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La cathodoLuminescence, - Université de Mons

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FICHE Pédagogique N°2<strong>La</strong> cathodoluminescence,une métho<strong>de</strong> pour pister <strong>de</strong> nouveaux gisementsy Maxime Duménil et Dominique WynsbergheExpert scientifique : Jean-Marc BaeleDans le service <strong>de</strong> Géologie <strong>de</strong> la Faculté polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, les chercheurs utilisent une métho<strong>de</strong>peu conventionnelle pour mettre en évi<strong>de</strong>nce la structure <strong>de</strong>s minéraux et leurs défauts. Ces défautssont intéressants car ils sont révélateurs <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> formation du minéral et constituent ainsiune véritable empreinte génétique. Cette information est très précieuse car elle pourrait permettre <strong>de</strong>découvrir <strong>de</strong> nouveaux gisements. Cette métho<strong>de</strong> est appelée la « cathodoluminescence ».1. Principe <strong>de</strong> lacathodoluminescenceLorsqu’un soli<strong>de</strong> est bombardé par un faisceauconcentré d’électrons, celui-ci réémet <strong>de</strong>s électronset émet <strong>de</strong>s photons. Parmi ces photons, noustrouvons les rayons X – bien connus <strong>de</strong>s radiologues– ainsi que <strong>de</strong>s photons produits par un phénomène<strong>de</strong> luminescence (émission <strong>de</strong> lumière) dans lesdomaines <strong>de</strong> l’ultraviolet (UV), <strong>de</strong> l’infrarouge (IR)et du visible (fig. 1). En fait, c’est précisément surce principe que repose le fonctionnement <strong>de</strong> nosvieux écrans <strong>de</strong> télévision, dont le tube cathodiquen’était rien d’autre qu’un canon à électrons qui bombardaitla face interne <strong>de</strong> l’écran recouverte d’unesubstance cristalline <strong>de</strong> synthèse aux propriétéscathodoluminescentes.<strong>La</strong> cathodoluminescence va s’intéresser aux émissionsdans la gamme du visible mais égalementdans le proche infrarouge. De là à en déduire que leschercheurs pourront observer l’émission <strong>de</strong> cathodoluminescenceà l’oeil nu, il n’y a qu’un pas. Oui,mais l’intensité <strong>de</strong> l’émission est trop faible pourêtre directement observable. Il faudra donc utiliserEmissions <strong>de</strong> rayons XEmissions d’uneluminescence dans l’UV,l’IR et le visibleFaisceau concentré d’électronsEchantillonEmission d’électronsFigure 1 : Émissions produites lorsqu’un faisceau d’électrons bombar<strong>de</strong>un soli<strong>de</strong>.une caméra à haute sensibilité pour pouvoir l’observer.Un matériel <strong>de</strong> pointe va donc être nécessaire.Pour détecter la lumière dans le proche infrarouge,par contre, c’est très simple : le capteur CCD 1 <strong>de</strong>la caméra, qui est i<strong>de</strong>ntique à celui <strong>de</strong>s appareilsphotos et caméscopes numériques grand public, estutilisé « à nu », c’est-à-dire sans aucun filtre placéD’où provient l’émission <strong>de</strong> cathodoluminescence ?Le faisceau concentré d’électrons interagit directement avec lastructure même <strong>de</strong> la matière, c’est-à-dire avec l’atome. Rappelonsqu’un atome est composé d’un noyau (protons et neutrons) et d’unnuage d’électrons composé <strong>de</strong> plusieurs couches qui gravitentautour du noyau (fig. 3). De manière très simplifiée, le faisceauexcite les électrons <strong>de</strong> l’atome, les électrons absorbent <strong>de</strong> l’énergieet passent à un état « excité » (fig. 4).Ensuite, les électrons retombent àl’état fondamental en émettant <strong>de</strong>sphotons (on<strong>de</strong>s électromagnétiques).Plus l’écart d’énergie entre l’étatexcité et fondamental est grand,plus l’énergie <strong>de</strong>s photons émis estgran<strong>de</strong>. Si le soli<strong>de</strong> est sans aucundéfaut, ce qui est très rare, l’émissiona une énergie tellement gran<strong>de</strong>qu’elle est invisible car constituée<strong>de</strong> rayons UV, voire <strong>de</strong> rayons X (àgauche). Par contre, lorsque <strong>de</strong>s<strong>de</strong>vant. Les capteurs CCD sont en effet sensiblesà l’infrarouge et cela gênerait fortement nos appareilsnumériques <strong>de</strong> tous les jours s’ils n’étaientpas équipés d’un filtre bloquant ce rayonnement(fig. 2). D’ailleurs, les caméscopes permettant lavision <strong>de</strong> nuit ne font rien d’autre qu’enlever cefiltre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>...Figure 3 : Structure d’un atome(astro-canada.ca)Figure 4 : Principe physique <strong>de</strong> l’émission <strong>de</strong> cathodoluminescencedéfauts sont présents dans le soli<strong>de</strong>, ils créent <strong>de</strong>s niveaux intermédiaires par lesquels lesélectrons excités peuvent retomber en casca<strong>de</strong> (en pointillés dans le schéma au centre). Lesphotons émis à chaque pas ont alors une énergie plus faible, ce qui se traduit par une émissiondans le visible. S’il y a trop <strong>de</strong> défauts, c’est-à-dire beaucoup <strong>de</strong> niveaux intermédiaires,l’émission <strong>de</strong> cathodoluminescence re<strong>de</strong>vient invisible car constituée uniquement <strong>de</strong> petitesémissions dans l’infrarouge (à droite). Les défauts dans le soli<strong>de</strong> peuvent être créés par la présenced’impuretés chimiques, comme par exemple <strong>de</strong>s terres rares (samarium, néodyme, etc.)Figure 2 : Sensibilité spectrale d’un capteur d’appareil photo numériqueCCD nu (en haut) et équipé d’un filtre anti-infrarouge (en bas)1 Charge-couped <strong>de</strong>vice (dispositif à transfert <strong>de</strong> charge)Fiche pédagogique issue du Polytech News n°47 | 1


