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Soixante ans de Bulletin européen - Fondazione Europea Dragan

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Poste italiane Spa - Spedizione in abb. post. - D.L. 353/2003 (conv. In L. 27/02/2004 n. 46) art. 1, comma 1, DCB Milano - Poste Italiane - PP - Economy - Aut. DCO/DC/Milano N. 0032 du 28/3/2002<br />

61 e Année ÉDITION FRANÇAISE MARS 2010 n o 718<br />

TRIBUNE LIBRE FONDÉE EN 1950 PAR J. CONSTANTIN DRAGAN<br />

<strong>Soixante</strong> <strong>ans</strong> <strong>de</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong><br />

Le 15 mars 1950 paraissait<br />

le premier numéro <strong>de</strong> la revue<br />

fondée par Giuseppe Costantino <strong>Dragan</strong><br />

En mars 1950, Giuseppe Costantino<br />

<strong>Dragan</strong> fondait le <strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong>, l’une<br />

<strong>de</strong>s premières tribunes libres <strong>de</strong> l’européisme.<br />

Le <strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong> est le seul<br />

mensuel consacré à l’Europe qui ait été<br />

publié <strong>de</strong> manière ininterrompue <strong>de</strong> 1950<br />

à nos jours.<br />

Depuis sa création, le <strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong><br />

a accueilli d<strong>ans</strong> ses colonnes quelquesuns<br />

<strong>de</strong>s plus importants représentants<br />

<strong>de</strong> l’européisme, à commencer par Luigi<br />

Einaudi, à l’époque prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République<br />

italienne, Alci<strong>de</strong> De Gasperi, Henri<br />

Brugm<strong>ans</strong>, Guido Gonella, Harold Macmillan,<br />

Carlo Sforza, Konrad A<strong>de</strong>nauer.<br />

Publié à l’origine uniquement en français,<br />

il lui a été ajouté une édition en italien<br />

en 1987.<br />

Imprimé avant même la Déclaration<br />

historique <strong>de</strong> Schuman du 9 mai 1950, le<br />

<strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong> s’est montré en avance<br />

sur son époque en ce qui concerne l’infor-<br />

mation et l’analyse <strong>de</strong> sujets liés à l’intégration<br />

<strong>européen</strong>ne. Son premier éditorial,<br />

intitulé À nos amis <strong>européen</strong>s, précise que<br />

ce bulletin a été créé pour contribuer à la<br />

construction “d’une nouvelle Europe, une<br />

Europe unie, une Europe <strong>de</strong> l’avenir”. Une<br />

contribution “mo<strong>de</strong>ste”, certes, à la formation<br />

<strong>de</strong> la conscience <strong>européen</strong>ne, “mais<br />

qui se voulait objective, simple et claire”.<br />

Aujourd’hui encore, à une époque où<br />

l’on accor<strong>de</strong> une préférence disproportionnée<br />

à l’image au détriment <strong>de</strong> l’idée, quand<br />

elle n’en tient pas lieu et place, le <strong>Bulletin</strong><br />

<strong>européen</strong> – à soixante <strong>ans</strong> <strong>de</strong> sa création –<br />

n’a pratiquement pas changé.<br />

Sa présentation, particulièrement sobre,<br />

continue à privilégier les contenus et<br />

les idées. I<strong>de</strong>ntiques, aussi, les valeurs et<br />

les principes qui l’ont inspiré et que son<br />

fondateur nous a tr<strong>ans</strong>mis.<br />

Guido Ravasi


2<br />

Les responsabilités<br />

<strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne<br />

Guido Lenzi<br />

Conseiller diplomatique du ministre <strong>de</strong> l’Intérieur<br />

Les responsabilités “par omission”<br />

<strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne<br />

L’Union <strong>européen</strong>ne a <strong>de</strong> graves responsabilités<br />

non pas tant pour ce qu’elle fait<br />

que pour ce qu’elle ne réussit pas à faire.<br />

La responsabilité ne concerne pas que les<br />

actes que l’on “commet”, mais aussi ceux<br />

que l’on “omet” <strong>de</strong> faire.<br />

Ne pas faire quelque chose comme, par<br />

exemple, ne pas porter secours à une personne<br />

en danger, est considéré comme une<br />

faute très grave et, en ce sens, l’Europe<br />

peut être accusée d’indécision, d’inaction,<br />

<strong>de</strong> non-assistance à personne en danger<br />

ou <strong>de</strong> refus d’assumer ses responsabilités<br />

d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> nombreux domaines.<br />

Inutile <strong>de</strong> se référer au Darfour, à la Birmanie<br />

ou bien aux relations avec la Chine.<br />

Il suffit <strong>de</strong> penser aux Balk<strong>ans</strong> occi<strong>de</strong>ntaux<br />

et au Kosovo où l’Europe n’arrive pas<br />

à s’imposer comme interlocuteur.<br />

Roberto Ducci, l’un <strong>de</strong>s plus remarquables<br />

ambassa<strong>de</strong>urs italiens, a été un défenseur<br />

ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’intégration <strong>européen</strong>ne<br />

avant même d’entrer d<strong>ans</strong> la carrière et a<br />

joué un rôle important d<strong>ans</strong> les négociations<br />

pour l’intégration <strong>européen</strong>ne.<br />

Avant la fin <strong>de</strong> la Deuxième Guerre<br />

mondiale, Ducci prétendait déjà qu’il fallait<br />

construire une Europe unie pour que<br />

l’Ancien Continent échappe à un double<br />

risque: l’assujettissement, après la guerre,<br />

à Washington ou à Moscou.<br />

Déjà à l’époque, d’éminentes personna-<br />

lités comme Ducci, Spinelli et quelques<br />

autres comprenaient qu’il fallait donner à<br />

l’Europe une personnalité et une fonction<br />

internationale bien définies.<br />

Aujourd’hui encore, cette émancipation<br />

est restée lettre morte et, pour qu’elle se<br />

concrétise réellement, il faut obligatoirement<br />

que les autres aussi la reconnaissent,<br />

c’est-à-dire l’extérieur.<br />

L’émancipation ne se déclare pas, mais<br />

se gagne et se défend. L’Europe doit donc<br />

affirmer et conquérir la sienne. Elle ne<br />

l’a pourtant pas encore fait et a renoncé,<br />

entre-temps, à jouer un rôle politique <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> puissance.<br />

Après avoir connu <strong>de</strong>ux guerres mondiales,<br />

l’Europe a renoncé définitivement<br />

à la guerre. C’est une excellente idée, car,<br />

comme l’a dit Kant, il faut trouver <strong>de</strong>s<br />

formules pouvant garantir une paix éternelle.<br />

L’Europe est disposée à s’interposer<br />

d<strong>ans</strong> les conflits, à s’employer d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s initiatives<br />

<strong>de</strong> pacification et d’intervention<br />

humanitaire, mais refuse tout interventionnisme<br />

résolutif.<br />

La guerre, pour déplorable qu’elle soit,<br />

n’est pas toujours illégitime, car l’emploi<br />

<strong>de</strong> la force peut, quelquefois et d<strong>ans</strong> certaines<br />

conditions, être nécessaire. Mais<br />

l’Europe, en face d’un criminel, préfère le<br />

persua<strong>de</strong>r plutôt que l’arrêter.<br />

Nous avons adopté cette attitu<strong>de</strong> d<strong>ans</strong><br />

les Balk<strong>ans</strong>, raison pour laquelle nous<br />

expliquons au Kosovo et à la Serbie que


“nous les faisons entrer d<strong>ans</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne<br />

ou, à défaut, nous collaborons avec<br />

eux, leur accordons <strong>de</strong>s financements, leur<br />

ouvrons nos frontières et éliminons pour<br />

eux l’obligation du visa, mais à condition<br />

qu’ils se tiennent tranquilles et ne se tapent<br />

pas <strong>de</strong>ssus”.<br />

La politique “au féminin” <strong>de</strong> l’Europe<br />

On peut qualifier cette politique <strong>de</strong><br />

l’Europe <strong>de</strong> politique “au féminin”. Je le<br />

dis d’ailleurs avec un grand respect, si l’on<br />

considère que c’est une politique basée sur<br />

la persuasion, non pas sur l’injonction.<br />

Employées seules, ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong><br />

politique, la persuasion comme l’injonction,<br />

ne sont pas suffisantes. Ni l’une ni<br />

l’autre ne sont décisives, mais, ensemble,<br />

elles permettent d’atteindre un objectif<br />

donné d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s situations déterminées.<br />

Il faut certainement persua<strong>de</strong>r la communauté<br />

internationale, que ce soit d<strong>ans</strong><br />

les Balk<strong>ans</strong> ou au Moyen-Orient, qu’il faut<br />

trouver <strong>de</strong>s formules <strong>de</strong> collaboration semblables<br />

aux nôtres.<br />

L’existence même <strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne<br />

prouve que l’on peut arrêter, une fois<br />

pour toutes, <strong>de</strong> faire la guerre. La France<br />

et l’Allemagne se sont fait trois guerres<br />

en 70 <strong>ans</strong> (1871, 1914 et 1939). Un Français<br />

né peu avant 1870 a donc pu voir trois<br />

guerres avec l’Allemagne.<br />

L’Union <strong>européen</strong>ne est certainement<br />

fondée sur un système <strong>de</strong> principes et <strong>de</strong><br />

valeurs, mais, ce qui est plus important,<br />

l’Europe montre que l’on peut résoudre les<br />

différends s<strong>ans</strong> recourir à une politique <strong>de</strong><br />

puissance ou à la guerre.<br />

Nous aussi avons été agressifs, avons<br />

essayé d’imposer notre volonté à l’autre,<br />

mais, désormais, nous préférons collaborer.<br />

C’est là le message que nous <strong>de</strong>vons<br />

faire passer aux autres pays.<br />

Du reste, ce modèle nous a presque été<br />

imposé par les Américains, puisque nous<br />

<strong>de</strong>vons en partie le début <strong>de</strong> la construc-<br />

tion <strong>européen</strong>ne à l’obstination <strong>de</strong> Roosevelt,<br />

<strong>de</strong> Truman et <strong>de</strong> Eisenhower qui imposèrent<br />

le Plan Marshall, avec lequel les<br />

Américains fournirent aux Européens les<br />

ressources qui leur ont permis <strong>de</strong> se réconcilier.<br />

L’Europe a définitivement renoncé à<br />

recourir à la guerre pour résoudre ses différends<br />

et cette politique lui a permis <strong>de</strong><br />

connaître la prospérité et un progrès social<br />

indiscutable.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la guerre<br />

Nous savons désormais que la guerre ne<br />

peut pas résoudre les problèmes et qu’elle<br />

les aggrave. En cela, l’Europe a été la première<br />

à pénétrer le mon<strong>de</strong> post-mo<strong>de</strong>rne.<br />

Un mon<strong>de</strong> où la victoire sur l’ennemi<br />

ne correspond plus à l’occupation <strong>de</strong> son<br />

territoire. Sa défaite est due aux pressions<br />

<strong>de</strong> la politique économique et énergétique,<br />

aux grands mouvements <strong>de</strong> capitaux, aux<br />

sanctions, à la politique <strong>de</strong>s droits, à l’usage<br />

<strong>de</strong> la diplomatie etc.<br />

L’Europe est à l’avant-gar<strong>de</strong> d<strong>ans</strong> cette<br />

nouvelle politique internationale “au féminin”,<br />

ce pouvoir soft. Les États-Unis,<br />

pour leur part, continuent à penser pouvoir<br />

influencer le cours <strong>de</strong>s choses et être<br />

l’élément déterminant qui fait pencher la<br />

balance d’un côté ou <strong>de</strong> l’autre suivant les<br />

circonstances, en adoptant une logique <strong>de</strong><br />

pouvoir.<br />

Les Usa croient encore à la politique<br />

hard, à la guerre juste, au bâton et à la carotte.<br />

Ce qui fait dire à un écrivain américain<br />

qu’“il est inutile <strong>de</strong> compter sur l’Europe;<br />

c’est Vénus alors que nous sommes<br />

Mars”.<br />

En réalité, je ne vois franchement rien<br />

<strong>de</strong> mal à avoir une approche différente.<br />

Qui, comme moi, aime l’Art, se souvient<br />

<strong>de</strong>s peintures <strong>de</strong> Véronèse et du Titien qui<br />

peignaient Mars et Vénus tendrement enlacés<br />

et heureux <strong>de</strong> s’aimer.<br />

Il y a une complémentarité entre le fé-<br />

3


minin et le masculin, entre Vénus et Mars,<br />

entre la politique qui utilise la carotte et<br />

celle qui préfère le bâton. Ces <strong>de</strong>ux instruments<br />

sont incontournables.<br />

La situation internationale actuelle<br />

correspond à la vision <strong>de</strong> Roosevelt, à la<br />

création <strong>de</strong>s Nations unies, à la Charte atlantique,<br />

à la Déclaration universelle <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> 1948, aux Cours pénales<br />

internationales, à la responsabilité<br />

<strong>de</strong>s États et à celles <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong>s États<br />

pour leurs actes.<br />

On avait encore jamais vu une situation<br />

<strong>de</strong> ce genre, sauf à la fin <strong>de</strong> la guerre avec<br />

les tribunaux créés au Japon et celui <strong>de</strong><br />

Nuremberg. Mais il s’agissait <strong>de</strong> cas exceptionnels<br />

qui ont d’ailleurs été très discutés<br />

par la doctrine juridictionnelle.<br />

Les conditions internationales ont<br />

changé. L’Europe affronte cette situation<br />

d<strong>ans</strong> une position enviable, car elle y est<br />

arrivée la première, non pas parce qu’elle<br />

l’a décidé, mais parce qu’elle a connu l’infamie,<br />

l’échec et l’épuisement <strong>de</strong> ses énergies<br />

avant les autres. L’Europe s’est “féminisée”<br />

et s’est habituée à cette situation cinquante<br />

<strong>ans</strong> avant les autres.<br />

Le problème majeur est que cette<br />

construction <strong>européen</strong>ne est un modèle<br />

occi<strong>de</strong>ntal, tout comme l’est la Charte <strong>de</strong>s<br />

