Repères n°5 - mars 2008 Musiques du monde en ... - Arcade PACA

4 | diversité Données culturelleet territoires • n°4 - octobre 2005aux festivals et à la radio". Fort de cette expérienceprofessionnelle (animateur radio,programmateur artistique et responsabled’association culturelle), Armando Coxesouhaite simplement"créer despasserelles". S’interrogeantpluslargement sur lanotion d’identitéet grâce à son association, il met en œuvredes soirées musicales, des ateliers musiquesdu monde dans les écoles, et des projets aulong cours qui "permettent à chacun de comprendreses racines afin de pouvoir vagabonderdans d’autres univers, sans les hypostasier".On se souvient des résidences croiséesentre musiciens français et brésiliens lorsdes rencontres Brésil Anthropophage en2005, à l’occasion de l’Année du Brésil enFrance. Et plus récemment, de la création deLa Maison du Chant à Marseille avec l’associationLes Voix du chant, qui projette d’organiserà l’automne 2008 un Forum régionalsur la voix et la pratique chorale. ArmandoPlus qu’une émission radiophonique,Cocotte musique est un lieu de vie qui faitsens, un lieu de réflexion possible autourde la musique.Coxe pose unregard sur l’art,la culture et lamusique avec lavolonté de comprendrecommentles phénomènes musicaux se créentet de réfléchir aux pratiques actuelles, sanssouci de conservation. Ce qui le pousse àtravailler actuellement à un hommage àl’écrivain américain Claude McKey qui vécutà Marseille, auteur de Banjo, dont le personnagecentral est un marin haïtien échouédans "La Fosse", sur le port de la Joliette,un banjo en bandoulière, et dont le rêve estde créer un groupe pour faire découvrir lesmusiques noires américaines. "La littératurenous révèle un peu du parcours des musiquesdu monde à Marseille" constate ArmandoCoxe qui a déjà programmé des conférencesavec projection et débats, des émissionssur Radio Grenouille, une création musicaleréunissant musiciens de Harlem (New York)et Moussu T, mais aussi une exposition à laTour du Roy René en collaboration avec leMuCem. C’est dire si Cocotte Musique estbien plus qu’une émission radiophonique,mais bien "un lieu de vie qui fait sens et unlieu de réflexion possible autour de la musique".De toutes les musiques.Diffusion de Cocotte Musique tous les 1 er et 3 edimanches du mois à 13h30. Radio Grenouille 88.8 FMwww.cocottemusique.orgRassegna, chanter et vivreensemble en MéditerranéeLa compagnie Rassegna ("rassemblement"en langue sarde) est née de l’envie deBruno Allary de réunir autour de lui desmusiciens de traditions méditerranéennesdifférentes : musiques flamenca et araboandalouse,chant grec, napolitain et corse,sur fond d’Occitanie.Dessiné depuis cinq ans, ce projet pérennepermet de travailler en profondeur avec unvrai propos : "il s’agit de présenter un espaced’universalité musicale de la Méditerranée,explique Bruno Allary, en rassemblant ceque toutes ces musiques ont en commun,même si les passerelles sont parfois difficilesà trouver". Garder la spécificité de chacundans toute son âpreté, arrondir les anglessans niveler par le bas pour atteindre lafluidité : c’est tout le pari de la compagnieRassegnaRassegna qui veut "garder l’âme et l’énergiedes chants originels tout en proposant une lecture nouvelle". PourBruno Allary, chaque artiste de la compagnie doit pouvoir s’y retrouveren respectant ses bases musicales propres. Il parle même"de toucher à l’universel", à condition de ne jamais perdre de vue ceque ces musiques ont de spécifique à l’origine. Sur scène, la mixitémusicale de Rassegna est à l’image des rues de Marseille et de lavie dans la région. Bruno Allary constate : "c’est la manière dontles communautés cohabitent qui est particulière ici. Historiquement,et aujourd’hui encore, il y a une tradition du vivre ensembleà Marseille, et plus largement dans le Sud-Est. Cela se ressent aussisur le plan musical". Difficile alors d’isoler la partie culturelle, artistiqueet musicale de considérations sociologiques ou politiques.Le simple fait de mettre ensemble sur scène des chanteurs aussidifférents que Juan Fernandez "Tchoune", Fouad Didi, GeorgesMas, Cesare Mattina, Carmin Belgodère ou Maxime Merlandiparle de lui-même. Tous chantent dans leur langue et dans celledes autres "parce que c’est naturel pour nous de le faire et que celavaut toutes les explications". Avant toute chose, la motivation dela compagnie est d’être, de jouer et d’échanger avec des artistes dumonde méditerranéen afin de proposer "une vision de la Méditerranéedes musiques".Ce qui ne l’empêche pas, bien au contraire, de s’ouvrir régulièrementà des influences extérieures (comme lors de créations auYémen, au Mexique ou avec la chanteuse bretonne Annie Ebrel)ou d’aller à la rencontre d’artistes encore méconnus à Marseille :"le vivier des pratiques musicales amateurs est extrêmement richedans la région. Mais beaucoup d’artistes très talentueux sontméconnus, et les conditions d’installation précaires d’une partiedes populations immigrées ne leur permettent pas d’envisager uneprofessionnalisation artistique. Il y a vraiment là une mission desoutien à accomplir, pour les aider à chanter à nouveau, faire de lascène et se professionnaliser".www.rassegna.free.fr© Fred Girerd[Collection Repères n°5 - mars 2008 - © Arcade PACA]