FICHE Pédagogique n°2Les on<strong>de</strong>s électromagnétiquesLes rayons X, les ultraviolets, les infrarouges et la lumière visible sont <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s électromagnétiques.Ces on<strong>de</strong>s peuvent être classées selon leur longueur d’on<strong>de</strong>.De manière simplifiée, nous pouvons assimiler une on<strong>de</strong> électromagnétique à une sinusoï<strong>de</strong>.<strong>La</strong> longueur d’on<strong>de</strong> peut se mesurer entre <strong>de</strong>ux crêtes successives, comme illustré ci-<strong>de</strong>ssous.Le domaine <strong>de</strong>s longueurs d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> la lumière visible, perceptible par l’oeil humain, s’étend<strong>de</strong> 380 nm (limite entre le violet et l’ultraviolet) à 780 nm (limite entre le rouge et l’infrarouge).polie et l’autre collée sur une lame <strong>de</strong> verre (fig. 8).Cette préparation est appelée lame mince.Comment obtenir une lame mince à partir du minéralbrut ? Tout d’abord, le minéral est scié à l’ai<strong>de</strong>d’une scie circulaire dont la lame a été imprégnée<strong>de</strong> diamant. Un petit bloc <strong>de</strong> la taille d’un morceau<strong>de</strong> sucre est obtenu. Une <strong>de</strong>s faces <strong>de</strong> ce morceauest aplanie à l’ai<strong>de</strong> d’un tour à plateau horizontal.Puis, elle est collée sur une plaque <strong>de</strong> verre avec unerésine spéciale. Ensuite, l’excé<strong>de</strong>nt est découpé pourréduire son épaisseur à moins d’un millimètre. Il estune nouvelle fois aminci et poli sur le tour pour arriverà une épaisseur finale <strong>de</strong> 30 micromètres, soit environtrois fois plus mince que le diamètre d’un cheveu! À cette épaisseur, le minéral est transparent à lalumière, ce qui n’est pas nécessaire pour l’analyseen cathodoluminescence mais permet d’effectuerd’autres analyses.Figure 5 : Spectre électromagnétique2. Le dispositif <strong>de</strong>cathodoluminescenceIl est constitué d’un microscope optique classiqueéquipé d’un canon à électrons, d’un ensemble <strong>de</strong>filtres optiques, d’un spectromètre et d’une caméraà haute sensibilité (fig. 6).L’échantillon est placé dans une chambre danslaquelle on fait le vi<strong>de</strong> afin <strong>de</strong> permettre aux électrons<strong>de</strong> former un faisceau le plus stable possible(1). Le canon à électrons (2) génère un faisceauconcentré d’électrons qui est dirigé sur l’échantillon.<strong>La</strong> caméra à haute sensibilité (3) filme lalumière emise par l’échantillon et éventuellementune réglette <strong>de</strong> filtres (4) permet <strong>de</strong> sélectionnerune longueur d’on<strong>de</strong> particulière. L’image filméeest affichée sur l’écran d’ordinateur auquel lacaméra est raccordée. Complémentairement, ilest possible d’analyser le spectre <strong>de</strong> la lumièreémise par cathodoluminescence en une petitezone donnée en utilisant un spectromètre (5). <strong>La</strong>figure 7 est un exemple <strong>de</strong> résultat obtenu par cettemétho<strong>de</strong> sur un échantillon contenant <strong>de</strong>s minéraux<strong>de</strong> phosphate <strong>de</strong> calcium appelé « apatite ».Dans cet exemple, les différents pics d’émissiondans le spectre permettent <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>ncela présence <strong>de</strong>s terres rares suivantes : samarium(Sm), dysprosium (Dy) et néodyme (Nd), qui ont chacune<strong>de</strong>s longueurs d’on<strong>de</strong> d’émission qui leurssont propres et que l’on connaît d’avance. En filtrantl’image avec les filtres optiques appropriés, on peutensuite révéler quelles zones contiennent quellesterres rares en particulier.Préparation <strong>de</strong> l’échantillonL’échantillon à étudier ne peut être observé directementau microscope. Il doit être préparé sous laforme d’une très mince tranche dont une face est3. Résultats etinterprétationsFigure 8 : <strong>La</strong>me mincePour bien comprendre les explications qui vontsuivre, il faut tout d’abord bien comprendre le processus<strong>de</strong> formation d’un cristal.Figure 6 : 1. Chambre à échantillon - 2. Canon à électrons - 3. Caméra àhaute sensibilité - 4. Réglette comportant <strong>de</strong>s filtres (qui permettentd’isoler une longueur d’on<strong>de</strong> en particulier) - 5. SpectromètreFigure 7 : Exemple <strong>de</strong> résultats obtenus en cathodoluminescence avec 1) la caméra sans filtre, 2) le spectromètre et 3)la caméra avec un filtre ne laissant passer que la lumière dont la longueur d’on<strong>de</strong> est autour <strong>de</strong> 900 nm pourrévéler la distribution du néodyme dans l’échantillon, qui n’était pas visible dans l’image 12 | Fiche pédagogique issue du Polytech News n°47

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