Nations unies, la sécurité partagée et l’emploi<br />

<strong>de</strong>s forces armées pour <strong>de</strong>s objectifs<br />

autres que la défense <strong>de</strong> son territoire. Par<br />

contre, les pays du Moyen-Orient et d<strong>ans</strong><br />

d’autres parties du mon<strong>de</strong> emploient leurs<br />

armées contre leurs voisins pour affirmer<br />

leur souveraineté nationale.<br />

Le système <strong>européen</strong> <strong>de</strong> sécurité partagée<br />

mis en place par l’Union <strong>européen</strong>ne<br />

montre la validité pratique <strong>de</strong>s principes<br />

du système <strong>européen</strong> et <strong>de</strong> sa culture inspirée<br />

<strong>de</strong> la Révolution française, <strong>de</strong> l’autodétermination<br />

<strong>de</strong>s peuples, du développement<br />

<strong>de</strong> la démocratie, <strong>de</strong> la Déclaration<br />

universelle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, <strong>de</strong> Kant,<br />

Maritain etc. On redécouvre aujourd’hui<br />

l’importance <strong>de</strong> Maritain qui, à son re-<br />

4<br />

tour <strong>de</strong>s États-Unis, après la constitution<br />

<strong>de</strong>s Nations unies à la fin <strong>de</strong> la Deuxième<br />

Guerre mondiale, avait compris que la<br />

seule voie possible pour nous était celle<br />

proposée par les Américains.<br />

Il faut aujourd’hui démontrer aux<br />

autres pays que la collaboration est le seul<br />

système valable et qu’il ne s’agit pas d’un<br />

nouvel impérialisme utilisant d’autres<br />

moyens.<br />

De nombreux pays vont jusqu’à prétendre<br />

qu’un investissement étranger chez<br />

eux constitue une ingérence d<strong>ans</strong> leurs affaires<br />

intérieures, car les financements ne<br />

sont accordés aujourd’hui à <strong>de</strong>s pays tiers<br />

que s’il est possible d’en contrôler l’emploi<br />

et la manière dont cet argent est investi.<br />

Beaucoup considèrent donc ces pratiques<br />

comme une interférence d<strong>ans</strong> leur souveraineté<br />

nationale. Ce sont là <strong>de</strong>s réactions<br />

qu’en Europe nous avons dépassées, même<br />

si c’est <strong>de</strong>puis peu.<br />

Il faut donc démontrer que ce système<br />

occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong> sécurité partagée n’est pas,<br />

abstraitement, le meilleur, ni le plus moral,<br />

ni celui qui correspond le mieux à notre<br />

vision <strong>de</strong> la dignité humaine.<br />

Il faut démontrer que ce système peut<br />

être utile à tous les pays, y compris à ceux<br />

qui, comme nous, peuvent bénéficier d’un<br />

système où l’opposition <strong>de</strong>s forces est remplacée<br />

par la collaboration, les échanges et<br />

la tr<strong>ans</strong>parence <strong>de</strong>s comportements.<br />

Dépasser la logique<br />

du conflit <strong>de</strong>s cultures<br />

Il s’agit, en d’autres mots, <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong><br />

la logique du conflit <strong>de</strong>s cultures. Il ne<br />

s’agit pas d’imposer notre point <strong>de</strong> vue à<br />

d’autres et encore moins d’“exporter la démocratie”.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> parvenir à un intérêt<br />

commun, ce qui est déjà en soi une valeur<br />

supérieure.<br />

Il existe donc une valeur que nous<br />

pouvons partager et c’est l’intérêt <strong>de</strong> ce<br />

système <strong>de</strong> collaboration qui correspond


à la globalisation, aux nouvelles conditions<br />

mondiales <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> mouvement,<br />

d’ouverture, <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> “horizontal” etc.<br />

Certains pays, l’Iran, par exemple, préten<strong>de</strong>nt<br />

qu’il s’agit <strong>de</strong> “conspirations occi<strong>de</strong>ntales”.<br />

Pour ma part, je pense que le peuple iranien,<br />

habitué par son histoire millénaire<br />

aux échanges commerciaux et qui possè<strong>de</strong><br />

un héritage culturel très riche, se rend<br />

parfaitement compte <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong><br />

la coopération, <strong>de</strong>s échanges, et pas seulement<br />

commerciaux, <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> la vie<br />

et <strong>de</strong> la dignité <strong>de</strong> l’individu. Le régime actuel,<br />

accroché à un obscurantisme qui ne<br />

fait absolument pas partie <strong>de</strong> son histoire,<br />

est tout simplement bizarre.<br />

Les relations tr<strong>ans</strong>atlantiques<br />

et le coût <strong>de</strong> la non-Europe<br />

Renouer <strong>de</strong>s relations avec les États-<br />

Unis est indispensable pour l’Europe qui<br />

doit retrouver sa position d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong>,<br />

ainsi que sa crédibilité, ce qu’elle ne peut<br />

obtenir qu’en se situant par rapport à ce<br />

que font les autres.<br />

Nous ne pouvons pas nous confiner<br />

d<strong>ans</strong> notre isolement et prétendre que notre<br />

très récente “pureté d’âme” constitue<br />

un élément <strong>de</strong> persuasion, car cela serait<br />

s<strong>ans</strong> effet.<br />

Nous avons intérêt à rester solidaires<br />

<strong>de</strong>s Américains et leur intérêt est <strong>de</strong> trouver<br />

<strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> l’Atlantique un interlocuteur<br />

différent d’eux, mais complémentaire.<br />

Tout ceci d<strong>ans</strong> l’intérêt du reste <strong>de</strong> la<br />

planète, <strong>de</strong> la Russie, d’Israël, <strong>de</strong>s Palestiniens,<br />

<strong>de</strong> la Syrie, <strong>de</strong>s Libanais etc.<br />

Renouer ces liens permettrait <strong>de</strong> restaurer<br />

le modèle <strong>de</strong>s Nations unies qui re<strong>de</strong>viendrait<br />

un lieu <strong>de</strong> collaboration plutôt<br />

que d’antagonisme.<br />

Si nous ne revenons pas à ce modèle, il<br />

n’aura aucune crédibilité. L’effondrement<br />

<strong>de</strong> la politique occi<strong>de</strong>ntale a montré toute<br />

sa dangerosité lors <strong>de</strong> l’affaire irakienne.<br />

Nous n’avons réussi à convaincre ni<br />

l’Irak ni Saddam Hussein que les Européens<br />

auraient pu leur offrir une alternative<br />

et une issue. Nous avons laissé face à<br />

face les Américains et les Irakiens.<br />

L’histoire nous apprend qu’il est nécessaire<br />

<strong>de</strong> renouer ces relations tr<strong>ans</strong>atlantiques.<br />

Ce serait un premier pas vers<br />

l’affirmation d’un mon<strong>de</strong> post-mo<strong>de</strong>rne,<br />

différent <strong>de</strong> celui que nous avons connu,<br />

différent aussi <strong>de</strong> celui que nous connaissons<br />

aujourd’hui et différent encore <strong>de</strong> la<br />

situation <strong>de</strong> nombreux pays, notamment<br />

le Moyen-Orient et les Balk<strong>ans</strong>, qui vivent<br />

encore un mon<strong>de</strong> à l’ancienne, traditionnel,<br />

basé sur la force et sur la prévarication.<br />

Aujourd’hui, les principales responsabilités<br />

incombent à ceux qui sont coupables<br />

d’omission. Par ailleurs, la politique étrangère<br />

actuelle exige une coparticipation<br />

responsable et active ainsi qu’un engagement<br />

général.<br />

Aujourd’hui encore, l’Europe est intergouvernementale,<br />

c’est-à-dire qu’elle se<br />

compose <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> chaque<br />

État. Certains secteurs <strong>de</strong> la politique<br />

<strong>européen</strong>ne sont intégrés, d’autres sont<br />

encore intergouvernementaux.<br />

La monnaie est unique, mais la politique<br />

étrangère est intergouvernementale.<br />

Celle-ci peut <strong>de</strong>venir commune, ce qui ne<br />

veut pas dire unique, en faisant converger<br />

les efforts, les engagements et les orientations.<br />

La politique étrangère commune sera<br />

basée sur la volonté d’intervenir suivant<br />

<strong>de</strong>s modalités adaptées aux circonstances<br />

qui se présenteront successivement.<br />

Le traité <strong>de</strong> Lisbonne indique comment<br />

parvenir à une volonté commune d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s<br />

circonstances dont les éléments ne sont<br />

pas toujours prévisibles et comment prendre<br />

plus facilement les décisions les plus<br />

rapi<strong>de</strong>s pour mettre en place <strong>de</strong>s coopérations<br />

renforcées.<br />

Si l’Union <strong>européen</strong>ne à vingt-sept ne<br />

peut pas avoir une position unique, certains<br />

pays peuvent pourtant développer<br />

5


une coopération renforcée et une capacité<br />

d’intervention d<strong>ans</strong> un domaine déterminé.<br />

N’oublions pas non plus que la crédibilité<br />

politique se construit peu à peu. L’Union<br />

<strong>européen</strong>ne compte désormais vingt-sept<br />

membres, c’est beaucoup, mais cela peut<br />

nous donner un sentiment d’appartenance<br />

plus fort.<br />

L’élargissement <strong>de</strong> l’UE peut avoir dilué<br />

le noyau à l’origine <strong>de</strong> sa construction<br />

et affaibli sa force <strong>de</strong> propulsion, puisque<br />

prendre <strong>de</strong>s décisions à vingt-sept est certainement<br />

plus difficile que <strong>de</strong> les prendre<br />

à six. Mais l’élargissement <strong>de</strong> l’Union a<br />

certainement été le plus grand succès <strong>de</strong><br />

l’histoire <strong>européen</strong>ne <strong>de</strong> l’après-guerre.<br />

La chute du mur <strong>de</strong> Berlin et la fin du<br />

partage <strong>de</strong> l’Europe ont été les évènements<br />

6<br />

les plus importants <strong>de</strong> l’histoire <strong>européen</strong>ne<br />

récente. L’Europe unie a un coût, mais<br />

le partage aussi en a un et il est bien supérieur.<br />

L’élargissement <strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne,<br />

qui n’est rien d’autre que la recomposition<br />

<strong>de</strong> l’Europe, est l’un <strong>de</strong> ces phénomènes<br />

qui donnent confiance d<strong>ans</strong> la capacité <strong>de</strong><br />

réconciliation <strong>de</strong> l’humanité. Il doit servir<br />

<strong>de</strong> modèle aux pays non-<strong>européen</strong>s, malgré<br />

tous les défauts <strong>de</strong> ce modèle.<br />

L’État, les Nations unies, la démocratie<br />

et les droits <strong>de</strong> l’homme sont une invention<br />

occi<strong>de</strong>ntale et un modèle <strong>de</strong> partage.<br />

L’Union <strong>européen</strong>ne aussi est une invention<br />

d’une partie <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt et, si nous<br />

ne pouvons certainement pas imposer ce<br />

modèle aux autres, nous pouvons leur en<br />

montrer les aspects intéressants.


