Sasha, conseillère emploiformation insertion dans uneassociation intermédiaire.Une association intermédiaire est unemployeur qui met à disposition dupersonnel (public désocialisé, mais aussi public plusproche <strong>de</strong> l’emploi) auprès <strong>de</strong> tous types <strong>de</strong> clients(particuliers, collectivités, entreprises…) pour <strong>de</strong>smissions variées (ménage, jardinage, manutention,bricolage…).« L’objectif est d’utiliser la mission <strong>de</strong> travail commesupport pour accompagner la personne et l’ai<strong>de</strong>r àsortir du dispositif pour accé<strong>de</strong>r à un emploi dans lesecteur marchand. Travailler pour notre associationn’est pas une fin en soi, c’est plutôt un passage.Nous essayons <strong>de</strong> faire en sorte que les personnestrouvent une solution dans les 2 ans. Mais ce n’estpas toujours possible. Certaines personnes sontmalheureusement beaucoup trop éloignées <strong>de</strong>l’emploi, admet Sasha. Mon rôle est alors <strong>de</strong> lesaccompagner et <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r du mieux que je peux. »Sasha a été embauchée avec un BTS ESF(économie sociale et familiale) par l’association pourdévelopper l’accompagnement <strong>de</strong>s salariés. En poste,elle a ensuite validé un diplôme <strong>de</strong> CEFI (ConseillerEmploi Formation Insertion). « La formation <strong>de</strong> CEFIm’a beaucoup apporté. J’ai acquis <strong>de</strong>sconnaissances, <strong>de</strong>s compétences et <strong>de</strong>s outils dont jeme sers au quotidien. »Sasha est polyvalente : accompagnement <strong>de</strong>ssalariés, contact avec les partenaires et les clients,montage <strong>de</strong> projets et d’action… « Il faut une bonneorganisation. Je peux être en entretien avec unsalarié, puis recevoir un appel d’un client etenchaîner avec la Direccte (ex Direction du Travail)qui me pose <strong>de</strong>s questions sur mon activité. Aucune<strong>de</strong> mes journées ne se ressemble, et c’est ce qui estintéressant. Je ne connais pas la routine ! »Accompagnement socioprofessionnel<strong>de</strong>s salariésL’association dispose actuellement d’un fichier <strong>de</strong>90 salariés qui travaillent régulièrement. « Nousavons mis en place avec le réseau <strong>de</strong>s associationsintermédiaires un protocole d’accompagnement.C’est une méthodologie sur laquelle je m’appuie auquotidien. »Les personnes qui se ren<strong>de</strong>nt à l’association sontsoit orientées par <strong>de</strong>s partenaires (Pôle Emploiprincipalement, mais aussi la Mission Locale,Handisertion, IFPA…), soit venues spontanément.« Lorsque je rencontre une personne pour la premièrefois, je lui explique le fonctionnement <strong>de</strong>l’association, puis je lui fixe un ren<strong>de</strong>z-vous en luidonnant la liste <strong>de</strong>s pièces à fournir pour l’inscription.Je ne fais jamais l’inscription tout <strong>de</strong> suite, même sila personne a déjà tous ses papiers. Pour moi, c’estune sorte <strong>de</strong> test, explique Sasha. Je verrai si lapersonne vient bien au ren<strong>de</strong>z-vous, si elle est àl’heure, si elle a pris ses documents… Cela mepermet d’évaluer sa motivation et déjà <strong>de</strong> fairequelques observations. »Lorsque la personne revient pour s’inscrire, Sashavérifie qu’elle rentre dans les critères <strong>de</strong>l’association : bénéficiaire <strong>de</strong> minima sociaux (RSA,ASS…), travailleur handicapé, jeune en gran<strong>de</strong>difficulté, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’emploi <strong>de</strong> longue durée…« L’entretien dure 30 à 45 minutes. Je rentrecertaines informations dans un logiciel. J’étudie lesressources <strong>de</strong> la personne, sa situation… Ce quej’apprends reste entre le salarié et moi, c’estconfi<strong>de</strong>ntiel. On me confie <strong>de</strong>s choses très intimes, jedois être discrète. Je ne retrace dans le logiciel queles gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong>s