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"Back to Bangalore". - Université de Poitiers

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102 e-migrinter n°3 2009« <strong>Back</strong> <strong>to</strong> Bangalore ». Etu<strong>de</strong> géographique<strong>de</strong> la migration <strong>de</strong> re<strong>to</strong>ur <strong>de</strong>s Indiens très qualifiésà Bangalore (In<strong>de</strong>)Thèse soutenue le 5 décembre 2008par Aurélie Varrel à l’Université <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong>Cette recherche doc<strong>to</strong>rale aémergé d’un questionnementsur l’image <strong>de</strong> « SiliconValley » qu’a acquis Bangalore, cinquièmeville <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>. À l’évolution technopolitaine<strong>de</strong> la ville correspond un phénomènemigra<strong>to</strong>ire contemporain <strong>de</strong> re<strong>to</strong>ur <strong>de</strong>migrants indiens très qualifiés, cadres etpersonnel <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong>hautes technologies, revenant y travailleraprès un certain nombre d’années passées àl’étranger, principalement aux Etats-Unis. Jeme suis attachée à croiser géographieurbaine, géographie économique etgéographie <strong>de</strong>s migrations pour étudier lere<strong>to</strong>ur <strong>de</strong> ces migrants très qualifiés du Nordvers le Sud dans le contexte <strong>de</strong> la fabriqued’un espace métropolitain et technopolitainau Sud. Les migrants <strong>de</strong> re<strong>to</strong>ur ont donc étéétudiés en tant qu’acteurs permettantd’analyser les mutations en cours àdifférentes échelles car ils sont à la fois coproducteurs<strong>de</strong> l’espace transnational parleur projet <strong>de</strong> re<strong>to</strong>ur et co-producteurs <strong>de</strong>l’espace urbain par leurs pratiques au lieu <strong>de</strong>re<strong>to</strong>ur. Bangalore a ainsi constitué un posted’observation privilégié <strong>de</strong>s mutationssociales, économiques et spatiales <strong>de</strong> l’espaceet du champ migra<strong>to</strong>ire indien dans lecontexte <strong>de</strong> la troisième mondialisation.Sur le plan méthodologique, l’objet <strong>de</strong>recherche a été abordé sous trois angles. Jeme suis avant <strong>to</strong>ut attachée aux acteurs <strong>de</strong> lamigration <strong>de</strong> re<strong>to</strong>ur, que l’on appelle enanglais et en In<strong>de</strong> <strong>de</strong>s returnees, en adoptantune démarche qualitative qui a reposé sur<strong>de</strong>s entretiens semi-directifs, en l’absence <strong>de</strong>données quantitatives. Le <strong>de</strong>uxième angle <strong>de</strong>la démarche a concerné les acteurs dusecteur immobilier bangaloréen(promoteurs, architectes, urbanistes), afin <strong>de</strong>comprendre l’apparition <strong>de</strong> nouveaux typesd’espaces urbains, en particulier celle d’espacesrési<strong>de</strong>ntiels clôturés à accès restreintqui sont omniprésents dans les pratiquesrési<strong>de</strong>ntielles <strong>de</strong>s returnees. Le troisième anglea été institutionnel, interrogeant le rôle <strong>de</strong>spolitiques nationales et <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>sdispositifs légaux dans le processus <strong>de</strong>re<strong>to</strong>ur ; il a consisté à la fois en uneexploitation <strong>de</strong> données statistiques et <strong>de</strong>corpus législatifs, en <strong>de</strong>s enquêtes auprès <strong>de</strong>représentants <strong>de</strong> l’exécutif, ainsi qu’en untravail d’observation (vie associative,Journées <strong>de</strong> la diaspora indienne).Cette recherche a permis <strong>de</strong> dégagertrois résultats principaux.Sur le plan conceptuel la thèse ainterrogé la pertinence <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong>migration <strong>de</strong> re<strong>to</strong>ur, qui semble disqualifiéepar le glissement du paradigme migra<strong>to</strong>ire auparadigme circula<strong>to</strong>ire. On l’a utilisée dans lamesure où elle correspond au projet <strong>de</strong>sreturnees, à condition <strong>de</strong> l’étudier d’une part<strong>de</strong> manière processuelle, c’est-à-dire commeune étape <strong>de</strong> trajec<strong>to</strong>ires individuelles etfamiliales complexes, d’autre part en tantqu’un ensemble <strong>de</strong> pratiques. Les re<strong>to</strong>ursanalysés s’expliquent à la fois parl’élargissement <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> rentrerdans la continuité <strong>de</strong> la carrièreprofessionnelle pour <strong>de</strong>s migrants trèsqualifiés, et par la mise en place progressived’un savoir-rentrer qui a permis d’augmenterles re<strong>to</strong>urs. Néanmoins il faut distinguerentre rentrer, rester et repartir. Ainsi le projet <strong>de</strong>repartir est apparu comme une perspectiveprégnante pour les returnees <strong>de</strong> Bangalore, cequi se traduisait par <strong>de</strong>s pratiques