Énergie, environnement<br />

et lutte contre les changements<br />

climatiques d<strong>ans</strong> les politiques<br />

<strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne<br />

Ferdinando Nelli Feroci<br />

Représentant permanent <strong>de</strong> l’Italie auprès <strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne à Bruxelles<br />

Ancien chef <strong>de</strong> cabinet au ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères<br />

Un nouveau secteur s’est ajouté aux objectifs<br />

<strong>de</strong>s années quatre-vingt et quatrevingt-dix<br />

<strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne. Il s’agit<br />

<strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong> l’environnement, un secteur<br />

apparenté à la lutte contre les changements<br />

climatiques.<br />

L’Europe a récemment pris conscience<br />

<strong>de</strong> sa faiblesse structurelle d<strong>ans</strong> le domaine<br />

<strong>de</strong> l’énergie, surtout avec les oscillations<br />

<strong>de</strong>s prix du pétrole et les crises récurrentes<br />

d<strong>ans</strong> les fournitures.<br />

Nous avons eu, ces <strong>de</strong>rnières années,<br />

un problème <strong>de</strong> fourniture pour le pétrole<br />

brut et le gaz russes. La situation qui s’est<br />

créée a fait prendre conscience à l’Europe<br />

qu’il fallait adopter <strong>de</strong>s politiques communes<br />

pour affronter la vulnérabilité globale<br />

<strong>de</strong> l’Union d<strong>ans</strong> le domaine énergétique.<br />

Sur ce plan, aucun pays <strong>européen</strong> n’est<br />

autonome et ne le sera plus, pas même la<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne.<br />

Certains pays se sont dotés à temps d’un<br />

réseau <strong>de</strong> centrales nucléaires. Ils sont<br />

donc mieux équipés que d’autres et peuvent,<br />

aujourd’hui, envisager l’avenir avec<br />

une plus gran<strong>de</strong> tranquillité d’esprit.<br />

D’autres ont adopté une politique satisfaisante<br />

<strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s sources<br />

d’énergie, alors que d’autres se débattent<br />

d<strong>ans</strong> une situation difficile.<br />

La pluspart <strong>de</strong>s nouveaux pays membres<br />

<strong>de</strong> l’UE dépen<strong>de</strong>nt presque entièrement<br />

<strong>de</strong> la Russie pour leurs fournitures<br />

<strong>de</strong> pétrole brut et <strong>de</strong> gaz.<br />

Notre situation est un peu meilleure,<br />

puisque nous sommes en mesure <strong>de</strong> diversifier<br />

nos sources, la Russie n’étant pas notre<br />

seul fournisseur. Nous pouvons compter<br />

aussi sur l’Algérie et la Libye, ce qui ne<br />

nous empêche pas d’être très dépendants<br />

et extrêmement vulnérables.<br />

Cela nous a fait prendre conscience qu’il<br />

fallait envisager une action commune que<br />

le Conseil <strong>européen</strong> <strong>de</strong> mars 2007 a concrétisée<br />

en se fixant trois grands objectifs.<br />

Le premier objectif est d’assurer la sécurité<br />

<strong>de</strong>s approvisionnements en adoptant<br />

une politique énergétique extérieure commune<br />

et en diversifiant davantage les sources,<br />

ce qui signifie faire immédiatement <strong>de</strong><br />

la politique énergétique une composante<br />

essentielle <strong>de</strong> la politique étrangère.<br />

Aujourd’hui, politique étrangère signifie<br />

créer les conditions pour la sécurité <strong>de</strong>s<br />

approvisionnements.<br />

Le <strong>de</strong>uxième objectif est <strong>de</strong> stabiliser<br />

l’intégration, la compétitivité et la fiabilité<br />

du marché interne <strong>européen</strong>, ce qui pourrait<br />

se faire par l’intermédiaire d’une intégration<br />

progressive <strong>de</strong>s marchés.<br />

7


Cette intégration est subordonnée à la<br />

réalisation d’infrastructures <strong>de</strong> distribution<br />

et <strong>de</strong> stockage adéquates. Il faut également<br />

ouvrir les marchés qui sont encore<br />

aujourd’hui plutôt compartimentés. On l’a<br />

vu lorsque l’Enel a essayé <strong>de</strong> pénétrer le<br />

marché français, ce qui a déclenché une<br />

réaction nationaliste <strong>de</strong> Paris.<br />

L’Enel a eu plus <strong>de</strong> chance en Espagne<br />

où elle a pu acheter En<strong>de</strong>sa. De toute manière,<br />

il faut continuer à favoriser l’osmose<br />

entre les grands producteurs d’énergies et<br />

la construction d’infrastructures <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>port<br />

qui faciliteront et simplifieront la distribution<br />

<strong>de</strong> l’énergie d<strong>ans</strong> les différents<br />

pays membres <strong>de</strong> l’Union.<br />

Le troisième objectif <strong>de</strong> cette stratégie<br />

a surtout une valeur environnementale. Il<br />

s’agit <strong>de</strong> la lutte contre les changements<br />

climatiques, <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> la durabilité<br />

environnementale avec l’adoption<br />

8<br />

d’une série <strong>de</strong> mesures pour renforcer l’efficience<br />

énergétique, du développement<br />

<strong>de</strong>s sources renouvelables et <strong>de</strong>s biomasses,<br />

<strong>de</strong> la révision du schéma sur les échanges<br />

d’émission et d’un soutien adéquat à la<br />

recherche et au développement.<br />

Tout ceci se concrétise d<strong>ans</strong> les fameux<br />

trois objectifs <strong>de</strong> 20% à réaliser avant fin<br />

2020, eux aussi adoptés par le Conseil<br />

<strong>européen</strong> en 2007: 20% <strong>de</strong> réduction totale<br />

<strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> bioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone, 20%<br />

d’économies énergétiques, 20% <strong>de</strong> production<br />

d’énergie à partir <strong>de</strong> sources alternatives.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s objectifs extrêmement ambitieux,<br />

mais d’une importance capitale.<br />

Je dirais même <strong>de</strong>s objectifs minima indispensables,<br />

si l’on veut garantir la durabilité<br />

énergétique et environnementale<br />

du Vieux Continent pendant cette même<br />

pério<strong>de</strong>.


Le changement climatique<br />

du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’Éducation<br />

au développement durable (Edd)<br />

Décennie <strong>de</strong> l’Onu <strong>de</strong> l’Éducation<br />

pour un Développement durable (2005-2014) *<br />

L’objectif <strong>de</strong> l’Éducation au Développement<br />

durable (Edd) est <strong>de</strong> fournir les instruments<br />

qui permettront <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s<br />

décisions responsables et en connaissance<br />

<strong>de</strong> cause. Son approche, intégrée et multidimensionnelle,<br />

est particulièrement<br />

adaptée au changement climatique, du<br />

point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la compréhension <strong>de</strong> ses<br />

causes, d’analyse <strong>de</strong> ses effets et <strong>de</strong> préparation<br />

<strong>de</strong> réponses adéquates. Par ailleurs,<br />

l’Edd ai<strong>de</strong> à construire un “lobby global”<br />

opérationnel et efficace en montrant aux<br />

gens que leurs actions peuvent contribuer<br />

à <strong>de</strong>s solutions sur le long terme.<br />

Le 14 octobre 2009, lors <strong>de</strong> la 35 ème<br />

Conférence générale <strong>de</strong> l’Unesco, s’est<br />

tenu un séminaire sur “Climate Change<br />

through the Esd Lens: Policy, Pedagogical<br />

and Ethical Perspectives on Global Warming”,<br />

pendant lequel la contribution <strong>de</strong><br />

l’Edd aux problèmes du changement climatique<br />

a été analysée. Lors du débat, il<br />

est apparu que, trop souvent, le développement<br />

durable est réduit à sa dimension<br />

écologique. L’Edd peut, par contre, avoir un<br />

rôle important en attirant l’attention sur<br />

les causes, les conséquences et les implications<br />

non seulement écologiques, mais<br />

aussi économiques, sociales, culturelles et<br />

éthiques du changement climatique.<br />

Pendant ce séminaire, on a présenté<br />

trois aspects différents <strong>de</strong> l’Edd à travers<br />

lesquels analyser la question du climat:<br />

– la prospective du policy-making sur<br />

l’insertion <strong>de</strong> l’Edd et <strong>de</strong>s problèmes du<br />

changement climatique d<strong>ans</strong> les programmes<br />

scolaires nationaux. En tant que pays<br />

accueillant la Conférence Cop15, le Danemark<br />

est en train d’intégrer l’Edd d<strong>ans</strong><br />

tous ses programmes d’éducation et <strong>de</strong> formation<br />

à l’ai<strong>de</strong> d’initiatives impliquant les<br />

différents niveaux d’instruction.<br />

– la prospective pédagogique pour englober<br />

et gérer le problème du changement<br />

climatique d<strong>ans</strong> les processus d’enseignement<br />

ou d’apprentissage. Arjen Wals,<br />

professeur à la Wageningen University, a<br />

rappelé que le changement climatique est<br />

associé à <strong>de</strong>s sensations <strong>de</strong> négation, <strong>de</strong><br />

peur et <strong>de</strong> confusion <strong>de</strong>vant une information<br />

souvent contradictoire. L’Edd permet<br />

<strong>de</strong> dominer cette complexité à travers, aussi,<br />

“l’alphabétisation sur le changement<br />

climatique”, le contrôle <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s actions<br />

du citoyen et une pédagogie “<strong>de</strong> l’espoir”<br />

offrant <strong>de</strong>s alternatives à l’apathie et<br />

à la passivité;<br />

– la prospective éthique sur le changement<br />

climatique qui correspond bien<br />

à l’Edd et à l’importance qu’elle donne à<br />

la pensée critique, au problem-solving et<br />

à un apprentissage basé sur <strong>de</strong>s valeurs.<br />

La “responsabilité” a été le mot-clé d’une<br />

recherche portant sur l’éthique et le changement<br />

climatique effectuée par John<br />

Crowley du Secteur Sciences sociales et<br />

humaines <strong>de</strong> l’Unesco. Celui-ci a souligné<br />

qu’éduquer à une citoyenneté plus atten-<br />

9


tive aux problèmes <strong>de</strong> la durabilité est<br />

indispensable pour construire une société<br />

responsable 1 .<br />

Séminaire international sur l’éducation<br />

au changement climatique<br />

(27/29 juillet 2009)<br />

Ce séminaire s’est tenu au siège <strong>de</strong><br />

l’Unesco <strong>de</strong> Paris. Un groupe multidisciplinaire<br />

<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> soixante personnes y a<br />

participé – éducateurs, spécialistes et représentants<br />

<strong>de</strong>s Small Island Developing<br />

States (Sids) – pour discuter du rôle et du<br />

potentiel <strong>de</strong> l’éducation d<strong>ans</strong> les problèmes<br />

du changement global.<br />

Ce séminaire a été important, surtout<br />

pour les Sids. Plus vulnérables que les<br />

autres aux effets négatifs du changement<br />

climatique, ils constituent presque le quart<br />

<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’Unesco. Trois problèmes<br />

ont été pris en examen:<br />

– l’intégration <strong>de</strong>s questions climatiques<br />

d<strong>ans</strong> les politiques, les programmes<br />

et les cv;<br />

– l’i<strong>de</strong>ntification d’instruments, <strong>de</strong> matériaux<br />

et <strong>de</strong> bonnes pratiques éducatives;<br />

– la mobilisation et la mise en place <strong>de</strong><br />

réseaux et <strong>de</strong> partenariats pour soutenir<br />

l’éducation au changement climatique. Le<br />

consensus sur la nécessité d’une éducation<br />

interdisciplinaire aux problèmes du changement<br />

climatique pour ai<strong>de</strong>r les <strong>de</strong>stinataires<br />

à prendre <strong>de</strong>s décisions en connaissance<br />

<strong>de</strong> cause a fait l’unanimité.<br />

Il est pourtant nécessaire <strong>de</strong> résoudre<br />

un problème fondamental, c’est-à-dire le<br />

partage d’informations provenant <strong>de</strong> sources<br />

et <strong>de</strong> réseaux différents, ce qui est difficile<br />

par suite <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> coordination<br />

et du peu <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> communication<br />

d<strong>ans</strong> les pays en voie <strong>de</strong> développement 2 .<br />