entretiens. »Si la personne n’est pas éligible, Sasha la dirigevers d’autres partenaires comme Pôle Emploi ou laMission Locale. « Par exemple, je refuse lesinscriptions <strong>de</strong> jeunes étudiants qui cherchent un jobd’été : ils ne correspon<strong>de</strong>nt pas à mon public et ilexiste d’autres dispositifs pour eux. »Sasha présente à la personne inscrite la structure,les missions proposées… « Je rappelle bien que noussommes employeur. Je profite <strong>de</strong> l’inscription pourabor<strong>de</strong>r avec la personne son parcours antérieur, sesprojets, sa situation… » L’inscription est une étapetrès importante qui permet à Sasha <strong>de</strong> décelercertaines problématiques : illettrisme, alcoolisme,problèmes <strong>de</strong> mobilité, problèmes <strong>de</strong> santé… « Je neles abor<strong>de</strong> pas avec la personne à ce moment-là,c’est trop tôt. Je dois d’abord nouer une relation <strong>de</strong>confiance avec elle, ce qui peut prendre du temps.Les problèmes <strong>de</strong>s personnes ne se règlent pas dujour au len<strong>de</strong>main, c’est un métier <strong>de</strong> patience. »Sasha contacte la personne lorsqu’elle a une 1 èremission à lui proposer. Avant d’aller chez le client, ellepropose au salarié un entretien pour lui présenter samission, lui rappeler les consignes <strong>de</strong> sécurité, luiexpliquer son contrat <strong>de</strong> travail et sa rémunération,regar<strong>de</strong>r avec lui l’itinéraire… « Dans l’idéal, je <strong>de</strong>vraisvoir le salarié 2 fois avant son départ en mission.Mais c’est bien souvent impossible, car noustravaillons beaucoup dans l’urgence. Les clientsappellent pour avoir quelqu’un dans les jours quisuivent. Il faut être réactif, sinon nous perdons lamission. Il faut savoir que nous nous autofinançons à90%, nous <strong>de</strong>vons faire <strong>de</strong>s missions pour assurer lasurvie <strong>de</strong> l’association. » Sasha prépare aussi l’arrivéedu salarié avec le client. « Je fais toujours le lien entrele client et le salarié. Mais j’essaie <strong>de</strong> pousser lesalarié vers l’autonomie. C’est à lui <strong>de</strong> prendrecontact avec le client. Ce n’est pas toujours évi<strong>de</strong>nt,je dois souvent beaucoup me répéter et certains ontbesoin plus que d’autres d’être encadrés. Il m’arrive<strong>de</strong> téléphoner à certains salariés plusieurs fois avantla mission pour leur rappeler les horaires », nous diten souriant Sasha.Lorsque la mission est terminée, Sasha fait le pointavec le client. « J’utilise les remarques du client,qu’elles soient positives ou négatives, dans mesentretiens avec le salarié. Si un client me dit que lesalarié est arrivé ivre un matin, je m’en sers pourabor<strong>de</strong>r le sujet. C’est toujours très délicat, lessalariés sont souvent dans le déni, ils ne veulent pasadmettre qu’ils ont un problème. Je peux avoir <strong>de</strong>sprésomptions, mais si je n’ai rien <strong>de</strong> concret, commela remarque d’un client, c’est plus difficile d’en parler.Et je fais très attention à ne pas brusquer lapersonne : il faut y aller en douceur, être trèsdiplomate. Je ne dois ni la juger, ni lui faire la morale.Je ne suis pas non plus là pour régler le problème. Jesuis plutôt là pour faire prendre conscience duproblème et faire le lien vers les professionnelsconcernés. Mais tout ça n’est possible que lorsquej’ai noué avec le salarié une relation <strong>de</strong> confiance. »Le salarié enchaîne ensuite missions (si possiblediversifiées) et entretiens avec Sasha. « Nous faisons1 bilan annuel pour voir les évolutions, faire le pointsur les objectifs fixés… Je suis entre le travailleursocial et l’employeur. Je suis à l’écoute du salarié,mais je peux aussi me montrer ferme lorsqu’il fautrappeler qu’un salarié a <strong>de</strong>s obligations, qu’il fautrespecter certaines règles. Les salariés représententl’association auprès <strong>de</strong>s clients. Récemment, unsalarié