjîis un tout reeeiil exemple, se son! jeles n\ee plus= maihes une (-unira nous; desnaehes et enj-p-: aoaaaiesunes.• rt importe taïaUtie que ion n an eornjne a,a- auo» un an^«nî Pcaais, ou qu'ik sunau nai^ mille, aauqu'un ouLan nombreux, on !=.•>• a*eo « air : «;\ «-i peine. aa-:-aaa!esei tu ai dite dr tau; ne n^Laao, d> -, rar.;-'•• ou! no uiaao autres, <strong>du</strong> faoitaae que * * " : J I ' na^-e si^.ihNi* HT eu jdare , u\ fuir, I '; a ; r lia: a . \ ai toujourslai! si jaaï de r,m de te-* aataialia» que, maillen m opposer a ! enneuu . je a «o pas voulu les employer;=•* savais Lrop lin ai 1111 iL son! plus dangereux a l'année:,: ? iL ronihat têtu qu a I année coidfauna«Mais peut-être est-ce cette fouie immense d'hommes


â66Q. CURTII RUFI LIB. IX.movet ! eu m paucts enim pugnare soliti esiis , et nuncprimuin inconditam sustioebitis turbam. Testis adversusmultitudinem iovïcti Macedonum roboris Granicusamnis, et Cilicia, inundata cruore Persaruni, et Arbela,cujus catnpi devictorum a nobis ossibus strati suntSero hostium legïones numerare cœpistis, postquamsolitudinem in Asia vincendo fecistis : quum per Hellespontumnavigaremus, de paucitate nostra cogitan<strong>du</strong>mfuit. Nunc nos Scythae sequuntur; bactriana auxiliapraesto sunt ; Dahae Sogdianique inter nos militantNec tamen illi turbae confido ; vestras manus intueor ;vestram virtutem, rerum , quas gesturus sum, vadempraedemque liabeo : quanidiu vobiseum in aeie stabo, necmeos, nec hostium exercitus numeravero : vos modoanimos mihi plenos alacritatis ac fî<strong>du</strong>ciae adbibete. Nonin limine operum laborumque nostrorum , sed in exitustamus : pervenimus ad solis ortum et Oceanum, nisiobstat ignavia : inde victores f perdomito fine terrarunijrevertemur in patriam.« Nolite, quod pigri agricoles faciunt, maturos fruetusper inertiam amittere e manibus. Majora sunt periculispraemia; dives eadem et imbellis est regio : itaqoenon tain ad gloriam vos <strong>du</strong>co, quam ad praedam. Digni


QU1NTE-CURCE, LIV. IX. 267et de chevaux qui vous épouvante? II est vrai que vouseles accoutumés à ne combattre qu'un ennemi peu nombre11 x . t't. c 111 e » 11 o n v la première (ois. v o 11s r 1 -11 eu î 111"e r e zdo van t vous uni: in altitude désordonnée. J Vu atteste lei iranique, téiitui 11 <strong>du</strong> eooraqe invincible t î « % s Macédonienscou Ire de^ bataillons innombrables ; la Gdicie,•> t1 o 11 < I et • <strong>du</strong> sa 11 g d es P< ! 1 ses : t ! I Al'la* 1 c ss . dont 1 e s champsMiiH jonchés des ossetnens de ceux que nous avons vain-\ us. C'est commencer bien îard a coi 11 p 1er les levions» • 1 î 11 e 1111 es , a 111 o u ni h u i q1V a ! o r e e de vainc re v o 11 s a va :i /,Lut de ! Asie une solitude. G'et ait. au moment tic traverser1 liellespoot qu'd lai la H roeatnlcr a notre ira! de noiunre.Maintenant, les Se \t lies marchent a nuln» suite;les forces des ilae trions sont a nous ; les liai 1 nais el lesNo gd 1 e 11 s r on 1 bal la a 11; dans nos 1 : a 1 11; s. i \ e î M. *s t pas k > u i e -loi s e i ï I e u rs bandes 1111 e j c î I I e e t » 1111 e , c


2Ô8Q. CURT1I EUFI LIB. IX.estis ? qui opes, quas illod mare litoribus invehit, referaisin patriam; digni, qui niliil ïncxpertum, nihil metuomissum relinquatis. Per vos gloriamque vestram, quahumanuni fastigium exceditts, perque et mea in vos, etin me vestra mérita, quïbus invicti contendimus, on>quaesoque, ne humanarum j*erum terminos adeuntemalumnum conunilitonemque vcstrum, ue dicam regetu,deseratis.ce Cetera vobis imperavi ; hoc unum debiturus soin :et is vos rogo, qui nihil unquam vbbis praeeepi, quin primusme periculis obtulerim; qui saepe aciem clypeo meotexi, ne infregeretis in manibus meis palmam, qua HerculemLiberumque patrem, si invidia abfuerit, aequabo.Date hoc precibus meis, et tandem obstinatum silentiumrumpiie. Ubi est ille clamor, alacritatis vestneindex ?ubi illemeorum Macedonum vultus? nonagnosrovos, milites : nec agnosci videor a vobis. Sûrdas jam<strong>du</strong><strong>du</strong>m aures pulso: a versos animos et infractos excitareconor. nQuumque il 1 i in terrain demissis capitibtis tacereperseverarent : «Neseio quid, inquit, imprtidens in•os deliqui, quod me ne inlueri quidem vukis. In solitudinemibi videor esse : nemo respoodet; nemo saliemtîcgat. Quos alloquor? quid auteni postulo? vestram


QUINTE-CURCE, LÏV. IX. 269et efféminé, et c'est au pillage que je vous con<strong>du</strong>is plutôt(|ii à ht gloire. Les richesses em \o?e= use


270 Q. CURTI1 RUFI LIB. IX.gloriam et magnitudinem vindtcamus. Ubi sunt illi,quorum certamen paulo ante vidi contendentiuin, quipotissimum vulnerati régis corpus exciperent? Desertus,destitutus sum ? bostibus deditus. Sed solus quoque ireperseverabo : objicite me fluminibus, etbelluis^ et illisgentibus f quarum nomina horretis ; inveniam f qui desertuma vobis sequantur. Scythœ Bactriaoique eruntmecum, hostes paulo ante 9 nune milites nostri. Moripraestat, quam precario imperatorem esse : ite re<strong>du</strong>cesdomos; ite deserto rege ovantes : ego hic a vobis desperataevictoriœ f aut honestae morti locutn inveniam. »III. Ne sic quidem ulli militum vox exprimi poluit :exspectabant, ut <strong>du</strong>ces principesque ad regein perferrent? vulneribus et continu© labore militiae fatigatosnon detrectare munia, sed sustinere non posse. Ceterumilli metu attoniti in terram ora defixerant. Ergo primofremitus sua sponte f deinde gemitus quoque oritur;paulatimque liberius dolor crigi cœpit f manantiktslacrymis, adeo ut rex f ira in misericordiam versa, neipse quidem, quanquam cuperet, temperare oculis potuerit.Tandem, universa concione effusius fiente, Cœnusausus est, constantibus ceteris , propius tribunalaccedere f significans f se loqui velle. Quem ut videremilites detrahentem galeam capiti (ila enim regem allô-


QUINTE-CURCK, LIV. IX. 271tendre même un refus. A qui parlé-je, et que demandé-jc?(.est de votre gloire, de votre prnjirr grandeur qu'il^agtt tfi. ( )u sont-M s , roux fjue je M s naguère .se * I î s ï .111. ï * • r! 11 c> niii'tir c ! i • l*ee e Y O 1 r e 11 f 1 a * leurs liras 1 e 111 • r< > 1 i.» i < • ss » * : !il* suis abandonne, cl élusse, livre a l'ennemi; mais seulj e sa il r a i e ri e o r e j > o iirsu. i v i *e ma 1 ri a r < : 11 e, Ia 1 i s s e/-i Tioi à lam e rc 1 d es 11 e 1 î V es , t ! e < *es o 1 o 11 s ! 1 * 11 e 11 \ animaux «, de e < » >tiafions dont les oonis nous font Ireiuhier: j'en trouveraid antres pour nie suivre „ si vous m'abandonnez. J'auraiavec moi les Se\l fies et les Bae Ineus, jadis mes ennnnis .aufonrcl•Jiiiï ines soldais. Il \aui mieux mourir ont*• 1dea avoir qu'un commandement préeatre. Allez, retournezdans vos demeures ; parte/ , glorieux d'avoir delaissevotre roi. Quant à moi , je saurai trouver iei lauefoire dont vous ave/ désespéré, ou une mort: honorable.»11L Ces derniers mots mùum oc purent arracher uneréponse à aucun des soldats. Ils attendaient que leursgénéraux el les premiers de l'armée représentassent auroi, qu'épuisés par leurs blessures et les travaux, d'uneguerre continuelle , ils ne refusaient pas, mais étaienthors d'état de servir davantage. Cependant, immobilesde crainte, ils tenaient leurs regards fixés contre terre.Un murmure spontané s'éleva d'abord, bientôt après unsourd gémissement; puis* devenue plus libre, leur douleurs'exprima par des larmes, et le roi lui-même, passantde la colère à la compassion, ne put, malgré tousses efforts, retenir les siennes. Les pleurs n'en coulaientqu'avec plus d'abondance dans toute l'assemblée , lorscju'enfinCénus, au milieu de l'hésitation de tous lesautres, osa s'approcher <strong>du</strong> tribunal, en faisant signequ'il voulait parler. Aussitôt que les soldats le virent


» 7 » Q. CURTI1 RUFl LIB. IX.qui mos est), hortari cœperuot f ut caosam exercitusageret.Tom Cœnus : ccDii prohibeant, inquit y a nobis impiasmentes; et profecto prohibent. Idem animus est tuis,qui fuit semper f ire quo jusseris, pugnare, periclitari,sanguine nostro commendare posteritati tuum uomen.Proinde si persévéras, inermes quoque, et nudi, etexsangues, utcuoque tibi cordi est, sequinuir, velantecedimus. Sed si audire vis non fictas tuorum miiitumvoces, verum necessitate ultima expressas; praebe,quaeso 5 propitias aures imperium atque auspicium tuumconstantissime secutis, et, quocuoque pergis, secuturis.ccVicisti, rex, magnitudine rerum non hostes modo,sed etiam milites : quidquid mortalilas capere poserai,implevimus, emeosis maria terrasque melius nobis,quam incolis omnia nota sont; paene in ultimo muodifine consistimus. In alium orbem paras ire, et lodiamqu»ris Indis quoque îgnotam : inter feras serpentesquedegentes eruere ex latebris et cubilibus suis expetts,ut plura, quam sol videt, Victoria lustres. Digna prorsuscogitatio animo tuo ! sed altior nostro : virtus enimtua semper in increniento erit; nostra vis in fine jarnest.


QUiNTE-CURCE, UV. IX. 173oter son casque de dessus sa tête, comme il était d'usagepour parler au roi, ils se mirent à l'engager à plaiderla cause de l'armée.Alors Cénus, prenant la parole : « Nous préserventles dieux, dit : il, de ces coupables pensées ! et assurémentelles sont loin de nos cœurs. L'esprit de tes soldats estce qu'il fut toujours, d'aller où tes ordres les appelleront,de combattre, d'affronter les dangers, de verserleur sang pour illustrer ton 00m dans la postérité. Sidonc tu persistes dans tes projets, nus, sans armes fn'ayant plus de sang dans les veines, partout où tu voudrasnous te suivrons, ou même nous te précéderons.Mais, si tu veux entendre le cri de ton armée, un^criqui n'est pas dicté par le mensonge, mais arraché parla dernière nécessité, prête, je t'en conjure, une oreillefavorable à des hommes qui ont constamment suivi tesdrapeaux et ta fortune, et qui sont prêts, en quelquelieu que tu ailles, à les suivre encore.« Prince, tu as vaincu, par la grandeur de tes exploits,non-seulement tes ennemis, mais encore tes soldats. Toutce que pouvait faire l'humanité, nous l'avons accompli.Tant de mers et de terres que nous avons parcouruesnous sont mieux connues qu'à ceux qui les habitent.Nos pieds sont aujourd'hui posés presque sur la dernièreborne <strong>du</strong> monde. Cependant tu te prépares à passerdans un autre univers, et tu cherches une Inde inconnueaux Indiens eux-mêmes. Tu veux arracher de leuj;s retraiteset <strong>du</strong> fond de leurs repaires des hommes quivivent au milieu des bêtes, fauves et des serpens, pourembrasser dans ta victoire de plus vastes espaces que lesoleil n'en voit dans sa course. Pensée digne, sans doute,de ta grande âme, mais trop haute pour les nôtres ! Car,m. 18


»74 Q. CURTII RUFI LIB. IX.#« Intuere corpora exsanguia f tôt perfessa vuloeribus ftôt cicatricibus putria. Jam tela bebetia suot : jam armadeficïuot. Vestem persicam in<strong>du</strong>imus f quia domesticasubvehi non potest; in- exterottm degeneravimus cultum.Quotocuique lorica est? quis equuin habet? jubé quaeri,quam multos servi ipsorum persecuti sunt y quid cuiquesupersit ex praeda. Omnium victores , omnium inopessumus. Nec luxuria laboramus , sed bello instrumentabelli consuttipsimus. Hune tu pulcherrinuim exercitomnu<strong>du</strong>m objicies belluis? quarum ut multitudinem augeaiitde in<strong>du</strong>strie Barbari, magnum tamen esse numerum,etiam ex mendacio intelligo. Quod si adliuc pênetrarein Indiam certum est, regio a meridie minus vastaest : qua subacta, licebit recurrere in illtid mare, quodrébus humanïs tenninum volait esse natura. Cur circumitupetis gloriam , quae ad manum posita est? hicquoque occurrit Oceanus : nisi ma vis errare, perveuimusf quo tua fortuna <strong>du</strong>cit. Haec tecum, quam sine lecum bis f loqui malui, non uti inirem circumstantisexertitufi gratiam , sed ut vocem loquentium potios fquam gemitum murmurantium audires. »


QUINT£-CURCE , UV. IX.%i§tandis que ton courage ne fait que s'accroître 9 nos forcessont à leur terme.« Regarde ces corps défaillans, percés de tant decoups, défigurés par tant de cicatrices. Déjà nos traitssont émoussés; déjà les armes nous manquent. Nousavons pris le vêtement des Perses, faute de pouvoirnous en procurer de notre pays ; il nous a fallu descendreà un costume étranger. Combien s'en trouve-t-ilqui aient une cuirasse ? combien qui possèdent un cheval? Fais rechercher tous ceux d'entre nous que leursesclaves ont suivis , et la part qui reste à chacun <strong>du</strong>butio. Nous avons tout vaincu, et nous manquons.detout. Et ce n'est pas le tort de notre luxe que nous expions;mais la guerre a consumé les ressources de laguerre. Cette armée si belle, iras-tu l'exposer nue et sansdéfense à des monstres sauvages? Les Barbares, je lesais f nous en ont à dessein exagéré le nombre; mais leurmensonge même nous prouve qu'il est encore considérable.Que si tu es invariablement décidé à pénétrer plusavant dans l'Inde, <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> midi s'étendent de moinsvastes contrées. Après les avoir conquises, tu seras lemaître de descendre vers cette mer que la nature a donnéepour limite au séjour de l'homme. Pourquoi allerchercher, par un détour, la gloire qui se trouve placéesons ta main ? Ici, comme là, nous rencontrons l'Océan ;et, à moins que tu ne trouves plus de plaisir à promenertes armes errantes, nous sommes parvenus au termeoù te con<strong>du</strong>it ta fortune. J'ai mieux aimé te parler ainsià toi-même qu'à tes soldats hors de ta présence; non quej'aie préten<strong>du</strong> par là gagner la faveur de l'armée qui nousentoure, mais seulement te faire entendre des paroles et•des raisons, au lieu de gémissemens et de murmures. »18.


i;€Q. CURTI1 RUFI LIE. IX.Ol finem orationt Cœnus imposuit, clamor uudiqisecom plorato oritur, regem, patrem, dominum, coofusisappellantium vocibus. Jamque et alii <strong>du</strong>ces praecipuequesemores, queis ob aetatem et exeusatio honestior crat,et auctoritas major, eadem precabantur. Ille nec castigareobstioalos,necmitigarepoteratiratos : itaqueioopsconsilii desïluit e tribuuali, claudique regiani jussit,omnibus, praeter assuetos, adiré prohibitis. Bi<strong>du</strong>am irae•datum est; tertio die processit, erigique xn aras exquadrato saxo, mooumentum expeditioois suae; munimentaquoque castrorum jussit esteodi, cubiliaque ampliorisformae 9 quam pro corporum habitu relinqui f utspeciem omnium augeret, posteritati fallax miraculumpraeparans.Hioc repetens, quae emensus erat, ad flumen Acesineinlocat castra. Ibi forte Cœnus morbo exstinctus est :cujus morte ingemuit rex quidem; adjecit tamen, pro*pter paucos dies loogam prationem emn exorsuin , tanquamsolus Macedoiîiam visurus esset. Jam in aqua classis,quam aedificari jusserat f stabat. Inter haec Memnonex Thracia in supplementum equitum sex millia, praetereos ab Harpàlo peditum septem millia ad<strong>du</strong>xerat;armaque xxv millia aura et argento caelata pertulerat,queis distribuas, vetera cremari jussit. Mille navigiisaditui-us Oceaoum , discordes et vetera odia rétractantes


QUINTE-CURCE, LIV. IX. 177Dès que Cénus eut cessé de parler, des cris mêlés depleurs s'élevèrent de toutes parts ; on entendait des voixconfuses répéter les noms de roi, de père, et de maître.Déjà les autres chefs, surtout les vieillards, à qui leurâge donnait un prétexte plus honorable, et une plusgrande autorité, lui adressaient la même prière. 11 étaitimpossible à Alexandre de châtier l'obstination ou decalmer les ressentimens. Ne sachant donc quel partiprendre, il s'élança hors de son tribunal, et fit fermer satente, avec défense d'y admettre personne que ceux quid'ordinaire en avaient l'entrée. Deux jours furent donnésà sa colère; le troisième, il reparut, et fit élever douzeautels en pierres carrées, monumens de son expédition.H ordonna aussi que Ton augmentât l'éten<strong>du</strong>e des lignes<strong>du</strong> camp, et qu'on y laissât des lits dont les dimensionsexcédassent la proportion de la taille humaine. Prêtantainsi à toute chose un aspect gigantesque, il préparait à.l'admiration de la postérité de trompeuses merveilles.Retournant ensuite sur ses pas, il vint camper sur Ie9bords de l'Acésinès. Ce fut là que Cénus mourut de maladie.Le roi se <strong>mont</strong>ra-sensible à sa perte, mais ne putse défendre d'ajouter qu'il avait fait, quelques joursauparavant, une bien longue harangue, comme s'il sefût flatté de revoir seul la Macédoine. Déjà la flotte qu'ilavait ordonné de construire était sur l'eau. Memnon,sur ces entrefaites, lui amena, de la Thrace, un renfortde six raille cavaliers , qu'accompagnaient sept millehommes d'infanterie , envoyés par Harpalus ; il avait,en outre, apporté vingt-cinq mille armures , garniesd'or et d'argent, qui furent distribuées en place desvieilles, que l'on brûla. Prêt à se lancer sur l'Océan avecses mille voiles , il apaisa les discordes et les anciennes.


a 7 8Q. CUET1I ftUFl LIB. IX.Porum et Taxilem, Indiae reges ? firniata per affinïtatemgratia, reliquit in suis regiiis , summo io aedificandaclasse amborum studio usus. Oppida quoque <strong>du</strong>o condidit fquorum alterum Nicœam appellavit, alterum Bueepha-Ion, equi, quem amiserat, memoriœ ac nomini dedicansurbem. Elephantis deiude et impedimentis terrasequi jussis , secundo amne defluxit, quadragiuta fermesladia singulis diebus procedens 9 ut opportunis locîseiiponi subinde copiae possent,IV, Perventum erat iti regiouem î in qua Hydaspesamnis Acesini CQmmittitur. Hinc decurrit in fines Sobiorum: hi de eiercitu Herculis majores suos esse commémorant,aegros relictos esse; cepisse sedem, quam îpsîobtinebant. Pelles ferarum pro veste, clavae pro teloerant : multaqoe etiam , quum graeci mores exolevissenl,sttrpis ostendebant vestigia. Hinc, exscensione facta, ceet L stadia proces&it ? depopulaiusque regionem, oppi<strong>du</strong>m,caput ejus f corona cepit.XL peditum millia alia gens in ripa fluminum opposuerat,quam, amne superato , in fugam compulit fisiclusosque mœnibus expugnat : pubères interfecti sunt,ceteri venierunt. Alteram deinde urbem expugnare adortus,magnaque vi defendentium pulsus, mullos Macedonumamisit : sed quum in obsidione persévérasse!,


QUINTE-CU»CE S UV. IX. a 79liaioes qui s'étaient renouvelées eptre les deux rois deI Inde,l'aviie et Ponts, i*t les laissa derrière lui , dansleurs états, réconcilies par une solide alliance : tous deux.;\ aient rivalise 1 de /èîe pour Fa if fia* a construire sa flotte.II bâtit aussi deux villes , qn il appela, Tuue :X/a : c ,i autre ijii ( •< y /// uf /c, pour I e > i i o r ( a a par ce 11 e d é d 1 ea. ce, leuni» et la mémoire <strong>du</strong> che\al qu'il avait per<strong>du</strong>. Il donnaensuite 1 ordre que les e le plia us et les bagages le suivissentpar terre, pendant qu'il descendait le fleuve. Iln avançait guère que de quarante stades 1par jour, pourMire, de temps en temps, prendre terre à ses troupes,: rsqij il trouvait nu lieu favorable pour débarquer.I\.On était arrive a I endroit ou 1 llvdaspe vient seamnlrc a 1 Acesines. De la il prend son cours vers lesînmlicres des SobieiiN, Ces peuple.:, racontaient que leurs;î m êtres faisaient paria 1 de 1 armée d Hercule, et que,hr^es malades pair ee conquérant, ils a\ aient occupe leaavs ou on les vovail établis eux-mêmes. Ils portaientde*. peaux de bc!es pour \ètemens % pour armes des mas-•o.s 1 et, uuonjUe les nieeers grecques se lussent pCI'-eue-, naniu eu\ , MU \ rceomuii.ssa;l encore «le. Iraces!i:!(ti!)roiM> dnr la nveuj)Oosee : si passa îeII» uve , les 111 s î eu lui te , e! les t


zUQ. CUETI1 RUFI L1B. IX.oppidaoi, déserta salute, igoem subjecere tectis ; sequoque f ac liberos , conjugesque inceedio cremant.Quod quum ipsî a y gèrent , hostes exstingoerent y notaforma pugnae erat : delebant incolae urbem ; bostes defeodebaotradeoetiamnaturaejura bellum in conlrariummutât. Arx erat oppidi intacta , in qua praesidium dereliquitripsenavigio eircumvectus est arcem; quippe triaflumina 9 tota liiclîa , praeter Gangeo , maxima , muniîiieiitoarcis appllcant tindas. Â septemtrione In<strong>du</strong>s alluit;a mendie Acesioes Hydaspi confunditur. Ceteruinamnium coitus maritime similes iuctus moveat ; îïWÎtoqueac turbido limo, quod aquarum concursu subindeturbatur, iter, qua meant oavigia, in tenuem alveumcogitur. Itaque quum crebri fluctus se inveherent, etnavium hinc proras, hinc latera pulsarent, sub<strong>du</strong>cerenautae cœperunt; sed ministeria eorum hinc metu, hincpraerapida celeritate fluminum occupatitur. In oculis <strong>du</strong>omajora omnium oavigia submersa sunt; leviora, quumet ipsa nequirent régi, in rïpam tamee innoxia expulsasunt. Ipse rex in rapidissimos vortices incidit : quibusintorta navis ? obliqua et gubernaculi impatiens agebatur.


QUINTE-CURCE, LIY. IX. 281reculer, et il perdit un grand nombre de Macédoniens.Comme il n'en persistait pas moins dans son entreprise 9les assiégés, désespérant de leur salut, mirent le feuaux maisons, et se jetèrent, avec leurs femmes et leursenfans , parmi les flammes de l'incendie. Leurs mainstravaillaient à l'alimenter, pendant que celles des Macédonienss'efforçaient de l'éteindre ; -et de là un genretout nouveau de combat : les habitans détruisaient leurville, les ennemis la défendaient : tant la guerre peutbouleverser jusqu'aux droits de la nature ! La citadellede cette ville avait échappé aux flammes : le roi y laissaune garnison. Il en fit lui-même le tour par.eau ; cartrois fleuves , les plus grands de l'Inde après le Gange ,baignent les murs de celte forteresse. Du côté <strong>du</strong> septentrion, elle est entourée par les eaux de l'In<strong>du</strong>s ; <strong>du</strong>côté <strong>du</strong> midi , par celles de l'Acésinès et de l'Hydaspe.Ces fleuves, en se réunissant, forment des vagues semblablesà celles de la mer ; et quelquefois le choc deleurs eaux soulève des masses d'un épais limon, qui ré<strong>du</strong>isentà un étroit canal le passage navigable pour lesbâtimens. Les flots se succédaient donc avec rapidité,et venaient battre tantôt la proue, tantôt les flancsdes navires ; les matelots s'efforçaient de gagner terre :mais la peur, en même temps que l'impétueuse violence<strong>du</strong> torrent, contrariaient leurs manœuvres. Deux bâtimensdes plus grands furent submergés, aux yeux detout le monde : les plus légers, quoiqu'il fût égalementimpossible de les gouverner, furent cependant pousséssur la rive, sans éprouver aucun dommage. Le roi luimêmedonna dans des tourbillons très-rapides, où sonnavire, tournoyant sans cesse, était emporté de côté,incapable d'obéir au gouvernail.


%$% • Q. CURTII RUFI LIB. IX.Jam vestem detraxerat corpori, projecturus semct influmeo; amicique, ut excipereol eum , liaud procolnabant ; apparebatque anceps periculum tam oataluri,quam oavigare perseverantis. Ergo iogenti certaininecoticitatit remos, quantaque vis humant esse poterat 9admota est, ut fluctus, qui se invehebant, everberarentur.Fiodi crederes uodas f et rétro gurgites cedere:quibus tandem navis erepta, non tamen ripae applicabatur,sed in proximum va<strong>du</strong>m illiditur. Cum amoebellum fuisse crederes : ergo aris pro numéro fluminumpositis, sacrificioque facto, xxx stadia processif Indeveolum est in regionem Oxydracaruin Mallorumque,quos alias bellare inter se solitos tune periculi societasjimxerat. Nonaginta millia juoiorum pediluin in armiserant; praeler hos equitum x millia, noogentaeque cjuadrigae.At Macedones, qui omni discrimine jam defunctos seesse crediderant, postquam integrum bellum cum ferocissimisIndiae geniibus superesse cognoverunt improvisometu territi, rursus seditiosis vocibus regem iocreparecoopérant; Gangen amnem, el quae ultra esseot,coactos transmittere; non tamen finisse, sed mutassebellum : indomitis gentibus se objectos, ut sanguine suoaperirent ei Oceanum : trahi extra sidéra et solem f cogiqueadiré, quae mortalium oculis natura sub<strong>du</strong>xeriî :


QMNT£-CURCE, iïV. IX. -i83Déjà il s'était dépouillé de ses vétemeps, et allaits'élancer dans le fleuve; ses amis nageaient non loin delà pour le recevoir; mais le danger était également menaçant,soit qu'il se jetât à la nage, soit qu'il continuâtà rester sur le navire. Les rameurs redoublèrent doncd'efforts , et tout ce que le bras de l'homme a de forcefut employé à rompre les vagues qui se précipitaient detoutes parts. On eût dit que les eaux étaient déchiréessous leurs coops, et que les gouffres reculaient devanteui. Enfin le bâtiment fut dérobé à la fureur des eaux,mais sans pourtant gagner la rive; il fallut l'échouer surun bas-fond, qui en était proche. C'était une sorte deguerre que Ton venait de faire contre le fleuve. AussiAlexandre fit-il élever pour chaque fleuve un autel, et,après avoir offert un sacrifice, s'avança de trente stades.On entra dans le pays des Oxydraques et des Malliens,peuples d'ordinaire en guerre l'un avec l'autre, mais quela communauté <strong>du</strong> péril avait alors réunis. Ils avaientune infanterie de quatre«vingt*dix mille jeunes gens sousles armes, et, en outre, dix mille chevaux , avec neufcents chars.Les Macédoniens, qui s'étaient crus au terme detoutes leurs épreuves, lorsqu'ils virent qu'une nouvelleguerre leur restait à commencer contre les nations lesplus belliqueuses de l'Inde, furent frappés d'une craintepanique, et se remirent à éclater contre le roi en clameursséditieuses :


*84 Q. CURTII RUFI LIB. IX,novïs identïdem armis novos hostes exsistere : quos utomnes fandaat fugentque, quod praeniium ipsos manerc?caliginem^ac tenebras, et perpetuam noctem profundoiacubantem; repletum immaniutn belluarum gregibusfretum : immobiles tindas, in quibus emorieus natoradefecerit.Rex ? non sua, sed militum sollicitudïiie anxius, coucioneadvocata docet, imbelles es«e, quos metuant :îiîliîl detficle, praeter bas gentes, obstare, quo minusterrarum spatia emensi ad finem simul mundi laborumquepçrveniant : cessisse illis, metuentibus Gangeaet multitudinem nationum , qu» ultra amnem essent ;déclinasse itereo, ubi pargloria, minus periculumesset:jam prospicere se Oceanum : jam periare ad ipsos aurammaris : ne in vidèrent sibi laudem, quam peteret :Herculis et Liberi patris terminos transituros illos, régisuo parvo impendio immortalitatem famae daturos ; paterentur'seex India redire, non fugere.Ornais multitudo, et maxime militaris, mobili impetufertur: ita sedilionis non remédia, quam principia majorasunt. Non alias tam alacer clamor ab exercitu estredditus, jubentium <strong>du</strong>ceret, diis secundis, et aequaret


QUINTE-CURCE, LIV. IX.a85delà le cours des astres et <strong>du</strong> soleil, ils allaient se perdredans des pays dont la nature avait dérobé la vue auxyeux des humains; avec de nouvelles armes, c'était toujourspour eux de nouveaux ennemis. Et quand ils lesauraient tous battus ou mis en fuite, quelle récompenseles attendait? des brouillards f des ténèbres, et une merenveloppée dans une nuit perpétuelle; des abîmes remplisde monstres effrayans; des eaux immobiles, qui attestaientl'épuisement de la nature mourante. »Le roi, tourmenté de l'inquiétude de ses soldats, nonde la sienne, les réunit en assemblée, et leur dit, «queles peuples, objet de leur effroi, étaient inhabiles à laguerre ; que c'était désormais le dernier obstacle quileur restait à vaincre; qu'ils auraient alors traversé laterre dans toute son éten<strong>du</strong>e, et toucheraient à la borne<strong>du</strong> monde, en même temps que de leurs travaux. Qu'ila?ait cédé à la crainte que leur inspiraient le Gangeet les nombreuses nations situées au delà de ce fleuve,qu'il avait pris un 'autre chemin , où, avec moins dedanger, il y avait autant de gloire. Que déjà ses regardsdécouvraient l'Océan, déjà l'air de la mer venait soufflersur leurs visages ; qu'ils ne lui enviassent pas cetlionneur auquel il aspirait. En aidant leur roi à dépasserles limites d'Hercule et de Bacchus, ils lui donneraient,à bien peu de frais, une renommée immortelle.Qu'ils lui permissent enfin de sortir de llnde etde n'en pas fuir. »C'est l'ordinaire de toute assemblée, surtout de gensde guerre, de se laisser emporter à de rapides changemens.Aussi, arrêter une sédition ne coûte-t-il guèreplus que de la faire naître. Jamais son armée ne lui avaitrépon<strong>du</strong> par les cris d'un plus vif enthousiasme : ils lui


286 Q. CURTII RUFI LIB. IX.gloria, quos œmularetiir. Lœtus his acclamationibos adhostes protinus castra movit. Validissimae Indorum geôleserant, et bellum impigre parabant; <strong>du</strong>cemque ex natiooeOxydracarum spectat» virtotis elegerant Qui subradicibus niontis castra posuit f latequeignés, ut speciemmoltitudinis augerct, osteodit; clamore quoque ac suimoris ululatu identidem acquiesçantes Macedonas frustraterrere conatus.Jam lux appetebat f quuni rex fi<strong>du</strong>ciae ac spei plenusalacres milites arma' caperc et ex ire in aciem jubet. Sedmetune f an seditione oborta iuter ipsos f subito profugeruntBarbari. Certe avios <strong>mont</strong>es et impeditos occufpaveront : quorum agmen rex frustra persecutus, impedimentacepit. Pcrventum deinde est ad oppi<strong>du</strong>mOxydracarum, in quod plerique confugerant, haud majorefi<strong>du</strong>cia mœoium, quam armorum. Jam admovebatrex f quum vates monere eum cœpit, ne commitieret,aut certe differret ©bsidionem : vit» ejus periculum ostendi.Rex Demophoonta (is tianique vates erat) intuens:ce Si quis, inquit, te arti tuae iotentum, etexta spectaoleiîîsic interpelle^ non <strong>du</strong>bitem 9 quin incommo<strong>du</strong>s acmolestus videri tibi possit. » Et quum ille, ita promisfuturum, respondisset :ce Censesne, inquit, tantas res ?