La stratégie <strong>de</strong> l’Unesco<br />

pour affronter le changement climatique<br />

10<br />

D’après la stratégie Unesco pour l’ac-<br />

tion sur le changement climatique approuvée<br />

en 2008 par le 179 ème Conseil exécutif,<br />

le travail <strong>de</strong> l’Unesco se concentre sur trois<br />

priorités stratégiques:<br />

– établir et maintenir une base <strong>de</strong><br />

connaissances scientifiques sur le changement<br />

climatique;<br />

– stimuler l’adaptation aux impacts<br />

par le biais <strong>de</strong> l’éducation et la prise <strong>de</strong><br />

conscience;<br />

– s’orienter en direction d’une neutralité<br />

climatique <strong>de</strong> l’Unesco: <strong>de</strong>puis 2007, d<strong>ans</strong><br />

le cadre <strong>de</strong> l’UN Climate Neutral Initiative,<br />

l’Unesco – avec l’ensemble du système<br />

Onu – cherche à atteindre cet objectif d<strong>ans</strong><br />

tous les secteurs opérationnels internes<br />

<strong>de</strong> l’organisation – travail, utilisation <strong>de</strong><br />

l’énergie, eau etc.<br />

Après avoir calculé son empreinte carbone<br />

pour dresser un inventaire <strong>de</strong>s émissions<br />

<strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre, les Nations<br />

unies essaient <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong>s<br />

politiques et <strong>de</strong>s procédures durables au<br />

niveau du recyclage et <strong>de</strong> l’approvisionnement<br />

<strong>de</strong>s fournitures, d’encourager les<br />

administrations à utiliser moins <strong>de</strong> papier,<br />

<strong>de</strong> choisir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinations <strong>de</strong> voyage plus<br />

écologiques et d’optimiser la climatisation<br />

et les systèmes <strong>de</strong> chauffage.<br />

Le changement climatique concerne<br />

l’environnement, la société, ainsi que le<br />

patrimoine culturel et naturel. Seule une<br />

approche stable et générale peut permettre<br />

<strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s solutions.<br />

L’Unesco, notamment par le biais <strong>de</strong> sa<br />

plateforme intersectorielle créée pour la<br />

mise en place et le contrôle <strong>de</strong> cette stratégie,<br />

représente un forum privilégié <strong>de</strong><br />

réflexion sur le changement global et sur<br />

son impact 3 . Neutralité climatique <strong>de</strong><br />

l’Unesco 4 .<br />

Le programme Sun<br />

(Sustainable United Nations)<br />

Sun est une initiative du Pnue (Programme<br />

<strong>de</strong>s Nations unies pour l’En-


vironnement) gérée par la Sustainable<br />

Consumption & Production Branch dont<br />

l’objectif est <strong>de</strong> soutenir les Nations unies<br />

et d’autres organisations d<strong>ans</strong> leur effort<br />

pour parvenir à la neutralité climatique<br />

et à la durabilité en général, en réponse à<br />

l’appel lancé par le secrétaire général lors<br />

<strong>de</strong> la Journée mondiale <strong>de</strong> l’Environnement<br />

<strong>de</strong> 2007.<br />

Sun ai<strong>de</strong> les organisations à mettre en<br />

place leurs politiques pour la neutralité climatique<br />

en leur fournissant <strong>de</strong>s supports<br />

physiques, <strong>de</strong>s conseils et <strong>de</strong>s suggestions<br />

pour s’organiser 5 .<br />

Campagne Seal the Deal<br />

L’objectif <strong>de</strong> la campagne Seal the Deal<br />

lancée par les Nations unies est d’influencer<br />

les décisions <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs politiques en<br />

mobilisant l’opinion publique pour qu’un<br />

accord soit signé à Copenhague.<br />

Les usagers sont encouragés à signer<br />

une pétition en ligne qui sera présentée<br />

par la société civile aux gouvernements <strong>de</strong><br />

la planète.<br />

Cette pétition servira aussi pour que les<br />

lea<strong>de</strong>rs négocient un accord tr<strong>ans</strong>parent,<br />

équilibré et efficace 6 .<br />

Projet Hard Rain:<br />

réinventer un mon<strong>de</strong> compatible<br />

avec la nature et avec les hommes<br />

Le Projet Hard Rain a vu le jour en 2009<br />

pour soutenir les programmes d’éducation<br />

<strong>de</strong>stinés aux écoles et aux universités et<br />

pour diffuser du matériel d’exposition sur<br />

le changement climatique. “Hard Rain:<br />

Our Headlong Collision with Nature” a été<br />

projeté le 6 décembre, lors <strong>de</strong> l’ouverture<br />

<strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> Copenhague. Ce film,<br />

réalisé avec la collaboration du Pnue, comporte<br />

un enregistrement live <strong>de</strong> Bob Dylan,<br />

<strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> Mark Edwards et un<br />

commentaire émouvant et inoubliable sur<br />

l’état <strong>de</strong> notre planète 7 .<br />

Campagne Tck Tck Tck<br />

Internews, organisation pour le développement<br />

<strong>de</strong>s médias, a apporté son appui à<br />

la campagne Tck Tck Tck, un mouvement<br />

soutenu par certains lea<strong>de</strong>rs politiques<br />

parmi les plus connus <strong>de</strong> la planète et <strong>de</strong>s<br />

Ong, pour faire entendre à Copenhague la<br />

voix <strong>de</strong>s individus les plus vulnérables au<br />

changement climatique. Kofi Annan, cofondateur<br />

<strong>de</strong> cette campagne, prétend que<br />

“nous <strong>de</strong>vons briser le silence mortel qui<br />

plane sur cette crise environnementale”.<br />

Internews soutient la campagne Tck<br />

Tck Tck pour le “Human Voices Award”,<br />

l’un <strong>de</strong>s sept principaux prix à thèmes <strong>de</strong>s<br />

“Earth Journalism Awards” qu’elle organise<br />

et qui seront remis lors d’une cérémonie<br />

d<strong>ans</strong> la capitale danoise. Les Earth Journalism<br />

Awards ont déjà attiré 600 candidatures<br />

provenant <strong>de</strong> 125 pays <strong>de</strong>puis son<br />

lancement, le 5 juin, lors <strong>de</strong> la Journée<br />

mondiale <strong>de</strong> l’Environnement 8 .<br />

État <strong>de</strong> la population mondiale en 2009<br />

et changements climatiques<br />

Le nouveau rapport “State of World Population”<br />

<strong>de</strong> l’Unfpa (Fonds <strong>de</strong>s Nations<br />

unies pour la Population) intitulé “Facing<br />

a Changing World: Women, Population and<br />

Climate”, montre comment la population,<br />

surtout les femmes, peuvent faire la différence<br />

d<strong>ans</strong> la lutte contre le changement<br />

climatique. Ce rapport essaie <strong>de</strong> répondre<br />

à certaines questions comme l’influence <strong>de</strong><br />

la population sur les émissions <strong>de</strong> gaz à effet<br />

<strong>de</strong> serre ou l’impact <strong>de</strong> l’urbanisation<br />

et du vieillissement <strong>de</strong> la population sur<br />

le réchauffement <strong>de</strong> la planète. L’Unfpa a<br />

également publié un supplément intitulé<br />

“At the Frontier: Young People and Climate<br />

Change” 9 .<br />

Communautés <strong>de</strong> foi<br />

et changement climatique<br />

Les textes sacrés <strong>de</strong> toutes les religions<br />

11


ont à cœur le bien-être <strong>de</strong> la planète et <strong>de</strong><br />

ses habitants.<br />

L’Edd donne à ces communautés l’occasion<br />

d’approfondir les problèmes liés à l’environnement<br />

et <strong>de</strong> s’impliquer d<strong>ans</strong> l’éducation<br />

au développement durable. Fondée<br />

en 1995 par le prince Philippe, l’Alliance of<br />

Religions and Conservation (Arc) est une<br />

organisation internationale dont le siège<br />

est en Angleterre.<br />

Depuis 2007, en partenariat avec le<br />

Undp (Programme <strong>de</strong> Développement <strong>de</strong>s<br />

Nations unies), elle cherche à développer<br />

un programme novateur pour que les religions<br />

les plus importantes affrontent les<br />

problèmes du changement climatique et<br />

<strong>de</strong> l’environnement.<br />

Le programme Arc-Undp a distingué<br />

sept secteurs clés où les traditions <strong>de</strong>s<br />

principales religions peuvent avoir un impact<br />

important sur l’environnement:<br />

* Source: http://www.unesco.org/education/<br />

DESDquarterlyDEC09, trimestriel <strong>de</strong> la Décennie<br />

<strong>de</strong> l’Éducation au développement durable,<br />

numéro spécial COP15, décembre 2009.<br />

Nos remerciements à Fe<strong>de</strong>rica Rolle, responsable<br />

du Développement durable et <strong>de</strong> la Presse,<br />

Unesco – Commission nationale italienne,<br />

Rome, et Marialuisa Stringa, prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la<br />

Fédération italienne <strong>de</strong>s Clubs et Centres.<br />

1 http://www.eng.uvm.dk/Uddannelse/<br />

Themes/Climate%20Education.aspx; http://<br />

www.unesco.org/shs/ethics<br />

2 http://portal.unesco.org/science/en/<br />

ev.php-URL_ID=7602&URL_DO=DO_<br />

TOPIC&URL_SECTION=201html<br />

http://unesdoc.unesco.org/<br />

images/0018/001833/183375e.pdf<br />

Conférence sur l’éducation et le changement climatique,<br />

20 novembre, Berlin (Allemagne). http://reset.to/blog/<br />

conference-education-and-climate-change-20-11-2009-<br />

12<br />

Évènements<br />

– emploi <strong>de</strong>s ressources – terre, acquisitions,<br />

propriétés, investissements;<br />

– éducation formelle et informelle;<br />

– sagesse – y compris l’éducation, le training<br />

technologique et la redécouverte <strong>de</strong>s<br />

enseignements du passé;<br />

– styles <strong>de</strong> vie;<br />

– promotion médiatique;<br />

– création et financement d’un département<br />

consacré à l’environnement;<br />

– célébrations.<br />

Du 2 au 4 novembre 2009, au château <strong>de</strong><br />

Windsor, l’Arc et l’Undp ont réuni les chefs<br />

spirituels <strong>de</strong> trente et une confessions religieuses<br />

du mon<strong>de</strong> entier pour marquer<br />

leur engagement d<strong>ans</strong> la protection <strong>de</strong> la<br />

planète. Lors <strong>de</strong> cette réunion, à laquelle<br />

a participé Ban Ki-Moon, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong><br />

laïcs se sont également engagés à travailler<br />

avec les communautés religieuses<br />

en faveur <strong>de</strong> l’environnement.<br />

3 http://portal.unesco.o/science/<br />

en/ev.php-URL_ID=5296&URL_<br />

DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.<br />

htmlrghttp://unesdoc.unesco.org/<br />

images/0016/001620/162087e http://unesdoc.unesco.org<br />

images/0018/001838/183869e.<br />

http://unesdoc.unesco.org/<br />

images/0016/001627/162715E.pdf<br />

4 http://portal.unesco.org/science/en/<br />

ev.php-URLID=7793&URL_DO=DO_<br />

TOPIC&URL_SECTION=201.html<br />

5 http://www.unep.fr/scp/sun/<br />

6 http://www.sealthe<strong>de</strong>al2009.org/<br />

7 http://www. hardrainproject.com/in<strong>de</strong>x. ph.<br />

8 http://www.timeforclimatejustice.org/<br />

home/http://tcktcktck.org<br />

9 http://www.unfpa.org/swp/<br />

berlinhttp://www.teacherscop15.dk/events/conferences/berlin-conference.html Premier sommet mondial <strong>de</strong>s étoiles pour la terre, 28-30


octobre, Ouagadougou, Burkina Faso. http://www.starsforearth.org/?q=en/no<strong>de</strong>/77<br />

Confintea v i – Vivre et apprendre pour un avenir durable<br />

– Le pouvoir <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong>s adultes, 1-4 décembre<br />

2009, Belém, Brésil. http://www.unesco.org/en/confinteavi/<br />

Forum <strong>de</strong>s enfants sur le climat, 28 novembre – 4 décembre<br />

2009, Copenhague, Danemark. http://en.cop15.dk/<br />

news/view+news?newsid=1698; http://www.teacherscop15.dk/events/conferences/ccfc.html<br />

Cop15 – Conférence <strong>de</strong>s Nations unies sur le changement<br />

climatique, 7-18 décembre 2009, Copenhague, Danemark.<br />

http://www.cop15.dk/en<br />

Klimaforum 09 – Le sommet sur le climat alternatif, 7-18<br />

décembre 2009, Copenhague, Danemark. http://www.<br />

klimaforum09.org/?lang=en<br />

Évènement Unesco en soutien <strong>de</strong> l’Année internationale<br />

<strong>de</strong> la biodiversité, 21-22 janvier 2010, siège Unesco,<br />

Paris, France. http://portal.unesco.org/science/en/<br />

ev.php-URL_ID=4793&URL_DO=DO_TOPIC&URL_<br />

SECTION=201.html<br />

Cinquième Forum mondial urbain – Cities for All –<br />

Bridging the Urban Divi<strong>de</strong>, 22-26 mars 2010, Rio <strong>de</strong><br />