est allé travailler avec un t-shirt humoristiquequi ne donnait pas une bonne image <strong>de</strong> lui et <strong>de</strong>l’association. Je lui ai juste fait la remarque que laprochaine fois, un t-shirt plus sobre serait préférable.C’est toujours difficile <strong>de</strong> trouver l’équilibre entre laposition <strong>de</strong> l’employeur et celle du travailleur social »,admet Sasha.Au fil <strong>de</strong>s entretiens et <strong>de</strong>s missions, le salariédéveloppe <strong>de</strong>s compétences, travaille sur certainspoints… « Je mets <strong>de</strong>s choses en place avec lui :amélioration du CV, préparation à <strong>de</strong>s entretiensd’embauche, formations… Jefais <strong>de</strong>s fiches d’objectifs, jelui montre <strong>de</strong>s fiches <strong>de</strong>poste... J’utilise beaucoupd’outils qui me servent <strong>de</strong>support. Nous préparonsensemble sa sortie <strong>de</strong> lastructure, en général pouraller vers <strong>de</strong> l’intérim. Il arriveque certains salariés soientembauchés par nos clientsqui les prennent dans leurseffectifs. »Lorsqu’un salarié s’apprête à quitter l’association,Sasha fait un bilan <strong>de</strong> l’accompagnement, maiscontinue à le suivre encore pendant 3 mois, afin <strong>de</strong>s’assurer que tout se passe bien. «Tous ne sont pasprêt à s’engager dans le mon<strong>de</strong> traditionnel dutravail. J’ai un monsieur qui refuse obstinémenttoutes les propositions <strong>de</strong> CDI. Cela ne correspondpas à ses envies. J’ai accepté cette idée, même si audébut c’était difficile <strong>de</strong> comprendre ce refus d’uneinsertion durable dans le mon<strong>de</strong> du travail. Aprèstout, c’est le but <strong>de</strong> mon travail. J’ai appris à prendredu recul et admis que mes co<strong>de</strong>s et valeurs où lastabilité est privilégiée n’étaient pas les mêmes quecelles du salarié. Je ne <strong>de</strong>vais pas lui imposer mavision du mon<strong>de</strong>. Je mets <strong>de</strong> côté mes aprioris,j’essaie d’avoir un regard neuf et neutre sur lapersonne. Tout le mon<strong>de</strong> ne fonctionne pas <strong>de</strong> lamême manière, c’est pour cette raison qu’il ne fautjamais juger. »Sasha essaie <strong>de</strong> voir les salariés assezrégulièrement en entretien. « 1 fois par mois c’est trèsbien, mais ce n’est pas toujours évi<strong>de</strong>nt. Mais jegar<strong>de</strong> toujours le contact avec eux : on se téléphone,ils passent me donner <strong>de</strong>s nouvelles… L’associationsert <strong>de</strong> repère, ils savent qu’on essayera <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r.J’ai déjà fait <strong>de</strong>s inscriptions à la CAF, aidé à remplir<strong>de</strong>s feuilles d’impôts… Un <strong>de</strong>s salariés m’amène soncourrier, car il ne sait ni lire ni écrire. Mais attention,même si je suis à l’écoute et que je fais preuved’empathie, je ne remplacerais jamais une assistantesociale ! » Sasha doit parfois gérer <strong>de</strong>s personnesagressives. « Ça ne m’arrive pas souvent, mais c’estun moment délicat. Je dois arriver à calmer lapersonne, à désamorcer les conflits. Certains salariésont <strong>de</strong>s comportements inattendus à cause <strong>de</strong>l’alcool, <strong>de</strong> problèmes psychologiques… Le COORACEpropose <strong>de</strong>s formations pour nous préparer. »Relations avec les partenaires et lesclientsSasha sert beaucoup <strong>de</strong> relais vers d’autrespartenaires. « Je sais à qui m’adresser en fonction dutype <strong>de</strong> question : une formation ? J’oriente le salariévers la <strong>MIP</strong> ou la Mission Locale ; un problème <strong>de</strong>mobilité ? Le salarié contacte une associationspécialisée sur le secteur ; un problème d’alcool ? Jefais le lien avec le centre d’alcoologie et lesalcooliques anonymes… Je dois bien connaître lesdispositifs et les structures sur mon bassin. C’est lamême chose pour les entreprises : je dois savoir quiva embaucher, qui