QIJINTE-CURCE, LIV. IX. a? 7demandaient de les mener au combat avec la protectiondes dieux, d'égaler sa gloire à celle des héros dont ils'était fait le rival. Charmé de ces acclamations, Alexandremarcha sur-le-champ à la rencontre des ennemis.C'étaient les peuples les plus puissans de l'Inde, et ilsse préparaient vigoureusement à la guerre. Us avaientchoisi , parmi les Oxydraques , un chef d'une valeuréprouvée. Celui-ci établit son camp au pied d'une <strong>mont</strong>agne, et fit allumer une longue ligue de feux f pourgrossir ses forces aux yeux de l'ennemi : en même tempsil essaya, mais sans succès, par des cris et des hurlemenspoussés par intervalle, d'une manière particulièreà ces Barbares, de jeter la terreur parmi les Macédoniensendormis.Déjà le jour commençait à poindre , lorsque le roi ,pleie de confiance et d'espoir, commande à ses soldats ,tout prêts à le suivre, de prendre les armes et de marcherau combat. Mais , soit crainte , soit effet d'une séditionsubite dans leur camp , les Barbares prirent aussitôtla fuite. Ce qui est certain , c'est qu'ils se jetèrentdans des <strong>mont</strong>agnes escarpées et d'un accès difficile. Leroi poursuivit inutilement leur corps d'armée, et neresta maître que de leurs bagages. 11 arriva ensuite devantla ville des Oxydraques , où la plupart s'étaientréfugiés f n'ayant guère plus de confiance dans leursmurailles que dans leurs armes. Déjà il se préparait àl'attaquer, lorsqu'un devin lui conseilla de ne point s'yhasarder, ou tout au moins de différer le siège: car,d'après les présages, il y avait danger pour sa vie. Alexandre,se tournant vers Démophoon (c'était le nom <strong>du</strong> devin),«Si quelqu'un, lui dit-il, venait t'interrompre ainsiau milieu des pratiques de ton art, lorsque tes regards


a88Q. CURT11 BUF1 UB. IX.non pecu<strong>du</strong>m fibras, ante oculos habeuii ullum essemajus impedïmentum f quam vatem superstitione captiirîî? » Mec diutius quam respondit moralus admoverijubel scalas : cunclantibusque céleris evadit in milrum.Angusta mûri eorona erat : aon piooae, sicul alibi,fastigium ejus distiuxeraot ; sed perpétua lorica ob<strong>du</strong>ctatransitum sepserat. Itaque rex haerebat magis 9 quamstabat in mârgioe, clypeo uodique incidentia lela propy Isa as ; nam ubique eminus ex turribus petebatur. Mecsubire milites poterant, quia superne vi telorum obroebantur: tandem magnitudioem periculi pudor vicit ;quippe cernebant cunctatione sua dedi hostibus regem.Sed festinando morabantur auiîlia : nam <strong>du</strong>m pro sequisque certat evadere, oneravere scalas; queis non sofflcientibus9 devoluti unicam spem régis fefellerunt:stabatenim in conspectu tanti exercitus, velut in solitudinedestitutus.¥. Jamque laevam, qua clypeum ad ictus circumferebat9 lassaveratj clamantibus araieis, ut ad ipsos desiliret,stabantque excepturi, quum ille ausus est remincredibilem atque inauditam , multoque magis ad famam


QUINTE-CURCE, LIV. IX. s%sont filés sur-les entrailles des victimes, il nie sembleque lu le trouverais importun et fâcheux. — Sans doute,répondit celui-ci. — Eh bien donc! reprit Alexandre,crois-tu que, lorsque j'ai sous les yeux de si grands évènemens,et non des entrailles d'animaux, il poisse mesurvenir de pire contre-temps qu'un devin avec ses rêvessuperstitieux? » Et sans perdre un instant de plus, quecelui de lui répondre, il fit planter ses échelles; puis ,comme on tardait à le suivre, il s'élança sur le haut de•la muraille.Le couronnement de ce mur était étroit : la partiesupérieure n'en était pas, comme d'ordinaire , hérisséede créneaux; mais un simple parapet, qui régnait toutautour, servait de barrière. Le roi se cramponnait dooc fplutôt qu'il ne se tenait, au bord de la muraille, parantavec son bouclier les traits qu'on lui lançait de côté etd'autre; car, de toutes parts, on le visait <strong>du</strong> haut destours. Et il était impossible à ses soldats de le rejoindre,éerasés qu'ils étaient par les traits qui pleuvaient sureux. Enfin, la honte l'emporta sur la grandeur <strong>du</strong> péril;ils voyaient que leur lenteur livrait le roi aux ennemis.Mais leur empressement même retarda les secoursqu'ils voulaient lui porter. Luttant de vitesse pour arriveren haut, ils chargèrent les échelles, qui ne purentrésister à leur poids; et leur chute trompa l'unique espoirqui restât au roi : c'est ainsi qu'à la vue d'une sipuissante armée, il restait délaissé comme dans une entièresolitude.V. Déjà sa main gauche, avec laquelle il portait sonbouclier au devant des coups, commençait à se fatiguer:ses amis lui criaient de sauter au milieu d'eux , et setenaient prêts à le recevoir; quand il hasarda une ac-III. 19


a 9 oQ. CIIRT1I RUFI MB. IX.temerïlalis f quatn glori» iusignem. Namque in urbemhostium plefiâmpraecipitisaltu semet ipse immîsit, quunivix sperare posset ? dïmieanlem certe f et non inultumesse moriturum : quippe, antequam assurgeret, opprimipoterat, et capi vlvus. Sed forte ita Hbraverat corpus,ut se pedibus exciperet: itaque stans init pugnam ; et,ne circumiri posset, fortuoa providerat.Vetosta arbor, haud procul muro, ramos inulta frondevestitos, vehit de in<strong>du</strong>stria regem protégeâtes, objecerat:liujus spatioso stipitî corpus, ne circumiri posset, applicuit,clypeo tela f qu» ex ad?erso ingerebaotur, excipieas.Nam quum unum procul tôt nianus peterent f nemo tamenaudebat propïus accedere : mïssllia ramis plura,quam clypeo iuctdebant.Pugnabat pro rege primuni celebrati nomiois lama ;deinde desperatio, magnum ad honeste morien<strong>du</strong>mincitamentum.Sed quum subinde bostîs affluerei 9 jam ingénientmm telorum exœperat clypeo; jam galeam saxaperfregerant ; jam continu© labore gravia genua succlderant.Itaque contemptim et ineaute, qui proximi steterant? incurrerunt : e quïbus <strong>du</strong>os gladio ita excepit f utante ïpsuiïi exanimes procumberent ; nec cuiquan deiadepropius incessendi eum animus fuit : procul jacula sagittasquemiltebant. Ille, ad omnes ictus expositus, mgmjam exœptnm poplitibus corptw tuebatur; donec lo<strong>du</strong>s


QL'INT£-CURCE, L1V. IX. 991tien incroyable et su 11 s exemple, prodige de téméritéplutôt que de valeur : il s elanea CTIIII >,aui an nnlieu dei:i ville remplie d'ennemis. À peine punvait-il espérer}' penr en coin bal tant , H non sans vengea tire ; rat* avantt|tî il se relevât, on pouvait courir sur lui et le prendrevivant. Mais, par un heureux hasard, il avait saule demanière h loin lier sur ses pied» ; il put doue tout d a ho nicombattre debout; et la fortune lui avait ménagé l'avantagede 11 être point enveloppe.Non loin tîu unir, un \ieil arbre elcndaif .ses branchesrevelues d'un épais feuillage, comme pour oifnr un abriau roi : i\ s'adossa au large tronc de cei arbre, pour éviterd'être investi, recevant sur son bouclier les traitsqu on lui lancail en face, (iar, parmi tant de bras armésde loin contre un seul homme, aucun n'osait l'attaquerd e p r è s ; et il se* ne ni a 11 plus d e l r a ils dans I es 1 » ra n c 11 e s ,qu'il n'en tombai! sur son bouclier.Ce qui combattait pour le roi, c était d'abord l'effroide son nom, partout célèbre; c'était ensuite le désespoir,ce puissant encouragement à chercher une mortglorieuse. Mais le nombre des ennemis allait toujourscroissant, et déjà son bouclier était chargé d'une multitudede dards ; déjà les pierres avaient brisé spp c$$que,et ses genoux y épuisés par une si longue fatigue 9 se dérobaientsous lui. A cette vue 9 ceux des ennemis qui setenaient le plus près 9 accoururent sur lui pleinsd'audteeet sans aucune précaution; mais il ea reçut deux si vigoureusementavec son épée, qu'ils tombèrent morts àses pieds; et il ne s'en trouva plus qui eussent le couragede l'attaquer d'aussi près : ils lui envoyaient de loindes javelots et des flèches. Exposé à tous kg coups ? e'é-J 9-


a


QUINTE-CUMCE, LIV. IX. " a 9 3ït a grand' peine ijti il soutenait son corps appuvc sur's jurivts, lorsqu un Indien lui la rira une liée lie de deti\.nul ce s ; eai , ainsi que nous l'avons dit , les flèches 111-tenues étaient de celle longueur;, de manière à traver--i* sa ruirasse un peu au dessus <strong>du</strong> coté droit. Abattu:tv ce Ht* blessure, et perdant son sang a grands II ut s,laissa aller ses armes, connue s d se fui senti mourir;: tel était son épuisement , que >a tua m même n'eut pass force cl arracher le trait. L homme (pu l'a blesse, transurlede joie, accourt aussitôt pour le dépouiller; maisijes qu'il a senti une main sur son corps, indigne saindoute de ce dernier outrage, Alexandre ranime ses esni* ils délai lia us. et , -.utile va ni son èpee , la plonge date»le lia ne découvert de son ennemi. Autour <strong>du</strong> roi g i saie nttrois corps prives de vie, objets de stupeur pour lesa n t res qui se tenaient à d i si a n ce. \ ou 1 a 111, avant q ue ledernier sou file t'abandonnât, périr au ni oins en eu m baltant,il es sa v a de se so 111 e v e r sur son 1 >o ti e 11 e r ; mais sesforces se réinsèrent à ce dernier eflorl, et il se prit aux! n-.-! ne lies qui pendaient, au dessus de lui, pour se d res->er, s'il se pouvait , sur.ses pieds. Avec cet appui même»«* o 11 eo r p s ne po u v a 11 se s o 11 f e n i r , e t il r e t o n i h a s u r s e sgenoux, défiant de sa main les ennemis, s il s'en trouvaitd'assez hardis pour (attaquer.£ n I ï n Pc u c e .s ! a s, a p rè,s avoir, sur un a u f i r e point dela ville, culbuté les assiégés, arrive jusqu'au roi, ensuivant la trace de ses pas sur la muraille. A sa vue ,Alexandre, qui n'attendait plus de lui des secours, niaisdes consolations à l'heure de mourir, laisse tomber surson bouclier ses membres delà il la lis. Ihentot survientlunée, puis l.eonnaîus, ci An^onus après lui. Les ludiens, de leur coté, quand il- sa\cnt que le roi eM dato


2g4Q. CURT1I MJfl LIB. IX.sis deteris, illec ctooctirrerunt, urgèbântqiJfe protégeâtes;ex qoibus Timaeus, multis adverso cofpore vulneribosaceeptis, egregiaque édita pugna » eecidit : Peuceslasquo^ue* tribus jaculis confos9Us f non se tamen sctiio,sed regetti tuebdtur : Lebnnàtus, dùtn avide ruent»Barbaros submovet, cervice graviter icta, semiaeimisprocubuit ante régis pedes. Jain et Peueftstas vulneribusfatigatus subfîîiseral elypeutn : in Âristono spes ultimahaerebat : hic qtioque graviter saocius tantam vira bostiumultra sustinere non poterat.Inter faœead Macedonas regem cecidissê fkma perlataest.Tcrruissetalios, quodillos iucitavit; namque,periculiomnis immemores dolabris perfregere murumjCt, qoamoliti erant aditum s irrupere in urbem ; Indosque pluresftlgieutes, quam congredi autos f décideront. Non senibusf non feminis, non infautibos parcitur : quisquisoccurrerat, ab illo vulneratura regem esse credebânt;tandemque internecione hostium juste irai pareatatonest. Ptoleraœum, qui postea r'egnavit, huic pugnae aifuisse,auctor est Clitarchus et Timagenes; sed ipse,sciltcet gloriaè suae non refragalus , abfuisse se f missumiti expediticmetn, mémorise ttadidit. Tahte cotttpoûétttiumvetusta rerum monumenta vel securitas, vel,parhuic vitium, cre<strong>du</strong>litas fuit.Rege iti tabel*nacitlutn relato, medici lïgnum sflgîtte


QUINTE-OJ1CE, L1V. IX.ag5leu» murailles ? abandonnent leurs postes pour accoiiriroù il est, et attaquer vivement ses défenseurs. Tin) ée » l'un d'eux , a p r es a v o i r i *e e 11 ]) a r cl e v a n t p 1 u s î e u r s111 esst i r es, e t co m battu a ve< : v a i 11 a n ce, I om ba sa i s s vie;Peucestas, percé de trois javelots, couvrait cependantde son bouclier, non sa personne» mais celle <strong>du</strong> roi;Leonnatus, en repoussant les Barbares, qui le chargeaienta v e c fit r e u r, reçut à la té le un c o u p v i o I c n t, qui 1 é te o -il il à demi mort aux pieds d'Alexandre. Déjà même Pences t a s , e p u i se par ses blessures, lâchait so u bon c 1 i e i * ; iln'y avait plus d'espoir que dans Aristouus; et lui-même,grièvement blesse, ne pouvait plus Ion»-temps taire facea tant d'ennemis à la fois.Cependant le bruit s'était répan<strong>du</strong> parmi tes Maeefk) f î i e ri s, < 111 e le ro î était mort. C e c |ii i eu e û t é pouvantet1 a 11 11 -es, ne fit q ue 1 es a n i n te r : o u bl i a 111 d es - ! ors I o 11 tdanger, ils battirent U* mur à coups de haches, et, se précipitantdans la ville par la brèche qu'ils avaient ouverte,ils firent lin affreux carnage des Indiens, plusempressés de fuir que de combattre. Vieillards, femmes,enfans, nul n'est épargné: lotit ce qu'ils rencontrentest coupable à leurs yeux d'avoir frappe le rot ; enfin h*massacre universel des ennemis donna une jus le satisfactionà leur* colère. Ptolémée, qui depuis fut roi, setrouva clans cette mêlée, s'il faut vu croire Chtarque etTimagèues; mais lui-même , que sans doute on n accuserapas d'être contraire à sa propre gloire, rapportequi! était absent, ayant été détaché pour un- antre expédition; tant il v a eu dans ceux qui ont rassemble tesanciens moiiiimens de l'histoire, d'indifférence, ou , ceoui nVst pas un inoindre défaut , de cré<strong>du</strong>lité :Quand on eut reporte le loi dans ha tenir, les me-


296 Q. CUETII RUFI LU. IX.corpori infixum ita, ne spiculum moveretur, abscra<strong>du</strong>nLCorpore deinde nudato ? aoimadvertunt hamos ioessctelo; nec aliter id sioe pernicïe corporïs extrahi posse fquam ot secaodo vulnus augerént. Geterum, ne sécantesprofluvium saoguinis oceuparet, verebantur; quippeingens telum adactum erat, et pénétrasse in visceravidebatur.Critobulus, inter medicos artis eximiae, sed in tantopericulo territus, manus admovere metuebat f ne inipsius caput parum prospéra curationis recideret eventus.Lacrymantem eum, ac metuentem, et sollicitudinepropemo<strong>du</strong>m exsanguem rex conspexerat. « Quid, inquit,quodve tempus exspectas, et non quamprimumhoc dolore me saltem moriturum libéras? An times nereus sis, quum insanabile vulnus acceperim ? » Àt Critobulustandem, vel finito ,• vel dissimulât© metu , kmtarieum cœpit ut se cootineo<strong>du</strong>m praeberet, <strong>du</strong>m spiculumevelleret : etiam levem corporis motum noxiomfore. Rex, quum affirmasset nihil opus esse iis qui semetcontinerent, sicut praeceptum erat , sine motu praeboitcorpus.Igitur patefacto latins vulnere, et spiculo evulsûjingens vis sanguinïs manare cœpit; linquiquc animorex 9 et , caligitie oculis offusa y veluti moribun<strong>du</strong>s extendi.Quumque profluviuin medicamentis frustra inhibèrent ?


QUINTE-CUftGE, UV. IX. 297dccins coupèrent le bois de la flèche qui lui était entrée o I JSC r -vereut que la pu m le de I arme avait des crochets , etc111' 11 o y avait ïiîcneii de l'extraire sans danger , qu'entaillant la plaie pour i agrandir. Mais ils craignaient


itf8Q. CtfftTlI 1UF1 LU. IX.olamor sittiul atque ploratus amicôrutn orilur 9 regenempirasse creéentiom. Tandem constitit sanguis î paulatimqueanimum recepit f et circumstantes cœpït agnoscere.Toto eo dic 9 ac nocte qo» secuta est 9 armatusëxereiliis regiamobsedit) oonfesiui* omnes unius spîrituvivere; nec prios recesseritot 9 .qt§âtii comperttim est 9somno paolisper acquiescere: hinc certiorem spem salutisejus in castra retulerunt.VL Rex, septem diebus curato vulnere 9 nec <strong>du</strong>mob<strong>du</strong>cia cicatrice, quum audisset convalukse apud barbaresfamani mortis *tife, <strong>du</strong>obtis oâ?igiis junctts s statutin ntediuin undique coiispicuum tabernaculum jussit, exquo se ostenderet periisse credentibus. Goaspectuscjiieab iocolis spem Iiosttum Mm minci© coiieeptawi ioàibuîl.Secundo deinde'amne defltuit, atiquantaui iotervallia cetera classe praecipiens, ne qoies f corpori infalidoadlmc necessaiia , puisa remorum impediretur.Quarto f postqiiam navigire coopérât 9 dic » perTcoit inregiotiem desertam quïdem ab incolis, sed frumento etpecoribiis abundantem : placuit is locus et ad suam, etad militum requiem.Mos état prifîcîpibiis amicorum et custodilms eorporis,excubare ante praetorium, quoties régi adversa valetudoincidis9et : hoc tuui more quoque servato- ? univemicubiculum «jus iatraot. llle 9 goliicitus ne qutd no?i


QU1NTE-CURCI, UV. IX. 199remède pût farfrêter, et ce n'étaient que cris et gémisseine » s parmi les amis <strong>du</strong> roi , persuades qu'il étaitmort, Enfin F hémorragie cessa ; le roi reprit peu à peu^es esprits , il commença même à reconnaître ceux quil'entouraient. Pendant ce jour entier, et la nuit qui lesuivit, les soldats, eu armes, se pressèrent autour deI a f e n te d u ro i, témoignant tout 11 a u I q t ? e cv. tait par luiseul qu'ils vivaient fous : et ils ne se retirèrent qu'avecla nouvelle qu'il prenait un peu de repos. Ilsrapportaientpar là dans le camp l'espérance mieux fondée de>on navire un peu en avant anrestede sa flotte, pour éviter que le battement des ramest r o 1 j b 1 a lie re pos e 11 eo re néeessa i re à sa f a i h 1 esse*. Qu a t ro1 oit es après qu'il se (ni embarqué, il arriva dans un pavsabandonné de ses habita ns„ mais riche en grains et enbestiaux : ce lieu lui parut: convenable pour s'y reposeravec son armée.Il était -d'usage que les premiers d'entre ses «mis «t,les gardes de sa pemonoe veillassent à la porte de latente <strong>du</strong> roi, toutes les fois qu'il était malade. Fidèlesencore alors à Cette coutume, ils entrent tous à la foisdans sa chambre. Alexandre, en les voyant arriver en-


3ooQ. CURTU EUF1 LU. IX.affermit, quia simul vénérant, percontator oum hostîumrecens niinciarettir aclveotus. At Craterus, cui mandatumerat, ut ainicorum preces perferret ad euro :ce Credisne f inquit, adventu magishostiu'm, ut jam invallo consistèrent, quam cura salutis tu», ut nunc esttibi vilis, nos esse sollicitos? Quantalibet vis omniumgentium conspiret in nos; impleat armis virisque totumorbein; classibus maria consternât; iousitatas belluasiu<strong>du</strong>cat : tu nos praestabis invictos. Sed quis deorumhoc Macedoniae columen ac si<strong>du</strong>s diuturnum fore polliceripotest f quum tara avide manifestis periculis ©ferascorpus, oblitus totcivium animas trahere te in casum?Quis enim tibi superstes aut optât esse, aut potest? eopervenimus y auspicium atque imperium secuti tiium.unde, nisi te re<strong>du</strong>ce, nulli ad pénates suositer est. Quisi adhuc de Persidis regno cum Dario dimicares, etsinemo vellet, tamen ne admirari quidem posset, tantprompt» esse te ad omne discrimen audaeiae : nain ubiparia sunt periculum ac praemium, et secundis rébusamplior fructus est, et adversis solatium majus. Tuo verocapite ignobilem vicum emi, qui ferat, non tuorummo<strong>du</strong>m militum ? sed ullius etiam geotis barbare civis fqui tuam magnitudinem novit ? Horret animus cogitationerei, quam paulo ante vidimus. Eloqui timeo, iovicticorporisspoliis inertissimos manus fuisseinjecturos, nisi


QUINTE-CURCE, L1V. IX.semble, craint qu'ils ne lui apportent quelque fâcheusenouvelle, et leur demande s'ils viennent lui annoncerl'approche de l'ennemi. Alors Cratère, chargé de luiapporter les prières de ses amis, prit la parole :«Crois-tu donc,Oui dit-il , que l'arrivée des ennemis,eussent-ils déjà le pied dans nos retranchemens, nousdonnât plus d'inquiétude que le soin de ta vie, dont tiies maintenant si dédaigneux ? Que toutes les nationsréunies conspirent contre nous ; qu'elles remplissent deleurs-armes et de leurs guerriers l'univers entier; qu'el- •les couvrent la mer de leurs flottes ; qu'elles amènentcontre nous des animaux monstrueux : avec toi nousserons invincibles. Mais cet appui, cet astre de la Macédoine, quel dieu peut nous en garantir la <strong>du</strong>rée,lorsque tu te jettes avec tant d'ardeur au devant desdangers les plus manifestes, oubliant que tu entraînesdans tes périls la vie de tant de milliers de tes compatriotes? • Qui de nous, en effet, voudrait te survivre ?qui le pourrait? Nous sommes arrivés si loin en suivanttes drapeaux et ta fortune, qu'il n'y a plus de retourpour nous, qu'avec loi, dans nos foyers. Que si tu enétais encore à disputer l'empire des Perses à Darius,on n'approuverait pas, mais on pourrait au moins concevoirla bouillante audace qui t'entraîne au milieu.detous les périls. Car, lorsque la récompense est égale audanger, le succès porte avec lui de plus riches avantagea,l'adversité de plus grandes consolations. Mais qu'auprix de ta tête tu achètes un misérable bourg, qui pourraitle souffrir, je ne dirai pas parmi tes soldats, maisra ême parmi les nations barbares qui ont connu ta grandeur?Je frémis d'horreur au souvenir de ce que nousvîmes, il y a quelques jours. Je tremble de rappeler,Soi


3oiQ. CURTII RUFI L1B. IX.le intepceptom misericors in no» fortuna serva^el. Toiidemprodilores, totidem desertores somus, qoot te nonpotuimus persequi. Uni versos licet milites ignominiânotes, nemo recusabit lucre id, quod, ne adraitteret,prœstar© non potuit. Patere nos, qufeso 7 alio modo esseviles tibi. Quocunque jusseris, ibimus. Obscura péri colaet ignobiles pugoas nobis deposcimus : temet ipsuin ad, ep serva, quae m^gnitpdineip tuaifi capioat; cito gloriaobsolescit in sordidis hostibus ; mec quidquam iodigeiosest, quam consumi eam 9 ubi non possit os tend i« »Eadem fere Ptokmagus , et similk iis céleri ; jaioqiieeonfusis vocibus eum orabant, ut tandem exsatiat» laudimo<strong>du</strong>m faceret , ac saluti mm , id est public» ? parceret.Grata erat régi piefas amicariiiiî ; itaque, siagubsfamilîarius amplexus, considère jubet $ altinsque sermonerepetito : «r Vobis quidem, inquit, o fîdissinjtpiissinpique civifim atque ^pii^oriim f grptps 9fo fafbeoque,non sohim eo nomtoe f quod hodie salutem mea»vestrœ prœponitïs, sed quod a primordiis belli nullumerça me benevolentiae pignus atque indicium omisisiis;adeo ut confiten<strong>du</strong>m sif f puiiquam ipfai vitam meps


QUINTE-CU1CE, LIV. IX.3o5i|!!€ les plus lâches des bommes allaient porter les mains.sur ci» corps invincible |uMir le dépouiller, si la fortune,prenant pitié de nous, ne finit conserve au milieu deci• faIa 1 abandon. Nous so m i n e>, autant de t ra îIres » autantde désert oui s, qu'il v en a parmi nous cjui n'ontjiii te suivre. Tu peux noter d'infamie tous les soldais;personne ne relu sera d "expier une faute , que personneeependant n'a pu ne pas commettre. Mais, nous t'ensupplions, veuille nous témoigner autrenient ton niépris.H ou s irons partout où tes ordres nous appelleront :les guerres obscures, les combats sans gloire, nous lesreclamons pour nous; niais toi, sache au in oins te réserverpour des dangers qui soient dignes de ta grnnfleiir.La gloire acquise contre un ennemi méprisable,passe bien vite; et il n\ a rien de plus indigne', que drla prof ligner là où Ton ne peut la (aire paraître* avecPtolémée lui tint à peu prè6 le même langage. T


3o4 • Q. CUET11 RUF1 LIB. IX.fuisse tam carani, qtiam esse cœpit, ut vobis dïu finipossim. Ceterum non eadem est cogitatio eorum quipro me mon optant, et mea ; qui qoidem liane benevolentiamvestrara virtule meroisse me judico : vos enimdiuturnum fructom ex me, forsitan etiam perpetuunijpercipere cupitis : ego me metior non aetatis spatio, sedgloriae.Licuit paternïs opibus contenlo intra Macedooïae terminos per otïum corporis exspectare obscuram et ïgoobilemsenectutem. Quahquam ue pigrï quidem sibl fatadisposent ; sed unicum boouni diuturnam vitam aestimanlessaepe acerba mors occupât. Verum ego, qui nonannos meos, sed victorias numéro, si munera fortooaebene computo 9 diu vixî. Orsus a Macedonia imperium,Graeciam teneo : Tliraciam et Illyrios subegi : TribalfisMedisque imperiio; Àsiain, qua Hellesponto, qua Rubromari alluitur, possideo; jamque baud procul absum afine • mundi f quem egressus, aliam satura ni , aliumorbem aperire mihi statui. Ex Asia ïn Europae terniinos.momento unios horae transivi. Victor utriusque regionispost nonum regni mei f post vigesimum atque octavuoiaetatis annum f videorne vobis in excolenda gloria, casme uni devovi, posse cessare? Ego vero non deero, etubicunque.pugnabo, in theatro terrarum orbis esse mecredam. Dabo nobilitatem ignobilibus locis : aperîam


QU1NTE-CUMCE, LIV. IX.3o5ne m'a été si chère, qu'elle me l'est devenue par 1 espoirde jouir long-temps de votre affection. Cependant mapensée n'est pas la même que celle des braves qui demandentà mourir pour moi, et dont mon courage a mérité,je crois, le généreux dévoûment. Ce que vous désirez,en effet, c'est de tirer de moi des avantages <strong>du</strong>rables,peut-être même perpétuels : moi, au contraire, ce n'estpas au nombre des années, c'est à la gloire que je mesurema carrière,« J'aurais pu, content de l'héritage paternel, et merenfermant dans la Macédoine, attendre au sein de l'oisivetéune vieillesse obscure et sans nom; quoique, àvrai dire, les lâches ne règlent pas à leur gré les destinées,et que souvent on voit ceux qui prisaient par dessustout une longue vie, atteints d'une mort prématurée.Mais moi, qui compte mes victoires et non pas mesaonées, si je sais bien calculer les faveurs de la fortune,j'ai long-temps vécu. D'abord maître de la seule Macédoine,je possède la Grèce; j'ai soumis la Thrace et Plllyrie;je commande aux Triballes et aux Mèdes; l'Asieenfin m'appartient depuis les bords de l'Hellespont jusqu'àceux de la mer Rouge.' Arrivé, pour ainsi dire, auxlimites <strong>du</strong> monde, je vais les franchir, et j'ai résolu dem ouvrir une autre nature, un autre univers. Le courtespace d'une heure m'a transporté de l'Asie en Europe :vainqueur de ces deux coniinens dans la neuvième annéede mon règne et la vingt-huitième de mon âge, pertsez-vousque je puisse renoncer à ce culte de la gloireauquel j'ai voué ma vie? Non, je ne manquerai point àma destinée, et, partout où je combattrai, je me croiraisur le théâtre de l'univers ; j'ennoblirai les lieux inconnus;j'ouvrirai à toutes les nations des contrées queIII. 20#


U6Q. CURTII RUFI LU. IX.eunctis gentibus terras, quas ratura longe submo¥erat.In bis operibus exstingui me, si sors ïta feret , pulchrumest : ea stirpe sum genitus, ut multam prius, quamlongam vitam debeam optare. Obsecro vos, cogitate nosperveotsse in terras, quibus feminœ ob virtutem celeberrimumnomen est. Quas urbes Semiramis condidit !quas gentes redegit in potestatem ! quanta opéra molitaest! Non<strong>du</strong>m feminam aequavïmus gloria, et jam noslandis sattetas eepit ! Bit faveant, majora adhuc restait;sed ita nostra erunt , quae non<strong>du</strong>m attigimus , si nihilparvum <strong>du</strong>xerimus f in quo magnae glpriae locus est. Vosmodo me ab intestins fraude, et domesticorum ïnsidiispries ta te securum ; betli Martisque diserioien loipaeiclussubibo. Philippus in acie tutior, quam in theatro fuit :hostium manus saepe vitavit, suorum effugere non valait.Alïorum quoque regum exitus-si reputaveritis, pluresasuis f quam ab faoste interemptos numerabitis.ccCeterum quoniam olimrei agitataein animomeonuoepromendae occasio oblata est, mihï maximus laboruoiatque opèreœ meorum erit fruetus y si Olympias materimmorlalitati consecretur, quandoque excesserit vita. Silicuerit, ipse prastabo hoc: si me praeceperit fatum,vos mandasse mementote. » Ac tum 'quidem ainicos dimisil: ceterum per complures 'dies- ibi -stativa habuit.j


QU1NTE-CURCE, LIV. IX. 3©7la nature afvait reculées loin d'elles : succomber au milieude ces travaux, û tel est l'arrêt <strong>du</strong> -destin., est unsort glorieux; et je suis d'un sang à devoir,préférer unevie pleine à une longue vie. Rappelez-vous, je vous enconjure,'que nous sommes dans 'des pays où'le nomd'une femme est-devenu à jamais célèbre


3o8Q. CURT1I RUFi LU. IX.VIL Mme <strong>du</strong>m in Incita geruntur, graecï milites , nuperin colonias a rege de<strong>du</strong>cti Garabactra, orta interipsos seditione, defecerant, non tara Alexandro infensi fquam metu supplicii. Quippe 9 occisis quibusdam popo-]arium 9 qui validiores erant f arma spectare coeperuot;et , bactriana arce 9 qu» quasi iiegligenlius asservataerat ? occupata, barbaros quoque in societalem defectionisimpulerant. Âtbenodorus erat princeps eorum ? quirégis quoque nomen assumpserat f non tam imperii cupidine,quant in patriam reverteudi cuoi ils qui auctoritatemipsius sequebantur. Unie Bicon quidam natioeisejusdem, sed ob aemulationem infestus, comparaitinsidias , invitatumque ad epulas per Boxum quemdamMacerianum in coûYivio occidit. Postero die concioneadvocata, Bicon, ultro iosidiatum sibi Athenodoruniplerisque persuaserat ; sed aliis suspecta fraus erat Biconis; et paulatim in plures cœpit manare suspicio. Itaquegraeci milites arma capiunt 9 occisuri Biconem, sidaretur occasio : ceteri principes eorum iram multitudinismitiga¥erunt. Praeter spem suam Bicon praeseetipericulo ereptus, paulo post insidiatus auctoribus salutksus est : cujus dolo cognito f et ipsum comprehenderunt,et Boxum. Ceterum Boxum protinus placuit interfici:Biconem etiam per cruciatum necari : jamque corporitormenta admovebantur, quum grjeeci milites, incertum


QU1NTE-CU1CE, LIV. IX. 3o 9VII. Tandis que ces choses se passaient dans l'Inde,les soldats grecs que le roi avait distribués en coloniesautour de Bactres 3 , à la suite d'une querelle survenueentre eux, s'étaient mis en révolte. C'était moins toutefoispar animosité contre Alexandre, que par crainte dessupplices. En effet, ayant fait périr quelques-uns deleurs compatriotes, ceux qui étaient les plus forts commencèrentà prendre confiance dans leurs armes; et,s*étant ren<strong>du</strong>s maîtres de la citadelle de Bactres, qui leurparut être gardée plus négligemment que de coutume,ils avaient entraîné les Barbares eux-mêmes dans leurdéfection. Leur chef était Athénodore, qui même avaitpris le titre de roi, moins par ambition que par ledésir de retourner dans sa patrie, avec ceux qui reconnaissaientson autorité. Un certain Bicon, Greccomme lui , mais que la jalousie faisait son ennemi y conspirasa perte, et, l'ayant invité à un repas, Py fit assassinerpar Boxus, Macérien de nation. Le lendemain,Bicon rassemble les soldats, et parvient à persuader auplus grand nombre qu'Athénodore a le premier cherchéà le perdre : mais les autres soupçonnent sa trahison, et peu à peu ce soupçon gagne presque tous les esprits.Les Grecs prennent les armes, décidés à tuerBicon, si l'occasion s'en présente; mais la voix des chefscalma la colère de la multitude. Arraché, contre touteespérance, au danger qui le menaçait, Bicon ne tardapas à méditer la perte de ceux à qui il devait son salut :sa perfidie fut découverte, et on l'arrêta, ainsi queBoxus. Boxus fut condamné à mourir sur-le-champ : onvoulut aggraver le supplice de Bicon par les tortures.Déjà il commençait à les subir, lorsque les soldats grecs,sans que l'on en sache la cause, courent aui armes,


3io.Q. CUftTIl RUBI'IilBi IX.ob quam mumm 9 lj«ipbati^aiïiiles ; a€l arma discurrunt.Quorum fremitu exaudïto f qui torquere Bicoeem jussierant, omisere, veritï ne id facere tumultuantium ¥ociferationeprohiberentur. Ule, sicut nudatus erat y pervenitadi&rœcos, et ntiserabilis faciès suppltcio-destinatiin diversum animos repente mutavit, dimittique eumjusserunt Hoc modo pœna bis libérâtes ? cum ceteris,qui colonias a, rcge aftnbiitas reHqpetiunt, refertîl inpalriam. Hœc cirea Bacfra et Seytharum termieos geste.Intérim regem <strong>du</strong>arum gentium , de quïbus ante dictomest, centum legatï adeunt. Omnes curru Yehebantur,ejLÎfnia mag^Hwdine cQrpormn,, decoro habite:line» vestes in texte auro, purpuraque- distinct», Ei sededere ipsos, urbes agrosque referebant ; per tôt aetatesinviolatam libertatem illius primum fidei ditionique permissuros.Deos sibi dedttiçwais auetores, non metup;qutppe intactis viribus jugum excipere. Rex, coosiltohabito f dediios in fidem accepit, stipendio, quod Ara-^cliosîis utraque nattp pensitabat f imposilo; praetçrea naiillia-et B équités impserat: et omnia,obedieuter'a


QUINTE-CURCE, LIV. IX. 3nagités d'une sorte de transport frénétique. En entendanti • e I > r 1111, lis 1101111 ï i i es cl i a rg es c I c lorf ure r H i ce MI I '«i ba 11 -donnèrent; ils craignaient que la multitude, avec sescris tumultueux , ne vint s'opposer à l'exécution. Ilicon,nu co i î i n i e il I cl a 11, va se p r é se 11 le r a 11 x ( i rec s : Fa s » icc tucplorablc tic ce malheureux destine au supplice, (il,dans les esprits, une soudaine révolution , et ils le reliar col. en liberté. Sauvr auiM pour la seconde fois dit•uippliec, il partit avec c c u x qui a h and o 1111 c r e 111 1 e s c o I < >-mes


3i» Q. CURTII RUFI LIB. IX.apud Persas vetere lusu, aut apud Macedooas nova imtmttationecorruptum erat, coofusis utriusque gealisvitiis f in illo convivio osteodens.Intererat epulïs Dioxïppus Atheoîensis, pugil uobilis,et ob exisniam virtutera virium régi pernotus et gralos.Invidi maligoique iocrepabaot per séria et lo<strong>du</strong>m, saginatîcorporis se qui inutilem belluam 9 quum ipsi prœliominirent, oleo madentem praeparare veotrem epulïs. Eademigilur io convivio Horratas Macedo jam -temuleulosexprobrare ei cœpit, et postulare ut, si vir esset f posterodie secum ferro decereeret : regetn tandem, veldesua temeritate, vel de illius igoavia judicaturura. Et aDioxippo, cootemptim militarem eludente ferociam, acceptacooditio est. Ac postero die res ? quum etiamacrius certamen exposcerent, quia delerrere DOQ poleral,destinata exsequi passus est.Ingens hic tnilitum, inter quos erant Graeci f quiDioxippo studebant, couveoerat multitudo. Macedo justaarma sumpserat, eereum clypeum, hastam, quam saris*sam vocaot, laeva teneos, dextra lanceam, gladioqweçioctus, velut cum pluribus simul dimîcaturus. Dioxtppus| oleo niteos f et eorooatus, laeva punïceum amicu-