e-migrinter n°3 2009 103transnationales mises en place à l’échelle <strong>de</strong>sfamilles, jouant notamment sur différentsregistres <strong>de</strong> ci<strong>to</strong>yenneté. Le projet <strong>de</strong> re<strong>to</strong>uret la diffusion d’un savoir-rentrer alimentent enoutre la mobilité puisque la perspective <strong>de</strong>pouvoir rentrer participe à la construction <strong>de</strong>trajec<strong>to</strong>ires migra<strong>to</strong>ires <strong>de</strong> plus en pluscomplexes. Ainsi la migration <strong>de</strong> re<strong>to</strong>urconstitue un élément du fonctionnement duchamp migra<strong>to</strong>ire <strong>de</strong>s migrants indiens : elleindique une <strong>de</strong>nsification <strong>de</strong> ce champ, oùles migrants très qualifiés jouent <strong>de</strong> plus enplus sur l’entre-<strong>de</strong>ux et les allers-re<strong>to</strong>ursentre Nord et Sud.Sur le plan méthodologique, larecherche a été conduite selon une démarchecompréhensive, prenant en compte l’échelledu ménage et du groupe familial élargi <strong>de</strong>sreturnees. Elle se démarque <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vued’une large partie <strong>de</strong>s travaux portant sur lesmigrations <strong>de</strong>s plus qualifiés, généralementbasés sur une approche quantitative, centréssur l’échelle individuelle et s’intéressantplutôt aux questions <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>scompétences, <strong>de</strong> carrières et <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong>ssavoirs. Ce choix méthodologique a mis enévi<strong>de</strong>nce l’importance <strong>de</strong> facteurs extraprofessionnels(familiaux, culturels, sociaux,rapports <strong>de</strong> genre) dans les ressorts <strong>de</strong> lamobilité internationale <strong>de</strong> ces migrants, ainsique celle <strong>de</strong>s cadres légaux et politiquesrelatifs aux migrations et à la ci<strong>to</strong>yenneté.Ces dimensions <strong>de</strong> la mobilité internationalesont souvent éludées en ce qui concerne lesmigrants très qualifiés, or leur prise encompte me semble contribuer à unenrichissement <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong>s trajec<strong>to</strong>iresmigra<strong>to</strong>ires <strong>de</strong>s plus qualifiés.En effet ils participent du fonctionnement etdu renforcement <strong>de</strong> réseaux sociaux,professionnels, technologiques et financiersentre cette ville et d’autres pôles à l’échellemondiale, en particulier dans le secteur <strong>de</strong>l’informatique. À ce titre la migration <strong>de</strong>re<strong>to</strong>ur participe à l’émergence au Sud d’unnouveau pôle d’innovation, fonction jusquelàconfinée dans les pays du Nord. Toutefoisles pratiques <strong>de</strong> l’espace urbain <strong>de</strong>s returnees,appréhendées au travers <strong>de</strong> leurs pratiquesrési<strong>de</strong>ntielles, s’insèrent dans la diffusion <strong>de</strong>formes urbaines et d’images <strong>de</strong> la ville sousle signe <strong>de</strong> la clôture et <strong>de</strong> la ségrégation quisont portées et implantées à Bangalore avant<strong>to</strong>ut par les professionnels du secteurimmobilier, promoteurs et architectes. Lesmigrants participent et profitent dudéveloppement d’espaces rési<strong>de</strong>ntielsclôturés, condominiums et gated communities, àl’architecture correspondant à <strong>de</strong>s modèlesstandardisés, pour cultiver un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vieentre-<strong>de</strong>ux, mais n’en sont pas les initiateurs.Cela souligne leur rôle d’agents au sein <strong>de</strong> lacomplexité <strong>de</strong>s phénomènes relatifs à lamondialisation.Aurélie VarrelDocteure en géographieMIGRINTER - UMR 6588CNRS /Université <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong>aurelie.v@gmail.comLa recherche a enfin questionné larelation entre migration et mutations <strong>de</strong>l’espace et <strong>de</strong> l’économie urbaine, eninterrogeant le rôle joué par la migration <strong>de</strong>re<strong>to</strong>ur dans la fabrique technopolitaine etmétropolitaine bangaloréenne. Les returneessont apparus instrumentaux dans lacroissance <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong> pointe sur lesquelsrepose en partie l’insertion <strong>de</strong> Bangaloredans les réseaux <strong>de</strong> l’économie mondialisée.

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