Janeiro, Brésil. http://www.unhabitat.org/categories.<br />

asp?catid=584<br />

Conférence internationale <strong>de</strong> la jeunesse - Common Future,<br />

mars 2010, Copenhague, Danemark. http://www.<br />

unesco-asp.dk/english<br />

Module EDD <strong>de</strong> e-learning. Destiné aux éducateurs, étudiants,<br />

agences Onu et personnel Unesco pour communiquer<br />

et soutenir l’EDD et ses implications pratiques,<br />

avec référence aux problèmes du changement climatique.<br />

http://cms01.unesco.org/en/esd/esd-e-module/<br />

World of Science – Rétrospective sur le changement<br />

climatique. World of Science est un trimestriel scientifique<br />

<strong>de</strong> l’Unesco. Le <strong>de</strong>rnier numéro contient <strong>de</strong>s articles<br />

relatifs au climat publiés par ce journal <strong>de</strong> 2002<br />

à 2007. http://portal.unesco.org/science/en/ev.php-<br />

URL-ID=5916&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SEC-<br />

TION=201.html<br />

Policy Brief sur l’EDD et le changement climatique.<br />

Ce policy brief a été développé pour fournir aux policy<br />

makers <strong>de</strong>s recommandations et <strong>de</strong>s orientations<br />

relatives à l’EDD. http://unesdoc.unesco.org/<br />

images/0017/001791/179122e<br />

Le diagnostic <strong>de</strong> Copenhague: rapport sur la science du<br />

climat. Ce rapport résume et réunit les articles scientifiques<br />

les plus importants concernant le climat. http://<br />

www.copenhagendiagnosis.com/<br />

Le climat en danger. Gui<strong>de</strong> résumant le Rapport <strong>de</strong> 2007<br />

sur le changement climatique <strong>de</strong> l’IPCC. http://www.<br />

grida.no/publications/climate-in-peril/<br />

Climate Ark. Portail sur le changement climatique qui<br />

stimule <strong>de</strong>s politiques publiques par le biais <strong>de</strong>s émissions<br />

<strong>de</strong> CO , les énergies renouvelables et la fin <strong>de</strong> la dé-<br />

2<br />

forestation. http://www.climateark.org/<br />

Nouveau manuel – S’adapter au changement climatique<br />

et éduquer au développement durable. La Sandwatch<br />

Foundation a produit une nouvelle version <strong>de</strong> ce manuel<br />

concernant le changement climatique et les activités<br />

d’adaptation pour la protection <strong>de</strong>s plages. http://<br />

www.sandwatch.ca/New%20Sandwatch%20Manual/<br />

Manual.pdf<br />

Dot Earth: 9 milliards <strong>de</strong> personnes, une planète. Dot<br />

Earth est un blog créé par le New York Times pour analyser<br />

<strong>de</strong>s exemples d’équilibre entre les exigences <strong>de</strong> la société<br />

contemporaine et les limites <strong>de</strong> la planète. http://<br />

dotearth.blogs.nytimes.com/<br />

Climate Crossroads. Nouveau portail créé par le Sierra<br />

Club pour les activistes et les environnementalistes.<br />

http://climatecrossroads.sierraclub.org/about-climatechange/in<strong>de</strong>x.html<br />

Changement climatique: ressources d’Oxfam Education.<br />

Cette partie du site d’Oxfam Education est centrée sur le<br />

changement climatique et les questions globales. http://<br />

www.oxfam.org.uk/education/resources/category.<br />

htm?20category.htm?20<br />

Actes <strong>de</strong> la conférence internationale <strong>de</strong> l’EDD <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />

Les actes <strong>de</strong> cette conférence qui a eu lieu à Bor<strong>de</strong>aux,<br />

en France, du 27 au 29 octobre 2008, sont disponibles.<br />

http://www.<strong>de</strong>cennie-france.fr/pdf/pdf02.pdf<br />

Nouveau <strong>de</strong>ssin animé Patrimonito sur le changement<br />

climatique. Ce nouvel épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> la série “Les aventures<br />

<strong>de</strong> Patrimonito d<strong>ans</strong> le patrimoine mondial” présente la<br />

Gran<strong>de</strong> Barrière <strong>de</strong> Corail, patrimoine mondial <strong>de</strong>puis<br />

1981. http://whc.unesco.org/en/patrimonito/<br />

Droits <strong>de</strong>s enfants et changement climatique. D<strong>ans</strong> le<br />

cadre du dossier didactique en ligne sur les droits <strong>de</strong>s<br />

enfants produit par UNA-UK et par les écoles associées<br />

Unesco, une section verte sur les droits <strong>de</strong>s enfants et le<br />

changement climatique. http://www.una.org.uk/learnabouthumanrights/Sli<strong>de</strong>%20Presentations/Child_<br />

Rights&Climate_Change.pdf<br />

DVD sur Little Earth Charter. Ce DVD, conçu pour ai<strong>de</strong>r<br />

les enseignants à intégrer les valeurs universelles et environnementales<br />

d<strong>ans</strong> leurs classes, comprend <strong>de</strong>s vidéos<br />

d’animation et propose <strong>de</strong>s activités aux enseignants et<br />

aux parents. Disponible en anglais et en français. http://<br />

www.littleearthcharter.org<br />

Plateforme do-it-yoursciences. Il s’agit d’une plateforme<br />

<strong>de</strong> collaboration réalisée par la Juvene Foundation pour<br />

<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> divulgation scientifique et environnementale<br />

pouvant être librement déchargés. http://webenergie.ch/do-it-yoursciences/in<strong>de</strong>x.php?lang=3<br />

Gui<strong>de</strong> au partenariat entre enseignants et chercheurs.<br />

Un gui<strong>de</strong> pratique pour les enseignants <strong>de</strong>s collèges et<br />

les chercheurs désirant adhérer au projet CarboSchools.<br />

http://www.carboeurope.org/education/TSPgui<strong>de</strong>.pdf<br />

13


D<strong>ans</strong> le processus éducatif, l’éducateur<br />

doit également connaître comment se caractérise<br />

essentiellement le développement<br />

<strong>de</strong>s fonctions psychiques après l’enfance,<br />

l’adolescence et la jeunesse.<br />

L’action éducative ne peut pas se limiter<br />

à ne prendre en considération que les vingt<br />

premières années <strong>de</strong> vie d’un individu comme<br />

si, par la suite, il était <strong>de</strong>stiné à ne plus<br />

faire aucune nouvelle acquisition. S’il en<br />

était ainsi, on ferait du tort à tous ceux qui<br />

ont étudié non seulement la psychologie <strong>de</strong><br />

l’éducation, mais aussi, comme je vais essayer<br />

<strong>de</strong> le montrer, d’autres domaines du<br />

savoir et d’autres disciplines scientifiques<br />

qui, à première vue, ne sembleraient pas<br />

– <strong>de</strong> par leur nature – pouvoir contribuer<br />

à augmenter les connaissances en matière<br />

d’éducation.<br />

L’éducateur doit connaître à fond les<br />

dynamiques qui caractérisent les capacités<br />

d’autonomie, d’élaboration et <strong>de</strong> communication<br />

<strong>de</strong> l’individu, <strong>de</strong> même que les<br />

conditions personnelles, sociales et culturelles<br />

qui l’enrichissent et lui donnent son<br />

harmonie.<br />

La motivation qui pousse à la connaissance<br />

d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s domaines culturels et<br />

professionnels déterminés et qui est à la<br />

base <strong>de</strong>s choix existentiels du jeune adulte<br />

14<br />

Orientation universelle <strong>de</strong>s besoins<br />

et orientation culturelle <strong>de</strong>s valeurs<br />

Besoins et représentations<br />

d<strong>ans</strong> l’action éducative à l’âge adulte<br />

Paolo Calegari<br />

Ancien professeur <strong>de</strong> Psychologie sociale<br />

aux Universités <strong>de</strong> Padoue, Vérone et Milan-Bicocca<br />

ouvre d’autres perspectives intéressantes<br />

relativement à l’éducation.<br />

Les anthropologues, en particulier Kuckhohn<br />

et Stroedtbeck 1 , insistent sur le fait<br />

que, partout et toujours, l’homme a <strong>de</strong>s besoins<br />

i<strong>de</strong>ntiques (orientation universelle<br />

<strong>de</strong>s besoins) et que les modalités culturelles<br />

pour satisfaire ces besoins (orientation<br />

culturelle <strong>de</strong>s valeurs) diffèrent d’un<br />

contexte social à l’autre, ainsi que d<strong>ans</strong> un<br />

même contexte culturel mais à <strong>de</strong>s époques<br />

différentes.<br />

En d’autres mots, les besoins communs<br />

sont surtout <strong>de</strong> nature biologique et physiologique<br />

en plus <strong>de</strong>s besoins systémiques<br />

(c’est-à-dire liés à la structure du contexte<br />

en termes d’urgence relative <strong>de</strong>s besoins<br />

communautaires, aux urgences naturelles<br />

comme les catastrophes ou bien encore<br />

aux guerres).<br />

Le seul fait <strong>de</strong> naître et <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir mourir<br />

met en évi<strong>de</strong>nce une communauté non<br />

seulement d’évènements, mais <strong>de</strong> conséquences<br />

communes <strong>de</strong> ces évènements.<br />

Par contre, les modalités suivant lesquelles<br />

les sociétés, avant les individus, affrontent<br />

les problèmes existentiels et communautaires<br />

sont extrêmement variées et<br />

expriment <strong>de</strong>s conceptions différentes <strong>de</strong><br />

la cognition <strong>de</strong> ce qui est désirable ou non.


En d’autres mots, elles expriment <strong>de</strong>s valeurs<br />

différentes.<br />

Cette valeur représente justement une<br />

cognition <strong>de</strong> ce qui est désirable 2 .<br />

Les solutions <strong>de</strong>s problèmes collectifs<br />

et communautaires sont, pour la plupart,<br />

prévues et codifiées d<strong>ans</strong> les Constitutions<br />

(qui sont <strong>de</strong>s lois fondamentales d’où découlent<br />

ensuite les lois ordinaires), d<strong>ans</strong><br />

les usages, d<strong>ans</strong> les coutumes, d<strong>ans</strong> les<br />

traditions, d<strong>ans</strong> les règlements et d<strong>ans</strong><br />

d’autres mémoires extrasomatiques (qui<br />

se situent matériellement hors <strong>de</strong>s individus<br />

avant <strong>de</strong> l’être d<strong>ans</strong> leurs représentations<br />

mentales).<br />

Les contextes naturels s’inspirent et<br />

se règlent d’après <strong>de</strong>s valeurs différentes,<br />

puisque leurs histoires sont différentes et,<br />

comme le dit Montesquieu, du fait que ces<br />

mêmes histoires se sont développées d<strong>ans</strong><br />

<strong>de</strong>s environnements différents.<br />

Nous nous trouvons <strong>de</strong>vant une diversité<br />

qui exprime <strong>de</strong>s différenciations que<br />

nous pouvons évaluer avec <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong><br />

différente nature, que l’on peut quelquefois<br />

analyser du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la logique<br />

et <strong>de</strong> la connaissance: niveau <strong>de</strong> culture,<br />

<strong>de</strong> développement économique et scientifique,<br />

d’intégration plus ou moins réussie<br />

d<strong>ans</strong> la globalisation mondiale etc. Ce relativisme<br />

culturel <strong>de</strong>s valeurs et <strong>de</strong>s jugements<br />

constitue le cadre du problème éducatif<br />

et les enseignants <strong>de</strong>vraient disposer<br />

d’informations pertinentes à ce sujet.<br />

L’action éducative se présente surtout<br />

comme une relation <strong>de</strong> personne à personne<br />

quand celle-ci – ce qui est la plupart<br />

du temps le cas – se développe d<strong>ans</strong> un<br />

contexte collectif, que ce soit à l’école ou au<br />

sein d’un groupe.<br />

Les valeurs <strong>de</strong> la société et les représentations<br />

sociales qui en sont les vecteurs<br />

doivent être intériorisées d<strong>ans</strong> une relation<br />

qui est essentiellement d’ordre didactique.<br />

La représentation, passée <strong>de</strong> l’extérieur<br />

à l’intérieur, ne se limite pas à trouver sa<br />

place parmi d’autres représentations déjà<br />

élaborées et acquises. Elle cherche et trouve<br />

sa cohérence ou sa raison d’être à l’intérieur<br />

d’un système <strong>de</strong> représentations<br />

déjà structuré ou en voie <strong>de</strong> structuration.<br />

Le regard sur le mon<strong>de</strong> se modifie, mais<br />

c’est toujours le regard sur le mon<strong>de</strong>.<br />

Les représentations du mon<strong>de</strong> dont<br />

un individu est porteur sont nombreuses<br />

comme tout aussi nombreuses peuvent<br />

être les opinions que ces mêmes individus<br />

extériorisent ou gar<strong>de</strong>nt pour eux.<br />

Les représentations et les opinions sont<br />

autant d’interprétations du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> celui-ci.<br />