QUINTE-CURCE, UV. IX.3i3parât un festin magnifique. Cent lits dor étaient placésà peu de distance les tins des au tus : autour de ces litsel aient ten<strong>du</strong>es des tapisseries resplendissantes d'or etde pourpre : tout ee que le vieux luxe des Perses, ou lenouveau génie des Macédoniens, avaient invente dans1 art de la curru p t i o 11, fut et a le à c :e festin, e o fiiine p o nedonner le spectacle des vices reunis des deux nations.Par n ï i I es co n v i vos c t a i e rit F A1.11 e n i en 1 )i o\ i p pe, ai 11 ! ei eI a i ne u x , co 11 n u et a i i n t • <strong>du</strong> roi à cause de sa ( b rc ¥ e ex -Ira o r d in a i r e, De * s envi t..' n x et des in e c 11 a n s ïi t e eus a i e n t,moitié sérieusement, moitié par plaisanterie, de suivreî ar i n e e c o un n e un animal i n u l i 1 e , q u e la graisse s n r e 1 ï a r-gea i !, c t d on t; Pu n iq i1 e soi 11, pendant, q i i "o u l i v ra J 11 >a taille,était de se frotter d'huile et de j) reparer son es! oui a ea la 1)0 n n e c • Il è i *e. I ,e Ma c et Ionien 11 o i * r a t a s, é e 11 a u 1 le pa rle v i 11, s e 11 ï i t à lui a d j'es se r à t a I ) 1 e ces ni cm cas r e | > roc ! t es ,et le défia, s'il avait <strong>du</strong> cceur, de se mesurer le fendema i a a v ee lui, P é p ée à la main. Le ro i, a j o 111 a i t - i 1, serait enfin juge de la témérité 4de Pun ou de la lâcheté«le l'autre, Dioxippe, tout en accueillant avec ni éprisci • trait de fa 11 fa ro n i ï a d e m i I i t a i re } a cce p ta le d el i. 1 .elendemain, Alexandre leur voyant plus d'ardeur encorea réclamer le combat, sans que rien pût les en détourner,leur permit de vider leur différent.Ce spectacle avait rassemblé une foule considérableîle soldats, et parmi eux les Grecs, tous favorables aDioxippe. Le Macédonien s'était revêtu d'une armurecomplète : il portait de la nia in gauche un boucliercl 'airain et une pique, cl e e e 11 c* s qu'on a p p c lie sa i isses ;é e 1 a n i a in cl r o i t e, t J I I j a v e I o t, e t a u e o té un e é p é e fcomme s'il eût eu h combattre à la fois plusieurs enne-« lis. D î ox i p pe , luisant dl u i i I e, e t un e co n ro nue sur I a


3i4Q. CURT1I RUF1 LU. IX,lum, dextra vali<strong>du</strong>m nodosumque stïpitem praeferebat.£a Ipsa res omnium animos exspectatione suspenderat :qoippe armaio congredi nu<strong>du</strong>m, dementia, non temeritasvidebatur. Igîtur Macedo, haud <strong>du</strong>bïus eminusinterficiposse, lanceam. emisit: quam Dioxïppus quumexigea corporis declinatiooe vitasset, antequam ille hastaintransferret io dextram, assiluit, et stipite mediameaiîî fregit Âmisso utroque telo, Macedo gladium cœperatstringere, quem oocupatum compkxu, pedibosrepente subdtictis, Dioxippus arietavit in''terram ; ereptoquegladio, pedem super cervicem jacentis imposuit,stipitem intentans-j elisurusque eo victum» ni piohibitusesset a rege.Tristis speetaculi eventus non Macedonibus modo,sed etiam Alexandro fuit ; maxime, quia Barbari adftierant:quippe celebratam Macedonum fortiludinem idludibrium recidisse verebatur. Mine ad criminalioeeniinvidorum adapert» siint aures régis, et post paueosdies inter epulas aureum poculum ex composite sub<strong>du</strong>citur;ministrique, quasi aniisissent quod amoverant,regçmi adeunt. S»pe minus est consianti» in- rubore,quam-in culpa; conjectura oculorum , quibus ut furdestinabatur, Dioxippus ferre non potuit; etqoum excessissetconvivio, liiteris conscriptis, quae regï redderenttuyferrose*interemit. Graviter mortem ejus tulit rex ,


,-QUINTE-CURGE, LIV. IX.3i5fête, tenait de k maïp gauche un manteau d'un rougeéclatant, de la droite un gros bâton noueux. Celte-cirt:n11>tanée niriile ava it je11 ; 1< uis I


3i« Q. CURTII EUH MB. IX.existimaos , indignationis esse 9 non pœoitenti» testera ;utique postquam 9 falso insimulatum eum y nimïum iovidoruragaudium ostendit.VIII. ïndorum legati, dimissi domos, paucïs postdiebus cum donis revertuntur: trecenti erant equi, milletriginta curros, quos quadrijugi equi <strong>du</strong>cebant, linea*vestïs aliquantum 9 mille scula indica, et ferri candiditalenta centum ; leonesque rarae magnitudinis! et tigres,utrumque animal ad mansuetudinem domituon : lacertarumquoque ingentium pelles., et dorsa testudinum.Cratero deiude imperat rex f haud procul amne, perquem erat ipse navigaturus, copias <strong>du</strong>ceret ; eos autem,qui comitari eutn solebant, imponit in naves, et in luesMaltorum secundo amne devehitur. Inde Sabracas adiit fvalidam Indiae gentem, quae populi, non regum imperioregebatur: sesaginta millia peditum habebant f equitumsex millia ; bas copias currus quingenli sequebautur :très <strong>du</strong>ces spectatos virtjite bellica elegerant.At qui in agris erant proximi flumini (fréquentes autemvicos, maxime in ripa , habebant), ut videre totemamnem y qua prospici poterat , oavigiis constratum,et tôt millium arma fulgentia; territi nova facie, deorumeiercitum, et aliutn Liberum patrem, célèbre inillis gentibus nomen ? adventare credebant. Hinc militumclamor f hinc remorum pulsus ? variœque nautarum


QU1NTE-CURCE, LIV. IX. • ^17dignatioo, et non de remords, surtout lorsque la faussetéde l'accusation fut dé<strong>mont</strong>rée par l'excessive joie deses envieux.¥111. Les députés indiens, que Ton avait renvoyéschez eux, revinrent peu de jours après avec des présenspour le roi*. Celaient trois cents chevaux, mille trentequadriges, un certain nombre de vêtemens de lin, millehoucliers indiens, avec <strong>du</strong> fer-blanc pour la valeur decent talens, des lions et des tigres d'une grandeur extraordinaire,les uns et les autres apprivoisés, enfin,des peaux de grands lézards et des écailles de tortues,l^e roi commanda ensuite à Cratère de con<strong>du</strong>ire farinéele long <strong>du</strong> fleuve, pendant qu'il s'y embarquerait luimême;et faisant <strong>mont</strong>er avec lui sur les navires son escorteordinaire, il descendit le courant jusqu'aux frontièresdes Malliens. De là il arriva chez les Sabraques,nation puissante de l'Inde, soumise au gouvernementpopulaire, et non à des rois : leur infanterie <strong>mont</strong>ait àsoixante mille hommes, leur cavalerie à six mille : à lasuite de ces troupes venaient trois é cents chars. Ilsavaient choisi pour chefs trois guerriers d'une valeuréprouvée.Cependant les habitans des campagnes les plus rapprochées<strong>du</strong> Eeu¥e(car dans ce pays les villages sontnombreux, surtout le long de la rive) n'eurent pas plustôt aperçu, aussi loin que leurs regards pouvaient s'étendre,le fleuve couvert de navires, et les armes resplendissantesde tant de milliers d'hommes, qu'effrayés dece spectacle nouveau pour eux, ils crurent voir arriverune armée de dieux, et un autre Bacchus, nom fapeuxdans leurs contrées. Le cri des soldats, le battement des


3i8Q. CtJETll RUFI L1B. IX.¥oces hortanlium, pî^v'idas aures*impievérant. Ergo univers!ad eos, qui in armis erant, currunt,' « furere clamitantes,cum cliîs prœliuin ioi(uros 9 navigia non possentimerari, qu« invictos veherent;» tatitumque in «xercitumsuorum iotulere terroris, ut legatos mitterentgentem dedituros.His In ficleiït aeceptis, ad alias deinde gentes quartodie pervenit. Nihilo plus animi his fuil, quam eeterisfuerat : itaque oppido *ibi condito, quod Âhxandriamappellari jusserat, fines eorum, qui Musicani êtppelhntur,intravit. Hic de Teriolte satrape, quem Paropamisadisprœfecerat f iisdem.-argueiltibus, cognovit : multaqueavare ac superbe fectsse cotiviclum 'intetâci jussît.Oxathres ? praetpr Bactrianorum, non absolutus modo,sed eliaiîi jure amplioris imperii donatus est. Finibusmusicanis deinde in ditionem redactis, urbi eorum praesidiumimposuit. Inde Praestos, et ipsam lodiae gentem,perventum est. Oxycanus rex erat, qui se munitœ urbicum magna manu popularium inclus@rat. Hanc Aleiaiider'tertiodie 9 'quam cdeperat obsidere, expugnavit. EtOxycanus, quum in arcem confugisset, legatos de cooditionededilionis misit ad regem ; sed antequam adirenleum, <strong>du</strong>œ turres cum ingenti fragore prociderant, perquarum ruinas Macedones evasere in arcem ; qua capta,


QUINTE-CURCE, LIV. ! 1X. 31 9rames,- les voix confuses des matelots commandant ' lamanœuvre, remplissaient leurs-oreilles épouvantées. Ilscourent donc, tous ensemble, vers leurs compatriotessous "les armes; ils leur crient ce que ce sont des insensés,qui vont combattre avec des dieux; qu'il estimpossible de compter les vaisseaux qui portent ces-ennemisinvincibles. » Ils répandirent par là dans leurarmée une si grande terreur f que des députés furent surle-champ-envoyés pour porler la soumission de la nationentière.Alexandre reçut leurs sermens, et quatre jours aprèsil arriva chez de nouveaux peuples. Ceux-ci n'eurent pasplus le courage de lui résister que les autres. 11 fonda,parmi eux, une ville à laquelle il donna le nom àïAlexandrie,et entra sur le territoire des Musicales. JLà ,il prit connaissance de l'affaire <strong>du</strong> satrape Térioltes., qu'ilavait donné pour gouverneur aux Paropamisades, et quiétait accusé par eux. Ce Barbare ayant été convaincud'une foule d'exactions et d'actes de tyrannie, il le fitmettre à mort. Oxathres, qui commandait en Bactriane,fut non-seulement absous, mais récompensé par un-gouvernementplus éten<strong>du</strong>. Ayant ensuite soumis le pays desMusicains, il mit une garnison dans leur capitale. Ilpassa de là chez les Prestes, autre nation indienne. Oxycanus,qui «en était roi, s'était enfermé dans une placeforte, avec un corps de troupes considérable. AlexandreFemporta d'assaut, après trois jours de siège. Oxycanus,réfugié dans 'la citadelle, envoya des députés au roipour traiter de sa soumission; mais : avaot< qu'ils*fussentarrivés, deux tours s'écroulèrent avec un grand fracas,et, à travers leurs ruines, les Macédoniens s'élancèrentdans la citadelle : elle fut prise, et Oxycanus périt en


3a@Q. CURTI1 EUF1 UB. DLOxycanus cum panels repugnaos occiditur. Diruta igiturarce, et omnibus captivis venumdatis, Sabi régis finesingressus est; multisque oppïdis in fidem acceptis , vali«dissimam gentis urbem cuniculo cepitBarbaris si roile monstri visum est, rudibus mîlîtarititioperum : quippe in média ferme urbe armati e terraexsistebant, nullo suffossi specus ante vestigio facto.. Oetogiota millia Indorum in ea regione caesa, Clitarcliusest auctor, multosque captivos sub corooa venisse.Rursus Musicani defeceruot; ad quosopprimendos missusestPitfaon f qui captum principem gentis, eumdemc|iiedefectionis auctorem, ad<strong>du</strong>xit ad regem : quo àlexanclerin crucem sublato, rursus amnem 9 in quo classem eispectarese jusserat, repetit.Quarto deinde die, secundo amne, pervenit ad oppi<strong>du</strong>m, qua iter in regeum erat Sabi. Nuper se ille dediderat; sed oppidani detrectabant imperium, et clauserantportas. Quorum paucitate contempta, rei quingentosàgrîaaos mœnia subire jusserat, et sensim recedenteselicere extra mures hostem, secuturum profecto, si fugereeos crederet. Agriani, sicut imperatum erat, lacessitohoste, subito terga vertunt ; quos barbari effuse sequentesin alios, inter quos ipse rex erat, inci<strong>du</strong>nl.Renovato ergo prœlio ex tribus millibus barbaroruin


QU1NTE-OJECE, LIV. IX.la défendant avec une poignée de soldats. Alexandre lafît raser, vendit tous les prisonniers, et entra dans lesétats <strong>du</strong> roi Sabus. Plusieurs villes se soumirent volontairement: la plus forte <strong>du</strong> pays fut prise au moyen d'unemine.' Ce fut là une sorte de prodige aux yeux des Barbares,étrangers à tous les ouvrages militaires : au milieu deleur ville f ils voyaient l'ennemi sortir de terre, sansque la trace d'aucun souterrain, creusé auparavant,frappât leurs regards. Quatre-vingt mille Indiens furentégorgés dans ce pays, au rapport de Clitarque, et ungrand nombre de captifs furent ven<strong>du</strong>s à l'encan. LesMusicains se soulevèrent une seconde fois ; Pithon futenvoyé pour les ré<strong>du</strong>ire, et il amena prisonnier au roile chef de cette nation, qui était en même temps fauteurde la révolte : Alexandre le fit attacher à une croix,et regagna le fleuve! où il avait donné ordre à sa flottede l'attendre.Continuant d'en descendre le cours, il arriva quatrejours après devant une place par où l'on entrait dans leroyaume de Sabus 5 . Ce prince s'était récemment soumis;mais les habitas s de la ville refusaient leur obéissance, etPaient fermé leurs portes : méprisant leur petit nombfle,Alexandre ordonna à cinq cents Agriens d'approche!1 des murailles, et, en reculant peu à peu, d'attirerhors de ses remparts l'ennemi, qui n'hésiterait pas à lessuivre, s'il croyait qu'ils prissent la fuite. Les Agriens 9fidèles à leurs instructions, ont à peine assailli l'ennemi,qu'ils tournent le dos : les Barbares s'élancent en désordreà leur poursuite, et vont tomber parmi d'autres soldats,au milieu desquels était le roi lui-même. Le coinm.ai3ai


3aa > Q. CURTI1 RUF1 UB. IX.quingeoti caesi sunt, mille capti, ceteri mœnibus urbtsinclusi. Sed non, ut prima specie laeta Victoria, itâeventu quoque fuit ; quippe barbari veneno linxeranigladios : itaque saucii subinde exspirabant ; nec causatain strenuae mortis eicogitari poterat a medicis, quumetiaiiî levés plag» insanabiles essent. Barbari autem speraverant,ïncautum et temerarium regein excipi posse :et forte inter promptissiroos dimicans iotactus évaserai.Praecipue Ptolemaeus laevo humero leviter quidemsaucius, sed majore periculo, quam vuinere affectas,régis sollicitudinem in se converterat. Sanguine coojunctuserat, et quidam Philippo geoilum esse credcbant; certe pellice ejus ortura constabat. Idem corporiscustos f promptissimusque bellator; et pacis artibus-,quam milite f major et clarior, modico civiliquecuitu,liberalis imprimis, adituque facilis 9 nihil ex fastti regioadsumpserat. Ob haee, régi, an popularibus carioresset,<strong>du</strong>bilari poterat : tu m certe primum expertus suorumanimos, adeo ut fortunam, in quam postea asœndit, iiillo periculo Macedones ominati esse videantur ; quippenon levior illis Ptolemaei fuit cura, quam régis : qui etprœlio et sollicitudine fatigatus, quum Ptolemaeo adsideret»lectum, in quo ipse acquiesœret f jussit inferri.^J


QUINTE-CURCE, LIV. IX.3a5bat recommença alors, et, de trois mille Barbares, cinqcents furent tués, mille prisonniers, et le reste renfermédans l'enceinte de la ville. Mais cette victoire, heureuseau premier abord, le fut moins dans ses suites. LesIndiens avaient empoisonné le fer de leurs épées , ettout ce qu'il y avait de blessés expirait sur-le-champ ,sans que les médecins pussent imaginer la cause d'uneta oit aussi prompte ; les plaies les plus légères se trouvaientincurables. Les Barbares s'étaient flattés que leroi f clans sa téméraire imprévoyance , pourrait êtreainsi frappé mortellement; mais le hasard avait vouluque ? mêlé aux. plus hardis combattans 9 il échappât sainet sauf.L'objet principal de ses inquiétudes était Ptolemée,qui, atteint légèrement à l'épaule gauche , courait undanger plus grand que ne Tétait sa blessure. Il était alliépar le sang à Alexandre, et l'on allait jusqu'à le direfils de Philippe : au moins pouvait-on assurer qu'il étaitné d'une de ses concubines. Attaché à la garde <strong>du</strong> roi ,et guerrier plein d'intrépidité, ses talens étaient plusgrands et plus distingués encore dans la paix que dansla guerre ; simple et modeste en ses habitudes , libéralsurtout et d'un abord facile, il n'avait rien emprunté<strong>du</strong> faste royal. Tant de qualités laissaient dans le doutes'il était plus cher au roi ou à l'armée ; <strong>du</strong> moins fut-cela première épreuve qu'il fit de l'attachement de sescompatriotes , et elle fut si éclatante, que les Macédoniens,en cet instant critique,, semblèrent lui présagerla haute fortune où il <strong>mont</strong>a par la suite. En effet, ilsne lui témoignèrent pas moins d'intérêt qu'au roi luimême6 . Celui-ci, veillant auprès de Ptolemée, se trouvaépuisé par l'inquiétude , en même temps que par la fe-21.


3*4 Q. CURTII RUPI LÏB. IX.In quem ut se recepit, protinus altior insecutus estsomaus. Ex quo excitatus, per quietem vidisse se exponitspecieiii draconis oblatam herbam ferentis ore, quamveneni remedium esse monstrasset : colorem quoqucherbae referebat, âgoiturum, si quis reperisset, afErmans;ioventaiïique deinde, quippe a multis erat requisita, vulneriimposait : protinusque dolore finito, intra brèvespatium cicatrix quoque ob<strong>du</strong>cta est. Barbaros ut primaspes fefeilerat, se ipsos urbemque dediderunt. Hincinproximam geiitem Pathaliam perventum est. Rex eratMœris, qui, urbe déserta, in <strong>mont</strong>es profugerat. ItaqueAlexander oppido potitur agrosque populatur. Magnainde praedae actae sunt pecorum armentorumque, mâgoavis reperta frumentî. Ducibus deinde sumptis amnisperitis, deioxit ad insulam, medio ferme alveo enatam.IX. Ibi diutius subsistere coactus, quia <strong>du</strong>ces sœordiusasservati profugerant, misit, qui cotiquirerent alios;née repertis, pervicax cupido visendi Oceanum adeuodiqueterminos mundi adegit, ut sine regionis périt»' iumini ignoto caput suutn, totque fortissimorum virerumsalutem permitteret. Navigabant ergo omnium,perquae ferebantur, ignari; quantum inde abesset mare,quae génies eolerent, quam placi<strong>du</strong>m amnis- os 9 qmm


QU1NTE-CURCE, L1V. IX.3a5ligue <strong>du</strong> combat; et, pour prendre quelque repos,_sefil apporter on lit.• A peine y fut-il entré, qu'il tomba aussitôt dans unprofond sommeil. A son réveil, il raconta qu'un serpentlui était apparu en songe, portant dans sa gueule uneplante,qu'il lui avait présentée comme un remède MIpoison. Il allait jusqu'à décrire la couleur de celte plante,assurant que, si on la trouvait, il saurait bien la reconnaître.A force de recherches, on la découvrit, et il l'appliquasur la blessure : aussitôt la douleur cessa, et, enpeu de temps, la plaie fut cicatrisée. Les Barbares, déçusdans leurs premières espérances, se rendirent avecleur ville. De là, Alexandre passa chez la nation voisinedes Pathaliens : ils avaient pour roi Mœris, quiavait abandonné sa capitale pour se réfugier dans les<strong>mont</strong>agnes. Alexandre, après avoir pris la ville, portale ravage dans les campagnes, et y fit un butin considérablede gros et de menu bétail : il y trouva aussi unegrande quantité de blé. Ayant ensuite pris des guidesà qui la navigation <strong>du</strong> fleuve était bien connue, il descenditjusqu'à une île qui s'était formée à peu près aumilieu <strong>du</strong> lit.IX. Obligé de s'y arrêter plus long-temps qu'il ne'comptait, parce que les guides, gardés trop négligemment,avaient pris la fuite, il en envoya chercher d'autres: on n'en trouva pas. Mais tel était son opiniâtredésir de visiter l'Océan et de toucher aux bornes <strong>du</strong>monde, que, sans un seul homme qui eût l'expérience<strong>du</strong> pays, il ne craignit point de confier sa tête et lesjours de tant de braves guerriers à la merci d'un fleuveinconnu. Ils voguaient donc dans l'entière ignorancedes lieux par où ils passaient : à quelle distance étaient-


3*6 Q. CUHTII EUFI LU. IX.patieiis longarum navium esset, anceps et c«ca aestimatioaugurabatur. Unum erat temeritatis solatiuoi perpétuafélicitas. Jam cccc stadia processerant, quum gube§>satures 9 agnoscere ipsos auram maris , et haud proculvideri sibi Oceanum abesse, iedicant régi.Laetus ille hortari nauticos cœpit, incumbereot remis;adesse fioem laboris omnibus votis expetitutn. Jam nihilgloriae déesse; nihil obstare virtuti : sine ullo Martis discrimine, sine sanguine orbem terrae ab illis capi. Nenaturam quidem longius posse procedere ; brevl incognitanisi immortalibus esse visuros. Paueos tamen oavigioemisit in rïpam f qui agrestes vagos exciperent; equibus cerliora nosci posse sperabat ; illi, scrutati oinotâtuguria, tandem latentes reperere. Qui f interrogatiquam procul abesset mare, responderunt, nullum ipsosmare ne fama quidem accepisse : ceterum tertio die perveuiriposse ad aquam amaram, quae corrumperet <strong>du</strong>lcem.Intellectum est, mare destinari ab ignarîs natureejus. Itaque ingenti alacritate nautici remigaot, etproxïmo quoque die t quo propius spes admovebatur,crescebat ardor aoimorum.


QUINTE-CURCE, UV. IX. 3a 7ils de la mer f quels peuples habitaient ces contrées,jusqu'à quel point le fleuve était-il tranquille à sonembouchure, et d'une navigation praticable pour leurslongs bâtitnens? Sur tout cela leurs lumières se bornaientà de vagues et aveugles conjectures. Leur uniqueconsolation, au milieu de cette course aventureuse,était le bonheur qui les avait toujours accompagnés.Ils avaient déjà fait quatre cents stades, lorsque les pilotesannoncent au roi qu'ils reconnaissent l'air de laraer f et qu'il leur semble que l'Océan doit être à peu dedistance.Transporté de joie, il exhorte les matelots à faireforce de rames : Ils touchaient, leur dit-il, à ce termede leurs travaux qu'appelaient tous leurs vœux. Déjàrien ne manquait plus à leur gloire, et leur couragen'avait plus devant lui d'obstacles : sans qu'ils eussentdésormais de combats à livrer, ni de sang à répandre,sis allaient prendre possession <strong>du</strong> monde. La natureelle-même ne pouvait s'avancer plus loin : tout-à-Pheureils verraient des choses inconnues à tous, hormis auxImmortels. Cependant il jeta quelques hommes à terre,pour ramasser les paysans qu'ils trouveraient épars dansta campagne f espérant en tirer de plus sûrs renseigoemens.après avoir fouillé toutes les cabanes, ou en découvrità la fin plusieurs qui s'étaient cachés. Comme onleur demandait à quelle distance on était de la mer, ilsrépondirent que la mer ne leur était pas même connuede nom; que ? seulement, on pouvait, en trois jours farriver dans un endroit où Peau douce perdait son goûtpour devenir amère. On comprit que c'était la mer, quedésignaient ainsi des hommes à qui la nature de cet élémentétait inconnue. Les matelots se mirent donc à ra-


3a5Q. CtJETII RUF1 LIB. IX.Tertio jam die mixtum flumini subibat mare, leniadhuc aestu confondante dîspares undas. Tum allant insulam,medio amni sitam, eveeti paulo lentius, quiacursus aestu reverberabatur y applicant classem : et adcommeatus petendos dïscurrunt , securi casus ejus y quisupervenit ignaris. Tertia ferme hora erat, quum statavice Oceanus exaestuaos iuvehi cœpit, et rétro flumenurgere ; quod primo coercitum, deinde vehemeotius pulsum,majore impetu adversum agebatur, quam torrentiapraecipiti alveo incurrunt. Ignota vulgo freti naturaerat, monstraque et irae deum indicia cernere videbautur.Identidem intumescere mare, et in campos, pauloante siccos, descendere superfusum. Jamque levatis oavigîis,et totaclasse dispersa, qui expositi eraut, uodiquead naves trepidi, et improviso inalo attoniti récurrent.Sed in tumultu festinatio quoque tarda est : liicontis navigia appellebant ; hi, <strong>du</strong>m remos aptari prohtbebant,consederant; quidam, enavigare properantes,sed non cxspectatis qui simul esse debebant, claudaetïnhabilia navigia languide moliebaotur : aliae navîuminconsulte ruentes non reccperant; pariterque et multitude,et paucitas festinantes morabatur. Clamor bineeispectare, ttinc ire jubentiuin, dissonaeque voces nus*


QU1NTE-CURCE, UV. IX. 329mer avec une joyeuse ardeur, et cliacune "des journéessuivantes, à mesure qu'approchait le terme de leurs espérances,leur enthousiasme redoublait.T ,e 11'o i s i è m c j o u r , la nier eo i î i » î i e i1 ea i i h se 111 ri e r a uII e 11 v e ; la m a re e , p e n sensible e 11 e or e , t % o 11 I o n c I a i t la cl i —\ ors île île leurs eaux. Ils aho niereut alors ;i une autreîle « s i 111 ee au i n i I i e u <strong>du</strong> II e 11 v e , en a v a ti e a 111 tout e foisplus lentement, à eau se <strong>du</strong> flux, qui faisait reeulere o u r a n t ; puis, ils se r e p a 11 tut e a vec un e v to le n ee t o u j o u rs ero t ssa 11 te, e 11 es relitlèrent sur elles-mêmes , plus impétueusement qu'un torrentn'est emporte par la pente rapide de son lit. (lepli é 11 û n i è 11 e était inconnu à I a i n u 11 i 111 < 1 e, et e 11 e e r o y a i tv voir des prodiges et des signes de la eolère des dieux.i..] e p e i ï cl a n t 1 a m e t * s V n II a i t de plus en plus, e t eo n v r a i t1rs p 1 a i 11 es , 11 a g 11 è r e à s ec:, d'une v a s t e i n o n ci a t i o n. I )é j hIII ê i ïi e I es i î a v i r e s a v aient et é s o u 1 e v e s p a r 1 e s Ilots, etI o 11 te la Ilot l e d i s j > e v sec ?, I o rsq n e ee 11 x c pi i é t a i e o I 11 es -ren<strong>du</strong>s h terre, accoururent de toutes paris pour se rembarquer,I rein h! a n s et consternés de ce malheurleim-|) r é v «. M a i s, cl a n s 11! c ! t ; s o r d r e, la 11 à t e i n ê m e es t u n eea u se cl e r e t a i "d : Ses uns t à c 11 a i c u t cl "a ni en e ries bâ t i n i e n sa v c e des e t • o es ; ci* a u 11 *es , p oui* sa s s e o i r, e ni p è e 11 a i e n t 1 es e r v i c e des r a m e s " ; q u e 1 q u e s - n n s , 11 *o p p r e s s é s cl e g a -goer le large, et léavant pas atten<strong>du</strong> ceux qui devaientl» ; s seconder, ne faisaient avancer qu'à gran


31oQ. CUETII RUF1 L1B. IX.quam idem ac unum tendentium ? nos oculorum modousum, sed etiam aurium abstulerant Ne in guberoaio--ribus quidem quidquam opis erat 9 quorum nec exaudirivox a tumulluantibus poterat, nec imperium a territisiocompositisque servari. Ergo collidi inter se naves,abstergerique invicein remi, et alii aliorum navigia urgerecœperuot Crederes, non unius exercitus classeravehi , sed <strong>du</strong>orum navale ioisse certamen. Incutiebaoturpuppibus prorae; premebantur a sequentibus, qui antécédentes!turbaverant; jurgantium ira perveniebat etiamad manus.Jamque aestus totos circa lumen campos inuoclaverat,tuonulis <strong>du</strong>ntaxat eminentibus 9 ¥elut insulis parvis; inquos plerique trepidi, omissis navigiis, eoarecœperuot.Dispersa classis partît» in praealta aqua stabat f qua sub~sederant valles, partim in vado haerebat f utcunqueinœquale terra fastigium occupaveraut undae; quutn subitoEovus et pristino major terror iocutitur. Recïprocaricœpit mare ? magno tractu aquis in suum fretumrecurrentibus, reddebatque terras paulo ante profundosalo mersas. Igitur destituta navigia alia praecipitanturin proras, alia in latera procumbunt. Strati erant campi


QIÏINTE-CUMCE, UV. IX. 331navires, chancelans et rebelles'à la manœuvre; pendantqu'au contraire d'autres bâtimens n'avaient pu recevoirla foule t|ui s*y précipitait; en désordre: et ainsi le tropet le trop peu île nu > ni le e! aient une eau si; égale île retard,Ici Ton cri ail: d'attendre, là de ni a relier; et, parmie e s v o ix dis c o r d a IL t e s y qui e x p i • 1t11 a 1t » 11t d es vœux t o u Icontraires, il n'était pas plus possible de voir que d'entendre.Les pilotes mêmes n étaient. (Ta ne un secours; letiunnlte ernpêcbait, tfoniT leur voix ; le désordre et: laIravenr, d exécuter leurs eoniinandenieiis. Aussi vit-otibientôt les navires s entrechoquer, Ses rames s'emporterI e s un os I e s a u t res , e t v a î ss e a u x c :o 111 re va ï s sea u x sepresser et se poursuivre. On eut «lit que ce nVta.it paslà une seule flotte, mais deux, armées navales qui se livraientbataille. Les proues heurtaient les poupes : onétait pousse par derrière ? après avoir ('liasse ceux, quiétaient devant , et la colère finissait par porter les querellesjusqu aux coups.Déjà la tue»* avait inonde tontes les campagnes voisinesihi fleuve; quelques collines seules s élevaient audos u s des flot, s, ci. > 11 u n e autant d e petit es îles : ce .f n t 1 àque, dans leur* effroi, la plupart des Macédoniens, quittantleurs vaisseaux, se i -e 111 v, i e re t ï t. à la n a t; e.. 1 )t * I e u î •II u t !. e < 1 î s p e t ' s ee , on e pa r î i e \ o gitan en plein ea n a 1 , à\\ a ni roi I, ou le sol abaisse formai!, des va. liées 7 le resteétait échoué aux lieux où se relevait le terrain couvertpar les eaux, lorsque soudain une frayeur nouvelle , etplus £• r a i ? (.1 e c| u e I a pre i n î è re, vint s e n i pa r e r c 1 e s es p r i t s.La nier commença à descendre , el ses eaux , regagnanta grands pas le s cm de l'Océan , laissèrent a découvertles terres que, peu auparavant , elle avait submergées à.i. 11 i • - telle profondeur, -\lor.i les navires, se trouvant a


33aQ. CCJRTII EUF1 L1B. IX.sarcinis , armis , avulsarum tabularum remoritniquefragmentis.Miles nec egredi in terrain f nec in nayes subsistereaudebat, identidem praesentibus graviora, quaesequerentur, exspectans. Vix, quae perpetiebantur ? videreipsoscredebant, in sicco naufragia, in amni mare.Nec finis malorum ; quippe œstum paulo post mare rclaturumy quo navigia allevarentur, ignari f fanieni elultima sibimet omioabatitur : belluae quoque f fluctibusdesl!îulœ f ierribiles vagabantur.Jamque nox appetebat, et regem quoqtie desperatiosalutis aegritudîne affecerat : non tamen invictum animuincurae obrnunt, quin tota nocte praesideret in speculis,equitesque praemttteret ad os amnis, -ut, quummare rursus exaestuare sensissent, praecederent. Navigiaquoque lacerata refici, et eversa fluctibus erigi jubet,paratosque esse et intentos 9 quum rursus mare terrasinundasset. Tota ea noctc inter vigilias adhortationesqueconsuinpta, céleri ter et équités ingeoti cursu refugere;et secutus est aestus : qui primo, aquis leni tractusubeuntibus, cœpit levare navigia; mox ? tolis campisinundansi etiam impulit classeni : plaususque militumnauticorumque ? insperatam salutem immodico celebran*tium gaudio , litoribus ripisque resonabat. Unde tanluin


QUIKTE-CURCE, LIV. IX. 131sec , sont renversés les uns sur la proue, les autres surles iancs. Les campagnes étaient au loin jonchées debagages, d'armes, da planches détachées et de débris derames. Le soldat n'osait ni descendre à terre, ni resterà bord 9 craignant à chaque instant de pires accidensque ceux qu'il avait subis. À peine pouvaient-ils en croireleurs yeux sur ce qu'ils éprouvaient ; des naufragessur la terre, et la mer au milieu d'un fleuve ! Et ce n'é-- tait pas encore là le terme de leurs maux; ne sachant. pas que l'Océan ramènerait bientôt la marée qui remettraità flot leurs navires, ils avaient en perspective lafaim et les plus cruelles extrémités; et, pour combled'effroi, des monstres marins, déposés par les flots , erraientautour d'eux.Déjà la nuit approchait : et le roi lui-même, n'ayantplus d'espoir de salut, était accablé par le chagrin. Soninvincible cœur ne succomba pas cependant au poids detant de soucis; toute la nuit on le vit se tenir auxaguets,.et il envoya vers l'embouchure <strong>du</strong> fleuve des cavalierspour prendre les devatis, aussitôt qu'ils verraient la mers'élever de nouveau. Il fit aussi radouber les vaisseauxqui avaient souffert, relever ceux que les flots avaientrenversés, et commanda qu'on se tînt prêt et attentif aumoment ou la mer recommencerait à inonder les terres.Toute la nuit s'était ainsi passée à veiller et à donner desordres, quand on vil tout d'un coup revenir les cavaliersà bride abattue et la marée sur leurs pas. S'élançantd'abord avec lenteur, elle commença à relever les bâtimens;bientôt, inondant toute la campagne, elle mit laflotte en mouvement. La rive <strong>du</strong> fleuve et les bords dela mer retentirent alors des acclamations des soldats etdes matelots, qui, sauvés contre leur attente, faisaient


B4Q. CURTI1 RUFI LIB. IX.redisset subito mare? quo pridie refugisset? qoœnamesset ejusdem démenti natura ? modo discors, modo iraperiotemporum obnoxia, mirabundi requirebaet. Rex fquum ex eo , quod acciderat, coojectaret f post solisortum statum tempus esse, média aoete f ut astum occuparet? cum paucis navigiis secundo amne defluxit; evectusqueos ejus 9 quadragiota stadia processit in uiare 9tandem ¥oti stii compos : praesidibusque maris et loeorumdiis sacrificio facto, ad classem rediït.X. Hinc adversum flumen stibiit classis; et aller©die appulsa est haud procul lacu salso, cujus igoota naturaplerosque decepit, temere ingressos aqoam; quippescabies corpora invasit, et cootagium morbi etiam malios vulgatum est : oleum remedio fuit. Leonnato deiodeprœmisso, ut puteos foderet f qua terrestri itioere <strong>du</strong>cturusexercitum videbatur (quippe sicca erat regio), ipsecum copiïs substitit, vernum tempus exspectans. Intérimet urbes plerasque condidit. Nearcho atqueOnesicrito,naoticae reï peritis, impera¥Ît ? ut validissimas naviumde<strong>du</strong>cerent in Oceanum; progressique quoad tuto possent? naturam maris noscerent : vel eodem amne velEuphrate subire eos posse, quum reverti ad se ¥ellent.