va s’implanter… Je dois tout letemps connaître le marché <strong>de</strong> l’emploi. Je participerégulièrement à <strong>de</strong>s réunions menées par PôleEmploi et qui réunissent toutes les structures <strong>de</strong>l’insertion par l’économie (SIAE). »Sasha obtient également beaucoup d’informationspar son réseau : la législation, les nouveaux contrats,le microcrédit, le prêt à la mobilité… « Je chercheaussi beaucoup d’informations par moi-même, jen’attends pas. C’est un métier où il faut êtreautonome et dynamique. »Concernant les clients, Sasha ne gère pasdirectement leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. Ils s’adressent à une <strong>de</strong>ses collègues. « Elle s’occupe <strong>de</strong> saisir la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et<strong>de</strong> la traiter. J’interviens pour chercher avec elle, lessalariés les mieux adaptés en fonction <strong>de</strong> la mission.Comme je les rencontre souvent, je les connais bien,et je fais plus facilement le lien. Je mets un pointd’honneur à connaître leurs noms, leurs parcours,leurs problèmes… Il faut trouver le bon profil en face<strong>de</strong> l’offre. Il ne faut pas mettre en échec un salarié, cequi renforcerait ses difficultés. » Lorsque l’associationne peut pas répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> via son fichier,Sasha contacte Pôle Emploi, la Mission Locale, lesautres structures d’insertion… « Je donne forcémentune réponse au client. »Concernant le démarchage d’entreprises, unecollègue <strong>de</strong> Sasha se charge <strong>de</strong>s 1ers contacts. « Siune entreprise est intéressée, je prends ren<strong>de</strong>z-vousavec elle, nous étudions ensemble ses besoins, nousétablissons <strong>de</strong>s fiches <strong>de</strong> poste… Je reviens par lasuite avec quelques CV. J’apporte également mesconnaissances en matière <strong>de</strong> droit du travail : parexemple embaucher un travailleur handicapéreprésentera un avantage financier. Pour faire cemétier, il faut avoir la fibre sociale, mais aussi un côtécommercial. C’est déroutant, surtout au début, il fauts’adapter. Il ne faut pas être trop timi<strong>de</strong>, il faut aller àla rencontre <strong>de</strong>s élus, <strong>de</strong>s entreprises, <strong>de</strong>spartenaires… »8 Les fiches métiers <strong>de</strong> la <strong>MIP</strong>… Tel : 03.85.76.08.25… Site web http://www.mip-louhans.asso.fr
Suite du témoignage <strong>de</strong> Sasha...Montage <strong>de</strong> projetsPour satisfaire ses clients et améliorer les compétences <strong>de</strong> ses salariés, Sasha a mis en place une formation en entretien <strong>de</strong>s espaces verts.« C’était la première fois, et les salariés ont été ravis. Cette expérience va se renouveler, puisque nous allons monter l’année prochaine uneformation, peut-être en nettoyage industriel. Suite à notre démarchage sur le bassin, nous avons constaté <strong>de</strong>s besoins dans ce secteur. Maisnos salariés sont peu formés, d’où l’idée <strong>de</strong> mettre en place une formation. Je vais me charger <strong>de</strong> trouver un organisme <strong>de</strong> formation, <strong>de</strong>constituer un groupe <strong>de</strong> salariés, <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s financements, <strong>de</strong> gérer l’organisation (salle, matériel, emploi du temps…). »Afin d’aller toujours <strong>de</strong> l’avant, et <strong>de</strong> faire évoluer l’association, Sasha répond à <strong>de</strong>s appels à projets, fait <strong>de</strong>s suivis statistiques… « L’aspectadministratif est lourd. Je dois rendre <strong>de</strong>s comptes, faire <strong>de</strong>s bilans, chercher <strong>de</strong> nouveaux partenaires ou financements… » De bonnesqualités rédactionnelles sont indispensables, ainsi qu’un esprit <strong>de</strong> synthèse et d’analyse, la capacité <strong>de</strong> faire un budget et la maîtrise <strong>de</strong>l’informatique.Alain, conseiller en