D’après Wittgenstein 3 , toute explication<br />

constitue une <strong>de</strong>scription ce qui, d’une certaine<br />

manière, en limite la portée et en relativise<br />

l’exhaustivité.<br />

Mais le rôle <strong>de</strong> l’éducateur n’est pas <strong>de</strong> se<br />

perdre d<strong>ans</strong> le dédale <strong>de</strong>s représentations<br />

et <strong>de</strong>s opinions <strong>de</strong> ses élèves. Il doit plutôt<br />

chercher à valoriser celles qu’il considère<br />

comme valables, originales et utiles pour<br />

développer <strong>de</strong>s apprentissages et <strong>de</strong>s acquisitions.<br />

L’éducateur est donc appelé à se montrer<br />

attentif, à sélectionner, à élaborer, à<br />

concevoir et à créer <strong>de</strong>s situations dont il<br />

peut apprécier la valeur et qui pourront lui<br />

apprendre quelque chose à lui aussi.<br />

1 Florence Kluckhohn, Fred Strodtbeck, Variations<br />

in Values Orientation, Ev<strong>ans</strong>ton, Row,<br />

Peterson and Co., 1961.<br />

2 Milton Rokeach, The Nature of Human Values,<br />

New York, Free Press, 1973.<br />

3 Ludwig Wittgenstein, Tractatus Logico-Philosophicus,<br />

Londra, Routledge and Kegan Paul,<br />

1933.<br />

15


Les évènements évoqués d<strong>ans</strong> l’ouvrage<br />

<strong>de</strong> Giuliano Caroli, La Roumanie d<strong>ans</strong> la<br />

politique étrangère italienne 1919-1965.<br />

Ombres et lumières d’une amitié historique<br />

(n° 32 <strong>de</strong> la collection <strong>de</strong> la Fondation<br />

Européenne <strong>Dragan</strong>, éditions Nagard) suggèrent<br />

la réflexion suivante: “Ce n’est que<br />

d<strong>ans</strong> l’organisation politique, économique<br />

et culturelle <strong>de</strong> l’Europe démocratique que<br />

l’Italie et la Roumanie peuvent retrouver<br />

et valoriser totalement leurs origines historiques<br />

et culturelles communes”.<br />

C’est ainsi que je concluais la Préface<br />

que j’ai eu le plaisir <strong>de</strong> faire pour cet ouvrage<br />

remarquable écrit par l’un <strong>de</strong> mes plus<br />

fidèles élèves. Inutile <strong>de</strong> faire ici une synthèse<br />

<strong>de</strong> ce que j’ai déjà écrit. Je préfère<br />

présenter d’autres sujets <strong>de</strong> réflexion et<br />

rappeler <strong>de</strong>s souvenirs ou <strong>de</strong>s témoignages<br />

qui me permettront <strong>de</strong> conclure cette<br />

conférence par un souhait.<br />

Il y a exactement vingt <strong>ans</strong>, la Roumanie<br />

revenait d<strong>ans</strong> le giron <strong>de</strong>s nations démocratiques<br />

<strong>européen</strong>nes après les années<br />

sombres du totalitarisme qui l’avait éloignée<br />

<strong>de</strong> l’histoire et <strong>de</strong> la culture qu’elle<br />

partageait avec le reste <strong>de</strong> l’Europe.<br />

L’Italie fut l’un <strong>de</strong>s premiers pays occi<strong>de</strong>ntaux<br />

à comprendre l’importance qu’il y<br />

avait à renouer les vieux liens qui avaient<br />

existé d<strong>ans</strong> le passé.<br />

Ces relations, pourtant, ne <strong>de</strong>vaient pas<br />

être que bilatérales, mais, au contraire, se<br />

développer aussi d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong>s orga-<br />

16<br />

La Roumanie<br />

d<strong>ans</strong> la politique étrangère italienne:<br />

quelques réflexions<br />

Giuseppe Vedovato<br />

Prési<strong>de</strong>nt émérite du Conseil <strong>de</strong> l’Europe<br />

nisations internationales existantes pour<br />

permettre aux nouveaux venus <strong>de</strong> rentrer<br />

s<strong>ans</strong> problèmes d<strong>ans</strong> la maison <strong>européen</strong>ne<br />

commune. Ce choix, toutefois, ne se fit<br />

pas d<strong>ans</strong> un vi<strong>de</strong> absolu, comme on le croit<br />

parfois.<br />

La chute du mur et la disparition du<br />

totalitarisme en Europe orientale conduisirent<br />

inévitablement à reconsidérer<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s relations historiques, politiques<br />

et culturelles entre ces nations et<br />

l’Occi<strong>de</strong>nt.<br />

Aujourd’hui, l’Europe offre à l’Italie et<br />

à la Roumanie un moyen exceptionnel <strong>de</strong><br />

redonner une nouvelle vigueur à un lien<br />

<strong>de</strong> vieille date. Cet ouvrage, qui a été présenté<br />

à la Fondation Européenne <strong>Dragan</strong>,<br />

est important, car il comble un vi<strong>de</strong> historiographique<br />

d<strong>ans</strong> ce domaine concernant,<br />

justement, l’Italie, en montrant qu’au siècle<br />

<strong>de</strong>rnier, au cours <strong>de</strong>s différentes vicissitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> l’histoire internationale et <strong>de</strong><br />

l’histoire politique <strong>de</strong> l’Italie, la politique<br />

étrangère <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière s’est toujours,<br />

malgré <strong>de</strong>s hauts et <strong>de</strong>s bas, plus ou moins<br />

intéressée à la Roumanie.<br />

Les liens noués d<strong>ans</strong> le passé ne se<br />

sont pas interrompus au XX ème siècle et en<br />

constituent le préambule logique. Il n’est<br />

pas inutile <strong>de</strong> le préciser, ne serait-ce que<br />

pour balayer <strong>de</strong> nombreux lieux communs<br />

venant surtout <strong>de</strong> l’ignorance que l’on a<br />

en général d<strong>ans</strong> notre pays – à l’exception<br />

<strong>de</strong>s milieux universitaires – <strong>de</strong> l’histoire


<strong>de</strong> l’Europe centro-orientale et balkanique<br />

d<strong>ans</strong> son ensemble.<br />

Du Moyen-Âge à la Renaissance et à<br />

l’époque <strong>de</strong>s Lumières, et ce jusqu’à leur<br />

renaissance nationale, ces <strong>de</strong>ux pays ont<br />

toujours été en contact et leurs échanges<br />

commerciaux, mais aussi culturels, ont<br />

été très nombreux. Le souvenir <strong>de</strong> Rome,<br />

“leur mère commune”, n’y était certainement<br />

pas étranger, même si leur position<br />

géopolitique a toujours donné l’impression<br />

d’être très différente.<br />

La conquête romaine <strong>de</strong> la Dacie et la<br />

formation <strong>de</strong> la civilisation daco-romaine,<br />

bien que cela fût pendant le crépuscule<br />

<strong>de</strong> l’Empire romain, ont admirablement<br />

“Maintenant que l’Italie et la Roumanie font partie<br />

du même cadre institutionnel <strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne,<br />

une nouvelle phase s’ouvre d<strong>ans</strong> leurs rapports séculaires.”<br />

(Giuseppe Vedovato, Prési<strong>de</strong>nt honoraire du Conseil <strong>de</strong> l’Europe)<br />

EDIZIONI NAGARD<br />

Un exemplaire: € 15,00. Versement sur le CCP n° 38608204 ou virement bancaire<br />

sur le Credito Artigiano, Agence 1 <strong>de</strong> Milan (IBAN: IT 31 C0351201602 000000033031),<br />

intitulés à: Edizioni Nagard, Via Larga 9, 20122 Milan.<br />

17


soudé ces <strong>de</strong>ux peuples jusqu’à nos jours,<br />

avant que ne le soient leurs gouvernements.<br />

Les travaux <strong>de</strong> générations <strong>de</strong> chercheurs<br />

ont conservé et développé ce lien<br />

qui a survécu jusqu’à notre époque. Les<br />

relations entre ces <strong>de</strong>ux nations qualifiées<br />

à juste titre <strong>de</strong> “sœurs latines” n’ont pourtant<br />

pas toujours été faciles.<br />

Entre les <strong>de</strong>ux guerres mondiales, les<br />

incertitu<strong>de</strong>s et l’échec <strong>de</strong> la Sdn, système<br />

international qui aurait dû garantir la<br />

stabilité et la sécurité, ont empêché l’Europe<br />

centro-orientale – terrain d’affrontement<br />

entre <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> puissance et<br />

d’hégémonie opposées – <strong>de</strong> s’adapter aux<br />

standards <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’Europe<br />

occi<strong>de</strong>ntale.<br />

Mais n’oublions pas que ces <strong>de</strong>ux pays<br />

n’avaient pas la même conception <strong>de</strong> la<br />

stabilité et <strong>de</strong> la sécurité internationale,<br />

ce qui a également contribué à cet état <strong>de</strong><br />

fait, surtout lorsque la crise politique et<br />

économique se traduisit par la consolidation<br />

<strong>de</strong>s régimes totalitaires.<br />

Après la guerre, le partage <strong>de</strong> l’Europe<br />

en <strong>de</strong>ux blocs opposés sur le plan politique,<br />

idéologique et économique contribua à<br />

éloigner l’Italie <strong>de</strong> la Roumanie. Mais pas<br />

pour longtemps.<br />

La détente s’est révélée être un processus<br />

irréversible qui a remis face à face l’Italie<br />

et la Roumanie et les a obligées, malgré<br />

la diversité <strong>de</strong> leurs régimes politiques, à<br />

renouer leurs relations d’autrefois.<br />

Les nouvelles relations économiques<br />

et commerciales firent converger <strong>de</strong> plus<br />

en plus les exigences <strong>de</strong> développement<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays et furent déterminantes<br />

d<strong>ans</strong> cette reprise qui se <strong>de</strong>ssinait d<strong>ans</strong> le<br />

cadre plus large d’une ostpolitik italienne<br />

vis-à-vis <strong>de</strong> l’Europe orientale.<br />

D<strong>ans</strong> ces années-là, un nouvel élément<br />

<strong>de</strong> la politique économique et sociale du<br />

continent contribua à rapprocher l’Italie<br />

<strong>de</strong> la Roumanie.<br />

Je veux parler du processus d’intégra-<br />

18<br />

tion <strong>européen</strong>ne qui exerça, dès le début,<br />

un certain pouvoir d’attraction sur les<br />

pays du socialisme réel <strong>de</strong> l’Est <strong>européen</strong><br />

aussi. La Roumanie n’échappa pas à cette<br />

attraction. Ce sont justement les pays latins<br />

comme la France et, ce que démontre<br />

l’ouvrage <strong>de</strong> Caroli, l’Italie, qui firent naître,<br />

grâce à la coopération économique et<br />

commerciale indispensable pour le développement<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays, <strong>de</strong>s liens plus<br />