QUINTO-CURCE, LIV. IX. 315éclater les transports d'une joie immodérée. «D'où la meravait-elle pu revenir tout d'un coup si grande? où s'étaitelleretirée la veille? quelle était la nature de cet élément,tantôt désordonné, tantôt soumis à la marche dtttemps?» Telles étaient Icp questions qu'ils faisaient dansleur étonnement. Le roi, présumant, d'après ce qui étaitarrivé, que le retour <strong>du</strong> phénomène devait avoir lieuaprès le lever <strong>du</strong> soleil, voulut prévenir la marée, et,au milieu de la nuit, descendit le fleuve avec un petitnombre de bâtimens. Eu ayant dépassé l'embouchure,il s'avança de quatre cents stades dans la mer, heureuxd'être enfin arrivé au terme de ses vœux : il offrit ensuiteun sacrifice aux dieux de la mer et de ces contrées, etrejoignit sa flotte.X. On re<strong>mont</strong>a alors l'In<strong>du</strong>s, et,le second jour, onmouilla près d'un lac d'eau salée dont la nature inconnuetrompa la plupart des soldats qui avaient eu la téméritéde s'y baigner, l^eur corps se couvrit aussitôtd'une gale, qui devint même contagieuse, et se répanditdans le reste de l'armée. On trouva dans l'huile unremède pour la guérir. Alexandre fit ensuite partir Léonnatus, pour creuser des puits sur la route de terre qu'ilcomptait faire suivre à son armée, et qui traversait descontrées arides; pour lui, il s'arrêta avec ses troupes,en attendant le retour <strong>du</strong> printemps. Dans cet intervalle,,il s'occupa à bâtir des villes et des ports 8 . Il chargeaNéarqueet Onésicrite, marins expérimentés,d'emmenersur l'Océan ses meilleurs vaisseaux, et de s'avancer aussiloinqu'ils pourraient le faire avec sûreté, pour reconnaîtrela nature de cette mer; leurs instructions les autorisaientà re<strong>mont</strong>er indifféremment, ou le même fleuve*,ou l'Euphrate, quand ils voudraient venir le rejoindre-


1316 Q. CURTI1 RUF1 LIB. IX.Jamqiie, mitigata hieme ? et navibus, qu« inutilesvidebantur, crematis, terra <strong>du</strong>cebat exercitum. Non'»castris in regioiiem Arabitarum, inde totidem diebos inGedrosiorum regionem perventum est. Liber hic populusf concilio habito f dedidit se; nec quidquam deditispraeter commeatus imperatum est. Quinto hinc die venitad flomen ; Arabum incolae appellent. Regio déserta elaquarum inops excipit; quam emensusinHoritas transit:ibi majorem exerciîus pârtem Hepliaestioni tradidit;Jevem armaturam cum Ptolemaeo Leonnatoque partitosest. Tria simul agmina populabantur Itidos; magnaequepraedae acte sunt : maritimos Ptolemaeus, ceteros ipserex, et ab alia parte Leoonatus urebant In bac quoqueregiooe urbem coudidit, de<strong>du</strong>ctique sunt in eam Àrachosii.Hinc pervenit ad maritimos Indos : desertamvastamque regionem laie tenent, ac ne cum finitionsquîdem ullo commercii jure misceotur. Ipsa solitudo naturaquoque immïtia efferavit ingénia : prominent unguesnunquam recisi; corn» hirsute et intonsa sunt: tuguriaconcliïs et ceteris purgamentis maris instruunt; ferarumpellibus tecti 9 piscibus sole <strong>du</strong>ratis, et majorumquoque belluarum, quas fluctus ejicit, carné veseuotur.Consumptis igitur alimentis, Macedones primo ino-


QU1NTE-CURCE, LIV. IX. 33 7Comme l'hiver commençait à s'adoucir, il brûla ceux deses vaisseaux qui lui paraissaient inutiles , et El prendreà son armée la route de terre. Au bout de neuf journées,il entra dans le pays des Arabites; puis, en autant dejours, dans celui des Gédrosiens. Ce peuple, qui se gouvernaitlibrement 9 après avoir tenu conseil 9 se décida àse soumettre. On n'exigea d'eux que des vivres pour gagede leur obéissance. Cinq jours après, il arriva sur le bordd'un fleuve, appelé par les habiians Arabus. Plus loins'offrit à lui une contrée déserte et dépourvue d'eau;après l'avoir traversée, il passa chez les Horites. Là, ilremit à Héphestion la plus grande partie de son armée,et partagea avec Ptolémée et Leonnatus le commandementdes troupes légères. Trois corps d'armée ravageaientainsi à la fois les Indes , et un immense butin yfut recueilli. Ptolémée brûlait les côtes; le roi et Leonnatus, chacun de leur côté , portaient la flamme dans lereste <strong>du</strong> pays. Une ville fut encore fondée en ces paragespar Alexandre : il la peupla d'une colonie d'Arachosiens.De là, il entra dans l'Inde maritime : c'est unpays qui s'étend au loin en de vastes déserts, et dontles habitans n'ont pas, même avec leurs voisins, lamoindre relation de commerce. Cet isolement a ren<strong>du</strong>plus farouche encore leur génie, naturellement sauvage :leurs ongles, qu'ils ne coupent jamais, sont d'une longueurdémesurée; leur chevelure, hérissée, croît danstoute sa longueur : ils construisent leurs cabanes avecdes coquillages et d'autres rebuts de la mer : vêtus depeaux de bêtes , ils se nourrissent de poissons séchés ausoleil9, et de la chair des autres animaux plus gros, queles flots jettent sur le rivage.Les Macédoniens , qui avaient consomme toutes leursm. aa


338 Q. CURTiï EUF1 MB. IX.piam, deinde ad ultimum famem sent ire coeperunt, radiéespalmarum (namque sola ea arbor gignitur) obiquerimantes. Sed quum haec quoque alimenta defeceraot,jumenta caedere aggressi, ne equis quidem abstioebant;et quum deessent ? quie sarcinas ¥eherent 9 spolia de hostibusf propter quae ultima Orientis peragraverant, cremabantinceodio.Famem deinde pestilentia secuta est : quippe iesalubriumciborum uovi sueci, ad hoc itineris labor etaegritudo animi, vulgaverant morbos ; et nec manere sineclade, necprogredi poterant : manentes faînes, progressosacrior pestilentia urgebat. £rgo strati erant campipane pluribus semivtvis, quam cadaveribus ; ac ne leviusquidem aegri sequi poterant : quippe agmen raptimagebatur f tantum singulis ad spem salutis îpsos proficerecredentibus, quantum itineris festinando pragriperentIgitur, qui defeeerant, notos igooiosque, ut allevarcotur,orabant : sed nec jumenta erant, quibus excipi possent;et miles vix arma portabat, imminentisque etiamipsis faciès mali ante oeulos erat Ergo saepiu9 re¥ocati 9ne respicere quidem suos sustinebant, misericordïa informidinem versa, llli relicti deos testes, sacra communia,regisqueimplorabant opem : quumque frustra surdasa ores fatigarent ? in rabiern desperatione fersi, pareil


QUINTE-CUMCE, LIV. IX. 3%provisions, commencèrent à éprouver d'abord la disette,et eofin même la famine : de tous côtés f ils cherchaientles racines <strong>du</strong> palmier, seul arbre qui croisse en cette«amtree; mais eet, aliment même vint à leur manquer,et ils M» n lire ni alors à tuer leur» lie les de .von mie, sansépargner même les chevaux; puis, comme ils n'avaientj il us de moyens de transporter leurs bagages, ils livrériaitaux llatnmes les dépouille* de tant d ennemis, pourlesquelles ils avaient parcourti les contrée.*» les plus reçu-h tle l'Orient.La la m i m: fut suivie île près par la peste : ees al i mensmalsains et nouveaux pnur eux, jomis aux fatigues dela marche et aux soullranees «le lame, avaient multipliéles maladies. Us ne pouvaient s'arrêter, m avancer.et us priai : s'ils s'a rrê ta i e nt» e 'e ! a î t 1 a 1 a u n ; s H s s'a v anraient»c'était la peste, qui, plus terrible, venait les atteindre.Les campagnes étaient j o n e 11 ees de ni o r Ls etd'une I o n I e, plus n o 111 h i *e t1 se ( i e u t - è 11 *e , cl r* ni ou ra n s.iaaix mente qui étaient le moins malades ne pouvaientMI ivre; ear Farinée eo tirait a mare lies lorcces, chacun^ imaginant gagner aillant tle e ha nées de salut , qu'il feraitde pas en avant. On voyait donc les malheureux:que leurs forées avaient abandonnes, supplier les passaiis, qu'ils les connussent , ou ne les eou missent pas,de leur prêter une main secourahle. Mais on n'avait pasde bêtes de somme pour les porter, et le soldat, déjàtrop eharae de ses armes, avait encore (h»vaut les \eu.vl'image <strong>du</strong> danger qui le menaçait lui-même. Aussi, vingt,fois rappelés, ils ne se retournaient même pas pour regarderleurs compagnons : la pitié dans leurs cœur Havait lait place à la crainte; les infortunes que Tondélaissait invoquaient ad ors le nom «des dieux ei le lienaa.


34© Q. CURTII RUFI MB. DLsuoexitum, similesque ipsis amicos et contubernales precabantur.Rex, dolore simul ac pudore anxius f quia causa tantecladis ipse esset, ad Phrataphernem, Parthorum satrapen,misit , qui juberet, camelis cocta cibaria afferre;alios quoque finitimarum regïonum praefectos certioresnecessitatis su» fecit. Nec cessatum est ab bis. Ilaquefamé <strong>du</strong>ntaxat vindicatus exercitus tandem in Gedrosi»fines per<strong>du</strong>citur. Omnium rerum sola fertilis regio est,in qua stativa habuit 9 ut vexatos milites quiète firroaret.Hic Leonnati litteras accipit, coniixisse ipsumcumocio millibus peditum et quingentis equitibus Horitarumprospero e¥eotu. A Cratero quoque nuncius Yeoit, Ozinenet Zariaspen, nobiles Persas, defectionem molientes,oppressos a se, in vinculis esse.Praeposito igitur regioni Sibyrtio (namque Menon,praefectus ejus, nuper interierat morbo),-in Carmaniamipse processif. Âspastes erat satrapes gentis, suspectesres novare voluisse f <strong>du</strong>m in India rex esset. Quem occurrentemdissimulata ira comiter allocutus,<strong>du</strong>m exploraretquae delata erant, in eodem honore habuit. Quumindepraefecti, sicut imperatum erat, equorumjumento-


QU1NTE-CU1CE, LIT. IX. 341sacré de la religion ; ils appelaient l'assistance <strong>du</strong> roi;puis, voyant qu'ils fatiguaient vainement des oreilles insensiblesy le désespoir les faisait tomber dans la rage,et ils leur souhaitaient une fin comme la leur, avec desamis et des compagnons tels qu'ils étaient eux-mêmes.Le roi, accablé à la fois de douleur et de honte , ensongeant qu'il était Fauteur d'un si grand désastre, envoyaTordre à Phratapherne, satrape des Parthes, delui amener sur des chameaux des vivres tout cuits; ilinforma aussi de sa détresse les autres gouverneurs desprovinces voisines. Et ils ne firent pas attendre leurs secours.De cette manière l'armée fut, <strong>du</strong> moins, délivréede la famine, et elle atteignit enfin les frontières de laGédrosie. Cette contrée est fertile en toute espèce depro<strong>du</strong>ctions so : Alexandre y prit ses quartiers, pour réparerpar le repos les forces épuisées de ses soldats. Làil reçut des lettres de Leonnatus , qui Finformaient qu'ilavait combattu avec succès contre- huit mille hommesd'infanterie et cinq cents cavaliers de la nation des Horttes.Il lui vint aussi un courrier de Cratère; celui-ci luiannonçait comment il avait surpris les deux nobles PersansOzines et Zariaspes, au momeot où ils méditaient*une révolte, et qu'il les tenait dans les fers.Après avoir nommé Sibyrtius gouverneur de la Gédrosie, à la place de Ménon, que la maladie venait d'enlever, il marcha sur la Carmanie. Aspaste était le sa- •trape de cette province : on le soupçonnait d'avoir voulutenter, une révolution, pendant que le roi était dansllnde : Alexandre, en le voyant venir à sa rencontre,dissimula sa colère ; il lui parla avec bienveillance, et ,•pendant qu'il vérifiait les rapports faits contre loi, ilcontinua de le traiter avec la même distinction. Les gou-


34* Q. CURTII RUF1 LIB. IX.ruinqfcie jttgalium vitn ïngentem ex omni, quœ sub imperioerat, regione misissent ; qùibus deerant impedimentaf restituit. Arma quoque ad pristinum refecta suntcultum : qttîppe haud procul a Perside aberant 9 nospacata modo , sed etiam opulent».Igitur, ut supra dictera est, aemulatus Patris Liberibon glorïam solum, quam ex illis gentibus deportaferat,sed etiam famam; sive ïllud trïumphus fuit ab mprintum institutus 9 sive bacehantium lusus ? statuit imitari , anitno super humaoum fastigium elato. Viens, perquos itet erat, floribus coronisque sterni jubet ; limieibusaedium crateras vioo repletos, et alia eximiae magnitudinisvasa dtspooi; véhicula deiode constrata, utplures capere milites possent, in tabernaculorum mo<strong>du</strong>m•oroari, alia candidis velis, alia veste pretiosa. Primi'ibant amici et cohors regia, variis redimita floribus coxonisque: alibi tibicioum cantus y alibi Ijrae sonus audiebatur;item in vehiculis, pro copia cujusque adoraatis,coniessabun<strong>du</strong>s exeftritus, armts, quâe maxime décoraerant, circumpeudeotibus. Ipsum coovivasque currusvehebat^ crateris aureis ejusdemque materiœ ingentibuspoculis pragravis. Hoc modo per dies septem bacchaibun<strong>du</strong>m agmen iocessît; parata praeda, si quid viclissaltem adversus comessaetes animi fuisset ; mille, hercule, viri modo et sobrii, septem dierum crapula grates


QUINTE-CUICE, UT. IX. 343verneurs de Plnde lui ayant envoyé, d'après ses ordre»,une grande quantité -de chevaux et tle bêtes d'attelage,«amassée dans tout le pays placé sous leur obéissance,il en distribua à ceux de ses soldats qui avaient per<strong>du</strong>leurs équipages. 11 renouvela aussi le luxe des armures ;profitant pour cela <strong>du</strong> voisinage de la Perse, où, avecla paix f régnait l'opulence.Cependant, jaloux, comme nous Pavons dit plushaut, de rivaliser avec Bacchus, Alexandre ne se contentapas de la gloire qu'il avait rapportée des mêmescontrées; il voulut encore, élevant l'orgueil de ses penséesau dessus des grandeurs humaines, imiter l'éclatde son triomphe, soit que le dieu ait été réellement lepremier auteur de cette fête, soit qu'elle n'ait été qu'unjeu de ses prêtres en délire. Il fit joncher de fleurs et deguirlandes les villages qu'il devait traverser, disposersur le seuil des maisons des cratères remplis de vin, etd'autres vases d'une grandeur extraordinaire; préparer .enfin, de manière à contenir plusieurs soldats, des chariotscouverts et décorés, ainsi que des tentes, les unsde voiles blancs f les autres d'étoffes précieuses. En tête<strong>du</strong> cortège marchaient les amis et la cohorte royale,tous couronnés de fleurs diverses et de guirlandes; d'uncôté les sons de la flûte, de l'autre les accords de lalyre, accompagnaient leurs pas. Venaient ensuite lessoldats en débauche, sur des chariots, ornés selonles moyens de chacun, et d'où pendaient, tout à Pentour,ce qu'il y avait de plus riches armures. Le roi luimême,avec ses convives, était <strong>mont</strong>é sur un char toutrempli de cratères d'or et de grandes coupes <strong>du</strong> mêmemétal. L'armée s'avança de cette manière.pendant septjours, dans une continuelle orgie; facile proie pour les


344 Q* CURTH RUF1 LU. IX.in suo triumpho caperê potueruiiL Sed fortuna, quaerébus famam prëtïû'mque constituit f bic qooque milita»probum vertit in gloriam; et praesens aetas, et posterîtasdeinde mirata est , per gentes non<strong>du</strong>m satis domitas in*cessisse temulentos, Barbaris, quod temeritas erat, fi<strong>du</strong>ciamesse credentibus. Hune apparatum carnifex sequebatur: quippe satrapes Aspastes, de quo ante diefamest, interfîci jussus est; adeo nec luxuriœ quidquam crudeîîtas,nec crudelitati luxuria obstat*


QUIOTE-CUECE, UV. IX. 345vaincus f s'ils eussent seulement trouvé un peu d'audacecontre leurs vainqueurs plongés dans la débauche. C'étaitassez de mille hommes, avec <strong>du</strong> courage et la jouissancede leur raison 9 pour surprendre , au milieu .deleurs fêtes triomphales, les Macédoniens appesantis parune ivresse de sept jours. Mais la fortune, qui donneaux choses leur prix et leur renom, fit encore une gloirepour les armes d'Alexandre de ce qui est d'ordinaireune honte. Ce fut un sujet d'admiration pour les contemporains5 comme pour la postérité, que éette arméeeût ainsi traversé, tout entière ivre,des nations encoremal façonnées à Fobéissance 9 et que les Barbares eussentpris pour de la confiance ce qui s'était que de la témérité.Cependant le bourreau marchait à ,1a suite de cesfêtes; et Âspaste f dont nous parlions tout-à-1'heure, futcondamné à périr. Tant il est vrai que la cruauté n'arien d'incompatible avec les plaisirs, ni les plaisirs avecla cruauté !


NOTESDU LITRENEUVIÈME.i. Quarante stades pur Jour, Nous aimerions à substituer ici,avec Freinshemius, quadrmgenta h quadraginta ; et nous tra<strong>du</strong>irionsalors : « ïl faisait chaque jour environ quatre cents stades,pour se ménager la ressource de faire de tetnps en temps prendretertre à ses troupes ; etc., etc. * Cela nous semble plus conforme ila raison.i. On amit été forcé... de Ptnmcet mm Gange. Le texte porte :Gangem mmmem, et qmœ ultra msemt, eoactos trmumktere, etcependant le Gange n'avait pas été passé : leur frayeur au contraireavait forcé Alexandre de renoncer à cette hasardeuse entreprise.Comment donc sortir de cette difficulté qui arrête tonsles commentateurs, et leur fait proposer divers ehangemens antexte ? En entendant, comme l'un d'eux, transmitttm dans le smsà^omittere, prœtermittere, ce qui n'est pas sans exemple dans lalatinité. Nous ne prétendons pas qoe cette explication soit biensatisfaisante, il s'en faut de tout : mais enfin ce ne sera pasune absurdité, comme le serait la tra<strong>du</strong>ction littérale. On peutencore, avec Freinshemius, substituer Im<strong>du</strong>m à Gangem, changementassez hardi, mais qui permettrait de rester fidèle au texteen même temps qu'au sens commun.3. Autour de Macères» — Garabactra. A la place de ce mot, quiparaît corrompu, la plupart des commentateurs proposent ekmMactm, et nous avons tra<strong>du</strong>it dans ce sens.4. Les députés revinrent..., avec des présems pour te roL Noustra<strong>du</strong>isons ici selon la leçon ordinaire, toute défectueuse qu'elleait paru à beaucoup de commentateurs. Ils voudraient faire rapportertrecemi à legati, mille m equi, triginta à carras, et alors ceserait mille chevaux et trente chars qui seraient offerts à Alexandre.Le nombre de mille triginta, que porte le texte généralement


NOTES DU LIVRE IX. 34?adopté, semble en effet extraordinaire, si Ton songe que Qointe-Curce, dans le calcul qu'il fiait des forces avec lesquelles les Mallienset les Oxydraqoes se présentèrent sur le champ de bataille,ne leur donne que neuf cents de ces chars attelés à quatre chefaui.5. Dam le royaume de Sabus. Freinshemius dit, à propos de cepassage, non capio, et ne trouve d'autre moyen, pour le rendreintelligible, que de substituer itermm à lier m, D'autres commentateursproposent une correction plus hardie encore : Qmod mrègne emt SamL L'une et l'antre de ces versions nous semblent sansfondement Rien de plus naturel que de supposer, à l'autre frontière<strong>du</strong> royaume de Sabus, une ville qui en soit comme la porte,et qui ait refusé de se rendre, malgré la soumission de son roi.6. Qu'au roi lui-même » Freûasbemius propose ici régi, au lieude régis, et nous admettrions volontiers cette leçon. On tra<strong>du</strong>iraitalors : « Ils ne témoignèrent pas moins d'intérêt à Ptolémée,que le roi lui-même. »7. Empêchaient le service des rames. Cet endroit, disent deuscommentateurs, est manifeste vitiosus, et ils proposent de rendreau texte la rectitude et la clarté par une simple transposition demots : fU<strong>du</strong>rn considèrent, ramos aptnri prokibebant.'ff. Bâtir des villes et des ports, -Au lieu de urbes plerosqme,Freteshemius propose, et nous n'avons pas craint d'adopter, urbesporMsque.9. Ils se nourrissent de poissons séchés ou soleil. — lchtkyopkmgi.10. Cette contrée est fertile en toute espèce de pro<strong>du</strong>ctions.—Omnium rerum soin fertilis regio est. On s'acorde à reconnaîtreMême altération dans le texte; mais aucune des rectifications queTon propose ' ne nous semble fort heureuse. Nous - nous sommespermis de supprimer le mot sola, inutile au sens, à moins quel*onne veuille donner à la Gédrosie ce singulier éloge, que« seule, parmi toutes les contrées <strong>du</strong> monde, elle fournit abondammenttoute espèce ne pro<strong>du</strong>ctions. »


Q. CURTII RUFIDE REBUS GESTISALEXANDRI MAGNIREGIS MACEDONUMLIBER DECIMUS.I. iiSBEM ferediebus Cleander et Sitalces 9 et cum AgathoneHeracon superveniunt, qui Parmenionem jussurégis occiderant : quinque millia peditum cum equitîbusraille; sed et accusa tores eos, e provincia cuï praefueraiit,sequebantur; nec tôt facinora , quot admiserant, cornpensarepoterant caedis perquam grate régi ministerio.Quippe quuni omnïa profana spoliassent , ne sacris quidemabstinuerant : virginesque et principes feminarum,sîupra perpessae, corporum ludibria deflebant. InvisumMacedonum nomen avaritia eorum ac libido Barbarisfeceral. Inter omnes tamen eminebat Cleandri furor fqui nobilcm virginem constupratam serfo suo pellicem


QUINTE-CURCEHISTOIRED'ALEXANDRE LE GRANDMOI DE MACÉDOINELIVRE DIXIÈME.VERS le même temps arrivèrent Cléandre et Sitalces,avec Héracon et Agathon : c'étaient eux qui avaient tuéParménioe par Tordre <strong>du</strong> roi f . Ils amenaient cinq millehommes d'infanterie et mille chevaux. Mais à leur suitevenaient aussi des accusateurs, de la province qu'ilsavaient gouvernée ; et pour compenser tant de crimesqu'ils avaient commis! c'était trop peu d'avoir prêtéleur ministère à un meurtre agréable au roi. En effet,non contens de dépouiller tout ce qu'il y avait de profane,ils n'avaient pas même respecté les choses sacrées;et les jeunes filles, ainsi que les plus nobles matroneslivrées au déshonneur, pleuraient les outrages que leurpudeur avait soufferts. Leur avarice et leur brutale licenceavaient ren<strong>du</strong> odieux aux Barbares le nom macédonien.Parmi tant de fureurs, cependant, se faisait re-


}35o Q. CUET11 RUPI LU. X.dederat. Plerique amicorum Alexandri non tam crimi-Dum, quae palam objiciebantur t atrocitatem, quammemoriam occisi per eos Parinenïonis, quod tacïtuinprodesse reis apud regem poterat, ïntuebantur; laelirecidisse iram in ira miiiistros ? nec ullam potentiam,scelere qusesitam, cuiquain esse diuturaaro. Rex, cognitacausa, pronunciavit, ab accusatoribus UDUHI 9 etid maximum, crimen esse praeteritum f desperationemsalutis suae : nuoquam enini talia ausuros ? qui ipsum eiIndia sospitem aut optassent re?erti f aut créditassentreversurum. Igitur hos quidem vinxit ; BC autem militum,qui saevitiae eorum mioistri fuerant, interfici jussit. Eodemdie sumptum est supplicium de lis quoque 9 quosauctores defectionis Persarum Craterus ad<strong>du</strong>xerat.Haud mtilto post Nearchus et Onesicritus f quos longiusin Oceanum procédera jusscrat, superveniunt. Nunciabaotautem quaedam audita, alia comporta; ïnsulamostio amnis subjectam auro abupdare; inopem equorumesse : singulos equos f ab iis qui ex continent! trajicereauderent , singulis talentis emi : plénum esse belluarummare : œstu secuodo eas ferri magnarum navium corportaequantes; truci cantu deterritas sequi classem; cum magnoaequoris strepitu, velut demersa navigia subisse aquas.


QU1NTE-CURCE, UV. X.marquer celle de Cléandre, qui f après avoir déshonoréune jeune fille d'illustre uaissance f l'avait donnée pouri't.>fic;11 1J111o a ut! de ses eseI a \ es. 1 ,a plupart' d e^ ;umsd'Alexandre ne consul train il pas tant lalroeité des forfaitsimputée publiquement: aux acrus t'u ! -è t re ir ! i o« i i-< ri 11 s t a 11 < *o c 1 u t |.« 1 a ic ! e r i t > i i i ba s I c* i J r f a 11 se» auprès <strong>du</strong>roi : ils se félicitaient de voir que la colère do leur maître35iletonibait sur ceux mêmes qui on avaionî été les ini-11 î s t re^ j o t qu'un )m u v o î i * a c f j 111 s par I o r rime n'a v a î fI 1111 a i s d e c 1 u ree. J J e r o i, api v. s a v o t r eut c: r u 111 la o; 111 s o ,prononça qu'un soûl griot, mais lo plus o^ravo o n < I a n t o en o r,mais îiiancji un t. de o ho vaux : ceux, qui a \ aient la. hardiessed'eu transporter <strong>du</strong> eoutinen? les vendaient untalent la pièce. I ,a nier et ai! remplie de monstres : onles voyait suivre lo in ou veinent de la marée, oeatttx engrosseur aux plus grands \aisseaux : il avait fallu les


35s Q. CURTII BUFI L1B. X.Cetera incolis crediderant; inter qu« 9 Rubrum mare nona colore undarom, ut plerique crederent f sed ab Erythrarege appellari. Esse haud procol a continenti insulam,palmis frequeiiiibiis consitam , et in medio fere nemorecolumnam eminerej Erythrœ régis monumentum, litterisgentis ejos scriptam. Adjiciebant, navigia, quae lkasmercatoresqoe vexissent, famatn aurï secutis gubernatoribus? in insulam esse transmissa, nec deinde ab bispostea visa. Rex , cognoscendi plura cupidine accensus,rursus eos terram légère jubet ? douce ad Euphraten appellerentclassem; inde adverso arone Babylonem subituros.Ipse animo infinita complexus, statuerai, omniad Orientem maritima regione perdomîta , ex Syria petereAfricain, Carthagini infensus; inde f Nuraïdia solitudinibusperagratis 9 cursum Gadis dirigere (ibi namquecolumnam Herculis esse fama vulgaverat) : Hispaniasdeinde, quas Iberiam Graci a flumine Ibero vocabant fadiré ; et poetervehi Alpes fItaliaeque oram ? unde in Epirumbrevis cursus est. Igitur Mesopotami» praetoribusimperavit ? materia in Libano <strong>mont</strong>e coesa ? devectaquead urbem Syriae Thapsacum, ingentium carinas navitimpdnere; septiremes omnes esse f de<strong>du</strong>cique Babylonem.Gypriorum regibus imperatum, ut aes f stuppamque, etvelapraeberent. Haecagenti Pori'et Taxilis regum Htteretra<strong>du</strong>iitur, Abisarenmorbo,Philippum, praefectum ipsius,


QU1NTE-CUECE, L1V. X. 355«flrayer par des cris raenaçans, pour les empêcher desuivre la flotte : ils s'étaient alors enfoncés sous les eaux,comme des navires qui s'abîment, avec un grand bruit, sPour le reste, ils s'en étaient rapportés aux récits desfaabitans : on leur avait dit a que la mer Rouge ne ti- -rait pas son nom , comme c'était l'opinion commune ,de la couleur de ses eaux, mais <strong>du</strong> roi Érythras 3 ; que,non loin <strong>du</strong> continent, était une île plantée d'un grandnombre de palmiers, et que, environ au milieu <strong>du</strong> bois,8 élevait une colonne, monument consacré au roi Érythras, avec une inscription dans la langue <strong>du</strong> pays. Onajoutait que des bâtimens, chargés de vivandiers et demarchands, avaient été con<strong>du</strong>its dans cette île par despilotes qu'attirait l'appât de For, et que Ton n'en avaitrevu aucun.» Le roi, brûlant <strong>du</strong> désir d'en savoir davantage,commanda aux deux marins de se remettre àlonger les côtes, jusqu'à ce que leur flotte touchât à l'embouchurede llïuphrate, et puis de re<strong>mont</strong>er le fleuvejusqu'à Babylone. Pour lui, embrassant l'infini dans sespeusées, il avait résolu, après qu'il aurait conquis toutela région maritime de l'orient, d'aller en Syrie s'embarquerpour l'Afrique , et de porter la guerre à Carthage.De là, traversant les déserts de la Numidie, il voulaitdiriger sa course vers Gades, oit la renommée 'plaçaitles colonnes d'Hercule, gagner ensuite les Espagnes,que les Grecs appelaient Ibérie, <strong>du</strong> fleuve Ibère, etlonger les Alpes et la côte d'Italie, d'où il n'y avait qu'uncourt trajet jusqu'en Épire. Il donna donc l'ordre auxgouverneurs de la Mésopotamie de couper des bois surle <strong>mont</strong> Liban , et de les transporter à Thapsaque, villede Syrie, où Ton en construirait de grandes carènes devaisseaux : tous devaient avoir sept rangs de rames, etm. a3


3 H Q. CURTII RUFI LIB. X.ex vulnere interiisse ? oppressosque, qui vulnerassenteum. Igitur Philippo substituit Eudaemonem : <strong>du</strong>x eratThracum. Abisaris regûum filio ejus attribuit.Ventura est deinde Persagadas. Pereica est gens f ciijussatrapes Orsines erat f nobilitate ac divitiis inter omnesBarbaros eminens. Genus <strong>du</strong>cebat a Cyro ? quondam regePersarum : opes et a majoribus traditas habebat , et ipselonga imperii possessione cumulaverat. Is régi cum ©m*nis generis donis 9 non ipsi modo ea ? sed etiam amicisejus daturus, occurrit. Equorum domiti grèges sequebantur,currusque argent© et auro adornati ? pretiosasupellex, et nobiles gemmœ, aurea inagni ponderis vasa yvestesquepurpureae,et signati argenti talentum quatuormillia. Ceterum tanta benignitas Barbaro causa moriisfuit : nam quum omnes amieos régis donis super ipsorumvota coluisset, Bagoae spadoni, qui âlexandrumobsequio corporis devinxerat sibi, nullum honorerahabuit; admonitusque a quibusdam, quam Âlexandrocordi esset, respondit, amieos régis, non scorta se colère, nec moris esse Persis, mares <strong>du</strong>cere , qui stuproeflfemioarentur. Mis auditis , spado potentiam flagitio et


QUINTE-CU1CE, LIV. X. 355être con<strong>du</strong>its à Babylone. 11 avait commandé ai» roisde Chypre de fournir l'airain, l'étoupe et les voiles. Pendantque ces soins l'occupaient, des lettres lui lurentremises des rois Porus et Taxile : ils lui annonçaientqu'Âhisarès était mort de maladie; que Philippe, sonlieutenant, avait été assassiné et les coupables punis.Le roi donna pour successeur à Philippe Eudémon, lechef des Thraces, et laissa au fils d'Abisarès le royaumede son père.Il arriva ensuite chez les Persagades, nation de laPerse , qui avait pour satrape Orsinès, illustre, parmi lesBarbares, par sa naissance et par ses richesses. Il descendaitde Cyrus, autrefois roi de Perse; de grands trésorslui avaient été transmis par ses aïeux, et il en avaitamassé de nouveaux dans la longue possession <strong>du</strong> commandement*Orsinès vint au devant <strong>du</strong> roi avec toutesorte de présens, non-seulement pour lui, mais pour sesamis. C'étaient des troupeaux de chevaux tout dressés,des chars ornés d'or et d'argent, des meubles précieux ,des pierres rares, des vases d'or d'un grand poids f desvêtemens de pourpre, et quatre mille talens d'argentmonnayé. Tant de générosité causa cependant la mort<strong>du</strong> Barbare. Ayant, en effet, comblé de présens tous lesamis <strong>du</strong> roi, au delà même de leurs vœux, il ne renditaucun honneur à l'eunuque Bagoas, qui, en se prostituantà Alexandre, avait gagné sa faveur. On l'avertitcombien cet eunuque était cher au roi : il répondit alors f« qu'il faisait sa cour aux amis d'Alexandre, non à sesconcubines ; et que ce n'était pas l'usage chez les Persesde regarder comme des hommes ceux que la prostitutionégalait à des femmes. » Informé de cette réponse,l'eunuque tourna contre la tête d'un homme illustre etal


3S6 Q. CURTI1 RUFI LIB. X.dedecore quaesstam in capot nobilissimi et insontîs exercuit: panique gentis ejusdeni levissimos falsîs crimieibusadstruxit, raonitos, tuin demum ea déferre, quumipse jussisset. Intérim quoties sioe arbitiïs erat, cre<strong>du</strong>lasrégis aures implebat, dissimulans causam ira, quogravior crimioaiitis auctorïtas esset. Non<strong>du</strong>m suspectuserat Orsioes, jaoi tamen vilior. Reus eoim in secretoagebatur, latentis periculi igoarus : et importumssimumscortum , oe io stupro quidein et dedecoris patientiafraudis oblitum, quoties amorem régis io se accenderat,Orsinen oiodo avaritiae, inter<strong>du</strong>m etiam defecliouis,arguebat. Jam raatura eraot io peroiciem iiinocenlismendacia ; et fatum, cujus inevitabilis sors est,appetebat. Forte eoim sepulerum Cyri Alexander jussitaperiri, io quo erat condituoi ejus corpus f cuï darevolebat ioferias. Auro argentoque repletum esse credideratf quippe ita fama Persae vulgaveraot; sed praeterclypeum ejus putrem, et arcus <strong>du</strong>os scythicos, et actnacem,nihil reperit. Ceterum corona aurea imposita, amiculo,cui assueverat ipse, solium, io quo corpus jacebat,velavit, mira tus , tanti nomiois regem, tantis praditumopibus, liaucl preliosius sepultum esse, quam sifuisset e plèbe. Proximus erat lateri spado, qui regemiotueos : «Quid mirum, inquit, est, inania sepulcraesse regutîi, quum satraparum domus aurum iode tge-


QU1NTE-CUECE, UV. X. 357innocent une puissance qui était le prix de ses vices etde son déshonneur. 11 suborna de faux accusateurs, prisparmi ce qu'il y avait de plus méprisable dans le pays,en leur donnant avis d'altendre ses ordres pour faireleurs dénonciations. Cependant, chaque fois qu'il se trouvaitsans témoins avec le roi, il remplissait son oreillecré<strong>du</strong>le de mille mensonges, cachant avec soin les motifsde son ressentiment, pour donner plus de poids àses accusations. Orsinès n'était point encore suspect,mais déjà moins considéré. Son procès s'instruisait dansl'ombre, et-il ignorait le péril caché qui le menaçait,tandis que l'infâme, acharné à le perdre, et fidèle à sahaine, alors même que dans les embrassemens <strong>du</strong> roi ilsubissait le déshonneur, profitait de ces momens où lapassion d'Alexandre était le plus vivement-allumée, pouraccuser Orsinès de concussion, ou même de révolte.Déjà la calomnie était mûre pour la perte de l'innocent,et le destin, dont les décrets sont inévitables, allaits'accomplir. Alexandre avait par hasard ordonné d'ouvrirle tombeau de Cyrus , où reposaient les restes dece monarque, auxquels il destinait des honneurs funèbres.Il le croyait rempli d'or et d'argent, d'après ceque publiaient les Perses; mais, à l'exception d'un boucliertombé en pourriture, de deux arcs de Scythie etd'un cimeterre, il ne trouva rien. Couvrant alors <strong>du</strong>manteau qu'il portait lui - même le trône sur lequel lecorps était éten<strong>du</strong>, il y plaça une couronne d'or, ettémoigna son étonneinent de ce qu'un monarque si fameux,possesseur de tant de trésors, n'eût pas été plusrichement enseveli qu'un homme de condition vulgaire.Aux côtés <strong>du</strong> roi était l'eunuque, qui, se tournant verslui : «Qu'y a-t-il d'étonnant, dit-il, que les sépulcres


