Soixante ans de Bulletin européen - Fondazione Europea Dragan
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2<br />
Les responsabilités<br />
<strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne<br />
Guido Lenzi<br />
Conseiller diplomatique du ministre <strong>de</strong> l’Intérieur<br />
Les responsabilités “par omission”<br />
<strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne<br />
L’Union <strong>européen</strong>ne a <strong>de</strong> graves responsabilités<br />
non pas tant pour ce qu’elle fait<br />
que pour ce qu’elle ne réussit pas à faire.<br />
La responsabilité ne concerne pas que les<br />
actes que l’on “commet”, mais aussi ceux<br />
que l’on “omet” <strong>de</strong> faire.<br />
Ne pas faire quelque chose comme, par<br />
exemple, ne pas porter secours à une personne<br />
en danger, est considéré comme une<br />
faute très grave et, en ce sens, l’Europe<br />
peut être accusée d’indécision, d’inaction,<br />
<strong>de</strong> non-assistance à personne en danger<br />
ou <strong>de</strong> refus d’assumer ses responsabilités<br />
d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> nombreux domaines.<br />
Inutile <strong>de</strong> se référer au Darfour, à la Birmanie<br />
ou bien aux relations avec la Chine.<br />
Il suffit <strong>de</strong> penser aux Balk<strong>ans</strong> occi<strong>de</strong>ntaux<br />
et au Kosovo où l’Europe n’arrive pas<br />
à s’imposer comme interlocuteur.<br />
Roberto Ducci, l’un <strong>de</strong>s plus remarquables<br />
ambassa<strong>de</strong>urs italiens, a été un défenseur<br />
ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’intégration <strong>européen</strong>ne<br />
avant même d’entrer d<strong>ans</strong> la carrière et a<br />
joué un rôle important d<strong>ans</strong> les négociations<br />
pour l’intégration <strong>européen</strong>ne.<br />
Avant la fin <strong>de</strong> la Deuxième Guerre<br />
mondiale, Ducci prétendait déjà qu’il fallait<br />
construire une Europe unie pour que<br />
l’Ancien Continent échappe à un double<br />
risque: l’assujettissement, après la guerre,<br />
à Washington ou à Moscou.<br />
Déjà à l’époque, d’éminentes personna-<br />
lités comme Ducci, Spinelli et quelques<br />
autres comprenaient qu’il fallait donner à<br />
l’Europe une personnalité et une fonction<br />
internationale bien définies.<br />
Aujourd’hui encore, cette émancipation<br />
est restée lettre morte et, pour qu’elle se<br />
concrétise réellement, il faut obligatoirement<br />
que les autres aussi la reconnaissent,<br />
c’est-à-dire l’extérieur.<br />
L’émancipation ne se déclare pas, mais<br />
se gagne et se défend. L’Europe doit donc<br />
affirmer et conquérir la sienne. Elle ne<br />
l’a pourtant pas encore fait et a renoncé,<br />
entre-temps, à jouer un rôle politique <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong> puissance.<br />
Après avoir connu <strong>de</strong>ux guerres mondiales,<br />
l’Europe a renoncé définitivement<br />
à la guerre. C’est une excellente idée, car,<br />
comme l’a dit Kant, il faut trouver <strong>de</strong>s<br />
formules pouvant garantir une paix éternelle.<br />
L’Europe est disposée à s’interposer<br />
d<strong>ans</strong> les conflits, à s’employer d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s initiatives<br />
<strong>de</strong> pacification et d’intervention<br />
humanitaire, mais refuse tout interventionnisme<br />
résolutif.<br />
La guerre, pour déplorable qu’elle soit,<br />
n’est pas toujours illégitime, car l’emploi<br />
<strong>de</strong> la force peut, quelquefois et d<strong>ans</strong> certaines<br />
conditions, être nécessaire. Mais<br />
l’Europe, en face d’un criminel, préfère le<br />
persua<strong>de</strong>r plutôt que l’arrêter.<br />
Nous avons adopté cette attitu<strong>de</strong> d<strong>ans</strong><br />
les Balk<strong>ans</strong>, raison pour laquelle nous<br />
expliquons au Kosovo et à la Serbie que