étroits qui allaient bientôt s’étendre aux<br />

relations politiques.<br />

Ce processus finit par faciliter la convergence<br />

<strong>de</strong> vues entre Rome et Bucarest sur<br />

<strong>de</strong> nombreux sujets très importants pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong> l’Europe: la détente, la sécurité<br />

et le désarmement. Autant <strong>de</strong> problèmes<br />

que ces <strong>de</strong>ux pays approfondiront<br />

lors <strong>de</strong> la Conférence pour la sécurité et la<br />

coopération <strong>européen</strong>ne. Ce fut un évènement<br />

important, une occasion <strong>de</strong> rencontre<br />

entre l’Est et l’Ouest, entre <strong>de</strong> grands<br />

États et d’autres petits ou moyens, au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> leur appartenance à l’un ou l’autre bloc<br />

et <strong>de</strong> leur régime politique et social.<br />

Pendant cette pério<strong>de</strong> aussi, on sentait<br />

en Roumanie le désir <strong>de</strong> renouer d’une manière<br />

ou d’une autre <strong>de</strong>s liens avec le reste<br />

du continent.<br />

L’Italie se situa tout <strong>de</strong> suite d<strong>ans</strong> cette<br />

tendance. Rome et Bucarest étaient<br />

convaincues qu’il fallait retrouver une<br />

i<strong>de</strong>ntité <strong>européen</strong>ne commune malgré les<br />

divisions <strong>de</strong> la guerre froi<strong>de</strong> qui restaient<br />

très fortes.<br />

L’Italie se présenta donc comme l’une<br />

<strong>de</strong>s nations <strong>de</strong>stinées, par suite <strong>de</strong> leurs<br />

origines culturelles communes, à jouer un<br />

rôle <strong>de</strong> pionnier d<strong>ans</strong> la reconstruction <strong>de</strong>s<br />

liens anciens avec la Roumanie.<br />

J’ai eu l’occasion <strong>de</strong> parler longuement<br />

<strong>de</strong> cette reprise <strong>de</strong> contact avec <strong>de</strong>ux personnalités<br />

roumaines <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure:<br />

Nicolas Petrescu Comnène et Grigore<br />

Gafencu, anciens ministres <strong>de</strong>s Affaires<br />

étrangères <strong>de</strong> Roumanie.<br />

À Florence, Comnène a été un collabora-


teur très actif <strong>de</strong> ma “Revue d’étu<strong>de</strong>s politiques<br />

internationales” <strong>de</strong> 1944 à 1957.<br />

Parmi les nombreux textes qu’il a publiés,<br />

je voudrais citer: Quelques considérations<br />

sur le droit à la vie <strong>de</strong>s petits États,<br />

1944; Pour éviter une troisième gran<strong>de</strong><br />

guerre, 1944; Trieste d<strong>ans</strong> les souvenirs<br />

d’un diplomate, 1953; À propos <strong>de</strong> la crise<br />

du communisme international, 1956.<br />

Gafencu, que Henri Frenay, personnalité<br />

importante <strong>de</strong> la résistance française<br />

et du mouvement fédéraliste, définissait<br />

comme “l’une <strong>de</strong>s figures les plus nobles <strong>de</strong><br />

l’époque tragique où il avait vécu” – entretenait<br />

<strong>de</strong>s liens d’amitié avec <strong>de</strong>s Italiens.<br />

Lorsqu’il était ambassa<strong>de</strong>ur à Moscou, la<br />

personne qui lui était la plus proche était<br />

l’ambassa<strong>de</strong>ur Augusto Rosso, tandis qu’à<br />

Genève on savait qu’il était très ami avec<br />

l’historien italien Guglielmo Ferrero.<br />

D<strong>ans</strong> sa recension du livre <strong>de</strong> Gafencu,<br />

Préliminaires <strong>de</strong> la guerre à l’Est, <strong>de</strong> 1944,<br />

il résuma sa pensée <strong>de</strong> la manière suivante:<br />

“Le jeu <strong>de</strong> la politique internationale<br />

veut se simplifier et la création <strong>de</strong> groupes<br />

d’États <strong>de</strong> petites et moyennes dimensions<br />

faciliterait l’organisation <strong>de</strong> l’Europe, son<br />

objectif étant <strong>de</strong> limiter sur le continent <strong>de</strong>s<br />

actions et <strong>de</strong>s réactions <strong>de</strong>s blocs ennemis,<br />

d’éliminer la situation <strong>de</strong> trouble constamment<br />

maintenue d<strong>ans</strong> les relations entre<br />

les grands et les petits États par le manque<br />

<strong>de</strong> confiance <strong>de</strong>s uns et par la peur<br />

<strong>de</strong>s autres et le renforcement <strong>de</strong> l’autorité<br />

<strong>de</strong>s engagements réciproques pris par les<br />

contractants ayant un système <strong>de</strong> valeurs<br />

autant que possible équivalent”.<br />

D<strong>ans</strong> un climat politique <strong>de</strong> ce genre,<br />

il n’est pas étonnant que l’intention affichée<br />

<strong>de</strong> l’Italie d’être à l’avant-gar<strong>de</strong> d<strong>ans</strong><br />

la reprise <strong>de</strong>s relations d’autrefois avec la<br />

Roumanie se soit manifestée au niveau<br />

parlementaire, c’est-à-dire d<strong>ans</strong> un environnement<br />

qui, institutionnellement, se<br />

relie directement à la population, ainsi<br />

qu’aux attentes et aux orientations <strong>de</strong>s<br />

opinions publiques.<br />

L’Europe était encore divisée en <strong>de</strong>ux<br />

blocs, mais le processus <strong>de</strong> détente en<br />

cours aplanissait les divergences et un<br />

lien <strong>de</strong> plus en plus profond était en train<br />

<strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>former les accords économiques<br />

avec l’Europe en un intérêt croissant aux<br />

contours encore imprécis, et peut-être inavouables,<br />

pour une maison <strong>européen</strong>ne<br />

commune. J’en ai été le témoin. J’eus l’honneur,<br />

en effet, <strong>de</strong> participer en avril 1974<br />

– en qualité <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt du groupe italien<br />

<strong>de</strong> l’Union interparlementaire et membre<br />

<strong>de</strong> son Comité exécutif – à une mission en<br />

Roumanie, où l’Union <strong>de</strong>vait tenir sa session<br />

printanière.<br />

Lors <strong>de</strong> cette session, qui réunissait <strong>de</strong>s<br />

parlementaires <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> tous les continents,<br />

il y eut un grand débat d<strong>ans</strong> la capitale<br />

roumaine sur <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

actualité, comme la crise énergétique, les<br />

relations entre les pays producteurs et<br />

les pays consommateurs, les conséquences<br />

économiques et sociales <strong>de</strong> l’explosion<br />

démographique, l’interdiction totale <strong>de</strong>s<br />

essais nucléaires, l’interdiction <strong>de</strong>s armes<br />

chimiques et bactériologiques, la réduction<br />

<strong>de</strong>s budgets militaires au profit <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong><br />

aux pays sous-développés.<br />

À ce propos, j’eus un entretien important<br />

avec <strong>de</strong>ux parlementaires yougoslaves,<br />

le Monténégrin Peko Dapéenic et Mirian<br />

Barisic (originaire <strong>de</strong> Fiume). Les déclarations<br />

du prési<strong>de</strong>nt Ceauseşcu sur le besoin<br />

d’affirmer et <strong>de</strong> défendre la légalité socialiste<br />

contre les excès <strong>de</strong> la police firent également<br />

l’objet <strong>de</strong> la conversation, mais mes<br />

interlocuteurs se montrèrent plutôt sceptiques<br />

quant à leur concrétisation.<br />

Je voudrais évoquer ici la force expressive<br />

et l’intolérance à toute forme d’autoritarisme<br />

d’Eugène Ionesco dont on célèbre<br />

cette année l’anniversaire <strong>de</strong> sa naissance.<br />

Après l’avoir bien accueilli, <strong>de</strong>s intellectuels<br />

comme Sartre lui reprochèrent son<br />

anticommunisme, auxquels il répondit:<br />

“Chaque fois que l’on a essayé <strong>de</strong> changer<br />

la société <strong>de</strong> manière utopique, <strong>de</strong>s utopies<br />

19


se sont installées. Elles sont terribles. Les<br />

premiers révolutionnaires avaient une idée<br />

<strong>de</strong> justice, <strong>de</strong> liberté et <strong>de</strong> fraternité. Mais<br />

il faut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si c’était vraiment ce<br />

qu’ils désiraient, puisqu’ils ont fait tout le<br />

contraire <strong>de</strong> ce qu’ils déclaraient vouloir”.<br />

L’importance attribuée à l’évènement<br />

par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Roumanie <strong>de</strong> l’époque<br />

démontrait clairement à quel point ce<br />

pays pensait à une coopération avec l’Europe.<br />

À mes yeux, la Conférence contenait<br />

quelques éléments contradictoires comme,<br />

par exemple, l’inscription à l’ordre du jour<br />

<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> la coopération économique,<br />

scientifique et technique. Je notais aussi<br />

un déséquilibre qui conduisait les travaux<br />

à une impasse.<br />

Par exemple, si, d’un côté, la Roumanie<br />

affichait d’importants déficits structurels<br />

d<strong>ans</strong> sa balance commerciale vis-à-vis <strong>de</strong><br />

ses partenaires occi<strong>de</strong>ntaux, il n’en allait<br />

pas <strong>de</strong> même avec l’Italie qui occupait tout<br />

<strong>de</strong> même la cinquième place d<strong>ans</strong> son commerce<br />

extérieur après l’Urss, la République<br />

fédérale alleman<strong>de</strong>, la Tchécoslovaquie et<br />

la République démocratique alleman<strong>de</strong>.<br />

En 1970, les échanges entre l’Italie et<br />

la Roumanie avaient augmenté <strong>de</strong> 25%<br />

par rapport à l’année précé<strong>de</strong>nte, mais la<br />

quantité <strong>de</strong> produits roumains achetés par<br />

l’Italie avait augmenté plus que celle <strong>de</strong>s<br />

produits italiens vendus à la Roumanie.<br />

La libéralisation <strong>de</strong>s marchandises roumaines<br />

en Italie et les contingents prévus<br />

par les accords bilatéraux provoquaient<br />

un déséquilibre d<strong>ans</strong> la balance <strong>de</strong>s paiements<br />

<strong>de</strong> l’Italie auquel il fallait remédier.<br />

Cette anomalie <strong>de</strong> nature surtout économique<br />

s’était créée d<strong>ans</strong> une atmosphère<br />

politique amicale, dont témoigne un entretien<br />

avec le Prési<strong>de</strong>nt du Conseil italien,<br />

Emilio Colombo, lors duquel les Roumains<br />

<strong>de</strong>mandèrent à poursuivre le dialogue.<br />

Cela montrait que les <strong>de</strong>ux pays envisageaient<br />

une coopération internationale<br />

<strong>de</strong> plus en plus étroite d<strong>ans</strong> différents do-<br />

20<br />

maines. Après cette visite, je suis retourné<br />

à Bucarest l’année suivante, en mai, pour<br />

participer à la réunion du Comité exécutif<br />

<strong>de</strong> l’Union interparlementaire.<br />

Quelques semaines après, le prési<strong>de</strong>nt<br />

du groupe parlementaire roumain, Corneliu<br />

Mănescu – soulignant l’intérêt <strong>de</strong> Bucarest<br />

pour notre pays – me <strong>de</strong>manda <strong>de</strong><br />

faire inscrire à l’ordre du jour <strong>de</strong> la 115 ème<br />

session du Conseil <strong>de</strong> l’Union interparlementaire<br />

le problème du développement<br />

d’un nouveau système <strong>de</strong> relations économiques<br />

internationales.<br />

Le Conseil qui a eu lieu à Bucarest en<br />

mars 1975 a justement porté sur ce sujet.<br />

Il était évi<strong>de</strong>nt qu’il fallait trouver <strong>de</strong>s<br />

points communs sur <strong>de</strong>s sujets fondamentaux:<br />

changements <strong>de</strong>s structures productrices<br />

et du commerce international, développement<br />

scientifique et technologique,<br />

changements d<strong>ans</strong> le système monétaire<br />

et financier international, changements<br />

indispensables d<strong>ans</strong> le cadre institutionnel<br />

international.<br />

En février 1976, Mănescu, avec lequel<br />

j’étais constamment en relation, me fit part<br />

d’un appel lancé par la Gran<strong>de</strong> assemblée<br />

nationale roumaine qui correspondait à<br />

celui envoyé aux parlements <strong>de</strong>s pays qui<br />

participaient à la Conférence pour la sécurité<br />

et la coopération en Europe.<br />

C’était à l’époque l’organisme qui aurait<br />

dû sanctionner la fin <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong>s<br />

blocs opposés et où la Roumanie et l’Italie<br />

avaient souvent l’occasion <strong>de</strong> s’engager<br />

sur différents aspects <strong>de</strong> la détente et <strong>de</strong><br />

relancer <strong>de</strong>s politiques et <strong>de</strong>s intérêts fondamentaux<br />

pour les petites et moyennes<br />

puissances – suivant la terminologie en<br />

vogue à l’époque – en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s “cages” <strong>de</strong><br />

la guerre froi<strong>de</strong>.<br />

Aspiration à la détente – et donc à la<br />

paix – ce que, en juin 1986, un Roumain<br />

d’exception, Giuseppe Costantino <strong>Dragan</strong>,<br />

confirmait en participant au Congrès sur<br />

“Le dialogue fon<strong>de</strong>ment universel <strong>de</strong> la<br />

paix”, organisé par la mairie <strong>de</strong> Rome à


l’occasion <strong>de</strong> l’Année internationale <strong>de</strong> la<br />