formationcontinue dans un GRETA.Le rôle d’un CFC est <strong>de</strong> recenser <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>formation, <strong>de</strong> déterminer la manière la plus adaptéed’y répondre, et <strong>de</strong> mettre en œuvre ensuiteconcrètement la formation.Alain est conseiller en formation continue(CFC) <strong>de</strong>puis une quinzaine d’années. « Jetravaille sous l’autorité du délégué académique à laformation professionnelle initiale et continue( DAFPIC). En Bourgogne, le DAFPIC est en charge <strong>de</strong>la formation initiale et <strong>de</strong> la formation continue. Amon sens, c’est une très bonne chose, car les <strong>de</strong>uxapproches, formation initiale et continue, sont trèscomplémentaires. Elles se nourrissent l’une <strong>de</strong>l’autre. Pour être efficace, il faut avoir une visionglobale et donner la réponse la mieux adaptée. »Pour Alain, le métier <strong>de</strong> CFC repose sur 4 fonctions.Le Conseil et l’analyse <strong>de</strong>s besoinsd’un territoireAlain fait du conseil auprès <strong>de</strong> nombreusespersonnes et institutions : chefs d’établissement <strong>de</strong>son bassin, DAFPIC, élus, Pôle Emploi, MissionsLocales, les MIFE (ou <strong>MIP</strong>), la Sous-Préfecture, leConseil Régional, le Conseil Général, les entreprises,les structures liées aux entreprises (MEDEF,branches professionnelles…)…L’initiation d’un projet <strong>de</strong> formation peut avoirplusieurs origines : un besoin émis par <strong>de</strong>spartenaires, une idée du CFC ou la réponse à unappel à projet. « Il faut vérifier sur le terrain, c’est-àdireauprès <strong>de</strong>s entreprises, le bien-fondé <strong>de</strong> ceprojet <strong>de</strong> formation : les besoins sont-ils réels ?Quelles compétences sont <strong>de</strong>mandées ? Quel est levolume <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s … »Pour connaître les besoins, un CFC doit avoir unlarge réseau d’interlocuteurs. « C’est le seul moyend’anticiper, <strong>de</strong> sentir les tendances… Je participe à<strong>de</strong>s réunions, <strong>de</strong>s rencontres et je suis présent dansles lieux où sont échangées <strong>de</strong>s idées, <strong>de</strong>s réflexionssur les besoins. C’est <strong>de</strong> cette manière que j’enprends connaissance et que je recueille les<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. Il faut toujours être à l’affût, être enveille <strong>de</strong>s besoins. Si en réunion, une brancheprofessionnelle évoque un manque <strong>de</strong> compétences,je n’attends pas, je mets déjà mes équipes autravail. La réactivité est très importante. Un jour, unecollectivité a fait part d’un besoin en formation dansle domaine <strong>de</strong> la sécurité. Cette formation <strong>de</strong>vait seréaliser en alternance. Nous avons donc répondupar une offre <strong>de</strong> formation préparant au CAP enapprentissage. Mais après <strong>de</strong>ux années <strong>de</strong>fonctionnement nous nous sommes aperçu très viteque ce cycle ne correspondait pas précisément auxbesoins <strong>de</strong>s entreprises. En effet, les entreprises ontbesoin <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 18 ans. Nous avonsdonc fait évoluer notre offre en proposant ce mêmeCAP, mais par la voie <strong>de</strong> la formation initiale en 1 anpour <strong>de</strong>s jeunes majeurs. Parallèlement, enformation continue, nous avons proposé un modulecourt, le SSIAP. Quelques années plus tard, undécret est paru pour réglementer la profession <strong>de</strong>sagents <strong>de</strong> sécurité et imposer la possession d’unequalification professionnelle. Le SSIAP ne suffisaitplus. Nous avons donc voulu mettre en place un CQP(un diplôme <strong>de</strong> la branche). Il a fallu obtenir unagrément, ce qui a été assez compliqué, mais nousavons réussi. Les formations initiale et continue ontété ici très complémentaires. »Le projet peut émaner également du CFC luimême,d’une réflexion personnelle. « Je