358 Q. CUITE RUFl LIB. X.stum capere non possint? Quod ad lîieatlîaef ? ipse hocbustum antea non videram : sed ex Dario ita accepî ,tria millia talentorum condita esse cum Cyro. Hinc illabenignitas in te, ut, quod impune habere non poteratOrsines, donando etiam gratiaro iniret. » CoocitaYeraijam animum in iram, quum ii, quibus negotiom idemdederat, superveniunt : hinc Bagoas f hinc ab eo subornatifalsis criminibus occupant aures. Ântequam accusarise suspicaretur Orsines, in viocula est traditus.Non contentus supplicio insontis spado, ipse morituroiiiaaufîî injecit. Quem Orsines intuens : ® Audieram,inquit 9 in Âsia olim régnasse feminas; hoc vero novuinest, regnare castratum! » Hic fuit eiîtiis nobilissimiPersarum, nec insontis modo, sed exirai» quoque bensgnitatisin regem.Eodem tempore Phradates regnum affectasse suspectusocciditur. Cœperat esse praeceps ad repraesentandasupplicia; idem ad détériora credenda. Scilicet res seeuii die talent commutare naturam f et rare quisquamei'ga bona sua salis cautus est. Idem enim paulo anteLyncesten Alexandrum delatum a <strong>du</strong>obus indicibus diretiare non sustinuerat; humiliores quoque reos contrasuam voluntatcm, quia ceteris videbautur insontes fpassus absolvi : hostibus victis régna re<strong>du</strong>xerat : ad ulti-


QUINTE-CURCE, LIV. X. 35 9des rois soient vides f quand les maisons des salrapesne suffisent pas à contenir for qui en a été tiré ? Pourmoi, je n'avais jamais vu ce tombeau; mais j'ai oui direà Darius, qu'on avait enterré avec Cyrus trois millelalens. Voilà la source de tant de largesses : ce qu'Orsiiièsne pouvait garder impunément, il Ta donné, pouracheter <strong>du</strong> moins tes bonnes grâces à ce prix. *> Ces parolesde l'eunuque avaient déjà excité la colère <strong>du</strong> roi,lorsque surviennent les délateurs apostés pour le seconderrBagoas d'un côté, de l'autre ceux qu'il a subornés,lui assiègent l'esprit de leurs imputations mensongères.Orsinès, avant de soupçonner même qu'il était accusé,fui jeté dans les fers. Non content <strong>du</strong> supplice de l'innocent, Bagous osa porter sur lui la main au momentqu'il allait mourir. Orsinès lui dit, en le regardant :« J'avais bien ouï dire que des femmes avaient jadis régnéen Asie; mais c'est une chose toute nouvelle d'y voirrégner un eunuque.s> Ainsi périt le plus illustre personnaged'entre les Perses, sans être coupable f et mêmeaprès avoir <strong>mont</strong>ré envers le roi une générosité extraordinaire.Dans le même temps, Phradate est mis à mort, surle soupçon de prétendre à la couronne. Alexandre commençaità avoir grande hâte d'ordonner les supplices ,aussi bien que de croire les fâcheux rapports. C'est quela prospérité a ce triste effet, de corrompre chez leshommes la nature, et que rarement nous savons êtreassez en garde contre notre bonne fortune. C'était eneffet le même prince qui, peu d'années auparavant,n avait pu se décider à condamner Alexandre Lynceste,inculpé par les dépositions de deux témoins; il avaitmême laissé absoudre de plus humbles accusés, malgré


136o Q. CURTII EUFI LU. X.muni a semet Ipso degeneravit usque adeo, ut adversoslibidinem animi, arbitrio scorti, aliis régna darel, aliisadimeret vitam.lisdero ferediebus litteras a Cœno aceepit de rébus .inEuropa et Asiagestis, <strong>du</strong>m ipse Indiam subigit. Zopyrio,Thraci» praeposïtus, <strong>du</strong>m expeditionem in Getas faceret,tempestatibus procellisque subito coortis, cum toloexercitu oppressus erat. Qua cogaita clade f SeuthesOdrysas, populares suos, ad defectionem compuleratAmissa promemo<strong>du</strong>m Thracia, ne Gracia quidem lamultibusinconcussa mansit. Nam Alexaader y puait*satraparum quorumdam insolentia f quam, <strong>du</strong>m in extremoorbe Indorum armis attinetur, per summa sceleraatque flagitia in provinciales exercuerant f ceterorumirietum intenderat : qui, in paribus delictis idem admissorumpraemium exspectantes, in merceaariorum mili*tum fîdem confugiebant, illorum manibus, si ad suppliciumposcerentur, salutem suam tutaturi; aut pecuniitîquanta poterat, coacla, fugam inibant. Ea re eogoitâjlitterae ad omnes Asiae praetores missae sunt, quibitsio-^pectise vestigio omnes peregrinos milites > qui stipendiasub ipsis facerent, dimittere jubebantur.Erat inter eos Harpalus, qiiem Alexander, qtiocl on


QUINTE-CURCE, LIV. X. 361sa répugnance personnelle, parce que les autres croyaientà leur innocence ; il avait ren<strong>du</strong> leurs états à des ennemisvaincus ; et il finit par dégénérer tellement de luimôme,que, contre sa propre inclination, selon les capricesd*un eunuque prostitué, il donnait aux uns desroyaumes, aux autres il ôtait la vie.Ce fut à peu près vers la même époque que des lettres4 l'informèrent de ce qui s'était passé en Europe eten Aspe 5 tandis qu'il faisait la conquête de l'Inde. Zopyrïon,gouverneur de la Thrace, dans une expéditioncontre les Gètes , avait été surpris par des orages et desoudaines tempêtes, et avait péri avec toute son armée.Ce désastre avait été le signal, pour Seuthès, d'entraînerles Odryses, ses compatriotes, à la révolte. Pendant quela Thrace était ainsi presque per<strong>du</strong>e, la Grèce même 6 neresta pas sans secousses- Alexandre, en châtiant l'insolencede quelques satrapes, qui, pendant que ses armesétaient occupées contre les Indiens aux extrémités <strong>du</strong>monde, s'étaient permis contre les habitans des provincesles vexations et les crimes les plus grands, avaitfrappé les autres de terreur. Coupables des' mêmes attentats,ils en attendaient le même prix, et se jetaiententre les bras de soldats mercenaires, pour assurer parce moyen la défense de leur vie, si Ton demandait leursupplice ; ou bien , ramassant le plus qu'ils pouvaientd'argent, ils prenaient la fuite. Dès qu'Alexandre en futinformé, des lettres furent adressées à tous les gouverneursde l'Asie, au reçu desquelles ils devaient sur-lechamplicencier toutes les milices étrangères qu'ilsavaient à leur service.De ce nombre était Harpalus, autrefois banni par


3G% Q. CURTII RUFI LIB. X.ipsius amieitiam olim a Philïppo ejectus solum ¥ertisscl îiater fidissimos habebat, et post Mazaei mortem satrapiaBabyloniag donaverat, thesaurorumque eustodi» prafecerat.Isigiturquum fi<strong>du</strong>ciatn 9quam in propensissima régisgratia habere poterat 9 magnitudine fiagitiorum consumpsisset,quinque talentorum millia ex gaza regia rapit, concluctaquesexmillium mercenariorum manu, in Europamevadit. Jampridem eoim luxu et libidinibus in prsecepstractus, desperataque apud regem veniâ, ad versus iramipsius ïn alienis opibus subsidiumcircumspieerecœperat;et Alhenienses, quorum non contêmnendam potentiam fet apud eeteros Graecos auctoritatem, tum oeeultum ioMacedonas odium norat f se<strong>du</strong>lo coluerat. Itaque spemsuis faciebatj Àthenienses, adventu suo cognito, copiisqueet pecuoiis quas ad<strong>du</strong>ceret eoram inspectis, protinusarma consiliaque sociaturos esse : nam apud populumimperitum et mobilem, per homines iinprobos , et avaritiavénales, omnia se muneribus conseeuturum existimabat.IL Igitur triginta navibus Sunium transmittunt : pro<strong>mont</strong>oriumest Atticae terrae f unde portum urbis peteredecreverant. His cognitis f rex ? Harpalo Atheniensibusquejuxta ïofestus f classe m parari jubet, àlheaas protimispetiturus. Quod consilium cl uni agitât clam 9 litteneei red<strong>du</strong>utur; Harpalum intrassc quidcm Athenas, pe-


QU1NTE-CURC1, LIV. X. 363Philippe et forcé de s'expatrier, à cause de son dévoû*ment pour Alexandre, et que ce prince comptait parmises amis les plus fidèles : il lui avait donné, après lamort de Mazée, le gouvernement de la Babylonie, otlui avait confié la garde de ses trésors. Mais f par l'énoriBÎléde ses crimes, Harpalus avait épuisé tout le fondqu'il pouvait faire sur l'affection et la faveur <strong>du</strong> roi :ayant donc enlevé <strong>du</strong> trésor royal cinq mille talens, etsoudoyé une petite armée de sis mille mercenaires, ilse sauva en Europe. Depuis long-temps, poussé versl'abîme par l'effet de son luxe et de ses débauches, etn'espérant plus de pardon d'Alexandre, il avait commencéà chercher au dehors un abri contre sa colère ;et voyant la puissance assez grande encore des Athéniens,leur influence sur le reste de la Grèce, surtoutla haine qu'ils nourrissaient en secret contre la Macédoine? il avait cultivé soigneusement leur amitié. Aussifaisait-il espérer à ses soldais, qu'au premier bruit deson arrivée, et à la vue des troupes et de l'argent qu'ilamenait avec lui, les Athéniens s'associeraient sur-le*champ à ses projets et à ses armes. 11 se flattait en effetqu'auprès d'un peuple imprudent et léger, avec l'aidede quelques âmes perverses que l'avarice rendait vénales,For lui ferait tout obtenir.IL II fait donc voiles vers Sunium avec trente vaisseaux: c'est un pro<strong>mont</strong>oire de l'Attique, d'où il comptaitgagner le port même d'Athènes. Le roi, à cettenouvelle, également irrité contre Harpalus et les Athéniens,équipe une flotte, pour marcher aussitôt contrela ville rebelle. Pendant qu'il agite en secret ce dessein rdes lettres lui sont remises: elles lui annonçaient qu'Harpalusétait, il est vrai, entré dans Athènes, où il avait


364 Q. CURTII RUF1 LIE. X.cunia conciliasse sibi prittcïpum animos; mox concilieplebis habito jussum urbe excedere f ad graecos militesperveoisse f a quibus interceptum, et, Thimbrone quodamauctore, iotereroptum-per ïnsidias. His laetos inEuropam trajieïeodi coosilium omisit: sed essuies f pra»ter eos qui civili sanguine aspersï erant ? recipi ab omnibusGraecorum civitatibus, queis pulsi eraot, jossitEt Graeci, haud ausï imperium aspernari, quanquamsolvendarum legum ïd principium esse censebant , boasquoque, quae exstarent', restituere damnatis. Soli Albenïensesf non su* modo, sed etiam publie* vindsces libertatis,colluvioeem hominum, quia aegre ferebaet, nonregio imperio, sed legibus moribusque patriis régi assueti,prohibuere fiiiibus, omnia potius toleraturï, quampurgamenta quondam urbis suae, tune etiam exsilii, ad-»mitterent.Alexander f seoioribus mîlitum in patriam remissis ftredecim tnillia peditum, et <strong>du</strong>o millia equitum $ quae inAsia retineret, eligi jussit, existimans, modico exercitucontinere posse Asiam, quia pluribus locis praesidia disposuisset;nuperque conditas urbes, quas colonis replesset,res renovare eupientibus obstare. Ceterum f priusquam secerneret quos erat rctenturus, edixit, ut omoesmilites aes alienum profiterentur. Grave plerisque essecompererat; et quanquam ipsorum luxu contractum


QUtNTE-CUECE f LIV. X. 365gagné, à force d'argent, les principaux citoyens; maisque bientôt le peuple assemblé lui avait commandé desortir de la ville ; qu'il s'était alors retiré vers les soldatsgrecs, qui l'avaient m arrêté7, et, d'après le conseil d'uncertain Tliimbron, l'avaient assassiné. Joyeux de cesnouvelles, Alexandre renonça au projet de passer enEurope; mais il ordonna que les exilés des villes grecques, à la réserve de ceux qui étaient souillés <strong>du</strong> sangde leurs concitoyens, fussent tous reçus dans leur pa.trie. Les Grecs n'osèrent pas désobéir à ses commandemees,quoiqu'ils vissent dans cette mesure une premièreatteinte portée à leurs lois ; ils rendirent même aux bannisce qui restait de leurs biens. Les Athéniens seuls,fermes à maintenir avec leur liberté celle de toute laGrèce, repoussèrent loin de leurs frontières ce ramasd'hommes, qui les indignait 8 : ils avaient appris à obéir,non pas aux ordres d'un roi, mais aux lois et aux mœursde leur patrie, et étaient décidés à tout souffrir, plutôtque d'admettre dans leurs murs ce qui en avait été autrefoisle rebut, et ce qui était maintenant la lie mêmede l'exil.Alexandre, décidé à renvoyer ses vieux soldats dansleurs foyers, fit choisir treize mille hommes d'infanterieet deux mille cavaliers, pour les garder avec lui. Ilcomptait, avec cette faible armée, tenir en respectl'Asie, grâce aux garnisons qu'il avait distribuées surdifférens points, en même temps qu'il se reposait surles filles qu'il avait nouvellement fondées et peuplées decolonies, pour s'opposer à toute tentative de révolte.-Cependant, avant de faire choix de ceux qui devaientrester, il exige de chacun de ses soldats un état de leursdettes. 11 savait que la plupart en étaient accablés, et,


366 Q. CUET1I EUFI LIB. X.erat ? dissolvere tamen ipse decreverat Illï tentarî ipsosrati, quo faeilïus ab integris sutnptuosos décernerezprolalando aliquantum extraxerant temporis; et rex salisgnarus, profession! aeris pudorem 9 non eontumaeiamobstare, mensas totis castris ponî jussit , et decem milliatalentorum proferri. Tum demum fide facta professisunt ? oec amplius ex tanta pecunia quam cent uni ettriginta talenta superfuere : adeo ille exercitus , tôt ditissimarumgentium victor, plus tamen vïctoriae, quampraedae deportavit ex Asia.Ceteratm, utcognitum est,alios reonittidomum* aliosretineri , perpetuam eum regni sedem in Âsia habiturumrati 9 ¥ecordes 9 et disciplinas milîtaris ïmmemores , seditiosisvocibus castra comptent, regemque ferocïus quamalias adortï ? omnes simul- missionem postulare cœperuâtf deformia ora cieatricibus, canitiemque capitumosl enfantes» Née aut praefectorum castigatione f aut ¥€recundiarégis deterritï, tumultuoso clamore et militariviolentia ¥olentem loqui inhibebaot, palam professi,imsquam inde , nisi in patriam 9 ¥estïgium esse moturos.Tandem silentio facto f magis quia motum esse credebant,quatn quia ipsi moveri poterant 9 quidnam dicturusesset 9 exspectabant.


QUINTE-CIJRCE, LIV. X. 36 7quoiqu'elles fussent l'effet de leurs désordres f il avaitpourtant résolu de les acquitter. Ceux-ci, s'imaginantque c'était une épreuve pour mieux connaître l'économiedes uns et la folle prodigalité des autres, Etaientdéjà f par des délais étudiés, traîné quelque temps l'affaireen longueur, lorsque le roi, sachant bien quec'était la honte, et non la désobéissance, qui empêchaitcette déclaration, fit dresser des tables dans tout le campet étaler dessus dix mille talens. H n'en fallut pas moinspour qu'ils prissent confiance en ses intentions : ilsavouèrent alors leurs dettes, et cent trente talens furenttout ce qui resta d'une somme si considérable : tant ilest vrai que cette armée, victorieuse des plus riches nations<strong>du</strong> monde, remporta néanmoins de l'Asie plus degloire que de butin !Mais quand ils apprirent que les uns étaient congédiés, les autres retenus, ils se figurèrent alors que le roivoulait fixer à jamais en Asie le siège de son empire;et emportés par un esprit de vertige , ne se souvenantplus de la discipline militaire, ils remplirent le campde leurs clameurs séditieuses. Ils abordent le roi plusaudacieusement que jamais, ils lui demandent tous à lafois leur congé , en lui <strong>mont</strong>rant leurs visages défiguréspar les cicatrices et leurs têtes blanchies. Ni les reprochesde leurs officiers, ni le respect de la personne royale,ne les arrêtent : il veut parler , et ils l'interrompent parleurs cris tumultueux et tous les excès de la violencemilitaire, protestant hautement qu'ils ne partiront <strong>du</strong> lie»où ils sont que pour retourner dans leur patrie. Enfinils firent silence, plutôt parce qu'ils croyaient le roi prèsde céder, que parce qu'ils y étaient disposés eux-mêmes,et ils se tenaient en attente de ce qu'il allait dire.


358 Q. CURTIt EUFI UB. X.Ille : «Quid haec, inquit, repens consternatio, et tamprocax atque efFosa liceotia denunciat? Eloquï timeo:palam certe rupistis imperium ; et precario rex sum, cuinon alloqueudi , non noscendi mooendique, aut iotuendïvos jus reliquistis. Equidem quum alios dimittere inpatriam, alios mecum paulo post deportare statuerim,tajp illos acclamantes video , qui abituri sunt 9 quam hos,cuei quibus praemissos subsequi statui. Quid hoc est rei?dispari in causa idem omnium clamor est! Pervelimscire, utrum, qui disce<strong>du</strong>nt, an qui retinentur, de mequerantur. »Crederes, uno ore omnes sustulisse clamorem; itapariter ex tola concione responsum est, omnes queri.Tum ille : « Non hercule f inquit, potest fieri, utad<strong>du</strong>car qucrendi simul omnibus hanc causam esse,quam ostenditis; in qua major pars eiercitus non est 9ut pote quum plures dimiserim, quam retenturos sum.Subest nimirum altius malum , quod omnes avertit ame. Quando enim regem universus exercitus deseruit?Ne servi quidem uno grege profugiunt dominos; sedest quidam in illis pudor, a céleris destitutos reiinquendi.« Verum ego, tam furiosae consternationis oblitus, remédiainsanabtlibus conor adhibere. Oranem, hercule,


QUINTE-CU1CE, UV. X; 369ci Que signifient y s'écria-t-tl alors, ce tumulte soudain,cette licence si insolepte et si effrénée ? Je crains de ledire, mais vous avez ouvertement rompu les liens del'obéissance, et je n'ai plus qu'une royauté précaire, moi,à qui vous n'avez laissé le droit ni de vous haranguer,ni de vous reconnaître et de vous reprendre, ni mêmede TOUS regarder. Eh quoi ! lorsque je veux renvoyer le$uns dans leur patrie, et, bientôt après, y ramener avecmoi les autres, j'entends les mêmes clameurs, et de ceuxqui vont partir, et de ceux avec qui je me propose deles suivre ! Qu'est-ce à dire, et pourquoi les mêmes crisavec des motifs si divers ? Je voudrais bien savoir lesquelsse plaignent de moi, ceux qui partent, ou ceux qui doiventrester. »On eût dit que le cri de toute cette armée sortaitd'une seule bouche , tant ils s'accordèrent, d'un bout àl'autre de l'assemblée, à répondre qu'ils se plaignaienttous.« Mon f reprit alors Alexandre, non jamais je ne consenliraià croire que le motif de cette plainte universellesoit celui que vous prétendez, et auquel la plusgrande partie de l'armée est étrangère^ puisque je congédieplus de soldats que je n'en garde. 11 y a, sous cesapparences, il y a quelque mal plus profond qui vouséloigne tous de moi.* Quand vit-on, en effet, une arméetout entière délaisser son roi? Des esclaves mêmes nedésertent pas tous ensemble ; ils ont une sorte de hontede quitter un mpire que les autres abandonnant.« Mais, que dis-je ? oubliant la rage séditieuse qui vouspossède, j'essaie des remèdes contre une maladie incu-111* 24


^7o Q. CUETI1 RUFI MB. X.spem, quam ex vobis conceperam f damoo; nec ut CUîB.militibus meis, jam enim esse destitistis, sed ut cemingratissimls oportet, agere decrevi. Secundis rébus,quae cireumfluunt vos, insanire eœpïstis, obliti statusejus, quem beneficïo exuistis meo; digni, hercule, quiin eodem consenescatis, quoniaro facilius est vobis adversam,quam sectindam regere fortuoam.cr En tandem ! Ulyriorum paulo ante et Persarum tributariisAsia et tôt geotium spolia fastidio sunt. Modosub Philippo seoiioudïs amicula ex purpura sordent;aurum et argeotum oculi ferre non possuot : ligneaenim vasa desiderant f et ex cratibus scuta, rubiginemquegladiorum. Hoc cultu nitentes vos accepi,et quiogentatalenta aeris alieni, quum omnis regia supellexhaud aniplius quam sexaginta lalentorum esset, meoramoperum fundamenta; quibus tamen (absit invidia)imperiummaximae terrarum partis imposui.« Asiaene pertaesum est, quae vos gloria rerum gestarumdiis pares fecit? In Europam ire properatis, regedeserto, quum pluribus vestrum defuturum viaticumfuerit, ni aes alienum luissem; nempe in asiatica praeda.Nec pudet profundo ventre devictarum gentium spoliacircumferentes, reverti vellead liberosconjugesque, quibuspauci praemia Victoria potestis ostendere. Nam cete-


QUINTE-CIMCE S LIV. X. 871rable. Oui, j'en atteste les dieux , toutes les espérancesquej'avais conçues de vous, je les abjure, et j'ai résolude vous traiter, non plus comme mes soldats, car désormaisvous avez cessé de Fêtre , mais comme les plus in- 'gratsdes hommes.'L'excès des.prospériîés qui vous environnentvous a ren<strong>du</strong>s insensés; vous avez oublié l'étald'où vous ont tirés mes bienfaits, et dans lequel vous êtes,certes, bien dignes de vieillir, puisque vous savez mieuxsoutenir la mauvaise que la bonne fortune.«Il est beau de les voir ces Macédoniens, naguèretributaires des Illyriens et des Perses , dédaigner aujourd'huil'Asie et les dépouilles de tant de nations ! Tout-àl'heureà demi nus sous Philippe, ils regardent en méprisdes manteaux de pourpre ; leurs yeux ne peuventsouffrir For et l'argent : sans doute ils regrettent leurvaisselle de bois, leurs'boucliers d'osier , et la rouille deleurs épées ! C'est là pourtant le magnifique équipageoù je vous ai trouvés, et avec cela cinq cents talensde dettes, quand tout le mobilier royal n'en valait pasplus de soixante ; fondemens hasardeux pour des travauxtels que les miens, et sur lesquels cependant, je puis ledire sans orgueil, j'ai assis Fempire de la plus grandepartie de la terre.


3 7 * Q. CURTII RUFI LIB. X,rorum, <strong>du</strong>m etiam spei vestrae obviam istïs ,arma quocjuepignori sunt. Bonis vero militibus carituros sum, pellicumsuariini concubinis : quibos hoc solum ex taotis opibussuperest, nisi in quod impen<strong>du</strong>ntur.« Proinde fugientibus me pateant limites : facessitebine ocius! ego cum Persis abeuntium terga tutabor."Eemmem teneo : libérale oculos meos 9 ingratissimtcives. Laeti vos eicipient parentes liberique sine vestrorege redeuntes! obviam ibunt desertoribus transfugisque!Tritimphabo me hercule de fuga vestra, et, ubicunqueero 9 expetam pœnas f hos 9 cum quitus me relinquitisf coleedo praeferendoque vobis. Jatn autem scietis Tet quantum sine rege valeat exercilus^ et quid opis iome uno sit. » Desiluit deiode frendens de tribunali, etin médium armatorum agmen se immisit ; notatos quoque,qui ferocïssiine obloculi erant f singulos manucorripuit : nec ausos repugnare tredecim asservandoscustodibus corporis tradidit.111. Quis crederet, saevam paulo ante concioneni obtorpuissesubito raetu , et quum ad supplicium widereltrahi nihil ausos graviora quam ceteros, tam efFusamantea licenliam ? atque seditiosam mil i tu m violeotiamita compressam, ut non modo nulles ex omnibus irruentirégi restiterit ? verum etiam cuncti pavore exànimati,


QUDfTE-CURCE, UV.X. 3 7 3pourront <strong>mont</strong>rer les fruits de leurs victoires ! Car lesautres, devançant l'accomplissement de leurs vœux, sontallés jusqu'à engager leurs armes. Oh! les braves soldatsque je vais perdre , dont la vie se passe dans le lit deleurs concubines, et qui n'ont gardé de tant de richessesque les vils objets auxquels elles ont été prodiguées îO !ce Fuyez donc, et que les chemins s'ouvrent librementdevant vous : partez au plus vite. Moi-même, avec lesPerses, je protégerai votre retraite. Je ne retiens personne: délivrez mes yeux de votre présence, sujets ingratsque vous êtes ! Avec quelle joie vous accueilleront vosparens et vos enfans, quand ils vous verront revenir sansvotre roi ! comme ils accourront pour embrasser destransfuges et des traîtres ! Je triompherai , n'en doutezpas, de votre fuite, et partout où je serai, je saurai vousen punir, en comblant de faveur et en vous préférantceux avec qui vous me laissez. Vous apprendrez alorsce que c'est qu'une armée sans son roi, et tout ce que*aut ma seule personne. » Il s'élança ensuite, frémissantde rage, a bas de son tribunal, et entra au milieudes rangs de cette multitude armée : il avait remarquéceux qui s'étaient exprimés avec le plus d'insolence, et,de sa main, il les saisit les uns après les autres. Aucun«osa résister, et il en remit ainsi treize aux mains deses gardes.III. Qui croirait que cette multitude, un peu auparavantsi furieuse, demeura tout à coup immobile d'effroi,et qu'en voyant traîner au supplice quelques hommes,qui n'étaient pas plus coupables que les autres, [ lf touteleur licence désordonnée, toute leur violence séditieusefut en un instant apaisée? Pas un n'avait fait de résistance,quand le roi s'était jeté au milieu d'eux ; et on


1i374 Q. CURTII RUFI LIB. X.atloiiitis simïles , quid de ipsis quoque statuen<strong>du</strong>m cesseret,suspensa mente e^spectarent. Itaque si¥e oomiais,quod gentes quœ sub regibus suiît f ioter deos colttnt 9sive propria ipsius veneratio, sive fî<strong>du</strong>cia tanta vi exercentisimperium cooterruit eos, siogolare certe edideruntpatientiae exemplum : adeoque non sunl accensisupplicio commilitonum » quum sub noctem ioterfeciosesse nossent , ut nihil omiserint, quod singuli magïsobedienler ac pie facereoL Nam quum postero die prohibitiadïlu venïssent 9 asiaticis modo militibus admissis,lugubrem totis castris edidere clamorem f denuuciantesse protinus esse morituros, si rex perse^eraret irasci.At ille, pervicacis ad omnia, quae agitasset, aniini,peregriiiorùm militum eoectonem advocari jubet, Maeedouibusititra castra cohibitis ; et quum fréquentescoisseot, adhibito interprète, talem oralionem habuit :«c Quum ei Europe trajicerem in Asiara, multas nobilesgentes , magnara vim homïnum imperio meo meadditurum esse sperabam. Nec deceptus sum, quod debis credidi famae. Sed ad illa hoc quoque accessit, quodvideo fortes viros , erga reges suos pietatis invictae. Luxuomnia fluere credideranij et nimia felicitate mergi io¥oluptates : at, hercule, munia militiœ hoc animorumcorporumqtic robore «que impigre toleratis; et,qoum


QUINTE-CURCE, LIV. X. 3 7 5ks vit, au contraire, à demi morts de frayeur et commefrappés de la foudre, attendre tous en silence ce qu'illoi plairait d'ordonner d'eux à leur tour. ] Soit respect<strong>du</strong> nom royal, aussi sacré que celui des dieux pour lespeuples des monarchies , soit vénération particulièrepour Alexandre, soit crainte enfin de l'assurance aveclaquelle il venait d'exercer son vigoureux commandement,ce qui est certain, c'est qu'ils donnèrent un singulierexemple de patience. Non - seulement ils ne serévoltèrent pas en apprenant le supplice de leurs compagnonsmis à mort à l'entrée de la nuit, mais ce fut entreeux un combat empressé de soumission et d'attachement.Lorsqu'en effet, le lendemain, s'étant présentés au quartier<strong>du</strong> roi, ils en furent repoussés, et qu'ils y virentadmis les seuls Asiatiques, ils remplirent le camp deleurs cris de douleur, et déclarèrent qu'ils n'avaient plusqu'à mourir, si le roi persistait dans sa colère. Mais lui,inflexible dans ses résolutions, fit convoquer les troupesétrangères, sans permettre aux Macédoniens de sortirde leur camp, et lorsqu'elles se furent rassemblées eugrand nombre, il leur parla ainsi, avec l'aide d'un interprète:« Lorsque je passai d'Europe en Asie, je me promettaisd'ajouter un grand nombre de nations fameuses etdes millions d'hommes à mon empire. Et je n'ai pointété trompé, en croyant sur ce point la renommée. Unautre avantage est venu s'y joindre; c'est que j'ai trouvédes hommes courageux et d'un attachement inviolableenvers leurs rois. Je m'étais figuré que tout nageait dansle luxe, et que l'excès de la prospérité plongeait lesâmes au sein des délices. Mais, les dieux m'en sont témoins!vous savez supporter avec une égale vigueur


3?ô Q. CUETII RUFI UB, X.fortes viri situ, non fortitudinem magis quam idemcolitis. Hoc ego nunc primutti profiteor, sed olim scio.Itaque et delectum e vobis juniorum habui; et vos meoruonmilîtum corpori iramiscui. Idem habitas, eademarma suai vobis : obsequium vero et patientia imperiïlonge prœstantior est, quam ceteris. Ergo ipse OxathrisPersae filiam mecum in matrimonio junxi, non dedigtiatus&L captiva liberos loi 1ère. Mox deinde, quiim slirpemgenerïs mei latius propagare cuperem f uxoremDarii filiam <strong>du</strong>xi f proximisque amicorum auctor fui 9 eicaplivis generandi liberos, ut hoc sacro foedere omnedïscrimen victi et victoris excludefem, Proinde genitosesse vos niihi, non adscitos milites , crédite. Àsiae et Europaeunum atque idem regnum est. Macedonum vobisarma do. Jnveteravi peregrinam novitatem ; et cives meiestis, et milites : orania eumdem <strong>du</strong>cunt colorem. NecPersisMacedonum morem a<strong>du</strong>mbrare, nec MacedonibusPersas imitari indecorum est. Ejusdem juris essedebeot,qui sub eodem rege victuri sont. »Hac oratione habita , Persis fcorporis sui custodiamcredidit ; Persas satellites, Persas apparitores fecit. Perquos y quum Macedones y qui huic seditioni occasionemdédissent , vincti ad supplicia traherentur , unum ex fis


QUINTE-CURCE, LIT. X. 377d'âme et de corps les travaux de la guerre , et tout bravessoldats que vous êtes y vous ne tenez pas plus à honneurle courage que la fidélité. C'est aujourd'hui pour lapremière fois que je vous rends tout haut ce témoignage :mais il y a long-temps que je le sais. Aussi ai - je prisparmi vous l'élite de la jeunesse Ia , et Fai-je incorporéedans mon armée. Vous portez le même vêtement, lesmêmes armes; et, bien mieux que les autres, vous savezobéir et respecter le commandement. Moi-même, vousm'avez vu prendre pour épouse la fille <strong>du</strong> Perse Osathrès,et ne pas dédaigner d'avoir des enfans d'une captive.Bientôt, jaloux d'enrichir ma maison d'une postéritéplus nombreuse, je me suis uni en mariage à lafille de Darius ,3 ; et j'ai conseillé aux plus cbers de mesamis de contracter avec des captives de semblables alliances,pour effacer, par ce lien sacré, les distinctionsde vainqueurs et de vaincus. Croyez donc que vous êtespour moi des soldats de naissance et non pas d'adoption.L'Asie et l'Europe ne forment qu'un seul et même royaume.Je vous donne les armes des Macédoniens. A ce qui étaitétranger et nouveau, j'ai conféré l'ancienneté : vousêtes mes concitoyens et mes soldats ; tout a pris désormaisla même couleur. Il n'y a de honte ni aux Persesde repro<strong>du</strong>ire les usages des Macédoniens , ni auxMacédoniens d'imiter les Perses. La loi doit être lamême pour des peuples destinés à vivre sous le mêmeroi. »** [Ayant achevé ce discours, il confia aux Perses lagarde de sa personne, fit des Perses ses satellites, desPerses les porteurs de ses ordres, et ce fut par leursmains que les Macédoniens furent con<strong>du</strong>its enchaînés^a supplice. On dit qu'alors un de ces malheureux, que


a 7 8 Q. CURTII aun UB. X.auctoritate et aetate gravem, ad regem ita locutum feront':IV. « Quousque, inquit, anïmo tuo etiam per supplicia, et quidem externi moris f obsequeris? Milite*toi, cives tui, incognîta causa, captivis suis <strong>du</strong>ceoiibus,trahuntur ad pœnam? Si inortem meruisse judicas,saltem ministres supplicii muta. » Àraico animo, si veripatïens fuisse! f admonebatur ; sed in rabiem ira pertenerat.Itaque rursus (nam parumper, quibus imperatunterat, <strong>du</strong>bitaverunt) mergi in amnem f sicut vincti erant tjussitNec hoc quidem supplicium seditionem milïtum nM»~vit Naraque copiarum <strong>du</strong>ces atque amicos ejus manipuliadeunt , petentes , ut, si quos adimc pristioa noiajudicaret esse contactes, juberet interfici : offerre se corporairae; trucidaret. Tandem prae dolore Yix mentiscompotes universi concurrunt ad regiam , armisque an tefores projectis, tunicati adstantes, nuda et obnoxia pœeiscorpora admitti ientes orabant; non se deprecari, quiosuppliciis sootium expiarentur, quae per contumaciaoideliquissent : régis iracuodiam sibi morte tristiorem esse.Quumque f dies noctesque an te regiam-persistentes, miserabiliclamore habiluque pœnitentiam suam approbarent,bi<strong>du</strong>um tamen adversus humillimas suorum precesiracundia régis <strong>du</strong>ravit. Tertio die, victus constantia