paix proclamée par les Nations unies.<br />

Dès ces années-là, furent jetées les bases<br />

d’un pont qui aurait maintenu ses caractéristiques<br />

essentielles y compris d<strong>ans</strong><br />

les années qui suivirent et qui aurait plus<br />

facilement conduit – après la <strong>de</strong>struction<br />

<strong>de</strong>s murs qui séparaient l’Est <strong>de</strong> l’Ouest –<br />

au retour <strong>de</strong> la Roumanie d<strong>ans</strong> la gran<strong>de</strong><br />

famille <strong>européen</strong>ne.<br />

À vingt <strong>ans</strong> exactement du fatidique<br />

décembre 1989, ce retour a stimulé la nouvelle<br />

Roumanie démocratique à chercher<br />

s<strong>ans</strong> répit à faire partie <strong>de</strong>s organisations<br />

les plus importantes qui ont donné son visage<br />

à la “nouvelle Europe”.<br />

La progression <strong>de</strong> la Roumanie en direction<br />

<strong>de</strong> l’Europe a été irrépressible, malgré<br />

<strong>de</strong> nombreux obstacles tant politiques<br />

qu’économiques et sociaux.<br />

En 1998, la Roumanie, comme les<br />

autres nations, a voulu avec une ténacité<br />

méritoire entrer également au Conseil <strong>de</strong><br />

l’Europe – instance suprême et irremplaçable<br />

d’authentification <strong>de</strong>s régimes démocratiques<br />

et garant <strong>de</strong>s libertés. À ses<br />

yeux, c’était le lieu privilégié qui pouvait<br />

la réunir à la famille <strong>européen</strong>ne.<br />

Après ce que les Roumains surnommèrent<br />

la Révolution <strong>de</strong> 1989 qui balaya une<br />

dictature désormais insoutenable, élimina<br />

l’économie planifiée du communisme<br />

et adopta le système du libre marché, la<br />

Roumanie a retrouvé la voie du développement<br />

démocratique.<br />

Mais ce passage crucial ne s’est pas fait<br />

s<strong>ans</strong> <strong>de</strong> nombreuses difficultés. Si l’Europe<br />

a joué un rôle déterminant d<strong>ans</strong> son développement<br />

économique, il est important<br />

d’apporter ici une précision.<br />

Pendant la pério<strong>de</strong> du totalitarisme,<br />

la Roumanie ne s’était pas désintéressée<br />

<strong>de</strong> la question, comme si elle avait compris<br />

que <strong>de</strong> nombreux problèmes liés au<br />

développement économique et social pouvaient<br />

se résoudre graduellement d<strong>ans</strong> le<br />

processus d’intégration <strong>européen</strong>ne. Cette<br />

conviction s’est d’ailleurs renforcée après<br />

la chute du mur et le rapprochement <strong>de</strong>s<br />

pays <strong>de</strong> l’Est <strong>européen</strong> aux modèles économiques<br />

et sociaux <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt.<br />

Une analyse détaillée <strong>de</strong> la manière<br />

dont la Roumanie se rapproche <strong>de</strong>s modèles<br />

économiques et sociaux <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt<br />

a paru, cette année, sous la direction <strong>de</strong><br />

David Turnock, professeur <strong>de</strong> géographie<br />

à l’Université <strong>de</strong> Leicester, sous le titre <strong>de</strong><br />

The Tr<strong>ans</strong>ition from Communism to the<br />

<strong>Europea</strong>n Union. Restructuring Romanian<br />

Industry and Agriculture since 1990,<br />

(Edward Elgar Publishing, 2009, pp. 361).<br />

La reconstruction historique détaillée<br />

effectuée par Caroli s’arrête aux années<br />

soixante par manque <strong>de</strong> documents d’archives<br />

disponibles.<br />

D<strong>ans</strong> ces années-là, les Européens commençaient<br />

à comprendre l’importance du<br />

processus d’intégration <strong>européen</strong> qui leur<br />

permettrait <strong>de</strong> renforcer leurs liens. Cette<br />

approche avait mûri peu à peu et culminerait<br />

avec la chute <strong>de</strong>s murs pour continuer<br />

après et conserver toute sa force en trouvant<br />

chez chacun le même intérêt à renforcer<br />

le processus <strong>de</strong> détente entre l’Est<br />

et l’Ouest et à valoriser la contribution <strong>de</strong>s<br />

petites et moyennes nations, un précieux<br />

terrain commun, essentiel pour faire décoller<br />

définitivement les relations politiques<br />

et économiques bilatérales.<br />

Ce processus, avec la “chute du mur”<br />

et la fin <strong>de</strong> l’antagonisme entre l’Est et<br />

l’Ouest s’est naturellement accentué tout<br />

en montrant une continuité importante.<br />

C’est la raison pour laquelle je considère<br />

d’un œil favorable la poursuite <strong>de</strong> cette enquête<br />

sur les relations entre l’Italie et la<br />

Roumanie d<strong>ans</strong> les années qui ont suivi<br />

celles analysées d<strong>ans</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> Caroli.<br />

Je suis convaincu d’interpréter le souhait<br />

<strong>de</strong> chacun en suggérant à l’auteur cette<br />

prochaine étape d<strong>ans</strong> son remarquable<br />

travail <strong>de</strong> recherche.<br />

21


22<br />

Le “trio<br />

prési<strong>de</strong>ntiel”<br />

au travail<br />

“Plus <strong>de</strong><br />

coopération<br />

pour la reprise”<br />

De Bruxelles à Strasbourg<br />

Compte rendu <strong>de</strong> l’activité communautaire<br />

par Linda Paz<br />

Trente jours en Europe<br />

LES PRIORITÉS DE LA PRÉSIDENCE ESPAGNOLE DE L’UE<br />

1 er janvier – Madrid – L’Espagne a entamé son semestre <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne. Dès le début, d’ailleurs, elle travaillera<br />

en étroite collaboration avec la Belgique et la Hongrie,<br />

pays qui occuperont la prési<strong>de</strong>nce tournante <strong>de</strong> l’UE pour les <strong>de</strong>ux<br />

semestres suivants, raison pour laquelle ils ont choisi un logo commun<br />

pour ce “trio prési<strong>de</strong>ntiel”. La prési<strong>de</strong>nce espagnole coïnci<strong>de</strong><br />

avec le début d’une nouvelle phase pour l’UE, due aux changements<br />

législatifs introduits par le traité <strong>de</strong> Lisbonne: un Parlement<br />

renouvelé et une Commission <strong>européen</strong>ne qui, toujours sous<br />

la direction <strong>de</strong> Barroso, connaîtra <strong>de</strong>s changements. Parmi les objectifs<br />

prioritaires <strong>de</strong> l’agenda figurent les mesures pour juguler la<br />

crise et promouvoir une croissance durable, ainsi que l’emploi, l’innovation<br />

et la compétitivité; une réglementation pour les marchés<br />

financiers et leur surveillance, la mise en place et la révision possible<br />

du paquet énergie et climat après le sommet <strong>de</strong> Copenhague.<br />

LES TROIS GRANDS DÉFIS DE VAN ROMPUY<br />

4 janvier – Bruxelles – Herman Van Rompuy est désormais Prési<strong>de</strong>nt<br />

du Conseil <strong>européen</strong>. Trois grands défis l’atten<strong>de</strong>nt: profiter<br />

<strong>de</strong> sa position pour faire fonctionner à plein régime les institutions<br />

communautaires en appliquant le traité <strong>de</strong> Lisbonne; améliorer<br />

la cohésion entre les 27 chefs d’État et <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong>s pays<br />

membres; examiner à fond les dossiers clés <strong>de</strong> l’UE pour mieux<br />

orienter le travail <strong>de</strong> la Commission <strong>européen</strong>ne. D’après ses premières<br />

déclarations, Van Rompuy souhaite une “intensification <strong>de</strong><br />

la coopération pour stimuler la reprise économique”.


Trois millions<br />

sur neuf millions<br />

victimes du séisme<br />

Pologne:<br />

le seul pays<br />

<strong>de</strong> l’UE affichant<br />

un Pib positif<br />

TREMBLEMENT DE TERRE CATASTROPHIQUE À HAÏTI<br />

12 janvier – Port-au-Prince (Haïti) – Un très violent tremblement<br />

<strong>de</strong> terre a ravagé Haïti et laissé <strong>de</strong>rrière lui <strong>de</strong>s amoncellements<br />

<strong>de</strong> ruines. Il s’agit du plus grand drame humanitaire d<strong>ans</strong> l’histoire<br />

<strong>de</strong> l’île. Le nombre <strong>de</strong>s morts est encore incertain, mais il est<br />

à craindre qu’il n’arrive à quelques centaines <strong>de</strong> milliers. L’Onu a<br />

déclaré que ce séisme a touché, directement ou indirectement, un<br />

tiers <strong>de</strong> la population nationale, trois millions <strong>de</strong> personnes sur un<br />

total <strong>de</strong> neuf millions. La Croix-rouge et <strong>de</strong>s Onlus partout d<strong>ans</strong><br />

le mon<strong>de</strong> se sont mobilisées pour chercher à secourir les blessés et<br />

les victimes du tremblement <strong>de</strong> terre. Pour enlever les décombres,<br />

les Haïtiens ont commencé à creuser mains nues, car, pour la plupart<br />

indigents, ils n’avaient aucun autre moyen <strong>de</strong> secourir leurs<br />

concitoyens et d’effectuer leurs recherches. De nombreux pays se<br />

sont mobilisés pour apporter les secours <strong>de</strong> première urgence et<br />

améliorer les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s survivants.<br />

CHÔMAGE RECORD EN EUROPE<br />

20 janvier – Bruxelles – Le taux <strong>de</strong> chômage d<strong>ans</strong> les pays <strong>de</strong> la<br />

“zone euro” a atteint 10%, chiffre le plus élevé <strong>de</strong>puis 1998. Deux<br />

pour cent en plus que l’année <strong>de</strong>rnière. En Italie, le chômage, bien<br />

qu’il ait augmenté avec la crise, est légèrement inférieur (8,3%). La<br />

situation économique <strong>de</strong> la Grèce est particulièrement alarmante,<br />

la banqueroute semble proche. En Espagne et d<strong>ans</strong> les Pays baltes,<br />

le chômage est inquiétant. Par contre, la Pologne est le seul pays <strong>de</strong><br />

l’UE à ne pas afficher un Pib négatif pour l’année <strong>de</strong>rnière. Mais,<br />

<strong>de</strong> manière générale, la récession est loin d’être terminée et la reprise<br />

sera lente.<br />

Le <strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong> est une tribune libre fondée en 1950 par J. Constantin Dragàn<br />

pour le développement du débat sur l’Europe.<br />

Les opinions qui sont librement exprimées par les auteurs,<br />

ne correspon<strong>de</strong>nt pas obligatoirement à celles <strong>de</strong> la revue.<br />

<strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong><br />

ISSN 0407-8438<br />

Edizioni Nagard s.r.l.<br />

Poste italiane Spa - Spedizione in abb. post. - D.L. 353/2003<br />

(conv. In L. 27/02/2004 n. 46) art. 1, comma 1, DCB Milano<br />

Direttore Responsabile: Guido Ravasi<br />

Direzione e Redazione: Via Larga 9 - 20122 Milano<br />

Tel. 02 58371400 - Fax 02 58304790 - bulletineuropeen@fondazionedragan.org<br />

Registrazione Tribunale Milano n. 390 <strong>de</strong>l 3-6-1998<br />

Stampa: Litografia Solari - Peschiera Borromeo (MI)<br />

Associato all’U.S.P.I.<br />

Date <strong>de</strong> clôture en rédaction: 15 février 2010


... si la Communauté économique <strong>européen</strong>ne est la base <strong>de</strong> l’unification <strong>de</strong> l’Europe,<br />

la Communauté culturelle en permettra sa réalisation durable.<br />

SOMMAIRE<br />

Guido Ravasi: <strong>Soixante</strong> <strong>ans</strong> <strong>de</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>européen</strong> ..............................................1<br />

Guido Lenzi: Les responsabilités <strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne ...................................2<br />

Ferdinando Nelli Feroci: Énergie, environnement et lutte<br />

contre les changements climatiques d<strong>ans</strong> les politiques <strong>de</strong> l’Union <strong>européen</strong>ne 7<br />

Unesco: Le changement climatique du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’Éducation<br />

au développement durable (Edd) ...........................................................................9<br />

Paolo Calegari: Orientation universelle <strong>de</strong>s besoins<br />

et orientation culturelle <strong>de</strong>s valeurs ....................................................................14<br />

Giuseppe Vedovato: La Roumanie d<strong>ans</strong> la politique étrangère italienne:<br />

quelques réflexions ................................................................................................16<br />

Linda Paz: Compte rendu <strong>de</strong> l’activité communautaire....................................22

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