me souviensavoir discuté avec un collègue qui me faisait part <strong>de</strong>sa difficulté à trouver un bon négociateur immobilierpour vendre sa maison. Il regrettait le manque <strong>de</strong>professionnalisme et la méconnaissance du droit <strong>de</strong>beaucoup <strong>de</strong> négociateurs dans l’immobilier, quiétaient surtout <strong>de</strong>s commerciaux. J’ai recensé lesdifférents diplômes en immobilier, et je me suisaperçu qu’il n’existait rien sur l’académie. J’aicontacté la fédération et les agences immobilières,et elles étaient très intéressées. Nous avons alorsmis en place avec le GRETA une formation enalternance pour vali<strong>de</strong>r un Bac+2 en immobilier. »Le CFC doit aussi répondre à <strong>de</strong> nombreux appelsd’offre émis par différents financeurs ou entreprises.« C’est <strong>de</strong>venu plus rigi<strong>de</strong> avec le temps, et doncplus compliqué. Il faut apporter une réponse, sesoumettre à <strong>de</strong>s impératifs et prendre le risque <strong>de</strong>voir son projet refusé. On est en concurrence avecd’autres organismes et il faut donc faire la meilleureproposition en termes <strong>de</strong> moyens, <strong>de</strong> contenu, <strong>de</strong>coût… Il est indispensable aujourd’hui <strong>de</strong> multiplierles financeurs et les secteurs <strong>de</strong> formation. Unorganisme qui ne le fait pas, prend le risque <strong>de</strong>perdre <strong>de</strong>s actions et <strong>de</strong> fragiliser sa structure.Ondoit toujours s’adapter aux évolutions <strong>de</strong>s politiquespubliques. Le Greta a essayé <strong>de</strong> trouver un équilibre,nous avons autant <strong>de</strong> financeurs publics que privéset nous intervenons dans les secteurs <strong>de</strong> l’industrie,du transport, du bâtiment, du tertiaire… Il fauttoujours anticiper, travailler avec au moins 1 annéed’avance. Il ne faut pas attendre, être passif ouseulement renouveler les actions existantes. Il fautaller au-<strong>de</strong>vant pour faire évoluer l’offre. »Alain est aussi en contact avec <strong>de</strong>s particuliers.« C’était très fréquent il y a une dizaine d’année,mais maintenant c’est plus rare. Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ursd’emploi notamment passent par <strong>de</strong>s structuresd’accueil (Pôle Emploi, Mission locale…), qui sont<strong>de</strong>venues un passage obligé pour l’inscription enformation. Mais je continue d’avoir quelquesentretiens pour du conseil en formation. Un jour, j’airencontré une dame qui voulait suivre un petitmodule en comptabilité. Elle n’avait pas le Bac etpensait se lancer dans une carrière dans lesecrétariat. Je lui ai expliqué que sans le Bac ouBac+2 elle ne trouverait pas d’emploi. J’ai réussi àlui trouver un financement et a la positionner sur unBTS en alternance, et elle a très bien réussi. Il y atoujours une solution. »L’IngénierieUne fois le projet validé, le CFC doit s’entourer <strong>de</strong>spersonnes compétentes pour l’écrire (contenu,durée, déroulé, faisabilité…).. « Je trouve préférablequ’un CFC ne soit pas spécialiste d’un domaine, ildoit pouvoir s’ouvrir à tous les secteurs, passer <strong>de</strong>l’industrie à la petite enfance. » Alain repère dansson réseau (Education Nationale, Greta, chefs <strong>de</strong>travaux, inspecteurs…) les personnes en capacité <strong>de</strong>l’ai<strong>de</strong>r pour apporter une réponse pédagogique. « Jene peux pas tout savoir, tout connaître <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnièresréglementations <strong>de</strong> tel ou tel secteur. Je suis aucœur d’un réseau aux multiples ramifications et je lesollicite pour m’ai<strong>de</strong>r à apporter une réponse juste etadaptée. Je dois savoir où chercher l’information etvers qui me tourner. »Il se charge aussi <strong>de</strong> l’aspect administratif etfinancier <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> formation. « Je m’occupe dumontage financier. Je dois prévoir tous les