QUIOTE-CURGE, LIV. X. 379sou âge et son autorité rendaient respectable, s'adressaau roi en ces termes ] :IV, « Jusques à quand , lui dit-il, te satisferas-tu pardes supplices, et par des supplices empruntés aux mœursétrangères ? Tes soldats, tes concitoyens, sans jugement,et sous l'escorte de leurs propres prisonniers, sont traînésà la mort * Si tu crois qu'ils l'ont méritée, choisis au moinsd'autres exécuteurs de ta justice. » L'avis partait d'unebouche amie, si Alexandre eût été capable d'entendre lavérité; mais sa colère avait fait place à la rage. If aperçutun mouvement d'hésitation dans ceux qu'il avait chargésde ses ordres, et il leur réitéra le commandementde jeter les malheureux, enchaînés, comme ils étaient,dans le fleuve.Cette rigueur même n'excita pas de sédition parmiles soldats. Ils se rendirent, au contraire, par bandesséparées, auprès de leurs généraux et des amis <strong>du</strong> roi,leur demandant que,ce si le roi trouvait encore parmieux d'anciens coupables, il ordonnât leur supplice. Ilsoffraient leurs têtes à son courroux : il n'avait qu'à frapperf5 . s [ Enfin, égarés par la douleur, ils accourent tousensemble autour de la demeure royale, ils jettent leursarmes devant la porte, et, debout avec leurs simples tuniques,demandent en pleurant qu'on les admette, nuscomme ils sont, et prêts à subir toute espèce de châtiment,ce Fallait-il qu'ils expiassent par les supplices réservésaux criminels les torts de leur désobéissance ; ilsy consentaient : la colère <strong>du</strong> roi les affligeait plus quela mort même. » Mais ce fut en vain qu'ils restèrentjour et nuit devant le palais, et témoignèrent leur repentirpar leurs cris douloureux et leur attitude suppliante;la colère d'Alexandre tint deux jours contre


38o Q. CU1T1I RUFI LIB. X.supplicutn, processit : incusataque leniter exercilus iraoiodestia,non sine multis utrinque Jacrymis, in gratiamsecum ipsis redire professas est,Digna tamen res visa est, quae majoribus hostiisexpîaretiir. Itaque, sacrifîcio magnifiée perpetrato s Macedooumsimol Persarunique primores invitavit ad epulas.Novem millia eo convivio cxeepisse, proditum estmemoriae, eosque omnes invitante rege ex eodem cratèrelibavisse ? graecis barbarisque vatibus tum alia fausiavota praeeuntibus, tum imprïinis ut ea utriusque ïmperiiin idem corpus coalita societas perpétua foret.Maturata deinde est missio, et iofirmissimus quisqueexauctorati ; amicorum quoque seniorum quibusdamcommeatum dédit, ex queis Clitus cognomento Albus,Gorgiasque, et Polydamas, et Antigènes fuere. Abeuotibusnon modo praeteriti temporis stipendia cum fidepersolvit, verum etiam talentum adjecit in sïngulosmilites, viatici nomme. Filios ex asiaticis uxoribus sosceptos(ad decem millia fuisse traditur) apud se relinquijussit f ne, in Macedoniam cum parentibus tranagressi, etcoojugibus liberisqueprioribus permixti, familias singulorumcontentionibus et discordiis iiiipîerenl , sibi curafore pollicitus, ut, patrîo more instituti, inilitiœ artes


QU1NTE-CUECE, L1V. X. 381leurs plus humbles instances. Le troisième enfin, vaincupar la persévérance de leurs prières, il parut devant eux,et après s'être plaint doucement des désordres de l'armée,non sans beaucoup de larmes répan<strong>du</strong>es de partet d'autre, il leur déclara qu'il leur rendait ses bonnesgrâces.Cependant on crut qu'un semblable événement réclamaitde plus solennelles expiations. Un pompeux sacrificefut offert aux dieux, après lequel le roi réunit en unfestin les premiers d'entre les Perses et les Macédoniens.On a rapporté que neuf mille convives y furent réunis,et que tous, sur l'invitation <strong>du</strong> roi, portèrent leurs lèvresà la même coupe, tandis que les devins grecs et barbares,entre autres heureux souhaits dont ils dictaient la formule,exprimaient surtout le vœu que celte union desdeux empires en un même corps fût éternelle.Ensuite fut pressée l'expédition des congés, et tout cequi était hors d'état de servir fut licencié. Alexandrepermit aussi à quelques vieillards, qu'il comptait parmises amis, de se retirer; Clitus, surnommé te Blanc , Gorgiasf Polydamas, Antigènes, étaient <strong>du</strong> nombre. Il ne secontenta pas, à leur départ, de leur payer exactementleursolde, il y ajouta encore un talent, comme indemnitéde route, pour chaque soldat. Quant aux enfans qu'ilsavaient eus des femmes asiatiques, et dont le nombre<strong>mont</strong>ait, dit-on , à dix mille, il ordonna qu'on les luilaissât. Il craignait qu'en passant en Macédoine avecleurs pères, et se mêlant aux premières femmes et auxautres enfans, ces nouveau-venus ne portassent le troubleet le désordre dans chaque famille. Il s'engageait à lesfaire élever selon la discipline macédonienne, et à lesformer aux exercices militaires. Ainsi furent congédiés


18a Q. CURTII RUFI LU. X.edocereritur. Ita supra decem Teteranorummilita dimissasuât; addilusque est Craterus, qui eos de<strong>du</strong>ceret, exprœcipuis régis amieis. Isti siquid humanitus contigisset fPolyperchonti parère jussi sunt. Litteris etiamad Ântipatrumscrïptis, honorem emeritis haberi praecepit, ut quotiesludi atque certamina ederentur, in primis ordiniboscoronati spectarent; utque fato functorom liberi f etiaraimpubères, in palerna stipendia succédèrent.CraterumMacedoniaecontinentibusqueregionibuscuioimperio praeesse placuit ; Antipatrum cum supplementojuniorum Macedonum ad regem pergere : ¥erebaturenim ne per discordiam praefecli cum Olympiade gravisaliqua clades acciperetur. Nain multas ad Aleiandrumepistolas mater, multas Ântipater miserat; ¥icissimquealter alterum arroganter et acerbe pleraque facere criminabantur9 quie ad dedecus aut detrimentutn régisniajestatis pertinerent. Poslquam enim rumor occbi régistemere vulgatus in Macedoniam penetravisset, materejus sororque Cleopatra tumultuatae fuerant ; et haec quidempaternum regnum, Olympias Epirum invaserat.Forte <strong>du</strong>m ejusmodï litterae red<strong>du</strong>ntur, Hephaestion fassuetus omnium arcanorum se participerai haberi, resignatasab Alexandro simul inspiciebat. Neque vetuiteum rex; sed detractum digito annulum ori legeotisadmovit f nihil eorum ? quœ perscripta essent. in alios


QUÏOTE-CURCE, LIV. X. 383plus de dix mille vétérans, et Cratère, un des plus chersamis <strong>du</strong> roi, fut chargé de les con<strong>du</strong>ire. Si quelque malheurlui arrivait, ils devaient obéir à Polyperchon. Ilécrivit aussi à Antipater de traiter ces vieux soldats avechonneur. Chaque fois qu'étaient célébrés des jeux et descombats d'athlètes, Us y devaient siéger aux premiersrang, avec des couronnes sur la tête ; et après leur mort,leurs enfans, même en bas âge, devaient succéder à lasolde paternelle.Il décida que le commandement de la Macédoine etdes contrées qui en dépendaient passerait aux mains deCratère, et qu'Antipater viendrait le trouver avec unrenfort de jeunes Macédoniens. 11 craignait en effet quela mésintelligence de ce gouverneur avec Olympias n'entraînâtquelque conséquence désastreuse. Sa mère loiavait sou¥ent écrit, et souvent aussi Antipater; ilsse reprochaient Fun à l'autre une foule d'actes de despotismeet de violence, contraires à l'honneur et auxintérêts de la majesté royale. Lorsque le bruit faussementrépan<strong>du</strong> de la mort d'Alexandre avait pénétré enMacédoine, sa mère, ainsi que sa sceur Cléopâtre, avaientexcité des troubles ; celle-ci s'était emparée <strong>du</strong> royaumede ses aïeux, et Olympias de l'Épire. Un jour qu'Alexandrevenait de recevoir et d'ouvrir une de ces fâcheuseslettres, Héphestion, accoutumé à partager tousses secrets, y jeta les yeux avec lui. Le roi ne l'en empêchapas; mais, tirant son anneau de son doigt 9 il lui enmit le sceau sur la bouche pendant qu'il lisait, pour luifaire entendre qu'il ne devait rien communiquer à personnede ce que cette lettre renfermait On dit, au reste,qu'il se plaignait également et d'Olympias et d'Aotipa-


38/» Q. CORTII RtJFI LIB. X.efferen<strong>du</strong>m signifîeaos. Incusasse autem ainbos fertur 7et matris iiisolentia permotum exclamasse, eam proliabitatione decem meosium, quam in utero sibi pra^buisset, gravem mercedem exigere : Antipatrum vfrosuspectum liabuisse 9 quasi parta ex Spartanis Victoriatollentem aeimos, et imperio tôt jam in annos prorogatosupra praefecti mo<strong>du</strong>m elatum. Itaque quura ejusgravitas atque iotegritas a quibusdam praedicaretur,subjccit, extcrius quidem album videri; sed si penïtissinlrospiciatur, totum esse purpureum* Pressit tamensuspicionem suam, neque ullum manifestius abalienatiantmi indicium praetulit. Credidere tamen pleriqee,Antipatrum evocarise supplice causa ratum f impiismacliinationibusf réglée mortis, quœ paulo post secuta est ,auctorem exstitisse.loterearexj ut imminutiexercitus detrimenta sarciret foplimoiiî quemque Persarum ïti inacedonicos ordinesallegit : mille etiam prœstantissimos segregavit ad propioremsui corporïs custodiam : aliam hastatorum manum,haud pauciores decem millibus, circa regium tabernaculumexeubias agere jussit. Haec agenti Peucestessupervenil cum viginti sagittariorum funditorumquemillibus t quos ex sua proviocia coegerat. His per exercitumdistributis, profeetus est Susis, Tigrique amnetransmisso, apud Carrhas castra metatus est : inde qua-


QU1NTE-CUBCE, LIV. X. 3851er. Irrité des prétentions hautaines de sa mère 9 il s'écriaqu'elle lui faisait payer bien cher le séjour de disemois qu'elle lui avait prêté dans son sein. Pour Antipater,il le voyait avec ombrage, persuadé que sa victoiresur les Spartiates lui avait enflé le cœur, et quç son commandement,continué depuis tant d'années, lui avait faitconcevoir des pensées au dessus de celles d'un lieutenant,aussi , entendant louer un jour son caractère solide etintègre, Alexandre répliquace qu'il paraissait, il est vrai fblanc au dehors, mais qu'en le regardant bien au dedans,on le trouverait tout rouge. » 11 sut cependant cacherses soupçons f et ne laissa percer aucune marque de mécontentementcontre lui. On a cru f toutefois, qu'Antipater,s'imaginant qu'on ne le faisait venir que pour leperdre, causa par ses trames impies la mort <strong>du</strong> roi, survenuepeu de temps après.Cependant le roi, pour remplir les rangs éclaircis deson armée, incorpora aux troupes macédoniennes toutce qu'il y avait de meilleurs soldats parmi les Perses. Ilen réserva même mille des plus distingués pour faire leservice auprès de sa personne : une autre troupe de piquiers,dont le nombre s'élevait à dix mille, fut chargéede <strong>mont</strong>er la garde autour de la tente royale. Tandis queces soins l'occupaient, Peuceste vint le trouver avec vingtmille hommes, archers et frondeurs, qu'il avait levésdans sa province. Après les avoir distribués dans son armée,Alexandre quitta Suse, et, ayant passé le Tigre,alla camper près de Carrhes : de là, con<strong>du</strong>isant ses troupesà travers la Sittacène, il arriva au bout de quatrem. a5


386 Q. CUET1I ftUPI LIB. X.Sri<strong>du</strong>o per Sittacenen <strong>du</strong>ctis copiis, Sambana processif;ubi per seplem dies quietum agmen tenuit. Tricluideinde itinere emenso, Celooas perveotum est. Oppi<strong>du</strong>mboc tenent Bœotia profecii, quos Xenes sedibus suisexcitos in Orientem transtulit; servabantque argumen-Itim origiiiis peculiari sermone, ex Graecis plerumquevocibus constante; ceteraœ ob commercîorttiii aecessitatemfinittmoruin barbarorutn lingua utebantur. IadeBagistamen ingressusest, regionem opulentam, et abundantemarborum amœno et fecundo fœlu, ceterisque advit» non nsum modo , ¥ernm etiam debcUlionem pertinentibus.Gravis inter haec Eumeni cum Hephaestione simuitasinciderat. Nam servos Eumenis diversorio, quod proliero sno anteceperant 9 Hephaestio proturbavit, ut Eviustibicen eo reciperetur ; neque diu post f quum jam sopitaodia viderentur»'nova txorta contentiono adeo recru<strong>du</strong>erunt,ut etiam in atron jurgium, et acerba utrinqueconvicia prorumperent. Sed Alexandri interventu imperioqueinimicitiae saltem in speciem abolit» sunl :quum ilte quidam Hephœsiioni etiam mioatus esset , qui yin iagrantissitna régis gratiâ positus f quanquam eupi<strong>du</strong>mreconciliationis , Eumenem pertinacius aversabatur.Ptrventum deinde est in Mediae campos, ubi maiima


QUINTE-CURCE, LIV. X. 387jours à Sambane : il s'y reposa sept journées 9 puis serendit en trois marches à Célones. Cette ville était habitéepar des Grecs partis de la Béotie, que Xerxès avaitenlevés à leurs demeures natales pour les transporter enOrient. La preuve de leur origine se conservait dans unelangue qui leur était particulière, et qui se composaitpresque toute de mots grecs ; <strong>du</strong> reste, la nécessité <strong>du</strong>commerce les obligeait d'employer l'idiome des Barbaresleurs voisins. On entra ensuite dans la Bagistame, contréeopulente , où des arbres sans nombre étalaient lecharme de leur ombrage et la richesse de leurs fruits ,et où se trouvait en abondance tout ce qui sert aux besoinset même à l'agrément de la vie.Yers ce temps, une grave inimitié s'était déclaréeentre Eumèneet Héplieslion. Les esclaves d'Eumène ayantretenu d'avance un logement pour leur maître, Héphestionles en avait chassés pour y établir le joueur de EûteEvius; et peu après, lorsque déjà leurs haines semblaientassoupies, une nouvelle contestation les ranima tellement!qu'ils s'emportèrent à une violente querelle et à despropos injurieux de part et d'autre* Mais l'interventionet les ordres d'Alexandre firent cesser , <strong>du</strong> moins en apparence,leurs inimitiés : il alla jusqu'à menacer Héphestion,qui, placé auprès de lui dans la plus haute faveur,s'obstinait à garder contre Êumène, quoiqu'il ne demandâtqu'à se réconcilier, un ressentiment implacable.On arriva alors dans les plaines de la Médie, où paisa5.


388 Q. CURTII EUFI L1B. X.equôrum ariiienla pascebantur. Nisaeos appellant, magniludincet specie insignes. Supra quinquaginta milliaibi reperta, quum Âlexander ea trausiret, a comitibusillius adnotatum est, olim triplo plures fuisse; sed interbellorum turbas maximam earum partem pragdooes abegisse.Ad triginta dies ibi substitit rex. Eo Atropates fMediae satrapa y CCHIUBI barbaras niulieres ad<strong>du</strong>xit $ eqiiitandiperitas 9 peltisque et securibus armâtes : unde quidamcrediderunt Amazooum ex gente reliquias fuisse.Septimis deinde caslris Ecbatana altigit, Mediae capot'Ibi solemnia dits sacrificia fecit; ludosque edidit, et inconvivia festosque dies laxavit animum 9 ut inox in no-¥orum operum curam atque minîsteria validior intenderetur.Sed ista volventem velut injecta manu fatum aliotraxit, vitamque carissimo amicorum ejus, neque multopost, ipsi quoque régi extorsit. Pueros in stadia écriantesspectabât, quum uuntiatur deficere Hephaeslionemf qui, morbo ex crapula contracto, septimum jamdiem decumbebat. Exterritus amici periculo, statim coosurgit,et ad hospitiura illius celeriier pergit : nequetamen prius eo pervenit, quam illum mors occupasse!.Id régi omnium, quae in vîta pertulerat, adversoromliicluosissimuin accidisse cerlum habetur : eumque inagnitudinedoloris in.lacrymas et lamenta victum f multa


QU1NTE-CURCE, LIV. X. 3%saieot de grands troupeaux de chevaux. On les appelleJVùêêFis : ils sont d'une taille et d'une beauté remarquables.Leur nombre excédait cinquante mille, au moment<strong>du</strong> passage d'Alexandre : ses compagnons observèrentqu'il était jadis trois fois plus considérable; maisqu'à la faveur des désordres de la guerre, des brigandsen avaieot enlevé la plus grande partie. Le roi s'arrêtaenviron trente journées en cet endroit. Ce fut là qu'Atropate,satrape de Médie, lui amena cent femmes barbares,habiles à manier leurs coursiers et armées de bouclierset de haches : ce qui a fait croire que c'était unreste de la nation des Amazones, Après sept journées demarche, le roi atteignit ensuite Ecbatane, capitale de laMédie. II y offrit aux dieux des sacrifices solennels, ycélébra des jeux, et chercha un délassement au milieudes festins et des fêtes, pour apporter bientôt plus devigueur aux entreprises nouvelles qui occupaient sapensée.Mais au milieu de ces projets, le destin vint commejeter sur lui la main, et l'entraînera d'autres soins : il luienleva le plus cher de ses amis, et bientôt le frappa luimême.Alexandre assistait à un combat de jeunes gensqui se disputaient le prix de la course, lorsqu'on lui annoncequ'Héphestion, depuis sept jours malade d'un excèsde table, est à l'agonie. Effrayé <strong>du</strong> danger de sonami, il se lève aussitôt, et court, en toute hâte, à sonlogement : mais il n'y put arriver avant que la mort Peutatteint. De toutes les adversités qu'Alexandre eut à souffrirdans le cours de sa vie, celle-là fut, dit-on, pour luila plus douloureuse : l'excès de son affliction l'abattitjusqu'aux larmes et aux cris <strong>du</strong> désespoir, et il donnaplus d'une preuve d'un esprit déchu de lui-même. Mais,


%© Q. CUETI1 RtJFl L1B. X.autrui de gra<strong>du</strong> dejectl argumenta edidisse. Sed ea quidemvarie tra<strong>du</strong>ntur : illud inter omnes constat, ut qoamdecentissimas exsequias ei doceret, non voloisse Ecbatanissepeliri; sed Babylonem, quo ipse concessurtiserat f a Perdicca deferrï corasse : ibique fueus inaudltoaotehac exemplo <strong>du</strong>odecim talentum millibus locavisse.Per uni¥ersum certe imperium lugeri eum jussit : et nememoria ejus in'exercitu exolesceret, equttibu* qucispraefuerat, nullum praefecït <strong>du</strong>cem, sed Hepbaestionisaîain appellari voluit, et quae ille signa îiisfifuissei ^ eanon immntari. Funebria certamina lodosque, qualesnunqnam editi fuissent, meditatus, tria artificum milliacoegit : qui non multo post in ipsius exsequiis certasseferuntur. Nec amici tam efïuso afïectu ad concilianclaoiejus gratiam segnitcr usï, certatim repérera per quaememoria defuncti clarïor honoratiorque fieret. IgiturEumenes, quum se ob simultatem cum Hephaestioncregii indignationem incurrisse sensisset, multis auctorfuit , seque et arma sua Hephaestbni consecrandi; pecuniasquead cohonestan<strong>du</strong>m funus large contulit. Hocexemplum imitati sunt ceteri; eaque moi processit assentationumtmpudentia , ut régi mœrore et desideriodefuncti insanienti persuasum tandem fuerit , deum esseHephaestionem. Quo quidem tempore ex copiaruni <strong>du</strong>ribusAgathocles Samius ad extrcmum periculi venit 9


QUINTE-CURCE, L1V. X.on ne s accorde point sur ce fait : ce qui est certain,c'est que , voulant faire à son ami les plus pompeusesfunérailles, il ne permit pas qu'on l'ensevelît à Ecbatane,mais le fit transporter par Perdiccas à Babylone 9 où ilallait se rendre lui-même ; et que là , par une magnificencejusqu'alors inouïe, on dépensa à ses obsèques douzemille talens. Il ordonna que le deuil en fût porté danstoute l'éten<strong>du</strong>e de son empire ; et pour que sa mémoirene se perdît pas dans l'armée, le corps de cavalerie qu'ilavait commandé ne reçut point d'autre chef : on l'appelal'escadron d'Héphestion, et les enseignes qu'il lui avaitdonnées ne <strong>du</strong>rent jamais être changées. Le roi, qui seproposait en outre d'honorer son ami par des combatset des jeux funèbres, tels qu'on n'en avait jamais vus ,rassembla trois mille hommes destinés à y paraître, etqui bientôt, à ce que l'on rapporte, combattirent à sespropres funérailles. Cependant ses amis, empressés à latter9 pour lui plaire 9 ce sentiment si passionné ? imaginèrentà Fenvi les moyens d'entourer de plus d'éclat etde respect la mémoire <strong>du</strong> mort. Eumène, qui sentait queses inimitiés avec Héphestion lui avaient fait encourir ladisgrâce <strong>du</strong> roi 9 donna l'eiemple à beaucoup de sescompagnons de se consacrer avec leurs armes à Héphestion: il contribua aussi, pour une grosse somme, à lasplendeur de ses obsèques. Les autres l'imitèrent, etbientôt l'a<strong>du</strong>lation en vint à ce point d'effronterie, que,dans l'égarement où la violence de ses regrets avaitjeté le roi 9 on lui persuada qu Héphestion était uo dieu.11 y eut même alors un de ses généraux, Agathocle deSamos 9 qui courut le plus grand danger, parce qu'enpassant devant le tombeau <strong>du</strong> mort, on l'avait vu répandredes larmes. 11 fallut que Perdiccas imaginât de3gf


%a Q. CUETII RUFI L1B. X.quod illius tumulum praetcriens illacrymasse visas essetÂc iiisi Perdiccas venant! sibi Hephastionem apparaisseementitus f per deos omnes, ipsumque Mephaeslionemdejerasset ? ex ipso se cognovisse f Agathoclem non etmortuum, et vanae divioitatis titulïs frustra oraatum flevisse,verum ob memoriam pristie» sodaiitatis lacrymasnon îenuisse; vir fortis et de rege bene méritas, pietatisin amicum graves pœnas innoxio capite pependtsset.Ceterum , ut paulisper a luctu avocaret animum, inCossaeorura gentem expeditionem suscepit. Juga Mediaevicina Cossœi lenent, asperum et acre geousj et pr«-dando vitam tolerare solitum. Ab his Persarum regesannuo tributo pacem redimereconsueverant, oe 5 in subjectadecurrentes ? infestam latrociniis regionem facerent :nam vira tentantes Persas facile repulerant, asperitatelocorum defensi f in quae se recipiebant 9 quoties armsssuperabantur. lidem muneribus quotannis placabantur vut régi Ecbatanis f ubi aestiva solebat agere 9 Babylonemremigranti, tutus per ea loca transi tus esset. Hoc igiturAlexander bipartito agmioe aggressus, intra quadragintadies perdomuit. Nam ab ipso rege, et Ptolemaeo, quipartem exercitus <strong>du</strong>cebat, saepe caesi, ut captivos suosreciperent, permisere se victori. Ille validas urbes opportunisîocis exstrui jussit, ne ab<strong>du</strong>cto exercitu fera gensobedientiam exueret.


QU1NTE-CURCE, LIV. X. 3&dire quHéphestion lui avait apparu à la chasse , et qu'iljurât par tous les dieux, et par Héphestion lui-même,avoir enten<strong>du</strong> de sa propre bouche qu'Agathocle ne l'avaitpoint pleuré comme mort et vainement revêtu destitres d'une divinité mensongère, mais qu'au souvenirde leur ancienne amitié, il n'avait pu retenir ses pleurs.Sans cela, ce vaillant homme, qui avait bien servi leroi, eût payé de sa tête innocente un témoignage d'attachementdonné à son ami.Cependant, pour se distraire un peu de sa douleur,il entreprit une expédition contre la nation des Cosséens.Les Cosséens occupent les <strong>mont</strong>agnes voisines dela Médie. Ce sont des peuples sauvages et belliqueux,accoutumés à vivre de brigandage. Les rois de Persfeen achetaient ordinairement la paix, par un tribut annuel, et préservaient à ce prix la plaine de leurs incursionset de leurs rapines : car ces Barbares avaientrésisté à toutes les attaques des Perses, à l'abri des inaccessiblesretraites où ils se réfugiaient toutes les foisqu'ils étaient vaincus dans quelque combat. Chaque année-aussi on obtenait d'eux par des présens un libre passagepour le roi, qui d'Ecbatane, où il séjournait dansl'été, retournait à Babylone. Alexandre, pour les attaquer,partagea son armée en deux corps, et les ré<strong>du</strong>isitau bout de quarante jours. Battus en effet dans plusieursrencontres et par ce .prince lui-même et par Ptolémée fqui avait une partie de l'armée sous ses ordres, afin derecouvrer leurs prisonniers, ils se mirent à la discrétion<strong>du</strong> vainqueur. Le roi fit bâtir, aux lieux le plus favorablementsitués, des villes fortes pour empêcher cette na«


394 Q. CURTI1 âUFI UB. X.• Motis inde eastris, ut militent expeditione récent ifessum reficeret, lento agmine Babylonem procedebal :jaieque vix trîginta ab urbe stadiis aberat f quum Wearchusoccurrit, quem per Oceanum et Eupbratis ostiaBabylonem praemiserat; orabatque 9 ne fatalem $ibi urbemvellet ingredi; compertum id sibi ex Chaldais f quimultis jam pradictionum eventibns artis su» certitudinemabunde probavisseot Rex fama eorunt hominum»con9tantique asscYeratione motus ? dimissis in urbemamieorum plerisque ? alia ¥Îa praeter Babylonem <strong>du</strong>eît,ac clucentis inde stadiis statîva locat; sed ab ânaxarchopersuasus, conteinptis Chaldœorum monitis, quorumdisciplinant inanem aut supervacuam arbitrabator, urbemintrat.Legationes eo ex uni verso ferme orbe cooffuxerant :quibus per compilires dies stndiose auditis, deinceps adHephaestionis exsequias adjeett animom ; qum summoomnium studio ita célébrât» sunt, ut nullius ad id temposrégis feralia, magnitudine sumptuum, apparatusquecelebritate non vieerint Poit haee eupido iocessit régiper Pallacopam amnem ad Arabum confinia navigandi :quo delatus, urbi condendae commoda sede reperta, Graecoruinœtatc aut vulneribus invalidos ? et si qui sponteremanserant , ibi collocat. Quibus ex sententia perfeetis ?


QU1NTE-CURCE, UV. X. 3 9 5tioo farouche de secouer, après le départ de sou armée,le joug de l'obéissance.Il leva ensuite son camp, et, pour refaire ses soldatsfatigués de leur dernière expédition , il marcha à petitesjournées vers Babylone. Il n'en était plus qu'à trentestades, lorsque Héarque s'avança à sa rencontre : c'étaitlui qu'il avait chargé de le devancer à Babylone, parl'Océan et les bouches de FEuphrate ; et il venait alorsle prier de ne point entrer dans une ville qui lui seraitfatale : cette assurance, disait-il, lui avait été donnéepar des Chaldéens dont les prédictions, vérifiées en grandnombre par l'événement, prouvaient assez la certitudede leur art Le roi, ébranlé par la réputation de cesdevins et les instances de Néarque, laissa la plupart deses amis dans la ville; et, faisant suivre à ses troupes uneautre route, il dépassa Babylone et alla camper à deuxcents stades. Mais bientôt, à la persuasion d'Ânaiarque yil dédaigna les avertissemens des Chaldéens, dont il regardaitla science comme une oiseuse frivolité, et entralui-même dans la ville.Des ambassadeurs s'y étaient rassemblés de presquetoutes les parties de l'univers. Alexandre, après avoir,pendant plusieurs jours , donné tous ses soins à les entendre,s'occupa ensuite des funérailles d'Héphestion, ettout le monde apporta à leur célébration un zèle si empressé,que jamais celles d'aucun monarque ne les égalèrentpar la grandeur de la dépense, ou la pompe dessolennités. L'envie prit alors au roi de se rendre f par lefleuve Pallacope, sur les frontières de l'Arabie; et quandil y fut arrivé, ayant trouvé un emplacement favorablepour fonder une ville , il y établit ceux des soldats grecsque l'âge ou leurs blessures rendaient incapables de ser*


3Q6 Q. CUBTil RUF! LIB. X.jam fûturi secorus, Chaldaeos irridebat, quod Babylonem11011 ingressus tantuni esset îiicoltiniis ? ver oui etiamexcessisset. Enimvero revertenti per paludes, quas Euphratesin Pallacopam effusus efficit, fœ<strong>du</strong>m omen oblatum est ; quippe rami desuper imprudentes detractumcapiliregio diadema projeceruntinfluctus. Quum deiadealia super alia prodigiosa et minacia nuntiarentur, procurandisiis grœco simul barbaroque ritu continua sacrafacta siint. Neque tamen expiair praeterquam morterégis potuere : qui quum Nearchutn excepisset convivio,jamque cubituui iturus esset f Medii Larissaei oboixisprecîbus dédit, ut ad eum comessatum veniret; ubipostquam tota nocle perpotasset f maie habere cœpit.logravescens deinde morbus adeo omnes vires intrasextum diem exhausit, ut ne vocisquidem-potestas esset.Interea milites, sollicitudine desiderioque ejus anxii,quanquam obtestantibus <strong>du</strong>cibus ne valetudinem régisouerarent, expresserunt 9 ut in eonspectum ejus admitterentur.V. Intuenlibus lacrymae obort» praebuere speciem jamnon regem, sed funus ejus visentis exercittis. Mcerortamen circumstantium lectum eminebat; quos ut rcxadspexit : « Invcuietis, inquit, quum excessero, diguumtalibus viris .regem?» lncredibile dirtu audituquc, in


QtJlNTE-eURCE, LIV. X. 3 97vir, ou qui trouvèrent bon de s'y fixer. Ayant accomplitoutes ces choses au gré de ses désirs, l'avenir ne l'inquiétaitplus, et il se raillait des Chaldéens, en voyantqu'il était entré à Babylone, et que de même il en étaitsorti sans courir aucun danger. Cependant , comme il yretournait à travers les marais que forme l'Euphrate enrépandant ses eaux dans le Pallacope $ un sinistre présagevint s'offrir à lui : des branches, suspen<strong>du</strong>es audessus de sa tête, en enlevèrent le diadème royal et le jetèrentdans les flots. Survinrent ensuite les uns après lesautres une foule de prodiges menaçans ; et vainement fpour en détourner l'effet, fit-on une suite non interrompuede sacrifices, selon les rites réunis des Grecs et desBarbares. La mort seule <strong>du</strong> roi put être une suffisanteexpiation. 11 avait donné un repas à Néarque, et étaitau moment de gagner son lit, lorsqu'il accorda aux instantesprières de Médius de Larisse, d'aller chez lui fairela débauche. Y ayant passé toute la nuit à boire, il commençaà se sentir mal. Bientôt la maladie s'aggravantépuisa tellement en six jours toutes ses forces, qu'il luidevint même impossible de parler. Cependant ses soldats,tourmentés par l'inquiétude, en même temps que par ledésir de le voir, résistèrent aux prières de-leurs chefsqui les suppliaient de ne point empirer son état par leurimportunité, et ils arrachèrent la permission d'être admisen sa présence.V. En le voyant, leurs larmes coulèrent; ce n'étaitplus une armée visitant son roi 9 mais assistant déjà àses funérailles. Cependant la douleur de ceux qui environnaientle lit ? éclatait sur leurs visages; Alexandre, enles apercevant : ce Trouverez-vous, leur dit-il, quand jene serai plus, un roi digne de commander à de tels hom-


3 9 8 Q- CURTII RUFI LIE. X.eodem babttu eorporis, in quem secomposuerati quumadmissurus milites esset, <strong>du</strong>rasse, donec a toto exercituillud ultimum persalutatus est : dimissoque vulgo, velu!omni fît» debito liberattis, fttigata membra rejecit. Prepiusqueadiré jttsôis amieis (nam et tox deficcre jamcœperat), detractutn aenulum digïto Perdïccaetradidit,adjectis mandatis, ut corpus suum ad Âmmonem ferrijuberet. Quaerentibus bis, cui retinqueret regnum f respondit: « Ei qui esset optitnus : ceterum providerejatn,ob id certamen , magnos funèbres ludos pararï sibi. •Rursii* Perdicca interrogante,quando cœlestes honoreshaberi sibi velkt, disk, ttim velle, quum ipst felkoessent. Supremahaec YOX fait régis, et paulo post exstinguitur.Ac primo ploratu, lamentîsque, et planetibus totaregia perses abat : mox, velut in ¥asta solitudine, omnïatristi sileiîlïô muta torpebant 9 ad cogitationes 9 quiddeitide futtirum esset, dolore eoiiYerso. Mobiles pueri,custodifie eorporis ejûs âssueti, nec doloris tnagnttudinemcapere,necse ipsôs întra vestibulum régi» retinerepotuerunt; Yagique et farentibus similes totam urbemluctu ac mcurore complétant, toullis quesiibus omissis,quôs in tâli caStt dôlof &tiggerit.Ergo qui extra regiam adstiterant, Maoedones pariterbarbarique, concurrunt.; necpotefânt Ticti a •ïcioribos


QUINTE-€UlCE f LIV. X. 3§ 9mes?» C'est une chose incroyable à dire et à entendre fqu'il ait pu demeurer immobile dans l'attitude qu'il avaitprise pour recevoir ses soldats f jusqu'au moment où l'arméetout entière eut achevé de le saluer; el quand lafoule se fut écoulée, se croyant libre désormais de toutedette envers la vie, il laissa retomber ses membres fatigués.Faisant alors approcher ses amis 9 car la voix mêmecommençait à lui manquer, il ôta son anneau de sondoigt et le remit à Ferdiccas, en y joignant Tordre defaire porter son corps au temple d'Ammon. On lui demandaà qui il laissait l'empire ; «Au plus digne 16 , ® répondit-il; et il ajouta qu'il prévoyait qu'à l'occasion de cedébat , on lui préparait de grands jeux funèbres» Ferdiccaslui ayant encore demandé quand il voulait qu'on lui rendîtles honneurs divins : * Alors, leur dit-il, que vousserez heureux. » Ce furent là ses dernières paroles, etpeu après il expira.Au premier moment, le palais tout entier retentit depleurs, de gémissemens et de cris de désespoir : maisbientôt tout fut plongé dans un morne et profond silence, et la douleur se tourna vers les pensées de l'avenir.La jeune noblesse, attachée au service de sa personne, était incapable de contenir l'excès de son affliction, ni de demeurer à l'entrée <strong>du</strong> palais : on les vit serépandre, comme des furieux, par toute la ville, la remplirde consternation et de deuil, et faire éclater toutesles plaintes que dicte la douleur en ces tristes circonstances.Cependant tout ce qui se trouvait hors <strong>du</strong> palais, Macédonienset Barbares, accourent en foule; et, dans leur


4oo Q. CURTII EUFI LIB. X.in conimuiii dolore discerni. Persae, justissimum ac mitissiraumdominum f Macedones, oplimum ac fortissimoHî regem invocantes, certamen quoddam mcerorisedebant. Nec mœstorum sol uni, sed etiam ïiidignantium•voces exaudiebantur; tam vïridem f et in flore aefaîïsfortunaeque, invidia deum ereptuni esse rébus humaoïs.Vïgor ejus et vultus e<strong>du</strong>eentïs in prœlïum milites, obsidentisurbes, evadentis in muros,-fortes viros pro concionedonantis f occurrebaot oculis. Tum Macedonas,divinos honores negasse ei, pœnîtebat; impîosqoe etingratos fuisse se confitebantur, quod aures ejus débitaappellations fraudassent. Et quum diu nunc in vénérations,nunc in desiderio régis haesissent 9 in ipsos versamiseratio est. Macedonia profecti ultra Euphraten f mediishostibus, novum imperium aspernantibus, destitutos-se esse cernebant; sine certo régis berede f sineherede regni, publieas vires ad se quemque tracturum.Bella deinde civilia, quse secuta sunt, mentibus augurabantur: iterum, non deregno Asiae, sed de rege, Ipsissanguinem esse funden<strong>du</strong>m : novis vulneribus veteresrumpendas cicatrices; senes, débiles, modo petita missiooeajustorege^ nunc moritoros pro potentia forsitansatellitis alicujus ignobilis.lias cogitationes volventibus nos, supervenit, terra-


QUINTE-CURCE, UV. X. «01commun désespoir , les vaincus ne pouvaient se distinguerdes vainqueurs. Les Perses pleuraient le plus justeet le plus doux des maîtres, les Macédoniens le meilleuret le plus vaillant des rois ; il y avait entre eux commeun combat de douleur. Et ce n'étaient pas seulement desparoles de regret, c'étaient des cris d'indignation qui se' faisaient entendre, ils accusaient les dieux jaloux d'avoirenlevé au monde ce héros si plein de vigueur 9 et dansla fleur même de son âge et de sa fortune. Son mâlecourage, et Fair dont il menait ses troupes au combat,assiégeait les villes, <strong>mont</strong>ait à l'assaut, récompensaitles braves en tête de l'armée, tout cela se représentaità leurs yeux. Alors les Macédoniens se repentaient delui avoir refusé les honneurs divins : ils se reprochaientleur impiété et leur ingratitude, pour avoir privé sonoreille d'un titre qui lui était dû. Et après s'être longtempsarrêtés sur ces sentimens, tantôt de regret ? tantô 1de vénération pour sa mémoire, ils ramenaient sur euxmêmesleur compassion. Partis de la Macédoine, ils sevoyaient au delà de l'Euphrate, abandonnés parmi desnations ennemies, mal façonnées à une domination nouvelle:point d'héritier reconnu <strong>du</strong> roi *i f point de suc*cesseur au trône; chacun allait tirer à soi les forces publiques.Les guerres civiles, qui plus tard éclatèrent, sedécouvraient à eux dans l'avenir. Ils allaient recommencer, non plus pour l'empire de l'Asie, mais pour le choixd'un roi, à verser leur sang; de nouvelles blessures allaientrouvrir leurs anciennes cicatrices ; vieux, mutilés,# venant tout - à - l'heure de demander leur congé à leurprince légitime, il leur faudrait maintenant mourir peutêtrepour la puissance de quelque obscur satellite.Pendant qu'ils roulaient ces pensées, la nuit survint,m. 26


4o2 Q. OJRTJI RUF1 L1B. X.remque auxit : milites in arniis vigilabant; Babykioii,alius e mûris, alius culmine sui quisque teeti prospectabant,quasi certiora visuri : nec quisquam lumioaaudebat accendere, et, quia oculorum cessabat usus ?fremitus vocesque auribus captabant; ac plerumque vanometu territi, per obscuras semitas, alius alii occursantes,in vicem suspecti et solliciti ferebantur. Persae, comis suomore detonsis, in lugubri veste, cum conjugibus acliberis, non ut victorem et modo hostem, sed ut gentissu» justissimuro regem^ vero desiderio lugebaot. Assuetisub rege vivere, non alium, qui imperaret ipsis, dignioremfuisse, confitebantur. Nec mûris urbis luctuscontinebatur; sed proximam regionem ab ea, deindemagnam partem Âsiœ cis Euphraten tanti uiali famapervaserat.Ad Darii quoque matrem celeriter perlata est : abscissaergo veste qua in<strong>du</strong>ta erat, lugubrem sumpsit;laceratisque crinibus, humi corpus abjecit. Assidebateialtéra ex neptibus, nuper amissum Hephaestionem, cuinupserat, lugens; proppasque causas doloris in coinmunimcestitia retractabat. Sed omnium suorum malaSisygambïs una capiebat. Illa suam, illa neptium vicemflebat. Recens dolor etiam praeterita revocaverat : crederesmodo amissum Darium, et pariter miser* <strong>du</strong>orum


QUINTE-CURCE, LIV. X.4o3et augmenta leur terreur. Les soldats veillaient sous lesarmes : les Babyloniens, les uns <strong>du</strong> haut des murs , lesautres <strong>du</strong> faîte de leurs maisons! portaient au loin leursregards, comme pour mieux s'assurer de ce qui se passait.Aucun d'eux cependant n'osait allumer de flambeaux;privés <strong>du</strong> secours de leurs yeux, ils prêtaient l'oreille aumoindre bruit, au moindre son de la voix humaine, età chaque instant assaillis de fausses alarmes, ils allaientse jeter dans des sentiers obscurs, où ils se heurtaient,objets les uns pour les autres de soupçon et d'inquiétude.Les Perses, la chevelure rasée, selon leur usage, et enhabits de deuil, avec leurs femmes et leurs enfans, donnaientau héros mort des regrets sincères, et le pleuraient,non pas comme leur vainqueur et leur ancienennemi, mais comme le plus légitime des monarques.Accoutumés à vivre sous des rois , ils confessaient n'enavoir jamais eu de plus digne de leur commander. Etle deuil ne se renfermait pas au dedans des murs de laville : bientôt la fatale nouvelle se fut répan<strong>du</strong>e dans toutle pays voisin et la plus grande partie de l'Asie en deçàde FEuphrate.Elle ne tarda pas non plus à arriver à la mère de Darius.Aussitôt l'infortunée déchira la robe qu elle portait,pour se vêtir de deuil; et, s'arrachant les cheveux,elle se jeta le corps contre terre. Auprès d'elle était unede ses petites-filles, pleurant Héphestion, son époux,que naguère elle avait per<strong>du</strong>, et retrouvant, au milieude l'affliction commune, le souvenir de ses infortunesprivées. Mais Sisygambis rassemblait seule en son cœurtous les maux de sa famille. Elle déplorait tout-à-lafoiset le sort de ses petites-filles et le sien. Sa douleur récentelui rappelait aussi ses douleurs passées. On eût dit«26.


4©4 Q. CURTIt MJFI LIB. X.filioram exsecjuias esse <strong>du</strong>cendas. Flebat morïuos simulvivosque. Qûem enim poellarum aeturum esse coram?quemaliumfuturum esse Atexandrum? ilercsm se captas,ilerum excidisse regoo : qui mortuo Dario ipsas toeretur,reperisse;-qui post Alexandrum respiceret, utiquenon reperturas. Subibat inter haee aniraum y octogintafratres suos eôdem die ab Ocho f sœvissimo regum, tnicidatos9 adjectumque stragi tôt filiorum patrem ; e septemlîberis, quos genuisset ipsaunum 9 superesse; ipsumDarium floruisse paulisper, ut crudelius posset exstinguLAd ultimum dolori succumbit 9 obvolutoque capite yaccidentes genibus suis neptem nepotemque aversatt,cibo pariter abstinuit et luce; qtiîato, postquam monstatuerat, die exstincta. Magnum profecto Alexandrein<strong>du</strong>lgent!» in eam, justitweque in omnes captivos documentumest mors hujus, quœ, quum sustïnuisset postDarium vivere, Alexandre esse superstes erubuit. £t 9hercule, juste aestlmantibus regem liquet, bona naturxejus fuisse; vitia vel fortunée, vel eetatis. Vis incredibilisanimi ; laboris patientia propemo<strong>du</strong>m nimia ; fortitudonon inter reges modo excelles s , sed inter illos quoquequorum heec sola virtus fuit; libéral i ta s saepe majoratribuentis, quam a diis petunturjclementia in de¥ictos;tôt régna aut reddita quibus ea dempserat bel!o ? autdono data; mortis, cujus metus ceteros exaniniat, per-


QUINTE»CUmCE f LIT. X.4o5qu'elle ne faisait que de perdre Darius, et que la malheureusemère avait à con<strong>du</strong>ire les funérailles- de deux filstout ensemble. Elle pleurait les morts, elle pleurait aussiles vivans. Qui désormais prendrait soin .de ces jeunesprincesses? où trouveraient-elles un autre Alexandre ?Une seconde fois elles étaient captives, une seconde foiselles étaient déchues de la royauté.. Après la mort de Dariusf elles avaient trouvé un protecteur; après celled'Alexandre, elles ne trouveraient personne qui daignâtseulement les regarder. Au milieu de ces pensées, luirevenait celle de ses quatre-vingts frères égorgés en unjour par le barbare Ochus, et <strong>du</strong> père de cette grandefamille v immolé sur les corps de ses fils : de sept enfansqu'elle avait mis au monde, un seul lui restait ; et Dariusmême n'avait eu un instant de prospérité, quepur trouver ensuite une fin plus cruelle. Succombantenfin à sa douleur, elle se voila la tête, écarta loind'elle ses petits-fils et sa petite-fille qui étaient à sesgenoux y et renonça en même temps à la nourriture età la lumière : cinq jours après qu'elle eut pris le partide se laisser mourir, elle expira. C'est sans doute ungrand témoignage de la bouté d'Aleiandre envers elle,et de sa justice à l'égard de tous ses prisonniers, quela mort de cette princesse, qui s'était senti la force desurvivre à Darius, et qui rougit de survivre à Alexandre.Et certes, si l'on veut apprécier justement ce monarque,on trouvera que ses bonnes qualités appartinrent à sanature, et ses vices à sa fortune et à son âge. Une forced'âme incroyable; une patience dans les travaux presqueportée à l'excès; un courage qui le distinguait nonseulementparmi les rois, mais parmi ceux même dontc'est là l'unique vertu ; une libéralité qui souvent don-


»o6 Q. CUET11 MJFI L1B. X.petua contemptio ; gloriae laudisque ut juste major cupido,ïta et juveni, et in tantis admittenda rébus; jampietas erga parentes, quorum Olympiada immortalitaticonsecrare decreverat f Philippum ultus erat; jam inomees fere amicos benignitas ; erga milites benevolentia;consilium par magnitudioi animi ? et quantam vix poterataetas ejus capere f solertia; mo<strong>du</strong>s immodicaromcupiditatum; Veneris intra naturale desiderium usus,nec ulla nisi ex permisso voluptas, iogentes profectodotes erant. 111a fortunae : diis aequare se, et cœlesteshonores accersere, ettalia suadentibus oraculis credere,et dedignantibus venerari ipsum vehementius, quampar esset ? irasci ; in exteroum habitum mutare corporîscultum ; imilari devictarum gentium mores 9 quas antevictoriam spreverat. Nam iracundiam et cupidioem vinisicuti juventa irritaverat, ita senectus mitigare potuisseî.Faten<strong>du</strong>m est tameo ? quum plurimum virtuti debuerit,plus debuisse fortunae; quam soins omnium mortaliumin potestate habuit. Quoties illoni a morte revocavit?quoties temere in pericula vectum perpétua felicitateprolexit? Vitae quoque finem eumdem illi, quem gloriœ,statuit. Exspeclavere eum fata ? <strong>du</strong>m Oriente perdomitoaditoque Oceano, quidquid mortalitas capiehat, impleret.Huic régi <strong>du</strong>cique successor quaerebatur : sed majormoles erat, quam ut unus subire eam posset. Itaqoe


QUINTE-CUECE, LIV. X. 407naît plus qu'on ne demande aux dieux; tant de clémenceenvers les vaincus, tant de royaumes, ou ren<strong>du</strong>s à ceuxsur qui il les avait conquis, ou donnés en pure largesse ;un mépris constant pour la mort, dont la crainte glacele cœur <strong>du</strong> reste des hommes ; une passion pour la gloireet la renommée, excessive peut-être, mais bien pardonnableà cet âge et au milieu d'une telle fortune; enversses parais, un dévoûroent filial attesté et par le projetqu'il avait de placer Olympias au rang des Immortels ,et par la vengeance qu'il tira des assassins de Philippe ;envers ses amis, presque sans exception, une bonté sigrande; envers ses soldats, tant de bienveillance ; autantde lumières que de grandeur dans l'esprit f et une habiletételle, qu'elle semblait faite à peine pour son âge ;une sage retenue dans les passions qui la comportent lemoins; un empire sur ses sens qui ne leur accordait rienau delà de ce que réclame la nature, et se bornait toujoursaux plaisirs permis ; c'étaient là sans doute de biengrandes qualités. Voici maintenant l'œuvre de la fortune:s'égaler aux dieux f réclamer les honneurs divins, croireaux oracles qui lui donnaient ce conseil ; s'emporter outremesure contre ceux qui dédaignaient de l'adorer; changerson vêtement contre des parures étrangères; imiterles mœurs des nations vaincues, qu'il avait mépriséesavant la victoire. Car, pour la colère et pour la passion<strong>du</strong> vin, comme la jeunesse en avait augmenté l'ardeur, lavieillesse eût pu les calmer. Cependant, il faut Fa vouer,s'il <strong>du</strong>t beaucoup à sa vertu, il <strong>du</strong>t davantage à la fortune,que, seul de tous les mortels, il tint en son pouvoir.Combien de fois l'arracha-t-elle à la mort? Combiende fois, engagé témérairement au milieu des périls,le couvrit-elle de ce bonheur qui ne l'abandonna jamais?


4o8 Q. CURT1I RUFI MB. X.nomen quoque ejus et fama rerum in tottim propemo<strong>du</strong>morbem, reges ac régna diffodit; clarissïmi siiathabiti, qui etiam ininimae parti tante fortunae adfaaeserunt»¥1. Ceterum Babylone (inde enim divertit oratio)eorporis ejus custodes in regiam principes amicorum<strong>du</strong>cesque copiarum advocavere : secuta est mititumturba y cupientium scire, in quem àlexandri fortunaesset transitura. Multi <strong>du</strong>ces, frequentia miiitum exclusifregiam intrare non poterant ; quuin praeco, exceptis quinomination citarentur 9 adiré prohibuit : sed precariuntspernebatur imperium. Âc primum ejulatus ingens ploratusquerenovatus est : deinde futuriexspectatïo, infaibitislacrymis, silentium fecit. Tune Perdicca, regia sellain conspectum vulgi data 9 in qua diadema vestisqueAlexandri eu m armïs erant, annulum sibi pridie Iradituma rege in eadem sede posuit ; quorum aspectu rursusobort» omnibus lacrymae integravere luctum. EtPerdicca : ci Ego quidem , inquit 9 annulum, quo illeregni atque imperii vires obsiguare erat solitus, traditiiiîiab ipso mihi 9 reddo vobis. Ceterum , quanquam


QUIHTE-CIMCE, UV. X. 4©9Elle donna aussi à sa via le même terme qu'à sa gloire.Les destins l'attendirent jusqu'à ce qu'ayant achevé laconquête de l'Orient et atteint les bords de l'Océan , ileut accompli tout ce qui était possible à l'humanité. Telétait le monarque et le capitaine auquel il fallait chercherun successeur : mais le fardeau était trop pesant pourune seule tête. Aussi le nom d'Alexandre et la gloire deses exploits peuplèrent-ils presque tout l'univers de roiset de royaumes, et Ton regarde comme de très- grandsprinces ceux qui s'approprièrent la moindre part de cettegrande fortune.VI. Cependant à Babylone, d'où notre récit vient des'éloigner! les gardes de la personne royale convoquèrentdans le palais les principaux d'entre les amis, avecles chefs militaires. La foule des soldats s'y précipita àleur suite; ils désiraient savoir à qui allait passer la fortuned'Alexandre. Plusieurs généraux, arrêtés par l'afiuencede la multitude, ne purent entrer au palais : ilfallut qu'un héraut en interdît l'entrée à quiconque n'yserait pas nominativement appelé : mais le commandementn'était plus que précaire, et on le méprisait. Aupremier moment, les cris de désespoir recommencèrentavec les larmes; mais bientôt l'inquiète curiosité de l'avenir,en arrêtant les pleurs, commanda le silence. AlorsPerdiccas, ayant exposé aux regards de l'assemblée le siègeroyal, sur lequel étaient le diadème et le manteau d'Alexandreavec ses armes, joignit à ces insignes l'anneauque le roi lui avait donné la veille; et cet aspect, en faisantcouler de nouvelles larmes, fit renaître toutes lesdouleurs. « Vous voyez, dit Perdiccas, cet anneau dont ilscellait ses volontés, âme de son empire : il me l'a donné ,


4îO Q. CUET1I RUFI UB. X.nulla clades huic, qua afTecti sumus, par ab iratis diisexcogitari potest, lamen magoitudinem rerum, qoasegit, intueotibus credere licet, tantum virura deos accommodasserébus humants f quarum sorle compléta,cito répétèrent eom su» stirpi. Proiode, quoniam nihilaliud ex eo superest, quam quod semper ab imraortalitatesub<strong>du</strong>citur f corpori oominique quam primum justasolvamus, haocî obliti, in qua urbe, inter quos simus,quali prœside ac rege spoliati. Tractan<strong>du</strong>m est, coramilitones,cogitae<strong>du</strong>mque, ut victoriam partain ioter hos,de qtiibus parta est, obtinere possimus, Capite opusest:hocne uno, an pluribus, in ¥estra potestate est. ïlludscire debetis, militarem sine <strong>du</strong>ce turbam corpus essesine spiritu. Sextus raensis est, in quo Roxane praegnaesest. Optamus ut maremenitatur; cujus regnum diis approbaotibusfuturum, quando adoleverit : intérim, aquibus régi velitis, destinate. s Haec Perdicca.Tutu Nearchus, Alexandri modo sanguinem ac stirpemrégi» majestati oonvenire, uemioem ait posse mirari.Ceterum exspectari non<strong>du</strong>m ortum regem, et, quijam sit, praetertri, nec animis Macedonum convenire?née; tempori rerum. Esse e Barsine filium régis : huicdiadema dan<strong>du</strong>m. Nulli placebat oratio : itaque suo moreliastis scuta quatientes obstrepere perseverabant. Jrtmque


QUINTE-CURCE, LIV. X.


4il Q. CURTIÎ RUFI L1B. X.prope seditionem perveneraM, N^archo- perYÎeaeiustuente sententiam.TumPtolemaeus : ce Digna prorsus est soboles f ioquit fquae Macedooum ioiperet genti, Roxaties ¥el Barsin»filius; cujus nomen quoque Europam dkere pïgebit,majore ex parte captivï ! Cur Persas ¥icerimus f ut stïrpieorum serviamus? quod justi illi reges Darius etXerxestôt millium agminibus tantisque elassibus nequidquampetiverunt. Mea seuteutia haee est, et, sede Alexandritn regia posita y qui consiliis ejus adhibebantur 9 coeantquoties in commune cousulto opus fiierît, eoque 9 quodmajor pars eorum decreverit, stetur; <strong>du</strong>ces praefeetïquecopiarum bis pareant. »«Ptolemaeo quidam, potiores Perdiccae assentïebautur.Tum Aristoous orsus est dicere,cc âlexandrum consultum, cui relioqueret regoum , ¥o!uisse optimum deligi :judicatum autem ab ipso optimum Perdiccae 9 cui annulumtradidisset. Neque eoim unum eum assedisse morieoti; sed circumferentem oculos ei turba amicorumdelegisse, cui traderet. Placere igitur , summam imperiiad Perdiccam deferri. »Nec <strong>du</strong>bitavere, quio vera censeret. ltaque uni¥ersi,procedere in médium Perdiccan, et régis aonulum toi-


QUiNTE-CUâCE, UV. X. «i3tendait-on, selon l'usage, les piques frapper sans interruptioncontre les boucliers : déjà même l'obstination de *Néarque à défendre ses avis allait amener une sédition.Ptolémée prit alors la parole : « Voilà, en effet, s'écm-t-il,une race bien digne de commander aux Macédoniens! Le fils de Roxane ou celui de Barsine ! un enfantdont l'Europe se refusera même à prononcer le nom,et qui ne sera guère plus qu'un esclave! Pourquoi doncavons-nous vaincu les Perses, s'il faut que nous obéissionsà leur race, ce que Darius et Xerxès, monarques<strong>du</strong> moins légitimes, onl vainement préten<strong>du</strong> avec tantde milliers d'hommes et des flottes si puissantes? Monavis est qu'autour <strong>du</strong> trône d'Alexandre, placé dans cepalais, se rassemblent ceux qui étaient admis à ses conseils,toutes les fois qu'une délibération commune seranécessaire ; qu'on s'en tienne à ce qu'aéra décidé la majoritéy et que les généraux et les officiers de Farinée yobéissent, »L'avis de Ptolémée trouva quelques approbateurs ;celui de Perdiccas eut pour lui les principaux de rassemblée.Aristonus se mit alors à dire, ©qu'Alexandre, consultésur le choix de son successeur, avait voulu quel'empire passât au plus digne; et que le plus digne, ill'avait désigné lui - même lorsqu'il avait donné son anneauà 'Perdiccas, Celui-ci, en effet, ne se trouvait passeul auprès de lui à l'instant de sa mort : mais, en promenantses regards sur ses amis qui l'entouraient, c'étaitlui qu'Alexandre avait choisi pour lui confier ce dépôt.Son opinion était donc de déférer la souverainetéà Perdiccas. »On ne douta pas qu'il ne dît la vérité. Aussi n'y eutilqu'une voix pour inviter Perdiccas à s'avancer et à re-


4i4 Q- CURTII EUFI L1B. X.1ère, jubebant. Haerebat inter cupiditatem pudoremque,' et, quo modestïos quod exspectabat appeteret, pcrvicacïosoblatoros esse credebat. Itaque cunctatus, diuquequid ageret incertus, ad ultimum tamee recessit,et post eos, qui sederant proximi, constitit. At Meleager,unus e <strong>du</strong>eibus, confirmalo anirao, quem Perdicoecunctàtio erexerat : Nec diï siverint, inquit, ul Alexandrefortuna, tantique regoï fastigium in islos humerosruât : homines certe non ferent Nihil dico de nobilioribus,quam hic est, sed de viris taotum; quibus invitisnihil perpeti • necesse est. Nec vero interest, Roxaoesfilium, quandoque genitus erit, an Perdiccan regemhabeatis, quum iste sub tutelae specie regnum occupa*turus sît. llaque nemo ei rex placet, nisi qui non<strong>du</strong>mnatus est : et in tanta omnium festinatione, non justamodo, sed etiamnecessaria, exacios menses sol us exspectat,et jam divinat, marem esse conceptum; quem vos


QU1NTE-CURGE, UV. X.4i5prendre l'anneau <strong>du</strong> roi. U flottait entre l'ambition et lalionte ? et se persuadait que, plus il <strong>mont</strong>rerait de modérationà convoiter l'objet de ses espérances, plus on lepresserait d'accepter. Aussi, après bien des hésitationset une longue incertitude sur ce qu'il avait à faire, ilfinit par se retirer et se placer derrière les sièges les plusavancés. Cependant Méléagre, un des généraux, enhardipar l'irrésolution de Perdiccas, s'écria : a Aux dieux neplaise que la fortune d'Alexandre et le fardeau d'un sigrand empire tombent sur une pareille tête. Les hommes<strong>du</strong> moins ne le permettront pas. Je ne parle point ici deceux qui sont supérieurs à Perdiccas ; je parle seulementdes gens de cœur, pour qui c'est un besoin de ne riensouffrir contre leur gré. Et peu importe que ce soit lefilsdeRoxane, en quelque temps qu'il vienne au monde,ou bien Perdiccas que vous ayez pour roi, puisque aussibien ce sera toujours lui qui, avec le titre de tuteur,sera assis sur le trône. Aussi n'y a-t-il de roi qui lui plaise,que celui qui n'est point encore né; et au milieu de.cetempressement que nous avons tous, si juste en mêmetemps et si nécessaire, seul il attend patiemment le termed'une grossesse, et déjà, dans le sein de la mère, entrevoitla naissance d'un fils , tout prêt, n'en doutez pas , àle supposer, s'il le faut. Oui, s'il était vrai qu'Alexandrenous eût laissé cet homme pour régner sur nous à saplace, de toutes ses volontés, ce serait la seule à laquelleje croirais que l'on dût désobéir. Que ne courez - vousdonc au pillage de ses trésors? car, à coup sûr, des richesses<strong>du</strong> roi c'est le peuple qui est l'héritier. » En achetantces mots , il s'élança au travers de la multitude armée,qui s'ouvrit pour lui faire passage, et allait le suivreà l'-ocuvre dont il lui donnait le signal.


416 . Q. OJRTU RUFI L1B. X.VIL Jatnque armatorum cïrca Meleagrum frequeasglobus erat 9 in seditionera ac discordiam versa concione,quum quidam , plerisque Maeedonum îgootus 9 ex infimaplèbe : « Quid opus est, inquit, armis civilique bellohabentibus regem quem quaeritis? Âridaeus, Philippogenitus | Alexandri paulo ante régis frater, sacrorumceremoniarumqueconsors niodo,nunc solus hères, prœterllura vobis. Quo merito suo? quidve fecit, cnr etiamgentium communi jure fraudetur?Si Âlexandro similemquaerilis, nunquam reperietis; si proximum, hic solusest. » His auditis, concio primo silentium velut jussahabuït: coiiclamant deinde pariler 9 Âridagum vocan<strong>du</strong>messe, mortemque meritos f qui concionem sine eo habuissent.Tara Pithoo, plenus lacrymarum, orditurdicere ? nu ne vet maiime miserabilem esse Alexandrum,quitam bonorum civium militumque fructu et praesentiafraudatus essel. Homen enim memoriamque régis suttantum intuentes, ad cetera caligare eos. Haud ambiguëin juvenem, cui regnura destinabatur, impensa probra;qu» magis ipsi odium, quam Aridseo contemptumattulerunt : quippe<strong>du</strong>m misereotur, etiam favere cceperunLIgitur, non alium se quam eum qui ad hancspem genitus essel, regnare passuros, pertinaci acclamationedéclarant, vocarique Aridaeum jubent. QuemMeleager 5 infestus invisusque Perdiccœ ? strenue per<strong>du</strong>-


QU1HTE-CUMCE, UV. X. 417VII. Déjà s'était amassée autour deMélagre une grosseIroupe de soldats en armes , et rassemblée n'était plusque tumulte et désordre, lorsqu'un homme des derniersrangs <strong>du</strong> peuple, inconnu à la plupart des Macédoniens,s'écria :ce A quoi bon les armes et une guerre civile,quand YOUS avez le roi que vous cherchez? Aridée, Gisde Philippe, et frère d'Alexandre, votre dernier roi, naguèreassocié à lui dans les sacrifices et les cérémoniesreligieuses, aujourd'hui son seul héritier, est laissé parvous dans l'oubli. Qu ? a«t-il fait pour le mériter? Quelest soo tort, pour être mis hors <strong>du</strong> droit commun desnations ? Si vous cherchez un prince semblable à Alexandre, jamais vous ue le trouverez : si vous demandez sonplus proche héritier, il n'y a que celui-là. » En entendantces mots, rassemblée, comme à un ordre qui luieût été donné, se tint d'abord en silence; puis on s'écriade toutes parts qu'il fallait appeler Aridée, et que ceuxqui avaient convoqué l'assemblée sans lui -avaient méritéla mort, Pithon se lève alors, les yeui pleins de larmes,et dit qu'eu ce moment surtout Alexandre était bien malheureuxd'être privé de la présence de tant de bons citoyenset de braves soldats, et de la jouissance de leuraffection. Qu'en effet, ne voyant rien que le nom et lamémoire de leur roi, ils s'aveuglaient sur tout le reste... l 9C'étaient évidemment autant de traits injurieux contrele jeune homme que l'on appelait au trône; mais ilsattirèrent plus de haine contre Pithon, que de mépriscontre Aridée : car la compassion est déjà un commencementde faveur. Ils déclarent donc, avec des acclamationsobstinées, qu'ils ne permettront jamais de régner à unautre que celui qui est né pour cette haute espérance,et ils font appeler Aridée. Méléagre, qui haïssait Per-111. '17


4i8 Q. CURTII RUFI UB. X.oit in regiam ; et milites PhMppum consalutatum ? regrinappellant.Ceterum haec vulgi erat vox; principum alla seoteotia.E quitus Pithoo eonsilium Perdiccae exsequï cœpit,lutoresque destinât filio et Roxaoe futuro, Perdicanet Leonnatum stirpe regia genitos. Adjceit, ut inEuropâCraterus et Aetipater res administraient. Tum jusjoran<strong>du</strong>ma singulis exactum , futures io potestate régisgeniti Alexandre. Meleager 9 haud injuria metu supplicii!erritus ? cum suis seeesserat. Rursus Philippum trahenssecum, irrupit regiam, clamitans sufFragari rei publioede novo rege paulo ante concepto robur aetatts; expcrirenturmodo stirpem Philippi f et fîlium ac fratremregum <strong>du</strong>orum ; sibimet ipsss potissimum credereot.Nullum profun<strong>du</strong>m mare , nullum vastum fretum etprocellosum tantos eiet fluctus quantos muititudo motushabet; utique si nova et brevi <strong>du</strong>ratura libertateltixuriat. Pauci Perdiccae modo electo , plures Philippo,quam spera¥erat ? imperium dabant. Nec velle, oec nolfequidquam diu poterant; pœnitebatque modo consil",modo peenitentiae ipsius. Âd ultimum tamen in sttrpmregiam inclinavere studiis. Cesserat ex concione Aridaeusprincipum auctoritate conterritus; et, abeooteillo, contïcuerat magis, quam languerat militaris h mf *Itaque revocatus ? vesteni fratris eam ipsam, qii* llf


QUl^TE-CURCE, LIV. X. 419diccas y et en était haï ? con<strong>du</strong>it en toute hâte le jeuneprince au palais, et les soldats, après l'avoir salué <strong>du</strong>nom de Philippe, le proclament roi.C'était là, <strong>du</strong> reste, le cri de la multitude : l'avis desgrands était autre. Pithon, qui était <strong>du</strong> nombre, commençaà mettre à exécution le projet de Perdiccas : ilnomma pour tuteurs <strong>du</strong> fils qui devait naître de Roxane,Perdiccas lui-même et Leonnatus, tous deux issus <strong>du</strong>sang royal. Il fit donner ensuite à Cratère et à Antipaterle gouvernement des affaires d'Europe : on exigea enfinde chacun le serment de se soumettre au roi, fils d'Alexandre.Méléagre, que tourmentait la juste crainte <strong>du</strong>supplice, s'était retiré avec ses partisans. Mais il rentrabientôt au palais, traînant avec lui Philippe, et criantque les espérances tout-à-1'heure conçues de ce nouveauroi, étaient confirmées par la force de son âge; qu'ilsessayassent au moins d'un descendant de Philippe, <strong>du</strong>fils et <strong>du</strong> frère de deux de leurs rois; qu'enfin ils s'enrapportassent à eux-mêmes. Il n'est point de si profondabîme, de mer si vaste et si orageuse, dont les flots soulevéségalent les mouvemens de la multitude, lorsquesurtout elle est dans l'ivresse d'une liberté nouvelle etpassagère. Perdiccas, qui venait d'être élu, n'avait plusque quelques voix pour lui donner l'empire; Philippe entrouvait plus qu'il n'en avait espéré 20 . Ils ne savaientloDg-temps admettre, ni rejeter long-temps un parti; tourà-tourils se repentaient de leurs décisions et de leur repentirmême. A la fin, cependant, les vœux se déclarèrentpour le sang royal. Aridée s'était retiré de l'assemblée,redoutant l'autorité des grands, et son absence avaitplutôt ré<strong>du</strong>it à se taire, qu'affaibli le zèle des soldats ensa faveur. Il fut rappelé, et on le revêtit de la robe dea 7 .


420 Q. GURTII RUFI LIB. X,sella p'osita fuerat, in<strong>du</strong>itur. Et Meleager, thoracesumptoç capit arma, novique régis satelles sequitur.Plialanx hastis clypeos quatiens, expleturatn se saeguioeilloram, qui afFectaverant nïhil ad ipsos pertïnens regnum, minabatur : in eadem domo famîliaque imper»vices reinansuras esse gaudebaot; hereditariura ïmperiumstirpem regiam vindicaturam : assuetos se noroenipsum colère, venerarique f nec quemquam id capere,nisî genitum ut regnaretIgitur Perdicca territus conclave, in quo Àlexaodricorpus jacebat, obserari jubet. Sexceeti cum ipso erantspeetatae virtutis : Ptolemaeus quoque se adjuoxLerat ei ipuerorumque regia cohors. Ceterum haud difficulter atôt millihus armatorum claustra perfracta sunt. £t rexquoque irruperat stipatus satellitum turba, quorumprinceps erat Meleager : iratusque Perdicca, hos, quiAlexandri corpus tueri vellent, sevocat; sed qui irruperant,eminus tek in ipsum jaciebant : multisque vulneratis| tandem seniores, demptis galeis , quo facilius noscipossent ? precari f qui cum Perdicca erant, cœpere, utabsisterent bello 9 regique et pluribus cédèrent. PrimasPerdicca arma deposuit ; ceterique idem facere. Meleagrodeinde suadente ? ne a corpore Alexandri discederent,insidiis locum quaeri rati, diversa regiae parte ad Euphratenfugam inten<strong>du</strong>nt Equitatus, qui ex nobilissimis


QUINTE-CURCE, UV. X.ion frère f celle même qui avait été placée sur le trône,pendant que Meléagre 9 prenant sa cuirasse et ses armes 9se rangea en satellite à la suite <strong>du</strong> nouveau roi. La phalange,frappant ses javelots contre ses boucliers, menaçaitde se baigner dans le sang de ceux qui avaient oséprétendre à une couronne qui ne leur appartenait pas :ils se réjouissaient ai de voir le droit de succession se perpétuerdans la même famille, et la race royale appeléeà la possession 'héréditaire de l'empire : ce nom même dePhilippe, ajoutaient-ils, était pour eux un objet de culteet de vénération, et nul n'en était digne, s'il n'était destinéau trône par sa naissance.Perdiccas épouvanté donne Tordre de fermer l'appartementoù gissait le corps d'Alexandre. Il avait avec luisix cents hommes d'une valeur éprouvée : Ptolémée étaitvenu s'y joindre, ainsi que la jeune troupe des pages <strong>du</strong>roi. Tant de milliers d'hommes n'eurent pas de peine àrompre toutes les barrières : le roi lui-même s'était précipitéavec eux, entouré <strong>du</strong> cortège de ses gardes, Meléagreà leur tête. Perdiccas, indigné, appelle à lui ceuxqui veulent défendre le corps d'Alexandre: mais les furieux, qui avaient forcé l'entrée, lançaient de loin leurstraits contre lui, et il y avait déjà plusieurs blessés,quand les plus anciens des soldats, ôtant leurs casquespour être mieux reconnus, se mirent à prier les partisansde Perdiccas de cesser le combat et de céder au roiet «lu nombre. Perdiccas déposa le premier les armes,et les autres suivirent son exemple. Meléagre voulutensuite leur persuader de ne point quitter le corps d'Alexandre;mais ils crurent qu'on cherchait à les tenirdans un piège, et, par un autre côté <strong>du</strong> palais, gagnèrent,en fuyant, l'Euphrate. La cavalerie, composée de l'élite4ai


«a» Q. CUETII EUFI UB. X.ju¥enum constabat f Perdiccan et Leotioatum frequenssequebatur; placebatque excedere urbe, et tendere incainpis. Sed Perdicca ne pedites quidem secutoros ipsumdesperabat : itaque, ne ab<strong>du</strong>cendo équités abrupissea cetero exercîtu videretur, in urbe substitit.VIII. At Meleager regem monere non destitit, jusimperii Perdïccae morte sancien<strong>du</strong>m esse : ni oecupeturimpotens animus, res novaturum. Memioisse eum, quïdde rege meruïsset f neminem autem ei satis fi<strong>du</strong>m esse,qtteiïî metuat. Rex patiebatur inagis 9 quant assentiebafur.Itaque Meleager siletitium pro imperio habuit 9 misitquerégis nomine, qui Perdiccan arcesserent : iisdemmandatum, ut occiderent, si venire <strong>du</strong>bitaret. Perdicca,* nunciato satellïlum adventu , sexdecim omnino puerisregiae cohortis coinitatus » in limine domus su* constitit;castigatosque f et Meleagri mancipia identidem appellans,sic auimi ¥ultusque constantia terruit, ut viiuientis compotes fa gèrent Perdicca pueros equos jussitconscendere f et cum paucis amicorum ad Leonnatumpervenit, jam firmiore praesidio vim populsaturus, siquis inferret. Postero die indigna res Macedonibus vidcbatur9 Perdiccan ad mortis periculum ad<strong>du</strong>ctum; elMeleagri temeritatem armis ultum ire decreverant : atqueille, seditione provisa , quum regem adiisset, interrogareeum cœpit ? an Perdiccan comprehendi ipse jus-


QUINTE-COECE, L1V. X. «i3de la jeune noblesse, suivit en grand nombre Perdiccasel Leonnatus. On voulait sortir de la ville et camperdans la plaine. Mais Perdiccas ne désespérait pas d'entraînerl'infanterie elle-même à sa suite; et pour ne pointparaître, en emmenant la cavalerie, rompre avec le restede l'armée, il resta dans la ville.VI11. Cependant Méléagre ne cessait de répéter auroi qu'il devait cimenter par la mort de Perdiccas sesdroits à la couronne: si Ton ne prévenait cet esprit inquietnul doute qu'il n'amenât quelque révolution; ilsavait trop bien sa con<strong>du</strong>ite envers le roi ? et Ton n'estguère fidèle à un maître que Ton craint. Le roi laissaitplutôt dire qu'il n'approuvait. Méléagre prit son silencepour un ordre, et envoya chercher Perdiccas au nom <strong>du</strong>roi, avec injonction de le tuer s'il faisait difficulté devenir. Perdiccas, averti de l'arrivée des gardes, parutdevant eux, sans autre escorte que celle de seize jeunesgens de la cohorte royale 9 sur le seuil de sa maison.Là 9 il les accable de reproches, il les appelle les esclavesde Méléagre, et, par la fermeté de son âme et de sonvisage 5 les effraie tellement, qu'ils s'enfuient tout éper<strong>du</strong>s.Perdiccas ordonne à ses jeunes compagnons de<strong>mont</strong>er à cheval, et, avec un petit nombre cPamis, serend auprès de Leonnatus, assuré de trouver contre laforce un plus ferme appui, si l'on vient l'attaquer. Lelendemain, les Macédoniens s'indignèrent que la vie dePerdiccas eût été en danger, et ils étaient résolus d'allerpunir, les armes à la main , l'insolence de Méléagre.Mais celui-ci, qui avait prévu forage, accourt auprès<strong>du</strong> roi 2a , et lui demande si ce n'était pas lui-même quiavait donné l'ordre d'arrêter Perdiccas. Philippe répondîtque cet ordre lui avait été dicté par Méléagre; qu'au


4a4Q. CURT1I RUFI LIB. X. 'sisset : illeMeleagri instinctu sejussisserespondtt; celé*rum non debere tumultuari eos; Perdïccan enimvivere.Igitur, concione dimissa , Meleager, equitum maximedefectione perterrïtus, inopsque consilii (quippe inipsuin periculum reciderat, quod inimico paulo anteïntenderat), tri<strong>du</strong>um fere omsumpsit • ineerta consilîavolvendo.Et pristina quidem regiae species manebat : nam etlegati geiîtium regem adibant f et copiarum <strong>du</strong>ces aderant,et vestibulum satellites armatiqiie compleverant.Sed ingens sua sponte mœstitia ultimae desperationisindei erat : suspectique iovicem non adiré propius, noncolloqui audebant, sécrétas cogitationes intra se quisquevolventes; et ex comparatione régis novi desideriumexcitabatur amissi. Ubi ille essel, cujus imperium f cujusauspicium secuti erant 9 requirebant : destitutos seinter infestas indomitasque gentes , expetituras tôt cladiumsuarum pœnas 9 quandoque oblata esset occasio.His cogitationibus ansmos exedebant , quum annunciatur,équités, qui sub Perdicca essent f occupatis circaBabylonem campis, frumentum, quod in urbem invehebatur,retinuisse. Itaque inopia primum 9 deinde famésesse cœpit ; et qui in urbe erant f aut reconciliandamgratiam cum Perdicca, aut armis certan<strong>du</strong>m esse,ceîîsebant.