coûts, jetiens compte <strong>de</strong>s frais, du salaire <strong>de</strong>sformateurs… Et je dois avoir une recette en facepour équilibrer, voire dégager un excé<strong>de</strong>nt.»Les fiches métiers <strong>de</strong> la <strong>MIP</strong>… Tel : 03.85.76.08.25… Site web http://www.mip-louhans.asso.frL’Animation <strong>de</strong>s dispositifsUne fois le projet validé, présenté et accepté, leCFC s’occupe <strong>de</strong> sa mise en œuvre. « Je suis présentà toutes les étapes. Je constitue une équipepédagogique et administrative et je l’anime : jerépartis le travail, je fais les emplois du temps… Jeme charge <strong>de</strong> trouver les formateurs, soit en internesoit en externe, et donc je fais le recrutement,toujours sous le contrôle <strong>de</strong> l’ordonnateur. Jebénéficie d’une gran<strong>de</strong> liberté dans mon travail pourmonter <strong>de</strong>s actions, m’entourer <strong>de</strong>s personnescompétentes… Ma fonction est vraiment très riche etdiversifiée, je peux intervenir dans <strong>de</strong> nombreuxdomaines.»L’aspect CommercialLe Greta doit se faire connaître <strong>de</strong>s entreprises et<strong>de</strong>s partenaires pour pouvoir être sollicité pour lamise en place <strong>de</strong> formations. « Je ne fais pas <strong>de</strong>démarchage, je n’aime pas ça. Je ne vais pas voirune entreprise en lui disant « Je fais telle formation,voulez-vous envoyer vos salariés ? », mais plutôt« Nous avons certaines compétences, voulez-vousqu’on travaille ensemble pour trouver une réponseadaptée à vos besoins. » Je ne crois pas auxformules toutes prêtes, ce sont nos capacitésd’adaptation et d’évolution qui sont importantes. »Comment travailler dans un GRETA ?• Les conseillers en formation continue (CFC) nedépen<strong>de</strong>nt pas d’un proviseur <strong>de</strong> lycée ou d’undirecteur <strong>de</strong> GRETA. Ils sont nommés par le Recteuracadémique et sont sous l’autorité du déléguéacadémique (en Bourgogne, le DAFPIC qui estcompétent sur la formation initiale et continue.Dans d’autres régions, la formation continue et laformation initiale sont distinctes).• Leurs postes sont financés par l’EducationNationale, et non pas par le GRETA.• Ils sont fonctionnaires, contractuels ou vacataires.En 2010, , en Bourgogne, sur 10 candidatsretenus, un seul était fonctionnaire.• Le recrutement se fait avec un Bac+3 mini. Il fautune bonne connaissance du secteur professionnel,du milieu <strong>de</strong> la formation et du territoire.• Il faut envoyer un CV et une lettre <strong>de</strong> motivation.Les candidats retenus doivent faire une synthèse<strong>de</strong> texte en rapport avec le métier, puis passent<strong>de</strong>vant un jury pour un entretien. Ce jury donne unavis (favorable ou défavorable). L’avis est transmisau DAFPIC qui en avise le Recteur. Le Recteurétablit une liste d’aptitu<strong>de</strong> valable sur l’académiependant 1 an. La liste est transmise au DAFPIC quis’occupe <strong>de</strong> l’affectation <strong>de</strong>s postes (toutes lespersonnes inscrites sur la liste d’aptitu<strong>de</strong> n’ont pasforcément un poste immédiatement, ils peuventêtre contactés dans l’année pour remplacer unCFC).• Une fois en poste, les nouveaux CFC sont enformation en alternance pendant 1 an (ils sont enformation 25% <strong>de</strong> leur temps). Ils ont <strong>de</strong>s coursthéoriques et <strong>de</strong>s mises en situation pratique. A lafin <strong>de</strong> l’année, les CFC font un mémoire et leprésentent <strong>de</strong>vant un jury. Le jury émet un avis. S’ilest négatif, le CDD n’est pas renouvelé (ou si lapersonne était fonctionnaire, elle réintègre sonadministration).• En Bourgogne, en 2010, on compte 47 CFC basésdans <strong>de</strong>s GRETA et au rectorat. Leur affectation estacadémique (sur toute la région Bourgogne). Ilspeuvent bénéficier <strong>de</strong> mutations (même les nontitulaires qui ne peuvent être mutés que sur <strong>de</strong>spostes <strong>de</strong> CFC).9