QUINTE-CURCE, UV. X. 4*5reste, ce ne devait pas être pour eux une cause de tumulte,puisque Perdiccas vivait Et il congédia l'assemblée.Méléagre, de son côté, alarmé surtout de la défectionde la cavalerie, et incapable de rien résoudre,en se voyant tomber lui-même dans le péril où tout-àl'heureIl venait d'entraîner son ennemi, passa près detrois jours à rouler dans son esprit mille projets incertains.Cependant l'image d'une cour continuait d'exister,comme auparavant ; les ambassadeurs des nations s'adressaientau roi, les généraux se rassemblaient autour de lui,et le vestibule de son palais était rempli de gardes et desoldats sous les armes. Mais partout régnait un sentimentinvolontaire de tristesse, qui témoignait l'excès <strong>du</strong> désespoir.On se regardait avec une mutuelle défiance, onn'osait ni s'aborder, ni se parler; chacun 13 roulait audedans de soi ses secrètes pensées, et la comparaison <strong>du</strong>nouveau roi avec celui qu'on avait per<strong>du</strong> réveillait tousles regrets. Ou était, se demandaient - ils, le monarquesous le commandement et les auspices <strong>du</strong>quel ils avaientmarché? Ils se voyaient abandonnés parmi des nationsennemies et indomptées, qui, à la première occasion,demanderaient vengeance de toutes leurs défaites. Tellesétaient les pensées où se consumaient leurs esprits, lorsqu'onleur annonce que la cavalerie sous les ordres dePerdiccas f maîtresse des plaines qui entourent Babylone,vient d'arrêter le blé que Ton amenait à la ville. Il y eutd'abord disette, puis famine, et ceux qui étaient renfermésdans les murs furent d'avis qu'il fallait se réconcilieravec Perdiccas ou lui livrer bataille.


4a6 Q. CURT11 RUF1 LIB. X.Forte ita aœiderat, ut, qui in agris erant, populationemvillarum vicorumque veriti, confugerent in urbem;oppidani, quum ipsos alimenta deficerent, urbe excédèrentet utrique geueri tutior aliéna sedes, quam suavideretur. Quorum consternationem Maeedones veriti,in regiam coeunt; quaeque ipsorum seetentia esset,exponunt. Plaœbat autem, legatos ad équités mitti definienda discordia 9 armisque ponendis. Igitur a regelegatur Pasas Thessalus, et âmissas Megalopolitanus,et Perilaûs : qui quum mandata régis edidisseot ? nonaliter posituros arma équités, quam si rex dïscordtxa tic tores dedidîsset, tulere responsum. His renunciatis fsua sponte milites arma capiunt; quorum tumultu eregia Philippus excitus : « Nihil, inquit, seditïoee estopus; nam inter secertaetium prœmia, qui quieverint»occupabunt. Simul memeotote, rem esse CIIIB civibus;quibus spem gratiae cito abrumpere y ad bellutn civileproperantium est. Altéra legatiooe an mitigari possiut ,experiamur : et credo, .non<strong>du</strong>m régis corpore sepulto,ad prœstanda ei jus ta omnes esse coituros. Quod ad meattinet, reddere hoc imperium malo, qwam exercerecivtum sanguine : et si nulla alla coneordiae spes est,oro quaesoque, eligite potiorem. » Obortis deinde lacrytnis,diadema detrahit capiti, dextram f qua id teoebat,protendens, ut, si quis se digniorem profileretur f aecipèret.


QUINTE-CURCE, LIV. X. 4*7Le hasard avait voulu que les gens de la campagne ,craignant le pillage de leurs bourgs et de leurs métairies,se fussent réfugiés dans la ville, tandis que les citadinsen avaient été chassés par le défaut de vivres; les unset les autres s'attendaient à trouver hors de chez euxplus de sûreté qu'en leurs demeures. Les Macédoniens,qui redoutaient quelque émeute parmi cette population,s'assemblent au palais, et y proposent leur avis; c'étaitd'envoyer des députés à la cavalerie, pour convenir delaisser là leurs querelles et de poser les armes. Le roidéputa en conséquence le Thessalien Pasas, Amissas deMégalopolis, et Perilaùs. En réponse aux propositionsqu'ils apportaient, on leur déclara que la cavalerie neposerait l'épée que si le roi lui livrait les auteurs de ladiscorde. Informés de cette réponse, les soldats courentaux armes. Leur bruit attire Philippe hors <strong>du</strong> palais.« 11 n'est pas besoin , leur dit-il, de tout ce tumulte ;car, en vous armant les uns contre les autres t vous laisserezà qui restera neutre le prix <strong>du</strong> combat. Souvenez-vousaussi que vous avez affaire à des compatriotes,.et que leur enlever tout espoir de réconciliation, c'estvous précipiter vers la guerre civile. Essayons de calmerleurs esprits par une seconde ambassade ; et j'ose croireque lorsque les restes <strong>du</strong> roi n'ont pas reçu encore lasépulture, tout le monde se réunira dans l'accomplissementde ce saint devoir. Pour moi, j'aime mieux vousrendre cet empire, que de le garder au prix <strong>du</strong> sang demes concitoyens; et s'il n'y a pas d'autre moyen de rétablirl'union, je vous en prie et vous en conjure ,eboissez un souverain mieux fait que moi pour vouscommander. » Puis, les yeux baignés de larmes, il ôta lediadème de sa tête, et avança la main droite, dont il le


4*8 Q. OJRTII RU FI UB. X.Ingentetn spem indolis , ante eum diem fratris chritatesuppress» , • ea modéra ta excitavit oratio. ïtaquecunclï iostare cœperunt, ut, quae agitasset, exsequivellet. Eosdem rureus légat petituros, ut Mekâgrum tertium<strong>du</strong>eem acciperent. Haud aegre id impetratum est :nam et ab<strong>du</strong>cere Meleagrum Perdicca a rege cupiebat;et tiDum <strong>du</strong>obus imparem futurum esse censebaL IgiturMeieagro cum phalange ob¥Ïam egresso, Perdicca equitumturmas antecedeus occurrit Utrumque agmen,îîîiittia salolafïone facta y coit , in perpetuum, ut arbitrabantur,coocordia et pace fîrmata.IX. Secl jam fatis admovebaetur Macedonum gentîbella civilia : nam et ïnsociabile est regnum, et a pluribusexpetebatur. Primum ergo collegere vires ; deindedisperseront : et quum pluribus corpus f quam eapïebat,otierassent , cetera membra deficere cœperunt : qtiodqueimperïum sub uno stare potuisset 9 <strong>du</strong>m a pluribus sustinetur,ruit. Proinde jure nieritoque populus romanussalutem se principi suo debere profitetur f cuï noclis fquam paene supremam habuimus^ novum si<strong>du</strong>s illuxitHujus hercule, non solis ortus ? lucem caliganti reddiditmundo , quum siue suo capite discordia membratrepidarent. Quot ille loin exstinxit faces? quot condiditgladios ? quantam tempestatem subita serenitate dis-


QUINTE-CURCE, UV. X. 429tenait t pour le présenter à quiconque se croirait plusdigne de le porter.La modération de ses paroles fit concevoir une hauteespérance de son caractère, éclipsé jusqu'alors par l'éclatantegloire de son frère. Aussi le pressa-t-on detoutes parts de mettre son projet à exécution. 11 renvoyales mêmes députés, en les chargeant de proposer auxdeux chefs de s'adjoindre Méléagre pour collègue. Onl'obtint sans peine. Perdiccas voulait avant tout écarterMéléagre de la personne <strong>du</strong> roi ? et il se flattait que, seulcontre deux, ce chef ne pourrait prévaloir. Méléagreétant donc sorti avec la phalaoge, Perdiccas vint à sarencontre à la -tête de la cavalerie, et les deux corps ,après s'être salués mutuellement, se réunirent, bien persuadésque la concorde et la paix étaient assurées pourjamais.IX. Mais déjà les destins préparaient à la nation macédoniennel'horreur des guerres civiles; car le trdnene peut se partager, et plusieurs y prétendaient. Ils rassemblèrentd'abord leurs forces, puis ils les dispersèrent;et comme ils avaient surchargé le corps, le reste desmembres commença à défaillir, et leur empire qui, avecun seul chef, eût pu subsister, dès que plusieurs en soutinrentle poids, s'écroula. Aussi est-ce avec une justereconnaissance que le peuple romain proclame hautementpour son sauveur le prince qui est venu, commeun astre nouveau, briller au milieu de celte nuit quifaillit être pour nous une nuit éternelle. Oui, c'est lui,et non pas le soleil, qui s'est levé pour rendre la lumièreau monde, plongé dans les ténèbres, au temps oùles membres de l'empire, privés de leurs chefs et déchirésen lambeaux, étaient tout palpitans. Que de torches


^3o Q. CURTII RUFI LIB* X.cussit? Non ergo revirescit solum, sed etiam floretimperium. Absit modo invidia f excipiet hujus seculitempora ejusdem domus utinam perpétua, certe diulurnaposteritas.Ceterum ut ad ordinem , a quo me eontemplatiopublic» felicitatis averterat ? redeam, Perdicca unicamspem salutis suae in Meleagri morte deponebat : vanumeumdem et infi<strong>du</strong>m, celeriterque res novaturum, et sibimaxime infestum occupan<strong>du</strong>m esse. Sed alta dissimolatiooeconsilium premebat, ut opprimeret iocaututn.Ergo clam quosdam ex copiis , quitus praeerat, subornavit, ut quasi ignoraret ipse , conquererentur palam,Meleagrum aequatum esse Perdiccae. Quorum sermoncMeleager ad se relato, furens ira, Perdiccae quae comperisset,exponit. llle r velut nova re exterritus, admïrari,queri f doleniisque speciem ostentare ei cœpit ; ad ultimumconvenit f ut comprehenderentur tara seditiosavocis auctores. Agit Meleager gratias, amplexusque Perdiccan,fidem ejus in se ac benevolentiam collaudatTum f communi consilio rationem opprimendi noxiosineunt r^placel, exercitum patrio more lustrart : et probabiliscausa videbatur praeterea discordia.Macedonum reges ita lustrare soliti erant milites, uldiscissae canis vicera ultimo in campo, in quem de<strong>du</strong>-


QU1NTE-CUECE, LIT. X. «3iardentes il a éteintes alors ! que d'épées il a fait rentrerdans le fourreau ! quelle tempête il a dissipée par unesoudaine sérénité ! Aussi l'empire ne renaît-il pas seulementà la vie, il est déjà florissant Et si le destin nousépargne ses rigueurs, les siècles qui suecèderont au nôtreverront cette même maison se perpétuer dans une longue,sinon dans une éternelle postérité * 4 .Mais revenons à mon récit, d'où je me suis laissé détournerpar le spectacle de la félicité publique. Perdiccasn'avait d'espoir de salut que dans la mort de Méléagre :il le savait inconstant et sans foi ? toujours prêt à remuer,et d'ailleurs son ennemi mortel ; il fallait le prévenir.Mais il enveloppait ses desseins d'une profonde dissimulation, afin de le surprendre. Il chargea donc secrètementquelques-uns des soldats qui servaient sous lui de seplaindre tout haut, mais comme à son insu, que Méléagrefût égalé à Perdiccas. Informé de ce propos, Méléagreva, tout furieux f le reporter à Perdiccas. Celui-ci, commeeffrayé d'une nouvelle inatten<strong>du</strong>e, s'étonne, se plaint,témoigne toutes les apparences d'un vif déplaisir ; enfinil reste convenu entre eux. de faire arrêter les auteursde cette parole séditieuse. Méléagre comble Perdiccas deremercîmens, il l'embrasse, et rend hommage à sa loyautéet à son affection. Alors, d'un commun accord, ils règlentla manière dont on surprendra les coupables : ilsordonneront pour l'armée la solennité nationale des lustrations; leurs discordes passées en fournissaient unmotif assez plausible.Voici de quelle façon les rois de Macédoine accomplissaientcette cérémonie expiatoire. Aux deux extré-


0% Q. CUETII RUFI LIB. X.ceretiir exercitiis, ab utraque abjicerêDiur parle; intraîd spatiutn armati omnes starent ? hinc équités, Illiscphalanx. Itaque eo die ? qûem huic sacro destina¥erant frex cum equitibus elephantisque coostiterat contra pedites,queis Meleager praeerat. Jam équestre agmen movebatur,et pedites subi ta formidïne ob recentem discordiam? liaud sine pacati quidquam exspeclantes, parumperad<strong>du</strong>bitavere, an in urbem sub<strong>du</strong>cerent copias;quippe pro equitibus planities erat. Ceterum ¥eriti f netemere commilitonum fidem damnarent f substitere f prae»paratis ad dimican<strong>du</strong>m anirals f si quis mm inferret :jam agmina coibant 9 parvumque inlervallum erat, quodaciem utramque divideret. Itaque rex cum una ala obequitarepeditibus cœpit, discordiae auctores f quos tueriipse debebat , instinctu Perdiccs ad supplicia deposcens;minabaturque 9 omnes turmas cum elephantis in<strong>du</strong>cturumse in récusantes. Stupebant improviso malo pedites;nec plus in ipso Meleagro erat aut consilii, aut animi :tutissimum ex praesentibus videbatur, eispectare potius 9quaiîi mo¥ere fortunam.#Tum Perdicca, ut torpentes et obnoxios vidit, cccfere f qui Meleagrum erumpentem ex concione, quaprima habita est post mortem Alexandri, secuti erant,a ceteris discretos, elephantis in conspectu totius exer-


QUINTE-CURCE, LIV. X.mités de la plaine où l'armée devait être con<strong>du</strong>ite f étaientjetées les entrailles d'une ehienne éventrée : dans cet espace, devaient se tenir les troupes en armes; d'un côté,la cavalerie, de l'autre, la phalange. Le jour donc qu'ilsavaient marqué pour la cérémonie, le roi, à la tête deschevaux et des éléphans, s'était placé en face de la phalangeque commandait Méléagre. Déjà la cavalerie étaiten mouvement, lorsqu'une alarme soudaine se répanditparmi l'infanterie. Le souvenir des récentes discordesfeisait craindre des dispositions peu pacifiques, et ils balancèrentun moment s'ils ne se retireraient pas dans laville : car la plaine donnait l'avantage à la cavalerie.Mais, ne voulant pas condamner trop légèrement la bonnefoi de leurs compagnons d'armes, ils demeurèrent, biendécidés à se défendre, si on les attaquait. Les deux corpsétaient au moment de se joindre, et il n'y avait plusqu'un étroit intervalle qui les séparât. Le roi se détachealors au devant de la phalange avec un seul escadron,et, à l'instigation de Perdiccas, il réclame pour les livrerau supplice les auteurs de la sédition ? ceux que lui-mêmeeût dû protéger, les menaçant, s'ils font la moindre résistance, de les charger avec toute la cavalerie et les éléphans.Tous demeurèrent interdits à ce coup inatten<strong>du</strong>.Méléagre lui-même ne trouva ni plus de présence d'esprit,ni plus de résolution que les autres; le parti quileur semblait le plus sûr était d'attendre, et non de tenterla fortune.Perdiccas vit que la terreur les livrait à sa discrétion :il fit donc sortir des rangs environ trois cents hommes,les mêmes qui avaient suivi Méléagre lorsqu'il avaitviolemment quitté la première assemblée tenue après lamort d'Alexandre, et, à la vue de l'armée entière, il lesm. " 280Ï


434 Q. CURTIl RUH LIB. X.a tu s objictt; omiiesque belluarum pedibus obtriti stiut,nec prohibente Philippe, nec auctore; apparebatquc idmodo pro suo viodicaturum, quod approbasset evenlus.Hoc bellorum civilium Macedonibus et omen et principiumfuit. Meleager f sero intellecta fraude Perdiccae,tum quidem, quia ipsius corpori vis non afferebatur ?in agmioe quietus stetit : at inox, damnata spe saliitis,quum ejus nomme, quem ipse fecerat regem,iiipereiciem suam abutentes videret ioimicos, confugitin templum; ac ne loci quidem religione defensus, occiditur.X. Perdicca, perdticto in urbem exercitu, consiliumprinciputn virorum habuit, in quo iraperium ita dividiplacuit, ut rex quidem summam ejus obtineret ; satrapesPtolemaeus, ^Egypti et A fric» gentium, quae in ditioaeerant. Laomedonti Syria cum Pliœnice data est;PhilotaeCilicia destinata : Lyciam cum Pamphylia et majorePhrygia obtinere jussus Antigonus : in Cariam Cassanderf Menander in Lydiam missi. Phrygiam majoremHellesponto adjunctam Leonnati provinciam esse jusserunt.Cappadocia Eumeni cum Paphlagonia cessit. Pr*~ceptum est, ut regionem eam usque ad Trapezeotadefenderet, bellum cum Arbate gereret : solus hic detrectabatimperium. Pithon Medîam , Lysîmachus Thraciain,appositasque Thraciae ponticas gentes obtioov- - -I


QUINTE-CURCE, LIV. X./ § H r ifit jeter sous les pieds des éléphans, qui les écrasèrenttous. Philippe n'empêcha ni n'ordonna rien : il semblaitdisposé à n'avouer que ce que justifierait l'événement.Ce fut là pour les Macédoniens le présage et le commencementdes guerres civiles. Méléagre reconnut, mais troptard, l'artifice de Perdiccas. Cependant, comme on n'attentarien, à cet instant, sur sa personne , il resta tranquilleà son poste. Mais, renonçant bientôt à tout espoirde salut, et voyant ses ennemis abuser, pour sa perte,<strong>du</strong> nom de celui qu'il avait fcit roi, il se réfugia dans untemple. La sainteté même <strong>du</strong> lieu ne le protégea pas, etil y fut massacré.X. Perdiccas , ayant fait rentrer l'armée dans la ville ,rassembla en conseil les principaux chefs, et l'on y réglale partage de l'empire. La souveraineté resta toujoursau roi : Ptolémée fut nommé satrape de l'Egypte et de lapartie de l'Afrique qui avait été conquise : la Syrie futdonnée à Laomédon, avec la Phénicie. On assigna la Cilicicà Philotas. La Lycie, ainsi que la Pamphylie et lagrande Phrygie échurent à Antigone; on envoya Cassandredans la Carie, et Ménandre dans la Lydie. La petitePhrygie, voisine de l'Hellespont, fut le partage de Leonnatus;et la Cappadoce passa, avec la Paphlagonie, àEuniène. On le chargea de la défense de ce pays jusqu'àTrapézonte, et de la guerre contre Arbate: c'était le seulpriuce qui refusât de se soumettre. Pithon eut le gouvernementde la Médie, Lysimaque celui de la Thrace, eumême temps que des nations voisines, répan<strong>du</strong>es sur lesbords <strong>du</strong> Pont-Euxin. Quant aux gouverneurs de l'Inde,delaBactriane, de la Sogdiane et des autres peuples qui28.


06 Q. CURTII RUFI LIB. X.jussi. Qui Indiae 9 quique Bactris, et Sogdianis, ceterisqueaut Oœani, aut Rubri maris accolis praeerant ?quïbus -quisque finibus habuisset, imperii etiam jusobtineret. Decretuni est, ut Perdicca eom rege esset,copiisque praeesset, quae regem -sequebaotur.Credidere quidam, testainento Âlexandri distribuasesse provincias; sed famam ejus rei ? quaiiquam ab auctorîbustradita est , vanam fuisse comperimus. Et quidemsuas quisque opes , divisis imperiï partibus, tuebantur,quas ïpsi fundaverant f si unquam adversus immodictscupiditates terminus staret. Quippe ? paulo ante régisministri, specie imperii alieni procurandi, singuli ingentiainvaserant régna; subi a lis certaminum causis 9quum et omnes ejusdem gentis essent f et a ceteris suisquisque imperii regione discreti. Sed difficile erat f eoconlentos esse f quod obtulerat occasio : quippe sordentprima quaeque, quum majora sperantur. Itaqueomnibus expeditius videbatur augere régna, quam fuissetaccipere.Septimus dies erat, ex quo corpus régis jacebat insolio, curis omnium ad forman<strong>du</strong>m publicum statum atam solemni munere aversis. Et non aliis quam Mesopotamiseregione fervidior aestus exsistit, adeo ut pieraqueanimalia, quae in nudo solo deprehendit, exstinguat: tantus est vapor solis et cœli , quo cuncta welul


QUINTE-CURCE, LIV. X. 43?habitaient les côtes de l'Océan ou de k mer Rouge 9 onlaissa à chacun d'eux, sur la même éten<strong>du</strong>e de pays, lamême autorité. Il fut enfin décidé que Perdiccas resteraitauprès <strong>du</strong> roi, avec le commandement des troupes attachéesà la personne royale.On a cru qu'Alexandre avait réglé par son testamentle partage des provinces : mais nous sommes assurés quecette tradition, bien qu'appuyée de quelques autorités,est sans fondement Une fois la division de l'empire accomplie,chacun pouvait sans doute garder la puissancequ'il s'était créée lui-même, si jamais il y avait des bornescontre le torrent des passions. Naguère simples serviteursd'un roi, ils venaient, sous le prétexte d'exercer une autoritéétrangère, de s'approprier de grands royaumes;et nulle cause de rivalité n'existait entre eux, puisqu'ilsétaient tous de la même nation;, et que des limites bienmarquées séparaient leurs divers états. Mais il était difficilequ'ils se contentassent de ce que l'occasion leuravait offert : on dédaigne un premier bien, lorsqu'on enespère ua plus riche ; et il leur parut plus facile à tousd'accroître leur puissance, qu'il ne l'avait été de Pobtenir.Il y avait sept jours que le corps <strong>du</strong> roi était sur sonlit de parade a5 , et le soin de régler les affaires publiquesavait détourné tous les esprits <strong>du</strong> devoir solennel desfonérailks. Or, il n'est point de contrée où la chaleur^it plus ardente que dans les plaines de Mésopotamie,et souvent les animaux qu'elle surprend en rase campagney sont frappés de mort : tant le soleil échauffe ceciel eoiammé, qui dévore tout comme le feu ! Les sources


|38 Q. CURTII RUFI LIB. X.igné torrentur! Fontes aquarum et rari sunt, et iocolentiumfraude celantur : ipsis usus patet; ignotus estadvenis. Ut tandem curare corpus exanimiim amicisvacavit, nulla tabe, ne minimo quidem livore corraptumvidere, qui ietra¥erant : vigor quoque, qui constatex spiritu, non destituerai vultum. Itaque iEgyptiiChaldaeique f juss» corpus suo more curare, primo nonsunt ausi admovere velut spiranti manus : deinde f precatiut jus fasque esset mortalibus attrectare eum, purgaverecorpus; repletumque est odoribus aureom solium,et capiti adjecta fortunae ejus insigeia. Venenonecatum esse credidere plerique : filium Ântipatri interministros f lollam iioiîîîiîe f patris jussu dédisse. S»pecerte audita erat ¥ox Âlexandri, Antipatrum regiumaffectare fastigium ; majoremque esse praefecti opibus,ac titulo spartanae victoriae inflatum, omnia a se dataasserentem sibi. Credebant etiam, Craterum cum vcterummilitum manu ad intcrficien<strong>du</strong>m eum missura. Vïmautem veneni, quod in Macedonia gignitur, talem esseconstat, ut ferrum quoque exurat 9 unguîae jumenti <strong>du</strong>ntaxatpatiens. Stygem appellant fontem, ex quo pestiferum¥irus émanât. Hoc per Cassandrum allatum, trtditumquefratri Iollae, et ab eo supremae régis poîioniinditum. Haec utcunque sunt tradita, eorum, quos rumorasperserat f mox potentia exstinxit. Regnum euim


QUIffTE-CURCE, UV. X.4^9d'eau sont rares, et cachées par la ruse des habitai» : lajouissance leur en est libre, mais dérobée aux étrangers.Cependant lorsque les amis d'Alexandre purent enfindoener leurs soins à son corps inanimé, ils le trouvèrenten entrent, sain et sans la moindre trace d'altération :cette vive fraîcheur, qui tient au souffle de la vie, n'avaitmême pas abandonné son visage. Aussi les Égyptiens etles Chaldéens, chargés de l'embaumer selon les pratiquesde leur pays, crurent qu'il respirait encore, etn'osèrtentd'abord y mettre la main. Après l'avoir ensuite prié depermettre que des mortels le touchassent, ils nettoyèrentle corps; on l'enferma dans un cercueil d'or rempli deparfums, en lui mettant sur la tête le symbole éclatantde sa fortune. L'opioion générale est qu'il périt par lepoison ; et que ce fut Iollas, fils d'Antipater, un de sesofficiers, qui le lui versa. Ce qui est certain, c'est qu'onentendit Alexandre répéter souvent qu'Antipater aspiraità la royauté, que sa puissance était au dessus de celled'un lieutenant, et qu'enorgueilli de sa victoire sur lesSpartiates, il prétendait se devoir à lui - même tout cequ'il tenait <strong>du</strong> roi. On croyait même que Cratère avaitété envoyé, avec un corps de vieilles troupes, pour lemettre à mort. On sait aussi que la Macédoine pro<strong>du</strong>itun poison si violent, qu'il va jusqu'à consumer le fer, etne se laisse garder que dans une corne de cheval. Lenom de Styx a été donné à la fontaine d'où découle cevenin mortel. Cassandre l'apporta et le remit à son frèreIollas, qui le mêla au dernier breuvage <strong>du</strong> roi. Quoi qu'ilen soit de ces bruits, ils furent bientôt étouffés par lapuissance de ceux qu'ils flétrissaient. Antipater, en effet,s'empara <strong>du</strong> royaume de Macédoine, en même temps'que de la Grèce, et il eut pour successeur son fils, qui


44© Q. CURTÏ1 RUFI LIB. X.Maeedoniae Antipater, et Grœciam quoque invastt : so»boles deînde excepit f ieterfectis omnibus quicumqucAlexandrum €tiam longinqua cognatione configurantCeterum corpus ejus a Ptolemœo, cui JSgyptus cesserat,Memphin, et inde paucïs post aonis Alexandriam ?translatum est; omnisque memoriae ac nomini honoshabetur.


QUINTE-CURCE, LIT. X. 441fit massacrer tout ce qui tenait, même par une parentééloignée, au sang d'Alexandre. Cependant le corps dece monarque fut transporté par Ptolémée, le nou¥eaumaître de l'Egypte, à Memphis, et de là, peu d'annéesaprès, à Alexandrie, où Ton rend toute espèce d'honneurà sa mémoire et à son nom.


NOTESDU L1VHE DIXIEME.i. Qui avaient tué Parménion par tordre dm roi. Pour direplus juste, c'étaient eux qui avaient aidé dans ce meurtre Polydamas.Voyez liv. vu, chap. %.s. Il les fié donc meiire dams les fers. Ajoutons, d'après Arrien,Diodore et Plutarque, qu'il les fit punir de mort; autrement l'iniquitéeût été trop criante.3. Erpkrns. 'Epuipèç, rouge.4. Que des lettres.... Nous ne tra<strong>du</strong>isons pas a Cœno. Cénas,comme on fa vu, était mort dans l'Inde.5. En Asie» Il est assez clair que ce mot désigne ici particulièrementl'Asie Mineure.6. La Grèce même. Il y a ici une lacune comblée par Freinshemius.La partie suppléée s'étend depuis înmuhibus inconcussastetit jusqu'à la fin <strong>du</strong> chapitre.7. Qui l'avaient arrêté. Nous adoptons 1a leçon que M. Lemaireapprouve lui-même, tout en ne lui donnant pas place dans kteste de son édition : a quibus mtereeptmm , et/- Tkimèmne quodamauctore, interemptum per insidias.8. Ce ramas d'hommes qui les indignait. On soupçonne "que letexte est, en cet endroit, surchargé par l'intro<strong>du</strong>ction de quelquephrase étrangère, qui fait pléonasme.9. Après avoir englouti les dépouilles tles mations vaincues. Onsent qu'une périphrase est ici nécessaire, et que l'énergique cruditéde l'expression latine, profundo ventre circumferentes, estimpossible à tra<strong>du</strong>ire.


NOTES DU LIVRE X.44^10. Fils objets auxquels elles ont été prodiguées I Nous adoptonsla kçon de Tellier, Modius et autres, in quod impen<strong>du</strong>niur.Le sens proposé par Schmieder est Inadmissible. Comment detoutes leurs richesses ne leur resterait-il que des intérêts m payer,•quodimpenditur, le lendemain <strong>du</strong> jour où Alexandre vient d'acquitterlui-même toutes leurs dettes ? Il n'est pas bien sûr d'ailleursque le verbe impenditur se prête, en bon latin, à cette signification.Au contraire, rien de plus naturel et de mieux enrapport avec ce qui précède, que ce reproclie de n'avoir conservéde tout l'attirail de leurs richesses, que les courtisanes auxquellesils les ont prodiguées.il. Toute leur licence désordonnée. Les lignes <strong>du</strong> texte quicorrespondent à celles que nous avons, dans la tra<strong>du</strong>ction, enferméesentre des crochets, manquent dans quelques manuscrits,et se trouvent dans d'autres. Il y a lieu de soupçonner que, si cen'est pas un supplément de quelque main inconnue, le texte a étéau moins amplifié et chargé d'un luxe de mots inutiles.12. L'élite de la jeunesse. Ces jeunes soldats, au nombre d'environtrente mille, avaient reçu d'Alexandre le nom d'itaifevoi,et en leur donnant les armes et la discipline macédoniennes, ilavait singulièrement choqué la fierté nationale de ses compatriotes.i3. La fille de Darius. Statira.14. Ayant achevé ce discours. Nouveau supplément de Freinshemius.i5. Enfin, égarés par la douleur. Le reste <strong>du</strong> chapitre est toutentier suppléé par Freinshemius.16. Au plus digne» Nous tra<strong>du</strong>isons selon le sens généralementadmis, en observant toutefois que la version littérale <strong>du</strong> motgrec TM xparforç serait au plus fort17. Une domination nouvelle. Schmieder, et M. Lemaire aveclui, soupçonnent ici le texte altéré par l'intro<strong>du</strong>ction de plusieursmots qui y étaient étrangers. Ils voudraient éliminer entre autresceux-ci : sine herede regni f qui ne sont qu'une évidente répétition.


444 NOTES BU LIVRE X.18. Circonstances présentes. M. Lemaire a ctîitagè ici f sansqu'il soit bien nécessaire 9 la leçon communément adoptée. Aslieu de nec êempori rerum...., il a mis nec tempori. Verum.Nous avons tra<strong>du</strong>it selon la leçon ordinaire.19. lis s*meuglaient sur tout le reste. Ces dernières paroi»ont quelque obscurité , à cause d'eue lacune qui se trouve ici dansle discours de Pithon. Mais le sens en est que les soldats, uniquementpréoccupés dans Aridée <strong>du</strong> mérite qu'il a d'être le hèred'Alexandre, oublient de ebereber en lui les qualités nécessairesau commandement, ad cetera caiigmsse.20. Qu'il ne tapait espéré. Nous admettrions ¥olontiers la leçonqui propose, au lieu de quant speraverat, qmem sprevemnLIl faudrait alors tra<strong>du</strong>ire : «Perdiecas f tout-à-fbeure élu, n'ataiîplus que quelques partisans pour lui donner l'empire; Philippe,que l'on avait méprisé, en trouvait un plus grand nombre. »ai. lisse réjouissaient, etc. — Gaudebant est supprimé parquelques commentateurs, d'après l'autorité de plusieurs mansscrits.Au lieu de imperii vires, on propose vices, et sous afosstra<strong>du</strong>it d'après cette leçon.22. Courut auprès <strong>du</strong> roL La plupart des éditions portaitquum adissent. Nous avons lu avec M. Lemaire adùset.a3. Chacun, etc. Plusieurs commentateurs lisent quàque mlieu de quoque.24. Bans une éternelle postérité» — Voyez, au sujet de celtepompeuse déclamation, la notice en tête <strong>du</strong> i er volume.a5. Sur son lit de parade. — Solio,... Ce mot ne peut désignerici le trône d'AJexaudre, dont il a été parlé plus haut sous lenom de sella regia.


TABLEDES MATIÈIES CONTENUES DANS CE VOLUME.fteges.QUINTE-CUECE. HlSTOIEB D'ALEXâHBlE-LE-GlAlfS.Livre Vil , i<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> livre VII 116Livre VIII 118<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> livre VIII 246Livre IX 248<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> livre IX 3/ ( 6Livre X 348<strong>Notes</strong> do livre X44sFIN DU TOME TROISIEME ET DERNIER.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!